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118 résultats trouvés pour Violence

Itamar Orlev

Voyou

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Cvt_vo10

Que fait Tadek, quand sa femme le plaque, emmenant leur fils et que sa vie s’effondre ? Il part retrouver ce père resté en Pologne, qui l’a élevé dans l’alcool et la violence, ce réputé héros de la résistance déporté à Majdanek, ce monstre égocentrique, devenu ce vieillard qui s’étiole en maison de retraite et qui a bien des révélations à faire.

Curieuses retrouvailles que cette recherche désespérée d’un filiation qui a pourtant bien existé, entre haine et réconciliation, entre rancœur et pitié pour un livre bien décidé à ne répondre à aucune question, mais à montrer comme la réalité est complexe, les sentiments ambivalents, combien le cœur est déraisonnable.

Ce voyage est l’occasion d’un retour aux sources dans une Pologne misérable, rustre, violente, arrosée de vodka. Il montre comme l’histoire y a été d’une cruauté invraisemblable, mortifère pour plusieurs générations. Mais il ne s’aventure jamais dans les explications simplistes ou les raccourcis psychologiques, il reconnaît le caractère indéchiffrable du mystère des individus ballottés dans les méandres de leurs contradictions. 

L’auteur ne cherche pas à faire un roman psychologiquement cohérent, il propose un confrontation pathétique, faite de heurts, de poses, de détours et d’apaisements,   sans glisser une seconde vers l’attendrissement, il parle du malheur des hommes, de leur prédestination et de leur destin, de la souffrance et des incertitudes qu’ils sont condamnés à traîner perpétuellement avec eux.


Mots-clés : #deuxiemeguerre #immigration #lieu #relationenfantparent #violence
par topocl
le Mer 27 Mar - 21:21
 
Rechercher dans: Écrivains du Proche et Moyen Orient
Sujet: Itamar Orlev
Réponses: 3
Vues: 800

Elfriede Jelinek

Les Exclus

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Visuel11

Un fait divers épouvantable qui défraya les journaux en 1965.
C’est « affreux, sales et méchants » ou « Chez ces gens-là » de Brel. D’abord, d’abord, y a le père, ancien officier SS qui a perdu une jambe à la guerre, réduit maintenant au rôle de portier, ayant comme passe-temps de faire des photos pornos, artistiques, de sa femme et de la battre, puis de la tromper. Dure vie lorsqu’on a été maître du monde en Pologne et en Ukraine…
La mère, elle, est totalement soumise et essaie maladroitement de limiter la casse.
Puis il y a les deux enfants, jumeaux, adolescents, Rainer et Anna. Ils n’ont qu’une hâte, fuir ce milieu moche, sale, sordide. Rainer se donne des airs de poète méprisant souverainement le monde qui l’entoure. Adepte de Camus et de l’acte gratuit, il se veut chef de bande et entraîne ses camarades dans des actes de crapulerie : tabassage d’un passant pour lui piquer son fric. Rainer est amoureux fou de Sophie.
Anna, la sœur de Rainer, pianiste de talent, est totalement renfermée sur elle-même, hantise de la souillure, anorexie… totalement inhibée, sauf en ce qui concerne le sexe.

« Anna méprise premièrement les gens qui ont une maison, une auto et une famille, et deuxièmement toutes les autres personnes. Elle est toujours à deux doigts d’exploser de rage. Un étang totalement rouge. L’étang est rempli de mutisme qui sans cesse la noie sous des paroles. »


Joyeux couple !

« Ils se tiennent à l’écart, non qu’ils craignent la lumière, mais la lumière les craint, et pour cause. En classe, comme dans le préau. La harde de loups se regroupe toujours dans les coins. Manifestant une sur-humanité incontestée que les autres aimeraient aussi manifester, mais ceux-ci atteignent à peine le niveau de sous-hommes d’ailleurs indispensables pour faire ressortir les performances sur-humaines. De leurs recoins obscurs ils étendent brusquement les jambes, et presque chaque fois tel fils à sa maman ou telle fille à son papa en jupe à carreaux fait un vol plané. »


Les camarades de jeu ne valent pas mieux : Hans, l’ouvrier aux beaux muscles et à la tête creuse. Il renie les convictions libertaires de ses parents : père fusillé à Mauthausen, mère passant son temps à coller des affiches, mettre sous enveloppes des tracts à l’intention du Parti. Hans rêve de belles bagnoles, de jazz et… de Sophie. En attendant, il entretient une liaison incandescente avec Anna.
Sophie « de », aristocrate, belle blonde sportive, famille très aisée, « propre sur elle ».

« Sourire blanc de Sophie, pure vierge lainée à qui un peu de woolite suffit. »


Elle est peut-être cependant la plus dangereuse du groupe, en tout cas la plus perverse.

Elfried Jelinek qualifie cet ouvrage de satire, terme important qui explique l’exagération, l’outrance, voire l’humour, même s’il est au second degré. Jelinek tire à boulets rouges sur la société autrichienne de l’après-guerre, hypocrite, non dénazifiée. On pense à Thomas Bernard, mais en plus noir ; plus encore au cinéma de Michael Hanecke (« Funny games » par exemple). On pense aussi aux performances extrêmes du groupe d’avant-garde des activistes viennois.
Jelinek a manifestement été marquée au fer rouge pendant son enfance et son adolescence. Elle a survécu grâce à l’écriture qui lui a permis de véhiculer une terrible violence interne. Je pense qu’il y a beaucoup d’elle dans le personnage d’Anna.
Un prix Nobel je pense bien mérité. Je vais poursuivre avec cette auteure (mais il faut des moments propices)  Very Happy


Mots-clés : #jeunesse #regimeautoritaire #satirique #sexualité #violence
par ArenSor
le Lun 25 Mar - 19:40
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Elfriede Jelinek
Réponses: 9
Vues: 1071

Grégoire Delacourt

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 41tf6v10

"Mon père", publié en 2019. Voici ma critique:
Un roman que j’ai lu d’une traite, ou presque… Il a fallu que je le repose à plusieurs reprises pour reprendre mon souffle. Essuyer une larme aussi.
Parce que c’est un sujet fort : les enfants victimes de la pédophilie passée sous silence dans l’Eglise catholique.
Parce que je suis maman d’un garçon, maintenant grand, mais que certaines situations angoissantes ont là ressurgi.
Parce que la justice, dans notre pays, est de nouveau montrée du doigt pour ses insuffisances et ses complaisances honteuses : « Elle l’estimera à une peine de trente ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté de dix-huit à vingt-deux ans et laissera des pervers continuer à englander des enfants contre la modique somme de trois ans de prison dont un avec sursis. »

Roman après roman, Grégoire Delacourt étoffe l’aspect émotionnel de l’écriture. Il s’appuie ici sur la parabole, issue de l’Ancien Testament, d’Isaac, que son propre père, Abraham, a prévu d’offrir en sacrifice à Dieu. L’ange Gabriel était alors intervenu pour arrêter le bras paternel meurtrier, et placer un bélier sur l’autel et Isaac alors, put survivre.
Comment un fils peut-il se construire, et devenir père lui aussi, suite à un évènement pareil ? Le silence. Ce silence qui est censé panser les plaies et faire oublier : « Nous savions et nous n’avons rien dit parce que dire était faire exister l’horreur, donner une odeur au sang ».
Alors quand Edouard va apprendre que son fils a été abusé, dans le cadre du catéchisme imposé par sa mère dévote et très pieuse, il va réclamer son propre talion, et va, dans un huis clos de trois jours, demander des comptes à ce curé qui a osé toucher son fils.
C’est violent, puissant… Epoustouflant aussi. Et cette fin… J'ai eu envie de hurler.
Il va me falloir du temps pour « digérer » ce roman.
A lire absolument.


Mots-clés : #enfance #huisclos #justice #relationenfantparent #violence
par Valérie Lacaille
le Lun 18 Mar - 18:07
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Grégoire Delacourt
Réponses: 4
Vues: 694

Valérie Manteau

Calme et tranquille

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 51hvd610

J’ai choisi ce livre sur le seul nom de son auteur, dont j’ai récemment aimé Le sillon, auquel j’avais trouvé un ton très personnel, une ardeur, une nécessité. J’ai sans doute aussi été séduite parce titre, Calme et tranquille et là je n’ai pas  été déçue : ce n’est absolument pas calme et tranquille.

Comme quoi, quand je ne cherche pas les livres sur le stress post-traumatique, ils viennent jusqu’à moi, même si c’est par le biais d’une espèce de publicité mensongère.

Cela commence avec le suicide de sa grand-mère, chose terrifiante, déboussolante. Pour se restructurer, se ressourcer, lasse des psys à côté du sujet, Valérie Manteau a ses copains de Charlie Hebdo, à commencer par Charb avec qui elle  développe un lien d’une proximité amicale réconfortante, qui ne manque pas de lui rappeler qu’on peut rire de tout, absolument tout,  et qui l’ encourage dans ses recherches littéraires inabouties sur le suicide.
Seulement, travailler à Charlie Hebdo en 2015, ce n’est pas forcément la  solution pour aider à faire un deuil compliqué…
Retrouver ensuite à Istanbul un ancien amant turc, dans un contexte d’élections consternantes en Turquie non plus d’ailleurs.
S’accrocher à son humour caustique ne suffit plus forcément.

À travers ces événements dramatiques, témoins d’une époque chaotique ou le (bon) sens se perd, Valérie Manteau réussit un auto-portrait  atypique : une jeune femme « libre, très libre », en  recherche d’expériences et d’humanité, emmenée à la dérive par la violence de la vie contemporaine.



mots-clés : #mort #terrorisme #violence
par topocl
le Jeu 14 Fév - 17:10
 
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Sujet: Valérie Manteau
Réponses: 8
Vues: 937

Jesus Carrasco

Jesus Carrasco
Né en 1972

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Es-jes10

Jesús Carrasco est né à Badajoz en 1972. Détenteur d’un diplôme en éducation physique, il a travaillé, entre autres, comme vendangeur, plongeur dans un restaurant, professeur d’éducation physique, manager musical, graphiste, ainsi que rédacteur publicitaire, et a monté et démonté diverses expositions.

Il a commencé à écrire en 1992, peu après son arrivée à Madrid. Depuis lors, il a été l’auteur de nombreux articles de presse, de plusieurs nouvelles, de deux livres pour enfants et d’un roman, et a muri en tant que lecteur.

En 2005, il publie un livre illustré pour premiers lecteurs, et la même année, il déménage à Séville, où il réside encore à l’heure actuelle. "Intempérie" (2015) est adapté par Javi Rey en 2017 chez Aire Libre (Dupuis).

Source Babelio

Traduits en français :

2015 : Intempérie
2018 : La terre que nous foulons


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Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Carras10

Intempérie

"Une immense plaine desséchée par des années sans pluie, un monde fermé sur lui-même et gouverné par la violence. Dans cet enfer, sous un soleil implacable, un petit garçon fuit. Le premier jour, il se cache dans un trou recouvert de branchages, tandis que des hommes le cherchent sans relâche. À la nuit, il sort et file. Autour de lui, il n'y a rien à boire, rien à manger. Et peu d'endroits où se cacher, si ce n'est les bois d'olivier. Mais l'enfant s'obstine à aller de l'avant, à laisser son village loin derrière, à mettre le plus de distance possible entre lui et ceux qui le traquent. Bientôt, il a trop faim, trop soif et, quand il aperçoit un vieux berger en train de manger, il s'approche pour le voler. À partir de là, tout va changer pour le vieil homme malade et l'enfant traqué. Silencieusement, avec rudesse, le berger prend l'enfant sous sa protection. Il lui enseigne ce qui lui permettra de survivre dans cet univers impitoyable : garder les chèvres en troupeau, les traire et trouver de l'eau. Et aussi ce qui fait la grandeur d'un homme : la compassion, enterrer les morts et respecter la terre. Mais ceux qui veulent l'enfant se rapprochent. Bientôt, la confrontation a lieu, d'une violence inouïe. C'est que la lutte signifie bien plus que le combat des corps, les blessures et le sang. Et quand ce sera fini, après la mort et les désastres, enfin, il pleuvra."


J'ai lu ce livre avec difficulté et je dirai même qu'il m'a rendu malade tant il véhicule de violence.
Et je ne le conseillerai même pas.
Non que cette violence soit gratuite ou inutile. L'auteur a sciemment utilisé ce qui fait la matière même de son livre. Et la nature exacte de ses personnages.
Un vieux berger, mais pas seulement vieux, usé, au bout du rouleau. Il conduit quelques chèvres de façon erratique et sans objet réel.
L'autre est un enfant en fuite. Il fuit l'hostilité féroce, démente d'un village entier et de son chef dont il était l'objet sexuel.
Tous ces êtres semblent pris d'une folie collective, la quintessence même d'une méchanceté et d'une lâcheté incontrôlables mais dont ils sont responsables.
Le décor est celui d'une fin du monde. Une terre brûlée par une chaleur torride et durable. Des villages abandonnés par leurs habitants.
Que le berger accueille l'enfant n'étonne pas. Lui aussi est aussi en fuite de de milieu dément.
Il en subira évidemment les pires conséquences.
Rien n'étonne en fait dans cette exacerbation extrême, même si on ignore que le début de tout pourrait etre une catastrophe climatique, pas naturelle du tout.
Mais la conséquence de l'irresponsabilité coupable des humains.

Depuis La Route de McCarthy, on peut lire des livres, des fictions, qui reflètent l' enfer qu' est en train de devenir le monde dans lequel nous vivons. Et où les plus démunis, les plus vulnérable sont les premières victimes d'un suicide collectif programmé.
Où l' on cherche parfois un bouc émissaire là où il n'est pas.
Cela ressemble à la course frénétique de rats pris de folie dans une maison en flammes.
Et c'est lugubre et vrai.


mots-clés : #portrait #vieillesse #violence
par bix_229
le Dim 28 Oct - 17:40
 
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Sujet: Jesus Carrasco
Réponses: 9
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Mick Kitson

Manuel de survie à l’usage des jeunes filles


Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Kitson11

Originale : Sal (Anglais, 2018)

Présentation de l'éditeurPrésentation de l'éditeur a écrit:Que font deux gamines en plein hiver dans une des plus sauvages forêts des Highlands, à des kilomètres de la première ville ?

Sal a préparé leur fuite pendant plus d'un an, acheté une boussole, un couteau de chasse et une trousse de premiers secours sur Amazon, étudié le Guide de survie des forces spéciales et fait des recherches sur YouTube. Elle sait construire un abri et allumer un feu, chasser à la carabine. Elle est capable de tout pour protéger Peppa, sa petite sœur.

Dans le silence et la beauté absolue des Highlands, Sal raconte, elle parle de leur mère désarmée devant la vie, de Robert le salaud, de la tendresse de la sorcière attirée par l'odeur du feu de bois, mais surtout de son amour extraordinaire pour cette sœur rigolote qui aime les gros mots et faire la course avec les lapins.


REMARQUES :
Ce qui pourrait sonner comme une simple fuite de jeunes (enfants?) est en fait l’essai dramatique de ces deux demies-sœurs de quitter une vie, un milieu malsaine où elles ont grandies pratiquemment sans vraie présence aimante parentale, entre une mère dépendante de l’alcool et son copain Robert. Celui-ci, drogué, petit criminel, avait même commencé de « visiter » la petite Sal depuis que celle-ci avait 10 ans. A treize ans elle craind le même destin pour sa sœur Peppa, plutôt encore l’image de l’innocence car gardée par Sal. Pour la préserver elle planifie une solution…

… qui mènera les deux sœurs au coeur des Highlands écossais, décrits ici comme un paysage encore sauvage, isolé. Elles vivront la recherche de nourriture, la lutte contre la maladie, mais recevront aussi de l’aide insoupçonnée dans la personne d’une ancienne hippie et doctoresse allemande, vraie sorcière et fée des forêts qui y vit aussi dans un petit abri. C’est d’un coté Sal au centre de l’histoire, c’est elle la narratrice, en quelque sorte traumatisée par ses expériences, mais aussi infiniment prévenante envers sa sœur. C’est l’amour envers elle qui la motive, et qui lui donne une perséverance et un but.

Presque tout le roman se joue dans cette nature qui a aussi force de guérison. On y intercale des flash-back en arrière sur l’enfance des héroïnes et les histoires de quelques personnes. A propos : la description de la vie d’Ingrid, la sorcière allemande, est excellente et très juste, par rapport à l’histoire allemande.

Bien sûr on pourrait se demander si une fille de treize ans avait pu, grâce à un « manuel des forces spéciales » et des vidéos sur youtube, acquérir un tel savoir pratique, car elle sait tout faire, la gamine ! Mais pas si gamine : en phase de devenir femme. Dans la narratrice on voit une maîtrise de langue qu’on attend pas de ce personnage, mais qui a au même moment une tonalité de distance, de fille traumatisée et prévenante (pour sa sœur), aimante à la fois. Une histoire de survie semble à la fois classique et contemporaine (si on évoque certaines gadgets, instruments d’aujourd’hui).

Derrière une histoire d’abus il s’agit d’un hymne à la vie et à une jeune femme en devenir !

Un beau premier roman fort !

(J'ajoute que j'ai pu rencontrer lauteur lors d'une lecture dans la region. Très sympathique.)


mots-clés : #enfance #fratrie #nature #violence
par tom léo
le Sam 20 Oct - 7:20
 
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Sujet: Mick Kitson
Réponses: 4
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Hubert Selby Junior

Le saule

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Le-sau10


Original: The Willow Tree, 1998

4ème de couverture : a écrit:Dans le South Bronx, une bande vient d'attaquer un couple d'adolescents. Maria est défigurée par un jet d'acide. Bobby, tabassé à coups de chaîne de vélo, pisse le sang. Hagard, perdu, il trouve refuge dans une cave où Moishe, un vieux clochard, le soigne. Mais peut-on vraiment guérir de la haine et des rêves de vengeance ?


Très reconnaissant d'avoir découvert cet auteur par la lecture de « Le saule ». Je fus attiré grâce à une petite remarque – de Bix, je pense, quelque part – que le livre rappelle en quelque sorte l'histoire de « Missa sine nomine » de Wiechert. Bon, peut-être c'est un peu bizarre de comparer, mais il est juste que dans un certain sens il s'agit d'histoires de « guérison » (ou pas?) après avoir subi une violence extrême. Ce qui est chez Wiechert avant tout la nature et une contemplation dans la solitude et le silence, c'est chez Selby, ici, cette amitié grandissant entre Moishe et Bobby. Ce qui était la guerre chez l'un comme déclencheur, c'est la violence urbaine chez l'autre, réalité très vraie, pas de tout exagérée à en croire un ami des Bronx...

Ce qui m'a touché aussi dans ce roman, c'est la juxtaposition, ou le parallèlisme entre une histoire très violente, des périodes marquées par une grande violence et une langue au moins rude et plein d'argot de Bobby (langue, écritutre « parlée ») ET, de l'autre coté, une espèce de douceur dans l'être, les propos de Moishe, un homme apaisé après ses traumatismes à lui. Cette coexistence est forte et peut-être très intéressant : la réalité de la violence dans nos vies ET, au même moment, l'invitation, l'expérience à autre chose. C'est un auteur touchant à sa propre fin, et ayant vécu lui-même des choses dures, qui écrit, et cet ensemble donne une grande crédibilité à l'oeuvre. Et ce malgré le fait que dans un certain fil conducteur on pourrait à juste titre aussi ressentir un certain « pathos », je dirais même : typiquemment américain. On s'embrasse, on « toppe », on s'appelle, « mon vieux »... - ici et ailleurs on est dans certaines répétitions qui m'ont un peu amusées ou même semblées un peu trop répétitives. Ainsi je trouve quand même que par exemple le deuxième tiers du roman est tout simplement trop longue. Un peu de coupures n'auait pas fait du mal. Mais on est dans une espèce d'écriture qui tourne, revient à certains sujets, qui exprime les lentes évolutions intérieures.

La tension du roman reste intacte, monte même encore quasimment jusqu'à la dernière page, et les deux, trois dernières pages touchent par leur grâce au sublime (ne pas anticiper la lecture, mes chers!!!).

J'ai envie de poursuivre avec cet auteur !

mots-clés : #amitié #initiatique #violence
par tom léo
le Sam 13 Oct - 22:28
 
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Sujet: Hubert Selby Junior
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Eric Plamondon

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Taqawa10

Taqawan

«  Au Québec, on a tous du sang indien. Si c'est pas dans les veines, c'est sur les mains. »


1981. Les Indiens Mi'gmac de la réserve de Restigouche se révoltent contre les quotas de pêche que le gouvernement veut leur imposer. Les 6 tonnes de saumons qu'ils pêchent annuellement constitueraient une menace pour la ressource. Une vétille pourtant, en comparaison des 800 tonnes prélevées par les pêcheurs sportifs, ou des 3000 tonnes des bateaux-usines qui, eux, ne sont soumis à aucune restriction... Les Indiens sont en fait au cœur d'une bagarre constitutionnelle entre gouvernement fédéral et régional. Ils ne sont qu'un prétexte, mais certains voient là l'occasion de les assujettir un peu plus...
La descente des forces de l'ordre sur la réserve pour saisir les filets est d'une violence inouïe. Ecoeuré par les nombreuses exactions, Yves Leclerc, garde-chasse, démissionne. Peu après, il découvre une jeune indienne mi'gmaq en état de choc après un viol. Avec la complicité d'une jeune enseignante française et d'un vieil ermite indien, Leclerc tente de remettre la jeune fille sur pieds. Mais c'est sans compter sur la menace que représentent ses agresseurs...

Les événements de Restigouche, tristement réels, sont le point de départ de ce drôle de roman hybride, composé de chapitres très courts, qui alternent entre roman noir, récits de chasse ou de pêche, histoire coloniale ou légendes indiennes...
Moins de 200 pages, c'était probablement un peu court pour évoquer tous ces sujets. De fait, l'aspect roman noir, bâclé et peu crédible, en pâtit. C'est un peu dommage, mais ça n'a finalement pas grande importance car l'essence du livre est ailleurs, dans la célébration nostalgique d'une osmose perdue avec la nature, et dans le récit sans fard de la condition des Indiens de Gaspésie. Depuis le XVème siècle,  leur histoire n'a été qu'une longue suite de dépossessions : de leurs terres, de leurs droits, de leurs coutumes, de leurs enfants même. Parqués dans des réserves, les Indiens sont encore, en cette année 1981, victimes du racisme et de l'ostracisme, totalement coupés des québécois « pure laine »  dans un pays qui semble «  préférer essayer d'oublier son histoire plutôt que de la comprendre. »

J'ai appris beaucoup de choses, en lisant Taqawan. Que ce soit sur sur les contradictions québécoises, la privatisation des rivières ou la vie d'un saumon... Roman engagé, tour à tour triste et rageur, sensible et poétique, Taqawan interpelle, et interroge. Malgré quelques bémols déjà évoqués, je ne l'ai pas lâché.  


Mots-clés : #amérindiens #discrimination #nature #violence
par Armor
le Sam 15 Sep - 15:31
 
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Sujet: Eric Plamondon
Réponses: 34
Vues: 4164

Jim Harrison

Un bon jour pour mourir

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Un_bon10

Le narrateur, un jeune paumé alcoolo (mais cultivé) rencontre Tim, un jeune rescapé du Vietnam, quant à lui peut-être un peu plus porté sur les "pilules" ; il évoque un barrage qui serait en construction sur le Grand Canyon, et ils décident d’aller le faire exploser. C'est donc un road movie de Key-West (Floride) à Missoula (Montana), en passant prendre au passage la belle et sage Sylvia, qui aime Tim. Ressentant une attirance de plus en plus vive pour cette dernière, le narrateur se demande aussi entre deux excès pourquoi il s’est laissé entraîner dans cette aventure, lui qui est passionné de pêche.
« Je passais mon temps à observer la surface scintillante de l’eau du lagon. Je ne m’en lassais jamais. Qu’y avait-il de mieux à faire ? Boire. Voter. Tomber amoureux ? »

« En observant les autres dans la douce torpeur provoquée par le whisky, je réalisais à quel point mon attachement à la vie était faible. Je n’étais pas impliqué, même en tant que simple observateur, et encore moins en tant que pèlerin. Disons que je n’étais ni dans les tribunes pour voir le match, ni sur le terrain pour jouer. J’étais plutôt dans les sous-sols, observant avec indifférence la structure de base tout entière. »

La situation de la confiante Sylvia (elle-même issue d’une famille rurale fondamentaliste) est pathétique, ainsi placée entre ces deux énergumènes en piteux état :
« Sylvia avait raison, et Tim et moi nous avions tort. Peut-être. Ou du moins, elle faisait partie du groupe de gens étonnamment normaux, qui sont d’ailleurs une surprenante majorité. Nous étions comme des chèvres, en quête d’alcool, de drogue, de dynamite et de promiscuité sporadique, tandis qu’elle était une sorte de déesse au grand cœur, douce, vertueuse, tendre, gentille et fidèle. Cela devait être la culpabilité qui va généralement de pair avec ce genre de déprime. Et puis elle avait l’esprit simple. »

C’est une nouvelle Lost Generation que Big Jim inaugure en se penchant sur la jeunesse égarée d’une autre époque marquée par la guerre, mais aussi les drogues, la culture pop et l’héritage protestant :
« La chanson préférée de Tim était apparemment Get It While You Can de Janis Joplin, que je commençais à redouter. Le désespoir profond que cet air instillait semblait inégalé dans la musique moderne. Des millions de gens écoutent ces chansons, et à moins qu’ils ne soient des débiles profonds, leur humeur en est certainement affectée. »

« D’une certaine manière, j’étais sûr que les gens qui vivaient dans des villes, les Français et les Italiens, étaient moins culpabilisés que nous autres, qui avions grandi dans les marais calvinistes. »

« Tout calviniste continue à faire valoir cette simple allégation : "Dieu l’a voulu ainsi", s’il a encore la foi, ou alors : "Au moins, je suis honnête", quand il ne l’a plus. »

Dans son second roman, Jim Harrison laisse déjà percer sa grande sensibilité à la cuisine :
« Dans les dernières semaines de la grossesse de ma femme, c’était moi qui faisais toutes les courses et je dois dire que les supermarchés surpassent en horreur les stations-service. Rien ne me semblait bon à manger. J’errais dans les allées en pleurant presque, tellement je voulais trouver quelque chose de bon. Cela rendait les employés nerveux – il y avait même quelques réflexions, du genre "Bizarre ce type", "Le Chapelier Fou va faire ses courses", mais cela n’avait rien de drôle. »

Les considérations sur la pêche, les Amérindiens et l’environnement interviennent assez tard dans le livre :
« Et les Nez Percés, qui s’étaient battus sur le sol même où je me tenais, avaient un proverbe : à l’approche de la guerre, ils disaient : "Courage ! C’est un bon jour pour mourir", tout comme les Sioux Miniconjou auraient dit : "Courage ! La terre est la seule chose qui dure." C’est fantastique d’être capable de dire des choses pareilles, et de les penser. »

« C’était dur de penser constamment à l’obligation de trouver un endroit relativement préservé. Pourtant, on pouvait atteindre une zone incroyablement protégée de la côte de l’Équateur et constater que malgré l’étendue infinie du Pacifique, le makaire noir avait pratiquement disparu, après avoir fait les délices des marins japonais au long cours qui le dégustaient en saucisses.
J’étais certainement né trop tard pour en avoir jamais goûté et je savais à quel point il était idiot de faire sauter un seul barrage. Ou cinquante, ou même cent. Mais j’étais persuadé que cela me ferait du bien, et même si ce raisonnement était primitif et stupide, il fallait qu’il en soit ainsi. »

Le réel thème de ce bref roman, dont le narrateur se révèle assez suicidaire et romantique, se trouve bien récapitulé dans la phrase de Rilke placée en exergue :
« Chaque tournant torpide de ce monde engendre des enfants déshérités auxquels rien de ce qui a été, ni de ce qui sera, n’appartient. »

Paru en 1973, il fait penser à Le Gang de la clef à molette d’Edward Abbey (édité en 1975), où de jeunes révoltés envisagent également le sabotage "écologique" d’un barrage.
« Quelqu'un a dit, je crois que c’était un poète russe, que nous n'étions sur cette terre que les ombres de notre imagination. »



mots-clés : #jeunesse #nature #violence
par Tristram
le Lun 10 Sep - 14:58
 
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Sujet: Jim Harrison
Réponses: 59
Vues: 7972

Deon Meyer

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Deonan10

L'année du lion

Deon Meyer s'éloigne ici du genre policier pour évoquer l'Afrique du Sud dans un futur proche et dramatique, où un mystérieux virus a précipité la mort d'une majeure partie de la population mondiale. L'année du lion est alors le récit d'une reconstruction, tentative d'établir un nouvel idéal face au risque constant du vide, de la destruction et de la disparition.

La relation d'un père et d'un fils au milieu d'un chaos, au centre de tous les enjeux, peut rappeler La Route de Cormac McCarthy, mais Deon Meyer parvient à exprimer une forte singularité dans son approche d'un monde bouleversé, entre dystopie et utopie. S'il s'attache à décrire minutieusement un environnement à la fois fascinant et hostile, il saisit surtout la fragilité d'une volonté de créer un édifice social et politique sur les décombres d'un passé enfoui. Et les paysages tourmentés de l'Afrique du Sud reflètent les déchirements d'une humanité avant tout confrontée à son histoire et à sa propre noirceur, à travers une vision qui mêle l'image de l'avenir à celle d'un présent rempli de contradictions, de souffrances et de promesses.

L'épilogue, qui prend la forme d'un rebondissement décisif, m'a semblé trop brusque dans ses intentions mais l'impression laissée par ce roman atypique et audacieux reste forte.




mots-clés : #initiatique #romananticipation #violence
par Avadoro
le Jeu 23 Aoû - 23:56
 
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Sujet: Deon Meyer
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Monte Schulz

Sur l'autre rive du Jourdain

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Bm_97811

Résumé babelio : A la veille du krach de 1929, trois aventuriers se livrent au braquage de banques et au meurtre à travers l’Illinois, le Nebraska, le Mississippi et le Kansas : Chester Burke, malfrat psychopathe, Alvin Pendergast, fils de fermier rongé par la tuberculose, sentimental et désespéré, et Rascal, un nain doté d’une imagination débordante.

Lecture mitigée, écriture agréable, fluide. Les rôles sont donnés :  le malfrat psychopathe, Chester,  incarne le Mal, le meneur, le décideur,  les "suiveurs"  Alvin le fermier et Rascal le nain impliqués dans  ce road-trip meurtrier. Mais l'ascendant que Chester a sur  Alvin et Rascal n'est pas, à mon avis, assez analysé, le personnage reste plat.

L'auteur décrit les crimes de manière froide, sobre, ce sont les sentiments du jeune fermier Alvin qui montrent le poids des actes.

L'ambiance de ce midwest est par contre assez prégnante.

De nombreuses digressions sont les racontars du  nain mythomane ; une façon de supporter ce road-trip meurtrier ?

Alvin lui lutte tous les jours contre sa maladie, cette lutte l'aiderait-elle aussi à supporter ce road-trip ?

La rencontre du trio avec un cirque et surtout une troupe de Nains a un petit air de "Freaks".  La séance de spiritisme m'a passablement ennuyée.

J'ai été attirée par la 4ème de couverture qui mentionnait :  Conquise, la presse américaine a évoqué à son sujet les noms de Flannery O’Connor, Carson McCullers, Joan Didion et John Steinbeck.

Je donnerais néanmoins une autre chance à cet auteur.


mots-clés : #lieu #social #violence
par Bédoulène
le Jeu 23 Aoû - 10:36
 
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Virginie Despentes

Baise-moi

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Baise-10

Sorte de road movie trash (à l’échelle de la France) de « la petite », Manu, et « la grosse », Nadine, répondant à la violence par un surcroît de violence, et pour le temps que ça peut durer. Ce tandem complice dans l’absence de valeurs morales la plus évidente, ces monstres produits par notre société se rencontrent évidemment sans avenir.
Despentes fait sa seule référence littéraire nominale à Bukowski ; elle m’a un moment ramentu Japrisot par son efficacité stylistique, et guère Houellebecq.

« Il a l’esprit borné et très peu inventif, la mémoire encyclopédique des gens privé d’émotion et de talent, persuadé que donner des noms et des dates exactes peut tenir lieu d’âme. Le genre de type qui s’en tient au médiocre et s'en tire assez bien, bêtement né au bon endroit et trop peureux pour déconner. » (I, 4)

« C’est comme une voiture que tu gares dans une cité, tu laisses pas des trucs de valeur à l’intérieur parce que tu peux pas empêcher qu’elle soit forcée. Ma chatte, je peux pas empêcher les connards d’y rentrer et j’y ai rien laissé de précieux… » (I, 8 )


mots-clés : #amitié #conditionfeminine #contemporain #sexualité #violence
par Tristram
le Mar 17 Juil - 16:39
 
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Sebastian Barry

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Produc10

Des jours sans fin

Sebastian Barry suit la trace de Thomas McNulty, jeune adolescent irlandais parcourant une Amérique à la fois démesurée, fascinante et destructrice. Son amitié amoureuse avec son compagnon d'aventures John Cole offre une stabilité affective et les rencontres effectuées sur leur chemin, reflets d'une fragilité du roman, semble esquisser la perspective d'un apaisement.

La beauté du roman se révèle à travers ce contraste permanent entre une dimension humaniste épurée et la violence sourde, terrifiante d'une histoire en marche. Des guerres indiennes lors de l'avancée vers l'Ouest à la guerre de Sécession, la vie apparait nouée à un traumatisme existentiel invisible et pourtant omniprésent. Mais même la brutalité dévastatrice des combats ne peut effacer les promesses d'un avenir éclatant, qui se révèle dans l'écriture par une expression lyrique et passionnée, et une attention omniprésente à l'autre, jusque dans ses souffrances et ses blessures.


mots-clés : #aventure #historique #initiatique #violence
par Avadoro
le Jeu 21 Juin - 10:35
 
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Justine Augier

De l'ardeur

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Proxy_54

Justine Augier s'attache au personnage de Razan Zaitouneh, avocate dissidente, élément clé de la résistance syrienne, qui a été enlevée avec trois "comparses"en décembre 2013, on ne sait pas par qui, même si on a des doutes, et dont on est sans nouvelles. C'est l'occasion d'un portrait de ce qui se passe en Syrie, la très large répartition des exactions entre pouvoir en place, activistes, et islamistes.

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Proxy_55

Justine Augier le dit elle-même, elle n'a jamais été en Syrie, mais elle s'attache à cette icône de la liberté, ayant elle-même travaillé dans l'humanitaire, partageant ses idées à défaut de ses actions.

Elle livre un récit  sans doute volontairement éclaté, sans chronologie vraie, prenant ses distances avec les faits. il ne faut donc pas compter sur ce livre pour satisfaire l'espoir d'y comprendre enfin quelque chose sur la situation en Syrie, qui est présupposée comme acquise .  Il ne faut pas non plus attendre un portrait psychologique fin, on y trouvera plutôt une Razan Zaitouneh reconstituée par Justine Augier. Mais là encore, frustration, si l'auteur s’implique tout au fil du récit, on ne comprend guère  ce lien qu'elle revendique. C'est surtout l'importance du témoignage, plus que l’œuvre littéraire en elle-même, le devoir de mémoire immédiate, qui pousse à terminer le livre.

Un peu foireux donc, fouillis (brouillon?), plein d'enseignement malgré ses lacunes c'était évidemment une bonne idée, même si cela reste inabouti,  d'attirer notre attention sur cette femme emportée par un devoir qui n'admet aucune concession et sur le drame humanitaire de la Syrie.

Mots-clés : #actualité #biographie #captivite #guerre #insurrection #regimeautoritaire #violence
par topocl
le Ven 25 Mai - 11:21
 
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Sujet: Justine Augier
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Roberto Bolaño

2666

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Image_10

J’avais entendu des avis très contrastés sur cet ouvrage : chef-d’œuvre absolu, arnaque…
J’ai eu le malheur d’en lire quelques lignes, alors que j’étais engagé dans d’autres lectures, et j’ai tout de suite était happé, fasciné, à l’instar d’une mouche autour d’une lampe. J’ai lu ce livre d’une traite, sans la moindre lassitude, toujours avec la même avidité, jusqu’à la fin, regrettant d’en arriver au point final ! Shocked

Difficile de résumer ou de parler d’un livre qui associe tellement d’histoires, de modes narratifs, de thèmes… On parle de « livre monde », terme facile mais qui a le mérite d’être évocateur.
2666 est donc le dernier roman de Roberto Bolano, qu’il n’a pas eu le temps de terminer avant sa mort. J’ignore les parties qu’il aurait modifiées, peut-être la dernière pour lui donner plus d’ampleur ?

L’ouvrage se divise en cinq chapitres. Bolano avait décidé in fine de les publier séparément. Ce choix était principalement dicté par un souci d’assurer des revenus financiers à sa famille après sa mort. Heureusement, ses ayant-droits et éditeurs ont décidé de rassembler l’ensemble. C’était le bon choix car les différents chapitres sont unis les uns aux autres par quantité de fils plus ou moins visibles.

1) La partie des critiques : quatre universitaires : un français, un italien, un espagnol et une anglaise sont sur la piste d’un mystérieux auteur allemand qui répond au nom improbable de Benno Archimboldi et que très peu de gens ont vu. Ils vont de colloques en colloques prêcher la bonne parole d’un écrivain qu’ils considèrent comme un maître de la littérature du XXe siècle (on parle même de lui pour le Nobel !). A l’occasion, ils s’intéressent également à un artiste qui s’est amputé d’une main pour la fixer sur un tableau… Ayant découvert une piste de la présence possible d’Archimboldi à Santa-Theresa au Mexique, trois de nos universitaires décident de s’y rendre.

2) La partie d’Amalfitano : celui-ci est un prof de philosophie espagnol qui s’est exilé à Santa-Theresa. Il vit avec sa fille qui commence à fréquenter de mauvais garçons. Amalfitano accroche un livre de géométrie sur un fil à linge le laissant dépérir au fil du temps, nouveau ready-made à la Duchamp. Il entend des voix, expérience qui l’amène aux portes de la folie.

3) La partie de Fate : journaliste afro-américain de Brooklyn, Fate vient à Santa-Theresa pour couvrir un combat de boxe. Il commence à s’intéresser aux femmes retrouvées mortes dans la ville. Fate fréquente les milieux interlopes et doit s’enfuir précipitamment avec Rosa la fille d’Amalfitano.

4) La partie des crimes. C’est le chapitre de loin le plus long, celui que j’ai trouvé le plus fort, véritable point d’acmé du roman. L’histoire s’inspire d’événements réels : les meurtres de jeunes femmes perpétrés à Ciudad Juarez (alias Santa Theresa), à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
C’est une longue litanie mortifère, jusqu’à la nausée, d’enfants, jeunes filles et femmes un peu plus âgées, parfois torturés à mort, la plupart violés par « les deux voies », souvent étranglés avec fracture de l’os hyoïde (dont j’ignorais même l’existence avant cette lecture). Bolano nous offre un parcours sordide dans les décharges sauvages, des faubourgs glauques et déshérités à souhait, l’univers de ces malheureuses femmes, serveuses de café, prostituées, ouvrières des maquiladoras. Le lecteur est amené aussi à côtoyer les milieux policiers, le monde des narcotrafiquants, celui  de la justice et l’univers pénitencier ; mondes aux frontières perméables, mouvantes, gangrenées par la corruption.

5) La partie d’Archimboldi nous plonge dans le passé, en Allemagne lors de la seconde guerre mondiale, sur le front de l’est, lieu privilégié de multiple horreurs. C’est un des liens les plus évidents entre les deux dernières parties, la description des pires choses que l’humanité a pu inventer.

Il n’est bien entendu pas question pour moi d’aborder les multiples aspects que présente un tel livre. Je me contenterai donc de quelques réflexions que m’a inspiré cette lecture :

- l’emboîtement des histoires les unes dans les autres : l’auteur peut interrompre son récit pour suivre un nouveau personnage. Il y a ainsi un foisonnement de récits en structure « buissonnante ». Parfois des personnages reviennent, d’autre fois non. Pour ma part, J’ai trouvé ce mode de récit très cohérent avec le fil de nos existences, régies par diverses tendances dans lesquelles l’aléatoire intervient constamment : rencontres fortuites, suivies, interrompues, retrouvées parfois ; diversité de nos centres d’intérêt au cours d’une vie, etc.

- une écriture «tortueuse », « sinueuse » (je ne sais trop quel terme employer), qui se faufile dans une sorte de labyrinthe gigantesque. J’ai souvent pensé à « Mulholland drive » de Lynch.

- le décalage subtil avec la réalité : c’est une impression très forte et intrigante que j’ai eu à la lecture de 2666. Celle de ne jamais être totalement dans le réel, mais juste à côté, derrière une paroi transparente, comme dans un univers parallèle. D'ailleurs, souvent les personnages agissent et se regardent agir. Les miroirs tiennent également une grande place dans le récit. De ce fait, la frontière entre ce qui semble le réel et l’imaginaire, sous forme en particulier du rêve, est très ténue. Comme le dit très bien Dreep, une écriture en « clair-obscur », toujours entre entre deux mondes.

« Au réveil, il crut avoir rêvé d’un film qu’il avait vu peu auparavant. Mais tout était différent. Les personnages étaient noirs, et le film du rêve était donc comme un négatif du film réel ».

« Tout ça est comme le rêve d’un autre. »


- le mal : il semblerait que ce soit un thème récurrent chez Bolano. Déjà le titre du roman évoque la Bête de l’Apocalypse. Ce Mal est effectivement toujours présent dans le livre, en arrière plan, comme un bruit de fond le plus souvent ; parfois il éclate avec brutalité lors de rêves en particulier. Cela m’a rappelé quelques terreurs d’enfance.

Pour terminer, je voudrais insister sur la grande facilité de lecture de 2666 qui ne présente pas de difficultés. Je conseille de le lire sans à priori, en se laissant porter, ce n’est pas un livre policier, ni d’aventures, ni fantastique, encore moins un roman classique, mais tout cela à la fois : un livre-monstre  Very Happy
 
« Même les pharmaciens cultivés ne se risquent plus aux grandes œuvres imparfaites, torrentielles, celles qui ouvrent les chemins dans l’inconnu. Ils choisissent les exercices parfaits des grands maîtres. Ou ce qui revient au même, ils veulent voir les grands maîtres dans des séances d’escrime d’entraînement, mais ne veulent rien savoir des vrais combats, où les grands maîtres luttent contre ça, ce ça qui nous terrifie tous, ce ça qui effraie et charge cornes baissées, et il y a du sang et des blessures mortelles et de la puanteur »


mots-clés : #contemporain #creationartistique #fantastique #polar #violence
par ArenSor
le Mer 23 Mai - 17:39
 
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Sujet: Roberto Bolaño
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Zakhar Prilepine

Des chaussures pleines de vodka chaude

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 97827410

Originale: «Ботинки, полные горячей вод , сборник рассказов, Russe, 2008)
Traduction: Joëlle Dublanchet (Übersetzer)

Récueil de 11 nouvelles

C'est une très bonne façon de faire connaissance avec un auteur (à mon avis) de lire des nouvelles : on saura après quelques unes peut-être un peu mieux s'il nous parlera ou pas. Si dans le cité « San'kya » le ton politique, voir la violence, est redoutable, on trouvera ici aussi quelque chose qui marque l'écriture de Prilépine. Je trouve cela vraiment rare, qu'une certaine forme très crue, violente puisse se marier ici avec une tendresse touchante, des bribes extrêmement nostalgique. Par là même on comprendra peut-être aussi un des traits de ce pays ? Et de cet auteur un peu, voir beaucoup, controversé pour nos yeux occidentaux ?!

Et sur ce niveau-là je pense que la lecture de ces nouvelles peuvent nous aider. Elles ont quelque chose d'authentiques, de raleur, mais aussi d'humain. Toutes les nouvelles sont racontées de la perspective d'un narrateur (première personne). Certains personnages comme « ma femme, mon frère, mon ami » apparaissent ici et là. Et ainsi on a l'impression (est-ce vrai?) de participer à la vie de l'auteur même. Donc, cela paraît très authentique, même si certaines choses paraissent un peu incrédibles.

Pour moi une vraie découverte.

mots-clés : #contemporain #nouvelle #viequotidienne #violence
par tom léo
le Lun 21 Mai - 9:25
 
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Sujet: Zakhar Prilepine
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Carsten Jensen

La première pierre

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 Cvt_la10

Dans la Zone Noire, la panique vous envahira, et quand la plupart d'entre vous crieront qu'ils n'en peuvent plus, ils n'auront encore rien vu. Vous serez  sur le point de vous écrouler. C'est comme ça, c'est dur. Et quand vous aurez le goût du sang dans la bouche et que votre coeur cognera dans vos oreilles -, ce sera le signe que, maintenant, tout est sur le point de commencer.


Cela commence comme un classique (bon) roman de guerre, . Basés à à Camp Price, dans le désert d'Afghanistan, paysage aussi splendide qu'inhospitalier, les soldats danois de la troisième section sont gonflés à bloc, sûrs de leur probité. Ils traînent les histoires personnelles qui les ont amenés ici. ils s'ennuient souvent, sont envoyés en patrouille, se livrent à des attaques protégées par la force  aérienne. Il croient fraterniser avec la population. Ils sont convaincus de leur mission, même si parfois des loupés et des "dommages collatéraux"  génèrent des états d'âme.

Maintenant, c'est pour de vrai, pensent-t-ils. Et, plein d'espoir, ils cils comptent les battements de leur cœur.


Et puis, il y a l'ignoble trahison, et la troisième section pète un câble, se soustrait à l'autorité, est prête à tout pour livrer sa vengeance. Et là, il s'avère que la guerre, c'est beaucoup plus compliqué. Les ennemis sont complexes : ces humains qui ont vécu toute leur existence entière dans un pays en guerre, cruel et imprévisible. Ils défient toute compréhension avec leurs croyances, leurs divergences et leurs fidélités; les relations des populations locales avec les talibans, le rôle des chefs de guerre sont insaisissables pour l'observateur occidental naïf. Et s'en mêlent l'armée américaine, les soldats britanniques, les milices, les sociétés mercenaires, les renseignements danois, les technologies de pointe … Cela devient une sacrée débandade, une marche forcée obsessionnelle où il faut sauver sa peau coûte que coûte.

Et justement, cela coûte très cher. Il n'y a plus aucun repère, plus de bien ni de mal, plus de vrai ni de faux, plus de civilisation ni de barbarie, plus d'amis ou d'ennemis reconnaissables. Ils n'ont plus aucune certitude, le monde n'est plus que questions et danger.Ils n'ont d'autre option que d'avancer dans cette vertigineuse descente aux enfers, guidés par le radar de la survie, ballottés dans une cascade de choix de Sophie. On assiste à une effroyable escalade de la violence (Jensen ne lésine pas, il faut bien le savoir), de non-sens, une absolue perte de contrôle. La guerre n'est plus une stratégie sérieuse qui répond à des lois, c'est  une immense manipulation, un jeu vidéo géant,   dont nul ne connaît plus les limites.

- Tu as vu tous ces murs en Afghanistan ? - ce n'est pas une question, il continue : ils tiennent depuis deux mille ans et ils seront toujours debout dans deux mille ans. Nous nous vantons d'avoir inventé les armes avec lesquelles ils nous tirent dessus. Les mines, les mortiers, tout cela vient de chez nous. Les télécommandes qui permettent de déclencher les bombes à distance. Leurs communications par radio. Oui, nous sommes supérieurs par notre technologie et notre savoir. Nous le pensons, en tout cas. Mais ne serait-ce pas l'inverse ? Notre science ne serait-elle pas une preuve de notre bêtise ? Quel est le résultat de tous nos efforts, de toutes nos actions ? Un bouleversement climatique qui va nous emporter tous. Mais pas les Afghans. Ils survivent depuis 2deux mille ans. Ils survivront deux mille ans de plus. Le désert partout, des températures astronomiques, pas de pluie. Depuis longtemps ils ont appris à vivre avec. Dans le futur ils n'auront pas besoin de nos armes, de nos roquettes  ou de nos mines. Nous  nous trainerons comme des lépreux au pied de leurs murs et nous jetterons sur leur poubelle comme des chacals. À la fin, les Afghans seront vainqueurs.



Ce roman est terrible car il est parfaitement maîtrisé, contrôlé, s'appuyant sur  quarante ans d'expérience de l'auteur en Afghanistan. C'est un triller parfait sans relâche, sans temps mort, sans concession au politiquement correct, avec une écriture, dense, implacable, chirurgicale (âmes sensibles s'abstenir). Chaque personnage se déploie, dans l'enchevêtrement de ses contradictions, et je me suis curieusement  totalement  identifiée à ces personnages pourtant si différents de moi, aux aspirations et à la vie si étrangères à  la mienne qui voient s'écrouler leur monde fantasmatique au profit de la réalité de la guerre dans cette espèce de tourbillon de folie et de violence où les circonstances les entraînent. Ils sont médusés, annihilés. Ils n’abandonnent pas leurs illusions , ce sont leurs illusions qui les abandonnent. Il est ridicule de dire qu'ils ne rentreront pas indemnes : en fait ils ne rentreront pas, ils abandonneront derrière eux leur peau originelle. Ce monde est si terrible qu'il n'existe que peu de mots pour le décrire - cependant Carsten Jensen a réussi  à en faire ce roman  impitoyable dont on sort un peu dévasté par sa propre ignorance, son impuissance et le caractère dérisoire de ses propres petits problèmes.

(et on ajoute trahison  Tag violence sur Des Choses à lire - Page 4 1384701150 ?)

mots-clés : #aventure #culpabilité #guerre #psychologique #vengeance #violence
par topocl
le Ven 11 Mai - 19:51
 
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Sujet: Carsten Jensen
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Emmanuel Carrère

Un roman russe

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C'est donc une relecture. Et bien , je comprends bien pourquoi je n'avais pas aimé. Je continue à ne pas pouvoir dire que j'ai aimé. Mais.  Mais ce livre est complexe, ambigu et tragique, comme son auteur.

Il s'agit d'un  fatras absolu qui pourrait avoir pour sous-titre Quelques mois de la vie d'Emmanuel Carrère.

Au premier chapitre, il part en reportage sur les traces d'un soldat Hongrois qui a été hospitalisé pendant 50 ans dans un hôpital psychiatrique russe, finalement identifié et ramené à sa famille,  ne parlant plus que par bribes , ne se souvenant de rien. Super sujet, traité de façon frustrante sur un chapitre.

A l'occasion du reportage à Kotelnitch, où est  l’hôpital psychiatrique, Emmanuel Carrère y est séduit par ce village post-soviétique  agonisant, où il parait impossible de vivre mais où des gens survivent quand même. Il tisse des liens et il finira par y revenir fasciné un mois durant, pour s’imprégner de cette vie si étrange pour nous, une non-aventure typiquement carrérienne qui a son charme décadent, et finit  tragiquement.

Pendant la même période il cherche à faire aboutir le projet d’écrire sur son grand-père géorgien immigré  au moment de l'annexion de la Géorgie par l'Union Soviétique, personnalité aussi tourmentée que son petit-fils, malmené par la vie jusqu'à son arrestation et sa disparition mystérieuse en 44, sans doute liée à ses activités d’interprète pour les Allemands. Il pense que creuser l'abcès de ce mystère pourra l'aider à mieux assumer son propre malêtre.

Voilà. Tout ça, quoique un peu disparate, et pas complètement abouti,  c'est épatant. Du Carrère comme on l'aime.

Seulement manifestement cela ne suffisait pas, ou peut-être n'était que le prétexte pour que Carrère,  adolescent amoureux de nous parler de Sophie, la belle Sophie, la Sophie amoureuse,  Sophie qui fait si bien l'amour en présence ou au téléphone , Sophie, l'amour de sa vie. Cependant comme Carrère est, cela ne change pas, totalement immature, égocentrique, égoïstement torturé, supérieur, maladroit, possessif, infantile, cela finit mal et on a droit à tous les détails de cette rupture en plusieurs actes. Au centre de celle-ci, une nouvelle érotique dont Carrère semble très fier, mais que j'ai trouvée d’une longueur.... Et puis des dialogues répétés du genre Tu es l'amour de ma vie mais je ne peux pas te supporter. Tu es la femme que j'aime mais je suis un si sale type. Tu es l'amour de ma vie mais séparons nous, je souffre trop...

Dreep est plutôt indulgent quand il qualifie ça de
Dreep a écrit: une histoire de cul et de cocu avec sa copine du moment qu'il a étalé dans Le Monde, je crois.

C'est une pleurnicherie infantile, un règlement de compte lamentable, une bombe à retardement dans la vie de la pauvre Sophie.


Manifestement Carrère se complaît dans sa démonstration qu'il est un sale type ( tout en n'omettant pas de nous dire qu'il peut bander sans interruption toute la nuit), un peu comme si le fait de taper sur lui-même l'autorisait à dire tout et n'importe quoi sur les autres. Quelle "sincérité" mal placée! Surtout que c'est carrément rasoir et complaisant, désobligeant, obscène (pas tant les histoires de cul que l'étalage privé et le règlement de compte).

Tout cela pose la question de la liberté de l'artiste. Comme l'a dit Dreep, Sophie existe. Elle avait un autre homme en "roue de secours" et ce pauvre type en prend aussi plein la figure. Et puis la mère de Carrère (personnage publique, Hélène Carrère d'Encausse) lui demande de ne pas dévoiler l'histoire du grand-père et il s'en fout. Il n'en fait pas un portrait très glorieux, de sa mère, mais quand même elle n'est pas un monstre non plus.

Donc, un seul conseil, si vous êtes amené à fréquenter Carrère, prudence, même "si vous n'avez rien  à cacher " selon la formule consacrée.

Donc finalement,  quand
Dreep a écrit:  Je lui en veux encore.

Je comprends, Dreep, je comprends vraiment. Mais vois-tu les dernières pages (le suicide du cousin, la malédiction familiale, la lettre-confession à sa mère) sont bouleversantes, plus bouleversantes que beaucoup de choses que j'ai  lues, et alors malgré la détestation que j'ai traînée au fil des pages, je lui pardonne. La pourriture, la mesquinerie, je les regrette, c'est cher payé. Mais quoique ici profondément maladroit,  c'est véritablement un écrivain, et il me touche.

Quasimodo a écrit: quant à Carrère, mais tous ses livres ne sont pas égaux semble-t-il ?

Et bien oui, tout à fait, tu l'auras compris  Cool ...


mots-clés : #amour #creationartistique #relationenfantparent #sexualité #violence
par topocl
le Ven 23 Fév - 19:36
 
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Sujet: Emmanuel Carrère
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Juan Gabriel Vásquez

Le corps des ruines

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Il va être difficile de rendre compte de ce roman tant il est tentaculaire, intelligent, maîtrisé, tant le roman et le non-roman y sont étroitement intriqués au bénéfice de l'esprit et d'une certaine générosité.

Juan Gabriel Vasquez s'y montre  écrivain à l’œuvre, s’appropriant peu à peu un sujet qui l'a initialement rebuté, à l'écoute des signes qu'au fil des années celui-ci peut lui envoyer, l'amenant à accepter de douter, de se remettre en question pour finalement se l'approprier au prix d'un itinéraire affectivo-intellectuel traversant le temps et les continents.

Ce sujet lui est apporté/imposé par une espèce de complotiste exalté, monomaniaque et  agaçant, Carlos Carballo, fasciné par deux assassinats politiques qui ont été  des tournants majeurs dans l'histoire de la Colombie:  celui de Rafael Uribe Uribe en 1914, et celui de Jorge Eliécer Gaitán en 1948, deux figures de l'opposition libérale. Pour ces deux assassinats,  les exécutants ont été châtiés, et Carballo soutient que la justice s'est refusée à remonter le fil des vrais commanditaires. La juxtaposition de ces deux affaires est l'occasion  d'interroger la société colombienne, pervertie d'avoir toujours frayé avec la violence,  de réfléchir au lien que celle-ci entretient avec le mensonge et la dissimulation, et de montrer comment la quête de la vérité, si elle est vouée à l'échec, permet cependant d'interroger sa propre intimité, mais aussi tout le corps social  notamment dans sa  dimension  politico-judiciaire.

On est  dans une démarche assez curieuse (et plusieurs fois revendiquée) qui mêle sciemment l'autofiction et  l'histoire d'un pays, mais aussi l'Histoire et la fiction  pour produire une œuvre protéiforme, mi-polar politique, mi-réflexion et quête de sens. Dans cette démarche qui n'est pas sans rappeler Cercas, mais portée ici par une écriture fluide et pleine de vivacité, parfois à la limite de la faconde, Juan Gabriel Vasquez communique, par un montage époustouflant,  sa passion, ses émotions  et son érudition. il tire un fil qui en révèle un autre, suggère sans imposer, les longueurs sont très rares (et sans doute indispensables), c'est de la belle ouvrage.




mots-clés : #autofiction #complotisme #creationartistique #historique #justice #politique #violence
par topocl
le Mar 20 Fév - 16:20
 
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Sujet: Juan Gabriel Vásquez
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Mario Vargas Llosa

La ville et les chiens

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La ville, c’est Lima, et les chiens, des cadets (élèves encadrés par l’armée) dans toute l’ignominie qu’on peut supposer en matière d’obscénité, de bizutage, d’indigences diverses. Alberto, « le Poète » (où l’on peut reconnaître une personnification autobiographique de Llosa, au moins jusqu’à un certain point), trouve sa place entre « Jaguar », le dur chef du « Cercle » et « l’Esclave », Arana, le bouc émissaire ; il louvoie entre les deux pôles, grappille un peu de monnaie en produisant de « petits romans » pornographiques. La première partie de ce roman de plus de 500 pages (divisé en deux parties sensiblement égales, avec un épilogue) décrit assez longuement l’univers violent de la jeunesse péruvienne dans la première partie du XXe ; elle réveille des souvenirs de service militaire, pour ceux qui ont expérimenté cette découverte des brimades, de la promiscuité, des confrontations sociales et racistes, ici entre serrano (pas le jambon ou le piment, mais Indien ou métis originaire de la Sierra, la cordillère des Andes) et citadin (généralement blanc), de la côte maritime. Dans la seconde partie, l’Esclave étant mort d’une balle de fusil au cours d’un exercice, l’intrigue se développe. Dans l’ombre portée par la dictature, Llosa expose le problème de la dénonciation, et la grande règle de l’armée (laver son linge sale en famille), dans une dialectique de la loyauté et de la vengeance. Seul, l’intègre lieutenant Gamboa s’attache à éclaircir l’affaire, suite à une accusation du Jaguar par le Poète (devenu proche de l’Esclave avant sa mort, non sans avoir pris sa place auprès de la jeune fille qu’il aimait).  

« ‒ Pardon mon capitaine, dit Gamboa. Aussi longtemps que je ne m’en rends pas compte, les cadets de ma compagnie peuvent faire tout ce qu’ils veulent, je suis d’accord avec vous. Mais maintenant je ne peux plus faire semblant de l’ignorer, je me sentirais complice. » (II, 4)


« Il serait plus facile de ressusciter le cadet Arana que de convaincre l’armée qu’elle a commis une erreur. […]
Vous m’entendez, rentrez au collège et faites en sorte qu’à l’avenir la mort du cadet Arana serve à quelque chose. » (épilogue)


Les chiens (cadets de première année), c’est aussi la chienne Malencouille, adoptée par le Boa (bien qu’il lui ait cassé une patte dans un moment de colère)...
Un ultime et inattendu entrecroisement de destins boucle le livre, nettement plus captivant dans sa seconde partie.

« Je [Jaguar] ne savais pas ce que c’était de vivre écrasé. » (épilogue)


La composition caractéristique du style de Llosa, fait d’allers-retours temporels, d’entrelacements simultanés de différents fils narratifs, de monologues ou conversations de chacun des personnages (autant de narrateurs), paraît moins innovante de nos jours, après avoir lu par exemple Faulkner (qui l'aurait inspiré).
Cette histoire rejoint l’universel, comme on dit, et renvoie par exemple à La punition, de Tahar Ben Jelloun, qui vient de paraître.
Ce premier roman, écrit à 23 ans à Paris, est peut-être finalement celui que je préfère de Llosa (dont je ne suis autrement pas trop "fan").


mots-clés : #discrimination #jeunesse #regimeautoritaire #social #violence
par Tristram
le Sam 17 Fév - 18:24
 
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Sujet: Mario Vargas Llosa
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