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33 résultats trouvés pour addiction

Steve Tesich

Commentaire, impressions plutôt écrits pour ceux qui ont déjà lu le livre !

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 51wlqu10

Karoo


A mon avis derrière un récit d'une apparente simplicité (dans toutes ses détours), se cachent plusieurs niveaux de lectures et de compréhensions possible. Et cela m'était un bonheur d'essayer de voir plus loin que le bout du nez : ces abords possibles vont du récit, roman d'un simple cynique, via l'auto-dérision, via une vraie détresse jusqu'à une possible lecture métaphysique, existentielle d'une recherche et des observations très justes de l'être humain...

Saul est un personnâge qui au même moment vit des choses apparemment loin de notre expérience, et pourtant incarne (sujet qui revient) un homme d'aujourd'hui : séparé, mais pas encore divorcé, tiraillé, fuyant, mais lucide... Et aussi toutes les descriptions sur ces fuites et problèmes : à voir de plus près on reconnaît des motivations de beaucoup de nos contemporains, voir l'absence de vraie motivation et tout simplement … : la fuite. Cela me semble dominer dans ce caractère. Même l'alcool est une recherche éperdue de fuite, de l'oubli.
Ou la fuite de l'intimité. Cela semble presque contraire à ce qu'on dirait de soi et son désir; pourtant n'est-ce pas profondement vrai qu'aujourd'hui, comme Saul, on n'est pas (ou plus) capable de bien nous affronter nous-mêmes dans une certaine solitude ET l'autre dans une vraie intimité (il ne se sent à l'aise que devant un public...)? Karoo va, dans un certain sens, au bout d'une logique qui anime la plupart des gens dans leurs rapports avec les drogues, l'argent, les autres, la liberté, l'espace privé etc. Comment affronter la réalité : de soi-même, des autres (« La simple pensée à faire face à mes soucis me donnait la nausée. ») ? Pendant une large partie du roman Saul est la narrateur de son histoire. Cela ne change que vers la fin dans une narration apparemment plus distancée par un narrateur omniscient.

Constamment on se meut entre un cheminement d'évitements ET une grande lucidité, car ce Karoo  est derrière ces évitements très lucide, capables de se voir dans ses motivations. Et cela n'est pas un titre de gloire, mais constamment ou souvent une vraie source de frustration : Il ne fait pas ce qu'il veut et il fait ce qu'il ne veut pas. Pourtant en racontant dans l'Imparfait et le passé il a alors une distance vers ce qu'il raconte et nous sous-entendons la possibilité d'un vrai changement pour un avenir, soit pour un « aujourd'hui autre ». A voir.

Ici on s'approche sur une possible signification du choix du prénom : Saul. Ce premier nom de l'apôtre est associé avec Paul (vous vous souvenez du jeu de noms que le Père de Saul fait avec son fils?!), figure (dans l'imaginaire universel) de la conversion. Car finalement notre Saul ici aussi attend une redemption, un changement, une conversion. Bien sûr cela ne correspond pas complètement à la vie de Saint Paul, mais on ne peut pas s'empêcher de faire le rapprochement. Dans la réalité biblique et aussi ici, il s'agit pas juste d'une coupure si nette que les tranches de vie avant et après n'ont pas de lien. Non, il y a une forme de dédoublement, voir de coexistence d'une conscience de ce qui est juste au milieu de ce vie presque... ratée. Figure/symbole de conversion – chez le Père et Saul on trouve la mention des deux noms pour lui ! J'approche cette remarque d'une citation : « ...malade comme je l'étais, j'avais toujours un fragment intact de bonté au fond de moi ».

Certaines pierres d'achoppements, des rencontres faites dans la vie, des questions incontournables sont comme des invitations d'une mise en question de soi-même, des possibilités de saisir une occasion de changer. On peut les fuir.

En ce qui concerne son travail de découpeur de films des autres, voir des chef-d'oeuvres, on peut relèver tant de choses... Certes, il s'agit de détruire l'oeuvre d'un autre. Au-délà encore, un moment donné, la vie de Saul « consiste de ces bouts de graisse, d'inutilités coupées dans le film ». Combien des choses non-essentielles occupent la place ? Qu'est-ce qu'on enlève de notre vie pour trouver la cohérence d'une banalité attirante (mots très directs qui viendront plus tard)...  

Encore une fois : Karoo est lucide et proche de présentir que ce que d'autres appèllent la liberté est associé pour lui à « la fuite ». « Parler de changement était admirable. Esayer de changer était héroïque. » Le flot des paroles, ici et là : et on parle, on parle, pour immerger l'autre, pour « le  baiser » (rôle de Cromwell, presque diabolique, dans les yeux de Karoo, derrière certains accès d'apparente bien-veillance). Et où est la différence avec certains moments de la vie de Saul ?

Même si la première moitié pourrait être pris comme une introduction dans le caractère de Saul, je trouvais cela passionant. Dès un certain moment (Pittsburg ? Espagne?) la catastrophe entre les trois semble annoncée. Pas de surprises pour moi. Peut-être là l'histoire s'étire pour mon goût un peu trop.
Et inclus en cela : la catastrophe existentielle intérieure à venir. Et puis ? Saisira-t-il la chance ou pas ? Hésitations... Quel besoin de pardon... ! D'un coup, avec sa mère il arrive à se lâcher. Puis, physiquemment, chez Cromwell, puis la décision intérieure... : se débarasser de toutes excuses.

La fin me semble magnifique : le questionnement jamais abouti d'une histoire d'un Ulysse moderne dans lequel se retrouve Saul. Et il devient évident quelle est l'enjeu. Quelles sont les questions essentielles qu'il a fui toujours. Magnifique !

On a appelé les derniers pages – si je comprends bien – comme une chute vertigineuse ! Eh bien, qui a écrit ce commentaire ? Il me semble que l'ensemble se tient et est mu d'un grand réalisme. Bien sûr, je n'ai pas « prévu » les détails des derniers chapitres, néanmoins il y a là un « réalisme existentiel » qui tient la route. A voir de plus près, tout le roman, tout le cheminement de Karoo visait un issu. Et qui sera surpris que la question essentielle est métaphysique, existentielle, « réligieuse » ? Cela était sous-jacent sous toute l'histoire.

Un livre qui invite presque à une lecture commune !

On sent un auteur, proche de sa propre mort, interrogé par la sincerité des vraies questions. Splendide !

mots-clés : #addiction #contemporain #identite #spiritualité
par tom léo
le Sam 18 Aoû - 8:01
 
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Sujet: Steve Tesich
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John Steinbeck

Tortilla Flat

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 Cvt_to10

Dignité, solidarité et goût de la liberté des misérables, en plus du sens de la débrouille et du sybaritisme. En ligne directe de Mark Twain, avec aussi des parentés comme Jorge Amado, ou même Raphaël Confiant.
« Deux gallons, c'est beaucoup de vin, même pour deux paisanos. Moralement, voici comment on peut graduer les bonbonnes. Juste au-dessous de l'épaule de la première bouteille, conversation sérieuse et concentrée. Cinq centimètres plus bas, souvenirs doux et mélancoliques. Huit centimètres en dessous, amours anciennes et flatteuses. Deux centimètres de plus, amours anciennes et amères. Fond de la première bouteille, tristesse générale et sans raison. Épaule de la seconde bouteille, sombre abattement, impiété. Deux doigts plus bas, un chant de mort ou de désir. Encore un pouce, toutes les chansons qu'on connaît. La graduation s'arrête là, car les traces s'effacent alors et il n'y a plus de certitude : désormais n'importe quoi peut arriver. »


mots-clés : #addiction #social
par Tristram
le Lun 1 Jan - 0:03
 
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Sujet: John Steinbeck
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Jean-Pierre Martinet

C'est un beau commentaire de Marie ci-dessus, sur un texte que je n'ai pas lu.

Je ressors de son premier roman : La somnolence.

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 416i2510

Déjà c'était un plaisir de lire un bel objet, que ce livre des éditions Finitude en format broché (ça me change des poches tous pourris). Et un réel plaisir de retrouver la plume, la noirceur de Martinet. Sans concession pour cet auteur de l'ombre.
Bien que, à y réfléchir, ce premier roman est peut-être ce qu'il a écrit de plus lumineux. Il semble y avoir encore quelques lueurs d'espoir, dans toute cette folie. Alors que dans Jérôme, tout est noir, tout est désespoir.
La somnolence, est un réel tour de force littéraire.
De par sa narration, de par son exigence stylistique. On met du temps à comprendre à qui le personnage de Martha s'adresse, à essayer de cerner ses délires, ses hallucinations, sa rage, son humour.
Humour noir bien sûr, au vitriol, le genre qui décape.
A ne pas mettre entre toutes les mains.
Mais une fois qu'on accroche, difficile de le laisser retomber.
Martha est une femme de 76 ans. Mais à ne pas s'y tromper, il semble bien que ce soit la rage de Martinet qui s'incarne dans le personnage de Martha, dans cette femme qui ne connaît aucune limite et qui ne pense qu'à se siffler une autre bouteille de whisky.

Tout ça me donne envie de relire Jérôme. Encore plus exigeant et destructeur. Je pense que La somnolence est une bonne entrée dans l'oeuvre de Martinet.

mots-clés : {#}addiction{/#} {#}solitude{/#} {#}vieillesse{/#}
par Invité
le Jeu 28 Déc - 15:43
 
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Sujet: Jean-Pierre Martinet
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J.G. Ballard

Crash !

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 Yyfhfj10

Lecture à peine finie. j'avais vu le film de Cronenberg (réalisateur que j'adore) il y a quelques années.

J'ai beaucoup aimé le film, j'ai énormément aimé le livre.
Etant particulièrement fan des récits traitant des déviances psychologiques, souvent générées par des traumatismes on peut dire qu'avant même de commencer j'étais un client adapté à ce type d'histoire.

C'est brut, direct, cru par moments, il ne faut pas le nier et il faut même prévenir que la part de glauque peut vraiment décontenancer un lecteur qui ne serait pas informé. J'ai un peu pensé à du Burroughs dans la description des personnages et ce style si direct et acéré de l'écriture.
Il demeure une violence, une lourdeur brutale dans le récit, je n'ai jamais été à l'aise mais je n'ai pu m'empêcher de lire, comme justement cette sorte de curiosité un peu malsaine que je n'ai pourtant pas habituellement mais qui pousse les automobilistes à s'arrêter pour regarder l'accident.

Cela pousse à la réflexion sur les causes qui nous déterminent suite à un choc, les modifications de nos comportements, de nos envies. j'ai beaucoup beaucoup aimé.

mots-clés : #addiction #sciencefiction
par Hanta
le Jeu 23 Nov - 9:53
 
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Andreï Guelassimov

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 Soif10
La Soif

La Soif est un très beau roman sur un jeune garçon ordinaire, Kostia (Constantin), qui revient de son service militaire en Tchétchénie où cette guerre fait des ravages. Au retour, il passe son temps à boire de la vodka et sombre dans l’alcoolisme jusqu’à l’écroulement, pour oublier ce qu’il a enduré, pour essayer de survivre, reconstruire sa vie au risque de mourir. Parce que Kostia est revenu mutilé et brûlé au visage. Il va devoir vivre avec son nouveau physique défiguré qui effraie les enfants.

Le char russe a été attaqué par des snipers, il a explosé. Les camarades de Kostia l’ont cru mort mais l’un d’entre eux a pu le sortir de justesse. Et puis on passe du présent au passé et vice versa, les deux se fondant, comme dans la tête de Kostia :

« – On approche des ruines ! cria-t-il dans l’émetteur. Vous m’entendez ? Putain, vous roupillez là-bas, ou quoi ? On approche. Couvrez-nous s’il y a un problème. Il reste deux cents mètres… Cent cinquante… Cent… Tout a l’air normal.. Il semble qu’il n’y ait personne ici… Il reste cinquante mètres… On est presque passés… Tout est calme… Quoi ? Non, tout est normal, je vous dis… Tout baigne…
La déflagration fut telle qu’elle me souleva et que  je me retrouvai debout sur mes pieds avant de retomber immédiatement. Le choc fit résonner ma tête comme l’intérieur d’une cloche. Devant mes yeux il y avait une bouteille vide. Et une autre encore à côté. Je les touchai de la main et elles s’entrechoquèrent. C’était agréable d’être couché par terre. Le sol était frais. J’appuyai ma joue sur le lino et fermai les yeux. Surtout ne pas bouger… »


Quand il était adolescent, son directeur d’école, un gros buveur de vodka, qui avait vu ses dessins et repéré son talent, le convoquait souvent pour lui apprendre comment dessiner, mais surtout comment voir, appréhender le regard. Regarder par la fenêtre, savoir observer comment les enfants jouent dehors, comment ils se meuvent, détailler les gestes... Kostia n’a pas oublié son enseignement. Et le dessin sera une grâce qui lui permettra de s’en sortir.

Ses trois amis sont aussi rentrés à Moscou mais l’un d’entre eux s’avère introuvable. Ils partent à sa recherche. Kostia va alors devoir revoir son père qui a fondé une nouvelle famille et se réconcilier, faire la connaissance de ses tout jeunes frère et sœur, des petits enfants : et c’est grâce au dessin qu’il partage avec eux que renaît l’espoir de vivre.

C’est un très beau roman, plutôt en retenue, sensible aussi, avec des retours vers le passé, et sur les ravages de la guerre mais avec une distance savamment dosée, car écrit par un écrivain russe engagé et qui donne de la beauté à ce roman.

mots-clés : #addiction #contemporain #guerre
par Barcarole
le Dim 29 Oct - 18:35
 
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Malcolm Lowry

Lunar caustic

Souvent traduit avec le titre anglais laissé, sinon on le trouve intitulé Le caustique lunaire.
Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 Lowry_10

Étrange opus, au fragile parcours mouvementé. En 1934, Lowry subit une cure de désintoxication de son éthylisme chronique à l'hôpital (psychiatrique) Bellevue de New-York. Il projette de se servir de ce matériau, de ce vécu, pour tenter un récit qui mettrait en scène un journaliste volontairement immergé dans une détention et qui se serait entendu avec un médecin pour que ce dernier lui facilite le travail d'enquête. Le reporter a l'infortune de se trouver à son arrivée dans un tel état d'ivrognerie que les services hospitaliers le placent d'office deux jours en observation...

Aucun éditeur ne souscrit au projet littéraire, mais, pressé par le besoin d'argent, Lowry reprend cette histoire en 1936, sous forme de nouvelle cette fois-ci, et l'intitule The last address.
Il la soumet à la rédaction de Story, une publication qui a déjà fait paraître plusieurs de ses nouvelles. Story achète la nouvelle, mais...ne la publie pas !

Suivant sa technique habituelle d'écriture, il revoit ensuite sa nouvelle à de nombreuses reprises, tente de la faire publier en 1939, sans y parvenir, puis élabore encore une autre mouture en 1942. C'est la seule version imprimée du vivant de Lowry. C'est celle qui est publiée sous le titre "le caustique lunaire" en seconde partie dans l'édition 10-18.

Ce qu'on sait de témoignages concordants, c'est que Lowry avait en projet une vaste œuvre, dénommée "the voyage that never ends" dont "au-dessous du volcan" serait le centre, et que cette œuvre serait composée de sept romans.
Lunar Caustic / the last address devait être épaissi, pour être l'un de ces sept romans.

Selon Maurice Nadeau en préface de l'édition 10-18 du bouquin, Lowry travaillait sur cinq, dix ou même vingt versions d'une même phrase, paragraphe ou chapitre, constamment.

Ces juxtapositions / superpositions d'une même phrase, une fois passées au tamis fin, rendent ce que Lowry fait stylistiquement de meilleur, ces élans à plusieurs plans de lecture, à tiroirs ouverts et d'une richesse débordante, et pourtant paraissant limpides et simples, fluides, mais donnant au lecteur l'impression de ne jamais tout à fait faire le tour de la proposition littéraire de l'auteur.

The Lunar caustic, le caustique lunaire, vous l'aurez compris, c'est la même nouvelle imprimée deux fois à la suite. L'une est plus noire, plus complexe, plus désordonnée sans doute, et provient de la direction arbitrale de Marjorie Lowry, la veuve de Malcom, et de l'ami de Lowry, Conrad Knickerbocker, qui ont puisé dans les fonds très garnis de Malcom Lowry.
Je doute (mais je me trompe souvent !) qu'ils aient bricolés, ou ré-écrits, certains passages, ils avaient le choix, l'abondance de versions était telle ! Et puis la version Lunar Caustic (ma préférée) sonne trop comme du Lowry pour être du travail de faussaire...pourtant ils subirent un procès d'intention, qui dure encore.

Je ne suis pas tout à fait la direction de collection dans leur choix, et si je peux jouer au petit éditeur amateur, placer la version intitulée "le caustique lunaire" avant celle éponyme à l'ouvrage (Lunar caustic) eût été plus inspiré: tout ça pour dire que je vous encourage à plutôt lire cette même histoire sous deux facettes dans cet ordre-là...

Un mot sur le titre: Lunar caustic est bien sûr composé d'après lunatic asylum, asile d'aliénés- hôpital psychiatrique.

Chapitre I a écrit:Un homme sort d'un bistrot, du côté des docks, au petit matin, une bouteille de whisky dans la poche. L'odeur de la mer emplit ses narines et il glisse sur les pavés aussi légèrement qu'un bateau qui quitte le port.
Bientôt pris dans une tempête, battu de toutes parts, il s'efforce désespérément de revenir en arrière. Maintenant, il accepterait l'abri de n'importe quel port.
Il entre dans un autre bar.
Il en émerge, astucieusement remis à flot, mais alors les difficultés recommencent.


Et notre rimbaldien bateau ivre va parvenir jusqu'à l'hôpital psychiatrique, dans une superbe brève phrase nette, souvent mise en exergue, une des plus connues du livre et qui est la dernière du chapitre 1:
Chapitre I a écrit:Avec le fracas frémissant d'un vaisseau lancé contre les récifs, la porte se referme derrière lui.

Cet hôpital borde un petit port entre deux quais et surplombe une péniche échouée que nous retrouverons tout au long du livre. Cette péniche-là en particulier est un élément essentiel du décor du livre, elle fait sens. Le chapitre 2 est entièrement consacré à la décoration "marine" environnante. On y trouve un:
Chapitre II a écrit:Les canots à moteur bleus et blancs, amarrés là, [...] et, sans cesser de se chamailler et se se taquiner sur ce fleuve d'une noirceur de suicide, ils semblaient conter de tendres histoires de jeunes filles, en été.


Au reste, chapitre 3, quand le héros, dont le nom n'est pas clair et sûrement d'emprunt (Bill Plantagenet ? Lawhill ?), reprend connaissance dans son nouvel univers carcéralo-hospitalier, il se croit dans un bateau. On est déjà dans l'espèce d'irréel, je dirais plutôt de trans-réel, qui est la marque de cette nouvelle, et qui n'est pas sans rappeler comme Maurice Nadeau le repère en préface le premier cercle de l'enfer de Dante Aligheri;  une scène de cauchemar, à moins que ce ne soit de delirium tremens, pour vous souligner tout ça, jugez plutôt:
Chapitre III a écrit:De terribles ombres s'approchèrent en foule, puis s'éloignèrent de lui. Une cataracte d'eau se déversa à travers la muraille, envahit la chambre. Une main rouge, gesticulante, l'aiguillonnait; sur le flanc ravagé d'une montagne, un torrent rapide charriait des corps sans jambes dont les plaintes jaillissaient de grandes orbites garnies de dents cassées. Une musique devint un cri perçant, s'apaisa. Sur un lit en désordre, maculé de sang, dans une maison à la façade soufflée, un énorme scorpion violait avec gravité une négresse manchote.


Puis nous découvrons les trois futurs amis de Bill Plantagenet-Lawhill, Garry, le petit garçon "Rimbaud adolescent", à la tête pleine d'histoires qu'il invente sans cesse, M. Kalowsky, un vieillard juif errant plutôt tendre, Battle, un grand noir hyperactif:  Et, au fil des pages, nous sommes convaincus comme Bill que leur détention est un arbitraire, un malentendu, qu'ils n'ont rien à faire là. Toujours ce jeu très constant dans l'oeuvre de Lowry sur la normalité - l'adaptation au monde, et le fragile écart qui en sépare les autres, le reste, les désemparés, les aliénés, les inadaptés ou considérés comme tels.

Les tirades magistrales de l'entrevue entre Bill et le Docteur Claggart, qui constitue le chapitre 9, sont juste poignantes, et, si c'est mis dans la bouche du héros, sans doute faut-il entendre le cri direct de Malcom Lowry: trop long pour vous citer le chapitre entier.

Un mot sur l'univers artistique évoqué directement - donc, Bill Plantagenet ou Lawhill est musicien de jazz, pianiste, atteint par la tremblotte de l'éthylique, au groupe dispersé et largué par sa femme, et qui, de toutes façons, n'a pas les mains assez larges pour tenir l'octave. Donc il triche, y compris quand il joue de la guitare. La scène du piano, dans le centre de détention-hôpital, est éloquente, à savourer (chapitre 8 ).

Pour l'univers littéraire, Melville traverse tout l'ouvrage, et Rimbaud aussi: Deux auteurs que je prise tant, joie !
Très belle citation de Rimbaud tirée des "Illuminations", dans un passage fort, à propos de Bill parlant de Garry au Docteur.
Lowry / Bill Plantagenet - Lawhill  en profite pour lancer au passage, tout juste après, et brut, des références à de la lectio divinas : rien moins que Le Pentateuque, le Cantique des Cantiques, l'Apocalypse selon Saint-Jean.  

Pour l'univers musical, Bix Beiderbecke (hein, Bix, hein ?) Edward Grieg, Frankie Trumbauer, Eddie Lang avec Ruth Etting (ne serait-ce pas là l'évocation de "la" Ruth du livre, celle qui a plaqué Bill ? Cela coïncide un peu trop, je trouve), + Joe Venuti et Eddie Lang (si vous allez en page 2 du fil Malcom Lowry sur Parfum j'ai posté tous les Youtubes afférents à ces références musicales, sous spoiler).


(Rapetassé de deux messages du 1er et du 2 décembre 2013 sur Parfum)

Mots-clés : #addiction #pathologie #solitude
par Aventin
le Dim 8 Oct - 6:37
 
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Sujet: Malcolm Lowry
Réponses: 57
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Henri Calet

Un grand voyage

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 43835910


Germain Vaugrigneuse  s’est enfuit de France après que son collaborateur et employeur eut fraudé.

Lupo lui avait fait remettre par une des secrétaires une très grosse somme d’argent : en billets et en pièces d’or, et un chèque sur une banque londonienne. Germain n’avait jamais été si riche. C’était depuis lors qu’il n’était plus en ordre avec sa conscience ; ils ne marchaient plus au même pas.

Il s’installe à Montevideo, alors qu’il devait rejoindre un oncle au Brésil.
Il fréquente une « cave » où se réunissent des  sympathisants révolutionnaires de tous pays et aux motifs très divers.

Ceux-là s’étaient réfugiés dans un avenir de fantaisie, ils avaient cessé de vivre pour leur propre compte.

Germain, est un jeune homme que les femmes quittent ; Camille à Paris, Agnès sur le bateau.

Son fils, son art… Germain était gâté : elle lui donnait le rôle qu’il préférait, celui du sacrifié. Il allait pouvoir se prendre en pitié. Ce dénouement lui convenait fort bien. Il ne se trouvait jamais mieux à son aise que dans l’adversité : c’était son eau.

Ne sachant diriger sa vie il se retrouve sous la coupe d’homme ; Aquilès dit le vieux, Juan manuel homosexuel qui l’initie à la drogue,  de même qu’il l’avait été à Paris avec Lupo.

Il distribue volontiers son argent pour des causes diverses, à ses nouveaux « amis » .

Au vrai il n’avait pas de cause. Il faut aimer  ardemment la vie, ou seulement du bout des dents, il n’avait pas encore eu le temps de lui trouver un goût, il était trop jeune.

Il part pour le Brésil avec son oncle venu le chercher, mais les péripéties du voyage  le ramènent  à Montevideo. Il retrouve Juan-Manuel et leurs habitudes : Il ne pensait pas s’enfermer à double tour sur lui-même, il croyait qu’ils étaient deux, il se trompait encore…

Il partage quelque temps sa vie avec Eva qui travaille dans un bar,  mais ayant donné une somme d’argent conséquente à l’oncle se retrouve très vite au bout de ses ressources.

Alors qu’il ne sait où l'emmène cette vie, que la drogue le marque de ses stigmates une lettre de Camille lui annonçant le décès de Lupo, le décide à regagner la France. Il part donc sur le bateau qui doit le conduire  dans un premier temps à Amsterdam.

Germain avait toujours été l’homme des adieux, l’homme des dernières minutes, quand pointent déjà les regrets.

La drogue emportée avec lui sur le bateau est vite épuisée et les hallucinations sont très présentes, il redoute le jour qui se lèvera sans la dose dont il ne peut se passer .

Il était encore à la recherche de son propre personnage ; il s’efforçait d’acquérir des manies ; il accusait ses premiers tics de cocaïnomane, il les portait comme des décorations.

A bord, c’est sans conviction, mais plutôt pour tester son pouvoir qu’il partage promenades et confidences  avec  une très jeune fille.

Une tempête se lève sur mer et dans sa tête, les flacons de drogue sont vides !

Germain n’avait jamais su comprendre la vie, elle lui échappait des doigts.

***

Si ce récit n’est pas franchement autobiographique, il s’inspire beaucoup de la vie de l’auteur ; la fin même aurait pu être celle de Calet.
Le personnage de Germain est inconsistant, faible. L'écriture est justement mesurée.


mots-clés : #addiction #exil
par Bédoulène
le Sam 7 Oct - 23:01
 
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Sujet: Henri Calet
Réponses: 52
Vues: 4027

Mikhaïl Boulgakov

Vous n'avez qu'à jeter un oeil à sa bibliographie pour vite vous rendre compte que Boulgakov ne fut pas prophète en son pays. Il en a fallu du temps avant que ses oeuvres soient autorisées par la Parti soviétique.
La force de l'auteur a aussi été de contourner les règles, et jouer de la métaphore, du "cryptogramme". Ainsi, on peut le lire à différents niveaux et ses textes sont sujets à interprétations. On peut penser aussi à Orwell, et La ferme des animaux.
Je considère Le maître et Marguerite parmi mes sommets littéraires, aussi car c'est un livre qui m'a ramené vers la littérature, à une époque où mes lectures étaient d'un autre ordre. Malheureusement, lecture un peu trop lointaine pour en parler.

Je ressors de sa nouvelle, Morphine.

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 41n3db10

Là aussi, on peut le lire au premier degré, et on est tout de suite embarqué par sa prose puissante, son style prenant, qui nous poussent à avancer dans ce court récit. Il entretient le suspens sur la maladie de cet homme mystérieux, puis très vite le voile se lève ...
L'addiction à la morphine, la solitude, le désespoir, l'angoisse ...
C'est fort !

Et puis, on peut lire la postface, où les interprétations sont multiples. Cette nouvelle prend lieu et place en Russie à partir d'Octobre 1917 ... Arrivée de la révolution Russe, et là on reprend le journal du morphinomane, en fonction des dates, et on essaie de lire le cryptogramme laissé par l'auteur ...

mots-clés : {#}addiction{/#} {#}solitude{/#}
par Invité
le Mar 12 Sep - 15:03
 
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Sujet: Mikhaïl Boulgakov
Réponses: 16
Vues: 3204

Réjean Ducharme

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 51002310


Dévadé


Ducharme s'amuse à créer des néologismes ; il fait apparaître par rapport à la langue française un sentiment de dérision voire même de cynisme et d'ironie. Mais je trouve ses néologismes terriblement logiques dans l’originalité.

Le narrateur, Bottom,  est un paumé, un « rada » comme il le dit, qui a besoin d’au moins 6 bières  par jour pour assumer cette vie. Il nous raconte son quotidien,  ses amis ; Juba son petit Donzeur, parce qu’elle l’appelle à 11 h quand elle a besoin de se faire consoler ou de partager ses colères ses rancoeurs contre Nicolas son amant et ami de Bottom, Nicole la voisine de Juba, agréable, pas compliquée, qui tentent tous de survivre, plus ou moins facilement, avec plus ou moins de volonté.

Mais il y a surtout « la patronne » qui aide Bottom, autant qu’il l’aide. Il est  au service de sa personne car cette Dame, divorcée est handicapée, elle ne quitte pas son fauteuil. Bottom la lave, l’habille, la coiffe, bref il lui sert de femme de chambre, de cuisinier, de jardinier, de chauffeur. Il s’en occupe comme elle aime car il l’aime cette « chochotte »,  avec son caractère qui ne se défile pas devant les soucis, les siens et ceux de Bottom.

Les  relations du  petit monde de paumés :

Bottom : Je suis sorti du Marché Soir avec une grappe de six canettes ; le temps de rembrayer, j'en avais deux dans le corps. Quand j'ai eu le feu vert aux Quatre-Coins, j'avais muté, j'étais l'homme que j'aime ; le Mouvant perpétuel, le Fou fuyant, Monsieur le Prince de Personne, qui passe ou qui casse, que ça geigne ou que ça saigne, qu'elles pleurent ou qu'elles meurent, toutes autant qu'elles sont.

Au bar :
A 8 heures, fous moi à la porte !
Puis je me suis donné jusqu'à neuf heures et je me suis ramassé à et demie, trop tard pour que je me dérange ou que ça me dérange : j'avais réglé le fameux problème du mal. Je l'avais bu, éliminé en l'absorbant à rebours jusqu'à la Génèse. Il n'y en avait plus. tout était aux pommes, comme avant le péché éroginel.


Bottom et  Juba : Juba est la seule enfant de mon âge qui veut jouer avec moi. Déficient social crasse, ivrogne trépignant, elle me prend comme je suis, et comme si la sale gueule que je me suis faite pour me rassembler ne chassait pas ses mauvaises pensées, effet que je leur ai toujours fait, toutes autant qu'elles sont, les boudins les premières. On se débat on veut partir, mais elle a des yeux dont on ne sort pas ; ils ne vous retiennent pas mais ils sont trop noirs, on ne trouve plus la sortie.

Si je ne me jette pas dessus, si je résiste cinq minutes, elle basculera ; elle se pelotonnera en ronronnant dans mes bras, comme si je rêvais, comme la femme qu'on dit qu'on a quand on dit ma femme... Ca fait partie de nos cérémonies, les fastes où je l'embrasse tout mon soûl pourvu que je reste en tenue de cambrioleur (tout habillé, tout chaussé) et que je ne la touche pas ici et là. Surtout ici et là.

Juba et Bottom :

- Viens me faire comme hier !
- Rien ?
- oui, il n'y a que toi pour me le faire si bien... Et puis il y a rien et rien, et tu m'as pas fait tout ce qui m'aurait rien fait... Mais on a rien pour rien, et j'avais des idées de te servir le petit déjeuner au lit demain matin.


La patronne  à Bottom :

Tu es resté à l'âge où la liberté c'est rien, où on se trouve libre quand on est responsable de rien, quand on a rien fait qui nous lie à rien, l'âge mental du caillou le long du chemin ; on te piétine ou on te ramasse, on te tient ou on te jette...Bottom tu ne t'appartiens pas.


Elle a réservé un gâteau pour l’Anniversaire de Bottom : Je n'ai pas d'appétit, j'aurais plutôt la nausée. La crève,  mais je ne peux pas résister au bien et au bon que ce gâteau me veut malgré lui... Je n'ai rien laissé, pas une miette
d'apitoiement, pas une trace de tendresse, pas une tâche sur la porcelaine. J'ai tout englouti, croqué, léché. Si je ne passe pas la nuit, malade comme je serais , je n'aurai rien manqué.


Je sais je suis la patronne ; et c'est dans ton sang de te mettre sous un règne. Je sais je suis l'ordre dont tu ne peux te passer. Parce que tout ce que tu sais faire c'est subir et transgresser.


Bottom  et la Patronne :

Et puis chochotte comme j'ai dit et comme je l'aime, elle aime mieux que je ne dise rien, que je n'y touche pas, que ça perce sa place par ses propres forces parmi tout ce qui pousse dans notre drôle de jardin.

La patronne est décidé à ne faire semblant de rien, mais je suis trop tentant. A travers le sourire qu'elle a composé, en mi-majeur ("Seigneur que ma joie demeure" ) elle me complimente sur mes yeux pisseux, embourbés dans mes chairs qui débouffissent.

Elle m'envoie le chat. Elle a plié à son collier à puces le message de réchauffer de la soupe et de beurrer deux toasts. Elle signe "Diminou". Elle s'arrange toujours pour avoir le dernier mot.



Finalement Bottom, trouvera un emploi  à « la plonge » dans un restaurant, il recontactera la Patronne, attendant qu’elle veuille répondre à ses appels téléphoniques. Elle le fera, comme elle lui a dit un jour « tu m’aides » mais moi aussi « je t’aide ».



C’est l’histoire de Bottom, mais  ça pourrait être celle des milliers de paumés comme lui. Comme souvent dans ces vies là l’alcool sert de flotteur et les mots de Ducharme pour décrire ce désamour qu’a la vie pour ces paumés me touchent.
Je n’imagine pas qu’on puisse lire cet auteur et ne pas l’apprécier, ces mots ont une telle contenance ; ils sont goûteux comme la bière, et restent sur les cœurs comme la mousse sur les lèvres.

Bref lisez Ducharme ! à chaque livre lu je me dis celui-ci est meilleur.


mots-clés : #addiction #sexualité #social
par Bédoulène
le Mer 30 Aoû - 15:47
 
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Sujet: Réjean Ducharme
Réponses: 22
Vues: 2266

William S. Burroughs

Junky

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Paru initialement sous le pseudonyme de William Lee, nous suivons les pérégrinations d'un quidam dans la drogue. Livre qui devint culte et qui éleva selon Mailer Burroughs au rang de génie.
Premier Roman de Burroughs, psychédélique, absurde, mélangeant des phrases d'une fulgurance littéraire certaine à une vulgarité qui inspira les Palahniuk et autre Welsh en une sorte de maelstrom d'expériences quasi mysthiques, de délires métaphysiques et d'un vrai questionnement sur la vie et sa vacuité.

Cynique, voire nihiliste, le propos de Burroughs n'en est pas moins inédit dans le roman américain jusque là si structuré, si classique. Le but est d'exploser les codes avec ses amis de la beat generation plus tard et surtout de ne plus en adopter.
Il demeure néanmoins un héritage philosophique assez impressionnant qui ne dit pas son nom. Diogène, Stirner pour l'individualisme et l'asociabilité, Schopenhauer et Nietzsche également.

Style génial, expérience littéraire déstabilisante, qui ne laisse pas insensible.

On déteste ou on adore. Moi j'adore.


mots-clés : #addiction
par Hanta
le Lun 21 Aoû - 16:30
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: William S. Burroughs
Réponses: 2
Vues: 635

Joseph Roth

Notre assassin

Tag addiction sur Des Choses à lire - Page 2 51hkdv10
C' est un roman très russe, c' est Stefan Zweig qui l' écrit, et c' est vrai, et d' ailleurs, ça se
passe en partie en Russie.
C' est une histoire pleine de cris et de douleur, et dont les personnages, souvent peu glorieux,
essayent de noyer leur culpabilité dans l' alcool.

C' est aussi ce que faisait Joseph Roth, lui-meme, exilé à Paris.


mots-clés : #addiction #exil #identite
par bix_229
le Dim 23 Juil - 16:19
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Joseph Roth
Réponses: 31
Vues: 4006

Frederick Exley

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Le dernier stade de la soif

Frederick Exley écrit  brillamment son autobiographie, celle d’un homme peu brillant qui ne sait se dépêtrer de son questionnement existentiel autrement que dans la fuite, dans l’alcoolisme et l’apathie . De ces hommes invivables pour leur entourage, mais qui donnent de bons bouquins.

Si la lucidité de Exley lui permet de nous fournir des portraits caustiques de ses contemporains américains, elle ne lui permet malheureusement pas de tirer son épingle du jeu, car à part débiner les  autres ou en abuser,  et lui-même s’autodétruire, Exley n’a d’autre talent que sa plume. Cela donne un récit alerte et séduisant d’un homme qu’on a en même temps envie de plaindre et d’envoyer promener, un homme qui reconnaît lui-même son ambiguïté par rapport à un système qui le fascine mais qu’il exècre.

L’écrivain manipule son lecteur, mais pas plus que l’homme ne manipule son entourage : il ne sait transformer ses révoltes - mais aussi les mains tendues, finalement assez nombreuses, même si elles sont parfois maladroites -  qu’en effondrement.

C’est triste, triste. Que reprocher à cet homme mené par la fatalité de sa fragilité ? Mais qu’accepter de sa démission, qui n’est pas qu’autodestructrice ? Cette équivoque, où il ne manque pas de toucher  à la malhonnêteté, m'a assez souvent mise mal à l'aise mal à l’aise. Mais peut-être était-ce le but réel de ce livre?

(commentaire récupéré)


mots-clés : #addiction #autobiographie
par topocl
le Dim 8 Jan - 10:02
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Frederick Exley
Réponses: 7
Vues: 1338

Marie-Hélène Lafon

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Joseph


Un journalier , on disait "à l'époque" , un ouvrier agricole plus tard ...Après le livre de Marie-Hélène Lafon on dira peut-être "un Joseph" ...car c'est d'un monde qui se meurt dont il s'agit et Joseph est la représentation vivante de celui-ci .

Joseph , toujours en retrait , observateur silencieux de ce qui se passe autour de lui dans ces fermes "à l'ancienne" où la patronne règne en reine mère auprès de "ses hommes" , où les fins de journées laissant un peu de place à la pensée et au retour sur soi  laissent apparaitre la douceur inavouable de chacun autour de la "sainte table " propre et nette , tout juste encore une miette ayant échappé à l'oeil fatigué de la maitresse de maison ....
Dans ces moments où le corps se relâche enfin , il est doux de se laisser emporter dans le sillage des patineurs artistiques du petit écran ; d'ailleurs même la patronne , elle aime le patinage artistique délaissant ses mots croisés du journal du jour !

Joseph aime les chiffres , les dates , les listes et les comptes , Joseph n'aime pas les mots car ça dérange , ça encombre , et puis il a bien fallu partager avec le jumeau le Michel  : c'est lui qui il a tout pris alors finalement les chiffres ça fera son affaire au Joseph .

Il a bien eu son amourette le Joseph dans sa jeunesse mais ça n'avait pas marché , et même que c'est après qu'il avait sombré .Mais peut-être qu'il aurait sombré sans elle , car c'est bien connu que l'alcoolisme c'est génétique et dans la famille on est marqué au fer rouge .

Finalement le bon de l'affaire , c'est que les cures dans ces centres spécialisés c'est promesse de "bien manger " , de salle de bain à soi bien chauffée et même qu'un jour il s'était passé quelque chose avec la nouvelle psychologue : ce truc honteux tapis au fond de sa mémoire il l'avait sorti ; ça avait du faire du bien et même qu'après il était toujours en avance au rendez-vous .

Marie Hélène Lafon
s'efface enfin dans sa prose pour nous offrir un portrait bouleversant d'un homme , d'une culture , d'une identité qui se meurt ,  car il s'agit de la fin d'un monde , d'une culture . Un regard douloureux à La Raymond Depardon qui déchire les entrailles .


mots-clés : #addiction #famille
par églantine
le Dim 4 Déc - 12:17
 
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Sujet: Marie-Hélène Lafon
Réponses: 70
Vues: 5636

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