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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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352 résultats trouvés pour famille

Peter Staphan Jungk

La traversée de l'Hudson

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Ca commence comme une bonne grosse blague juive new-yorkaise. rien n'y manque: le père physicien mondialement connu, en perpétuelle partance, la mère adorée et insupportable, et Gustav, le fils étudiant historien (sa thèse porte sur les accords de paix pendant la guerre de Cent Ans, de 1337 à 1453), fuyant ce trio symbiotique à Vienne, pour rien moins que devenir fourreur et s'enchaîner à une fadasse juive orthodoxe qui l'entraîne dans une religion rigoriste.
Mais bien sûr, derrière , il y a le tragique , car cette osmose familiale est liée au fait qu'ils sont seuls au monde, toute la famille ayant brûlé dans les camps...

On prend Gustav au sortir de l'aéroport à New-York, et sa mère est venue le chercher. Dans une superbe Cadillac blanche, les voilà engloutis, au passage du pont Tappan Zee, dans un méga-embouteillage, qui va les confronter pendant quelques heures, à leurs souvenirs, leurs démons, leurs rancœurs.

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Peter Stephan Jungk se fait alors le roi de l'allégorie. la relation des deux protagonistes est engluée dans ce sur-place, cette impasse absolue qui va,à la levée de l'obstacle, déboucher sur une libération. Jusqu'à Gustav qui va se faire voler ses papiers , dans cette épreuve de réappropriation de son identité. Mais il n'est pas seul : le père, mort il y a un an, qui a toujours été protecteur et bienveillant , se réincarne en une forme étrange et gigantesque, échouée dans l'Hudson juste sous le pont,  "dieu fluvial", havre salvateur, nu et endormi, paysage incarné, rêve d'enfant, fantasme , golem, va savoir.

C'est donc l'histoire d'une curieuse renaissance à 45 ans, d'une libération par le passage d'une épreuve, dérisoire s'il en est. Il y a un mélange d'humour qui ne fait  pas toujours dans la finesse -tous les bons vieux clichés y passent -,  et de poésie farfelue, pour dresser le portrait de cet homme aliéné, défini par son passé et que le passage du fleuve va délivrer.


mots-clés : #communautejuive #famille #humour
par topocl
le Dim 16 Juil - 10:10
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Peter Staphan Jungk
Réponses: 5
Vues: 672

John Edgar Wideman

Damballah

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 A1510

Une lecture qui m'a longtemps laissée (agréablement) décontenancée et qui a fini par m'emporter dans l'émotion des derniers chapitres.

Tout d'abord, Wideman met les choses en place. Il dédie ce livre à son frère Robby, à qui il explique que « Les histoires sont des lettres », « Si seulement elles pouvaient démolir des murs. T’arracher d’où tu es. » On comprendra mieux à la fin.
Puis il explique qui est Damballah…« père immémorial et vénérable », esprit vaudou de la connaissance explique plus pragmatiquement Wikipédia.
Enfin il nous offre un arbre généalogique sur sept générations de cette famille noire de la fin de l'esclavage à la fin de la ségrégation, afin de nous faire comprendre qu'il y aura des personnages multiples, parlant d'un siècle d'histoire, et qu'on sera sans doute par moment un peu perdus. Libre à nous de nous référer à cet arbre au fil de la lecture pour clarifier et vérifier, ou de nous laisser porter par la lecture, négligeant les filiations précises, se laissant emporter par ces nouvelles juxtaposées dans leur naturelle complexité.

Une dizaine de nouvelles donc proposant chacune une facette de cette famille, un personnage, une de ces histoires qui finissent par devenir mythiques dans une famille, se transmettant de génération en génération, peu à peu peaufinées et embellies. Des éclats de récit dont l'ensemble dessine une trame, une continuité, une transmission dans un style parfois d'une densité obscure à la limite de la confusion, parfois d’une fluidité limpide. Toujours très présents quelques thèmes qui sont autant de repères : le Dieu tout puissant et aimé qui a remplacé (ou complété ?) Damballah, le sens de la famille (les mères aimantes et courageuses, les hommes qui cherchent ailleurs un destin meilleur), le chant (le blues, le gospel), et toujours, malgré la liberté acquise, l'arrogance insupportable de l'homme blanc.

Tout converge vers le chapitre final qui révèle enfin l'origine fondatrice de cette famille, et ce choix de l'auteur, de nous donner à voir les choses en quelque sorte « à l'envers », n’est malheureusement pas respecté par le 4e de couverture, une fois de plus à éviter. Et la révélation même de cette source identifie la fatalité de ce peuple écartelé, dans une apothéose émotionnelle.

Avec ce que cela comporte de noirceur et de joies, de foi et de superstition, de force et de renoncements, Wideman nous offre dans une prose qui n'appartient qu'à lui, de petits contes modernes qui constituent la trame de l’histoire de la condition noire au XXe siècle.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #famille #nouvelle #traditions
par topocl
le Jeu 8 Juin - 13:18
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: John Edgar Wideman
Réponses: 1
Vues: 728

Zeruya Shalev

Ce qui reste de nos vies
Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 Zeryua10


Je découvre Zeruya Salev à travers ce roman qui reçut en 2014 le Pris Fémina étranger .
Il m'aura fallu plus de temps que prévu pour venir à bout de ce roman fleuve , qui n'en finit pas de s'enrouler autour de lui-même tout en avançant quand même , parce que le mouvement qui nous rapproche de la fin est intrinsèque à la vie .

Et c'est de cela dont elle parle Zeruya Shalev , à travers une dizaine de personnages liés par le sang , ou le hasard des rencontres .
C'est au chevet d'Hemda qui attend dans une semi conscience sa fin prochaine que débute l'histoire .En Israel .
Et commence , à travers un flux de réminiscences pour cette vieille Hemda , une forme d'acceptation ? de résilience ? de réconciliation avec soi et avec les autres ?
Par ce personnage central ,, nous remonterons le cours de l'eau ( à l'image de ce lac qui hanta toute l'enfance de la petite Hemda , mais la poursuivra toute sa vie dans un schéma fortement névrotique associé à un manque , à l'image d'un père aussi , à l'absence d'une mère , à l'incapacité à trouver sa place dans le Kibboutz sans pouvoir trouver pour autant son équilibre ailleurs ...) , nous suivrons le parcours de sa descendance ... Dina ,la sacrifiée sur l'autel maternel et qui avance péniblement à l'aube de sa ménopause en remettant tout en question , Avner , le surprotégé en revanche ,(par voie de conséquence , pour faire équilibre bien-sûr ), avocat des Bédouins ( à travers ce personnage , on appréhendera une facette d'Israel et des blessures sociales de cette terre de violence , la voix politique engagée de ce roman ) , mais aussi l'enfant de Dina , les conjoints respectifs , les rencontres déterminantes pour chacun d'eux dans leur projection , bouffée d'oxygène que de vivre de façon ponctuelle par une forme de procuration et s'ouvrir par cette brèche vers un ailleurs jusque là insoupçonné et peut-être rebondir ( vous savez : "rien n'est gratuit dans la vie , il n'ya pas de hasard !!! Hum hum ....)
Alors oui , bien évidemment chacun s'y retrouvera ....On pourra apprécier un temps la force pugnace de l'auteure à vouloir soulever le voile et nous rendre à nous-mêmes , pauvres mortels englués dans la complexité des relations interpersonnelles , du tissage psycho-générationnel auquel personne n'échappe ...

On pourrait se sentir emporter par des envolées lyriques plutôt bienvenues au départ , mais glissant très rapidement dans l'effet de saturation , tout comme le ton de questionnement existentiel qui éveille le lecteur à ses propres errances et douleurs avec une certaine habileté et finesse psychologique mais qui n'aboutit qu'à une forme totalement indigeste par accumulation , répétitions , scansions stériles .
Malgré ses qualités de clairvoyance , d'esprit d'analyse certain , la forme oppressante de l'écriture plonge le lecteur dans un magma de ruminations s'entrelaçant sur des centaines de pages , et le souffle en apnée , on en ressort lessivés et pas forcément convaincus .

Une sorte de volonté acharnée à vouloir démontrer les conditionnements issus du passé familial , mais aussi de l'histoire ( la grande histoire , celle d'un peuple ), de la force souvent implacable de l'histoire familiale et de la complexité à trouver l'ouverture pour prendre en main sa propre destinée , en se délestant de ce qui nous paralyse ....et toutes ces perspectives vues et revues dont nous abreuvent les méthodes de développement personnelles et certains psychiatres très en vogue ( et qui ont le méritent d'apporter une approche accessible à tous et ainsi d'ouvrir quelques portes malgré tout , qu'ils en soient remercié ) alourdit considérablement l'ensemble de l'oeuvre , n'atteignant pas son lectorat potentiel .

Lecture comme d'habitude hautement subjective . Que j'assume .


mots-clé : #psychologique  #famille
par églantine
le Dim 4 Juin - 14:27
 
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Sujet: Zeruya Shalev
Réponses: 5
Vues: 1210

Ralf Rothmann

Mourir au printemps

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Jusque là je croyais que le pire, au front, c'était de mourir.


Ce fameux printemps est le printemps 1945, où tout le monde a compris que l'Allemagne avait perdu, mais où l'armée continue à recruter à tour de bras les jeunes garçons et les blessés, à les envoyer au front, et à les fusiller s'ils désertent. C'est un monde d'une cruauté indigne où l'absurdité de la guerre atteint des sommets de cruauté, dont est revenu le père du narrateur, et puis il s'est tu.

Au mérite de décrire un moment historique et des faits rarement décrits dans la fiction, Ralf Rothmann allie celui d'une œuvre romanesque ample et maîtrisée. Son personnage, confronté à des expériences humaines aussi pathétiques qu'insoutenables, à des choix existentiels cruciaux, garde son cap sans forfaiture ni trahison : survivre.

La filiation est l'un des thèmes du livre et curieux sont les personnages des parents dont l'indignité quotidienne perd son tragique, et devient anecdote face à l'ignominie de la guerre.

Je joins la couverture originale qui me parait plus conforme à l'esprit du roman.

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mots-clés : #deuxiemeguerre #famille
par topocl
le Dim 28 Mai - 19:12
 
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Sujet: Ralf Rothmann
Réponses: 6
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Héctor Abad Faciolince

La Secrète

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La Secrète, c'est la maison de leur enfance, celle de leurs parents qui l'ont quittée pour étudier, celle de leurs  aïeux qui l'ont héritée de leurs parents, lesquels y avaient travaillé durement la terre. Et bien avant,  les générations précédentes l'avaient arrachée à la forêt sauvage, dans ce lieux à l'écart, qu'on aurait cru protégé par la montagne et la forêt. Seulement celles-ci n'ont aps suffi à éloigner les narco-trafiquants, les guérilleros et les paramilitaires qui ont semé les drames là où la vie aurait du être sereine. Et quand on a cru s’être débarrassé de ceux-là, les trois enfants-narrateurs , si différents les uns des autres, devenus adultes, avaient chacun leur vie, et  s'étaient éparpillés; ils n'ont pas su à leur tour la (se)  protéger du capitalisme débridé...

C'est un récit à trois voix, deux sœurs et un frère, qui a le charme des familles et des maisons qui traversent les siècles. Par contre l'histoire d'aujourd'hui, de chacun des narrateurs, un peu trop archétypaux (la sœur conservatrice, la sœur progressiste et le frère gay en retrait) est au demeurant assez banale, je me serais volontiers passé de la description de leurs fades premières expériences sexuelles et de leurs réflexions sur le sens de la vie, assez proche de propos de comptoirs.

Il n'en demeure pas moins un roman qui traverse l'histoire colombienne, effroyable tragédie, qui a broyé les individus condamnés à la terreur.



mots-clés : #famille
par topocl
le Sam 27 Mai - 16:40
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Héctor Abad Faciolince
Réponses: 28
Vues: 3062

Giuseppe Tomasi de Lampedusa

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 Lamped10

Le guépard

Autant  que du prince de Salina,  c'est du sort de toute cette  famille de l' aristocratie sicilienne, face à un monde en mutation, que nous entretient Tomasi di Lampedusa : or et décadence, éclat et nostalgie. Et si les bouleversements politiques (qui pour le lecteur resteront une simple toile de fond)  sont assez durs à avaler, au moins par toute une culture de l'alliance et de l'hypocrisie sociale, les biens seront-ils préservés.

Tomasi di Lampedusa déploie une prose aussi chatoyante que les intérieurs luxuriants, aussi caressante que les robes sophistiquées  pour un portrait sans concession de cette déchéance qui n’est autre que celle de sa famille, et qui est vécue par Le Guépard avec un mélange d'arrogance et d'humilité. Car au-delà son irascibilité,  sa suffisance et sa nostalgie, il est traversé d'interrogations, de doutes et de compréhension, pétri d'une humanité  complexe, cachée derrière une façade imperturbable sévèrement élaborée par l'héritage de son milieu. Sous les fastes, c'est bien d'un roman de l'intime qu'il s'agit, d'un intime tourmenté, finalement surprenant  dans une société en vase clos où l'individu s'efface face à la tradition.

La grande surprise que j'ai eue à lire ces pages, c’est de découvrir à chaque page, derrière la noblesse et l'ambition de l'auteur, une tender ironie, un humour subreptice qui font comme une connivence avec les personnages et surtout avec  leur narrateur.


mots-clés : #famille #psychologique
par topocl
le Mer 24 Mai - 18:51
 
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Sujet: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
Réponses: 13
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Guillaume Le Touze

La mort du taxidermiste

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 97823311

A la mort du père, Bernard, le taxidermiste, un secret de famille se dévoile. Qui était vraiment Bernard, cet homme qui organise une mort digne et résistante?
C’est un roman assez ambitieux en cela  qu'en 181 pages, il veut étreindre la transmission générationnelle côté maternel comme côté paternel, côté Algérie en guerre et côté Corse farouche... "Le thème de la filiation apparait dans tous les livres de Guillaume Le Touze", lit-on sur le quatrième de couverture. On peut dire qu'il n'y va pas avec le dos de la cuiller. Mais il le fait assez bien, les personnages (nombreux)  sont attachants, la mort du père réveille comme un vécu, et Le Touze a une belle plume pour décrire la nature sauvage. On passe un bon moment, mais cela ne me laissera pas une trace indélébile...


mots-clés : #famille
par topocl
le Sam 13 Mai - 10:05
 
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Sujet: Guillaume Le Touze
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Tanguy Viel

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Paris-Brest

La grand-mère du narrateur fait la rencontre au Cercle Maritime (un bar-restaurant guindé, provincial et fréquenté par les militaires et la bourgeoisie brestoise) d’Albert, un homme qu’elle épouse car il lui propose entre autres d’hériter de sa fortune. Une condition : garder la femme de ménage, Mme Kermeur, quand il sera mort. Et cela ne va pas tarder. La grand-mère est rapidement la légataire universelle.

Cet argent est convoité. Les parents du jeune narrateur, installés dans le Sud, rappliquent à Brest. Mme Kermeur a un fils, à la réputation de voleur depuis l’école.
Le narrateur lui-même, qui s’était installé à Paris, revient à Brest.
Le fils Kermeur est omniprésent depuis que sa mère travaille dans l’appartement.
Et tout le monde présent reluque le magot caché par la grand-mère… Péripéties intrigantes commencent.

L’auteur traite son histoire comme un clin d’œil au roman noir, tout en mêlant jeu d’écriture dépouillée, distante, et le ton adulescent du narrateur. Bien sûr il ne s’agit pas d’un polar, et on en est encore plus éloigné encore que, par exemple dans l’un de ses livres, Insoupçonnable, que j’avais préféré de loin à celui-ci. Ici, on entre dans ce livre comme on entre dans Brest, on y rencontre la bourgeoisie provinciale, le bridge, le Cercle Maritime (ce genre de lieu existe encore à Brest), la pluie et le vent, la Marine, la rade, bref, un décor et une atmosphère qui n’auraient pas déplu à monsieur Chabrol.


mots-clés : #famille
par Barcarole
le Mer 10 Mai - 18:44
 
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Sujet: Tanguy Viel
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Fabrice Colin

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La poupée de Kafka

Excellent roman.

L'idée est de faire revivre sur trois générations la figure de Kafka et de confronter ces trois générations parfois violemment parfois amoureusement les unes aux autres.

Else Fechtenberg est une vieille dame aigrie, celle à qui Kafka quelques temps avant sa mort aurait offert une poupée et aurait écrit quelques lettres. La poupée comme les lettres ont disparues et restent une énigme pour les amateurs de Kafka. Abel Spieler fait partie de cette coterie qui rêve de retrouver les derniers écrits du grand écrivain praguois, il est professeur à la Sorbonne, coureur de jupons patenté et menteur éhonté. Sa fille Julie, subit son influence malgré ses intenses réticences (ce qui donne lieu tout au long du roman à une passionnante description des liens entre une fille et son père, ce que l'on ne trouve pas si souvent en littérature). Pour séduire son père, Julie va donc se lancer dans la recherche des lettres, de la poupée et de la petite fille à qui elles furent adressées et elle va rencontrer l'irascible Else, la menteuse, la frelatée, la revêche Else qui va tout faire pour repousser Julie tout en trouvant dans sa jeunesse et dans sa naïveté un regain de vie et de tendresse filiale.

A ce trio détonant, il faut ajouter les villes de Paris, Berlin et Prague qui marquent de leur empreinte la vie et les recherches des protagonistes ; sans oublier l'attirance ultime pour la montagne, Saint-Gervais et le Mont Blanc, lequel surplombe la fin (palpitante) d'un récit qui se lit avec gourmandise.

La langue de Colin attise le plaisir du lecteur par sa sécheresse, sa tension, son humour palpable, sa tentation (jamais assouvie) d'une forme douloureuse voire tragique et une manière assez unique de présenter les joutes verbales, acides, arides entre les trois personnages. De surprises en dénis, de découvertes en falsifications, Fabrice Colin emporte son lecteur dans un récit mouvant et émouvant, truffé de mensonges, d'anecdotes et de tentatives de réconciliation. Le télescopage des trois générations offrent de brillants échanges dont l'ingéniosité et la violence ne parviennent pas à cacher totalement l'amour qui s'en échappe.

J'ai pris énormément de plaisir à lire ce roman joueur et enjoué, qui sans complexe lance des ponts entre les temps et les êtres et parvient bien souvent à toucher le lecteur en son cœur. Le seul bémol étant une fin que j'ai trouvé un peu trop ouverte à mon goût (sans doute parce que j'aurais aimé que ce roman dure encore plus longtemps).


mots-clés : #famille
par shanidar
le Mer 10 Mai - 12:56
 
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Sujet: Fabrice Colin
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Véronique Ovaldé

Ce que je sais de Vera Candida

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Dans ce portrait d'une famille de femmes, Véronique Ovaldé montre que si on peut  essayer de casser la fatalité de la transmission  transgénérationnelle, le lien reste inscrit et permanent. Elle propose un récit très ancré dans la réalité des Caraïbes, avec des personnages hauts en couleurs, des ambiances et des paysages, et jusqu'aux traces  (discrètes et finalement assez incongrues dans le récit) que la shoah y a envoyées. Mais elle emprunte aussi au  conte : vague sorcière, sortilège amoureux, trésor,  fantômes. Ce sont surtout ces ingrédients qui donnent sa saveur à ce  récit plein de bonnes intentions (autour de la lutte des femmes pour leur indépendance et leur dignité), mais qui aurait été   sinon assez ordinaire. Quoiqu'on ait en main un livre assez original, je l'ai lu sans grande passion.



mots-clés : #famille #conditionfeminine
par topocl
le Mar 9 Mai - 18:29
 
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Sujet: Véronique Ovaldé
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William Faulkner

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Le bruit et la fureur

Par rapport à la discussion amorcée sur le côté compliqué de Faulkner, j'ai fini par relire Le bruit et la fureur. Il a fallu que le prof nous explique le projet narratif complexe de Faulkner pour que j'arrive à le saisir. J'en avais échappé beaucoup au cours de ma première lecture. Je dirais que dans l'économie du récit, il est important de comprendre qu'il y a un terrain de golf sur la terre vendue par les Compson. Benjy, le simple d'esprit, est l'un des narrateurs au début du roman. Il offre une perception distordue, faisant appel à d'autres sens. Il comprend à peine les choses, mais les comprend à partir de la perception qui nous est offerte à travers le récit.

Je vous ai parlé du terrain de golf, de Benjy, il faut également mentionner Quentin, le suicidé. La famille Compson s'est saignée en vendant la terre pour payer les études de Quentin à Harvard. Ils sont quatre enfants. Il y a Benjy, Quentin, Caddy et Jason. Le patriarche de la famille a nommé un de ses fils du même nom et Caddy a baptisé son fils du nom de Quentin. La relation entre Caddy et Quentin fut compliquée. Ces gens vivent avec des domestiques noirs et Dilsey occupe le rôle de mère que Caroline, leur vraie mère, n'est pas capable d'assumer.

Le récit se déroule en quatre chapitres, trois s'échelonnant sur trois jours consécutifs et un autre revenant sur un épisode passé en 1910 quand Quentin prend la parole. Nous sommes au cœur des romans du courant de la conscience des années 1920-1930. Nous voyons vraiment la décrépitude morale dans laquelle les gens du Sud des États-Unis composent avec les relents de racisme que ça suppose - à l'encontre des Noirs et des Juifs de New York. William Faulkner est très lucide de par la manière qu'il apporte les éléments de cette déchéance sociale.

Dans Le bruit et la fureur, nous nageons en plein délire par bouts... nous voyons à quel point c'est torturé, compliqué et que les gens ont de la peine à en sortir. Nous sentons ce côté «prisonnier du passé». Les dialogues sont transcrits en suivant une forme très orale et même relâchée dans sa construction et ponctuation défaillante... c'est particulier comme projet de roman.

Voici un extrait que j'avais remarqué et que d'autres ont cité sur Babelio :

C'était la montre de grand-père et, en me la donnant, mon père m'avait dit : Quentin, je te donne le mausolée de tout espoir et de tout désir. Il est plus que probable que tu l'emploieras pour obtenir le reducto absurdum de toute expérience humaine, et tes besoins ne s'en trouveront pas plus satisfaits que ne le furent les siens ou ceux de son père. Je te le donne, non pour que tu te rappelles le temps, mais pour que tu puisses l'oublier parfois pour un instant, pour éviter que tu ne t'essouffles en essayant de le conquérir. Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots.



mots-clés : #social #famille
par Jack-Hubert Bukowski
le Sam 15 Avr - 9:28
 
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Sujet: William Faulkner
Réponses: 103
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Véronique Ovaldé

Déloger l'animal

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C'est l'histoire d'une famille et d'une petite fille, Rose, à qui on ne raconte pas tout, qu'on "protège" en lui cachant la vérité, et qui sur ces bribes éparses invente des histoires qui devraient être vraies, ou en tout cas pourraient, qui la bercent et lui construisent comme un monde merveilleux, avec juste ce qu'il faut de cruauté et de beauté. On ne sait d’ailleurs pas  ce qui est le plus étrange, de la réalité ou des rêves.

Tout ceci donne un roman assez poétique,  voué aux mystères, dont le premier est le titre. J'y ai ressenti cependant comme une impression intermittente de malaise, sans doute voulue :   dans ce pays qui n'existe pas, tous les personnages sont des freaks à leur façon (la petite fille a 15 ans mais en parait 7, fait de bizarres crises qui lui valent de fréquenter un institut plutôt qu'une école) et Véronique Ovaldé choisit de ne pas nous donner toutes les clés de leur différence.

L'épilogue, qui nous fait revenir sur terre et renie le mystère qui a baigné l'ensemble du roman, laisse un peu sur sa faim. Ce retour à une réalité ordinaire était-il bien utile? N'est-il pas un manque d'audace? On peut se le demander.

Il n'en demeure pas moins qu'il y a là une certaine magie du récit et des moments poignants sur le passage de l'enfance à l'adolescence, ce regret du refuge, cette fascination du nouveau, la découverte émerveillée de l'amour le plus pur.
mots-clés : #initiatique #famille
par topocl
le Ven 14 Avr - 16:30
 
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Sujet: Véronique Ovaldé
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Ivan Alekseïevitch Bounine

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Soukhodol


CONTENU:
Présentation de l'éditeur a écrit:Chronique nostalgique de l'âme russe, ténébreuse et lumineuse à la fois, Soukhodol est la saga des Khrouchtchev, petite noblesse de province derrière laquelle se dissimule la famille de l'auteur. Le regard de Bounine se pose avec un calme impitoyable sur un monde en déclin. Dans une langue précise et mélodieuse, hommes et nature composent un poème qui dégage une sobre magie empreinte de spiritualité, où se croisent Natalia, servante et " mémoire " de cette famille, Piotr Petrovich, son amour secret, ou Tante Tonia, qu'un amour déçu a enfermé dans la folie. Car " à Soukhodol, l'amour était singulier, la haine aussi ". Et leur temps nous semble, à nous comme à Bounine, " soit infiniment lointain, soit tout proche ". La Cerisaie de Tchekhov, dont Ivan Bounine fut disciple et admirateur, résonne dans ce récit avec des accents et des prolongements tragiques.


REMARQUES :
Par d’autres classiques russes j’avais déjà reçu une idée des changements immenses dans la Russie, déjà bien avant  la Révolution, aussi alors au milieu du XIXème qu’aussi bien au tournant du siècle. C’est une époque de changements, de la lente disparition d’anciennes structures. Bounine raconte ici bien l’histoire d’un déclin : les petits-enfants entendent juste encore de la gloire d’un passé sur l’ancienne domaine de la famille. Y-a-t-il dans ce regard peut-être une certaine nostalgie, Bounine reste très clair sur tout ce qui n’allait pas dans ses « bons vieux temps » : dans le rapport entre serviteur et maîtres, l’apparence et l’être, les parents et leurs enfants. A l’époque de l’écriture une telle vue critique sur la vie dans les campagnes étaient assez innovatrice et aller à contre-courant de l’étiquette dominante.

Je suis très heureux de trouver dans cette description alors au même moment un amour profond pour ses racines et ses origines ET un regard limpide sur la misère existante. Dans un certains sens les deux peuvent coexister…

Justement en cela et en d’autres aspects, comme par exemple cet attachement si fort à la mère-terre, cette insertion dans un flux d’une histoire plus grande, un élément tragique et nostalgique, un certain fatalisme, l’auteur nous donne quelques idées sur cette fameuse « âme russe ». Certains passages et réflexions, surtout au début et à la conclusion du livre était d’une beauté saisissante et encadraient bien les épisodes plus imagées et moins classifiables de l’histoire familiale.


mots-clés : #famille #xixesiecle
par tom léo
le Ven 7 Avr - 22:22
 
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Sujet: Ivan Alekseïevitch Bounine
Réponses: 13
Vues: 2458

Laurent Demoulin

Robinson

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Laurent Demoulin a deux vies. Dans le civil il est un universitaire brillant, spécialiste des mots et de Francis Ponge, amateur de Roland Barthes, vivant toujours un livre à la main, et poète. Dans l'intime il est le père non-autiste de Robinson, enfant oui-autiste, "enfant auquel l'enfance est volée et enfant volant dans l'éternelle enfance". Robinson, à qui son père voue un « amour pur», ne parle pas, ne contrôle ses excréments que comme aire de jeux ou  comme  langage personnel. Robinson vit des joies furieuses et des besoins incontrôlables, des colères assassines et des angoisses insondables, tous impossibles à décrypter.

Dehors, le soleil est toujours anormalement chaud : le printemps fait semblant d'être l'été, à la façon dont Robinson et moi faisons semblant d'être un père et un fils.


Laurent Demoulin écrit ce  "roman", « bouée de sauvetage grâce à laquelle j'évite la noyade" . On se doute bien que l'un des rares éléments fictionnels est ce prénom, Robinson, pour son enfant-bulle, son enfant-île, son enfant-sauvage, dont l'auteur essaie au mieux de s'approprier l'insaisissable logique illogique. Laurent Demoulin parle d'amour et de merde, de patience et de bulles de savon, de surplace et de jour-le-jour, de corps qui se love et de main tendue. Il décortique cet amour  d'un père pour son fils, où  chaque instant est un défi, un exploit impossible, avec une humilité fière, qui m'a touchée (plus, même) à chaque chapitre, à chaque page, à chaque mot..

Le monde compte 1  339,7 millions de Chinois, 313,8 millions d'États-Unis , des femmes, des hommes et des enfants, des clercs de notaires, des marchands de quatre saisons et des caissières de supermarchés, et de toutes et de tous, je n'attends qu'une parole, qui ils et elles un jour me disent : debout face à l'angoisse, les mains dans la merde, les yleux incapables de quitter un enfant plus de quelques secondes, le dos brisé par le présent, le ventre tiraillé par l'avenir, noyé dans un amour  paternel filial innommable, affrontant chaque instant mille dangers, tu es, des temps postmodernes, le héros.


Laurent Demoulin a un regard confondant d'empathie et de tendresse, et raconte cela avec une vraie écriture de poète, qui rêve ce monde étrange , "le drame de [sa] vie" , en image magiques. A travers cet enfant-autre, aidé des réminiscences résilientes de sa propre enfance heureuse, Laurent Demoulin  apprend à se  regarder et regarder le monde autrement, et cet autrement interagit avec son univers propre hautement poétique et réfléchi ,  pour construire un autre Laurent Demoulin, être lumineux, courageux, avançant à  tâtons malgré son désespoir éternel.

Ai-je toujours eu un enfant dans les bras ? Calé sur mon flanc droit, à cheval sur mon bassin, les mains sur mes épaules, les fesses soutenu espar mon bras le plus solide ? La vie au coin de ma vie ?


Il approche humblement  d'une appréhension ( à défaut d'une compréhension) du monde étrange de son enfant, pour mieux l'approcher, et mieux l'aimer.

Car contrairement au  sens courant du terme, qui veut que l'autisme désigne une forme de coupure avec le monde, de total repli sur soi, je tiens pour vrai qu'il s'agit d'une forme de contamination du sujet par le monde extérieur, contamination désordonnée, éclatée, absurde, non signifiante,  prolifération folle d'altérité insaisissable. Qu'est-ce qui nous tient à distance de l'autre sinon le langage ? Sans langage, l'autre est partout, en nous, autour de nous, à travers nous.





On parlait sur un autre fil de bonheur. Robinson (je pense aussi à d'autres livres comme  Dernières nouvelles du martin pêcheur de Bernard Chambaz, ou Dans ma peau de Guillaume de Fontclare ) est, mieux que n'importe quel discours théorique, profond ou fumeux, une extraordinaire quoique paradoxale leçon de bonheur. Non pas tant par cette réaction initiale, à la fois imbécile et égoïste, qui vous fait bien vite déceler le bonheur de vos jours d'avoir échappé à cela, un enfant autiste (ou un enfant mort, ou une maladie grave). Mais un questionnement soudain vous saisit pour vous demander si, au contraire, vous ne vous êtes pas privé, par vos petits bonheurs-plaisirs mesquins,  d'une intensité de l'instant, d'une hauteur dans la dignité et l'amour, au final : une dignité et une humanité qui donnent sens - encore  faut-il en être capable.

Lors d'un débat suivant un film sur  une enfant autiste, j'avais été choquée (quoique comprenant le propos volontairement dérangeant et provocateur) par une femme qui disait : parfois je vous envie cela. Mais ce genre de livre me la fait mieux  comprendre: fuir une rationalité facile, accéder à une bonté, un vivre-juste en quelque sorte, qui peut être tout aussi important que le vivre-heureux.

Personne n'est normal, me disait mon frère César quand nous étions adolescents. Je croyais qu'il avait tort, je cherchais des exemples pour le contredire : il avait raison.



mots-clés : #famille #pathologie
par topocl
le Sam 1 Avr - 16:48
 
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Sujet: Laurent Demoulin
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Yann Queffelec

Les noces Barbares

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 Tylych87

Le chant d'amour de Ludo, enfant d'un viol, haï par sa mère, enfermé dans un grenier puis dans un centre psychiatrique...


Une récidive pour ma part, après avoir tenté cette lecture il y a des années lointaines…J’avais trouvé le style  Queffelec un peu lourd, plombant, doublé  d’envolées disertes qui ne m’avaient pas convaincue et j’avoue que je ressens toujours un peu ça.
Un phrasé pesant et emphatique, une fiction peut-être « trop cliché » qui avorte l’émoi de ce récit qui pourtant  aurait pu naître si une écriture plus épurée  avait  laissé  place aux silences des émotions. Une unique image m’est apparue authentique, celle du personnage principal en tête à tête avec lui-même abrité dans une épave à l’instar des fragments de sa vie échouée.  En globalité  Je n’ai  pas été attendrie , ni révoltée ni transportée dans cet univers sans surprise.
Une histoire se voulant  cruelle,  dramatique dont on veut connaitre le dénouement, certes, mais pas mirifique.
Prix Goncourt 1985, pourquoi pas, il faut aimer l’écriture de Queffelec, dans ce cas  je ne doute pas que ce genre de sujet se voulant bouleversant puisse toucher une grande majorité de lecteurs.
Je ne pense pas réitérer Queffelec, pourtant, le sujet de son essai «  Adieu Bugaled Breizh »  m’aurait intéressée.
Si quelqu’un l’a lu et peut nous faire partager son avis…



mots-clés : #famille #pathologie #violence
par Ouliposuccion
le Sam 25 Mar - 17:04
 
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Sujet: Yann Queffelec
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Maja Haderlap

L'Ange de l'oubli

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 Ange-d10

   Les noms des camps sont accrochés à ceux qui ont été assassinés et aux survivants comme de petites étiquettes et ils s'estompent avec ceux qui sont décédés entre-temps. Ils disparaissent avec les fermes et domaines, l'herbe et les buissons les envahissent, les recouvrent, à peine s'il en reste une trace, un tas de débris, à peine un appentis vermoulu, un sentier broussailleux.



Maja Haderlap a grandi en Carinthie, la province  autrichienne la plus au sud, au sein de la minorité slovène. Pendant la guerre, les persécutions, les enrôlements dans la Wehrmacht font que toute cette population est plus ou moins directement liée avec les partisans. Ses grands-parents, ses parents alors adolescents, subissent et partagent la violence, la torture ou les camps.

Sur ces familles, au sein de paysages à la sauvagerie protectrice, pèse "le secret de la menace". La mort et le désespoir n'ont pas fini de réclamer leur dû : Maja Haderlap décrit son enfance, façonnée par le personnage tutélaire de sa grand-mère,  bercée par les récits des différentes générations "assailli[e]s et empoisonné[e]s par leurs propres souvenirs", tragiquement malmenée par un père à jamais dévasté.

Puis son départ vers les études, au moment où justement son corps se fait entendre, l'amène à la découverte d'une autre culture, allemande, celle-là, et ainsi de la notion d'appartenance.

   
Durant des mois, je me sens comme un animal figé pendant la mue, auquel la peau qu'il faut ôter est restée coincée au-dessus de la tête, impossible à enlever. Si quelqu'un s'approchait de moi, je pourrais le cogner, sauf que je ne me doute de rien.


Les mots lui feront  saisir les dimensions sociologiques, politiques et historiques de l'histoire de sa famille, et par ce premier roman qu'elle nous offre,  à chasser l'Ange de l'oubli, dans la tradition des écrits peu à peu exhumés des femmes de sa famille.

 
La décision de m'inscrire en études théâtrales vient de mon idée, résultat de nombreuses soirées au théâtre comme spectatrice, que la scène pourrait devenir pour moi un espace où affronter sans danger tous les désespoirs et les complications. Sur scène, les catastrophes sont limitées, on a beau tuer les protagonistes, ils survivent toujours. Ils manifestent leurs déceptions, leurs travers, leurs rêves, leur amour et leur haine, ils peuvent se laisser aller à leurs sentiments et à leurs craintes les plus cruelles. Une représentation a forcément un début et ne finit pas toujours bien. Mais dans tous les cas elle se finit. Le théâtre ne peut nous attaquer par derrière comme la vie, même quand il se débat dans tous les sens. Tout est jeu, tout est en suspens.


J'ai adoré ce livre qui m'a appris un nouveau pan d'histoire. Je suis entrée avec émotion dans l'intimité de cette famille avec toutes ses complexités et ses souffrances,  puis m'en suis éloignée pour y trouver un point de vue plus général, transgénérationnel et politique, dans une langue à la fois mélancolique et poétique. C'est aussi la révélation d'un paysage, d'un mode de vie paysan qui ne demandait qu'à s'impliquer gaiement et humblement dans le labeur traditionnel(j'ai  pensé à MH Lafon dans la description du quotidien paysan), et à qui la tyrannie a imposé le choix du courage et des actes. C'est aussi un roman d'émancipation, laquelle passe par la découverte du monde, de l'autre et de l'usage des mots.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre #famille
par topocl
le Sam 25 Mar - 13:59
 
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Sujet: Maja Haderlap
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Erik Orsenna

"En 1995, Érik Orsenna part sur les traces de ses ancêtres cubains. Bernard Matussière, photographe, l’accompagne. Ensemble, ils découvrent les vestiges d’un eldorado aussi désuet que délicieux. À Cuba, ils rencontrent Alvaro, ancien guide de la Révolution, Félix Savón, boxeur à la renommée mondiale, ou encore Teresa, monitrice de plongée désillusionnée... Vive le peuple cubain ! Quelle malédiction a frappé cette île dont Fidel Castro voulait faire un paradis et qui a fasciné Sartre, Beauvoir et même Hemingway ?

Érik Orsenna est écrivain. Ses voyages tiennent une place essentielle dans sa vie et dans son œuvre. Il est notamment l’auteur de L’Exposition coloniale (prix Goncourt), Madame Bâ et Mali, ô Mali. Il a été élu à l’Académie française en 1998.

Bernard Matussière est photographe. Il est aujourd’hui reporter et sillonne le monde pour La Chaîne de l’espoir, une ONG de chirurgiens.

« Brillant, coloré, drôle, mais à l’écoute d’un peuple trahi, ce reportage illustré est un modèle du genre. »

L’Express"
source
Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 419weg10

A propos de «Mésaventures du Paradis, mélodie cubaine» :

D’Orsenna je n’avais rien lu, jusqu’à ce jour, je connaissais le personnage comme homme de télé et comme tout un chacun pour son emploi auprès de Mitterand. Son livre m’a interpellé, l’occasion de savoir ce qu’un descendant de cubains avait pu ressentir au cours de son voyage sur les traces de ses ancêtres. D’ancêtre, il s’agit de Gabriel, le père d’Augustino né en 1875, marié à une Havanaise. Gabriel était papetier (tiens, tiens ..?)et surtout, surtout, excusez moi de causer crûement, un frénétique «queutard» comme en parle un descendant de témoin qualifié de «la momie» :

«Les jambes lyonnaises, à peine débarquées, se sont mises à obéir au doigt de votre aïeul. A son doigt d’en bas. L’île a l’habitude. Depuis le XV° siècle, elle en a reçu, des frénétiques ! Mais, comme lui, rarement. Il n’arrêtait pas. Des femmes, encore des femmes ! La nuit, comme tout le monde, mais le matin, l’après-midi, au beau milieu d’une phrase, il s’enfuyait entre deux pages d’un contrat…»

Qui peut lui jeter la pierre lorsque l’on connaît la beauté des cubaines..? C’est ainsi que Erik Orsenna s’est retrouvé sur la piste de «très nombreux» cousins cubains, alors qu’il s’attendait à une lignée il se retrouvait avec des «cousins» pour lesquels il se pose la question :

«Peut on appeler «cousins des êtres humains nés d’une seule copulation..?»

Ainsi il rencontre Alvaro, Guide de la Révolution, l’occasion  de retrouver la grande histoire, celle de la Révolution Cubaine et surtout de la venue à La Havane de Sartre et Simone de Beauvoir, Alvaro fut leur chauffeur et le témoin  de leur rencontre avec le Che, mais là je n’en dirai pas plus…

Juste un voyage dans le temps des illusions...ponctué par des pannes d’électricité...(l’occasion de lire : «Ouragan sur le sucre» de Sartre..?)
Et ces questions de la foule au passage de Fidel :"Fidel, notre truie est stérile ; Fidel, comment faire quand un toit fuit..?  Fidel, est-ce socialiste, une femme infidèle..?»
Et Erik continue avec une cousine plongeuse, l’occasion de se poser des questions sur les lieux de pêche d’Hemingway et où se trouve la vraie marina..? personnellement j’y ai déjà répondu sur le fil «La Havane».
Puis c’est au tour du Pilote du Port dont le bateau est à quai, éternellement envasé dans le bloquéo, l’occasion de parler de la Santeria.
Puis la cousine, patronne d’un Paladar illégal, où Erik Orsenna redevient «touriste» (ce que tout étranger sera toujours aux yeux des cubains, un peu comme les corses des caraïbes).

Ce livre, enfin, est une plongée au coeur du Cuba que les années qui viennent feront oublier, est-ce un bien, est ce un mal, personnellement c’est le Cuba qui me manque, bien que ce soit aussi le Cuba de la souffrance pour ses habitants, le Cuba qui vous donne mauvaise conscience et qui m’a fait partir, car il y a un moment où voir souffrir les autres sa ns ne pouvoir rien faire devient intolérable, enfin, lorsque l’on réfléchit un minimum.D’où cette question sur le titre : «Mésaventures du Paradis» ou «Mésaventures de l’Enfer»..?
Je reprendrai bien de cet Orsenna aficionado de Alejo Carpenter et du Partage des Eaux comme il le dit lui-même.

(commentaires rapatriés)


mots-clés : #famille #insularite
par Chamaco
le Lun 20 Mar - 17:52
 
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Sujet: Erik Orsenna
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Christian Bobin

J’ai lu plusieurs livres de Bobin qui vient d’ailleurs de ma région (française), c’est à dire, du Creusot. Il me semble qu’on ne peut pas aligner plusieurs lectures de ses livres, mais que c’est plutôt à déguster en petites doses. C’est compréhensible si certains s’en lassent, à force de retrouver les mêmes procédés.

Une certaine foi s'exprime: c’est plutôt courageux et j’ai l’impression qu’il ne joue pas, mais qu’il est sincère. Cela n’empêche pas que je ne pourrais, voulais pas lire tout le temps du Bobin… Récemment quand même j'ai compris mieux qu'il a vécu un grand deuil, donc qu'il a passé par une grande souffrance. Si jamais il y a une certaine douceur qui dérange, on pourrait se dire que quand même il a passé par des épreuves. Alors il sait de quoi il parle.

Par une connaissance un petit livre, très personnelle:

La Présence pure


C’est un récit de 1999 à forte connotation autobiographique. Bobin parle de son père qui, au delà de ses 80 années de vie, souffre d’Alzheimer. Il va vivre brièvement dans un hôpital psychiatrique avant d’emménager dans une maison de repos et de soins adaptés. Avec grande fidélité l’auteur rend visite à son père et nous communique ses impressions, ses pensées, qui se laissent lire dans leur circoncision et densité comme des petites méditations. Il s’agit aucunement d’observation d’ordre médicale ou d’une recherche de pitié, mais l’auteur nous livre des idées assez étonnantes et pour beaucoup d’entre nous tout à fait nouvelles. Selon lui, cette maladie assez mystérieuse d’Alzheimer n’enlève pas seulement à celui ou celle qui en est concerné – et pour l’exprimer négativement – son passé et son avenir, mais elle le met dans une présence pure, dans un « être là dans l’instant », proche d’une gratuité.
Dans cette approche de son père il revient souvent en parallèle à l’image, au symbole d’un arbre dans sa tranquillité, son immuabilité. Pour celui qui s’ouvre à un tel regard, Bobin découvre des perspectives nouvelles. Cette vue de la maladie se refuse d’enfermer l’autre dans une pure approche négative et apitoyant, mais parle presque d’une autre manière d’être au monde. Cela nous pose à nous tous des bonnes questions…
Juste une fois Bobin quitte sa tonalité apaisante, car blessé par des expériences faites dans un hôpital psychiatrique, il exprime une certaine dureté vis-à-vis un personnel souvent surchargé.

J’étais très impressionné par cette œuvre de Bobin…


mots-clés : #famille #pathologie
par tom léo
le Sam 18 Mar - 17:48
 
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Sujet: Christian Bobin
Réponses: 20
Vues: 2006

Ernst Lothar

Mélodie de Vienne

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 12 Images20

Cette grosse saga familiale décrit sur quatre générations une famille de Viennois facteurs de piano, et à travers eux les  splendeurs et le déclin de l'Autriche.

Bien que l’auteur explique vouloir révéler l'Autriche au lecteur dans toutes ses ambiguïtés, on n'échappe pas à certains stéréotypes, à des psychologie assez pesantes et dans la dernière partie à un nationalisme assez gênant. Les péripéties s'entrecroisent intimement avec l'Histoire , un peu trop d'ailleurs dans un lien fiction-réalité qui n’est pas toujours clair.
Si on retrouve avec plaisir la Vienne impériale, son  mélange de  conservatisme et de plaisirs, aucun personnage n’est réellement sympathique. Et on n'en ressort pas, contrairement à ce qui est annoncé sur le quatrième de couverture, avec l'exaltation qu'apporterait un petit frère des Buddenbrook ou de la Famille Karnovski, mais plutôt avec le regret que ce n'en soit qu'une pâle imitation.


mots-clés : #famille #historique
par topocl
le Sam 18 Mar - 9:07
 
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Sujet: Ernst Lothar
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Vues: 955

Valter Hugo Mãe

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Le fils de mille hommes

Crisostomo, pêcheur, s'attriste de l'absence d'un enfant dans sa vie jusqu'au moment où il croise la route d'un jeune orphelin. La rencontre inattendue d'une femme comble également une solitude, et cette famille improvisée semble dès lors s'agrandir jour après jour.

Le fils de mille hommes adopte la tonalité d'un conte, dans un espace isolé presque hors du temps. Mais le roman de Valter Hugo Mãe est loin de n'être qu'une parenthèse idyllique ou naïve. Chaque personnage a été marqué par les épreuves de la vie, et une forme de réconciliation avec soi-même se nourrit des regrets, des souffrances du passé. La construction d'un idéal collectif est alors le reflet d'une persévérance et d'une ténacité.


mots-clés : #famille
par Avadoro
le Mar 14 Mar - 22:06
 
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Sujet: Valter Hugo Mãe
Réponses: 2
Vues: 602

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