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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 23:25

351 résultats trouvés pour famille

Alice Zeniter

Sombre dimanche

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 Images34

Est-ce que la vie pouvait être que ça ? cette succession d'espoirs et de dépressions, l'un faisant toujours oublier l'autre, malgré les années et le peu de sagesse qu'on pouvait en tirer ? Est-ce que c'était possible qu'il n'y ait pas plus ?


C'est, paraît-il, totalement hongrois.
Alors la Hongrie est un bateau qui prend désespérément l'eau depuis un siècle, et si on ne le quitte pas, on ne peut que se noyer avec lui. Les personnages sont englués dans un immobilisme atone et mélancolique, pris dans le carcan des non-dits familiaux, étouffés par le climat politique, par l'enchaînement d'une histoire malsaine qui leur a confisqué leur identité.

Elle était née à la fin du conflit, tout comme Pàl, et elle avait compris très tôt que ne pas avoir vécu la guerre constituait une frontière inamovible entre sa génération et celle de ses parents, celle du grand-père. Ils n’habiteraient jamais le même monde, ils n'auraient jamais les mêmes yeux.


C'est joliment raconté et plutôt bien construit : on suit le parcours d’Imre , garçon en retrait, jeune homme désenchanté, homme désespéré, et quelques allers-retours temporels racontent les épisodes douloureux et enfouis qui ont marqué les membres de sa famille. Il y a une poésie désenchantée, qui mène les personnages tels des marionnettes désincarnées, de désillusions en désillusions, de désespérance en tristesse.

Leur relation était pleine de la gêne et de la maladresse des corps qui ne sont pas habitués à marcher côte à côte.


Prise dans une mélancolie languide, Alice Zeliter ne cède ni au misérabilisme ni au pathétique, elle sait instaurer une distance. C'est sans doute pourquoi je ne peux pas dire que ce roman m’ait réellement enthousiasmée.

(commentaire récupéré)



mots-clés : #famille #regimeautoritaire
par topocl
le Sam 4 Mar - 9:01
 
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Sujet: Alice Zeniter
Réponses: 35
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Jean-Louis Fournier

On va où papa ?

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 Tylych12

"Cher Mathieu, cher Thomas,
Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
Je ne l'ai jamais fait. Ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu'à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "

Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi? J'avais honte? Peur qu'on me plaigne?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible: "Qu'est-ce qu'ils font?"
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.
Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait: rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

Jean-Louis Fournier


A la lecture de cette quatrième de couverture , certains pourraient se dire «  Misère , encore un bouquin exutoire qui va faire pleurer dans les chaumières , ou bien un père qui se fait du fric sur le dos de ses gamins handicapés »
Ne rougissez pas si c'est votre cas , j'en faisais partie.
Pourtant ce livre s'est retrouvé entre mes mains , parce que mon entourage en parlait , parce qu'ils étaient troublés sans être plombés.
Ce que je présumais c'est vite avéré faux , les clichés sont inexistants , l'ironie et le cynisme sont les maîtres mots sans occulter l'amour d'un père qui préfère en rire plutôt qu'en pleurer afin de rendre un hommage des plus vivants à ses enfants , de contrer le regard d'une société qui ne sait pas observer au delà d'un handicap , apeurée par ces différences qu'elle tente d'ignorer par peur d'y être touchée de trop près.
Régulièrement , ces enfants , ces adultes sont les oubliés , n'existant qu'en tant que "pathologie" (barbarie gerbante de la bien-pensance), et c'est avec une force admirable que Jean Louis Fournier , au travers de ses fils , leur redonne une identité , une âme.
De la force d'un père en ressort une fragilité touchante avec cette particularité qui la rend admirable.
L'auteur se flagelle , évoque ses manquements , ses incompréhensions et sa colère ,et c'est sûrement ce qui le rend encore plus humain , évite l'arrière-goût de pathos dégoulinant qu'on pourrait imaginer se prendre en pleine face trop habitués à passer de l'autre côté de la frontière dans ce répertoire.
Rentrez dans ce monde , celui d'une provocation parfois grinçante qui cache de profonds remords , un cri d'amour saisissant.
Si je devais résumer ce livre en un mot , un seul me viendrait à l'esprit :
Dignité.

" Mes petits oiseaux, je suis bien triste de penser que vous ne connaîtrez pas ce qui, pour moi, a fait les plus grands moments de ma vie.

Ces moments extraordinaires où le monde se réduit à une seule personne, qu'on existe que pour elle et par elle, qu'on tremble quand on entend ses pas, qu'on entend sa voix et qu'on défaille quand on la voit. Qu'on a peur de la casser à force de la serrer, qu'on s'embrase quand on l'embrasse et que le monde autour de nous devient flou.

Vous ne connaîtrez jamais ce délicieux frisson qui vous parcourt des pieds à la tête, fait en vous un grand chambardement, pire qu'un déménagement, une électrocution, ou une exécution. Vous chamboule, vous tourneboule et vous entraîne dans un tourbillon qui fait perdre la boule et donne la chair de poule. Vous remue tout l'intérieur, vous donne chaud à la gueule, vous fait rougir, vous fait rugir, vous hérisse le poil, vous fait bégayer, vous fait dire n'importe quoi, vous fait rire et aussi pleurer.

Parce que, hélas, mes petits oiseaux, vous ne saurez jamais conjuguer à la première personne du singulier et à l'indicatif du présent le verbe du premier groupe: aimer. "



mots-clés : #autobiographie #famille #pathologie
par Ouliposuccion
le Jeu 2 Mar - 8:00
 
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Sujet: Jean-Louis Fournier
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Henry James

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 Maisie10


Ce que savait Maisie

le sujet : une fillette dont les parents sont divorcés et chacun remarié ce qui fait dire à la fillette qu'elle a 2 maman et 2 papa. Elle sera un prétexte que chacun accaparera ou se renverra pour se mieux haïr et ce n'est qu'auprès d'une gouvernante vieille, laide qu'elle trouvera l'affection dont elle a toujours manqué. Son beau-père et sa belle-mère l'aimeront aussi, mais cette dernière plus égoïstement, le beau-père, de faible caractère prouvera cependant son amour en lui laissant décider avec qui elle veut vivre.

L' innocente fillette comprendra assez rapidement la situation dans laquelle elle se trouve, l' abandon de ses parents au profit des beaux-parents et se découvrira le "sens moral" dont la gouvernante l'accuse de manquer après bien des revirements, des emballements, des peurs et des situations inconfortables. Les enfants contraints de "partager" les vicissitudes de la vie des adultes mûrissent vite et Maisie est une fillette intelligente.

En fond une critique sur une certaine société de l'époque ; en effet on ne peut comprendre la situation de la fillette et des différents personnages qu'en se référant aux moeurs et les lois de la société Anglaise à cette époque (fin 19ème siècle). La distinction des classes est très sensible.

Une lecture intéressante à laquelle une écriture mesurée qui ne dévoile que peu et laisse la place à l'imagination, celle de la fillette et celle du lecteur, est efficace.


mots-clés : #famille #initiatique #xixesiecle
par Bédoulène
le Jeu 23 Fév - 20:51
 
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Sujet: Henry James
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Velibor Čolić

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 41cim210

Jésus et Tito


Original : Français, 2010

CONTENU :
En 1970 dans la Yougoslavie de Tito, Velibor a six ans et rêve de devenir footballeur. Noir et Brésilien, de préférence. Velibor fait l'inventaire de ses souvenirs, une enfance sous une bonne étoile, rouge, et une adolescence rock'n roll. Avec une mère catho et un père partisan, ce sera Jésus contre Tito, le match rejoué chaque soir à la maison. Entre Jack London et Pelé, The Clash et Bukowski, le poète en devenir sera maudit, assurément.

REMARQUES :
Čolić déroule en petits tableaux sa vie de la petite enfance jusqu'à la sortie du service militaire. Mais – attention ! - c'est probablement romancé et donc sémi-fictif. Néanmoins, ayant vu l'auteur lors d'une lecture publique où il s'expliqua sur cette façon de procèder, on pourrait être sûr que derrière toute affubulation il y a des éléments très vrais. Dont par exemple ce tiraillement entre la mère croyante et le père politisé. L'un contre l'autre ? Ou l'un avec l'autre ? Le titre indique plutôt Jésus et Tito. Mais ces tensions sont ceux d'un peuple, ou des peuples. Et pendant longtemps dans cette Ex-Yougoslavie les différentes groupes ont pu coexister et même s'apprécier: dans le village de l'auteur alors les Orthodoxes (Serbes), les Catholiques (Croates) et les Muselmans (Bosniaques). Seulement les Juifs semblaient être à part...

Autres expériences difficiles ou déchirantes mêmes l'attendent, dont spécialement le service militaire vers la fin du livre.

Les tableaux sont certainement liés par la vie du narrateur, mais surtout au début - peut-être à raison de la cruauté de l'enfance ? - me paraissaient pas de grand intérêt. Mais néanmoins l'auteur se bonifie avec les pages (selon mon avis) : cela devient bien, même très bien raconté, et les différentes parties gagnent en unité et pugnacité et le contenu nous devient proche. Proche aussi, peut-être, pour expliquer une autre forme de rêve « socialiste » qui paraissait plus humain sous le ciel de Tito ? Paraissait ? Qu'est-ce qui est advenu ? L'enfant et l'adulte si enthousiaste semble se distancier du rêve, au moins de sa forme en réalité.… La suite ? Cela sera probablement écrit dans d'autres livres de Velibor, le Grand, balkanique à souhait ?! (Dont par exemple « Manuel d'exile » décrit l'arrivée en France.)

La langue est (ou devient?) très fluide, maîtrisée, assez étonnant pour un non-Français d'origine d'écrire comme ça dans la langue de Molière. Il peut être très pointu, drôle. Dans l'ensemble très bien, après un début plutôt difficile.


mots-clés : #famille #initiatique
par tom léo
le Mer 22 Fév - 16:28
 
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Sujet: Velibor Čolić
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Peter Schneider

Les amours de ma mère

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 97822410

Ce n'est que sexagénaire, suite à une rupture de son couple, que Peter Schneider a enfin osé ouvrir la boîte qui l'a consciencieusement suivi toute sa vie, la boîte des lettres de sa mère. Sa mère, morte prématurément à 38 ans alors qu'il n'avait que huit ans, qu'il a si peu connue, négligée peut-être, emporté dans ses propres féeries protectrices. Prise dans la tourmente des bombardements de l'Allemagne, sautant de train en train, puis affrontant la faim et l'indigence de l'après-guerre,  femme exilée au Sud d'un  chef d'orchestre retenu par ses obligations professionnelles ou militaires, le seul être humain qui soit là et qui reste, elle  a traîné, protégé, éduqué ses quatre enfants,  dépassée mais toujours là.

C'est un siècle de merde, et pour les femmes un travail d'esclave - rien d'autre !


Seulement, Peter Schneider découvre que cette tourmente était aussi intérieure, cette femme à la fois étayée et détruite par le devoir maternel était une passionnée, une amoureuse spécialiste du ménage à trois, de la confidence-déballage conjugale, de la confession  épistolaire sans dissimulation.

lettre à son mari a écrit:Chez moi, c'est le caractère passionné qui façonne la vie et la détruit. Passion, tu n'as pas e droit d'interpréter ce mot de travers, lde e tordre. Ce sont les braises qui nous font croître au-delà de nous-mêmes, qui nous conduisent à nos limite. C'est pour cette raison que je continue à m'y rendre, parce que je sens qu'on vit seulement là où est hors de portée de soi-même.


C'est l'occasion pour le lecteur de rencontrer un mode de vie rarement raconté, celui des civils pendant la défaite et l'après-guerre allemande; c'est l'occasion pour Peter Schneider de découvrir certaines clés de son histoire familiale et de sa quête personnelle.

L'arrière-fond historique donne une puissance prégnante à ce magnifique portrait de femme dont on ne sait  (et l'auteur avec nous)  si elle est résolument moderne et sans tabou, ou totalement perdue, écartelée entre un homme-refuge incarnation de la fidélité, et un amour sublime mais totalement insatisfaisant. Au delà de l'histoire intime, les parents de Peter Schneider ont vécu pendant la guerre , ont fréquenté des nazis ou sympathisants, et ainsi l'auteur interroge le pardon que les allemands doivent (ou refusent d') accorder à leurs ascendants : le subtil mélange de la sphère intime et de la sphère publique rend son message universel.


mots-clés : #biographie #famille
par topocl
le Sam 18 Fév - 10:37
 
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Sujet: Peter Schneider
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Laura Hird

Les lois de l'hérédité

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 51jgv510

Une famille écossaise classique, un mari, une femme, deux enfants ados fille et garçon. Une famille protestante d'Edimbourgh où le foot est important car il est le marqueur social de son appartenance religieuse (en Ecosse les clubs représentent souvent une église différente ; exemple : Celtic Glasgow pour les catholiques, Glasgow Rangers pour les protestants).
Le livre se situe aux alentours des fin 90's début 2000.
Entre un père fuyant et victime consentante du marasme de sa vie, une mère adultérine et alcoolique détestant ses propres enfants et son mari, une ado de 16 ans en quête du frisson sexuel et de fric continuel, un ado à peine plus jeune souhaitant le vrai amour et l'amitié loyale, le décor est planté.
L'on suit leurs péripéties au travers de la narration qui se partage entre ces quatre personnages au gré des chapitres. Nous faisons ingérence dans leurs pensées et comprenons ainsi les visions radicalement différentes qu'ils ont de leur vie, des autres, ainsi que des situations pourtant vécues parfois communément. C'est efficace et bien fait.
Le style est cru, direct, familier, on accroche ou non. Les thèmes du sexe, de la drogue, de l'alcool et de la solitude prédominent avec en arrière plan une critique de la société écossaise et des différentes communautés religieuses qui se haïssent. Certaines situations sont violentes mais ne sont pas décrites à l'excès, si le style n'est pas pudique le propos l'est et permet de ne pas être rebuté à la lecture.
On dirait du Despentes mais en mieux, en plus subtile, moins lourd, et plus régulier. Le regard est acéré mais nuancé, tous ne sont pas des salauds mais la nature humaine est ce qu'elle est.
J'ai bien aimé et je lirais sans nul doute Nouvelles d'Ecosse.


mots-clés : #famille
par Hanta
le Sam 18 Fév - 1:06
 
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Fabrice Humbert

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 11478_10

Résumé: Lors d'un voyage scolaire en Allemagne, un jeune professeur découvre au camp de concentration de Buchenwald la photographie d'un détenu dont la ressemblance avec son propre père, Adrien, le stupéfie.
Rentré en France, il retrouve son père, sa famille, mais le souvenir de la photographie ne le quitte plus. Il décide alors de se lancer dans une recherche qui va bouleverser sa vie.
Ce détenu, nommé David Wagner, se révèle être son véritable grand-père. Peu à peu se met en place l'autre famille, la branche Wagner, la branche cachée, celle dont personne chez les Fabre n'évoque l'existence. Et c'est le destin croisé de ces deux familles, deux générations plus tôt, lorsque l'ambitieux David Wagner rencontra le riche Marcel Fabre et sa femme Virginie, qui éclate alors au grand jour, ainsi que les terribles conséquences que la liaison entre David et Virginie entraîna.
Au cours de sa quête à travers la France et l'Allemagne, dans la nouvelle vie qu'il tâche d'inventer avec une allemande qu'il vient de rencontrer, le jeune homme se rend compte qu'on ne se débarasse pas si facilement du passé - ni du sien ni de celui de sa famille. Lorsqu'on remonte à l'origine de la violence, c'est sa propre violence qu'on finit par rencontrer.


Terminé ce matin, ce roman me laisse dans un entre-deux, une sorte en même temps de perplexité qui me fait hésiter au moment où je dois dire si je l'ai apprécié.

Croisant au détour d'une visite à Weimar le regard d'un juif déporté sur une photo, ce jeune homme élevé dans la bourgeoisie normande, aujourd'hui professeur d'histoire en visite dans cet espace de mémoire avec sa classe, va être percuté par la ressemblance entre l'homme sur la photo et son propre père. Au retour de ce voyage, il est habité par le doute, et un sentiment qu'il y a quelque chose d'impalpable à découvrir autour de cette photo et de ses protagonistes. Il se lance alors dans une minutieuse enquête qui l'amène à croiser des survivants des camps ayant croisé le détenu qui l'intéresse, et ainsi, à reconstruire une histoire, celle de cet homme sur la photo dont il va peu à peu découvrir le parcours et le destin, tout en même temps qu'il entendra l'horrible réalité du quotidien du camp de Buchenwald où le Mal fraye avec une sorte de normalité, le rire avec la mort, cela autour de l'histoire racontée de David Wagner, l'homme de la photo, par un de ses "amis" de camp.

Toute la première partie du romane traite de David Wagner et de son quotidien, avec une incessante interrogation sur le Mal, le Mal ordinaire, admis, ou occulté, tel qu'il a pu l'être au sein des camps où le normal, insignifiant côtoie la mort, la torture et l'horreur.
Cette première partie, riche sur cette histoire terrible, me laisse avec un sentiment diffus de manque. Manque de quoi ? D'affects je dirai ... peut être parce que l'auteur en fait un récit comme une histoire racontée par un ancien, telle qu'il la narre, et qu'il ne laisse pas transpirer ses sentiments. Peut être aussi simplement parce que le lecteur se laisse aller à l'anesthésie émotionnelle pour tolérer la lecture de cet intolérable, la traverser. Je l'ai trouvé remarquable tout autant que pénible. Remarquable car, si j'y réfléchis, c'était comme me laisser raconter une histoire le soir au coin d'un feu, et que j'arrivais presque à entendre la voix du narrateur. Pénible dans sa monotonie, son aspect exposé parfois, la mise à distance de l'émotion qui me semble être là. Sont ici posés de faits et ils tombent comme un couperet amer.

La seconde partie de l'oeuvre relate plus la psychologie du personnage, et ses dernières quêtes et découvertes plus directement au sein de sa famille auprès de laquelle il va peu à peu remplir les blancs de l'histoire de David Wagner et de son entourage, du contexte de sa déportation, du contexte de sa vie, des gens pour qui il a compté que ce soit dans l'amour ou la haine, de ce que son absence a fait dans le quotidien et la vie de ces personnes, de comment cette absence a impacté l'histoire d'une famille complète.
J'ai trouvé cette partie intéressante mais assez longue tout de même

L'ensemble du livre me laisse avec l'idée que je ne pouvais pas ne pas le lire mais que sa lecture me laisse un sentiment indéfinissable, entre l'intérêt du récit, de l'histoire qu'il raconte et de comment l'histoire de cet homme a marqué les générations successives; tout en même temps j'ai eu le sentiment de lire un écrit assez linéaire.
Je me dis que cet effet est peut être aussi celui en miroir de cette banalité qu quotidien des camps où l'horreur fait partie du paysage sans même plus s'en rebeller ou émouvoir; comme une forme d'anesthésie émotionnelle que l'on connaît aux personnes ayant vécu des traumatismes qui, d'une certaine manière, se transpose dans ce récit, le plaçant d'une certaine manière dans la mémoire de ce trauma qui se dit mais dont ce qu'il fait ressentir reste intérieur, latent, indicible...
Peut être aussi que ces effets viennent rencontrer nos propres difficultés à entendre, voir et comprendre cela sans y mettre une distance qui rend les chose plus supportables même si inacceptables


mots-clés : #campsconcentration #deuxiemeguerre #famille
par chrysta
le Dim 12 Fév - 10:10
 
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Sujet: Fabrice Humbert
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David Vann

Désolations

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 Bm_11110

Deuxième livre que je lis de cet auteur après Sukkwan Island et seconde fois où je prends un plaisir certain grâce à David Vann. En Alaska nous suivons les réflexions et les moments cruciaux d'une famille et de leurs conjoints. Inutile d'en dire plus il ne faut pas dévoiler l'évolution du récit.
Roman chorale en contraste avec Sukkwan Island qui était en quelque sorte un huis clos à ciel ouvert, nous assistons avec une certaine distance à des situations et des pensées complexes de personnages qui en viennent à devoir faire des choix décisifs. Toujours avec un style simple et efficace David Vann a réussi à me plonger dans cette histoire, à me décrire la complexité de la psychologie de chaque personnage qui ont tous une importance fondamentale. On les plaint, on les soutient, on les condamne et tout ceci spontanément sans vraiment parvenir à un jugement définitif ou à un avis arrêté. J'ai pensé aux Corrections de Franzen car il existe aussi ici une certaine approche sociologique qui est très intéressante. Une certaine critique de la classe aisée, une critique du rapport à la nature, une critique du rapport à l'argent également. Tout ceci ponctué par des descriptions agréables des paysages de l'Alaska. Une vraie réussite.


mots-clés : #nature #famille
par Hanta
le Ven 10 Fév - 23:55
 
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Sujet: David Vann
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David Vann

Sukkwan island

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 Tylych33

Commentaire écrit dans le cadre d'une relecture. Toujours ébloui par la justesse des descriptions de David Vann, que cela soit en termes de paysages ou de sentiments. Il existe une palette de nuances, d'émotions si variées que nous sommes réellement plongés dans la complexité de l'être humain, de son ontologie, mais également de son existence au sein d'une nature mystérieuse.
Style parfois lapidaire, parfois plus construit, la simplicité des mots et de la syntaxe donne plus de force au propos et au récit.
j'ai été choqué et vulnérable au cours de cette lecture l'enfant en moi s'identifiant au fils, le père que je suis s'identifiant au père également. Il fut traduit un procès en crédibilité et en réalisme à l'encontre  de ce livre te de cet auteur. Ayant vécu par le passé des conflits et des relations tragiques avec un pathos au sens propre du terme je ne peux qu'être personnellement convaincu par cette histoire et par sa tenue, sa cohérence. Un livre qui me marqua et me marque toujours.


mots-clés : #famille #insularite
par Hanta
le Jeu 9 Fév - 14:45
 
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Sujet: David Vann
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Mary Anne Mohanraj

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 97822810

Colombo Chicago

Colombo-Chicago se concentre sur les destins croisés de deux famille sri-lankaises, les Kandiah et les Vallipuram, sur une durée de près d'un demi-siècle.
Plutôt que d'un roman, on pourrait d'ailleurs parler d'un recueil de nouvelles, chaque chapitre étant consacré aux tourments amoureux et familiaux d'un des membres de la famille, à un instant T de sa vie.
L'amour est le thème central de Colombo-Chicago : Passions interdites, violences conjugales, mariages arrangées, amour non payés de retour, homosexualité… Mary Anne Mohanraj semble avoir voulu explorer chacune des multiples facettes de ce sentiment…

Les personnages sont tous, quelque part, des êtres empêchés. La culture sri-lankaise, omniprésente, pèse de tout son poids sur les décisions parentales et les émois adolescents. Même l'exil à l'étranger, les études ou l'émancipation sexuelle ne sont qu'une libération illusoire face au carcan culturel et familial.
Alors, la joie se teinte d'amertume, le bonheur _ aussi éphémère soit-il_ ne se gagne pas  sans sacrifices, et les promesses d'avenir radieux sont assombries par un doute lancinant…

Je ne vais pas nier que ce roman est un vrai tourne-pages, et plutôt agréable. Alors, pourquoi sa lecture a-t'elle aussi généré en moi un véritable sentiment de frustration ?

La multiplicité des personnages ne m'a pas dérangée, contrairement à d'autres lecteurs. Ce qui est véritablement décevant, par contre, c'est de ne recevoir aucune explication sur leur évolution (pourtant parfois bien déroutante !) lorsqu'il nous arrive de les recroiser au détour d'une phase.
L'écriture de Mary Anne Mohanraj n'a rien d'original, j'ai d'ailleurs parfois tiqué à la lecture de certains passages désespérément plats et explicatifs. Pourtant, l'auteur a su trouver un ton bien à elle, fluide, efficace, émouvant parfois. Mais à la réflexion, je crois que c'est là que réside ne noeud de ma frustration. En effet, tous les chapitres nous sont narrés avec la même petite musique, et un procédé narratif qui m'a finalement semblé trop bien rôdé…. Qu'elle nous parle d'une jouvencelle de 17 ans qui accepte un mariage arrangé dans un pays qu'elle ne connaît pas, ou évoque les tourments amoureux d'un médecin américain homosexuel, la mécanique est toujours la même ; certes efficace, mais au final quelque peu lassante...

Je ne voudrais pas paraître trop dure avec ce roman qui ne manque pas de qualités et se lit facilement, avec un certain plaisir même. Mais après l'avoir refermé, c'est bel et bien un sentiment d'inachevé qui domine…


mots-clés : #immigration #famille #romanchoral
par Armor
le Mer 8 Fév - 18:30
 
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Sujet: Mary Anne Mohanraj
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Paul Harding

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 Paul_h11

Les Foudroyés (traduit par Pierre Demarty)

Mais que c'est-il passé ?  Pourquoi a-t-il fallu attendre cinquante, peut-être même quatre-vingt pages pour qu'enfin la voix de Paul Harding parvienne jusqu'à moi ? Pourquoi l'auteur s'est-il ingénié à aligner des mots, écrire des paragraphes, former des chapitres, sans queue ni tête, sans liens tangibles et pourtant sans volonté de perdre son lecteur alors que la suite du récit (qui reprend pourtant exactement la même méthode) fonctionne parfaitement ?

Il faut attendre un récit de colporteur et de dent pourrie pour qu'enfin les personnages prennent formes et donnent un peu de satisfaction au lecteur. C'est très étrange. Très étrange car les premières pages ressemblent aux dernières et il est inexplicable pour moi qu'à un moment donné, ce qui me paraissait beau mais sans lien, détaché, totalement évanescent prenne les allures d'un très tendre récit de filiation. C'est comme si Paul Harding avait accroché les uns aux autres des wagons disparates jusqu'à ce qu'il ait finalement réussi à trouver la locomotive qui pourrait les tracter jusqu'à la prochaine gare. Mais une fois cette locomotive attelée, le roman de Harding prend une tournure absolument délicieuse et piquante ; racontant sans forcer, les relations qu'un fils n'a pas eu avec son père, d'un père dont on cache la maladie comme s'il s'agissait d'une tare terrible (l'épilepsie d'où le titre en rapport avec ce coup de foudre pas si éloigné de la maladie) et de ces crises qui jalonnent une vie. Il est question de la manière dont on regarde le monde à fleur de terre, comme à genou, fixant d'un œil serein, la goutte glacée se transformant en eau sur l'herbe rase. Et de détails en détails, Harding nous propulse dans un univers plein de poésie, non pas celle des rêves mais celle d'une nature qui de saison en saison offre d'impalpables nuances et des trouées de silence. De ce silence, les hommes de la famille de George se nourrissent et parfois en meurent ; parfois ils luttent contre et parfois ils s'enfuient, laissant derrière eux femme et enfants et parfois ils reviennent, en catimini. Il y a dans ce roman des moments de purs délices, des instants de grâce, quand il est question du mécanisme d'une horloge, de la roublardise du vieux George, de la souffrance foudroyante de Howard (le père épileptique), du silence, du terrible silence des femmes, des mères, des sœurs et de cette famille américaine à la fois unique et universelle, tellement pauvre et vorace, tellement tendre et maltraitante. Bah, une famille, quoi.


Frustrant mais pas si mal.


mots-clés : #famille #pathologie
par shanidar
le Mer 8 Fév - 13:20
 
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Sujet: Paul Harding
Réponses: 4
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SHEN Congwen

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Le passeur de Chadong

Aussi sûrement que les fleuves vont à la mer, la conversation, d'aussi loin qu'elle partît, aboutissait toujours au sujet qui faisait rougir Emeraude. Puis, lorsque le mécontentement se peignait sur le visage de la jeune fille ainsi poussée dans ses retranchements, le vieillard, comme pris de panique, se justifiait à la hâte en se contredisant :
"Je ne voulais pas dire ça, je ne voulais pas dire ça ! Grand-père se fait vieux, tu sais, et il ne sait plus trop ce qu'il dit. Des bêtises, tout ça !"


Chine, début du XXème siècle.
Emeraude a été élevée par son grand-père batelier, et un lien indéfectible unis ces deux-là. Chaque jour, ils font traverser la rivière aux passants, secondés par leur fidèle chien jaune. Les jours s'écoulent paisiblement. Et puis, lors de la fête annuelle du double cinq, Emeraude est remarquée par deux jeunes hommes. Tous deux sont issus d'une famille aisée, ils vont s'éprendre d'elle au point de vouloir l'épouser, ce qui pourrait augurer du meilleur. Seulement, tous deux sont frères…

Il suffit de savoir cela pour se douter, sans en être tout à fait certain pour autant, que tous les éléments de la tragédie sont réunis. Il serait pourtant vain de chercher dans ce roman de grandes envolées lyriques ou des colères homériques ; Shen Congwen nous narre le déroulement des évènements avec une apparente nonchalance, une sérénité et une acceptation toute orientale de l'inéluctabilité des choses…

D'emblée, l'auteur nous transporte dans sa province natale, le Xiangzi. Il n'a de cesse de vanter la beauté de ses paysages, la droiture de ses habitants, et de partager avec le lecteur ses coutumes ancestrales. Entre autres, celle des chants d'amour, qui, de collines en collines, de silences en réponses émues, célébraient la beauté des idylles naissantes…
Shen Congewen entremêle les éléments du conte et de la réalité et se fait l'observateur compatissant des tourments humains avec une tendresse jamais démentie, un fatalisme serein et une invitation implicite à célébrer les beautés de la vie. Le style, exempt de fioritures, peut parfois sembler quelque peu naïf dans sa simplicité. Il possède pourtant un charme discret et insidieux qui pourrait bien vous amener, qui sait, à aller méditer sur la colline, en espérant secrètement que s'élèvera soudain le suave chant d'amour d'un(e) prétendant(e) éperdu(e)…

Un grand merci au généreux donateur, qui se reconnaîtra !



mots-clés : #famille #traditions
par Armor
le Lun 6 Fév - 23:28
 
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Paul Auster

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Sunset Park 2011

Voici la critique du journal le Monde....je ne saurais faire mieux !

"Avec toujours cette virtuosité dans l'art de captiver le lecteur par des récits gigognes et une prose soyeuse, Sunset Park effectue un tournant vers ce qu'on pourrait appeler le réalisme de conviction. Et c'est bien, sentons-nous, une forte émotion qui l'y a incité : la colère. Une certaine sorte de colère, blanche, retenue, désespérée.

"Depuis un an, maintenant, il prend des photos d'objets abandonnés." Première phrase du livre.

Nous apprenons vite que nous sommes à la fin de la première décennie du XXIe siècle, en pleine crise économique, dans des quartiers paupérisés et que ces objets épars ont été laissés là par les expulsés. Les banques avaient prêté à des taux élevés de quoi acheter des maisons. Maintenant, les impayés s'accumulant, elles les saisissent pour revendre.

On dirait qu'un ouragan est passé par là : la bulle immobilière a éclaté, la finance toxique s'est répandue partout. Surgissent dans notre propre mémoire visuelle les photos sinistres qu'a prises Robert Polidori dans le 9th Ward de La Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina.

Là où nous sommes, en Floride, un jeune homme débarrasse en équipe les maisons souillées, dévastées. Ce n'est pas une catastrophe naturelle, mais une guerre où un capitalisme financier devenu fou de cupidité et de cruauté a gagné contre les pauvres.

Le jeune homme qui photographie n'est ni révolté ni résigné ; il voudrait juste que ces témoignages muets d'une défaite restent en mémoire. Ce garçon, Miles Heller, 28 ans, a connu, douze années auparavant, la dévastation psychologique et morale : sur une route de montagne, se querellant avec son demi-frère aîné, il l'a poussé, une voiture l'a renversé, tué sur le coup ; il ne sait pas s'il est responsable ou non de cette mort ; en tout cas il ne se la pardonnera jamais. Il s'est exilé de sa propre vie, survivant au jour le jour. Le roman raconte son lent retour, à l'amour aussi, et une nouvelle catastrophe, peut-être le signe avant-coureur d'un fascisme à l'américaine, ultralibéral.

A la fin, d'autres images surgissent pour nous, cinématographiques, celles, par exemple, du documentaire de fiction Cleveland contre Wall Street, de Jean-Stéphane Bron (2010), où des policiers armés pénètrent brutalement dans des maisons pauvres pour en expulser les habitants en saccageant tout.

Entre ce début et cette fin, nous aurons suivi avec empathie cinq personnages liés à la vie de Miles Heller, chaque partie du roman épousant le point de vue et le langage de celui qui en est le centre, ce qui constitue une très belle réussite littéraire.

Inoubliables, resteront ces visages et ces corps pour qui Paul Auster, le conteur, éprouve de l'amitié, et puis cette sourde colère contre l'Amérique crépusculaire qui aujourd'hui les écarte ou les piétine."




Un excellent roman.....quelque peu désespérant malgré tout mais si bien écrit et bien que tout converge vers une fin prévisible, on  ressort de cette lecture abasourdi devant tant de talent....en tout cas, c'est mon cas.

Je ne résiste pas au plaisir de citer quelques passages....notamment concernant un des personnages du livre, Bing Nathan :

" C'est le chevalier de l'indignation, le champion du mécontentement, le pourfendeur militant de la vie contemporaine, et il rêve de forger une réalité nouvelle sur un monde qui a échoué. Contrairement à la plupart des dissidents de son espèce, il ne croit pas à l'action politique. Il n'adhère à aucun mouvement, à aucun parti, il n'a jamais pris la parole en public et n'a aucun désir de conduire dans les rues des hordes en colère qui mettront le feu à des bâtiments et renverseront des gouvernements. Sa position est purement personnelle, mais s'il mène sa vie selon le principe qu'il s'est fixé, il est certain que d'autres suivront son exemple."

-------------------

Le tangible. C'est le terme qu'il utilise le plus souvent quand il discute de ses idées avec des amis; Le monde est tangible dit-il. Les êtres humains sont tangibles. Ils sont dotés de corps et parce que ces corps ressentent de la douleur, souffrent de maladies et subissent la mort, la vie humaine n'a pas changé d'un iota depuis le début de l'humanité..........................

mais même si l'homme a changé le monde qui l'entoure, l'homme lui-même na pas changé. Les réalités de la vie restent constantes.Tu vis, Tu meurs. Tu nais d'un corps d'une femme et, si tu réussis à survivre à ta naissance, ta mère doit te nourrir et s'occuper de toi pour s'assurer que tu continues à survivre ; et tout ce qui t'arrive depuis ta naissance jusqu'à l'instant de ta mort, chaque émotion qui surgit en toi, chaque bouffée de colère, chaque montée de désir, chaque crise de larmes, chaque éclat de rire, tout ce que tu éprouveras un jour au cours de ta vie a été également ressenti par tous ceux qui sont venus avant toi, que tu sois un homme des cavernes ou un astronaute, que tu vives dans le désert de Gobi où à l'intérieur du cercle arctique.



mots-clés : #famille
par simla
le Dim 5 Fév - 0:59
 
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Sujet: Paul Auster
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Jon Kalman Stefansson

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D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds  


c'est d'ailleurs pour cela qu'ils ne marchent pas sur l'eau....dit ce poète de Jon Kalman Stefansson

J'ai adoré ce roman, comme ses précédents  I love you

L'histoire de l'Islande vue à travers les destinées de trois générations d'islandais, un poète, des pêcheurs, une région, une ville Keflavik, l'implantation d'une base américaine qui influence toute une génération, et ensuite l'instauration des quotas de pêche qui mène cette ville à "une non existence" :


"Keflavik a trois points cardinaux : le vent, la mer, l'éternité"

Ari, revient au pays, après un long séjour a Copenhague où il travaillait dans une maison d'édition, il a quitté d'une façon abrupte sa femme, ses filles, son père, avec lequel il n'a quasiment pas ou peu de relations, lui fait parvenir un colis de souvenirs et tous ceux-ci remontent à la surface, sa mère décédée, la mémoire des grands-parents, leur vie de pêcheurs..



Les femmes sont omniprésentes, une justesse d'analyse dans leurs personnalités, leur place dans la société bien définie, le pouvoir des hommes les maintenant toujours à une place pas toujours bien vécue ni choisie...je dirais que Stefansson est un féministe convaincu  Wink

"Il ne savait pas que cette femme aussi belle que la lune, aussi mystérieuse que la nuit du mois d'août,n'avait supporté ni le poids des responsabilités, ni la fatigue éreintante, il ne savait pas que les deux conjugués avaient fini par engendrer ce démon qui venait l'assaillir dans son sommeil, l'accueillait à son réveil, elle avait ployé, puis s'était effondrée et enfuie par cet escalier menant au sous-sol de la maison du quartier de Vesturbaer à Reykjavik, elle avait fui sa petite fille de trois mois qui pleurait et hurlait dans son berceau, fui sa fille ainée, la mère d'Ari alors âgée de dix-huit mois, qui toussait et se mouchait sans relâche, refusait de s'alimenter, avait arraché la cuiller des mains de sa mère en trépignant, toutes trois hurlaient et pleuraient, la plus petite à cause de la fatigue et du mal de ventre, la plus grande parce qu'elle était souffrante et que la réaction de sa mère l'avait effrayée, quant à la grand-mère que j'ai en commun avec Ari, elle s'était mise à hurler parce que cette chose qui aurait du être la plus belle du monde, le but de la vie elle-même, la source de la beauté et de l'innocence avait transformé son existence en véritable enfer.
La vie n'avait rien à voir avec tout ça, ces difficultés financières, cette constante fatigue, ce manque de sommeil et son mari en haute mer qui ne comprenait rien, ne remarquait rien, c'en était fini de l'aventure....."

--------------------

"Les plus vieux écrits de ce monde, ceux qui sont si anciens qu'ils ne sauraient mentir, affirment que le destin habite les aurores et qu'il convient donc de s'armer de précautions au réveil : caresser une chevelure, trouver les mots qu'il faut, prendre le parti de la vie....

Il est vrai qu'à l'aube nous ressemblons parfois à une plaie ouverte.Nous sommes fragiles et désarmés et tout tient au premier mot prononcé, au premier soupir, à la manière dont tu me regardes quand tu t'éveilles, dont tu me considères au moment où j'ouvre les yeux pour m'arracher au sommeil, cet univers étrange où nous ne sommes pas toujours nous-mêmes, où nous trahissons ceux que nous ne pourrions imaginer trahir, où nous accomplissons d' héroïques prouesses, cet univers où nous volons, où les défunts revivent et où les vivants périssent. On dirait parfois que nous entrevoyons l'autre versant du monde, qu'il se livre à nous dans une autre version, comme s'il entendait par là nous rappeler que nous ne sommes pas forcément celui ou celle que nous devrions être, que la vie a mille facettes et qu'il n'est - hélas et Dieu merci- jamais trop tard pour s'engager sur une voie nouvelle, un chemin imprévu. Puis nous nous réveillons, si fragiles, désarmés et à fleur de peau, que tout est suspendu à nos premiers soupirs.Le jour tout entier, la vie tout entière peut-être. Alors regarde-moi avec délicatesse, dis quelque chose de beau, caresse-moi les cheveux car la vie n'est pas toujours juste, elle n'est pas tous les jours facile et nous avons si souvent besoin d'aide, viens et apporte-moi tes mots, tes bras, ta présence, sans toi je suis perdu, sans toi je me brise au creux du temps. Sois auprès de moi à mon réveil."

------------

L'amour, déclare-t-il, est une Voie lactée rayonnante et indestructible ! Et le plus douloureux dans la vie est sans doute de n'avoir pas assez aimé, je ne suis pas certain que celui qui s'en rend coupable puisse se le pardonner."

Du pur Stefansson, un des seuls auteurs qui me donne la chair de poule en le lisant, quelle joie de savoir qu'il existe  Very Happy

(commentaire récupéré)


mots-clés : #conditionfeminine #historique #famille
par simla
le Ven 3 Fév - 0:48
 
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Sujet: Jon Kalman Stefansson
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Zidrou

L'adoption
Dessins et couleusr : Arno Monin

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La petite Qinaya, 4 ans, est adoptée par un couple français, après que ses parents soient décédés dans un séisme au Pérou. Elle est absolument adorable, s'adapte vite, tout le monde est totalement gâteux devant elle et jusqu'à Gabriel, le grand-père ronchon, qui est  séduit par cette enfant.

Cela pourrait donner quelque chose de totalement mièvre et plein de bons sentiments, mais il y a là une tendresse, un humour, une justesse dans l'observation qui réjouissent tout au long de la lecture. Chacun en prend pour son grade, les jeunes comme les vieux, il y a des petites réflexions plaisantes et des situations comiques. Les expressions des corps et des visages sont à se tordre de rire.

Juste jusqu'à cette notation, du  vieux copain, le "philosophe" de la bande :
Parfois je me demande… Tout cet amour qu'on n'a pas donné… Qu'est-ce qu'il devient ? Je veux dire… Personne n'a jamais pensé à installer des conteneurs pour le recycler ? Vous savez ? Comme pour les  piles ou les vieux papiers…


On se régale de douceur et de tendresse, mais Zidrou  est un malin cruel, il nous laisse sur un suspense insoutenable en attendant le 2e tome " à paraître" Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 486671555

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mots-clés : #bd #famille
par topocl
le Mer 1 Fév - 18:49
 
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Mira Jacob

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 97823312

L'homme qui parlait à la nuit

Un soir, Amina, jeune américaine d’origine indienne, reçoit un curieux appel de sa mère. Son père, éminent neurochirurgien, passe ses soirées à discourir avec les morts. Il « voit » littéralement ses proches décédés, et passe de longs moments en conversation avec eux. L’instant est grave, Amina décide de rentrer au bercail.

Le roman de Mira Jacob se partage entre le présent et le passé, faisant la part belle à de long flash-back qui reconstruisent patiemment l’histoire de la famille Eapen. A l’origine de tout, il y a ce moment poignant et irréversible, cette visite dans la famille paternelle. L’impossibilité du père d’Amina à endosser le rôle d’aîné traditionnellement dévolu par la société indienne. Tous les non-dits et rancœurs qui d’un coup explosent. La rupture familiale qui s’ensuit, définitive cette fois. Et le retour en Amérique, avec une déchirure au cœur qui s’étend au couple parental…

Amina et son frère aîné Akhil grandissent donc dans une famille où l’amour ne sait se dire ni se montrer, avec un père absent et une mère réfugiée dans sa cuisine.
Une vie non dénuée de joie toutefois, ne serait-ce parce que la famille perdue a été remplacée par une autre, réunion d'immigrants venus de l'Inde du sud qui reconstituent par l’amitié ces grandes familles indiennes aux liens inextricables, le malayalam se mêlant à l'anglais dans les discussions dominicales.
Tandis que les parents restent fidèles à leurs racines, les enfants s'émancipent, font leur crise d'adolescence, et s'ouvrent aux moeurs américaines.

Puis il y a le drame. La mort d’Akhil, à 18 ans. Cette mort hante tout le livre, laissant les vivants à vif, tout aussi désemparés 10 ans après. Ne croyez pas la quatrième de couverture, la conversation avec les fantômes n’est en rien le cœur du livre. Le véritable sujet de Mira Jacob est bel et bien le deuil, la difficile construction d’une adolescente privée de son frère, l’atroce souffrance des parents qui doivent néanmoins demeurer debout pour celle qui reste.

« Mais ce qu’Amina savait, ce dont elle était soudain tout à fait sûre, (…) c’était que ses parent auraient besoin désormais qu’elle existe plus qu’elle n’avait jamais existé et que, en même temps que grandirait ce besoin, grandirait aussi son incapacité à le satisfaire. »

Une fois de retour à la maison, Amina devra faire avec cette absence. Mener sa vie, et accepter que d'autres soient à jamais éteintes. Faire face à la pathologie de son père, et au choix crucial qui s'ensuit...
Mira Jacob a mis beaucoup d’elle-même et de son histoire dans ce roman, ainsi que j’ai pu le découvrir ici : clic. Est-ce pour cet accent de sincérité que j’ai lu les cent cinquante dernières pages la gorge nouée ? L’auteur évite avec brio l’écueil du pathos, elle sait à merveille retranscrire les liens qui unissent deux êtres au-delà de toutes les dissensions, l’amour qui se tait mais qui est pourtant bel et bien présent, la famille qui se resserre quand les mots sont devenus superflus…

Je ne saurais dire si j’ai aimé ce livre. Ce n’est pas le qualificatif que j'emploierais. Après un début prometteur, je n'ai pas spécialement accroché aux premières pages sur la vie de jeune femme d'Amina. Puis sont venus les flash-backs, et ces liens familiaux aussi complexes que mystérieux que l'auteur dessine sans jamais chercher à les expliciter tout à fait. Et je me suis prise à dévorer les pages… avant d'être cueillie par l’émotion, alors que je ne m’y attendais pas.
Aimé ? Mon rapport à ce roman est plus complexe que cela. Tout ce que je sais, c'est que cela fait des semaines qu’il me reste en tête et que je cherche à en parler sans vraiment trouver les mots... Tiens, j'ai d’ailleurs oublié de vous dire que l'auteur a parfois un vrai sens de l'humour et de l'absurde...

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #identite #immigration  #pathologie #famille #mort
par Armor
le Sam 28 Jan - 15:56
 
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Sujet: Mira Jacob
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Valentine Goby

Un paquebot dans les arbres

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C'est l'histoire d'une jeune fille qui s'appelle Mathilde

Valentine Goby a écrit:Prénom d'origine germanique composée de mots mat - puissance - et  hild - combat. Les Mathilde font preuve d'un courage inlassable et d'un optimisme exceptionnel. Elles privilégient la sécurité affective à la sécurité matérielle.


C'est le rôle que lui défonce confie sa mère, en tout cas, à ce garçon manqué invétéré des Trentes Glorieuses , avide de bouger, quêtant l'amour d'un  père fort et joyeux. Mais voilà, un jour le mot fatal est prononcé : Tuberculose, le père, puis la mère. Et avec cela, tout ce qui traîne derrière, pas de Sécurité Sociale, l'abandon du commerce et de l'harmonica :la misère, les autres qui ont peur des bacilles:  la solitude, le sanatorium: l'exil. Le sanatorium, ce grand paquebot perdu dans les arbres, lieu des luttes et des retrouvailles hebdomadaires, ce monde à part voguant, entre espoir et mort,  loin de la vraie vie.

Alors  Mathilde décide de continuer à vivre, danser et aimer à tout prix son père malgré ce qu'il devient : rogue, défaitiste, hargneux. Elle les aime tous, sa mère, son père ses frère et sœur, elle les soutient,  les nourrit, les héberge, les encourage, leur écrit, les porte à bout de bras, foin de la fatigue, de la misère et de la désolation. C'est le centre, la force,  leur mère à tous. Elle envoie promener les services sociaux, se décide une indépendance sans jamais  abandonner les siens, s'ouvre au monde, et à cette Algérie, qui elle aussi se bat à toute force pour une indépendance.

C'est une jeune fille complètement déterminée, complètement attachante et battante, prête à tout pour cette famille défaillante, et qui va se sauver et se construire à travers elle, dont Valentine Goby nous trace un portrait tout mêlé de vigueur, d'admiration et de compassion, dans un territoire provincial. La petite vie de petites gens faite  de grands bonheurs - les ricochets dans la Seine, les genoux écorchée, les bals - et tout cela perdu face à la maladie, la lutte quotidienne, l’adversité qui n'arrête pas. Mais l'amour du couple et l'amour filial  impulsent une vitalité-phénix qui est le ressort de ce livre à la force saisissante, récit haletant et poétique à la fois, précis et tendre, dénué de toute mièvrerie.


mots-clés : #famille
par topocl
le Lun 23 Jan - 20:38
 
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Sujet: Valentine Goby
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Alessandro Baricco

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La Jeune Epouse

Une jeune femme s'immisce dans la vie d'une famille aisée d'Italie du Nord au début du XXème siècle, en provenance d'Argentine, afin de réaliser un mariage précédemment arrangé. En raison de l'absence mystérieuse de son futur époux, elle se plie aux habitudes d'un monde replié sur lui-même, étrange et figé. Elle devient "La Jeune Epouse" face aux autres protagonistes aux rôles bien établis: "Le Père", "La Mère", "La Fille"...

Le basculement du récit vers une initiation sexuelle ne peut que faire penser au cadre de Théorème de Pasolini. Mais Baricco cherche aussi à échapper à toute référence et le contexte presque théâtral de l'action apparait lointain et presque insaisissable. J'ai cependant trouvé que l'écriture échoue à surprendre, malgré des recherches stylistiques dont la multiplicité des narrateurs et des allers-retours temporels. Et le dernier tiers ne parvient pas à captiver dans sa tentative de percer un univers énigmatique, au bord d'un précipice.
mots-clés : #conditionfeminine #famille #sexualité
par Avadoro
le Dim 22 Jan - 15:54
 
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Sujet: Alessandro Baricco
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Khatarina Hagena

Le goût des pépins de pomme

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 13 Tylych41

A la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l'entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l'histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes


Katharina Hagena dans ce premier roman puise dans le souvenir d'une saga familiale , les réminiscences de l'enfance , des saveurs et drames qui ont fragilisé beaucoup de familles allemandes.
J'ai aimé cette nostalgie imprégnée de douceur , l'évocation des goûts d'autrefois qui ne nous quittent jamais , cette nécessité de garder en soi les parfums qui nous berceront toute une vie.
Un joli portrait générationnel de femmes que l'on découvre au détour d'un couloir , dans un jardin en croquant une pomme , dans la cuisine en dégustant de la marmelade.
En fouillant la vieille malle des vies disloquées en ressortent nos racines et l'on demeure alors dans la résidence de notre histoire que seule la douceur de la mélancolie habite.
Un joli roman , tendre et touchant qui emprisonne nos souvenirs pour ne pas qu'ils s'évanouissent et se perdent dans l'oubli.

Extraits:

[...] Anna aimait les boscops, Bertha les cox orange. En automne les chevelures des deux sœurs exhalaient un parfum de pommes, leurs vêtements et leurs mains également. Elles faisaient de la purée de pomme et du jus de pomme et de la gelée de pomme à la cannelle, et la plupart du temps, elles avaient des pommes dans les poches du tablier et une pomme entamée à la main. Bertha commençait par croquer rapidement un large anneau autour du ventre de la pomme, puis elle grignotait prudemment le bas autour de la fleur, ensuite le haut entourant le pédoncule, quant au cœur, elle le jetait au loin par-dessus son épaule. Anna mangeait lentement et consciencieusement, de bas en haut - tout. Les pépins, elle les mâchonnait durant des heures. Lorsque Bertha lui disait que les pépins étaient empoisonnés, Anna répliquait qu'ils avaient un goût de massepain. [...]


A partir d’une certaine quantité de souvenirs, chacun devait finir par en être saturé. L’oubli n’était donc lui-même qu’une forme de souvenir. si l’on n’oubliait rien, on ne pourrait pas non plus se souvenir de quoi que ce soit. Les souvenirs sont des îles qui flottent dans l’océan de l’oubli. Il y a dans cet océan des courants, des remous, des profondeurs insondables. Il en émerge parfois des bancs de sable qui s’agrègent autour des îles, parfois quelque chose disparaît. Le cerveau a ses marées. Chez Bertha, les îles avaient été submergées par un raz-de –marée. Sa vie gisait-elle au fond de l’océan ?



mots-clés : #famille
par Ouliposuccion
le Sam 21 Jan - 15:47
 
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Sujet: Khatarina Hagena
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Olivier Bourdeaut

En attendant Bojangles

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Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur "Mr. Bojangles" de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.


Tout d'abord pour accompagner votre lecture , musique ! Je n'y résiste pas. Bienvenus dans le monde de Bojangles , mon coup de cœur fatal.



A la une , à la deux , à la trois , je me lance et évoque cet ovni complètement givré , brillant , qui déborde d'une énergie positive en mettant en fuite toute retenue que je pourrais avoir en ouvrant un livre dont on parle tant et qui rafle tellement de prix.

"Ceci est mon histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça."


Je fuis dans ce monde sous fond de Mr Bojangles , dans cet appartement où ces murs si singuliers abritent des êtres qui réinventent la vie par amour , qui défient l'inéluctable pour savourer encore et encore cette fusion si parfaite. J'ai ri , je n'ai pas lu un humour aussi décalé depuis longtemps , ni n'ai été aussi bousculée par des personnages aussi fascinants que beaux. Je me suis lovée dans cette poésie et me suis laissée embarquer telle une petite bulle de champagne au gré des secousses , complètement immergée et ivre de ces lignes pétillantes où l' effervescence de ces êtres font de nos existences une danse de salon des plus folles et des plus touchantes.Les jours passent, sans pareille la folie s'installe sans que la dévotion ne détale parce que rien ne sera gâché , tout , nous serons toujours enlacés.
Olivier Bourdeaut n'osait pas écrire parce qu'il se sentait tout petit devant sa bibliothèque , aujourd'hui il fait partie de la mienne et s'il n'avait pas sauté le pas , il aurait fallu l'inventer parce qu'il ne ressemble à personne.
Je n'écouterai plus jamais ce morceau de la même façon , je n'oublierai pas cette émotion qui m'a envahie et m'a fait osciller entre rire et déchirement , ni cette leçon de vie et ces personnages auxquels je me suis tant attachée.
Ce n'est qu'un premier livre et j'ai l'espoir qu'un suivant viendra m'enivrer une seconde fois.
A quand , Olivier Bourdeaut ?

Une merveille.
mots-clés : #famille #pathologie
par Ouliposuccion
le Ven 20 Jan - 17:41
 
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Sujet: Olivier Bourdeaut
Réponses: 5
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