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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 18:30

39 résultats trouvés pour journal

Daniel Defoe

Journal de l’année de la peste

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Defoe10

« Affreuse peste à Londres fut
En l’an soixante et cinq
Cent mille personnes elle emporta
Quant à moi, pourtant, toujours je suis là »

Le livre n’est pas vraiment un roman, bien qu’il comporte des épisodes dont la forme de narration appartient à ce genre, ni vraiment un récit ou un témoignage. Il est un peu de tout cela à la fois – peut-être comme Robinson Crusoë que je n’ai jamais lu ?  Crying or Very sad
Il se présente comme un vrai-faux journal. Faux puisque l’auteur n’avait que cinq ans à l’époque de la grande peste qui ravagea Londres en 1665. Cependant, Defoe a pu recueillir des témoignages de première main, consulter nombre de documents disparus aujourd’hui ; n’oublions pas que la capitale sera touchée l’année suivant par un terrible incendie qui la dévasta complètement. Habile romancier, Defoe multiplie les petits détails concrets qui laissent supposer au lecteur qu’il a assisté réellement à certaines scènes décrites. Parfois, il revendique l’exactitude d’un fait parce qu’il l’a observé, d’autres fois, il avoue n’en savoir rien car il s’est basé sur des témoignages.
Le journal est donc supposé rédigé par un bourgeois, sellier de son état, mais l’auteur à un moment déclare qu’il s’agit du journal de son oncle ! Defoe adopte donc le mode d’écriture de ce type de personnage, insistant parfois lourdement sur certains faits, répétant à plusieurs reprises la même chose. A ce sujet, évitez de lire des traductions trop anciennes qui ont lissé le texte, lui enlevant ainsi une grande partie de son charme.
Defoe sait ménager le suspens : début de l’épidémie qui ne semble pas bien méchante et toucher seulement quelques quartiers, multiplication des décès et affolement de la population jusqu’à l’apocalypse de l’automne, enfin, la décrue du nombre des morts au cours de l’hiver.
Lorsque Defoe écrit son « journal », publié en 1722, il a en tête un événement et un but précis : l’épidémie de peste qui a dévasté Marseille et la Provence en 1722. Que ferait-on si la peste revenait à Londres ?
Le livre se présente donc également et surtout comme une enquête précise et, il faut le souligner, très intelligente, sur les mécanismes de l’épidémie et les moyens de s’en prémunir.
Ainsi Defoe s’interroge sur :
1- les statistiques des morts et fait remarquer qu’au départ le nombre de décès s’accroit mais que les cas sont attribués à différentes causes, fièvres, coliques etc. on ne reconnait pas la maladie, puis on la cache pour ne pas effrayer la population avec le mot « peste ».
2- les différentes formes de la maladie sans pouvoir toutefois distinguer clairement peste bubonique et peste pneumonique. Il comprend néanmoins que la maladie présente plusieurs aspects dont certains sont plus dangereux que les autres.
3- les mesures prophylactiques à adopter. Defoe fait un sort aux astrologues et fabricants de remèdes miracle, premières victimes de leurs prédictions et de leurs remèdes. Il comprend que le mal se propage par contact, sans bien sûr soupçonner le rôle des rats et des puces ; mais tous les chiens et chats ont été zigouillés dès le début de l’épidémie.
4- Defoe s’interroge longuement sur le bien-fondé d’une mesure qui a soulevé de nombreuses critiques à l’époque : le fait de consigner les familles chez elles en cas d’infestation. De fait, la mesure était particulièrement cruelle puisqu’elle condamnait pratiquement toute la famille à mourir de la peste. Surtout, souligne Defoe, elle a été inefficace car beaucoup d’habitants ont pu s’enfuir. D’autre par, des membres de la famille avant déclaration de la maladie ont pu diffuser le virus alors qu’ils se croyaient sains
5- la meilleure défense pour Defoe est la fuite à l’extérieur, mais rapidement des barrages ont été établis pour éviter que les Londoniens propagent la peste dans les campagnes. Il préconise aussi de s’enfermer chez soi avec des vivres et de limiter les contacts avec l’extérieur.
6- Defoe souligne le courage et l’efficacité des édiles qui ont réussi à approvisionner en nourriture la population et qui a combattu comme elle l’a pu l’épidémie.
7- Defoe parle de la détresse économique de la ville : artisans et ouvriers n’ayant plus de travail tombent dans la misère ; les navires anglais ne peuvent plus accoster dans les grands ports d’Europe.
Toutes ces considérations n’alourdissent pas un récit enlevé qui alterne moments terrifiants : les charrettes des morts déversant la nuit leur contenu dans les fosses communes au milieu des feux censés purifier l’air de la pestilence, des épisodes comiques comme le joueur de cornemuse ivre qui se réveille dans la charrette des morts ou romanesques avec les aventures d’un groupe fuyant la ville et que suit un temps l’auteur.
Hautement recommandable ! Very Happy

Mots-clés : #documentaire #historique #journal #mort #pathologie
par ArenSor
le Dim 12 Mai - 20:05
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
Sujet: Daniel Defoe
Réponses: 32
Vues: 5158

Sylvain Tesson

Géographie de l'instant

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Tesson11
2012 -  nouvelle édition augmentée en 2014.
Genre: notes, brèves, journal (bloc-notes, selon l'auteur) souvent publiées déjà, dans des publications éparses, comme le magazine Grands Reportages et divers autres titres de presse.
Comptez 390 pages à peu près, plutôt aérées et digestes.




Alors que M. Sylvain Tesson redoute surtout d'être décousu, il peut s'avérer redondant, carrément répétitif, mais c'est le jeu du bloc-notes, à ce jeu-là tout le monde n'est pas Mauriac, qui n'est d'ailleurs pas l'aune de la mesure du genre.

Le propos a souvent la brillance du vernis, celle qu'on s'abstiendra de gratter afin que ça luise encore, et parfois M. Sylvain Tesson nous sert d'authentiques petites succulences.

Comme celle du mandchou qui se croit d'origine française, bien jolie.

Comme Novembre 2010, notre Grand Reporter sur la frégate Ventôse abordant en Haïti après le désastre aux plusieurs centaines de milliers de morts, mais, paille dans le diamant, il l'a honnêteté de se décrire, au bout du compte, dans ce monde d'apocalypse, sur la terrasse de l'hôtel Olofsson, bière Prestige fraîche et litron de mauvais rhum, en train de bouquiner L'énigme du retour, de Danny Laferrière, franchement, même si Laferrière est brillant, haïtien et exilé, ça n'apporte rien, le coté cru y perd, même si je comprends bien le but de la démo, après la pire catastrophe, dans le dénuement le plus extrême, les gens ont aussi besoin de livres, pour étonnant que cela puisse sembler.  

Le meilleur n'est pas loin d'être dans l'addenda de la nouvelle édition, en particulier les pages sur le nomadisme, voire celles sur l'Islande.

Mais notre globe-trotteur, déplaisant rageux, n'est pas convainquant dans ses diatribes d'enfonce-portes-ouvertes, et ne nous apprend pas grand chose que nous ne savions déjà, à moins bien sûr de s'intéresser à la teneur du jet de M. Tesson: Est-il plutôt acide ou plutôt aigre ?
Il faut être Léon Bloy (qui n'est pas le moins cité par notre ambulante mitraillette à citations) pour un tel rentre-dedans sur ce ton-là, mais, c'est écrit sans abaisser M. Sylvain Tesson, convenons que c'est là un tout autre projet d'œuvre, pour une toute autre carrure littéraire.     

Ses éructations à l'emporte-pièce, son humour qui si exceptionnellement est joie, mais qui érige plutôt d'ordinaire le castigat ridendo en système, ses horribles amalgames, ses jugements péremptoires, font que ce prétendu combattant anti-beaufitude à la Cabu passe en fait d'une beaufitude à l'autre. Patatras.
Du poil-à-gratter au provo, de l'impétrant au malséant, du montreur de vertu à l'égotique.

De même, à la différence de nombreux écrivains-voyageurs de toutes époques et tous styles, il semble ne jamais s'inclure dans la critique, et, d'une façon générale, ce grand érudit ne paraît pas pratiquer l'humilité, encore moins la compter au nombre des vertus.

Curieux, si ce n'est suspect, que les enseignements, leçons, reculs, altitudes prises, quêtes intérieures, altérités comprises et tout ce qu'il prétend comme métamorphoses qu'engendre le voyage parviennent, in fine, à ça.
En plus, dans ce livre-là du moins, les moments exceptionnels de ses voyages, il y fait certes parfois allusion, mais pas le moins du monde il ne les donne à partager au lecteur, ou bien si peu.

Ses étais de discours-monologues, pour les moins toniques d'entre ceux-ci (les meilleurs sont emballants, et justifient la lecture), semblent davantage tenir par un labeur de fertilisation, consistant en un épandage de citations et de références culturelles: même si, soulignons les qualités, l'à-propos est au rendez-vous.
Du coup, faut-il s'étonner si d'aucuns, sur ce fil, lui apposèrent la pancarte hautain, collet-monté (pour le dire gentiment) ?

Son écriture à peu près 100% type presse-magazines me fait tiquer, ne pouvait-il pas saisir l'occasion du livre pour peigner un peu sa laine ?
Alors je sais, ce n'est que la moindre des choses pour une compilation de parutions-presse, et puis ça ne fatigue pas le lecteur, ça fait proche (et donc anti-collet-monté du moins dans la forme), etc...  

J'émets aussi le petit regret qu'il n'aille pas jusqu'au bout du discours eschatologique qu'il relaie pourtant en mode haut-parleur (après, peut-être le fait-il ailleurs, dans ses écrits ou ses activités télévisuelles).

Néanmoins, à le lire, je ressens souvent quelques connivences, à moins que ce ne soit des accointances.  
Spoiler:


Il m'arrive de petitement jubiler, quand il prend vraiment de l'altitude en se débarrassant de toute posture (par ex. pas quand il parle de parachutisme, quoi, pour bien me faire comprendre), même dans ses aspersion de corrosif, tout en gardant conscience que certains passages vont réjouir les uns et me débectent, d'autres fois ce sera vice-versa exemple:
Quand il pourfend la chasse, c'est -à mon humble avis- au niveau pré-ado de la charge, à se demander où est passé son talent de plume, tandis que d'aucuns esquisseront un signe de gaieté.
En sens inverse, autre exemple, pour ma part c'est un propos comme celui-ci sur le théâtre moderne que je trouve succulent et drôle, d'autres tordront le nez:
Juillet 2010 a écrit:Il y a un théâtre de plein-vent qui se distingue d'un théâtre antipoétique, porteur de messages, fermé sur sa propre parole. Entre les deux, la différence qui sépare une steppe mongole d'un parking souterrain. Lassé des productions de ce théâtre autiste post-brechtien, qui ne s'adresse plus qu'à lui-même, de ces intermittents déchirés entre le besoin de liberté et celui des points-retraite, de ces metteurs en scène qui ont mis les textes au service de leurs arrangements personnels et de ces artistes idéologisés qui confondent représentations et meetings [...]


Notre proclamé wanderer disruptif prend l'avion comme moi le vélo mais nous assène fin du monde, décroissance, déserts, déforestation de la forêt tropicale, insectes et fonds marins: comment dire ? On est d'accord sur toute cette ligne-là,
En étant bien conscients que c'est pas assez, en priant d'accepter les excuses pour le trop peu.
Humblement (voir ce mot, M. Tesson) nous effectuons au moins mal notre part du colibri (comme dit Pierre Rhabi) et même plus (mais sans dire je dirai même plus), sans le clamer sur les toits à stégophiles ni présenter une telle empreinte carbone (à quoi il répondra sans doute que c'est pour nous informer, à quoi l'on rétorquera bien, justement, fais-le, informe-nous etc..., etc...).


Sylvain Tesson, dans cet opus ?
églantine a écrit:C'est un "sale gosse" attachant , avec un charme fou , un ego qui n'en peut plus , vif et cultivé.


Toutefois la séduction est susceptible d'opérer.
Dire si j'ai apprécié cette lecture ?
Je ne sais pas trop, il faut que je sorte le nuancier pour voir ce qu'il y a entre à la rigueur, médiocre, passable, si vous n'avez rien d'autre à lire et moyen.

Je me demande quel compagnon de bivouac il fait, surtout sur un bivouac bien galère, un qui entame dur, les nerfs à fleur de peau ?
Allez, adorable, exceptionnel, j'en jurerai.
Peut-être faudra-t-il veiller à bien planquer le flasque de Cognac tout au fond du sac-à-dos, mais ce serait bien la seule précaution.

Le mot de la fin à Shanidar, toute en mise à nu et synthèse, qui paraît avoir mis le doigt où ça ne fait pas du bien:
shanidar a écrit:le paradoxe qui consiste à vouloir se retirer du monde tout en parlant de soi à l'infini. Il y a bien là quelque chose d'un peu patraque.





Mots-clés : #contemporain #journal #mondialisation #voyage
par Aventin
le Ven 10 Mai - 11:08
 
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Sujet: Sylvain Tesson
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Paolo Rumiz

Aux frontières de l’Europe

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Aux_fr10


Comme trop souvent, le sens du titre original a été remplacé par une généralisation douteuse : La frontiera orientale dell’Europa correspond bien plus clairement au contenu du livre…
L’« Autre Europe » à sa frontière, six mille kilomètres du Nord au Sud ‒ son centre (entièrement hors de de l’Union Européenne !), la Mitteleuropa, « parcours en zigzag sur la fermeture éclair de l’Europe ». Voyage « vertical », effectué en 2008, avec sa compagne, qui curieusement n’apparaît pas fréquemment dans ce compte-rendu à la première personne du singulier…
Paolo Rumiz a 60 ans, et voyage léger :
« Inutile de se préparer, tant le voyage fera de son mieux pour déjouer tous nos projets. Tout cela, au fond, est une métaphore de la vie, une préparation au grand déménagement. Quelquefois, je me dis que celui qui a franchi de nombreuses frontières est aussi plus prêt à mourir. Il craint moins l’inconnu qu’un sédentaire. »

Il grince beaucoup, conspue la globalisation mondiale et les changements, disparition des paysans et des Juifs, perte d’identité (et d’intérêt pour le voyageur), c’était mieux avant ‒ mais s’il y avait au moins partiellement un fond de vrai dans ces lamentations ? Acariâtreté ou constatation qui s’avère ?
Au départ, c’est l’été, et il neige, car le voyage s’effectuera du Nord au Sud. Norvège, terre du silence. Mourmansk, la Russie près du cercle arctique, presque soviétique, la Frontière incarnée. Péninsule de Kola ravagée par l’exploitation minière, rennes des Samis (Lapons) en voie d’extinction, mer Blanche, poêles et trains russes, Carélie, Baltique, Courlande, Lettonie, Estonie, Lituanie, églises orthodoxes et cimetières juifs, Kaliningrad, Pologne, Biélorussie, Polésie, eaux (lac, rivières, fleuves), Carpates, Ukraine, mer Noire, Bosphore.
Géographie, mais aussi histoire, et donc politique… et un certain engagement, notamment écologique (mais pas pro-Union Européenne).
« …] à l’ouest, l’aventure s’arrêtait, dans le carnet les notes ne manquaient jamais de se raréfier et il y avait dans l’air ce mélange à nul autre pareil de bondieuserie catholique bien-pensante et d’obsession protestante du "faire", qui empoisonne mon univers. Aussitôt son moralisme, sa propreté aseptisée, ses agaçantes petites fleurs aux fenêtres sa présomption d’innocence tout à fait injustifiée m’ont tapé sur les nerfs. Sans parler de sa prétention d’être le cerveau d’un espace politique capable de s’autogouverner, plutôt que son estomac exposé à des maux de ventre de la plus basse origine. »

« Dans la rue, les femmes sont belles, pleines de vie, elles sont le fruit fertile de l’abâtardissement. "Gemischtes Blut is das Beste", disait la vieille dame qui m’apprenait l’allemand, chassée des Sudètes en 1945. Le sang-mêlé est le meilleur. Elle disait que les femmes sont un indice infaillible de ce facteur bâtard de l’Europe. La beauté émigre des ethnies monolithiques pour se mettre en quête des espaces où se font les mélanges. »

La frontière, c’est aussi la ligne sismique, le nouveau rideau de fer…
Voyager c’est encore des attentes, autant d’occasions de rencontres.
On pense bien sûr au Danube de Magris, son aîné également triestin, et à Bouvier évidemment, patron des écrivains-voyageurs. Et ça remue des souvenirs de la route, « […] le livre, père de tous les voyages imaginaires […] »


Mots-clés : #journal #voyage
par Tristram
le Mar 16 Avr - 0:09
 
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Patti Smith

Dévotion

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 41kcsx10


Encore un petit cabinet de curiosité qui s'ouvre sur la mélancolie quasi-pathologique de cette femme singulière.
J'ai eue le sentiment d'une écriture plus rapide, moins pesée, que M Train, plus altruiste du coup. Comme d'une âme moins esseulée en fait. Smith nous prend par la main, nous amène avec elle pour son voyage en France, et raconte avec grande finesse son voyage en filigranne à Paris alors qu'elle était toute jeune, en compagnie de sa soeur. C'est totalement beau.
On sent les ennuis, les poncifs, la sincérité.
On sent aussi son talent pour élever son quotidien. Vraiment, dans MTrain cela m'avait marquée, et bien là rebelotte. Elle sait respecter et élever son existence, la légitimer. Une grâce importante, non ?
Et puis elle nous raconte, dans un passage à vide à Sète, comment nait soudain, en partant le jet d'écriture cette fois fictionnelle. Et son récit s'achève. On tourne la page et on est invité à découvrir ce texte de fiction, tissé de tout ce qu'elle a dit avant. Le dit est romantique au diable, maladroit, pas toujours bien ficelé, brut. Une expérience de passage de la fiction au reel, et de la pensée abstraite à la fiction passionnante, intime. Qui trahit un imaginaire de midinette, dirait-on, mais qu'importe, du moment qu'elle est sincère.
On revient ensuite à un texte-récit, auprès de la veuve de Camus et sa fille. On devine comme Patti Smith maitrise ses doubles intimes, elle assoit encore une fois sa personnalité envers et contre tout, tout contre ce qu'on lui offre : elle se retire, elle écrit. Un beau voyage vers un égo réel mais fertile.


mots-clés : #autobiographie #creationartistique #initiatique #journal #nouvelle
par Nadine
le Dim 3 Fév - 14:49
 
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André Gide

Voyage au Congo suivi de Le Retour du Tchad (suite)

Mine de rien, ça me rappelle quelque chose de plus actuel :
« Qu’est-ce que ces Grandes Compagnies, en échange, ont fait pour le pays ? Rien [Note : Elles n’ont même pas payé leurs redevances à l’État. Il a fallu l’huissier et l’énergie du Gouverneur Général actuel pour faire rentrer un million d’arriéré.]. Les concessions furent accordées dans l’espoir que les Compagnies "feraient valoir" le pays. Elles l’ont exploité, ce qui n’est pas la même chose ; saigné, pressuré comme une orange dont on va bientôt rejeter la peau vide.
"Ils traitent ce pays comme si nous ne devions pas le garder", me disait un Père missionnaire. »

On atteint à l’intemporel :
« Que ces agents des Grandes Compagnies savent donc se faire aimables ! L’administrateur qui ne se défend pas de leur excès de gentillesse, comment, ensuite, prendrait-il parti contre eux ? Comment, ensuite, ne point prêter la main, ou tout au moins fermer les yeux, devant les petites incorrections qu’ils commettent ? Puis devant les grosses exactions ? »

« Mais, tout de même, aller jusqu’à dire : Que deviendraient sans nous les indigènes ? me paraît faire preuve d’un certain manque d’imagination. »

L’articulation de l’opposition entre Administration étatique et bureaucrate et Grandes Concessions, compagnies commerciales capitalistes, entreprises privées uniquement préoccupées de profit, me paraît transposable de nos jours (hors référence coloniale). Il me semble aussi que le distinguo entre les deux aspects de la colonisation est important à faire historiquement (la gouvernementale pourvoyant tant bien que mal, au moins officiellement, aux soins médicaux et à la lutte contre les épidémies, à l’éducation scolaire, au tracé des routes et à la construction du chemin de fer, etc.).
« Un maître indigène stupide, ignare et à peu près fou, fait répéter aux enfants : Il y a quatre points cardinaux : l’est, l’ahouest, le sud et le midi. [Note : Il est vraiment lamentable de voir, dans toute la colonie, des enfants si attentifs, si désireux de s’instruire, aidés si misérablement par de si insuffisants professeurs. Si encore on leur envoyait des livres et des tableaux scolaires appropriés ! Mais que sert d’apprendre aux enfants de ces régions équatoriales que « les poêles à combustion lente sont très dangereux », ainsi que j’entendais faire à Nola, ou que « Nos ancêtres les Gaulois vivaient dans des cavernes ».
Ces malheureux maîtres indigènes font souvent de leur mieux, mais, à Fort-Archambault tout au moins, ne serait-il pas décent d’envoyer un instituteur français, qui parlât correctement notre langue. La plupart des enfants de Fort-Archambault, fréquentant des colons, savent le français mieux que leur maître, et celui-ci n’est capable de leur enseigner que des fautes. Qu’on en juge : voici la lettre qu’il écrit au chef de la circonscription :
« Mon Commendant
J’ai vous prier tres humblement de rendre compte qu’une cheval tres superbement ici pour mon grand frère chef de village sadat qui lui porter moi qui à vendu alors se communique si vous besien sara est je veux même partir chez vous pouvoir mon Commandant est cette cheval Rouge comm Ton cheval afin le hauteur dépasse ton cheval peut être. ».
(Signature illisible).]
»

« Ces agents, qui n’ont jamais mis les pieds aux colonies, modifient à leur gré et selon leur appréciation particulière, les commandes, ne tenant le plus souvent aucun compte des exigences spécifiées. [Note : En cours de route, nous en verrons d’ahurissants exemples : Tel administrateur, (je craindrais de lui faire du tort en le nommant) reçoit trente-deux roues de brouettes, mais ne peut obtenir les axes et les boulons pour les monter. Un autre, (il s’agit d’un poste important) reçoit 50 crémones, mais sans les tringles de métal qui permettraient de se servir de ces crémones ; et, comme il signale l’oubli des tringles, il reçoit un nouvel envoi, aussi important, de crémones, mais toujours pas de tringles. Un troisième administrateur reçoit un coffre-fort démontable ; mais on a oublié d’y joindre les boulons qui permettraient de le monter.] »

« Il ne me suffit pas de me dire, comme l’on fait souvent, que les indigènes étaient plus malheureux encore avant l’occupation des Français. Nous avons assumé des responsabilités envers eux auxquelles nous n’avons pas le droit de nous soustraire. Désormais, une immense plainte m’habite ; je sais des choses dont je ne puis pas prendre mon parti. Quel démon m’a poussé en Afrique ? Qu’allais-je donc chercher dans ce pays ? J’étais tranquille. À présent je sais ; je dois parler. Mais comment se faire écouter ? »

Il y a beaucoup d’éléments apportés à la réflexion sur le racisme (qui pour mener à l’horrible n’est pas toujours aussi simple qu’on voudrait le croire) :
« Je continue de croire, et crois de plus en plus, que la plupart des défauts que l’on entend reprocher continuellement aux domestiques de ce pays, vient surtout de la manière dont on les traite, dont on leur parle. Nous n’avons qu’à nous féliciter des nôtres – à qui nous n’avons jamais parlé qu’avec douceur, à qui nous confions tout, devant qui nous laissons tout traîner et qui se sont montrés jusqu’à présent d’une honnêteté parfaite. Je vais plus loin : c’est devant tous nos porteurs, devant les habitants inconnus des villages, que nous laissons traîner les menus objets les plus tentants pour eux, et dont le vol serait le plus difficilement vérifiable – ce que, certes, nous n’aurions jamais osé faire en France – et rien encore n’a disparu. Il s’établit, entre nos gens et nous, une confiance et une cordialité réciproques, et tous, sans exception aucune, se montrent jusqu’à présent aussi attentionnés pour nous, que nous affectons d’être envers eux. [Note : Ce jugement qui pourrait sembler peu mûri n’a fait que se confirmer par la suite. Et j’avoue ne comprendre pas bien pourquoi les blancs, presque sans exception, tant fonctionnaires que commerçants, et tant hommes que femmes, croient devoir rudoyer leurs domestiques – en paroles tout au moins, et même alors qu’ils se montrent réellement bons envers eux. Je sais une dame, par ailleurs charmante et très douce, qui n’appelle jamais son boy que « tête de brute », sans pourtant jamais lever la main sur lui. Tel est l’usage et : « Vous y viendrez aussi, vous verrez. Attendez seulement un mois. » – Nous avons attendu dix mois, toujours avec les mêmes domestiques, et nous n’y sommes pas venus. Par une heureuse chance, avons-nous été particulièrement bien servis ? Il se peut… Mais je me persuade volontiers que chaque maître a les serviteurs qu’il mérite. Et tout ce que j’en dis n’est point particulier au Congo. Quel est le serviteur de nos pays qui tiendrait à cœur de rester honnête, lorsqu’il entendrait son maître lui dénier toute vertu ? Si j’avais été le boy de M. X… je l’aurais dévalisé le soir même, après l’avoir entendu affirmer que tous les nègres sont fourbes, menteurs et voleurs.
– « Votre boy ne comprend pas le français ? demandai-je un peu inquiet.
– Il le parle admirablement… Pourquoi ?
– Vous ne craignez pas que ce qu’il vous entend dire… ?
– Ça lui apprend que je ne suis pas sa dupe. »
À ce même dîner, j’entendais un autre convive affirmer que toutes les femmes (et il ne s’agissait plus des négresses) ne songent qu’à leur plaisir, aussi longtemps qu’elles peuvent mériter nos hommages, et qu’on n’a jamais vu de dévote sincère avant l’âge de quarante ans.
Ces Messieurs certainement connaissent les indigènes comme ils connaissent les femmes. Il est bien rare que l’expérience nous éclaire. Chacun se sert de tout pour s’encourager dans son sens, et précipite tout dans sa preuve. L’expérience, dit-on… Il n’est pas de préjugé si absurde qui n’y trouve confirmation.
Prodigieusement malléables, les nègres deviennent le plus souvent ce que l’on croit qu’ils sont – ou ce que l’on souhaite, ou que l’on craint qu’ils soient. Je ne jurerais pas que, de nos boys également, l’on n’eût pu faire aisément des coquins. Il suffit de savoir s’y prendre, et le colon est pour cela d’une rare ingéniosité. Tel apprend à son perroquet : « Sors d’ici, sale nègre ! » Tel autre se fâche parce que son boy apporte des bouteilles de vermouth et d’amer lorsque, après le repas, il lui demande des liqueurs : – « Triple idiot, tu ne sais pas encore ce que c’est que des apéritifs !… » On l’engueule parce qu’il croit devoir échauder, avant de s’en servir, la théière de porcelaine dont il se sert pour la première fois ; ne lui a-t-on pas enseigné en effet que l’eau bouillante risque de faire éclater les verres ? Le pauvre boy, qui croyait bien faire, est de nouveau traité d’imbécile devant toute la tablée des blancs.] »

Gide pointe aussi de menus travers qui déroutent l’Occidental en Afrique, comme le sempiternel problème des prix, parfois minorés parce qu'un Blanc est essentiellement le chef à qui tout est dû ‒ mais le plus souvent c'est ce dernier qui marchande, de crainte d’être dupe :
« L’absence de prix des denrées, l’impossibilité de savoir si l’on paye bien, ou trop, ou trop peu, les services rendus, est bien une des plus grandes gênes d’un voyage dans ce pays, où rien n’a de valeur établie, où la langue n’a pas de mot pour le merci, où, etc. »

Je serais curieux de percevoir ce que cet esthète a pu entendre :
« L’invention rythmique et mélodique est prodigieuse – (et comme naïve) mais que dire de l’harmonique ! car c’est ici surtout qu’est ma surprise. Je croyais tous ces chants monophoniques. Et on leur a fait cette réputation, car jamais de « chants à la tierce ou à la sixte ». Mais cette polyphonie par élargissement et écrasement du son, est si désorientante pour nos oreilles septentrionales, que je doute qu’on la puisse noter avec nos moyens graphiques. »

Péripéties exotiques :
« Les pagayeurs, dans la grande cour devant le poste, n’ont guère arrêté de tousser cette nuit. Il ne fait pas très froid ; mais le vent s’est élevé. Le sentiment de leur gêne, dont je suis indirectement responsable, me tient éveillé. Combien je me félicite d’avoir acheté à Fort-Lamy une couverture de laine supplémentaire pour chacun de nos boys. Mais que ces pauvres gens, à côté, soient tous nus, le dos glacé par la bise tandis que le ventre rôtit à la flamme, et n’osent s’abandonner au sommeil de peur de se réveiller à demi-cuits (l’un d’eux nous montrait ce matin la peau de son ventre complètement rissolée et couverte de cloques) après qu’ils ont peiné tout le jour – cela est proprement monstrueux.
Bain dans le Logone, assez loin du poste, sur un banc de sable, en compagnie de deux aigrettes, d’un aigle-pêcheur et de menus vanneaux (?). Ce serait parfait sans la nécessité de garder son casque. Immense bien-être ensuite. »

« Oui, si parfaite que puissent être la méditation et la lecture dans la baleinière, je serai content de quitter celle-ci. Tout allait bien jusqu’à l’hippopotame ; mais depuis que les pagayeurs ont suspendu tout autour de nous ces festons puants, on n’ose plus respirer qu’à peine. »

« Et déjà l’on voit s’avancer vers nous 25 cavaliers d’aspect bizarre, sombre et sobre ; ce n’est que lorsqu’ils sont tout près que l’on comprend qu’ils sont vêtus de cottes de mailles d’acier bruni, coiffés d’un casque que surmonte un très étrange cimier. Les chevaux suent, se cabrent, soulèvent une glorieuse poussière. Puis, virevoltant, nous précèdent. Le rideau qu’ils forment devant nous s’ouvre un demi-kilomètre plus loin pour laisser s’approcher 60 admirables lanciers vêtus et casqués comme pour les croisades, sur des chevaux caparaçonnés, à la Simone Martini. Et presque sitôt après, ceux-ci s’écartent à leur tour, comme romprait une digue, sous la pression d’un flot de 150 cavaliers enturbannés et vêtus à l’arabe, tous portant lance au poing. »

Bref, c’est passionnant, et je ne sais pas comment j’ai pu omettre cette lecture jusque maintenant.




mots-clés : #aventure #colonisation #journal #voyage #xixesiecle
par Tristram
le Sam 10 Nov - 14:36
 
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André Gide

Paludes :

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Ghjghj10

Commentaire qui s'inscrit dans le cadre d'une relecture. Toujours jubilatoire ce roman de jeunesse de Gide qui se veut à la fois critique du roman naturaliste ou réaliste et à la fois un questionnement philosophique sur la place de l'auteur puis de l'homme.

Paludes c'est le nom d'un écrit du personnage principal, c'est le questionnement situationnel de chaque action, situation et responsabilité. Agir est ce de la responsabilité de la personne ? Ecrire qu'on va agir est ce s'engager ? Agissons nous lorsque l'on ne fait qu'exister ? Exister est ce une suite d'actions ?

Magnifiquement écrit avec un style maîtrisé au point de donner des complexes à l'écrivain amateur que nous sommes (il avait 24 ans) Paludes trouve son héritage philosophique chez Kierkegaard, Descartes et Spinoza.

Souvent moqué, critiqué pour son immaturité ce fut surtout un grand coup de pied dans le monde littéraire et dans le monde philosophique. Une oeuvre importante.

mots-clés : #creationartistique #journal
par Hanta
le Dim 17 Déc - 20:06
 
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Isabelle Eberhardt

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 97828410

Sud oranais

4° de couverture :
Sud Oranais est le journal de route du dernier séjour d'Isabelle Eberhardt dans cette région troublée du Sahara algérien, où des tribus rebelles résistent encore à l'avancée coloniale, au début du XXe siècle. L'auteur emmène son lecteur des deux côtés d'une frontière indécise avec le Maroc, dans les camps bédouins, dans les cafés maures fréquentés par les légionnaires... et lui dévoile, de l'intérieur, la vie d'une petite cité théocratique.
Le manuscrit de ce dernier texte d'Isabelle Eberhardt a été retrouvé après plusieurs jours de fouille dans la boue de l'inondation d'Aïn Sefra, où l'auteur a péri le 21 octobre 1904.


Extrait :

" Djilali s'endort, et moi je regarde ce décor nouveau qui ressemble à d'autres que j'ai aimé, qui m'ont révélé le charme mystérieux des oasis. J'y retrouve aussi cette légère odeur de salpêtre, si spéciale aux palmeraies humides, cette odeur de fruit coupé, qui pimente tous les autres parfums de la vie à l'ombre ?Dans la quiétude profonde de cette clairière isolée, d'innombrables lézards d'émeraude et des caméléons changeants se délectent dans les taches de soleil, étalés sur les pierres.
Pas un chant d'oiseau, pas un cri d'insecte. Quel beau silence !
Tout dort d'un lourd sommeil et les rayons épars glissent entre les hauts troncs des dattiers comme des chevelures de rêve..."


Commentaire :

Au cours de son périple en Afrique du nord et plus précisement au sud Oranais, Isabelle Eberhardt fait une excursion dans le sud marocain, de l'autre côté d'une frontière qui lui parût peu étanche. Ce fut l'occasion d'être hébergée par le marabout Sidi Brahim Ould Mohamed;elle s'y présente sous l'identité et les vêtements d'un homme : Si Mahmoud ould Ali, jeune lettré tunisien qui voyage de zaouïa en zaouïa pour s'instruire. Elle relate donc la vie d'une zaouïa, une maison, d'un notable marocain.
Elle relate la présence d'esclaves Kharatine, des noirs, décrit son logement, sa vie quotidienne dans ces lieux, sa chambre, son entrevue avec Sidi Brahim ould Mohamed, son opinion sur les esclaves, sur le monde des femmes recluses dans la maison, le comportement de ces femmes est parfois savoureux, ainsi ce passage :
-"Parfois dans les cours, éclatent des disputes criardes qui précèdent des pugilats et des bondissements de nu au soleil.
Un matin, deux négresses s'invectivent devant ma porte.
- Putain des juifs du Mellah !
- Renégate, voleuse ! Graine de calamité ! Racine amère !
- Dieu te fasse mourir, juive, fille de chacal !
Tout à coup, la voix sifflante de Kaddour, l'intendant, vient mettre fin au scandale.
Elles se séparent, en chiennes hargneuses, avec des dents qui brillent dans l'injure et qui mordent les mots comme de la chair."

Elle décrit ensuite ce qui oppose Algériens et Marocains. A la lecture de ce livre on est transporté dans un autre temps, un autre univers, baigné de la poésie de ses écrits, que je l'avoue j'apprécie beaucoup.

p.s : en voyant la photo d'Eberhardt déguisée en marin je me souviens d'une photo de ma mère, elle aussi déguisée en marin, aux côté de mon père infirmier de marine dans le nord de la Tunisie, ils étaient jeunes, c'était après la fin de la dernière guerre, mon père après le debarquement de Provence était rentré en Tunisie pour s'y marier... I love you


mots-clés : #biographie #journal #nature #voyage
par Chamaco
le Sam 2 Déc - 11:37
 
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Sujet: Isabelle Eberhardt
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Robert Brasillach

Une génération dans l’orage

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Brasil11

Cet ouvrage comporte deux livres : « Notre avant-guerre » écrit en 1939-1940 et publié l’année suivante, « Journal d’un homme occupé » constitué de récits divers et d’extraits d’articles parus dans « Je suis partout », mis en ordre et publié après la mort de Brasillach par son beau-frère Maurice Bardèche.

Notre avant-guerre est une évocation du Paris des années 20 et 30 vu par Brasillach. Le récit commence avec l’entrée à Louis-le-Grand, l’exposition des arts décoratifs de 25, la découverte de la littérature, du cinéma muet, des théâtres. Il se poursuit par les premières expériences journalistiques et se termine par les voyages dans l’Espagne en guerre et en Allemagne lors du congrès de Nuremberg de 37.

Brasillach excelle dans un univers proustien, décrivant avec émotion et mélancolie un temps qui ne reviendra pas. L’extrait suivant en donne toute l’ambiance :

« Le soir de « Comme ci ou comme ça » ou le soir d’ « Hamlet », moins encore, d’une pièce oubliée, triste et énervée, qui peut dire ce qu’il est devenu dans notre symbolique personnelle ? C’était un soir de l’avant-guerre, un de ces soirs comme il n’y en aura plus, et on aura de la peine à savoir ce que de pareilles minutes pouvaient représenter pour nous, qui avions dix-sept ans, ce printemps parfumé, ces féeries envoûtantes, ces voix blanches et alternées. C’était un soir de l’avant-guerre, où l’on croyait encore à tant de choses, et à la jeunesse éternelle, et au goût de miel des tilleuls sur Paris. »


Le style de Brasillach peut être qualifié de « vieille France », ce qui n’est pas pour moi péjoratif, bien au contraire. Des phrases amples, admirablement construites, sans scories. La plume nous accompagne avec fluidité, sans aucune lassitude, dans un récit de 300 pages. Brasillach est sans conteste un bon écrivain, plaisant à lire.

Que peut-on en déduire de la personnalité de l’auteur ?  A Paris, à Louis-le-Grand et à l’ENS, Brasillach baigne dans un univers culturel marqué bien à droite, celui de l’Action française qui a beaucoup d’audience dans la 1ère moitié du 20e siècle. Ses compagnons se nomment Maurice Bardèche, qui deviendra son gendre, Thierry Maulnier, Georges Blond, et quelques autres,  il y a tout de même quelques exceptions comme Roger Vailland mais qui n’apparait que fugitivement. Brasillach va être amené à fréquenter Bainville, Gaxotte et celui qu’il considère comme le plus grand penseur politique de l’époque, Charles Maurras. Il est intéressant de voir les principes qui unissent tous ces personnages : anti bourgeoisie, culte de la jeunesse, de la nature, de la virilité, mépris sinon haine pour la démocratie. Tout cela s’enchaîne avec des gouvernements jugés corrompus et de compromis, qui amènent aux journées anti parlementaires de 1934, premier point de fracture. C’est à cette date par exemple que Rebatet renie l’Action française qu’il juge trop molle pour promouvoir un «fascisme à la française ». L’attitude de Brasillach semble plus nuancée, il gardera jusque 1940 (et peut-être au-delà) une grande admiration pour Maurras. La seconde rupture a lieu en 1936 avec le Front populaire, vécu comme une victoire du marxisme entraînant la pagaille, puis ce sera Munich et la guerre. Curieusement, Brasillach semble un peu en retrait de ces événements qu’il juge avec un certain détachement et une bonne dose d’ironie.

Le Journal d’un homme occupé
vaut surtout pour la description de la drôle de guerre et des manœuvres absurdes des régiments en mai et juin 1940. Brasillach narre également ses conditions de vie comme prisonnier dans un stalag.En revanche, les extraits de « Je suis partout » ont été choisis pour leur qualité littéraire et leur côté politique acceptable. Vous n’y trouverez pas la phrase terrible : « Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder les petits. »

Comment un individu cultivé, fin, sensible, doté d’une solide culture humanisme, d’humour et d’auto dérision, a-t-il pu en arriver à proférer de pareilles horreurs ? Il y a là une folle course vers l’abîme qui part d’une volonté de régime fort, à la fois social et national, qui passe par les hommages au Maréchal, sauveur de la France, à la collaboration et la situation se raidissant, se range définitivement au côté d’une Allemagne garante d’une grande Europe, ultime rempart contre la menace bolchevique.

Un point m’a frappé tout de même dans ces récits : la notion d’un « génie français » qui parcourt toute l’histoire de France à travers un certain nombre de réalisations et de figures tutélaires qu’elles soient politiques, littéraires ou artistiques. Il y a là une construction intellectuelle et morale qui se sent menacée par certaines catégories de la population : les Juifs, les Bolcheviques, pire les Juifs bolcheviques ! Tout cela protégé par un régime parlementaire corrompu, expert en alliances de partis et en compromis.

Alors pourquoi lire Brasillach aujourd’hui ? D’abord pour le plaisir du style, ce qui n’est pas rien ; ensuite pour une évocation sensible de certains milieux culturels de l’entre deux-guerres, de cette génération quelque peu sacrifiée ; enfin pour tenter de comprendre, encore et toujours ; même si c’est impossible ; en tout cas, « Une génération dans l’orage » offre quelques clefs.

Pour conclusion, on a souvent cité le général de Gaulle qui a refusé la grâce à Brasillach et qui a écrit : « Dans les Lettres, comme en tout, le talent est un titre de responsabilité ». Je suis assez en accord avec cette opinion.


mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre #journal
par ArenSor
le Lun 10 Juil - 19:21
 
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Sujet: Robert Brasillach
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Jim Fergus

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 51zadz10

Mille femmes blanches

En 1875, Little Wolf, un chef Cheyenne décide de rejoindre Washington pour faire une proposition assez incroyable au président Grant : il s'engage à livrer mille chevaux sauvages contre mille femmes blanches, en expliquant que les enfants étant toujours élevés par la tribu de la mère, les bébés qui naîtront de ces unions apprendront au contact de leur mère toutes les techniques blanches pour vivre sans les bisons. Ce qui apparaît comme lumineux ou franchement immoral, soulève un tolet à Washington et Grant entre deux hoquets (peut-être dus à son alcoolisme) quitte la salle scandalisé.

C'est sans compter sur le courrier de centaines de femmes prêtent à s'engager dans cette aventure folle. Le gouvernement fait un rapide calcul et se dit qu'un cheyenne apprivoisé vaut mieux qu'un cheyenne humilié. Dont acte. Seulement voilà, nous sommes loin des mille femmes blanches et il va donc falloir aller recruter dans les prisons et les asiles un peu de chair toute rose.

C'est ainsi que nous découvrons May Dodd, une femme enfermée dans un asile et qui pense échapper à l'horreur blanche en nomadisant avec les cheyennes.

Si le Journal de May Dodd permet au lecteur de découvrir mille et une facettes de la vie indienne, des relations (souvent basées sur des incompréhensions) entre les armées blanches et les tribus qu'elles tentent de parquer (soit disant pour les protéger mais en réalité pour mieux pouvoir les surveiller), j'avoue ne pas avoir été touchée par l'écriture extrêmement naïve de Jim Fergus.

Le texte n'est pas désagréable à lire, il gratte fort justement aux endroits qui font mal (le rapport aux femmes, à la sauvagerie, aux rituels, au respect de l'autre) mais l'ensemble est englué dans une sorte de mélasse un peu pâteuse, qui ne parvient pas à emporter la lecture.

Pas mal de fond mais pas assez de forme...



mots-clés : #historique #journal #minoriteethnique #Amérindiens
par shanidar
le Lun 19 Juin - 18:51
 
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Sujet: Jim Fergus
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Marie-Hélène Dumas

Journal d'une traduction

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 41ymjz10

Le temps de trois saisons,  c'est à dire le temps de traduire La république de l'imagination de Azar Nafisi, qui parle de l'exil à travers la fiction,  Marie-Hélène Dumas a tenu un "journal", accumulation de notes, récits, réflexions, citations et références sur le thème de la langue et ses collatéraux : l'exil, l'intégration, la transmission, l'échange et le voyage, et bien sûr la traduction, tous thèmes évidemment étroitement entrelacés.

Fille et petite fille de Russe blancs qui ont choisi l'assimilation, mais voulu lui transmettre la culture russe via une institution religieuse, Marie- Hélène Dumas a résolument tourné le dos à la langue  russe (mais l' a retrouvée pour parler avec sa mère sur son lit de mort).  De cet héritage mêlant fidélité et rupture avec les origines et la langue de  celles-ci, elle a hérité un tempérament qui quoique fondamentalement rebelle, la portait aussi à rechercher un confortable sentiment d'appartenance, comme une façon de se défaire de son étiquette d'immigrée. Dans cette ambiguïté-même, elle a laissé la porte ouverte aux rencontres, et au hasard, aux "circonstances" en quelque sorte. C'est ainsi qu'elle a eu des moments de vie très "conforme", au sein d'un couple banalement consumériste, laissant ensuite place à des voyages à l'aventure et au fil des rencontres, pour "finir" traductrice solitaire, jouissant de cette solitude habitée, de son jardin et de son indépendance, s'inscrivant sans en étouffer dans une  filiation particulière, la transmettant, à sa dose propre, à  ses filles et  ses petits-enfants.

De ce lignage dont elle creuse les tenants et les aboutissants, les comment et les pourquoi, elle a tiré un grand esprit d'ouverture à l'autre , d'acceptation de ses différences et errances et, une tolérance en quelque sorte, qui n'empêche pas un positionnement tranché, mais indulgent. Et elle s’est jetée dans l'anglais et l'espagnol, langues de musique, de discours amicaux ou  amoureux, de partage libre et non plus imposé, en somme.

La traduction s’inscrit dans cette ligne de découverte du texte de l'autre, de sa langue et de ses coutumes , et de transmission : une transmission affective et intellectuelle, en tout cas subjective, où le traducteur doit trouver sa place, c'est à dire trouver le mot, la formule. Elle se montre à l’œuvre, travaillant de la tête, des mains sur le clavier, des jambes qui l'emmènent vers une solution, dans un travail plus physique qu'il n'y parait , car les tripes aussi y sont pour quelque chose. Se donnant tout entière à ce travail qui est aussi plaisir voire jouissance, insinue-t'elle, passion, érudition  et épanouissement.

Cela donne un livre un peu fouillis (la forme "journal" veut cela), léger et réfléchi tout à la fois, savant et plein d'émotion. A travers la multiplicité des thèmes explorés, se dessine  une grande unité de projet; on découvre une personnalité audacieuse et mesurée tout  la fois, une femme passeuse qui réfléchit , défend son individualité sans rejeter ses racines, une attachante amoureuse du langage et de la vie.


Traduction-trahison?

Marie-Hélène Dumas a écrit:(...)pour qu'il y ait trahison de ce qui est écrit il faudrait que ce qui est écrit n'ait qu'un seul sens, un seul, ce qui n'est pas toujours le cas. Traduire c'est, entre autres, laisser au lecteur les mêmes possibilités d'interprétation que l'auteur l'a fait. Quand j'ai un doute et que je demande à un auteur ce qu'il a exactement voulu dire, ce qui maintenant peut se faire plus facilement et donc plus souvent qu'avant grâce aux e-mails, il me répond la plupart du temps (ce qui fait que c'est une question que je ne pose pratiquement jamais plus), J'ai écrit ce qui est écrit. En cela il suit l'affirmation de Valéry : « Il n'y a pas de vrai sens d'un texte. Pas d'autorité de l'auteur, quoi qu'il ait voulu dire, il a écrit ce qu'il a écrit. »




mots-clés : #journal #immigration
par topocl
le Mer 31 Mai - 15:19
 
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Sujet: Marie-Hélène Dumas
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Gaëlle Josse

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 51hkk510

Les heures silencieuses


Originale : Français, 2011

CONTENU :
4ème de couverture a écrit:Delft, novembre 1667. Magdalena Van Beyeren se confie à son journal intime. Mariée très jeune, elle a dû renoncer à ses rêves d'aventure sur les bateaux de son père, administrateur de la Compagnie des Indes orientales. Là n'est pas la place d'une femme... L'évocation de son enfance, de sa vie d'épouse et de mère va lui permettre l'aveu d'un lourd secret et de ses désirs interdits. Inspiré par un tableau d'Emmanuel De Witte, ce premier roman lumineux, coup de coeur des lecteurs et de la presse, dessine le beau portrait d'une femme droite et courageuse dans le peu d'espace qui lui est accordé.


REMARQUES/OPINION :
19 entrées (fictives) de diaire de Novembre, Décembre 1667 d'une longeur de 2-10 pages.

Des remarques ici et là, la 4ème de couverture peut-être, laissent penser qu'on a rapidemment compris le noyau de vie de cette femme. Mais éventuellement vaudrait-il mieux de renoncer à ces préavis, et simplement dire que Madeleine reconstitue avec ces entrées un peu sa vie.

L'écrivaine Gaëlle Josse part en fait d'une peinture vraiment existante du Hollandais Emmanuel de Witte de Delft (voir: http://collectie.boijmans.nl/nl/work/2313%20(OK) ) et y ajoute, introduit une « histoire possible ». Alors ici Magdalena est la première fille d'un administrateur riche et très influent de la richissime Compagnie néerlandaise des Indes orientales (voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_n%C3%A9erlandaise_des_Indes_orientales ). Ils vivent à Delft, au temps de Vermeer.

Dans son enfance Magda vivait une expérience traumatique qui la marque toute une vie net qui fera aussi partie de ces « confessions ». Sa mère enfantera « seulement » des filles, et malgré tout son savoir étendu sur le commerce Magda ne deviendra pas l'héritière, mais son mari Pieter, ancien capitain d'un des bateaux de la flotte. Même en vivant en assez bonne entente (pour l'époque), et même en étant consultée pour beaucoup de choses économiques, ce sont les grossesses, les soucis menagères et le désir permanent de plus, qui constitueront son sort.

Cette femme en parle dans une langue très poètique et sensible. Plusieurs fois apparaîtront des phrases clés qu'on aimerait noter. Cette fluidité de langue, cette élégance sont certainement des beautés de ce petit roman. On y retrouve alors une auteure qui avait écrit déjà pas mal de poèsie ! Cette œuvre-ci est son premier roman.

Malheureusement, si on est très sceptique, on se demande si au XVIIème siècle on (une femme?) aurait écrit comme ça ? Aurait pu exprimer sa vie dans une telle langue, avec une telle expressivité ? Mais mieux vaudra-t-il de laisser derrière soi ce scepticisme et de se réjouir de ce petit bijoux !

Bien sûr on pourra trouver ici des caractèristiques d'un roman historique, mais j'opte à dire « roman/récit » ?! Est-ce que ce sont surtout des femmes qui vont aimer cette écriture ? Vous me le direz ?


mots-clés : #journal
par tom léo
le Ven 3 Mar - 18:43
 
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Sujet: Gaëlle Josse
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Haruki MURAKAMI

Autoportrait de l'auteur en coureur de fond


Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Tylych97

Le 1er avril 1978, Murakami décide de vendre son club de jazz pour écrire un roman. Assis à sa table, il fume soixante cigarettes par jour et commence à prendre du poids. S'impose alors la nécessité d'une discipline et de la pratique intensive de la course à pied.
Ténacité, capacité de concentration et talent : telles sont les qualités requises d'un romancier. La course à pied lui permet de cultiver sa patience, sa persévérance. Courir devient une métaphore de son travail d'écrivain.
Courir est aussi un moyen de mieux se connaître, de découvrir sa véritable nature. On se met à l'épreuve de la douleur, on surmonte la souffrance. Corps et esprit sont intrinsèquement liés.
Murakami court. Dix kilomètres par jour, six jours par semaine, un marathon par an. Il court en écoutant du rock, pour faire le vide, sans penser à la ligne d'arrivée. Comme la vie, la course ne tire pas son sens de la fin inéluctable qui lui est fixée…


Journal autobiographique , Murakami livre une éloge à la course de fond qu'il ne dissocie pas de la rigueur et de la discipline de son travail d'écrivain.
C'est une véritable introspection , passant par le corps et l'esprit que l'auteur s'applique à réitérer chaque jour en courant 10 kms et en faisant 2 marathons par an. S'imposer la souffrance et le dépassement de soi est pour lui une manière dé réguler et rééquilibrer son organisme qui mène à la création de ses romans.
Au delà d'un récit sur la course , c'est une lecture qui permet de saisir la personnalité de Murakami , de creuser un peu plus son univers personnel et sa sphère privée.
Comment un auteur de cette envergure fait il pour gérer la masse d'écriture qu'il se doit de faire avec toujours autant d’énergie et de régularité , c'est tout le thème de ce livre.
Murakami ne s'autorise pas d'égarement , c'est un perfectionniste quelque peu asocial qui se concentre sur son essentiel afin de puiser cette imagination débordante dans un corps et un esprit sains afin d'évoquer le malsain et la part sombre de l'homme sans en être éclaboussé.
Discipline , c'est le maître mot quotidien que l'auteur reproduit fidèlement depuis 30 ans et serait-ce ce qui fait de lui l'un des meilleurs écrivains de notre génération étant donné que talent ne suffit pas dans une carrière d'écrivain ? Je le crois.
Bien évidemment , pour ceux qui n'ont pas eu d'approche littéraire de Murakami encore à ce jour , je déconseille de commencer par ce récit autobiographique qui est intéressant lorsqu'on a saisi un tant soit peu son univers et son rapport aux autres au travers de ses livres , aucun intérêt de le découvrir de cette manière.
Pour ma part , ce fut un réel plaisir de « communiquer » dans une sphère plus intime avec un auteur que je porte aux nues depuis des années.

je suis le genre d’homme qui aime faire les choses – quoi que ce soit – tout seul. Et pour être encore plus direct, je dirai que je suis le genre d’homme qui ne trouve pas pénible d’être seul. Je n’estime pas difficile ni ennuyeux de passer chaque jour une heure ou deux à courir seul, sans parler à personne, pas plus que d’être installé à ma table quatre ou cinq heures durant. J’ai toujours eu cette inclination depuis ma jeunesse : lorsque j’avais le choix, je préférais invariablement lire des livres seul ou bien me concentrer à écouter de la musique plutôt que d’être en compagnie de quelqu’un d’autre.


Jusqu'où puis-je me pousser? Jusqu'à quel point est-il bon de s'accorder du repos et à partir de quand ce repos devient-il trop important?
Jusqu'où une chose reste-t-elle pertinente et cohérente et à partir d'où devient-elle étriquée, bornée?
Jusqu'à quel degré dois-je prendre conscience du monde extérieur et jusqu'à quel degré est-il bon que je me concentre profondément sur mon monde intérieur?
Jusqu'à quel point dois-je être confiant en mes capacités ou douter de moi-même?



mots-clés : #journal
par Ouliposuccion
le Ven 3 Fév - 18:31
 
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Sujet: Haruki MURAKAMI
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Etty Hillesum

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 41inhw11

Lettres de Westerbork

Etty Hillesum est très au dessus de tout commentaire.

Toute sa courte vie fut une quête lucide et exigeante pour une spiritulalité sans concession.
Dans une période terrible où les juifs de toute l'Europe étaient arrétés et envoyés dans les camps de la mort nazis.

Ce qui ne l'empêcha nullement d'être une femme et une amante entière et passionnée.
Jusqu'au bout, elle essaya de sauver les juifs en courant de très gros risques.
Les lettres qu'elle écrivit sont un des plus beaux témoignages humains sur l'holocauste et un texte sublime d'un être totalement à part.

L'un de ceux qui à lui seul pourrait justifier l'humanité  s'ils n'étaient aussi rares.



mots-clés : #correspondances #deuxiemeguerre #journal
par bix_229
le Mer 11 Jan - 18:56
 
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Sujet: Etty Hillesum
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Dany Laferrière

Journal d'un écrivain en pyjama

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Image210

Dany Laferrière, écrivain émigré, que     le succès de son premier livre a sorti de la misère et de l'usine en quelques semaines, tend une main amicale à toute personne qui aime les livres, lecteur ou écrivain. En 182 brèves entrées,  il collige des réflexions, anecdotes, analyses, sur un ton jovial et ludique. Il parle de lui, de son expérience, d'écrivains amateurs ou professionnels, de lectures anciennes ou marquantes. Il étudie le rapport de l'écrivain à la lecture, à la réalité et à la fiction, à la page blanche ou déjà remplie, de la souffrance et de la jouissance d'écrire. Et lui, l'écrivain en pyjama, est du coté de la jouissance, c’est un homme qui ne se prend pas au sérieux et cueille d'abord les plaisirs de la vie, un homme léger, cela se sent.

C'est tout à fait sympathique, plein d'humour, de bonnes formules et de jolies pensées. Cela s'essouffle peut-être un peu au dernier tiers, devient un peu répétitif, mais c'est un réel plaisir de lecture.
Ca donne envie d'aller voir du côté de ses romans.



mots-clés : #journal #creationartistique
par topocl
le Mer 4 Jan - 13:00
 
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Sujet: Dany Laferrière
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Peter Matthiessen

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 41s24q10

Le Léopard des neiges

Je conseille volontiers Le Léopard des neiges à ceux qui aiment les "vrais" récits de voyage, l’aventure dans l’Himalaya, les contraintes et les risques de tels périples, la beauté, les risques de ce type d’expédition comme on n’en fait plus beaucoup aujourd’hui...

Le Léopard des neiges de Peter Matthiessen est le récit fait par l’auteur d’une expédition de trois mois dans l’Himalaya. Il accompagne le zoologiste George Schaller, l’initiateur et "patron" du voyage. Ils vont parcourir depuis le Népal dans la région du Dolpo, jusqu’à Shey au Tibet, des régions perdues, franchir des hautes chaînes de montagne comme le Kanjiroba ou le Dhaulagiri, traverser des petits villages retranchés en altitude.

Matthiessen est donc l’invité de Schaller, venu étudier les bharals, sorte de mouflons entre l’ovin et le caprin et, sans trop y croire, rencontrer le légendaire et rarissime léopard des neiges.

Chacun des deux mène sa vie, accompagnés des sherpas et guides qui parfois agacent, tantôt chaleureux, confiants et admirables, tantôt semblant prêts à tout abandonner en échange de roupies pour survivre. Une amitié est née avec ces hommes si précieux dans l’expédition que la vie de tous dépend d’eux, qui doivent porter les lourdes charges, guider le groupe sur des chemins escarpés et dangereux jusqu’à 6 000 mètres d’altitude où l’air est rare et glacial, les paysages époustouflants.

Matthiessen ne parle pas beaucoup de son coéquipier Georges Schaller sauf pour se plaindre parfois de ses exigences, de son comportement glacial et renfermé mais aussitôt dit, il se ravise et comprend qu’il s’agit de respect d’un homme discret pour l’intimité des autres. Leur but est différent, Schaller est un zoologiste en mission, il est en exploration ; Peter Matthiessen est quant à lui dans une quête spirituelle bien que non définie comme telle, après la mort de sa femme, et à la recherche de l’"éveil", malgré les recommandations de son maître Zen Sohen Roshi : « n’attends rien » (de ce voyage).

Matthiessen est bouddhiste, tout comme les sherpas qui accompagnent l’expédition. Chaque jour, il nous confie ses impressions quotidiennes, décrit les étapes qui sont enfin franchies, les camps de base sommaires, les paysages dans la neige imprégnés de yin-yang, les pics vierges scintillant dans la lumière, la glace et le ciel bleu lavande, les chants des populations locales (tels les Ring-mos), les ravins vertigineux et les cols ou les passages à quatre pattes agrippé aux parois ! Sur chaque rocher, on entend le om mani padme hum, mantra bouddhiste en écho aux moulins à prières, les drapeaux qui claquent au vent et dispersent les prières à chaque passage de col, ou encore écrits sur un stupa… Il nous explique en action, dans ce livre, la philosophie des bouddhistes tibétains, lui le bouddhiste zen, la signification des fresques, des décorations, des croyances, des symboles, des mots.

Ce récit de voyage est une véritable bouffée d’air bien frais, paisible et enchanteresse malgré le danger, qui ravive notre fibre spirituelle, que nous avons tapie au fond de nous ! Immergée dans la philosophie bouddhiste-en-acte, j’ai vraiment aimé, c’était pour moi une méditation et la découverte de paysages splendides et impressionnants.


mots-clés : #autobiographie #journal #nature #religion #spiritualité #voyage
par Barcarole
le Ven 30 Déc - 12:27
 
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Sujet: Peter Matthiessen
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INOUE Hisashi

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Les 7 roses de Tôkyô

Inoué Hisashi mit près de dix-sept ans à écrire ce pavé de 740 pages (980 en format de poche), passionnante chronique de la vie du peuple japonais d'avril 1945 à avril 1946. Le roman se présente sous la forme du journal intime de Shinsuke, fabricant d'éventails au chômage au style très vivant et à l'humour savoureux.
Lorsque débute le récit, la fin de la guerre est proche. Les matières premières étant réquisitionnées pour les valeureux soldats de l'Empire, le petit peuple vit d'expédients, entre débrouille, entraide et marché noir. Les raids des B-29 sont quotidiens, chacun vit dans la peur de voir ses proches décimés. Le gouvernement entretient le patriotisme de ses sujet à l'aide de slogans, de comités innombrables et de directives toutes plus saugrenues les unes que les autres :

"Depuis que la presse et la radio avaient supprimé toute mention sur le temps, le 8 décembre 1941, soit pendant ces trois ans et neuf mois, les Japonais se sont efforcé de ne plus aborder ce sujet. (...) M. Aoyama avait en effet décrété : "Même en bavardant avec une connaissance croisée dans la rue, évitons les expressions du genre :" Quel beau temps, n'est-ce pas ? " ou" Pas de chance, avec cette pluie. " Il s'expliquait ainsi :  "Les murs ont des oreilles, les cloisons mobiles aussi. Allez savoir s'il n'y a pas un agent de l'ennemi à proximité. Si vous êtes espionnés et qu'il transmette cette information météorologique à ses chefs, la réputation de notre quartier sera compromise. Ce sera la honte pour la consommation des siècles. " Envisagé aujourd'hui, l'argument était tordu. Si vraiment il s'était trouvé un espion désireux de renseigner l'ennemi sur le temps à Tôkyô, il aurait eu beaucoup plus vite fait de lever le nez que de dresser l'oreille près des passants en train de bavarder. Mais, à l'époque, les gens avaient trouvé à leur goût le mot d'ordre de la Direction de l'information, au Cabinet, "Cette guerre est une guerre de renseignement", et personne ne relevait jamais la faille dans le raisonnement de M. Aoyama."


Si certains peuvent rire sous cape de pareilles inepties, la majorité les gobe sans broncher. Comment, en effet, oser exprimer le plus petit doute sur la victoire finale, quand cela peut vous coûter un séjour en prison ? Son scepticisme, Shinsuke ne le confie qu'à son journal.
Pour faire face au débarquement américain que l'ont dit imminent, les tokyoïtes, bien décidés à vendre chèrement leur peau, s'organisent en bataillons hétéroclites armés de grenades et _si,si_ de bombes fécales. Pour autant, ils n'en oublient pas de composer des poèmes, d'assister à des combats de sumo, d'aimer, de se marier. Touchante chronique d'une vie en sursis.

Habile ellipse de l'auteur, et nous voici sous occupation anglo-américaine. On peine aujourd'hui à comprendre le traumatisme qu'engendra le communiqué par lequel l'Empereur reconnaissait qu'il était un être humain et non un Dieu. Mais à l'époque, le choc est terrible et s'accompagne d'un véritable sentiment de trahison devant l'étendue des mensonges d'état proférés durant la guerre. Les Japonais réalisent enfin l'outrance des démonstrations sur la supériorité niponne, textes ridicules dont on se demande comment ils ont pu être cautionnés par une nation tout entière. ( avant de se rappeler la propagande européenne de la même époque…) Une partie de la jeunesse se révolte contre ces aînés qui ont participé à la surenchère guerrière sans jamais exercer leur esprit critique, ou si peu. Et qui, désormais, vivent de compromissions avec l'ennemi d'hier.

Il faut dire la ville n'est pas sûre, et que rares sont ceux qui mangent à leur faim. Et puis, les Américains apportent avec eux un mode de vie bien séduisant... Shinsuke assiste ébahi au retournement de ses concitoyens qui, tout d'un coup, encensent l'occupant et fricotent avec lui.  Les admirateurs se pressent chaque jour plus nombreux devant l'hôtel du général Mc Arthur, noyé sous un flot de lettres enamourées. Comme si, dans son désarroi, la population avait reporté sur Mc Arthur l'adoration qu'elle vouait jadis à l'Empereur. Avec bien entendu, dans le lot, quelques opportunistes...

Shinsuke, lui, ne parvient pas à pardonner Hiroshima, Nagasaki, et tous ces bombardements sur des cibles civiles. Mais, et c'est là une grande force du livre, il porte un regard lucide et très critique sur les agissements de son propre pays.  Afin de préserver l'honneur nippon, il va se donner une mission dont je vous laisse découvrir la teneur..  Parviendra-t'il à ses fins ? Je n'en dirai pas plus, mais je vous garantis un coup de théâtre et un dénouement savoureux !

Ce livre m'a enthousiasmée. Le personnage de Shinsuke, en perpétuel décallage avec ses contemporains, est infiniment touchant ; son recul sur la situation et son humour, assez remarquables.
Je ne nierai pas que, du fait de sa précision extrême, le roman comporte quelques longueurs. Mais cette précision est aussi une qualité, par le réalisme qu'elle insuffle au récit. C'est une plongée absolument passionnante dans la vie du Japon à une époque charnière de son histoire. Et si l'intérêt du lecteur s'émousse sur un passage, très vite, les nombreux personnages gravitant autour de Shinsuke l'entraînent de nouveau avec eux dans le tourbillon de leurs vies...
Pour moi, un immense coup de coeur !

(Ancien commentaire largement remanié)
PS : Mieux vaut ne pas lire la 4ème de couverture, qui dévoile un évènement crucial de l'intrigue !


mots-clés : #deuxiemeguerre #journal
par Armor
le Jeu 29 Déc - 17:14
 
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Sujet: INOUE Hisashi
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Isaac Babel

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CAVALERIE ROUGE

Ces récits sont fragmentés et on comprendra peut-être mieux pourquoi si l'on dit que Babel, alors enthousiasmé par la révolution russe devint correspondant de guerre.
Pas nimporte où, mais dans la fameuse cavalerie rouge de Boudieny qui faisait campagne contre la Pologne à la poursuite des armées "blanches" de Denikine.

Une guerre atroce qui marquera Babel à jamais. Babel est un écrivain en mouvement, mais si son oeil est celui d'un reporter, tel John Reed, il est aussi celui d'un écrivain et d'un peintre, et là, on pense un peu à Chagall.
On comprend que Boudieny n'ait pas apprécié ces récits-là...
Les jours de Babel étaient comptés. Il fut probabement éxécuté et quand on lit ce livre merveilleux, on ne peut s'empêcher de penser à toute cette génération d'écrivains magnifiques et sacrifiés...
Et on a mal.

Message récupéré


mots-clés : #guerre #journal #nouvelle
par bix_229
le Mer 28 Déc - 20:56
 
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Sujet: Isaac Babel
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Sei Shonagon

Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 41dgbx10

Notes de chevet

Originale: Makura no Sôshi (Japonais, ca. 1000 AD)

(Il y a des éditions illustrées, introduites…, très belles)

CONTENU :
Hachette a écrit:Les Notes de chevet sont l'un des plus beaux livres de la littérature japonaise. Composées dans les premières années du XIe siècle, au moment de la plus haute splendeur de la civilisation de Heian, par une dame d'honneur, Sei Shonagon, attachée à la princesse Sadako. Ces notes intimes proposent, sous forme de tableaux, de portraits, de récits, une illustration du Japon sous les Fujiwara. Les impressions sur le vif de l'auteur, abordent tour à tour les choses qu elle aime ou déteste voir, écouter, manger et boire, ainsi que des historiettes au sein de la cour impériale, des poésies et quelques avis sur ses contemporains.
L'oeuvre invite le lecteur à découvrir la manière japonaise de sentir le monde, la nature partie indissociable de la vie affective et intime au Japon, de se former à l'écoute des mille détails du quotidien et d en goûter les beautés simples qu il offre.


REMARQUES :
Le titre renvoie à une remarque de Sei Shonagon qu'il s'agit ici de notes qu'elle aurait seulement confié à son « chevet », son oreiller. Donc expression qu'elle laisse libre cours à sa personnalité et à la parole. Pour nous, ces notes peuvent devenir « de chevet », cat elles invitent à être lues lentement, reparties dans le temps, se trouvant peut-être sur notre commode à coté du lit...

Les notes ont une multitude de sujets qui se relaient. Donc le livre consiste de beaucoup de petits chapitres, parfois à peine dépassant une demie-page et allant jusqu'à sept pages (dans mon édition allemande). Donc des petites unités, se laissant repartir en petites doses de lecture.

Au début les sujet me semblaient un peu naïfs, et puis il y aura aussi des réflexions plus mûres. Et ce qui peut nous étonner alors c'est comment on se trouve d'un coup dans une forme de communion en sentiments et pensées avec des êtres, morts depuis longtemps. On découvre une proximité, une parenté avec des gens d'autres temps et cultures.

Pas mal de réflexions de nature très esthètisante, marquées par une forme de néccessité vers la beauté, une régularité, harmonie. Ceci ne me dérange pas, mais quelques fois l'auteur se perd là-dedans un peu, négligeant des aspects qui pourraient nous sembler plus importants.

Bien sûr il y a des parties marquées par la hierarchie ambiante de l'époque, de lignes de démarcation entre groupe et couches sociales, d'étiquettes de comportements presque incompréhensibles pour nous aujourd'hui. On n'a pas besoin d'être toujours d'accord. Mais il est reste intéressant de recevoir une impression vivante comment des gens ont vécu et pensé dans ces circonstances.

Là par contre où elle parle d'une façon lyrique, poètique ou de l'amour – nous trouverons un monde sans temps, commun à nous tous.

Intéressant et autre.


mots-clés : #journal
par tom léo
le Dim 18 Déc - 21:47
 
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Sujet: Sei Shonagon
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David Lodge

David Lodge
(Né en 1935)


Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 Lodge10

David Lodge, selon l'état civil David John Lodge, né le 28 janvier 1935 à Brockley dans le sud de Londres, est un universitaire spécialiste de littérature et un écrivain britannique.

David Lodge est issu d'une famille modeste de religion catholique qui habitait le quartier de Brockley (district de Lewisham) dans la banlieue sud de Londres ; ses père et mère étaient respectivement musicien dans un orchestre de danse et secrétaire. Enfant, il est marqué par la Seconde Guerre mondiale (bombardements de Londres), puis par ses conséquences. En 1951, il vient en vacances à Heidelberg à l'invitation de sa tante qui travaille au quartier général de l'armée américaine, il est surpris en constatant la différence de situation entre le Royaume-Uni, où le rationnement est encore en cours, et les pays du continent, Belgique, France et même Allemagne occupée.

Passionné par la lecture, il est très tôt aussi attiré par l'écriture ; sa première publication a lieu en 1950 : une nouvelle, dans le journal de son lycée.
En 19524, il entre à l'université de Londres ; il obtient un Bachelor of Arts (BA) en 1955. Il fait alors son service militaire de deux ans, passés principalement comme secrétaire au sein du Royal Tank Regiment à la suite de son refus de suivre une formation d'officier de réserve. Le parcours de David Lodge comme soldat est repris pour évoquer celui du narrateur de Ginger, You're Barmy (1962), Jonathan Browne. Libéré en août 1957, David Lodge revient à l'université de Londres où il obtient un Master of Arts (MA) en 1959, avec un mémoire sur les romanciers catholiques britanniques.
Durant cette période, il rédige un premier roman à l'âge de 18 ans (1953), « Le Diable, le Monde et la Chair » (« non publié, Dieu merci »). Sa première publication pour le grand public date de 1960 (The Picturegoers, « Les spectateurs de cinéma », inédit en France).

Il se marie en 1959 avec Mary Frances Jacob, et ils auront deux enfants. Il travaille à Londres comme professeur d'anglais pour le British Council. En 1960, il obtient un emploi de chargé de cours à l'université de Birmingham où il prépare une thèse (Ph.D.) de littérature anglaise.
En 1963, il participe avec Malcolm Bradbury et un étudiant, James Duckett, à l'élaboration d'un spectacle de revue pour le Birmingham Repertory Theatre. Il se découvre un certain talent comique, qu'il exploitera par la suite, alors que les deux premiers étaient tout à fait sérieux et réalistes.

En 1964-65, il séjourne aux États-Unis grâce une bourse d'études. Le retour en Angleterre est assez difficile : « Je souffrais d'un "syndrome de manque" après une année euphorique passée en Amérique avec ma femme et mes deux enfants comme boursier de la fondation Harkness. »
Cependant, dès 1966, il publie son premier ouvrage de critique universitaire, Language of Fiction et soutient sa thèse, consacrée au Roman catholique du Mouvement d'Oxford à nos jours, en 1967.

De 1967 à 1987, il poursuit sa carrière universitaire à l'université de Birmingham, devenant professeur de littérature anglaise en 1976, tout en écrivant de nombreux autres essais et romans. En 1969, il passe six mois comme « professeur associé » à l'université de Berkeley, une seconde expérience américaine importante pour la suite de son œuvre théorique et fictionnelle.
En 1987, il abandonne l'université, avec le titre de professeur honoraire, afin de se consacrer entièrement à l'écriture, mais aussi en raison d'un problème d'audition et des conséquences de la politique de Margaret Thatcher.
Après sa retraite, il oriente ses travaux théoriques vers le grand public. En 1991, le journal The Independant lui propose de tenir une rubrique sur le roman dans son supplément dominical.

(wikipedia)

Traduits en français

La Chute du British Museum
Hors de l'abri
Changement de décor
Jeux de maux
Un tout petit monde
Jeu de société
Nouvelles du paradis
Thérapie
Les Quatre Vérités
Pensées secrètes
La Vie en sourdine

Biographies romanesque
L'Auteur ! L'auteur !
Un homme de tempérament

Nouvelles
L'Homme qui ne voulait plus se lever et autres nouvelles

Théâtre
Atelier d'écriture
La Vérité toute nue
Pensées secrètes

Essais
Des vies à écrire

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Tag journal sur Des Choses à lire - Page 2 97827419

"Pensées Secrètes"

A travers la liaison d'un prof d'Uté en Sciences Cognitives (marié et séducteur) et d'une Romancière (en deuil de son mari) qui enseigne la Création littéraire dans cette même Uté c'est une réflexion sur la "Conscience" et nos Pensées les plus secrètes.


J'ai aimé le style alerte, l'humour et cette réflexion sur la Conscience, même si j'ai du avoir recours au dico pour certains termes scientifiques.
L'auteur conduit habilement son récit, notamment grâce aux applications littéraires que la romancière/enseignante réclame à ses élèves en prenant comme sujet diverses thèses sur la Conscience.
Parallèlement à leur liaison les deux Personnages débutent un Journal Intime, lesquels journaux nous dévoilent leurs ressentis et sentiments sur un même évènement, rencontre....
La rencontre de la Littérature et de la Science est intéressante.
Agréable aussi l'ambiance de cette région d'Angleterre.

Je me suis sentie à l'aise dans cette lecture.

En conclusion je dirais qu'après cette lecture je vais jeter au plus profond l'un lac la clé du tiroir contenant mes Pensées Secrètes   Smile


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #journal
par Bédoulène
le Sam 17 Déc - 15:47
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
Sujet: David Lodge
Réponses: 20
Vues: 2990

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