Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

La date/heure actuelle est Ven 29 Mar - 9:38

178 résultats trouvés pour lieu

Karen Blixen

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 41hcfj10

Dans la première partie j'ai aimé la découverte de l'Afrique, de cette région, à travers les yeux et les ressentis de l'auteure.

"Les indigènes sont l’Afrique personnifiée, l’Afrique en chair et en os. Ils sont aussi bien le Longonol, le grand volcan assoupi qui domine, solitaire, toute la vallée du Rift, les mimosas le long du fleuve. Les éléphants et les girafes ne représentent pas mieux l’Afrique que mes indigènes, humbles silhouettes dans un paysage écrasant. Les uns comme les autres émanaient du même principe et n’étaient que des variations sur un thème unique ; non pas des composés fixes d’atomes hétéroclites, mais des composés hétéroclites d’atomes semblables, comme le seraient par rapport au chêne le bois, la feuille ou le gland.
En Afrique, les Blancs qui se déplacent toujours chaussés, et généralement pressés détonnent dans le paysage. Les indigènes, au contraire, sont toujours en « harmonie avec le pays."

"Dans un pays étranger et devant les aspects nouveaux, qu’y revêt la vie, il faudrait savoir ce qui, jusque dans la mort, conserve sa valeur."

C'était très intéressant que l'auteure s'attarde à dresser le portait physique, psychique et spirituel des différentes ethnies. De même les rapports entre elle et "ses" indigènes, (tout particulièrement le chapitre consacré aux femmes Somalies) ses squatters. On mesure aussi l'hospitalité que cette femme de l'aristocratie accorde, bien sur à ses amis, mais aussi aux personnes de passage qui viennent, reviennent, restent, meurent aussi dans la ferme, la maison !

"En échange des bienfaits de la civilisation, mes voyageurs m’apportaient les trophées de leurs chasses, des peaux de léopard et de cheetah, de quoi m’habiller de fourrures quand je reviendrais à Paris, des peaux de serpents ou de lézards pour mes sacs et mes souliers et des plumes de marabouts"

Bon, je vois ça à une époque où peu de personnes s'intéressaient à l'écologie, la biodiversité, à la préservation.

Son regard sur les animaux :

"Ce sont les bœufs qui ont en Afrique payé le plus lourd tribut à la civilisation.
Partout où une terre a été défrichée, ce sont eux qui l’ont défrichée, peinant, suant, enfonçant jusqu’au jarret dans la terre, devant la charrue, avec la menace des longs fouets suspendue au-dessus d’eux.
Partout où un chemin fut tracé, ce sont eux qui l’ont tracé et ils ont remorqué le fer et les outils à travers le pays sous les encouragements et les vociférations des conducteurs, à travers les terrains caillouteux de la montagne, comme à travers les hautes herbes de la plaine, car il n’y avait pas d’autres chemins.
Dès l’aube, ils ont remonté et descendu les collines, traversé les vallées et le lit des rivières, et cela aux heures les plus brûlantes.
Leurs flancs ont été zébrés de coups de fouet et l’on rencontre des bœufs qui ont perdu un œil ou les deux yeux d’un seul coup de ces fouets à lanières.
Les bœufs des Indiens, comme ceux de beaucoup d’entrepreneurs européens, travaillent tous les jours de leur vie sans jamais connaître de dimanche.
Nous avons de grands torts envers le bœuf ; on peut dire que le taureau est constamment furieux, qu’il roule les yeux, martèle le sol et fonce sur tout ce qu’il voit, mais du moins il vit, le feu jaillit de ses naseaux et la vie de ses reins.
Ses jours sont marqués par des exigences sans doute, mais quelquefois aussi par des satisfactions.
De tout cela nous avons privé les bœufs et en échange que leur avons-nous laissé ? Nous avons disposé de leur existence, les bœufs sont condamnés à nous suivre partout et à partager notre vie quotidienne, ils portent nos fardeaux et les tâches les plus lourdes leur sont réservées. Ce sont des êtres dépourvus d’existence propre.
Ils semblent créés pour nous subir"


"Tous ces oiseaux étaient noirs, mais d’un noir doux, profond et mystérieux, un noir d’Afrique qui ressemblait plus à une patine acquise avec l’âge, qu’à une couleur ; c’est le noir des vieilles suies, le noir qui surpasse par son élégance, sa Vivacité et sa force toutes les autres couleurs.
Tous les calaos, avec beaucoup de pétulance, parlaient à la fois ; on eût dit une réunion d’héritiers après un enterrement"


Elle chasse ;  ne fait jamais montre d'anthropomorphisme, elle se borne à admirer, reconnaître chez les animaux leur beauté, leur valeur, leur caractère, s'il faut tuer un animal elle le fait, parce que c'est utile (pour nourriture, parce que l'animal sauvage prélève des animaux domestiques) mais aussi pour le plaisir de chasser (ce qu'il est pas facile d'admettre vu qu'elle se rend compte de la disparition peu à peu de certaines espèces).

La Baronne gère apparemment seule la ferme, son mari n'est cité qu'une fois alors qu'elle accompagne un convoi de ravitaillement, à sa demande, pendant la guerre. (j'ai pu voir dans sa biographie ses rapports avec lui).

"Une ferme est un lourd fardeau, les indigènes qui vivaient d'elle, et même les Européens qui en dépendaient, se déchargeant sur moi de tous  soucis. Je me suis demandé parfois si les boeufs et les caféiers n'en faisaient point autant.
J'avais l'impression que toutes les créatures de la ferme, celles qui parlaient comme celles qui ne parlaient point, me rendaient responsable, si la pluie tardait ou si les nuits étaient froides.
Et, le soir, lorsque j'étais seule il ne me semblait même pas possible ou convenable d'oublier mes soucis et de prendre un livre ; j'étais poussée hors de chez moi, comme une feuille emportée par le vent, par crainte de perdre ma ferme."

Les caféiers ne rendent pas beaucoup car ils sont trop en altitude, s'ajoute les dégâts causés par les sauterelles (véritable plaie), les maladies, l'ingratitude du temps. La ferme doit être vendue, la Baronne doit s'occuper du sort des squatters, licencier ses indigènes, récupérer ses quelques biens.

"Il fallait aussi régler le sort de mes chevaux et de mes chiens.
J’avais pensé les tuer, mais plusieurs amis m’avaient écrit pour me demander de les leur laisser, ils m’assuraient qu’ils en prendraient grand soin.
En voyant courir mes chiens à côté de mon cheval, je pensais que ce serait mal agir envers eux que de supprimer cette vie que je sentais si ardente. Je fus longue à me décider. Et finalement, je résolus de les laisser à mes amis."


Ceci m'a été difficile à comprendre, mais cette attitude rejoint ce que j'ai dit plus haut pas d'anthopomorphisme, l'animal reste un animal, c'est sa valeur qu'elle voit, on ne peut pas dire qu'elle "aime" ses animaux, non.

Dans la IIIème partie, ce sont les départs, le sien, ceux qui quittent la vie, un ami, un chef Kikuyu, un invité...

C'était une lecture intéressante, les descriptions sont très belles ; l'attitude du gouvernement aussi vis à vis des indigènes (les nombreuses interdictions qui tendent à nier les us et les moeurs - traditions -  des indigènes) ; les rapports entre les différentes ethnies, entre les Blancs et les Noirs. La Baronne est intelligente, elle a su comprendre l'Afrique à travers les Indigènes. Elle s'est impliquée, dénouant les conflits, lectrice, soigneuse pour tous ceux qui vivaient sur sa terre.

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Ngongh10


merci à Tristram qui m'a suggéré cette lecture


Mots-clés : #autobiographie #colonisation #lieu
par Bédoulène
le Jeu 21 Nov - 15:49
 
Rechercher dans: Écrivains de Scandinavie
Sujet: Karen Blixen
Réponses: 5
Vues: 1213

Howard Fast

Il me manquait Fast, alors étant en panne pour cause matérielle, j'ai lu

"Cour martiale"

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Cour_m10

Guerre de Birmanie, les combats ont cessés mais un théâtre d'opérations sous la gestion conjointe des E.U et des Britanniques subsiste . C'est dans cette situation d'attente, dans cette région au climat difficile, rongée de maladie, des habitants miséreux qu' un meurtre a été commis ; un Lt Winston de l'armée américaine  a tué un soldat Britannique, le Sergent Quinn.

Le Gal Kempton en responsabilité du secteur pour les E.U a réclamé le Capitaine Barney Adams, de retour de plusieurs campagnes (Afrique, Italie) à qui il souhaite confier la défense de l'accusé. Mais dès son premier entretien Adams apprend que le jugement est déjà "rendu", en accord avec le responsable Britannique et Kempton,  Winston doit mourir, sa mort seule préservera l'entente entre les E.U et les Britanniques ; il faut sauver la Grande Alliance à défaut de sauver Winston.
Adams s'étonne à juste titre de ce que le verdict soit annoncé mais le Gal Kempton lui dit que c'est parce qu'il veut pouvoir montrer une "défense honnête" qu'il souhaite que ce soit lui l'avocat.

Adams n'a jamais défendu, ni assisté en cour martiale, bien qu'il ait fait d'excellentes études, il n'a aucune pratique. Le Gal lui fait confiance, c'est le fils d'un ami, de bonne et vieille souche !

Durant le procès l'image de boy-scout que le Gal avait du Capitaine Adams s'efface, le Capitaine Adams met tout son savoir, son honnêteté, sa vigilance à traquer la vérité. Il démonte un à un les "oublis", traque, arrache les paroles des bouches qui se taisent, par crainte des responsabilités ou pour carrière.   Pour le Capitaine Adams,  quels que soient les sentiments qu'il éprouve pour l'accusé, ( lequel d'ailleurs il hait parce qu'il représente tout ce qu'il rejette et la raison de son engagement dans la guerre) celui-ci doit se voir offrir "le droit", l'un des principes fondateur de la démocratie.

Le Capitaine Adams n 'a que quelques jours pour connaître ce qui deviendra "l'affaire Winston"  et préparer sa défense, laquelle s'appuiera sur la pathologie de Winston. En effet après s'être entretenu avec plusieurs responsables militaires, les témoins du meurtre et surtout le médecin psychiatre qui  a placé Winston dans le service, vu l'attitude et les rares propos de l'accusé, Adams est convaincu qu'il défend un homme atteint de paranoIa, c'est-à-dire un malade.

Le capitaine Adams par son choix de défense sait qu'il s'affronte  au Gal Kempton, lequel lui demande s'il défend Winston, question à laquelle il répond qu'il "se défend lui". Ce qui, je pense, signifie qu'en défendant Winston, il défend le "droit" et donc il se défend lui défenseur du Droit, lui citoyen américain.

Winston est reconnu "non coupable", le tribunal souhaite son renvoi à l’hôpital pour y recevoir un traitement médical.

Adams est à nouveau en campagne, il est seul, l' infirmière rencontrée en Birmanie et qu'il était prêt à aimer l'a repoussé car leur différence de classe lui paraissait un obstacle majeur.  


J'ai encore une fois apprécié l'écriture de l'auteur, le choix du sujet, l'ambiance est bien rendue, les caractères des personnages. Il faut se rappeler que Fast a subi plusieurs procès lui-même et assisté à d'autres, le Droit est l'un des principes fondateur de la démocratie et l' auteur/Capitaine Adams s'en fait le garant dans ce livre.
Dans sa préface, François Guérif parle de "l'isolement des idéalistes", cette situation se retrouve aussi dans le récit, notamment dans la lettre que reçoit le Capitaine Adams du médecin psychiatre.


Mots-clés : #justice #lieu #polar #psychologique
par Bédoulène
le Lun 11 Nov - 15:49
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Howard Fast
Réponses: 18
Vues: 1831

Stanislas André "S.A" Steeman

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Maison10

La maison des veilles

Bonus la présentation "Espace Nord" avec une super préface, un texte du fils de l'auteur sur son père, des extraits autour du thème "maison"... c'est très bien choisi et accompagne à merveille le texte.

De quoi s'agit-il ? D'un roman policier autour d'un meurtre qui a eu lieu dans un petite immeuble bruxellois (à Ixelles en fait) bien tranquille. Les policiers sont plutôt accessoires et les principaux protagonistes sont les différents habitants de l'immeuble, de la maison. A chaque appartement ses habitudes, ses caractères, ses attentes déçues.

Discret chamboulement pour une narration subtilement indiscrète et finement joueuse. Les codes du whodunnit sont aménagés pour adapter une perspective décalée sur "l'affaire policière" en tant qu'objet d'imaginaire et de narration... sans se priver de fatalité ou de mélancolie dans la peinture du quotidien.

Très très chouette lecture toute en finesse et en équilibre, dans le genre pied tranquille mais très très bon. Un beau mélange d'intelligence et de savoir faire...


Mots-clés : #lieu #polar
par animal
le Lun 28 Oct - 22:04
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Stanislas André "S.A" Steeman
Réponses: 5
Vues: 1181

Ramuz Charles-Ferdinand

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Thumb-10

Construction de la maison

Qu'est-ce qui ferait qu'il n'a pas été publié par son auteur, les accents autobiographiques ou bien la matière non finalisée du livre ?

C'est une des questions qui se posent à la lecture de ce drame familial qui met en scène une famille de vigneron, principalement la mère austère et forte et ses fils. Un aîné efficace mais pas si à l'aise avec le poids des responsabilités, un autre plus frivole et enfin un plus jeune handicapé. Il y a aussi une fille et la femme de l'aîné et la belle fille des paysans d'en haut qui vient prêter main forte quand il le faut. Il y a aussi le lac bien sûr et ces savoyards d'en face...

Tout est en tension entre le devoir, les convenances et les règles du "livre", la bible et les aspirations des jeunes gens. La maison est celle qui doit accueillir la famille au sens large, avec celles de chacun, mais le drame n'est jamais loin.

Il ne faut pas non plus oublier la vigne, son travail et le vin, quasi documentaire.

De beaux passages, des observations et phrases qui font mouche mais un ensemble qui manque parfois de lignes directrices peut-être, ce qui fait apparaître comme forcée la lourdeur du drame ? Lecture ni désagréable ni anecdotique mais en demi teinte par rapport à d'autres.



Mots-clés : #culpabilité #famille #fratrie #lieu
par animal
le Sam 19 Oct - 13:59
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Ramuz Charles-Ferdinand
Réponses: 113
Vues: 10013

Anosh IRANI

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Livre_10

Le colis

Pour perdre la face, il faut avoir une face, et pas ce qu’avait Madhu : un visage indéfini, homme et femme se la disputant inlassablement pour tenter de s’imposer. Une énergie féminine existait en elle depuis son enfance. Elle s’était exprimée de manière très progressive, d’abord subtile, une cuisse par-ci, un regard timide par-là, un gloussement dans l’obscurité, puis, plus franche, la femme avait pris le dessus, elle s’était moquée de l’homme et l’avait laissé pour mort. Mais cet homme du passé revenait maintenant prendre sa vengeance, il la punissait de s’être débarrassée de lui, se frayait un chemin vers le devant de la scène. Et si cet affrontement ne cessait pas, elle finirait sans visage. Il ne lui resterait plus qu’un crâne.


En Inde, les hijras sont vénérées, un peu. Méprisées, beaucoup. Et craintes peut-être encore plus. Nées femmes dans un corps d’homme, elles se regroupent en communauté autour de leur gourou. Elles ont le don de bénir ou de maudire, à leur guise. Elles sont « le troisième sexe ». Très jeune, Madhu a fui le rejet familial pour devenir l’une d’entre elles et vivre dans le quartier rouge, haut lieu de la prostitution de Bombay. Mais à bientôt 40 ans, son corps autrefois adulé la trahit, et les questions existentielles affluent...

Madhu est à l’heure des bilans. L’heure d'admettre que la liberté qu’elle a crue trouver chez les hijras n’était probablement qu’illusoire et que, derrière le charme de sa gourou et les soupirs exaspérés de son père, se cachaient une complexité qu’elle a toujours niée. L’heure de réaliser que, dans le quartier rouge, les luttes de pouvoir et d’argent sont à l’oeuvre à chaque instant, jusque les rares endroit dont on les pensait exclus. Son passé, sa vie semée d’échecs la rongent… Et c’est précisément à ce moment qu’on la charge d’un nouveau colis.
Les "colis", ce sont des fillettes vendues par leurs familles et qu’il faut broyer mentalement afin qu'elles se résolvent à leur sort : 10 passes par jour, 300 jours par an. Minimum. Madhu a sa propre méthode, bien différente de la violence inouïe des proxénètes, et pourtant tout aussi glaçante… Cette fois encore elle l’applique froidement, consciencieusement. Mais le chaos intérieur qui est le sien depuis quelques temps l’amène à douter…

Il y a des romans, comme ça, qui vous remuent au plus profond de vous. Des livres qui vous rappellent à quel point un seul être peut receler en même temps des abîmes de tendresse et de monstruosité, et qui vous mettent face à votre propre humanité si imparfaite. Pour moi, Le colis fut de ceux-là.
D'ordinaire, les prostituées comme les hijras ne sont que des ombres interchangeables à la merci des proxénètes et du sida, vouées au rejet, aux quolibets et à la honte. Anosh Irani leur rend un visage, des rêves sous le désespoir, des rires et des amours, aussi. Sa plume, tour à tendre tendre, nostalgique ou d’une crudité acerbe, épouse cette humanité mouvante, ambigüe, reniée et pourtant tellement réelle. Madhu, avec ses contradictions, son verbe haut et sa fragilité, est inoubliable.
Un roman coup de poing. Un roman coup de coeur.


Mots-clés : #famille #identitesexuelle #lieu #psychologique #sexualité
par Armor
le Sam 7 Sep - 16:02
 
Rechercher dans: Écrivains d'Asie
Sujet: Anosh IRANI
Réponses: 10
Vues: 930

Paolo Rumiz

Comme des chevaux qui dorment debout

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy198

A bord de trains interminables, Paolo Rumiz part pour de nouveaux voyages, une fois de plus aux frontières de l’Europe, dans une vaste réflexion tout autant intime que géopolitique,

Cette fois-ci c'est sur les traces de son grand-père, soldat de la guerre de 14. Italien de Trieste, il vivait dans cette zone de l'Italie qui était en territoire austro-hongrois. Il est donc parti avec l'armée du  Kaiser, dans les rangs de laquelle il fut méprisé et bafoué. Quand lui et ses congénères sont rentrés après le conflit, ils ont été considérés comme traîtres par les locaux, et gommés des récits et des livres d’histoire.

Paolo visite ce silence, cette douleur. Il traverse des lieux qui stimulent l'imaginaire, entre rêverie, poésie et souffrance. Chaque anfractuosité du terrain évoque une tranchée, chaque bosse suggère un corps enfoui, où les myrtilles et les bouleaux plongent leurs racines dans la chair des soldats tombés au combat. Il va de cimetière en cimetière : là les corps sont honorés, les ennemis réunis,  ailleurs c'est l'abandon le plus complet…

L’émotion d’aujourd’hui rappelle les  drames de jadis. Elle n’empêche pas une réflexion sur cette Grande Guerre, et plus généralement l’histoire d’un siècle où sont en préparation toutes les dérives nationalistes d’aujourd’hui.  

J’ai beaucoup pensé à Marie tout au long de cette lecture.

Mots-clés : #devoirdememoire #lieu #mort #premiereguerre
par topocl
le Ven 16 Aoû - 9:09
 
Rechercher dans: Nature et voyages
Sujet: Paolo Rumiz
Réponses: 22
Vues: 3953

Patrick Grainville

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Ff1_10

Falaise des fous

Patrick Grainville compose une fresque autour des mémoires d'un Normand, des années 1860 à l'après Première Guerre mondiale. Revenu blessé des guerres coloniales d'Algérie et dès lors enraciné à Etretat, sa terre d'attaches, il évoque à la fois les tourments et passions de sa vie affective et son témoignage d'une effervescence artistique. De Monet à Courbet, de Hugo à Flaubert, il partage ses souvenirs des artistes qui ont cherché l'inspiration auprès des majestueuses falaises d'Etretat...un décor mémorable et fascinant, qui révèle une soif d'absolu et la beauté limpide d'une composition picturale.

Le roman est très ambitieux par son ampleur chronologique et thématique, mais j'ai eu beaucoup de difficultés à trouver mon rythme de lecture. Le style, foisonnant jusqu'à l'excès, laisse trop souvent une sensation de trop-plein au fil des citations et des rencontres. Patrick Grainville cherche à exprimer une fascination, à retranscrire l'atmosphère créative et pourtant si fragile de la Belle Epoque...il étouffe cependant ses personnages à force d'enchaîner les évènements en arrière-plan.
J'ai été davantage touché dans la dernière partie du récit, lorsque le vieillissement et l'héritage douloureux de la guerre esquissent une tonalité entre tristesse et amertume. Mais l'impression finale reste en demie-teinte, car l'abondance narrative provoque une frustration au lieu d'emporter l'enthousiasme.


Mots-clés : #amour #creationartistique #lieu #peinture
par Avadoro
le Sam 3 Aoû - 22:58
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Patrick Grainville
Réponses: 36
Vues: 2251

James Ellroy

Ma part d'ombre

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 M0274310

Le livre est composé de 4 chapitres :

I La rouquine

Il s'agit de la découverte d'un corps de femme étranglée et abandonnée dans un parc, "rouquine", de son identification : Jean Ellroy née Hilliker et qui se trouve être la mère de l'auteur. Annonce à l'enfant de 10 ans et à l'ex-mari, lesquels ne semble pas trop touchés. Les relations père/fils semblent très bonnes. l'attitude de l'enfant n'est pas significative pour la police, mais celle du père  affirme des mauvaises relations de l'ancien couple. Déroulement logique d'une enquête criminelle qui n'aboutira pas.

"Je savais que j'aurais du pleurer. La mort de ma mère était un cadeau et je savais que j'aurais du payer pour le recevoir"
Je la haïssais, je haïssais El Monte. Quelque tueur inconnu venait de m'offrir la vie ; une vie flambant neuf."
dira plus tard l'auteur.

II Le môme sur la photo

Enfance de James avec ses parents, puis en alternance après leur séparation. L'homme et la femme se critiquent devant l'enfant et James croit son père et toutes les critiques sur sa mère : ivrognesse et pute. Jean était infirmière et élevait correctement son fils mais s'octroyait les WE pour elle pendant que James était avec son père.
Seul avec un père permissif  ("Mon père cosignait mon obsession du crime" ; "J'avais 13 ans, des femmes mortes me possédaient".
)
Avec son père James a une vie sociale assez misérable, mauvais élève, voyeur, menteur, entre dans une bande de garçons dont il est le "fou", le taré et qui le maltraite : "J'étais le môme-poster idéal pour illustrer le chapitre "Si-Vous-Ne-Pouvez-M'Aimer-Remarquez-Moi" de tous les bouquins de psychologie infantile.

Espionnait sa mère pour son père quand il vivait avec elle à El Monte et la haïssait puisque son père la haïssait."Je la haïssais et je crevais de désir pour elle. Et alors elle est morte"

Quand son père meurt James est adolescent,  mais durant leur vie à deux il a eu le temps de reconnaître que les critiques de Jean étaient justifiées.

Il s'abîme dans l'alcool, la drogue, jusqu'à entendre des Voix et avoir des crises de delirium tremens (seul un autre ado, Lloyd l'aide) fait de la prison car il squatte les maisons vides, vole, fait le voyeur, devient  SDF. Devient de plus en plus obsessionnel pour le crime sexuel, la pornographie.

C'est suite à une hospitalisation et avec le cercle des  "AA" qu'il prend conscience, à 27 ans de son état, mais malgré cela il a écrit un roman lequel a été publié.
Suit la rencontre avec sa femme et leur vie, une vie qu'il commence avec sa mère disparue, sa femme l'y pousse, et qu'il espère pouvoir lui revenir et récupérer ce qu'il a manqué, négligé enfant.
Il se créé un monde intérieur pour la retrouver, seul avec elle, dans le noir.

III - Stoner

Deux chapitres où l'on fait connaissance avec cet inspecteur de la criminelle en le suivant dans ses enquêtes et lui aussi son obsession pour "ses femmes" assassinées.

IV - Geneva Hilliker

Stoner et Ellroy reprennent de bout en bout le dossier de Jean Ellroy, retrouvent les personnes encore en vie (37 ans ce sont écoulées depuis juin 58) tous deux souhaitent retrouver les deux personnes qui doivent savoir ce qui s'est passé : un homme dit "le basané" et une femme blonde avec une queue de cheval.
De longues recherches, lectures de dossiers, rencontres, interrogations etc....
James en renouant avec la famille de sa mère aura l'agréable surprise de récupérer des photos d'elle dans sa jeunesse, verra la maison où elle a vécu, petit à petit il l'apprend, sa mère lui appartient, il veut la retrouver, la reconnaître.
"Je ne laisserai pas s'installer de fin. Je ne la trahirai pas, ne l'abandonnerai pas une nouvelle fois."

***
ce que j'en pense : Un peu de redites par rapport à la lecture du Dalhia noir.

Il me fait de la peine ce "môme" qui doit vivre sans la régularité, l'affection  de sa mère qu'il a repoussé ;  dans la permissivité de son père (un raté), l'obsession du crime sexuel, sans amis (seul Lloyd l'aidera), qui devra faire tout et n'importe quoi pour être "remarqué" pour exister aux yeux des autres.
Pourquoi ce besoin du "noir" pour se retrouver, pour retrouver sa mère ?
Cette haine/amour qu'il a d'elle  (rêve et visions incestuelles, à l'âge adulte) est-ce un complexe d'oedipe  refoulé et qui ressurgirait plus tard dans la vie de l'adulte ?

j'attends l'analyse de Chrysta (notre spécialiste) qui doit lire aussi ce livre.

C'était donc une lecture "noire", où tout nous est dévoilé sur le minutieux et long  travail d'enquête d'un policier de la criminelle. Une vision aussi de la société américaine à l'époque des années 50 et l'évolution 30/40 ans plus tard. J'ai eu l'impression que LA était une zone de largage de corps de femmes assassinées.
Ecriture incisive qui sied à l'ambiance.


Mots-clés : #autobiographie #criminalite #lieu
par Bédoulène
le Mer 31 Juil - 16:41
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: James Ellroy
Réponses: 18
Vues: 1221

Suketu Mehta

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 51-yqz10

Bombay Maximum City

Bombay Maximum City est un monstre : près de 800 pages en grand format, plus de 5 cm d’épaisseur, et un contenu protéiforme et démesuré, aussi affolant qu’attachant, déroutant en diable…  Un ouvrage gargantuesque, à l’image de cette ville tentaculaire de Bombay (désormais Mumbai), plus de 20 millions d’habitants au compteur et des milliers de nouveaux arrivants absorbés chaque jour sans coup férir.
Bombay est la ville de tous les possibles : un Eldorado, un mirage, une chimère… Pour elle, pour les espoirs qu’elle porte, les provinciaux n’hésitent pas à tout quitter pour s’entasser à 7 dans quelques mètres carrés insalubres. A Bombay, millionnaires et miséreux vivent dans une étonnante proximité, les gangs règnent en maîtres, la politique se mêle de tout – ou rien, c’est selon. A Bombay nul ne peut vivre s’il n’accepte qu’en toute chose, il faut accepter de petits arrangements, avec autrui comme avec sa propre conscience… Bombay est aussi sage que délurée, honnête que corrompue, tolérante qu’incendiaire… Bombay a mille vies et mille formes, si étroitement entrelacées qu’il est presqu’impossible de les démêler.

Suketu Mehta, de retour dans la ville de son enfance après des années passées aux Etats-Unis, a arpenté la cité pour tenter de se la réapproprier. Il nous livre un ouvrage hybride et très personnel, mélange de récit autobiographique et d’enquête journalistique. La particularité de l’auteur est d’avoir longuement côtoyé ceux dont il a choisi de parler, finalement pas si nombreux, et d’avoir exploré des facettes sombres ou méconnues de la ville. On croise ainsi d’attachantes danseuses de bar, des tueurs à gage à la solde des gangs qui contrôlent la ville, des stars de Bollywood, un chevalier blanc de la lutte anti-terroriste (tortionnaire à ses heures perdues), et même une famille de diamantaires jaïns qui renonce à tout attachement et tout bien terrestre pour embrasser une vie monastique d’un ascétisme presque terrifiant...

Dans ce foisonnement d’informations, le passage qui m’a durablement marquée reste la (longue) première partie, consacrée aux émeutes inter-religieuses qui ont ensanglanté la ville en 1993. On ne ressort pas indemne de la lecture des témoignages de ceux qui, des années après avoir massacré passants, voisins, et même amis, prétendaient n’en éprouver aucun remord, tandis que l’instigateur des émeutes, le tout puissant Bal Thackeray (chef du parti nationaliste hindou Shiv Sena), continuait d’attiser la haine dans un constant mélange de  « fake news » et d’arrogance. Avec le tout Bombay à sa porte pour solliciter ses faveurs...

Bombay Maximum City, ce sont 800 pages de démesure et d’humanité cachée, retrouvée ou bafouée. Un texte dont on ressort tout pantelant, des interrogations plein la tête. On ne va pas se mentir : il y a des longueurs. Pas mal de longueurs, même. J’en avais bien conscience en les lisant et pourtant je m’en fichais comme d’une guigne, tant l'auteur a le don de vous prendre par la main et de ne plus vous lâcher. (Bon allez OK, j'ai un chouilla rechigné sur la fin. Mais chut.)
Quinze ans après la parution du livre, j’aimerais penser que la situation a bien changé, et pourtant j’en doute, tant les problèmes de Bombay semblent être voués à un éternel recommencement…. Un livre édifiant.


Mots-clés : #autobiographie #criminalite #documentaire #lieu #religion #violence
par Armor
le Mar 30 Juil - 18:37
 
Rechercher dans: Sciences humaines
Sujet: Suketu Mehta
Réponses: 14
Vues: 1041

Gilles Ortlieb

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 15357210

Soldats et autres récits

Souvenirs du service militaire, souvenirs d'hôtels, de Belgique et de Grèce. Le genre de moment de lecture qui coule comme une évidence. Précis, épuré et sans austérité.

Comme quoi le temps mort ne l'est pas tout à fait. Une manière d'être là, de regarder et de raconter "ça" qui me convient tout à fait.

J'en connais plusieurs ici qui si retrouveront si ce n'est déjà fait...

Mots-clés : #lieu
par animal
le Dim 28 Juil - 21:59
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Gilles Ortlieb
Réponses: 4
Vues: 702

Karel Schoeman

Cette vie

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Karel_10

La narratrice est une vieille agonisante qui rassemble ses souvenirs tout au long d’une nuit pour « tenter de comprendre, [de] tenter de pardonner. »
Elle a vécu dans une ferme isolée du veld, en bordure du désert du Karoo où hiverne la famille avec les moutons et dont vient sa mère, obstinée, parcimonieuse et irascible. Elle reconstitue, avec ses réminiscences de discrète enfant observatrice et quelques conjectures, l’histoire de son ascendance depuis son établissement jusqu’à la prospérité relative dans ce milieu difficile.
« À la ferme, lorsque j’étais enfant, je jouais souvent seule près du vieux cimetière derrière la colline, là où les anciens jetaient ce dont ils ne vouaient plus ; je ramassais parmi les pierres des fragments de poterie, de porcelaine, ou encore des morceaux de verre bleu ou mauve. Parfois, certains de ces fragments étaient assez gros et assez grands pour permettre, en examinant l’arrondi et les décorations, de retrouver la forme et le motif de la tasse ou du bol d’origine ; c’est ainsi que se présentent les fragments de souvenirs à partir desquels je dois maintenant tenter de reconstituer la forme et les motifs du passé. »

« C’est sans doute comme cela que notre domaine s’est étendu et que nos prétentions se sont affirmées : par des disputes avec les voisins et des menaces ou des violences envers ceux qui étaient plus faibles que nous. »

« …] le but était là depuis toujours et nous autres, les enfants, n’étions que des instruments pour y parvenir. »

Les domestiques, d’anciennes esclaves, dorment à même le sol de bouse séchée, au pied de leur maîtresse. Il y a également une sous-classe de genre de serfs, les Bâtards de Bastersfontein :
« Tous sont morts et enterrés jusqu’au dernier sans laisser ne fût-ce qu’un nom, qu’un visage ; enterrés soit derrière le mur d’enceinte, de l’autre côté du cimetière réservé aux Blancs, soit quelque part le long de la route qui mène vers le Karoo, soit encore dans l’intérieur des terres, vers Grootrivier, là où les ont menés leurs pérégrinations ; les pierres dont on les avait recouverts se sont écroulées et ont été dispersées par le vent, leurs enfants et leurs petits-enfants sont morts à leur tour quelque part dans la plaine, dans le ravin, ou près du feu de camp, et les derniers souvenirs de leur existence se sont évanouis avec eux. Seules leurs voix résonnent encore tandis que je cherche en vain le sommeil. »

La vieille fille de la maison se remémore un drame familial, voudrait ne plus se ramentevoir. Elle aura finalement été seule, une sorte d’étrangère chez elle, un témoin invisible.
Dans ce livre est aussi démontrée la prépotence de femmes fortes, ambitieuses, égoïstes ‒ ainsi que la vanité des vies humaines.
« Dans le coffre où nous rangions le linge de maison, les draps et les taies d’oreiller s’entassaient sans que quiconque prît la peine d’expliquer pourquoi, à l’image de ces terres et de ces troupeaux de moutons dont notre famille, à la même époque, faisait l’acquisition dans la plus grande discrétion, méthodiquement, dans la perspective d’un avenir sans doute inconnu, mais fascinant. »

« En réalité, au fil des ans, seuls les visages autour de la table avaient changé, un simple renouvellement des ombres à la lueur de la bougie dans une maison où, pour le reste, tout était comme avant. »

Après Cette vie et Des voix parmi les ombres, Phébus a édité L’Heure de l’ange, qui clôt le triptyque de Karel Schoeman consacré aux voix ; à écouter bientôt…


Mots-clés : #famille #lieu #ruralité
par Tristram
le Mer 24 Juil - 0:49
 
Rechercher dans: Écrivains d'Afrique et de l'Océan Indien
Sujet: Karel Schoeman
Réponses: 45
Vues: 5955

Jean-Marie Gustave [J.M.G] Le Clézio

Voyage à Rodrigues

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Rodrig10

Récit romancé, 1986, 135 pages environ.

Il s'agit d'une relecture, à rebrousse-poil, puisque j'ai envie ces prochaines semaines de relire aussi Le chercheur d'or, qu'on lit en principe avant (voir même L'Africain, histoire de caser ça en trilogie).

Le Clézio m'agace quand il brasse en rond dans ces pages surchargées d'emphase une espèce de vacuité que je peine à prendre pour du souffle (Désert, par exemple, je n'ai jamais pu aller au-delà des premiers paragraphes):
Il est des auteurs que l'on aimerait voir foisonner, se laisser aller à une faconde verbeuse, et d'autres dont on souhaiterait qu'ils se continssent.

135 pages, c'est pourtant bref, mais cela eût pu être écrit sans dommage, à mon humble avis, en 75-80 pages, format nouvelle.
Ce qui fait sujet, c'est un parcours, idéalement d'ordre initiatique, de l'auteur qui tente de mettre ses pas dans ceux de son grand-père, qui a cherché là en vain un trésor de corsaire, entre 1902 et 1930, avec un acharnement des plus rares.

Comme son grand-père s'avéra un gros traqueur de signes et un déchiffreur d'énigme codée, l'auteur effectue un glissement, de signe à signifiant, d'encodages à symbolique, se demandant si, en fin de compte, il n'y a pas là les éléments d'un langage personnel, dont il devient de facto le dépositaire: avec les quelques descriptions, exotiques à souhait, de l'ile, c'est dans l'abord de cette problématique-là qu'il faut rechercher les meilleures pages.

La fin du livre, transcription de son grand-père dans la généalogie des Le Clézio, nous transporte à Eurêka, la munificente demeure familiale mauricienne d'où le grand-père fut expulsé par ses créanciers, et son jardin d'abondance, et la montagne Ory, le Pouce, le Piether Both, toutes éminences bien connues des lecteurs de Malcolm de Chazal.  

La quête de l'auteur est sans fin, nous le comprenons, ainsi que la recherche acharnée du trésor le fut pour son grand père.
Au final tout de même une bien belle lecture, sur un thème...en or, et dans des lieux lointains et esseulés, que Le Clézio nous restitue à merveille: allez vers ces pages sans crainte.

page 63 a écrit:Mais ce trésor, qu'était-il ? Ce n'était pas le butin des rapines de quelques pilleurs des mers, vieux bijoux, verroteries destinées aux indigènes de la côte des Cafres ou des Moluques, doublons ou rixdales. Ce trésor, c'était donc la vie, ou plutôt la survie. C'était ce regard intense qui avait scruté chaque détail de la vallée silencieuse, jusqu'à imprégner les roches et les arbustes de son désir. Et moi, aujourd'hui, dans la vallée de l'Anse aux Anglais, je retrouvais cette interrogation laissée en suspens, j'avançais sur ces cartes anciennes, sans plus savoir si c'étaient celles de l'écumeur de mer ou celles de mon grand-père qui l'avait traqué.



Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Anse_a10
L'Anse aux Anglais, à Rodrigues.






Mots-clés : #famille #insularite #lieu #temoignage #xxesiecle
par Aventin
le Lun 22 Juil - 22:55
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Jean-Marie Gustave [J.M.G] Le Clézio
Réponses: 16
Vues: 1354

Josephine Winslow Johnson

Novembre

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy195

Face aux espoirs de la jeunesse, les affres de la Grande Dépression dans cette ferme perdue où la famille s’est retirée, s’égrainent au fil d’une année qui conclue sinistrement dix ans de lutte. Pèsent la rudesse du père accablé de n’avoir que de filles, la folie de la soeur aînée, la hantise de l’hypothèque sur la ferme. La sérénité de la mère, dont la résilience est portée par l’amour de Dieu et de son mari, et l’amour du garçon de ferme, quoique sans retour, sont des baumes bienfaisants. La nature sauve en autant d’instants lumineux cette existence tourmentée, jusqu’à ce que la sécheresse s’en mêle, accablante.

Il y a un côté Steinbeck, bien sûr, mais avec des personnages plus torturés et un lyrisme passionné. La détresse de la jeune narratrice alterne en permanence avec une forme d’espoir, à moins que ce ne soit une résignation. Troublant, même si le style dans son emportement et sa singularité  poétique, se fait parfois opaque (traduction?).


Mots-clés : #catastrophenaturelle #famille #jeunesse #lieu #ruralité #social
par topocl
le Lun 22 Juil - 10:05
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Josephine Winslow Johnson
Réponses: 2
Vues: 705

Pierre Bergounioux

L'arbre sur la rivière

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 L_arbr10

Roman, publié en 1988, 185 pages environ.
Pomme, Alain, Daniel et le narrateur; quatre garçons d'entre huit et dix ans qui découvrent un arbre surplombant une rivière et devient à la fois leur cabane, leur lieu d'affût, leur totem et le soubassement à leur rêve de gosses.  

On les suit à travers école, collège et lycée jusqu'à l'orée de leur vie professionnelle (tôt arrivée pour Pomme, apprenti mécanicien dès quatorze ans)

En commun cet arbre, tutélaire à sa façon: celui sur les embranchements duquel ils se perchent pour des pêches parfois fabuleuses, celui depuis lequel ils rêvent d'appareiller pour l'océan voguant sur un radeau maison, qui ne fera pas long feu lors de son unique et malencontreuse expérience nautique in situ.

Ce qui est superbe dans ce livre c'est la restitution du parler et du ressenti d'enfants et d'adolescents -jusqu'à l'état de jeune adulte- je n'ai pas le souvenir de nombreuses tentatives aussi réussies, dans cet exercice périlleux si ce n'est notoirement casse-figure.
Avec le côté corrézien, années 1950 et début 1960 en inestimable bonus pour l'ouvreur de ces pages.

Ce qui interpelle, c'est la douceur du phrasé de M. Bergounioux.
Il y a du velouté dans son encre.
C'est une joie de lecture découlant, on le parierait, d'une joie d'écriture (du moins je le ressens ainsi, il faudrait demander à l'auteur).
En tous cas beaucoup de fluidité et de sens narratif, couplé à la joliesse de l'histoire, font que le lecteur est vite hameçonné.    

Ce qui fait tout le sel, c'est cette quête semblant totalement contradictoire: Comment conjuguer l'aventure et l'ailleurs d'un côté, l'enracinement (et la perspective du futur déracinant) dans un temps que ces garçons voudraient qu'il fût figé, de "riches heures" ?

Ce qui constitue la part tendre, ce sont ces quatre cœurs à l'unisson, en dépit des divergences, des chemins de vie.  

Les ultimes voyages, ceux qui sont "pour de bon" ?
On vous laisse lire, voyez-vous, on s'en voudrait de dévoiler, traversez les ronciers et rendez-vous à l'arbre !

Chapitre IV a écrit:Nous surplombions la ville. Je l'ai trouvée minuscule maintenant que nous étions à la frontière, sur les hauteurs dont elle était cernée de toutes parts sauf à l'ouest où la rivière s'acheminait vers la mer. À l'est, les toits miroitaient comme des éclats de verre. Il fallait un instant avant d'admettre que c'étaient des toits, puis la grande poste à côté du clocher, la place du théâtre dont les grands platanes faisaient à peu près l'effet d'un bouquet de persil, et, au-delà, le lycée, tel un jeu de construction pour enfants lilliputiens. Daniel devait penser la même chose car il a fait remarquer que ça n'était pas grand.
  Pomme a dit qu'on pouvait s'installer. Les sièges étaient en bon état, les garnitures de tissu aussi, d'un gris compassé, et même la planche de bord sous laquelle était encastrée un poste de radio. Pomme a tiré d'une poche de sa combinaison une grande feuille de plastique. Il l'a soigneusement appliquée sur son siège et il s'est installé au volant. Il s'est tourné vers moi. Son visage était cramoisi. Il souriait. Il a dit que le moteur, il l'avait déjà, au garage, pour rien et comme neuf.







Mots-clés : #amitié #jeunesse #lieu #xxesiecle
par Aventin
le Sam 29 Juin - 22:20
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Pierre Bergounioux
Réponses: 40
Vues: 4164

Georges Rodenbach

Bruges-la-Morte (1892)

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 51fd1b10

Hugues Viane ne se console pas de la disparition de sa femme. Il s'est réfugié à Bruges dont l'eau stagnante des canaux convient à son deuil. Il erre dans le labyrinthe des rues, croise une inconnue dont la silhouette, la démarche, le visage le frappent de stupeur : " Ah, comme elle ressemblait à la morte ! "

"Bruges-la-Morte" associe les thèmes du fantastique aux intuitions du symbolisme. Il donne aussi l'exemple, avant "Nadja" d'André Breton, du premier ouvrage d'auteur illustré de photographies.

Cette réédition d'un des chefs-d'oeuvre de la littérature "fin de siècle" est accompagnée des trente-cinq illustrations de l'édition oiginale [1892] et de nombreuses variantes.


D'habitude le GF est un repoussoir pour moi avec sa police minuscule et illisible, mais cette édition est vraiment agréable à lire, aérée et comprenant les illustrations d'origine, qui parsèment le texte.

Ami de Mallarmé, et membre du courant symboliste en son temps, Robenbach ne manque pas de talent. Et ce court roman est une belle découverte pour ma part.
Cela fait un peu penser à Nadja, comme le dit le synopsis, allez savoir si Breton s'en est inspiré ?

On suit avec plaisir ce veuf désespéré dans une Bruges aux allures fin-de-siècle. La bigoterie de l'époque est aussi bien présente avec la servante notamment.
Dans une prose poétique, l'on suit un homme qui cherche à faire revivre les souvenirs de sa femme, morte, dans la ville, puis à travers une autre femme.

Hugues songeait : quel pouvoir indéfinissable que celui de la ressemblance !

Elle correspond aux deux besoins contradictoires de la nature humaine : l’habitude et la nouveauté. L’habitude qui est la loi, le rythme même de l’être. Hugues l’avait expérimenté avec une acuité qui décida de sa destinée sans remède. Pour avoir vécu dix ans auprès d’une femme toujours chère, il ne pouvait plus se désaccoutumer d’elle, continuait à s’occuper de l’absente et à chercher sa figure sur d’autres visages.

D’autre part, le goût de la nouveauté est non moins instinctif. L’homme se lasse à posséder le même bien. On ne jouit du bonheur, comme de la santé, que par contraste. Et l’amour aussi est dans l’intermittence de lui-même.

Or la ressemblance est précisément ce qui les concilie en nous, leur fait part égale, les joint en un point imprécis. La ressemblance est la ligne d’horizon de l’habitude et de la nouveauté.

En amour principalement, cette sorte de raffinement opère : charme d’une femme nouvelle arrivant qui ressemblerait à l’ancienne !

Hugues en jouissait avec un grandissant délice, lui que la solitude et la douleur avaient dès longtemps sensibilisé jusqu’à ces nuances d’âme. N’est-ce pas d’ailleurs par un sentiment inné des analogies désirables qu’il était venu vivre à Bruges dès son veuvage ?

Il avait ce qu’on pourrait appeler « le sens de la ressemblance », un sens supplémentaire, frêle et souffreteux, qui rattachait par mille liens ténus les choses entre elles, apparentait les arbres par des fils de la Vierge, créait une télégraphie immatérielle entre son âme et les tours inconsolables.

C’est pour cela qu’il avait choisi Bruges, Bruges d’où la mer s’était retirée, comme un grand bonheur aussi.


les ruptures d'amour sont comme une petite mort, ayant aussi leurs départs sans adieux.



Mots-clés : {#}amour{/#} {#}lieu{/#} {#}mort{/#} {#}xixesiecle{/#}
par Invité
le Lun 17 Juin - 21:18
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Georges Rodenbach
Réponses: 5
Vues: 858

Moritz Thomsen

La ferme sur le rio Esmeraldas

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Cvt_la15

Notre première analyse nous conduisait  à voir une simple confrontation avec les forces de la nature. En ayant recours à notre intelligence, nous étions persuadés d'en sortir vainqueurs. Nous aurions comme alliées la science et la technologie ; nous nous plongerions dans les manuels ; notre ferme jouerait le rôle d'un phare pour tous les fermiers de ce secteur d’Esméraldas qui, en voyant notre savoir-faire, comprendraient  que sur cette terre féconde c'était entêtement que de demeurer pauvre. Un des gringos installés dans la région depuis longtemps me dit : « Si tu veux partir de l'Équateur avec une petite fortune, arrive d'abord avec une grosse… », et moi de rire. Car cette boutade ne me concernait pas. Je ne projetais pas de quitter ce pays et la richesse inévitable qui nous reviendrait ne serait qu'une des retombées de la lutte contre la jungle dans laquelle nous nous engagions corps et âme

.

Moritz Thomsen, l’ancien pilote qui a bombardé l’Allemagne la peur au ventre, l’un des seuls militaires à avoir été décoré pour avoir loupé sa cible, dit-il, revient, la cinquantaine venue en Equateur qu’il avait appris à aimer pendant les 4 ans où il y  a séjourné avec le Peace Corps. L’aventure, la nature sauvage, une humanité à partager.

Il s’associe à Ramon, son ami d’alors, plein d’espoir et de bonnes considérations, pour acheter une terre inculte et inamicale où il implante une ferme. Il veut travailler avec les populations locales, main dans la main, prouver que le travail aura raison de la nature, et de la pauvreté. Vaste programme un rien naïf au regard des difficultés qu’il va rencontrer, l’hostilité de la nature, l’incurie des travailleurs, la misère et son cortège de mensonges,  vols, la violence, et les catastrophes naturelles.

Ce qui est très plaisant c’est que, bien qu’il raconte au fil des pages l’échec de son projet, la perte de ses illusions, la déception face à ses attentes de colon blanc rationaliste, hésitant entre proximité et distance, lui, l’homme ouvert mais hermétique aux valeurs et conceptions  culturelles trop différentes, il garde cependant toujours une certaine foi en l’homme, il ne condamne vraiment aucune dépravation qui l’entoure, il subit mais excuse. Et s’il cherche à s’en protéger, s’il finit même par fuir, il se  défend d’y apporter une condamnation, repart sur son chemin de croix d’altruisme, de partage et d’assistance.

C’est merveilleusement écrit, sans une seconde d’ennui,  avec une sensibilité,  et une humanité hors du commun. Il partage des portraits hauts en couleurs mais qui ne cèdent jamais au pittoresque outrancier, où transparaît toujours l’empathie derrière l’incompréhension. Une belle leçon que la vie est autre chez les autres, que les hommes ont du mal à se comprendre, que l’égalité ce n’est pas pour demain.

Mots-clés : #autofiction #aventure #lieu #nature
par topocl
le Ven 24 Mai - 17:23
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Moritz Thomsen
Réponses: 22
Vues: 2300

Ivan Alekseïevitch Bounine

Le Fol artiste

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Bm_10110

Un homme arrive en Russie en provenance de stockholm, le 24 décembre 1916 accompagné de son serviteur, il réclame à l'hôtel une belle chambre et il clame "je suis un artiste" !
Il sort, prend un taxi et se fait conduire dans un magasin d'encadrement de tableau, mais ce magasin ne vend pas des couleurs pour peindre ; il presse ensuite le conducteur pour le retour car il doit débuter son tableau à une heure précise.
Ce tableau doit être immortel,c'est une promesse faite à sa femme mourante ; il montre l'alliance d'elle qu'il porte à son doigt à son serviteur et lui dit que c'est un testament, qu'il peindra un tableau immortel et lui offrira à lui !
Mais le "fol artiste" est venu sans le matériel et en Russie à cette époque de guerre il n'y a point de couleurs, point de pinceau !
Après une longue nuit de travail acharné il termine le tableau mais il ne se rend pas compte de l'horreur peinte, à la place des sourires et beauté  qu'il imaginait, ne voilà que grimaces et laideurs dans les personnages, pourtant le sujet "la naissance de Jésus" s'y prêtait.

« Dans le monde, mon ami, il n'y a pas de plus grande fête que Noël. Et il n'y a pas de mystère qui puisse égaler la naissance d'un homme. Voici le dernier instant du monde sanglant, du vieux monde ! Un nouvel homme vient à la vie ! »

Une courte nouvelle de 14 pages (en numérique). Précipitation, effervescence d'idées, d'envie dans l'esprit de cet homme mais on doute très vite de sa compétence ; une oeuvre immortelle parait bien ambitieuse pour un tel homme, mais on est peiné pour lui car nous avons vu sur l'album qu'il consulte les photos de sa femme dans un cercueil et l'accompagnant celui d'une enfant ; une poupée !
Très court mais qui délivre beaucoup, le deuil, l'amour, la folie.
Les descriptions de la ville sont très belles.

"Le soleil se dorait à l’orient brumeux, au delà de la bleuâtre brume des forêts lointaines, au delà de la blanche dépression que dominait, d’une berge peu élevée, une antique ville russe. C’était la veille de Noël, une matinée radieuse, de gel modéré et de givre."

Très bonne lecture   Smile


Mots-clés : #lieu #mort #peinture
par Bédoulène
le Lun 20 Mai - 17:15
 
Rechercher dans: Écrivains Russes
Sujet: Ivan Alekseïevitch Bounine
Réponses: 13
Vues: 2439

Elisabeth Filhol

La centrale

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 J12

Ca parle d'un homme qui va de centrale nucléaire en centrale nucléaire, pour des contrats courts, logeant dans une caravane. Son copain s'est suicidé, comme deux autres travailleurs de la centrale. Thème hautement louable.
A part ça , et bien, ça dit vraiment peu de ces gens, tant cela vise à une distance ésotérique, et peu de leurs conditions de travail tant c’est noyé dans un fatras technique et professionnel. Le dépouillement du style, avec un côté recherche formelle,  n'empêche pas l'opacité.
Heureusement ce galimatias était très court. Et si c’est pour montrer qu'il s'agit de lieux inhospitaliers, c'est réussi.


Mots-clés : #lieu #mondedutravail
par topocl
le Ven 17 Mai - 9:05
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Elisabeth Filhol
Réponses: 2
Vues: 428

Olga Tokarczuk

Dieu, le temps, les hommes et les anges

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy180

Comme dans tout village polonais, on a vu passer des Russes et les Allemands Les homme sont partis à la guerre, plusieurs fois, les femmes ont été violées et les maisons dévastées. Cela  n’ a pas empêché chacun de faire sont travail, quelques trafics au marché noir,  élever des enfants, construire des maisons, et arrose tout ça de vodka. Mais aussi les hommes et les femmes ont rêvé, souffert,  entretenu d vieux fantômes, partagé l’énergie de la nature, cherché le sens de Dieu et de la vie.


Le relai se passe  de l’un à l’autre par petits chapitres, pour décrire ces vies les deux pieds solidement ancrés dans la terre mais menées par l’espoir et  la fantasmagorie.  Il ressort un charme certain de ce récit où le quotidien se pare   de rêves, visions, sorcellerie,  folie douce et questionnement existentiel.



Mots-clés : #historique #lieu
par topocl
le Sam 11 Mai - 21:18
 
Rechercher dans: Écrivains d'Europe centrale et orientale
Sujet: Olga Tokarczuk
Réponses: 73
Vues: 7391

Andrea Camilleri

Le jeu de la mouche

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 5 Camill10

Dans ce recueil d' histoires minuscules, de souvenirs, de faits cocasses, émouvants ou ridicules, Camilleri nous dresse un tableau inédit
de sa Sicile.
Il nous explique comment ce peuple, brutalisé, réduit au silence, a appris à parler en se taisant. Echanger par brefs regards, des signaux d' amitié, de complicité, d' avertissement. Bref tout un langage muet, mais combien explicite pour ceux qui en ont l' usage.

Les mots, les expressions populaires dépassent les particularismes locaux pour atteindre une manière de vérité passant à travers des phénomènes linguistiques restreints. Propres à tel ou tel lieu mais cristallisant des notions précises.
A travers eux, on distingue la peur, l' angoisse, la moquerie, la tendresse.

C' est à la fois un livre érudit mais toujours concret, précis, plein de saveur et d' humour. Un contrepoint différent mais parfaitement complémentaire des enquêtes du commissaire Montalbano.
Quel bonheur que Camilleri se soit décidé à écrire même si tardivement !


Mots-clés : #lieu #viequotidienne
par bix_229
le Jeu 9 Mai - 15:39
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Andrea Camilleri
Réponses: 25
Vues: 2497

Revenir en haut

Page 5 sur 9 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9  Suivant

Sauter vers: