Des Choses à lire
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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Ven 19 Avr - 17:20

103 résultats trouvés pour pathologie

Jean-Paul Dubois

Dubois et moi, ça n'a pas très bien commencé:

Hommes entre eux


Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Images71



C’est ça, des hommes entre eux ? Cette suffisance auto apitoyée vaguement bestiale sous prétexte de désenchantement ?
Et bien, je les laisse à leurs divagations sans humour sous la tempête de neige Ce livre inabouti s’appuie sur des psychologies sommaires, lance des pistes qu’il ne suit pas suffisamment, il ne se passe au demeurant pas grand chose, et si l’écriture plutôt moyenne tente quelques morceaux de bravoure , je n’ai pu me laisser emporter par ces combats d’hommes à mains nues, ces strip-teases glauques, l’amour dans une voiture ou la tempête de neige magnifiée par la fièvre. La chute, plus improbable que surprenante, ne sauve rien.
Je n’ai vraiment rien trouvé pour me retenir dans ce livre.

Commentaire récupéré


mots-clés : #pathologie #psychologique #violence
par topocl
le Lun 8 Jan - 20:50
 
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Sujet: Jean-Paul Dubois
Réponses: 17
Vues: 1054

Henry Bauchau

Le Boulevard périphérique

Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Baucha10

C’est un livre qui peut paraître dur par son sujet, il y est question d’affrontement et de mort, mais c'est un livre pétri d’humanisme.

L’intrigue se déroule sur deux temporalités qui alternent. La plus ancienne se situe en Belgique à la fin des années 30 et pendant la seconde guerre mondiale : le jeune Stéphane initie le narrateur à l’escalade sur les parois des Ardennes. Il lui apprend notamment à se surpasser et à vaincre sa peur. Nous apprenons que durant la guerre Stéphane entre dans la Résistance et se trouve fait prisonnier par le redoutable colonel SS Shadow .
L’autre moment se place dans les années 80. Le narrateur, devenu âgé, se rend quotidiennement au chevet de sa belle-fille Paule qui se meurt d’un cancer dans un hôpital parisien. Les trajets qu’il effectue des Yvelines à la capitale donnent son titre au roman.

L’affrontement entre Stéphane et Shadow constitue donc une partie du livre. Stéphane (le Couronné) est une créature libre, légère et aérienne, qui se trouve face à son double Shadow (l’Ombre) homme massif et sombre, très tellurique. C’est une lutte mortelle, mélange d’amour haine qui s’engage entre les deux hommes, bien que l’un soit à la merci de l’autre. Pensez-donc, Stéphane est le seul homme qui face à Shadow, ne court pas aux toilettes se vider les intestins ! Sa pirouette finale hantera les derniers jours de Shadow lorsqu’il rencontre le narrateur, peu de temps après la guerre dans un hôpital, pour se confier à lui avant de mourir.

Ce genre d’histoire a déjà été mis en lumière par beaucoup d’écrivains et pèche peut-être par son côté manichéiste affirmé, mais il y a des morceaux inoubliables, notamment cette image des femmes qui hurlent en groupe lors du départ des hommes pour le travail en Allemagne.

L’hôpital – la mort est l’un des fils qui relie l’histoire ancienne à celle du présent. Celle-ci m’a plus touché, probablement parce qu’elle fait place aux multiples détails de la vie quotidienne. Dans la chambre de Paule se rencontrent son mari, partagé entre son amour pour sa femme et son travail, l’enfant lui a été envoyé en Angleterre. La mère de la malade est toujours là à ses côtés, dans son rôle de mère, vraie figure de Pietà qui m’a fait penser à la servante dans « Cris et chuchotements ». Elle parle peu la mère mais c’est pour dire des choses importantes :

« Elle a bon moral. Hier, j’ai vu que vous étiez troublé. Il ne faut pas, tout est déjà décidé dans son corps mais nous ne savons pas quoi. On a tout fait, il ne faut plus penser, supputer, se chagriner. Il faut seulement soutenir son moral. »


Le narrateur est là bien sûr, également des amis. Il y a la vie qui continue avec ses multiples péripéties malgré la présence de la mort.Il y a beaucoup de mélancolie et de tendresse dans ce livre. J’ai pensé à un bon film de Claude Sautet !

« Comme une araignée tisse sa toile, je n’ai rien fait avec ténacité que de m’emprisonner moi-même. J’ai eu des mouvements de libération, j’ai parfois brisé une porte, scié un barreau, mais je n’ai jamais cessé d’être fidèle à la Loi qui depuis mon enfance me prescrit de bâtir ma prison. »


« Paule s’éveille doucement par reprises successives, pourtant sa bouche s’ouvre un peu, appelle l’air comme un poisson hors de l’eau. Mais elle le trouve, elle aspire, elle respire calmement. Elle a encore sa rivière, son fleuve, son océan d’air. Elle nous retrouve des deux côtés de son regard et elle sourit. »


« Il ne reste plus que ce visage tranquille avec sa bouche ferme et la disparition à jamais de ce qui fut son regard. Il ne reste que ce corps devenu peu à peu fragile sous les coups de la maladie, qui a perdu sa rapidité, son volume, son souffle et n’est plus maintenant sous le drap que le signe de ce qui fut le passage d’une vague soulevée par on ne sait quel océan. »


« Je voudrais faire l’économie de toutes les morts que j’ai vécues, de celles que je devrai vivre encore. Je ne peux pas, je suis dans ce temps, dans ce monde, il n’y en a pas d’autre. »


« Autrefois je pensais qu’il fallait écrire avec des cailloux blancs afin de pouvoir retrouver son chemin. Aujourd’hui je vois qu’un peu de mie de pain suffit et qu’il faut avancer dans l’obscurité en se servant des traces confuses laissées dans la forêt, de ce qui reste de lumière et si je vois, comme aujourd’hui, la lampe de la maison de l’ogre, je suis content car elle éclaire cette page où je parviendrai peut-être à faire apparaître la plus intime des écritures, celles de nos grands prédateurs. »


mots-clés : #deuxiemeguerre #mort #pathologie
par ArenSor
le Ven 5 Jan - 19:16
 
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Sujet: Henry Bauchau
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Kristopher Jansma

New York Odyssée

Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Images60

Tous les quatre, Georges, Irene, Sara et jakob, à peine leurs études finies, sont venus à l'assaut de New York (cinquième personnage)  pour y vivre à fond le bonheur qui leur est dû, déambuler dans les rues, boire dans les bars branchés, s'amuser du temps qui passe et de la vie qui s'annonce; mais leur élan est brisé quand Irene apprend qu'elle a un cancer, qu'ils l'accompagnent avec fidélité et folie, puis quand elle meurt,  laissant ses jeunes amis désemparés, comme prématurément vieillis.

Kristopher Jansma traite avec un certain brio ce sujet casse-gueule, avec ce qu'il faut de tristesse sans tomber dans le larmoyant, et une belle intelligence émotionnelle. Cependant malgré des portraits épatants, et des scènes parfaitement réussies, il y a aussi de bonnes longueurs qui font que je n'ai pas adhéré pleinement à ce roman d'une génération, parfois déchirant, parfois joyeux, parfois inspiré.

Mots-clés : #amitié #lieu #mort #pathologie
par topocl
le Mer 27 Déc - 21:14
 
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Sujet: Kristopher Jansma
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Anne Godard

Une chance folle

Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Images31

C'est l’histoire d'une petite fille qui devient grande, dans une solitude qui est celle de tous les enfants puis des adolescentes, mais exacerbée par cette brûlure qui envahit les heures et les pensées. Un horrible stigmate qui l'astreint à des traitements aussi pénibles et répétés qu'inefficaces, la condamne  au rôle du monstre regardé de travers voire moqué, ou pire encore, plaint. Elle vit  cette marque infamante dans la culpabilité  de l’horreur et de la peine qu'elle impose aux autres comme à elle-même.

Et chaque fois ce qui recommence, c'est le récit de ce dont je ne me souviens pas, tandis que ce qui compte vraiment, c'est ce que je ne raconte pas, ce qui se répète de rencontre en rencontre, leurs yeux sur moi et la question. C'est quoi, là ? Leurs yeux sur elle et la question. Qu'est-ce qui vous est arrivé ? Même lorsque la question n'est pas posée, lorsque leurs yeux ne se sont pas arrêtés, à chaque rencontre, j'attends, j'anticipe et je prévoir le moment où l'on ose enfin, le moment où l'on se permettra de me montrer que ça y est, cette chose, on l'a remarquée, cette chose sur moi qui est la trace d'une autre chose qui m'est arrivée.


Cet aspect est vraiment très bien traité, l’ostracisme lié à la différence, celui que les autres créent et celui qu'elle se crée elle-même. Magda est aimée-malaimée d'une façon tout à la fois phagocytante et rejetante par une mère à qui  le dévouement permet de se créer un personnage au détriment de sa fille. Tout cela est finement montré, les petites phrases, les petites hypocrisies, les petites maladresses qui n'empêchent pas l'amour, la grande détresse.
Ca part épatamment bien, cette relation perverses entre les  deux.

Peut-être qu'elle s'était tellement habituée de le soigner qu'elle oubliait qu'il était à moi ce corps, ou peut-être qu'elle ne faisait plus la différence entre nous, depuis le temps que nous allions ensemble en cure ou à l'hôpital, elle et moi, comme si nous n'étions qu'une.


Et puis il se greffe diverses péripéties de cette vie familiale, tragiques mais au demeurant assez banales, des épisodes vus et revus ailleurs dans les récits d'adolescence, et auxquels manque une profondeur. Les personnalités des autres personnages sont à peine ébauchées et convenues. Cela donne un résultat assez bancal, livré avec une écriture singulière et urgente, mais qui, on le regrette,  ne suffit pas à convaincre pleinement.



mots-clés : #contemporain #enfance #psychologique #pathologie
par topocl
le Mer 1 Nov - 19:55
 
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Sujet: Anne Godard
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Amulya MALLADI

Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Cvt_un10

En Inde, le mariage est la grande affaire d’une vie. Alors, quand on a présenté à Anjali un jeune et beau militaire, elle n’a pas hésité longtemps. Malheureusement pour elle, très vite, le prince charmant s’est transformé en crapaud. Un soir, il a tout simplement oublié d’aller la chercher à la gare. Hors, ce soir-là, à Bhopal, l’usine d’Union Carbide a explosé. Asphyxiée par les gaz toxiques, Anjali a failli mourir. Peu après, elle a décidé de ne plus gâcher sa vie avec ce mufle, et a demandé le divorce. Une décision d’autant plus courageuse qu’en Inde, le divorce, synonyme d'ostracisme et, même, très souvent, de rejet familial, est encore impensable pour une femme de la classe moyenne.
Malgré tout, Anjali a réussi à rebondir : elle a repris ses études, et a refait sa vie avec un charmant professeur. Et ils ont eu un fils. Hélas, les gaz de Bhopal et leurs insidieuses conséquences ont terni leur bonheur : le petit garçon est né terriblement malade, condamné à brève échéance. Pour eux, dorénavant, c’est la vie vaille que vaille, l’espoir malgré tout, le sourire pour seule arme.
Un jour, hasard des affectations, l'ex-mari d'Anjali est muté dans la ville où elle a refait sa vie. Leur rencontre est inéluctable... Pour Anjali, c'est la confusion des sentiments. Pour l’ex-mari, confronté au triste résultat de son inconséquence, les remords, la honte, les pitoyables tentatives de se racheter. Et pour le mari actuel, la jalousie, l’amour, le doute, l’abnégation, l’amour encore.

Voilà. C’est donc un livre à trois voix, qui entend plonger au plus intime de ses personnages. Ce livre parle de reconstruction, de pardon, de maladie. Il évoque des sujets tabous en Inde, et se veut le reflet de toute l’ambiguïté des sentiments humains. On ne peut pas dire que ce soit simpliste, alors, pourquoi n’ai-je pas adhéré à ce roman ?

Comme d’autres livres indiens publiés récemment par Mercure de France, Une bouffée d’air pur répond à un certain schéma. Et s’il se lit si facilement, c’est peut-être, _Allez, j’ose le dire ?_ grâce à son écriture calibrée pour plaire à un certain public, de toute évidence féminin. Un public dont on présuppose qu’il consent à être bousculé, mais pas trop ; qu’il admet des drames, mais pas sans amour immortel ; qu’il accepte l’inéluctable, tant qu’on ne lui interdit pas de rêver quand même…
Pour moi, c’est là qu’est le hic. En effet, il suffit d’un peu de lucidité pour voir que le destin d’Anjali, si douloureux soit-il, n’est guère crédible. Ca ne doit pas être si fréquent qu’une femme indienne, divorcée, rejetée par les siens  -et donc quasi sans ressources-, puisse ainsi reprendre des études, rencontrer des amis « pour la vie » absolument merveilleux, puis un homme « pour la vie »  non moins merveilleux (et orphelin, ce qui, vous l’avouerez, est bigrement pratique pour l‘écrivain, les parents n'étant plus là pour s’opposer au mariage).
Ils ne doivent pas être si nombreux non plus, les ex-maris mufles-crapauds, qui, d’un coup d’un seul, sont bourrelés de remords et prêt à tout pour se racheter… (avec _ attention spoiler_  l’aide de leur nouvelle femme, tout amour et compréhension sous ses airs de mégère non apprivoisée).
Alors, que dire de la probabilité que ces bons sentiments soient tous réunis en même temps ? Quasi nulle, bien sûr.
Bon, il y a aussi quelques méchants irrécupérables, dans ce livre. Mais comme un passage obligé...

Pour être tout à fait honnête, je suis dure envers ce roman, qui n’a quand même rien d’une bluette à la Barbara Cartland, et auquel je reconnais des qualités. Mais j'en attendais beaucoup plus, et j'ai été déçue. En vérité, cette écriture « aseptisée » ne correspond tout simplement pas au public que je suis aujourd'hui.
Reste quand même, au milieu de tout cela, un enfant condamné par le cynisme des hommes. Et là, malgré toutes mes réserves, j'avoue, à la fin, j’ai pleuré...


mots-clés : #conditionfeminine #famille #pathologie #psychologique #romanchoral
par Armor
le Lun 9 Oct - 22:50
 
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Sujet: Amulya MALLADI
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Malcolm Lowry

Lunar caustic

Souvent traduit avec le titre anglais laissé, sinon on le trouve intitulé Le caustique lunaire.
Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Lowry_10

Étrange opus, au fragile parcours mouvementé. En 1934, Lowry subit une cure de désintoxication de son éthylisme chronique à l'hôpital (psychiatrique) Bellevue de New-York. Il projette de se servir de ce matériau, de ce vécu, pour tenter un récit qui mettrait en scène un journaliste volontairement immergé dans une détention et qui se serait entendu avec un médecin pour que ce dernier lui facilite le travail d'enquête. Le reporter a l'infortune de se trouver à son arrivée dans un tel état d'ivrognerie que les services hospitaliers le placent d'office deux jours en observation...

Aucun éditeur ne souscrit au projet littéraire, mais, pressé par le besoin d'argent, Lowry reprend cette histoire en 1936, sous forme de nouvelle cette fois-ci, et l'intitule The last address.
Il la soumet à la rédaction de Story, une publication qui a déjà fait paraître plusieurs de ses nouvelles. Story achète la nouvelle, mais...ne la publie pas !

Suivant sa technique habituelle d'écriture, il revoit ensuite sa nouvelle à de nombreuses reprises, tente de la faire publier en 1939, sans y parvenir, puis élabore encore une autre mouture en 1942. C'est la seule version imprimée du vivant de Lowry. C'est celle qui est publiée sous le titre "le caustique lunaire" en seconde partie dans l'édition 10-18.

Ce qu'on sait de témoignages concordants, c'est que Lowry avait en projet une vaste œuvre, dénommée "the voyage that never ends" dont "au-dessous du volcan" serait le centre, et que cette œuvre serait composée de sept romans.
Lunar Caustic / the last address devait être épaissi, pour être l'un de ces sept romans.

Selon Maurice Nadeau en préface de l'édition 10-18 du bouquin, Lowry travaillait sur cinq, dix ou même vingt versions d'une même phrase, paragraphe ou chapitre, constamment.

Ces juxtapositions / superpositions d'une même phrase, une fois passées au tamis fin, rendent ce que Lowry fait stylistiquement de meilleur, ces élans à plusieurs plans de lecture, à tiroirs ouverts et d'une richesse débordante, et pourtant paraissant limpides et simples, fluides, mais donnant au lecteur l'impression de ne jamais tout à fait faire le tour de la proposition littéraire de l'auteur.

The Lunar caustic, le caustique lunaire, vous l'aurez compris, c'est la même nouvelle imprimée deux fois à la suite. L'une est plus noire, plus complexe, plus désordonnée sans doute, et provient de la direction arbitrale de Marjorie Lowry, la veuve de Malcom, et de l'ami de Lowry, Conrad Knickerbocker, qui ont puisé dans les fonds très garnis de Malcom Lowry.
Je doute (mais je me trompe souvent !) qu'ils aient bricolés, ou ré-écrits, certains passages, ils avaient le choix, l'abondance de versions était telle ! Et puis la version Lunar Caustic (ma préférée) sonne trop comme du Lowry pour être du travail de faussaire...pourtant ils subirent un procès d'intention, qui dure encore.

Je ne suis pas tout à fait la direction de collection dans leur choix, et si je peux jouer au petit éditeur amateur, placer la version intitulée "le caustique lunaire" avant celle éponyme à l'ouvrage (Lunar caustic) eût été plus inspiré: tout ça pour dire que je vous encourage à plutôt lire cette même histoire sous deux facettes dans cet ordre-là...

Un mot sur le titre: Lunar caustic est bien sûr composé d'après lunatic asylum, asile d'aliénés- hôpital psychiatrique.

Chapitre I a écrit:Un homme sort d'un bistrot, du côté des docks, au petit matin, une bouteille de whisky dans la poche. L'odeur de la mer emplit ses narines et il glisse sur les pavés aussi légèrement qu'un bateau qui quitte le port.
Bientôt pris dans une tempête, battu de toutes parts, il s'efforce désespérément de revenir en arrière. Maintenant, il accepterait l'abri de n'importe quel port.
Il entre dans un autre bar.
Il en émerge, astucieusement remis à flot, mais alors les difficultés recommencent.


Et notre rimbaldien bateau ivre va parvenir jusqu'à l'hôpital psychiatrique, dans une superbe brève phrase nette, souvent mise en exergue, une des plus connues du livre et qui est la dernière du chapitre 1:
Chapitre I a écrit:Avec le fracas frémissant d'un vaisseau lancé contre les récifs, la porte se referme derrière lui.

Cet hôpital borde un petit port entre deux quais et surplombe une péniche échouée que nous retrouverons tout au long du livre. Cette péniche-là en particulier est un élément essentiel du décor du livre, elle fait sens. Le chapitre 2 est entièrement consacré à la décoration "marine" environnante. On y trouve un:
Chapitre II a écrit:Les canots à moteur bleus et blancs, amarrés là, [...] et, sans cesser de se chamailler et se se taquiner sur ce fleuve d'une noirceur de suicide, ils semblaient conter de tendres histoires de jeunes filles, en été.


Au reste, chapitre 3, quand le héros, dont le nom n'est pas clair et sûrement d'emprunt (Bill Plantagenet ? Lawhill ?), reprend connaissance dans son nouvel univers carcéralo-hospitalier, il se croit dans un bateau. On est déjà dans l'espèce d'irréel, je dirais plutôt de trans-réel, qui est la marque de cette nouvelle, et qui n'est pas sans rappeler comme Maurice Nadeau le repère en préface le premier cercle de l'enfer de Dante Aligheri;  une scène de cauchemar, à moins que ce ne soit de delirium tremens, pour vous souligner tout ça, jugez plutôt:
Chapitre III a écrit:De terribles ombres s'approchèrent en foule, puis s'éloignèrent de lui. Une cataracte d'eau se déversa à travers la muraille, envahit la chambre. Une main rouge, gesticulante, l'aiguillonnait; sur le flanc ravagé d'une montagne, un torrent rapide charriait des corps sans jambes dont les plaintes jaillissaient de grandes orbites garnies de dents cassées. Une musique devint un cri perçant, s'apaisa. Sur un lit en désordre, maculé de sang, dans une maison à la façade soufflée, un énorme scorpion violait avec gravité une négresse manchote.


Puis nous découvrons les trois futurs amis de Bill Plantagenet-Lawhill, Garry, le petit garçon "Rimbaud adolescent", à la tête pleine d'histoires qu'il invente sans cesse, M. Kalowsky, un vieillard juif errant plutôt tendre, Battle, un grand noir hyperactif:  Et, au fil des pages, nous sommes convaincus comme Bill que leur détention est un arbitraire, un malentendu, qu'ils n'ont rien à faire là. Toujours ce jeu très constant dans l'oeuvre de Lowry sur la normalité - l'adaptation au monde, et le fragile écart qui en sépare les autres, le reste, les désemparés, les aliénés, les inadaptés ou considérés comme tels.

Les tirades magistrales de l'entrevue entre Bill et le Docteur Claggart, qui constitue le chapitre 9, sont juste poignantes, et, si c'est mis dans la bouche du héros, sans doute faut-il entendre le cri direct de Malcom Lowry: trop long pour vous citer le chapitre entier.

Un mot sur l'univers artistique évoqué directement - donc, Bill Plantagenet ou Lawhill est musicien de jazz, pianiste, atteint par la tremblotte de l'éthylique, au groupe dispersé et largué par sa femme, et qui, de toutes façons, n'a pas les mains assez larges pour tenir l'octave. Donc il triche, y compris quand il joue de la guitare. La scène du piano, dans le centre de détention-hôpital, est éloquente, à savourer (chapitre 8 ).

Pour l'univers littéraire, Melville traverse tout l'ouvrage, et Rimbaud aussi: Deux auteurs que je prise tant, joie !
Très belle citation de Rimbaud tirée des "Illuminations", dans un passage fort, à propos de Bill parlant de Garry au Docteur.
Lowry / Bill Plantagenet - Lawhill  en profite pour lancer au passage, tout juste après, et brut, des références à de la lectio divinas : rien moins que Le Pentateuque, le Cantique des Cantiques, l'Apocalypse selon Saint-Jean.  

Pour l'univers musical, Bix Beiderbecke (hein, Bix, hein ?) Edward Grieg, Frankie Trumbauer, Eddie Lang avec Ruth Etting (ne serait-ce pas là l'évocation de "la" Ruth du livre, celle qui a plaqué Bill ? Cela coïncide un peu trop, je trouve), + Joe Venuti et Eddie Lang (si vous allez en page 2 du fil Malcom Lowry sur Parfum j'ai posté tous les Youtubes afférents à ces références musicales, sous spoiler).


(Rapetassé de deux messages du 1er et du 2 décembre 2013 sur Parfum)

Mots-clés : #addiction #pathologie #solitude
par Aventin
le Dim 8 Oct - 6:37
 
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Sujet: Malcolm Lowry
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Déborah Lévy-Bertherat

Le châle de Marie Curie

Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Image127

Elles sont deux réunies par le hasard, à partager une nuit, celle d'avant leur opération. Elsa, une jeune illustratrice juive,  solitaire, a un cancer du sein. Sa voisine, Kahina, mère de 19 enfants, très entourée, est venue directement de Kabylie pour un simple kyste, croit-elle.

Ces deux qui "n'auraient jamais  dû" se rencontrer, s'observent, s’apprivoisent, se confient pudiquement, partagent des souvenirs et des espoirs. Elles concoctent un petit moment de folie douce et complice, que seules les circonstances peuvent expliquer, puis  reviennent sagement dans leurs lits. Elles se séparent à l'entrée du bloc.

Il y a une attention à ces deux êtres tout à la fois fragiles et forts, symboles de l'universalité de l’humanité face à la maladie,  une douceur, qui rendent ce livre très attachant.

Mots-clés : #pathologie
par topocl
le Mar 26 Sep - 12:57
 
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Sujet: Déborah Lévy-Bertherat
Réponses: 2
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Guillermo Arriaga

Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 5101rm10


C'est une histoire d' amitié, de  passion et de folie, un trio d'amis d'enfance Manuel Gregorio et Tania. Ils s'aiment ; Manuel et Gregorio aiment Tania qui les aime aussi. Mais Gregorio est schizophrène, il convainc Manuel de se faire tatouer un bison bleu sur le bras, avec la même aiguille afin qu'encre et sang se mêlent et qu'ainsi ils soient liés. Au fil du temps Manuel ressent ce tatouage comme une emprise sur lui de Gregorio il tente de l'effacer mais le dessin se devine encore.
Après sa sortie de l'hôpital psychiatrique Gregorio se tue d'une balle dans la tête, quelques jours auparavant les deux jeunes gens s'étaient rencontrés et pardonnés mutuellement de leur différend. Manuel et Tania sont bouleversés. Culpabilisent ils inconsciemment car ils étaient amants alors qu'elle était "la fiancée" de Gregorio ? Ce dernier le savait-il ?
Manuel reçoit par intervalle des lettres portant l'écriture de Gregorio, contenant des photos, des phrases énigmatiques, qui le blessent car elles révèlent des faits insoupçonnés qui impliquent parfois Tania.
Manuel est persuadé qu' au delà la mort Gregorio veut lui nuire ; malgré  sa colère il sait que,  celui qui était à la fois son meilleur ami et meilleur ennemi, lui manque.
Tania est mystérieuse, elle fuit souvent laissant Manuel dans l'angoisse de la perdre aussi.
Tous les personnages, famille, amis, médecin sont touchés par le désordre de ces vies et mort des jeunes gens.
Tout n'est qu'incompréhension, attente, angoisse.
Manuel entendra souffler à son oreille le bison bleu dans ces nuits, comme l'a écrit Gregorio : "le bison de la nuit rêve de toi". Il va ressentir une des obsessions de Gregorio mais il continuera à vivre.

Un livre très noir mais qu'on s'attache à suivre. Il n'y a pas d'éclaircie, même les scènes d'amour portent attente, angoisse, suspicion, dépossession. L'auteur perd le lecteur comme il perd ses personnages. La folie n'est qu'à quelques pas, la mort à quelques pas de plus.


mots-clés : #pathologie

Ce livre a été adapté au cinema (espagnol)
par Bédoulène
le Dim 10 Sep - 14:28
 
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Sujet: Guillermo Arriaga
Réponses: 3
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Georg Büchner

Georg Büchner
(1813-1837)

Tag pathologie sur Des Choses à lire - Page 3 Unknow12

Georg Büchner (Goddelau, 17 octobre 1813 – Zurich, 19 février 1837) est un écrivain, dramaturge, révolutionnaire, médecin et scientifique allemand. Malgré la taille modeste de son œuvre — essentiellement trois pièces de théâtre, une nouvelle et un tract —, il est devenu tardivement l'une des figures marquantes de la littérature allemande du xixe siècle, surtout grâce à ses drames La Mort de Danton et Woyzeck.

Aîné d'une fratrie de six enfants, Karl Georg Büchner est le fils de Louise Caroline Reuss et d'Ernst Büchner, un ancien médecin de l'armée naopléonnienne devenu par la suite un industriel renommé, inventeur d'outils scientifiques.
Büchner est élevé dans un monde de sciences, de culture et d'art. À partir de 1821, sa mère se charge de son instruction : elle lui enseigne la lecture, les lettres, le calcul, l'initie aux grands textes religieux  et à l'histoire des peuples de la Terre. À 10 ans, Georg dévore les ouvrages de Schiller. Il s'intéresse aux sciences, et apprend plusieurs langues (anglais, français, italien).

Büchner entreprend des études de médecine à l'université de Strasbourg, où il entre en contact avec des groupes d'opposition républicains. Logé chez le pasteur protestant Johann Jakob Jäglé, il se fiance avec sa fille Wilhelmine en 1832.
En 1833, il s’installe à Giessen pour terminer ses études, et participe à l’agitation politique qui a saisi le sud de l’Allemagne après le Hambacher Fest, manifestation du 27 mai 1832 pour l’unité nationale s’opposant aux régimes despotiques en place dans la plupart des 39 États germaniques.
En 1834, Büchner, influencé par Auguste Blanqui et Saint-Simon, co-fonde une association secrète révolutionnaire : la Société des droits de l'Homme, défandant des idées socialistes. La même année, il entreprend avec le pasteur Weidig, figure de proue de l'opposition en Hesse, la rédaction d'un tract révolutionnaire. Intitulé Le Messager hessois, ce tract est destiné à susciter le soulèvement des populations paysannes, avec le mot d’ordre : « Friede den Hütten, Krieg den Palästen ! » (« Paix aux chaumières, guerre aux palais ! »)

À partir d'octobre 1834, Büchner travaille à la rédaction d'un drame, La Mort de Danton. Il écrit également de nombreux articles polémiques et satiriques, publiés dans Le Messager hessois, qui lui vaudront les foudres des autorités et de la censure. Le pasteur Weidig est arrêté, torturé et meurt emprisonné. Mis sous mandat d'arrêt pour trahison, Büchner s'enfuit à Strasbourg sous le nom de Jacques Lutzius.
Contraint de se tenir tranquille, il se concentre sur l'écriture. En moins de deux mois, il termine La mort de Danton, traduit deux pièces de Victor Hugo (Marie Tudor et Lucrèce Borgia), et rédige la nouvelle Lenz. En parallèle, Büchner poursuit ses recherches scientifiques. Il obtient un doctorat de l'université de Zurich, et déménage dans cette ville pour devenir professeur adjoint à l'université de médecine.

En février 1837, Georg Büchner tombe gravement malade. Atteint, du typhus, il revoit sa fiancée Wilhelmine Jäglé une dernière fois et meurt, le 19 février, à l'âge de 23 ans.
Son frère Ludwig recueille ses écrits et les fait publier avec une introduction et une biographie, en 1850, chez Sauerländer à Francfort.

source : Wikipédia

Bibliographie :

1834 : Le Messager hessois (Der Hessische Landbote), pamphlet, avec Friedrich Ludwig Weidig
1835 : La Mort de Danton (Dantons Tod), théâtre
1835 : Lenz, nouvelle
1836 : Léonce et Léna (Leonce und Lena), comédie satirique
1837 : Woyzeck, pièce de théâtre (inachevée)


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Lenz


Georg Büchner avait environ vingt-deux ans quand il a écrit cette ébauche, on ne sait pas s'il aurait continué, s'il n'était pas mort deux ans plus tard à peine. Le texte frappe immédiatement par son âpreté ; il fait froid, la fatigue et la désolation laissent place à la folie. Lenz se ronge de culpabilité, tout devient insurmontable, et cette torpeur est remarquablement décrite au sein d'une nature oppressante.

"Lenz lui répondit, agressif : «Partir d'ici, partir ? Chez lui ? Devenir fou là-bas ? Tu sais bien que je ne peux tenir nulle part ailleurs que par ici, dans cette région. Si je ne pouvais monter parfois sur une montagne, si je ne pouvais pas contempler toute la région, puis redescendre ici, traverser le jardin et aller regarder la fenêtre de la maison, je deviendrais fou, fou ! Laissez-moi tranquille ! Rien qu'un peu de tranquillité, maintenant que je suis un peu bien enfin ! Partir ? Je ne comprends pas, tout est foutu avec ces deux syllabes. »"


mots-clés : #biographie #pathologie
par Dreep
le Ven 8 Sep - 21:20
 
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Eric Reinhardt

La chambre des époux

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Curieusement, j'avais gardé un souvenir bien meilleur de Cendrillon, ce livre dont Reinhardt prend soin de nous rappeler plusieurs fois ici à quel point ce fut un roman accompli, et unanimement encensé par  la critique. Je gardais l'idée qu'il m'avait saturée , submergée, mais que c'était brillant de chez brillant. Ce qui explique que j'ai pris La chambre des époux à la médiathèque avant-hier: un sujet plus modeste - et grave qui plus est, un format plus concis, me suis-je dit, ça devrait passer, ça peut même être bien.

Mais alors là, ça n'a pas passé du tout. Ca a plutôt condensé mon exaspération. L'impression d'une pochade  (enfin j'espère au moins que Reinhardt considère ça comme une pochade et non  pas comme quelque chose de sérieux) bâclée qui se donne de l'importance, et qu'il se fout de nous, Reinhardt, à s'exposer en type pathétique, différent, inspiré ("socialement inadapté" dit-il), et il en est si fier.

En fait, ça démarre pas trop mal. Le sujet m'intéresse : il y a 10 ans, la femme de Reinhardt a eu un cancer du sein et il décrit dans son premier chapitre comment ils ont réagi à cela en une intensification de la vie et de la profondeur de leur relation commune. Comment en quelque sorte ils en gardent comme  un bon souvenir. Ca, ça m'a plu, ça a trouvé écho en moi.(Ce premier chapitre est d'ailleurs un article de commande qu'il avait écrit à l'époque, qui se suffisait bien joliment à lui- même, mais auquel malheureusement, Reinhardt a voulu donner une suite)

La suite, ça pouvait presque être drôle : Reinhardt se moque de lui-même : comment après avoir été si magistral, il a craqué un peu plus tard, pleurant comme un veau et ravalant sa morve, après avoir croisé une femme ayant vécu une épreuve similaire, voire pire. Lâchant enfin toute cette trouille géante qu'il a eu et qu'il est arrivé à cacher jusque-là sous ce faux bonheur du cancer. Presque drôle sous le tragique, si ça ne pesait pas mille tonnes. (Et s'il n'en avait pas profité - qu'est ce que ça vient faire là? -  pour ridiculiser ses confrères écrivains au passage, ces types arrogants et pédants qui ne se prennent pas pour de la merde - parce qu'en fait il n'y a que Reihnardt qui a le droit à ça, ne pas se prendre pour de la merde.)

Et puis, Reinhardt trouve la solution pour canaliser ça : écrire un roman qui raconterait l'histoire d'un homme qui avait connu un quasi-bonheur auprès de sa femme atteinte d'un cancer du sein, et qui craquerait et se déliterait en en croisant une autre qui etc etc... Alors il y a un petit jeu de poupées gigognes qui pourrait être malin mais qui est d'un casse pied... Car, déjà que Reinhardt, pour bien se faire comprendre (ou occuper de la place?), explique les choses  quatre fois, là, il reprend et re-raconte tout, et il reprend exactement les mêmes mots et phrases avec "il" au lieu de "je" . Donc 4x2=8 fois, si je compte bien. Hahah, n'est ce pas un effet grandiose (et à peu de frais, en plus)? Mais quand même, créatif : au lieu d'écrire « l'idée qu'elle puisse mourir m'était tout simplement intolérable, tout simplement intolérable, tout simplement intolérable » comme la première fois, Reinhardt  écrit cette fois : « l'idée qu'elle puisse mourir lui était tout simplement intolérable, tout simplement intolérable, tout simplement intolérable, tout simplement intolérable ». Génial, non?

Cela enchaîne ensuite sur une fascination morbide puis une aventure coquine du double de Reinhart avec la femme en agonie, totalement glauque, racontée sur le mode badinage, car vous l'aurez bien compris, cette façon de sauter une quasi morte est une sublime manière de rendre hommage à la vie, et  accessoirement à la guérison de son épouse. Si c’est pas de la psychologie de bazar, ça....

Et il ne faut pas oublier les phrases et digressions tellement longues qu'il est obligé de les couper par des "donc, disais-je", les phrases inlassablement répétées pour faire style, les parenthèses "cocasses", les dialogues aussi creux et vides que les vrais dialogue de la vie pour faire plus vrai...
Ni les détails de la vie sexuelle de Reinhardt et de sa femme, qu'il a la grande délicatesse d'attribuer à son personnage dit fictif, leurs longues conversation sur le fait qu'elle n' a plus de désir, qu'il ne font plus l'amour; mais , oui ils s'aiment, ils s'aiment, encore plus qu'avant, et c'est tellement plus beau, n'est-ce pas un couple qui s'aime tant que ça, bien qu'ils ne fassent pas l'amour et autres platitudes du genre "ils sont trop verts et bons pour des goujats" (tellement plus beau que le médiocre couple moyen à qui, oui, il arrive de faire l'amour, minable qu'il est)...

Bref, là où Reinhardt croit écrire un hymne à sa femme tant aimée, à leur couple si magnifique, à la victoire sur la maladie, on a plutôt un vague  vaudeville raté à la métaphysique intello-raisonneuse à la con (excusez-moi)

Donc, je n'ai pas aimé. Et je l'ai regretté, rien que pour cette phrase des premières pages, pleine de douceur:

(Je crois que rien ,n'est plus fort dans la vie que le plaisir anticipé de retrouver sa bien-aimée à la fin de la journée, et de laisser ce plaisir-là innerver d'une sorte d'orgasme doux, diffus, qui part du ventre, les heures que l'on passe sous l'emprise de cette attente - et quand on a la chance de connaître ça on n'a besoin de rien d'autre que d'eau fraîche, c'est bien vrai.)



mots-clés : #autobiographie #creationartistique #pathologie
par topocl
le Ven 8 Sep - 14:03
 
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Sujet: Eric Reinhardt
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Kenzaburō ŌE

Une existence tranquille

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J'ai du mal avec les romans japonais. Mais régulièrement, je re-tente. C'est pourquoi j'ai pris Une existence tranquille,

Et bien,  c'est tout à fait un roman japonais ! C'est à dire  qu'il y a plein de choses intéressantes, mais que je m'y sens un peu à distance, j'y vois un coté figé voire compassé même si pour une fois, les émotions sont extrêmement intenses et à fleur de peau.

Ce livre est un récit en ce  sens qu'il décrit une tranche de vie. Il est très astucieux parce qu'on peut y voir l'autoportrait sans concession de l'auteur, (qui, c'est le moins qu'on puisse dire ne se ménage pas), alors que justement il est le grand absent du livre. En effet il a pris une année sabbatique aux États-Unis, emmenant sa femme et «abandonnant » ses trois enfants jeunes adultes, attitude qui est critiquée par la plupart des protagonistes du livre. Il se décrit  donc alors qu'il n'est pas là, et en même temps, décrit sa famille alors même qu'elle est éclatée, qu'il l'a en quelque sorte reniée. On sent quand même à travers les lignes l'immense amour qu'il voue à chacun et à cette bizarre construction à cinq qu'ils sont arrivés à élaborer, et ce, en dépit de ses caprices de grand homme.

C'est surtout le portrait de Mâ, la fille cadette, une jeune fille naïve, réservée, consciencieuse. C'est elle qui a la charge de ses deux frères, de son aîné handicapé mental léger, souvent déconcertant, joyeux et attentif, compositeur prodige, et de Ô le plus jeune, pragmatique, qui se consacre à ses études. Là, ça se discute pas, c'est le rôle des femmes de s'occuper des hommes : l'épouse suit son mari, la fille s'occupe de ses frères. Ce qui est plus satisfaisant, c'est la relation douce et passionnelle entre Mâ et  son frère handicapé, chacun, bien sûr, enrichissant l'autre.

Le récit est un enchaînement de petits faits quotidiens, de description de personnes, de jours qui passent avec leurs joie et leur peurs, d'événements heureux et malheureux. Mais on y trouve aussi des échanges  intellectuels, une quête de soi, tout cela souvent assez cérébral et cet aspect m'a rebutée. D'autant plus qu'il s'appuie sur l'analyse d’œuvres culturelles que je ne connais pas (William Blake, Céline qui curieusement fascine Mâ par sa tendresse, Stalker de Tarkovski). J'ai beaucoup aimé, face aux élucubrations existentielles du père, l'attitude du vieux couple qui protège les enfants, mi-fou mi-sage, qui, au lieu de se torturer le ciboulot, met en actes ses choix de vie, et tout particulièrement de Mme Shigetô et sa théorie des « personnes de rien du tout ».

Mon sentiment, c'est que je suis née comme une personne de rien du tout, que je vis en conséquence, que je vivrai encore ainsi un certain temps, et puis que je mourrai comme une personne de rien du tout.(...).
Ce que je pense, avec ma tête absolument ordinaire, c'est que tant que je vivrai comme une personne de rien du tout, en veillant à ne m'accorder aucun privilège même le plus insignifiant, je garderai une marge de manœuvre. À partir de là, il suffit qu'à ma façon, je m'efforce de faire pour le mieux. Même si pour moi, « faire pour le mieux », ça n'est rien de plus que prêter une écharpe à une fille fatiguée qui avait froid, comme M. Shigetô a eu la gentillesse de s'en souvenir.
Mais malgré tout, j'ai l'impression que si l'on s'en tient à cette résolution de vivre comme une personne de rien, et bien au moment de mourir on doit pouvoir paisiblement revenir à zéro. Puisqu'il ne s'agit que de passer de presque zéro à zéro.


Comme quoi, même un livre qui ne vous accroche pas trop, c'est bien intéressant !

(commentaire récupéré)


mots-clés : #famille #pathologie #traditions
par topocl
le Ven 18 Aoû - 13:46
 
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Sujet: Kenzaburō ŌE
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Philippe Besson

Philippe Besson, pour moi, au fil des années, ça a été la douche écossaise. J'avais plutôt aimé la tentation de Thomas Spencer, et après j'avais adoré

Son frère

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Philippe Besson, je n’avais jamais rien lu de lui. Je le mettais une peu dans la case Marc Levy, peut-être la case juste avant. J’ai bien aimé la couverture de son dernier livre, Retour parmi les hommes (qui m’évoque Henry Fonda dans les Raisins de la Colère)
Spoiler:

Donc je me suis dit que c’était l’occasion de me faire mon opinion personnelle. Evidemment à la bibliothèque il est sur liste d’attente. Je me suis donc rabattue sur Son Frère
Son frère est un « Petit Roman Parfait »

Thomas et Lucas Andrieu sont nés à 15 mois d’écart. Ensemble ils ont joué sur les plages de l’île de Ré, vers la maison familiale. Une enfance ordinaire et heureuse. On les prenait pour des jumeaux. Vers 15 ans, Thomas s’est mis à aimer les filles et pour Lucas, c’était les garçons. Ce fut leur première différence, elle les a plutôt rapprochés. A 25 ans une deuxième différence les a définitivement soudés : Thomas a appris qu’il était malade, il a su qu’il allait mourir. ils ne se sont plus quittés. Ils ont partagé les derniers mois dans une fusion totale, par delà les mots. Ils sont retournés sur leur île, ils ont affronté la douleur , l’espoir vaincu, les proches qui s’éloigne , la dérisoire solitude face à la toute puissance scientifique.
Sur ce thème très dangereux, Besson a produit un texte d’une grande beauté, absolument pas tire-larme, en même temps complètement, désespéré et lumineux. Il n’y a pas un mot de trop, tout est indispensable et magnifique, on a souvent envie de relire des pages à peine les a t’on finies. Il y a un grand respect de l’homme, de la force et de la fragilité, et une infinie dignité dans ce texte.
C’est extrêmement distancié et en même temps l’émotion qui vous envahit. Il a un style tout en redondances, en répétitions qui marquent l’obsession de la douleur.
Un livre qui se lit en une soirée (impossible de remettre la fin – pourtant connue - à demain) et à garder au cœur toute une vie. Je vais sûrement lire d’autres Philippe Besson, lui enlever l’étiquette stupide que je lui avais collée, et même s’ils me déçoivent , il restera l’homme qui a écrit Son frère.

J’ai vu que Chéreau en a tiré un film, mais cela me fait plutôt peur. Chéreau n’est pas quelqu’un qui travaille dans la subtilité…


« Alors que la pluie continue de tomber sur l’île, sur la mer, sur St Clément, sur la maison silencieuse, il prend soudain la parole pour dire qu’il veut une tombe, quelque chose qui relie à la terre, qui ramène à elle. Bien sûr, lorsqu’on meurt sur une île, on envisage que le corps soit brûlé et les cendres jetées à la mer. Mais non, il insiste : il veut une sépulture, un lieu identifié, un socle sur lequel on se recueillera. Il dit qu’il veut du marbre, comme une trace qu’on laisse, un héritage qu’on lègue, un lien avec ce qui fut pour ceux qui restent. Il dit que, sous le nom il faudra apposer la date de naissance et celle de la mort, des jours comme des repères. Il ne faut pas perdre la mémoire de ça. Il dit qu’il n’a pas de rêve illusoire de grandeur et de postérité, simplement la conviction que le souvenir s’exprime dans ces poses silencieuses qu’on prend devant les pierres tombales, dans ces recueillements distraits ou émus au pied des dépouilles. Il dit qu’il veut voisiner avec ceux qui sont morts avant lui, les jeunes hommes fauchés dans le plus bel âge sur les champs de bataille et dont il regarde le visage d’enfant sur des cartes postales en noir et blanc, les veuves octogénaires qui ont promené leurs silhouettes de deuil pendant d ‘interminables années, les corps que la maladie a emportés, qu ‘un accident a mutilés. Il dit que c’est l’histoire d’un pays, d’un siècle qui se raconte dans les cimetières de France, qu’il souhaite être de cette histoire, que l’éparpillement des cendres au large de côtes qu’on a aimées, ça ne peut pas remplacer cela.(…) Il dit qu’il veut des fleurs, des couronnes, ce décorum un peu vulgaire, un deuil éclatant, celui qu’on montre, qu’on expose, afin de ne pas le conserver par-devers soi, afin de l’expulser, de l’accomplir véritablement. Il dit qu’il faudra des larmes, des évanouissements peut-être, des manifestations spectaculaires, que la souffrance s’exprime plutôt que d’être contenue. Il dit que ce sera une belle cérémonie : il compte sur moi. »


(commentaire récupéré)
mots-clés : #famille #identitesexuelle #pathologie
par topocl
le Ven 11 Aoû - 17:06
 
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Sujet: Philippe Besson
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Tony Attwood

Le syndrome d'asperger : Guide complet

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Etant particulièrement touché par ce syndrome et ce, à plusieurs degrés, étant particulièrement soumis et victime des problèmes de compréhensions des psychologues pas tous formés à ce syndrome et soumis à l'influent et dévastateur lobbying de la psychanalyse (voir le documentaire "Le Mur") ou lire "le livre noir de la psychanalyse" il m'a fallu me documenter et persévérer pour obtenir un corpus de textes concis, clair, étayé scientifiquement et donc utile.

Cet ouvrage fait partie de ces textes. Documenté, sourcé, très pédagogique cet ouvrage est désormais une référence et son auteur également pour ce qui concerne le syndrome d'asperger et l'autisme plus généralement.

Cela permet ainsi d'en finir avec les préjugés, avec les vieilles lunes d'une psychologie et d'une psychanalyse dépassées et de mettre à jour les connaissances que l'on a de cette particularité psychologique.

Dans un pays où nous sommes en retard que ce soit en compréhension ou en encadrement thérapeutique scolaire et professionnel sur ce sujet, c'est un ouvrage nécessaire et important.

Il est d'ailleurs souvent recommandé par les associations sur l'autisme.

Cette lecture aura personnellement changé beaucoup de choses pour moi.


mots-clés : #essai #pathologie
par Hanta
le Jeu 20 Juil - 11:32
 
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Svetislav Basara

Histoire en disparition

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Un recueil de nouvelles basé sur l'absurde principalement et qui traite de la pathologie psychologique de la schizophrénie.
Quand on pense à l'absurde, c'est mon cas, je pense toujours à Ionesco. Présentement la structure de la nouvelle éloigne fortement de ce type de comparaison.
Si ce style s'apparente plutôt bien à la description de comportements pathologiquement problématiques, il n'en demeure pas moins qu'il existe une réflexion également profonde sur notre existence, notre place, notre rapport au monde, notre structure de pensée à adapter à ce monde, aux gens, à l'imaginaire, aux choses abstraites. De ce point de vue c'es brillant.

Ceci dit, le vocabulaire ne suit pas, l'aisance rédactionnelle n'est pas là et cela donne une impression de fouillis qui appartient davantage à la narration qu'à l'histoire. Dès lors il y a un vrai problème d'adhésion à l'interrogation de l'auteur. Je pense que cette œuvre se démarque des autres de l'auteur car l'humour n'est pas absent, il existe une mélancolie très pesante et ainsi il est difficile de sceller un jugement qualitatif générale de la littérature de Basara uniquement à partir de cet ouvrage. Je persisterai donc car malré tout j'ai apprécié cette expérience.


mots-clés : #nouvelle #pathologie
par Hanta
le Ven 7 Juil - 9:22
 
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Fonclare Guillaume de

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Guillaume de Fonclare : Dans ma peau. - Stock


"Mon corps est un carcan ; je suis prisonnier d'une gangue de chairs et d'os. Je bataille pour marcher, pour parler, pour écrire, pour mouvoir des muscles qui m'écharpent à chaque moment. Mon esprit ressasse d'identiques rengaines ; je ne vois plus les sourires de mes enfants, ni les tendres regards de celle que j'aime ; je ne vois que mes mains qui tremblent, mes bras qui peinent à amener la nourriture à la bouche et mes jambes qui ploient sous le poids d'un corps devenu trop lourd. Je ne suis plus qu'un homme mal assis qui songe sans fin, et si j'ai aimé ce corps, je le hais à présent. Nous cohabitons désormais et il a le dernier mot en tout ; je ne me suis résolu à cette idée que contraint. G.F."



Si la vie est un combat truqué et perdu d'avance, il nous laisse quand même des plages d'espoir et de plaisirs.
Dans le cas de Guillaume de Fonclare, les souffrances d'une maladie dégénérative, sans cesse présentes, sans cesses renouvelées, ne lui accordent aucun répit.
Ni les illusions vitales dont nous avons tous tellement besoin.
La mort est un non évènement inconnaissable même si universel.
Et que nous essayons d' oublier en espérant que ce sera réciproque.
Enfin peut être...

La vie de Fonclare fut étroitement associée à la mort.
A la tête de l'Historial de la Grande Guerre, il méditait sur tous ces morts, horriblement mutilés. Voués à l'oubli et à l'anonymat la plupart du temps.
Et si inutilement sacrifiés par des officiers et des politiques absolument privés de sensibilité et de sens stratégique.
Cette relation avec les morts fut interrompue par la maladie et contre le gré de l' auteur.

Ce livre est la méditation d' n être souffrant mais encore vivant et attaché à cette vie précaire qui lui est octroyée et avec laquelle il devra compter.
En ignorant quel sera le terme. Et quand.

Tout commentaire de ce livre serait inutile et redondant. il suffit de le citer.



mots-clés : #premiereguerre #pathologie
par bix_229
le Jeu 6 Juil - 21:05
 
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Serge Rezvani

L'éclipse

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Comme l'art est la seule façon de résister, Rezvani écrit le gouffre de cette maladie qu'il a tant de mal à nommer, Alzheimer,  qui transforme Danielle, dite Lulla, son immense amour, en une morte sans cadavre.  Il s'interroge sur le sens de l'amour : qu'aimait-il en elle puisqu'il ne l'aime plus, même s'il la chérit et l'entoure de toute sa tendresse épuisée. Qu'est ce qui faisait qu'elle était elle, et ne l'est plus? Et que pourtant, il veut à tout prix la garder, alors que justement elle n'est plus elle?
Il dit l'insoluble dilemme de ne savoir s'il la veut vaillante et en lutte, donc sachant, ou protégée par l'innocence..
C'est tragique, très réfléchi dans son épuisement mortifère, décapant par son intelligence d'analyse, dévastant.

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mots-clés : #pathologie
par topocl
le Jeu 6 Juil - 16:21
 
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Elodie Durand

La parenthèse

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Elodie Durand n'a quitté le domicile de   ses parents qu'à 25 ans et c'était une sacrée victoire pour elle, et  une sacrée terreur pour ses parents. À 22 ans elle a commencé à faire des malaises et c'était le début d'un long tunnel : à force de fréquenter les médecins, elle a appris que c'étaient des crises d'épilepsie. Il s'est avéré qu'elle avait une tumeur  cérébrale, un petit truc inopérable qu'on a fini par déliter à coups de rayons gamma à l'hôpital de la Timone à Marseille, une technique révolutionnaire. Cela a été 4 années de galère, la peur de la maladie, et son déni, la lourdeur des traitements, la fatigue, le souvenir qui vous échappe… Des années après, guérie, elle décrit cela de l'intérieur, son vécu, le peu de souvenirs qu'elle en garde, ce qui n'empêche pas leur pregnance, le récit que lui en fait sa famille, la douleur et la lutte, pour se grignoter au jour le jour une vie normale.

Dessin au trait, hâtif, créatif, sans concession ni ménagements, ce retour en arrière sur une expérience hors du commun, d'une belle lucidité, est un message d'espoir.

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mots-clés : #bd #pathologie
par topocl
le Dim 11 Juin - 10:08
 
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Darian Leader

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Bipolaire, vraiment ?

A l'invite de Chrysta nous sommes quelques unes à avoir lu ce livre en LC. Voir le fil dans cette dernière rubrique.

J'ai lu ce livre avec intérêt, pas eue l'impression que l'auteur creusait énormément, mais pour autant il y a des idées importantes qu'il met en avant et qui me serviront pour comprendre et penser ce trouble particulier dont souffre une proche. Je pense qu'il s'adresse, d'ailleurs, aux néophytes. Qu'il veut, par ce livre, faire bouger l'opinion.

page 107 :
Tout le monde , on le sait bien, a des identifications bien enracinées à des membres de sa famille. Fry suggère un point important quand il dit devoir au sucre sa vie même, répétant qu'il n aurait jamais existé sans le sucre. Son existence entière se trouve ainsi enchâssée dans un rapport de dette.

Fry est un des patients dont il parle, c est aussi apparemment un écrivain connu.


page 131 :

Une patiente explique que "quand il ne reste plus rien que de la rage, elle se transforme en euphorie. (...° Si on lui demande ce qui peut déclencher ses épisodes, elle répond tout de suite "quand je me mets en colère contre quelqu'un que j aime".


page 132 :
La maniaco-dépression est cet effort pour séparer, pour maintenir une différenciation élémentaire au lieu d'un noeud de contradictions, toujours plus douloureux et plus déroutant.Tel est peut-être le véritable sens de la bipolarité  : non pas l'alternance des humeurs, que l'essentiel de la psychiatrie contemporaine est si prompte à transformer en une pathologie à traiter, mais la recherche d'une bipolarité primaire, d'une scission de base, qui soit un point de repère. (...) la maniaco-depression relève justement de cet effort pour instaurer des polarités extrêmes, pour créer un monde d'opposition (...) de séparer le gris en blanc d'un côté et noir de l'autre.

, soit une forme extrême de la dépression.

L'auteur défend une position qui met l'accent sur le vécu du patient, je crois, il encourage à instaurer une lecture de causalité avant d'enfermer dans une typologie morbide. Disons. je pense que Chrysta sur le fil de LC a d'ores et déjà exprimé et restitué cette position qu'il prend.

Je me questionne : j avais lu que la bipolarité était un type de psychose.
Et que les psychoses se heurtaient à l'échec d'une tentative de transfert, que la construction identitaire ne pouvait structurellement trouver réconfort à passer par le transfert psychanalytique, et que dans ces cas là, le psychiatre prenait un rôle symbolique de "secretaire" vis à vis du patient, que toute la démarche d'accompagnement et de soutien devait passer par cette nuance. Chrysta va voir sans doute ce que je veux dire, je simplifie forcément, car je ne suis pas dutout spécialiste et ne comprends que de loin.
Mais ducoup, Leader m'interroge, il encourage à scruter ou dumoins entendre et comprendre le passé émotionnel et symbolique des bipolaires, mais sous ce rapport il n'évoque pas dutout les résultats ou cadres dans lesquels on peut apporter quelque chose d'aidant. C'est là où je suis un peu sur ma faim. Cette lecture ne peut suffire , elle m'aide à cerner des points de cet univers, mais pas à en comprendre l'accroche, pour y dialoguer et y soutenir un tiers.


mots-clés : #essai #pathologie
par Nadine
le Sam 20 Mai - 10:02
 
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Sujet: Darian Leader
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Gérard Garouste

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L'intranquille

"Je suis le fils d'un salopard qui m'aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des Juifs déportés. Mot par mot, il m'a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation. À vingt-huit ans, j'ai connu une première crise de délire, puis d'autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l'enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n'ai été qu'une somme de questions. Aujourd'hui, j'ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j'ai compris. "


L’histoire commence à la disparition du père de Gérard, une mort qui ne l’émeut pas et dont il dit :  « Sa mort ne change pas grand-chose. Elle ne résorbe rien. Je vis depuis toujours dans la faille qui existe entre lui et moi. C'est là que j'ai compris mon rapport aux autres et au monde. »

Fils d’un père brutal dont la réussite professionnelle et sociale est liée à la seconde guerre et qui a professé toute sa vie sa haine contre les juifs, Gérard nous entraîne au fil des pages dans son histoire, et dans comment, face à l‘héritage d’un père qui, n’ayant pu être héros a fait salaud, il va s’en dégager peu à peu.

Ce livre, c’est l’histoire d’une vie au travers d’une relation entre un père et son fils, et de comment elle construit, guide, ce dernier. C’est l’histoire aussi d’une souffrance face à la maladie qui prend Garouste à l’aube d’être père lui-même et qui l’accompagnera toujours par la suite, fera partie de son quotidien et de celui de ses proches.

C'est aussi l'histoire d'un peintre, et de son essor progressif dans un monde qui n'était pas celui d'aujourd'hui

Un témoignage écrit simplement, touchant, un récit court à traverser sur les vagues des mots et des maux de l’auteur et dont on ne sort pas indemne.


mots-clés : #autobiographie #creationartistique #pathologie
par chrysta
le Mar 9 Mai - 7:49
 
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Sujet: Gérard Garouste
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Philippe Lançon

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Les Îles


"J'avais passé une partie exagérée de ma vie à juger les autres. C'était une manière efficace de ne pas les comprendre, de ne pas m'oublier en m' échauffant  ; il était temps de nous laisser, eux et moi, à la liberté et au silence du récit."

Mais ce récit s'il est forcément, puisque décidé, en liberté, celle de l' écrivain et celle de l'homme, son silence raisonne de nombreuses voix, la sienne et celles des personnages qu'il côtoie au gré de sa vie et des nombreuses digressions qui la jalonnent. Car sa vie ne semble faite que de digressions  (au temps, aux lieux, aux sentiments, aux amours,  à la mémoire) : apport ou prélèvement ? les deux certainement.

Il a donc besoin de consolation et ce rôle sera celui de Cuba, l'île que le lecteur découvre au travers des personnages qui y vivent ou la visitent pour le meilleur ou le pire.

L'auteur nous amènera en voyage à Hong-Kong où il a séjourné à plusieurs reprises et qui est  l'île de l'enchantement et pourtant j'ai le sentiment qu'il préfère se consoler à Cuba ; à force de digressions il ne reconnait plus sa vie, s'il l'a jamais connue ? ses amies le trouvaient d'ailleurs immature.

Les îles dans ce récit sont décors, la pièce se joue sur la scène de la vie, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...........

L'auteur s'est perdu souvent dans et par amour, mais s'est récupéré dans les amitiés, féminines tout spécialement.



La plume est affûtée, elle fait parfois des pâtés (certains détails de ses joutes sexuelles, inutiles à mon sens) les mots bien pesés, sans empathie toutefois (il n'aime pas cette qualité vulgarisée) donc je n'en userais pas avec lui, mais je lui accorde mon intérêt.


C'était tout de même une bonne lecture, et j’ai apprécié particulièrement les portraits des femmes

Ainsi que le personnage de « Rimbaud ».


(message récupéré)


mots-clés : #biographie #insularite #pathologie
par Bédoulène
le Dim 2 Avr - 11:21
 
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Sujet: Philippe Lançon
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