Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 21:47

41 résultats trouvés pour segregation

Percival Everett

La réflexion de Tristram, et l'extrait sur le fil de John Irving, m'ont ramené au roman Effacement, de Percival Everett. Un roman qui gagne à être connu, quant à la question du rôle de l'écrivain dans une société qui attend toujours davantage sur les révélations biographiques des écrivains. Un Thomas Pynchon serait un parano, mais au fond, l'écrivain n'a-t-il pas droit à son anonymat, à être comme les autres. C'est le cas de la célébrité. Cela dit le roman d'Everett traite d'autres thèmes, notamment l'accès à l'édition. Il faut faire le buzz, correspondre aux attentes du marché.


Effacement :


Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Captur24

Un bon roman qui décrit bien, et intelligemment, l'absurdité d'écrire pour l'argent, ce qui revient finalement quelque part à vendre son âme, renoncer à ses convictions, travestir son art.

L'écrivain est-il maître de son oeuvre ? Les critiques littéraires sont-ils des cons ?
Le commerce condamne-t-il la littérature à la médiocrité ?  J'aurais tendance à répondre par l'affirmative. On sent le vécu dans cette histoire, Everett a certainement mis beaucoup de lui.
Je l'ai trouvé original, tant dans le thème que dans l'approche.

J'ai toutefois un gros reproche à faire à ce livre, c'est le roman dans le roman, qui pour moi est illisible. Je pense qu'un très court passage pour donner le ton aurait été suffisant, je n'ai pas eu le courage de lire les 80 pages de ce qui est une parodie de daube littéraire bourrée de clichés, écrite à la truelle.

Bon le style du roman n'est pas non plus fou, ça reste très fluide et accessible.



mots-clés : {#}creationartistique{/#} {#}segregation{/#}
par Invité
le Ven 18 Aoû - 14:57
 
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Sujet: Percival Everett
Réponses: 3
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Iceberg Slim

Pimp : Mémoires d'un maquereau

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Fghhfg10

J'ai adoré ce roman autobiographique. Je l'ai aimé pour trois raisons principales :
- le langage est cru mais jamais salace, et il est incroyablement varié ce qui nous fait contourner les stéréotypes du rappeur-racailleux qui parle avec ses mots et tant pis si l'on ne comprend rien. Et ce langage, ce style permet de s'imprégner du paysage dans lequel l'auteur nous propulse.
- l'histoire qui est passionnante, loin des clichés, ce n'est pas une glorification ni une rédemption, c'est le constat d'une évolution heureuse et malheureuse par d'autres moments et cette distance, cette absence de jugement fait du bien.
- la richesse des personnalités qui constituent l"histoire : mi-charismatiques, mi pathétiques, ils sont complexes et cela permet des péripéties plus subtiles qu'il n'y parait.

J'ai vraiment aimé ce livre et je le conseille.


Mots-clés : #autobiographie #conditionfeminine #criminalite #prostitution #segregation #social #violence
par Hanta
le Ven 18 Aoû - 10:38
 
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Sujet: Iceberg Slim
Réponses: 4
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Richard Powers

Le temps où nous chantions

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Le-tem11

Un poisson et un oiseau peuvent tomber amoureux mais comment parviendront-ils à construire un nid ? Et quelle sera la vie de leur progéniture ? Sera-t-elle oiseau ou poisson ou un mix des deux sorte de oisson ou de poiseau ?

C'est en très raccourci à ces questions que Richard Powers nous invite à nous confronter dans ce roman qui retrace de 1939 à (presque) nos jours l'histoire américaine et en particulier celle des Noirs américains.

Delia Daley naît dans une famille noire et rencontre David Strom qui est blanc, juif et allemand. Contre toute attente et contre toutes les lois en vigueur au pays des Amériques, ils vont s'aimer, se marier et enfanter. A partir de là, la catastrophe commence et elle a pour nom : métissage. Comment élever des enfants de parents aussi différents et énigmatiquement unis par un lien musical qui remplace toutes les écoles, toutes les morales et toutes les lois du monde ? Que seront ces trois mômes dont les couleurs de peau varient et dont les parents, désireux de les protéger comme tout parent se doit de l'être, imaginent pouvoir les élever sans se poser la question de la race ou plutôt en la dépassant, envisageant de vivre dans un monde où la couleur de la peau n'aurait plus d'incidence sur le rang social, sur l'éducation, l'accès à la culture, sur la liberté. Mais aux Etats-Unis, au XXième siècle, cette éducation est formellement impossible et les enfants du couple mixte vont rapidement être confrontés à la problématique du racisme, de la loi et de la différence. Car le cœur du roman de Powers est bien celle-là : comment vivre en tant que métis dans un monde qui ne reconnaît pas le droit au mélange  ? Dans un monde qui ne s'envisage que de manière polarisée, soit noir soit blanc mais jamais gris ; dans un monde qui n'hésite pas à avoir recours à la bombe atomique, à l'assassinat politique (Martin Luther King, Malcom X,…), au lynchage de mômes pour faire régner l'Ordre. A cette problématique chacun des enfants répondra à sa manière, Jonah sera un ténor reconnu dans le monde entier en chantant des musiques blanches, Ruth s'associera aux Black Panthers pour tenter de changer le monde et Joseph cherchera à être le pilier familial dont la mort de Delia aura privé toute la famille.

Ce livre, ce grand livre, n'est pas seulement une réflexion extrêmement pointue sur le racisme, sur la manière d'élever ses enfants, sur l'histoire politique américaine, il est aussi un livre impressionnant sur la musique et sur le chant en particulier, avec ce que cela veut dire de souffle, de corps, de coffre, de tessiture et de voix, un livre sur toutes les influences musicales qui vont traverser les vies de nos protagonistes et les construire (déconstruire) presqu'autant que la politique ou l'amour. Et si le constat, amer, que fait Powers me reste au fond de la gorge, celui qui consiste à dire que l'éducation choisie par Delia et David est un leurre, qu'un enfant ne peut pas choisir en conscience sa vie, qu'il ne peut décider pour lui-même, en lui-même quels chemins il désire explorer et quels sont ceux qu'il va volontairement ignorer, on ne peut que lire ce livre dans la fièvre d'un désir de réconciliation, d'entente et de partage, tout en rêvant de jour meilleur. La toute fin, d'ailleurs, laisse espérer qu'il pourrait peut-être un jour en être ainsi...

Mais pour être encore un peu plus exhaustif, il faut ajouter une troisième dimension à ce roman et cette dimension est celle du temps. Car si David Strom est allemand et juif, il est également physicien et s'intéresse à la question du temps, permettant ainsi à Richard Powers d'écrire un livre à l'architecture parfaitement magistrale, j'insiste absolument unique.

En effet, ce que nous apprenons à la lecture de ce texte, grâce aux travaux de David, c'est d'abord que le temps n'existe pas et que nous sommes toujours maintenant, dans une succession d'instant présent qui s'emboîte à l'infini les uns dans les autres. Ce que nous découvrons ensuite, c'est que nous pouvons envoyer des messages dans le passé ou le futur mais que nous sommes incapables de les recevoir. Pourtant, la troisième leçon nous informe que nous pouvons voyager dans le passé, revenir à un évènement antérieur à partir du moment où nous l'avons vécu au moins une fois, selon le principe que si nous y sommes présent il est possible d'y retourner. Enfin, David découvre à la toute fin de sa vie que le temps forme des boucles et que nous sommes donc en quelque sorte prisonnier de boucles temporelles qui se referment sur elles-mêmes, ce qui voudrait dire que les évènements peuvent se déplacer continuellement vers leur propre avenir tout en revenant sur leur propre passé ; mais pour se faire il faut pouvoir prouver que les galaxies ont un sens de rotation préféré. Ce que Richard Powers offre au lecteur c'est la mise en application littéraire de cette théorie pour en faire un fabuleux roman.


Reste donc la musique, ce langage qui devrait unir toutes les nations et tous les êtres puisque cette Tour de Babel dressée au milieu des villes comme des déserts, en passant par les sons dépasse le clivage des accents, et pourtant, et pourtant, il n'en reste pas moins, qu'ici comme ailleurs, une blanche vaudra toujours deux noires…


mots-clés : #historique #segregation #racisme
par shanidar
le Jeu 4 Mai - 19:38
 
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Sujet: Richard Powers
Réponses: 27
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Henning Mankell

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Sans-t11

Un paradis trompeur

Hanna Renström vit au nord de la Suède avec sa mère Elin et ses frères et sœurs. La misère est telle que sa mère ne peut plus assurer sa subsistance et l’oblige à partir et à se débrouiller toute seule. Après avoir cherché en vain des gens qui pourraient l’aider, elle rencontre Jonathan Forsman qui l’engage un certain temps. Il lui présente le capitaine Svartman, dont le navire est en partance pour l’Australie, qui l’engage comme cuisinière à bord du Lovisa. Elle a 18 ans et on est en 1904, et sa vie va changer.

Dès qu’elle monte à bord, c’est le début d’une aventure sans retour. Elle y fait des rencontres marquantes comme le second du navire, qu’elle épouse durant la traversée. Mais la fièvre aura raison de lui.

Hanna n’ira pas jusqu’en Australie. Elle décide de quitter le Lovisa quand il accoste au Mozambique, sans prévenir personne. Les marins vont la chercher, l'attendre, puis le Lovisa reprendra la mer sans elle.

A la recherche d’un hôtel, elle finit par en trouver un qui lui convient. Mais c’est un hôtel de passe. Elle est aidée par les prostituées qui vont aussi la soigner - car la vie à bord a été épique - et prendre soin d’elle.

Elle sera confrontée aux différences entre les Blancs et les Noirs, colons et indigènes. Racisme. D’abord réticente, elle finira par se lier d’amitié avec le tenancier du bordel, un colon, puis acceptera de l’épouser. Celui-ci éprouve pour elle un amour sincère, il lèguera tous ses biens à sa femme.

Hanna se retrouve veuve à nouveau, et donc riche, à la tête d’un bordel, pose ses conditions afin que les prostituées soient respectées, avec qui elle a des liens très forts. Mais la place de chacun c’est chacun sa place, aussi ces dames ne pourront jamais lui avouer leur amitié… Elles ne manifesteront aucune émotion envers elle, parce qu’elle est blanche.

On découvre plutôt les liens entre Noirs et Blancs, les rapports entre les personnes dans un monde colonial, que l’Afrique à proprement parler. Cette histoire est inspirée d'une histoire vraie.

En tout cas, un livre très agréable à lire, prenant, surtout quand on aime les livres de Hennig Mankell, ce qui est mon cas. Ce n'est pas son meilleur roman mais un p’tit Mankell de temps en temps ça fait vraiment plaisir.


mots-clés : #colonisation #segregation #racisme
par Barcarole
le Jeu 6 Avr - 21:48
 
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Sujet: Henning Mankell
Réponses: 48
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David Van Reybrouck

Le fléau


Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Le-fle10


David Van Reybrouck, lors de ses recherches universitaires, découvre que l’écrivain naturaliste sud-africain Eugène Marais, spécialiste des termites, a été plagié par Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature, qui a écrit un livre sur les termites, La Vie des termites, dont le contenu est quasi identique à celui qu’avait publié Marais. Eugène Marais est sud-africain, Maeterlinck est belge… En Afrique du Sud on parle l’africaans, langue proche du néerlandais, et Maeterlinck peut lire l’africaans puisqu’il lit et parle le néerlandais. Plagier Marais, ni vu ni connu. Qui oserait dire que le grand Maeterlinck eût piraté un confrère de Pretroria ?

« Il n’en reste pas moins que l’on retrouve chez Maeterlinck la théorie de Marais sur l’unité organique de la termitière. Dans un des tout premiers chapitres de La Vie des termites, le prix Nobel présente même cette théorie comme la conclusion de ses travaux. »


A l’époque de Maeterlinck et de Marais, les livres sur les termites, les fourmis, les serpents et les grands singes se vendaient comme des petits pains, et Maeterlinck a battu des records de vente avec son livre sur les termites.

Van Reybrouck, intéressé par cette affaire, expose tout d’abord une hypothèse sur le plagiat du livre de Marais par Maeterlinck qui, paraît-il n'est pas une lumière. Il veut des preuves. Il décide donc de partir en Afrique du Sud pour mener l’enquête.

Nous voilà donc partis avec lui en voyage, en avion, en autocar, en train ou dans une vieille guimbarde qui tombe en panne. Au fur et à mesure de son enquête, il découvre l’Afrique du Sud, sa population, la pauvreté et le racisme, mais aussi des régions agréables à voir, d’autres plus rudes, tels ces paysages désertiques, plats, des territoires sans lieux :

« La station-service est un endroit lugubre, un successeur indigne des ces auberges où, autrefois, l’on dételait les chevaux pour leur donner un sac d’avoine. Je fais les cent pas sur l’asphalte craquelé. Comme je n’ai aucune envie de me nourrir d’un hamburger spongieux ou d’un malheureux triangle de pizza, je me dirige nonchalamment vers une boucherie située de l’autre côté de la rue. »


Il fait des rencontres au gré de son périple, de personnages intéressants, d’autres originaux, qui vont le guider, lui donner des pistes pour aller de l’avant dans son enquête.
Le lecteur découvre également la langue de l’Afrique du Sud, l’africaans, faite de plusieurs langues, dont le néerlandais, de langues locales, et les dialectes et autres langues parlées. L’Apartheid puis la Réconciliation font partie du passé, mais ça c’est en théorie. Le racisme est plus que jamais encore très prégnant, des métiers ou activités sont réservés aux Noirs, d’autres accessibles seulement aux Blancs, des insultes fusent, destinées aux Noirs, les Blancs ne se mélangent pas. Dans les contrées plus reculées, c’est encore pire qu’en ville, le racisme est franc et massif, tandis que dans les villes il apparaît plus masqué, plus hypocrite. Van Reybrouck est choqué. Il culpabilise aussi…

Au fur et à mesure de l’avancée du livre, l’auteur évoque ses recherches faites à Gand, en Belgique, la consultation des différentes archives dans des institutions diverses qui l’ont mené à aller sur le terrain pour vérifier si Maeterlinck a pillé Marais. Car ce plagiat est bien difficile à avaler pour David Van Reybrouck.

Van Reybrouck qui est l’auteur et également le narrateur, puisqu’il s’agit d’une histoire vécue (une non-fiction), nous décrit aussi, tel un entomologiste, la vie des termites dans leur termitière, leur rôle, leur morphologie. Ordre, obéissance sont de rigueur…, ces colonies sont encore plus sophistiquées que celles des fourmis ou des abeilles. Pour les entomologistes et pour Maeterlinck, ces petits insectes sociaux, c’est l’Homo sovieticus. L’équation est la suivante : termites = totalitarisme.

Malgré leur grande diversité, tous les termites ont en commun une organisation sociale rigide. Ils ont élaboré une société dans laquelle certaines castes spécifiques remplissent des tâches bien précises. Il y a ainsi des termites-ouvriers, des termites-soldats et un couple royal. Les ouvriers, aveugles et stériles, forment la plus grosse partie de la colonie et accomplissent l’essentiel du travail. Ils se déplacent dans des galeries et des tunnels souterrains et effectuent des razzias afin de rassembler des vivres pour nourrir le reste de la communauté…

Ce livre est riche et très intéressant : la description d’un voyage lointain, une leçon d’entomologie très divertissante, un environnement politico-social de l’Afrique du Sud, les recherches sur les textes des deux scientifiques, les témoignages, et beaucoup d’autres événements encore.

S’il part avec un but précis, Van Reybrouck reviendra-t-il avec une réponse ? Le but de ce voyage ne sera peut-être pas celui qu’il avait envisagé en partant.

Agréable lecture, je recommande vivement ce livre !


mots-clés : #nature #segregation #voyage
par Barcarole
le Jeu 30 Mar - 12:58
 
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Sujet: David Van Reybrouck
Réponses: 16
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Virginia Reeves

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 97822310

Un travail comme un autre

Alabama, au cours des années 1920 : Roscoe T. Martin habite dans la ferme dont il a hérité de son beau-père avec sa femme et son fils, mais son désintérêt pour le travail agricole provoque une frustration qu'il cherche désespérément à combler. Sa passion pour l'électricité le pousse à détourner une ligne récemment installée, afin de trouver une légitimité personnelle et même une raison de vivre. Un évènement dramatique inattendu dont il est jugé responsable (la mort d'un technicien électrocuté) met fin à cet état de grâce et le conduit en prison, détruisant un idéal et la cohésion naissante d'une famille.

J'ai été ému par ce premier roman de Virginia Reeves. Elle dévoile grâce à l'écriture les silences et les non-dits d'un homme qui se cherche un destin et se heurte à son propre vide. De la violence extrême de la prison aux tensions raciales, Un travail comme un autre aborde beaucoup de sujets douloureux liés à l'histoire des Etats-Unis, avec un angle d'approche à la fois intime et collectif. Certains passages sont moins aboutis et l'épilogue peut sembler abrupt, mais je retiens l'ampleur d'un regard singulier d'une grande force.


mots-clés : #segregation #criminalite #captivite
par Avadoro
le Dim 5 Mar - 11:30
 
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Sujet: Virginia Reeves
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Vues: 583

Friedrich Gorenstein

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Gorens10

CHAMPAGNE AU FIEL


J'ai lu  Champagne au fiel il y a quelques temps. Ces trois longues nouvelles ont en commun la désignation de trois fléaux qui ravagèrent la Russie : la misère extrême du petit peuple, la persécution politique, l'antisémitisme.
Gorenstein les dénonce avec vigueur, mais ce qui m'a frappé avant tout, c'est peut-être sa tendresse attentive pour tous ceux qui ont souffert, pour sa Russie bien aimée.
"Que nul ne peut comprendre, écrit-il, pas même les Russes, et que l'on ne peut qu'aimer."

"Il est hors de doute que l'ivrognerie n'est pas un trait psychologique naturel, inné du peuple russe.
Il est hors de doute que ce peuple, on l'a saoulé.
Qui ? Le cabaretier juif, comme, l' affirmaient autrefois les Cent Noirs et l'affirment leurs successeurs d'aujourd' hui ?
Les livres de publicistes disent clairement qui est responsable de l'ivrognerie russe : le pouvoir, l'Etat, qui en introduisant le monopole de production et de vente des spiritueux a cherché les moyens de développement d'une voie qu'il avait définitivement choisie dès Ivan le Terrible...
Voilà plus de quatre cents ans que ces cabarets de ruine et les magasins impériaux, même si aujourd' hui ils portent un autre nom, dominent la Russie."


La liberté de ton dont il fait preuve tient au fait que Gorenstein a quitté son pays pour se réfugier à Berlin Ouest.
C'est sans doute pour cela que j'ai particulèrement apprécié Dernier été sur la Volga.
L'auteur se prépare à quitter son pays. Et là, attendant un bateau, il se promène près du grand fleuve. Et il y rencontre Liouba, mendiante lumineuse.
Humble femme humiliée et offensée mais généreuse.

"La voilà devant moi, la Russie. La voilà, ma petite mendiante.
Non ce n' est pas une beauté aux joues rouges, au corps droit, à la poitrine abondante en sarafane brodé qui vous offre sur un plat doré un grand pain tout frais sorti du four....
Mais Liouba misérable, meurtrière sans péché, au regard humble et clair, à l'âme amère et automnale. Une fille du temps née sans auciun droit. Telle que je voulus la graver dans ma mémoire, telle que je voulais l'emmener au loin."


A travers cette femme dostoievskienne, on peut voir si l'on veut, le symbole d'une Russie malheureuse et persécutée mais généreuse malgré ses souffrances.

"L'attente en Russie, est indissolublement liée aux espaces du pays et constitue une autre hypostase de l'idée de la Russie qui, comme quelqu'un l'a,  à juste titre fait remarquer, s'exprime clairement dans la chanson russe, pleine de profonde tristesse ou de gaieté débridée.
Les heures et les kilomètres y sont infinis. Que l'on marche, que l'on roule, que l'on demeure assis, on n'en voit pas le terme.
Par son horrible monotonie, le temps d'attente vous étreint l'âme d' angoisse, tout comme la nature égale de la steppe, la forêt profonde toujours pareille à elle-même, la nuit d'automne, l'hiver sévère."


Ces phrases me font beaucoup penser à la superbe nouvelle de Tchekhov : La Steppe.
Mais c'est aussi l'expression de l'identité juive dans un pays férocement hostile à cette identité.

Message récupéré


mots-clés : #antisemitisme #regimeautoritaire #segregation #social
par bix_229
le Dim 22 Jan - 13:34
 
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Sujet: Friedrich Gorenstein
Réponses: 4
Vues: 1140

Friedrich Gorenstein

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Gorens10

c'est un de mes pieds de l'année dernière Compagnons de route, récup de l'avis d'alors :

comment dire ça ? dans ce voyage en train qui permet de traverser les strates géographiques d'un moment donné il y a de nombreuses occasion pour le narrateur/voyageur et son interlocuteur de revenir dans des strates historiques personnelles et collectives. une découverte de l'Ukraine, avec la Pologne voisine, entre l'Europe occidentale et la Russie sans se situer dans l'exposé historique mais sans non plus taper simplement dans l'anecdote. l'histoire de Tchoubinets, paysan, reconverti dans le théâtre donne déjà de quoi réfléchir, personnage atypique et déplacé, considéré avec autant de distance que de sympathie. dans le livre on a de multiples façon de ressentir les écarts sociaux, d'origine, de classe même à un niveau plus fin que celui habituellement admis. ce n'est pas que fais-tu mais d'où viens tu qui compte.

pas rigolo et complexe avec en retours constant l'antisémitisme à travers les régimes, ces deux ou trois ou quatre "périodes historiques" (avant, pendant la guerre, communisme ensuite puis le frémissement qui annoncerait une fin) donnent de la consistance mais le style que je qualifierai de détendu mais diablement précis brille surtout par un parfait sens de l'alternance et du rythme de la narration. Un rythme lié au voyage et à la collaboration entre le narrateur et l'auditeur, les narrateurs et les auditeurs, un temps de la mémoire et de la transformation, le temps de la passerelle de l'imagination.

une lecture qui procure donc beaucoup de plaisir, genre plat évident et classique, franc en bouche qu'on fait exprès de goûter avec trop de précautions pour faire durer et renforcer le plaisir alors qu'on ne s'empêche pas vraiment de dévorer ? une histoire comme ça.

avec toutes ces qualités, par association d'idées, j'évoquerai un auteur comme Ivo Andric. la tonalité et le ton sont différents, le pays aussi mais ce genre de qualités et de plaisir de lecture...

et pour ma part c'est aussi grâce au héros-limite cette lecture !


mots-clés : #segregation #voyage
par animal
le Dim 22 Jan - 12:55
 
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Sujet: Friedrich Gorenstein
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Durian SUKEGAWA

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 51paqs10

Les délices de Tokyo

Pour honorer sa dette envers l’homme qui l’a aidé à sortir de prison, le jeune Sentarô se retrouve gérant d’une petite boutique de doryaki. Lui qui n’a aucun goût pour la pâtisserie confectionne jour après jour ces sortes de pancakes fourrée à la pâte de haricots azuki. Les ingrédients industriels et le peu d’intérêt qu’il porte au sujet ont un résultat logique : ses doryaki sont médiocres, et la boutique végète. Malgré tout, (et sans que l'on comprenne bien pourquoi, dans de telles conditions…) Sentarô cherche un employé ; la seule candidate est une vieille femme de 76 ans. Les refus successifs de Sentarô n'y font rien, elle s’acharne, proposant même de travailler pour presque rien. Plus que sa ténacité, c'est son talent qui finalement l’emporte : Tokué est une magicienne, sous ses doigts naissent des délices… Il y a toutefois une ombre au tableau : son aspect physique. Instinctivement, Sentarô décide de dissimuler à la clientèle cette employée aux doigts tout tordus et au visage en partie figé…

Tout l’intérêt du livre réside dans la relation qui s’établit peu à peu entre ces deux êtres cabossés par la vie que rien ne prédestinait à se rencontrer. Nous sommes au Japon, il n’y aura donc pas de drames ou de grandes envolée lyriques ; tout comme son héroïne, l'auteur est plutôt du genre contemplatif et c’est par petites touches qu'il regarde ces deux-là se jauger, se parler, s’apprivoiser peu à peu.
L'on pourrait arguer avec raison que ce thème a été maintes fois traité ; à cela s'ajoute le fait que le style, s'il est agréable, est sans grande originalité. Mais il se dégage de ce roman une sensibilité, une pudeur et une justesse qui m’ont personnellement touchée.

Impossible de dévoiler ici le secret au coeur du livre, même s'il est assez rapidement éventé au cours de la lecture. Tout juste puis-je dire qu'en traitant d'un sujet méconnu, l'auteur a su donner à son récit une tension et une dimension supplémentaires. La capacité des sociétés à broyer certains individus en leur niant toute individualité est une fois encore démontrée de façon saisissante...
Ce roman dégage une atmosphère toute nipponne. Entre révolte et résilience, nostalgie et espérance, il traîne son spleen tout en véhiculant une vraie force de vie. Réussissant sans être docte à nous faire passer quelques messages.
En un mot, c'est un roman profondément mélancolique qui fait du bien…

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #segregation #pathologie
par Armor
le Mer 4 Jan - 10:09
 
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Sujet: Durian SUKEGAWA
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Petina Gappah

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 97827011

Le livre de Memory

L'ouvrage prend la forme du témoignage d'une femme albinos, incarcérée pour un crime qu'elle nie avoir commis et dans l'attente de la révision de son jugement. Les souvenirs d'enfance se mêlent au quotidien vécu en prison, pour composer un récit complexe qui devient le miroir d'un pays bouleversé.

Pettina Gappah explore à travers un portrait individuel la tumultueuse histoire contemporaine du Zimbabwe, ancienne Rhodésie. Un conflit intérieur, une impossibilité à trouver sa place symbolisée par le regard porté sur sa peau font écho à un malaise plus large et plus insidieux. Si les rebondissements semblent parfois trop nombreux et précipités, la vivacité et la ferveur de l'écriture sont un moyen éloquent pour affronter la violence d'un passé et se réapproprier une mémoire enfouie.


mots-clés : #discrimination #identite #pathologie #segregation
par Avadoro
le Mar 27 Déc - 21:58
 
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Sujet: Petina Gappah
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Ernest Gaines

Autobiographie de Miss Jane Pittman

Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Image217

La vie de Jane Pittman se passe en Louisiane, et s’étale sur plus d’un siècle . Née esclave dans une plantation, elle a dix ans quand l’esclavage est aboli, mais gardera toute sa vie la cicatrice des coups de fouet sur son dos.. Elle nous rapporte ses errances d’enfant, puis sa vie de femme au sein d’une plantation où elle continue à habiter « les quartiers », à servir les Blancs , à la cuisine ou au champs, s’imposant à tous par sa sagesse. Et 100 ans plus tard, quand les lois antiségrégationnistes s’imposent peu à peu, elle est encore là, et, avant beaucoup d’ autres, elle comprend que cette liberté dont elle a cru profiter toutes ces années, n’était qu’une misère et qu’un nouvel espoir est en train de naître.

C’est Jane qui raconte à un jeune professeur qui ne veut pas laisser se perdre son témoignage. Une conteuse hors pair, pleine de détermination et d’ humour, entre croyances, certitudes et espérances, dans son langage imagé, d’une grande vivacité .
Un excellent roman du Sud qui nous fait vivre les infortunes et petits bonheurs de cette femme volontaire et attachante et de la communauté noire qui l’entoure. Ce roman n’est pas aussi percutant que Colère en Louisiane (que je considère comme son chef d’œuvre), on y retrouve cependant avec grand plaisir les thèmes chers à Gaines.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #segregation #esclavage
par topocl
le Mar 27 Déc - 10:37
 
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Sujet: Ernest Gaines
Réponses: 18
Vues: 1619

Sherman Alexie

Sherman Alexie
(Né en 1966)


Tag segregation sur Des Choses à lire - Page 2 Sherma10

Sherman Joseph Alexie, Jr., né le 7 octobre 1966 à Wellpinit dans l'État de Washington aux États-Unis, est un romancier, poète et scénariste américain. Il vit aujourd'hui à Seattle et écrit principalement sur les populations amérindiennes. Sherman Alexie fait partie de la nouvelle génération d'écrivains amérindiens, appelée Renaissance amérindienne par le critique littéraire Kenneth Lincoln, et est sans doute un de ses membres les plus prolifiques avec une quinzaine de livres parus. Le magazine Granta l'a fait figurer dans sa liste des vingt meilleurs jeunes romanciers américains. Ses romans sont toujours partiellement autobiographiques et sont marqués par un grand réalisme, notamment sur le mode de vie actuel des Amérindiens.

Amérindien né d'un père de la nation Cœur d'Alène et d'une mère de la nation Spokane, Sherman Alexie a grandi dans une réserve près de Seattle, dans l'État de Washington à l'Ouest des États-Unis. Il écrit aussi bien des poèmes que des romans, recueils de nouvelles, pièces de théâtre et même scénarios de films. Son livre Phoenix, Arizona a d'ailleurs été adapté à l'écran par le réalisateur Chris Eyre en 1998 ; c'est le premier film réalisé, produit, écrit et interprété par des Amérindiens. Il s'est fait connaître pour son roman Indian Killer en 1997, un drame contemporain sur la légende d'un tueur amérindien. Alexie y décrit la misère contemporaine de son peuple, le dénuement matériel et spirituel des jeunes Amérindiens et les ravages causés par l'alcool et la drogue.


(wikipedia)



Œuvres traduites en français

Red Blues, traduit par Michel Lederer, Albin Michel (2008)

Fictions

Indian Blues
Indian Killer
Phoenix
La vie aux trousses
Dix petits Indiens
Flight
Le Premier qui pleure a perdu
Danses de guerre

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Indian Blues

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur qui utilise l'humour pour décrire la désespérance. Une lecture non seulement agréable et à mon sens utile pour ne pas oublier la spoliation matérielle, physique et spirituelle dont les Indiens ont souffert et souffrent encore.

S'appuyant sur la «légende» du célèbre guitariste Robert Johnson l'auteur nous conte  l'aventure musicale d'un groupe d'indiens Spokanes et des membres flathead. Grâce à la possession d'une guitare «accordée par le Diable» le guitariste de ce groupe joue divinement.  

Par les actes, les rêves et les récits du personnage  de Big Mamma (Chamane) l'auteur mêle judicieusement fantastique et réalité. Nous découvrons la triste réalité des réserves Indiennes d'Amérique : chômage, alcoolisme, pauvreté... à travers celle où l'auteur situe ses personnages : la réserve de Willpinit.

Je vais continuer ma découverte de cet auteur.

extraits :

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mots-clés : #minoriteethnique #segregation #social
par Bédoulène
le Ven 23 Déc - 17:29
 
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Sujet: Sherman Alexie
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Pete Dexter

Train

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On est dans l'Amérique de la ségrégation, les noirs portent les clubs des golfeurs, les noirs ont la chrome, les noirs essayent de s'en sortir comme ils peuvent. Et quand Miller Packard, l'étrange « homme des lointains », le flic laconique, semble s'intéresser à Train le jeune caddy aux doigts verts, et qui tient un club comme de l'or entre les mains, il ne prend pas de risques pour lui-même...
L'ambiance est noire, très noire, tendue à l'extrême, affûtée au couteau, traversée de fulgurances stupéfiantes , et explose en mille morceaux de violence terrifiante. Pete Dexter nous mène sans nous laisser reprendre notre souffle à la rencontre de personnages hantés et ambigus. Ce livre est d'un désespoir lumineux.


mots-clés : #segregation
par topocl
le Sam 17 Déc - 10:15
 
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Sujet: Pete Dexter
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James Baldwin

Un autre pays


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  Il n'a pas de véritable œuvre à accomplir, c'est là le drame, pour lui ; c'est aussi le problème qui se pose à toute notre époque et à cet invraisemblable pays. Et je suis prisonnière. Et il ne sert à rien de blâmer les hommes, de blâmer  une époque – n'est-on pas soi-même tous ces gens à la fois ? Ce sont les hommes qui font une époque.


Quelques jeunes gens new-yorkais, à la fin des années 50, dans cette ville tentaculaire, anonyme à force de multitude, discriminante.
D'une génération intermédiaire, ils se demandent si leurs rêves de jeunesse ne mènent qu' au désespoir. Ils  rêvaient d'amours éternelles mais la  sérénité leur y est interdites car elles sont homosexuelles, interraciales ou adultères. Ils rêvaient de liberté, et pour cela veulent devenir artistes (chanteuse, acteurs, écrivains, musiciens). Ils rêvaient que les différences raciales n'existaient pas. Ils croyaient que l'audace et la passion suffiraient. Il  leur  reste, peut-être,  l'amitié, face à leurs couples qui, de fulgurances en incertitudes, se déchirent, écartelés entre  sincérité  et compromissions. D'une sensibilité à fleur de peau, ils recherchent maladroitement un état de grâce hypothétique et le désespoir les rattrape souvent dans cette quête du bonheur. D'un taxi  à l'autre, de fumée de cigarette en scotchs, de bars en boîtes à jazz, il déambulent, et parlent,  parlent encore d'aspirations grandioses, de déchirements intimes, comme les adolescents  qu'ils n'ont cessé d'être, héroïques et inconsolables.

   - Eh bien, oui, dit Éric lentement, il a été blessé. C'est sûr. Il n'est pas besoin d'être un individu remarquable pour souffrir.


C'est un livre d'ambiance, ambiance d'une ville aimée quoique grouillante et inhospitalière, ambiance de jeunes gens qui se cherchent, se raccrochent les uns aux autre. Ballottés par un monde qui impose ses règles et exige trop d'eux, ou ne leur offre pas assez, ils découvrent que le passage de la jeunesse à la maturité est la perte d'une innocence. Dans ce New-york de  James Baldwin, il y a quelque chose du Paris de Simone de Beauvoir, (ils se donnent délicieusement du « mon petit », et du « tu es si gentil, Vivaldo ») les  jeunes femmes sont libres, complices et têtues mais font la vaisselle, les jeunes hommes hurlent leur désespoir avec élégance, ils se raccrochent les uns aux autres, ils y croient encore, peut-être…ou plutôt ils veulent y croire, les larmes au bord des yeux « happés dans le tourbillon d'une mystérieuse défaite ».

- Des jours comme celui-la, dit soudain Cass, je me souviens de ce que c'était - je crois m'en souvenir du moins - que d'être jeune, très jeune. - Elle leva les yeux vers lui. - Quand tout ce que l'on touche, tout ce que l'on ressent est si nouveau, que la souffrance elle-même est merveilleuse, car elle est totale.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #segregation
par topocl
le Ven 16 Déc - 9:32
 
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Sujet: James Baldwin
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Bernard Malamud

L'homme de Kiev

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Comme on dit au cinéma aujourd'hui, ce livre est tiré de faits réels. En 1923, après la découverte du cadavre d'un jeune garçon chrétien de 12 ans, un pauvre juif est accusé  de meurtre rituel. C'est le parfait bouc émissaire, et malgré l'absence de  preuves, il est incarcéré, dans des conditions de plus en plus dramatiques, coupé du monde, traité avec une arrogance et une cruauté infamantes... Il reste cependant droit jusqu'au bout, frisant la folie mais clamant son innocence jusqu'au bout, en refusant d'accuser la communauté juive comme on le lui propose contre une remise de peine. Affaibli, avili, il n'en continue pas moins à chercher son propre chemin. Terrible sujet que cet enfermement kafkaïen dans les geôles atrocement antisémites de Nicolas II. Bernard Malamud mêle désespoir face à l'inhumaine humanité et espoir en l'homme, même écrasé par l'adversité, seul contre tous. Il mène un récit prenant, d'une tension croissante, que j'aurais voulu par moments moins bavard.


mots-clés : #antisémitisme #captivite #communautejuive #segregation
par topocl
le Jeu 15 Déc - 11:38
 
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George Samuel Schuyler

George S. Schuyler (1895-1977)

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George S. Schuyler (1895-1977) était journaliste et écrivain. Militant actif de la NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleurs), opposant farouche aux discriminations raciales, il était connu pour ses satires et son esprit mordant.

Wikipedia






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"BLACK NO MORE, ou le récit d'étranges et merveilleux travaux scientifiques au pays de la liberté entre 1933 et 1940 après J.-C." fut publié en 1931.

Mon professeur de sociologie avait un jour déclaré que le Noir n'avait que trois manières de traiter son problème en Amérique. (Il se mit à les compter sur ses longs doigts fins.) "Foutre le camp, devenir blanc ou serrer les dents." Vu qu'il ne veut ni ne peut partir, et qu'il ne serre les dents qu'à contrecoeur, à mon avis, il ne lui reste plus qu'à devenir blanc.

Au début des années 30 aux Etats-Unis, la ségrégation raciale fait rage et le racisme est prégnant. Le docteur Crookman, aidés par ses deux "mécènes", un agent immobilier et un ancien bookmaker, compte exploiter son invention, une méthode pour blanchir la peau des clients irrémédiablement, à l'échelle de toute la population noire américaine. Max Disher décide, sur un coup de tête, d'être le premier cobaye.
Certes, il y a des longueurs sur la fin, à partir du début de la course à la Maison Blanche, et le fait que l'argent est le principal moyen et le but de pas mal de tout un chacun dans cette fiction peut agacer certains lecteurs. Mais les 150 premières pages , alternant à chaque chapitre, l'histoire de son héros et les effets du "Black no more" sur la société américaine débordent d'ingéniosité et de clairvoyance pour démonter, en creux, tous les tenants et aboutissants de la ségrégation raciale, ses causes et conséquences économiques, sociales et politiques.

Et les vingt dernières pages relancent l'histoire - notamment deux pages qui rappellent, sans concession ni exagération, les lynchages "selon l'ancienne tradition"(sic).

L'auteur porte un regard certes tranché, mais ironique et acéré sur l'Amérique au temps de la ségrégation raciale. A croire, en refermant le livre, que ces lois infamantes étaient quasiment, à l'époque, un pilier pourri du système américain.

"Comme il n'y avait jamais eu plus de deux millions de Noirs dans le Nord, le processus de blanchiment y avait été perçu avec indifférence par les masses car les faiseurs d'opinion sentaient que le pays réglait un problème très épineux à un coût nul, ce qui n'était pas le cas dans le Sud.
Lorsque les vilains fils d'Ham constituaient un tiers de la population de l'ancienne confédération, ils y avaient une grande valeur économique, sociale et psychologique. Non seulement ils accomplissaient le sale boulot et étaient à la base de la richesse des Etats du Sud, mais ils servaient aussi de chiffon rouge chaque fois que le prolétariat blanc ne supportait plus de se faire exploiter. La présence des Noirs au bas de l'échelle sociale donnait à Dixie un caractère unique aux Etats-Unis. Là-bas, en dépit de l'industrialisation galopante, la vie était un peu différente, un peu plus agréable, un peu plus douce. Il y avait du contraste et de la variété, ce qui était rare dans une nation où la standardisation s'était tant répandue que le voyageur ignorait dans quelle ville il se trouvait aussi longtemps qu'on ne l'avait pas renseigné. Le Sud avait toujours été identifié aux Noirs, et vice-versa, et ses plus beaux souvenirs, préservés dans les histoires et les chansons, s'étaient construits autour de cette caste de parias.
Si les Caucasiens du Sud étaient fascinés par la chevalerie, s'ils étaient obsédés par la protection de la féminité blanche, s'ils exaltaient la fierté raciale, s'ils faisaient tous preuve de la même arrogance étudiée, c'était dû à la présence du Noir. Virées et affamées par leurs seigneurs de l'industrie et de l'agriculture, les masses blanches tiraient leur seule consolation et leur seul bonheur du fait qu'elles était de la même couleur que leurs oppresseurs et, par conséquent, supérieures aux misérables Noirs.
Les pertes économiques occasionnées par l'émigration ethnique dans le Sud étaient considérables. Des centaines de wagons en bois, depuis longtemps interdits pour leur vétusté dans d'autres parties du pays, furent envoyés à la casse par les compagnies de chemin de fer quand il n'y eut plus de Noirs à y entasser."


Message rapatrié


mots-clés : #racisme #segregation
par Exini
le Dim 11 Déc - 9:20
 
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Sujet: George Samuel Schuyler
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Julie Otsuka

Quand l’empereur était un dieu

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Attention, livre précieux
Il y a d’abord un sujet vital constitué par la déportation des populations d’origine japonaise, leur mise à l’index, les accusations de trahison qu’elles ont subies pendant tout le conflit américano-japonais qui découla de Pearl Harbor, et les conséquences individuelles que cela entraîna
Et puis, surtout Julie Otsula raconte cela mine de rien, on a  l’impression d’un récit purement factuel, avec une précision des faits, un rapport délicat des paroles, des observations, des rêves, qui fait monter en puissance une intense émotion, pleine de dignité et de délicatesse. Le père , la mère, le fils et la fille nous rapportent les faits chacun à tour de rôle, ou par un récit commun (les deux enfants dans un magnifique chapitre utilisent le nous pour décrire leur fraternité solitaire unie face à l’hostilité). Julie Otsuka ne nomme pas ses personnages. On comprend bien que c’est pour donner  de l’universalité à son récit, et, curieusement, alors que cela pourrait donner de la distance, cela donne une intensité dramatique à la fois douloureuse et lumineuse à son récit.

Petit exemple pour comprendre comment elle fait passer une émotion sans la nommer. Dans le camp, le petit garçon souffre quotidiennement de l'absence de son père. Jamais cela n’est dit explicitement, mais Juliette Otsuka rapporte cette anecdote de son passé :

Son père l’appelait « mon petit bonhomme ». Il l’appelait aussi « boule de gomme » ou « Bout de chou » ou encore « caramel ». « Tu es mon grand chef, mon numero uno », disait-il. Et chaque fois que le garçon se réveillait en hurlant après quelque sombre et horrible horrible cauchemar, son père entrait dans sa chambre, puis s'asseyait au bord de son lit et caressait ses cheveux noirs coupés courts. « Chut, mon sucre, murmurait-il, tout va bien. Je suis là.»


Tout est dit de la douceur et de la douleur intimement mêlée.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #deuxiemeguerre #segregation
par topocl
le Mer 7 Déc - 15:23
 
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Sujet: Julie Otsuka
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Achille Mbembe

Critique de la Raison Nègre» de Achille Mbembé.  suite

voici un extrait :
«Par ailleurs, il y a une part maudite constitutive de l’histoire des rapports entre l’Afrique  et la marchandise. Cette histoire prend forme au moment de la traite atlantique. A la faveur de la traite des esclaves, le rapport des Africains à la marchandise se structura rapidement autour du tryptique désir de consommation/ mort/ génitalité. A plusieurs égards, l’économie politique de la traite des esclaves fut une économie foncièrement libidinale. Elle avait ceci de particulier que son centre de gravité, ou encore son moteur principal, était d’une part le désir de consommation et de l’autre le désir de la dépense absolue et inconditionnelle. Ce désir entretenait en retour un rapport étroit avec les procédures de reproduction sexuelle. Il revêtit très tôt les aspects d’une corruption que même la perspective d’autodestruction (la vente des parents proches et la dissolution du lien social) ne parvenait guère à limiter. On peut, au demeurant, dire de cette économie qu’elle fit de l’autodestruction et du gaspillage les indicateurs ultimes de la productivité....»

j'ai commencé la lecture de ce livre qui à mon sens a toute sa place ici, d'autant qu'écrit par un historien de l'esclavage qui ouvre sur le racisme, je le lis en parallèle avec Home de Toni Morrison, j'apposerai sans faute un commentaire sur ce livre dès que j'aurai plus de matière...
j'essaierai d'apporter une double problématique à ces lectures : le racisme en tant que réponse économique, et esclavage et sexualité des dominants...

Première problématique : le racisme en tant que réponse économique

Dans un premier temps Achille Mbembe établi trois grandes étapes de l'esclavage qu'il nomme aussi :"le devenir-nègre" du monde. Tout d'abord :" le premier est celui du dépouillement organisé lorsqu'à la faveur de la traite atlantique (XV°-XIX° siècles) des hommes et femmes originaires d'Afrique sont transformés en hommes-objets, hommes-marchandises et hommes-monnaies..." le second moment est :" celui qui correspond à la naissance à l'écriture et commence vers la fin du XVIII° siècle quand, de par leurs propres traces, les Nègres, ces êtres-pris-par les autres, peuvent désormais articuler un langage à eux tout en revendiquant le statut de sujets à part entière du monde vivant...." (innombrables révoltes d'esclaves, indépendance d'Haïti, combats pour l'abolition de la traite, décolonisations africaines et luttes pour les droits civiques aux Etats-Unis, démantèlement de l'apartheid lors des dernières années du XX° siècle, et enfin le troisième moment(le début du XXI° siècle) : " est la planétarisation des marchés, de la privatisation du monde sous l'égide du néolibéralisme et de l'intrication croissante de l'économie financière, du complexe militaire postimpérial et des technologies électroniques et digitales." le devenir-nègre du monde.
Mbembe démontre que le concept de race, qui a trait à la sphère animale telle que la décrivait Buffon, ce concept "servira à nommer les humanitès non européennes", ce sont des humanités frappées "d'un moindre être"
---""Le nègre n'existe cependant pas en tant que tel. Il est constamment produit. Produire le Nègre, c'est produire un lien social de sujétion et un corps d'extraction, c'est à dire un corps entièrement exposé à la volonté d'un maître, et duquel l'on s'efforce d'obtenir le maximum de rentabilité. Objet corvéable, le Nègre est aussi le nom d'une injure........."
---S'en suit un historique de l'esclavage au cours des siècles, passant des premières servitudes dont se servaient les Portugais, premiers explorateurs de l'Afrique, à l'utilisation faite par les espagnols dans des equipages de marins, de leur participation  des campagnes militaires à la decouverte de l'Amerique notamment aux côtés d'Hernan Cortès en 1519 lors de son assaut sur le Mexique.Puis après 1492, le commerce triangulaire, le développement de la créolisation, brassage de religions et de cultures, developpement du capitalisme dont il ont été la main d'oeuvre, colonisation dont ils ont été également les victimes
Ainsi : "cette petite province de la planète qu'est l'Europe s'installe progressivement dans une position de capitanat sur le reste du monde."
"Parallèlement, se mettent en place, notamment au cours du XVIII° siècle, plusieurs discours de vérité sur la nature, la spécificité et les formes du vivant, les qualités, traits et caractères des êtres humains, voire de populations entières que l'on spécifie en termes d'espèces, de genres ou de races et que l'on classe le long d'une ligne verticale."


mots-clés : #essai #racisme #segregation
par Chamaco
le Dim 4 Déc - 11:31
 
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Sujet: Achille Mbembe
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Toni Morrison

«Délivrances» de Toni Morrison,

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Ce livre commence par l’histoire de la mère de Lula Ann alias Bride, traumatisée par la couleur de peau de sa fille (noire comme le Soudan) et les conséquences pour elle même et ses proches
florilège : «la nourrir, c’était comme une négrillonne qui me tétait le mamelon. Je suis passée au biberon dès que je suis rentrée chez moi.»
«Etre noire à ce point-là et avoir ces lèvres d’après moi trop épaisses qui m’appelaient «Maman», ça rendrait les gens perplexes»
Ce sont les propos d’une mère, et il y a plus, cela m’a bouleversé à l’entame du livre, on ne peut dire qu’il s’agit d’un livre tiède. Peut on trouver un minimum d’excuses à cette mère, peut être le contexte sociologique de cette amérique où :
«Quand mon père et elle sont allés au tribunal pour se marier, il y avait deux Bibles et il a fallu qu’ils posent la main sur celle réservée aux Noirs».
En quelque sorte :
«Il fallait que Lula Ann apprenne à bien se tenir, à éviter de se faire remarquer et à ne pas causer de problèmes. Je me moque du nombre de fois qu’elle change de nom. Sa couleur est une croix qu’elle portera toujours. Mais ce n’est pas de ma faute. Ce n’est pas de ma faute. Ce n’est pas de ma fautre. Ca non.»
Commenter plus serait supperflu.

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Déception et break sur "Délivrances"...

Ce livre avait bien commencé pourtant...Non pas que je recherche la delectation dans le malheur des gens, mais l'écriture et la consistance des premiers chapitres laissait présager une oeuvre hors de l'ordinaire. Cependant au fil des pages cette histoire poignante se transforme en une déliquescente presentation de mode narcissique et futile balayée avec insistance par le fréquent usage d'un plaisir pris avec le blaireau-phallique d'un ex_petit ami, atteinte de blairomanie l'héroïne est de surcroît frequemment témoin d'actes de pédérastie, on se demande pourquoi, et là, soudain je n'ai plus envie de chercher à retrouver les traces de cette belle écriture du début. Je reprendrai le livre peut être, plus tard, à moins qu'entretemps quelqu'un ayant été plus loin ne m'incite à poursuivre...Dommage...



mots-clés : #segregation
par Chamaco
le Dim 4 Déc - 11:10
 
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Sujet: Toni Morrison
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Toni Morrison

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"Home"

4° de couverture de "Home" Toni Morrison
"Frank Money est Noir, brisé par la guerre de Corèe, en proie à une rage folle. Il doit retrouver à Atlanta sa jeune soeur Cee, gravement malade,afin de la ramener dans la ville de leur enfance en Géorgie - "le pire endroit du monde". S'engage pour lui un périple dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950 où dansent toutes sortes de démons. Avant de trouver, peut être, l'apaisement. Parabole épurée, violemment poétique, Home conte avec une grâce authentique la mémoire marquée au fer d'un peuple et l'épiphanie d'un homme."

toujours d'actualité aux USA.

«Ici se dresse un homme»
Cette phrase peinte sur un ecriteau cloué sur un arbre près d’une tombe improvisée, c’est l’image de la redemption de Franck ce soldat noir rentré de Corèe meurtri par la guerre, la perte de ses amis d’enfance morts au combat à ses côtés et un lourd secret qu’il traîne derrière lui à travers l’amerique ségrégationniste des années 50.

"Home"
, le titre est un resumé du livre, la coquille qui contient la somme des souffrances que nous font parcourir les pages de cette thaumatologie que nous livre Toni Morrison. La colonne vertébrale de cette histoire est celle de Franck, dont nous decouvrirons au fil de la lecture sans que Toni Morrison n’en écrive le mot, avec grande pudeur, qu'il est noir. D'une famille tres pauvre, son enfance s'est déroulée dans un petit village, sa vie tourne autour de la protection qu’il porte à sa petite soeur avec qui il sera témoin d’un évènement dont il comprendra les tenants et aboutissants à la fin du livre, découverte finale qui lui permettra de formuler ses propres remords et d’atteindre la paix.

Ce bouquin construit sur des déchirements, décortiquant les peaux ne laissant que les os, est un onguent de douceur sur ces plaies béantes que sont les attaques de la misère, du racisme et de la guerre et Toni Morrison n’utilise pour seule violence que la suggestion née des mots...
Inutile de préciser que j'ai aimé ce bouquin...?


mots-clés : #racisme #segregation
par Chamaco
le Dim 4 Déc - 11:07
 
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Sujet: Toni Morrison
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