Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 21:45

276 résultats trouvés pour social

Sylvain Pattieu

Nadine a écrit:Ouais, j'ai hâte de te lire sur le suivant. Et de tomber sur cet auteur par bon hasard.


Y' a qu'à demander, mais je vais faire court, car ça ne m'a pas emballée.

Nous avons arpenté un chemin caillouteux.

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Index10

Un tout petit bouquin assez didactique sur un couple de pirates de l'air, en 1972, qui ont voulu attirer l'attention sur la cause des noirs aux US, et on fini tranquillement leur vie - commencée de façon, on dira, un peu brutale -  dans un coin de Normandie à faire le bien dans leur quartier.
A priori séduisant, mais en fait assez anecdotique et un peu fouillis;.


mots-clés : #racisme #segregation #social
par topocl
le Lun 30 Juil - 20:56
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Sylvain Pattieu
Réponses: 38
Vues: 2591

Sylvain Pattieu

Des impatientes

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Cvt_de10

C'est un roman social très actuel, quelque chose qui aurait à voir avec les frères Dardenne,  mais moins plombé, avec une charge de bienveillance et d'espoir.

Alima, la fille sage, et Bintou, la bombe pleine de rage, deux jeunes noires, sont dans une même terminale de banlieue et bien sûr, malgré la fatalité sociale, on leur prévoit des destins bien différents. Par un de ces épisodes du hasard (mais un hasard tellement dicté par la condamnation anticipée liée au milieu social) qui font envie de rembobiner le film et de repartir tant cela était stupide, elles se retrouvent en quelques semaines des femmes actives, au travail, puis en joyeuse grève. C'est juste quelques mois  de la vie de ces jeunes filles aux horizons fermés, mais pas totalement, et pour lesquelles des portes se ferment brutalement, quel dommage, quelles bêtises, mais d'autres ne s'ouvrent-t'elles pas, de ce fait?

C'est une façon d'y croire, que tout reste possible, malgré tout.
Mais sans niaiserie et optimisme béat pour autant, dans une description parallèle de la vie et des sentiments de ces jeunes fille, mais aussi plus générale des milieux où elles évoluent, le lycée par  un prof convaincu mais dépressif, la boite par un vigile ex-clandestin, un perdant-gagnant romantique.

Il y a là une belle acuité, une attention réelle à l'individu, un regard clairvoyant , lucide, mais qui ne renonce pas à rêver au possible. C'est assez touchant.


mots-clés : #contemporain #education #jeunesse #mondedutravail #social
par topocl
le Dim 29 Juil - 15:00
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Sylvain Pattieu
Réponses: 38
Vues: 2591

Sergueï Essénine

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 00492710

La ravine

Comment ne pas trop se planter. L'écriture a quelque chose de très morcelé en nous faisant passer de personnages à d'autres qui voisinent avant de revenir aux précédents. La nature succède aux regroupements et aux isolements, les âges aussi.

Une poésie en prose directe quoique elliptique, avec des accents crépusculaires mais une grande force lumineuse. Des tourments sourds et des souffrances très concrètes dans la vie de ces gens denses qui vivent dans cette "ravine", ces bois et ces champs. Des vies simples, élémentaires baignées de l'étrange douceur de ce texte très particulier à la puissance évocatrice rare.

Quand vous lisez ce livre vous n'êtes pas ailleurs que dedans !

mots-clés : #amour #nature #poésie #ruralité #social
par animal
le Dim 1 Juil - 21:57
 
Rechercher dans: Écrivains Russes
Sujet: Sergueï Essénine
Réponses: 10
Vues: 1351

Anatole Le Braz

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Youdig10

Pâques d'Islande

Nous avons dans ce livre quelques nouvelles de cet homme de lettre breton de la deuxième moitié du XIXè siècle. Dans un français vieilli certes mais pas sans charme, il nous plonge dans les fonds sans âges d'une âme bretonne à la superstition bien ancrée. "Ici, j'apprenais le français pour chanter la Bretagne". On pense forcément folklore et "régionalisme" et il y a de ça mais comme tout collecteur de contes il cherche plus que l'image pittoresque d'un monde qu'il soit révolu ou non. Ce qui prime c'est la volonté de partager ce que peut faire vivre ou ce qui vit à travers ces images.

Bretagne de la mer avec la pêche en Islande et un article qui dénonce la condition des mousses et Bretagne de l'intérieur partagent une vie rude emprunte de fatalité ainsi que la proximité des morts. Souvent de façon indirecte, on raconte l'histoire, se découvrent des pratiques religieuses et sociales qui témoignent d'un mélange subtil de pratiques habituelles du culte et d'usages locaux.

L'écriture parfois terne parfois moins et la port morbide de l'affaire n'empêche pas de se plonger avec intérêt dans ce voyage ethnologique et humain qui ne manque pas de nous rappeler que breton ou non avec le temps les usages passent et que si on n'y perd pas toujours peut-être perd-t-on petit à petit dans ce rapport aux ancêtres (amour, respect, crainte, et zeste de ???) une chose qui remonte à "loin".

Les quelques notes biographiques aident à comprendre pourquoi le thème de la mort est si cher à l'auteur qui a vu mourir beaucoup de membres de sa famille et de ses proches.

J'en garderai surtout quelques visions d'un dépouillement grave qui laisse une place à un bonheur de la même veine.

Merci Armor. Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 1252659054

(petite récup').

mots-clés : #documentaire #lieu #nouvelle #social #traditions #viequotidienne #xixesiecle
par animal
le Lun 25 Juin - 21:30
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Anatole Le Braz
Réponses: 2
Vues: 885

Etienne Davodeau

Les mauvaises gens

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Mauvai11

C'est l'histoire d'une époque faite de solidarité et d'optimisme. La vie n'était pas moins dure qu'aujourd'hui. Mais les ennemis et les obstacles semblaient plus identifiables.


De la sortie de la guerre à l'élection de Mitterand, Davodeau explore le parcours de ses parents, en leur compagnies, avec son œil crique d'enfant puis d'adulte. Leurs débuts sont écrits par la pauvreté, entre l'usine et l'église. Le curé des JOC les initie à l'action, à la recherche de l'émancipation. Toute leur vie se poursuit sous la double égide de la foi et du syndicalisme, dans la  lutte, la solidarité, et parfois  la victoire. Leur histoire est un miroir de l'évolution collective de tout le monde ouvrir  et des droits du travail
Avec humour, modestie et affection Etienne Davodeau, dans une impeccable scénarisation, mêle habilement histoire intime et collective pour ce portrait d'hommes et de femmes oubliés, d'une espèce quasi disparue, qui ont eu une importance cruciale.

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Planch10

Mots-clés : #biographie #documentaire #famille #mondedutravail #social
par topocl
le Dim 27 Mai - 14:45
 
Rechercher dans: Bande dessinée et littérature illustrée
Sujet: Etienne Davodeau
Réponses: 10
Vues: 1627

Cormac McCarthy

Suttree

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Suttre10

Avec ce roman à situer entre Mark Twain, Faulkner et Steinbeck, McCarthy s’intègre parfaitement dans la grinçante famille littéraire du Sud états-unien (mais on pensera aussi à Henry Miller, à Knut Hamsun, et peut-être même à Malcolm Lowry) : existences de misère, vues par séquences d’oisiveté, de beuverie, de violence, de débrouille des laissés-pour-compte du rêve états-unien dans l’Amérique profonde des années 1950.

L’essentiel se passe dans les environs de la rivière-égout à Knoxville, Tennessee, où vit et pêche Bud Suttree, dont le passé douloureux est à peine esquissé : il a quitté sa famille de façon dramatique et depuis refuse le travail salarié, peut-être plus à l’aise dans ce milieu sordide et précaire mais indépendant où il erre, flottant comme une épave parmi les autres.
Assez solitaire, Suttree fréquente pourtant beaucoup de marginaux dans son genre (mais on se perd de vue sans logique, comme dans la vie). C’est l’opportunité de croiser des personnages marquants, croqués en autant de pochades (portrait physique, dialogues, actions brèves, pas de commentaire psychologique), plus fouillée parfois, comme pour Gene Harrogate, rat des champs et souris des villes, un jeune gringalet dégingandé et gouailleur que Suttree a rencontré en prison, simplet et méchant comme une teigne, un combinard occasion de catastrophes qui nous valent quelques scènes du meilleur comique.
Suttree est aussi souvent entraîné contre son gré dans des aventures hasardeuses. Les faits sont rapportés par séquences au fil desquelles le lecteur assemble le puzzle des fragments d’histoire des exclus de la société (surtout représentée par la police), tantôt solidaires, tantôt affrontés au cours de la vie-rivière qui charrie ses aléas, des hauts et des bas, des aubaines et des malchances, et nombre de morts.

« Il s’examinait le visage dans le miroir, la mâchoire pendante, l’œil vide. À quoi ressemblerait-il quand il serait mort ? Car il y avait des jours où cet homme désirait tant la fin de tout qu’il aurait volontiers rejoint le club des morts, de toutes les âmes ayant jamais existé, les yeux bandés de nuit. »


De superbes épisodes, comme le commerce des chauves-souris enragées,
« Quelques chauves-souris mortes ou moribondes apparurent dans les rues. Des bandes errantes de chiens abandonnés furent menées à la chambre à gaz. Harrogate se tenait à carreau, craignant d’une façon ou d’une autre que son tour n’arrivât bientôt. »


ou le vagabondage halluciné dans les bois, avec par exemple cette scène ophélienne :

« Les feuilles jaunes tombaient à travers toute la forêt et la rivière en était pleine, navettes, clignotements, feuilles dorées qui s’engouffraient en une avalanche de pièces dans l’eau en aval. Une monnaie périssable, sans cesse renouvelée. Dans l’ancien temps se disait ici une ballade, quelque amour qui finissait mal avec une fille à la chevelure de sable, noyée au fond d’une mare vert de glace où elle était trouvée, les cheveux répandus comme de l’encre à même les cailloux froids de la rivière. Refluant dans ses liens, langoureuse comme un rêve marin. Contemplant de ses yeux agrandis par l’eau le ventre des truites et le puits du monde onduleux au-delà. »


La traduction m’est apparue comme fautive par endroits, mais il faut reconnaître que ce doit être un fameux défi, à l’instar de l’Ulysse de Joyce, ou du Pastis de Gadda : on rencontre notamment beaucoup de synonymies et de termes rares, surtout du domaine naturaliste, comme la salbande, surface latérale d'un filon, et l’hétérodon, ou couleuvre à nez retroussé ‒ ou encore le bungare, autre serpent (mais asiatique !)

« De ringentes flaques d’essence ne cessaient d’exploser à la surface en yeux huileux. »

Le Merriam-Webster donne pour ringent :
1: having the lips widely separated and gaping like an open mouth (ringent corolla)
2: gaping irregularly (the ringent valves of various bivalves)
From Latin ringent-, ringens, present participle of ringi to open the mouth, show the teeth.
L’étymologie proposée élude semble-t-il l’aspect de grognement coléreux contenu dans le terme latin : plutôt que de laisser ce dernier en anglais ou tel un néologisme (défectueux), peut-être aurait-il mieux valu le transposer par "palpitantes", ou mieux "pulsantes" ?
Ces termes précis ajoutent aux descriptions d’un observateur méticuleux (le narrateur est l’auteur), et donnent une forte impression à la fois de détachement objectif et de vécu, de réalité à cette nature souillée et à ce microcosme d’indigents hauts en couleur.

J’ai cru ressentir un crescendo dramatique après la liaison de Suttree avec la prostituée qui l’entretenait : visions provoquées par la vieille devineresse-succube, délires dus à la fièvre, reprenant ses souvenirs ; imprégné de culture évangéliste, ce roman (sans vraie difficulté de lecture) atteint à l’universalité du fardeau de la condition humaine.
Je me suis rapidement attaché à ce petit monde jonché de détritus (et des rebuts que sont les personnages),
« Là où la rivière fermente, gorgée d’immondices. »

, et je fus sensible à cette lecture comme à l’évocation d’une enfance, d’un passé assez misérable, déplorable mais profondément humain.

« À présent chaque jour à midi il s’éveille à la lumière grise perçant à travers les loques de dentelle grises à la fenêtre et au son de la musique country qui filtre à travers les murs fleuris tachés d’eau. Murs ornés de cafards écrasés au hasard en petites corolles grasses, certains encadrés par l’empreinte d’une semelle de chaussure. Dans les chambres les rares locataires se blottissent contre les radiateurs, les flagellant avec des manches de balais, avec des louches de cuisine. Les radiateurs sifflent de mauvaise grâce. Le froid vient lécher la fenêtre. Dans le peignoir de bain et les pantoufles qu’elle lui a achetés et son nécessaire de toilette en peau de porc à la main il longe le couloir tel un fantôme parmi des ruines, saluant parfois d’un signe de tête les garçons de ferme à l’heure, ou les vieux solitaires au regard entendu émergeant de rendez-vous dans les chambres devant lesquelles il passe. Jusqu’à la salle de bains au bout du couloir que personne n’utilisait en dehors de lui, la cuvette jaune fêlée en toiles d’araignées, la baignoire maculée de peinture, les carreaux en losange de la fenêtre qui donnaient sur un rebord où des pigeons se recroquevillent dans leurs plumes à l’abri du vent. Un toit gravillonné où pourrit une balle en caoutchouc. La ville, collage de cubes sinistres sous un ciel couleur d’acier mouillé au cœur d’un midi d’hiver. »

« La mort est ce que les vivants portent en eux. Un état d’angoisse, tel un inquiétant avant-goût d’un souvenir cruel. »

« J’suis convaincu que ça peut pas être pire, dit-il.
Mais la détresse humaine ne connaît pas de limites et tout peut toujours aller plus mal, seulement Suttree ne le dit pas. »

« Dieu lui-même n’est pas trop regardant sur ce qu’il y a au fond de cette rivière. »


Pour ce roman empathique, je ne vois que l’étiquette "social" qui convienne.


mots-clés : #social
par Tristram
le Sam 26 Mai - 22:42
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Cormac McCarthy
Réponses: 63
Vues: 5705

Michel Houellebecq

Soumission

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Soumis10

Ce livre a déjà été abondamment et brillamment commenté, mais des citations furent réclamées, alors…
On retrouve d’emblée cette complaisance benoîte à préciser avec application notre propre médiocrité au travers de celle d’un narrateur type où l’on devine l’auteur. Houellebecq ne renonce pas à se rendre hostile une large part des lecteurs, non sans une certaine provocation plaisante, qui peut confiner au cynisme :
« Dans l'iconographie de l'ouvrage, il y avait la reproduction du prospectus d'un bordel parisien de la Belle Époque. J'avais éprouvé un vrai choc en constatant que certaines des spécialités sexuelles proposées par Mademoiselle Hortense ne m'évoquaient absolument rien ; je ne voyais absolument pas ce que pouvaient être le "voyage en terre jaune", ni la "savonnette impériale russe". Le souvenir de certaines pratiques sexuelles avait ainsi, en un siècle, disparu de la mémoire des hommes – un peu comme disparaissent certains savoir-faire artisanaux tels que ceux des sabotiers ou des carillonneurs. Comment, en effet, ne pas adhérer à l'idée de la décadence de l'Europe ? »

C’est une forme d’anticipation (le genre littéraire qui explore des évolutions possibles de nos sociétés), mais plus une sorte de diagnostic et de matière à réflexion qu’un pronostic ou une analyse argumentée.
C’est aussi le fil de Huysmans, sujet d’études du narrateur et de l’auteur, qui leur sert de vague référence existentielle :  
« Ç'aurait été une erreur d'accorder trop d'importance aux "débauches" et aux "noces" complaisamment évoquées par Huysmans, il y avait surtout là un tic naturaliste, un cliché d'époque, lié aussi à la nécessité de faire scandale, de choquer le bourgeois, en définitive à un plan de carrière [… »

« …] les plats pour micro-ondes, fiables dans leur insipidité, mais à l'emballage coloré et joyeux, représentaient quand même un vrai progrès par rapport aux désolantes tribulations des héros de Huysmans ; aucune malveillance ne pouvait s'y lire, et l'impression de participer à une expérience collective décevante, mais égalitaire, pouvait ouvrir le chemin d'une résignation partielle. »

Structure souple, enchaînement constant, sans temps mort ; une certaine élégance dans la narration, avec le côté clinique et détaché qui convient dans ce bilan d’une existence banale.
Savoureux regard sur la place de la carrière professionnelle (et les sujets de conversation entre collègues), la politique, l’intelligentsia et les médias, bref la société post 68 sur son erre : consommation de masse induite par la croissance, allongement et démocratisation de l'enseignement, émergence de "la jeunesse" comme nouveau groupe social et transformation des mœurs, sexe et détachement dans les rapports humains, solitude, vide de perspective…
« Que l'histoire politique puisse jouer un rôle dans ma propre vie continuait à me déconcerter, et à me répugner un peu. Je me rendais bien compte pourtant, et depuis des années, que l'écart croissant, devenu abyssal, entre la population et ceux qui parlaient en son nom, politiciens et journalistes, devait nécessairement conduire à quelque chose de chaotique, de violent et d'imprévisible. La France, comme les autres pays d'Europe occidentale, se dirigeait depuis longtemps vers la guerre civile, c'était une évidence ; mais jusqu'à ces derniers jours j'étais encore persuadé que les Français dans leur immense majorité restaient résignés et apathiques – sans doute parce que j'étais moi-même passablement résigné et apathique. Je m'étais trompé. »

Les partis et personnages politiques sont donc particulièrement visés, ainsi que les médias (et c'est piquant à lire suite aux dernières élections) :  
« L'implosion brutale du système d'opposition binaire centre-gauche – centre-droit qui structurait la vie politique française depuis des temps immémoriaux avait d'abord plongé l'ensemble des médias dans un état de stupeur confinant à l'aphasie. »

« "Ce qui est extraordinaire chez Bayrou, ce qui le rend irremplaçable", poursuivit Tanneur avec enthousiasme, "c'est qu'il est parfaitement stupide, son projet politique s'est toujours limité à son propre désir d'accéder par n'importe quel moyen à la “magistrature suprême”, comme on dit [… »

« Sous l'impulsion de personnalités aussi improbables que Jean-Luc Mélenchon et Michel Onfray [… »

« La gauche avait toujours eu cette capacité de faire accepter des réformes antisociales qui auraient été vigoureusement rejetées, venant de la droite [… »

« Les fascismes me sont toujours apparus comme une tentative spectrale, cauchemardesque et fausse de redonner vie à des nations mortes [… »

« Et l'existence d'un débat politique même factice est nécessaire au fonctionnement harmonieux des médias, peut-être même à l'existence au sein de la population d'un sentiment au moins formel de démocratie. »

« …] mais les journalistes ayant une tendance bien naturelle à ignorer les informations qu'ils ne comprennent pas, la déclaration n'avait été ni relevée, ni reprise. »

« L'absence de curiosité des journalistes était vraiment une bénédiction pour les intellectuels, parce que tout cela était aisément disponible sur Internet aujourd'hui, et il me semblait qu'exhumer certains de ces articles aurait pu lui valoir quelques ennuis ; mais après tout je me trompais peut-être, tant d'intellectuels au cours du XXe siècle avaient soutenu Staline, Mao ou Pol Pot sans que cela ne leur soit jamais vraiment reproché ; l'intellectuel en France n'avait pas à être responsable, ce n'était pas dans sa nature. »

La femme est particulièrement peu épargnée, cependant :
« Aucune femme n'avait été conviée, et le maintien d'une vie sociale acceptable en l'absence de femmes – et sans le support du foot, qui aurait été inapproprié dans ce contexte malgré tout universitaire – était une gageure bien difficile à tenir. »

Houellebecq donne une raison "scientifique" un peu biscornue au succès de l’islamisme : la prégnance de la polygamie (réservée aux dominants) du point de vue de la sélection naturelle !
« C'est à peine s'il revenait sur le cas des civilisations occidentales, tant elles lui paraissaient à l'évidence condamnées (autant l'individualisme libéral devait triompher tant qu'il se contentait de dissoudre ces structures intermédiaires qu'étaient les patries, les corporations et les castes, autant, lorsqu'il s'attaquait à cette structure ultime qu'était la famille, et donc à la démographie, il signait son échec final ; alors venait, logiquement, le temps de l'Islam). »

D’un point de vue religieux et historique, il en appelle (facilement) à Nietzsche pour discréditer la démocratie :
« L'idée de la divinité du Christ, reprenait Rediger, était l'erreur fondamentale conduisant inéluctablement à l'humanisme et aux "droits de l'homme". »

Quant au titre :
« "C'est la soumission" dit doucement Rediger. "L'idée renversante et simple, jamais exprimée auparavant avec cette force, que le sommet du bonheur humain réside dans la soumission la plus absolue. C'est une idée que j'hésiterais à exposer devant mes coreligionnaires, qu'ils jugeraient peut-être blasphématoire, mais il y a pour moi un rapport entre l'absolue soumission de la femme à l'homme, telle que la décrit Histoire d'O, et la soumission de l'homme à Dieu, telle que l'envisage l'islam." »

Ce fut pour moi une lecture fort agréable (et pas trop longue), effectivement impossible à prendre au premier degré.
Et il m’en restera quelques phrases, comme celle-ci :
« Il est probablement impossible, pour des gens ayant vécu et prospéré dans un système social donné, d'imaginer le point de vue de ceux qui, n'ayant jamais rien eu à attendre de ce système, envisagent sa destruction sans frayeur particulière. »



mots-clés : #contemporain #identite #medias #politique #religion #romananticipation #sexualité #social
par Tristram
le Lun 30 Avr - 20:12
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Michel Houellebecq
Réponses: 175
Vues: 10661

Jean Malaquais

Les Javanais

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 41gyis10

Java, c'est une espèce de campement où s'est regroupée tout une communauté d'hommes et de familles immigrées, des étrangers sans statut social, fuyant leur misère ou leurs  oppresseurs respectifs, chacun baragouinant son jargon approximatif. A côté de Java, il y a la mine, qui éreinte et nourrit vaguement son homme, il y a le village de Vaugelas, où il fait bon boire un coup - ou plusieurs - ou tirer un coup au bordel de M Estève. Ils sont acceptés "ces gens-là" tant qu'ils travaillent et ne bousculent pas, acceptant des tâches et conditions que nul autre ne subirait. Puis viendra le temps de les jeter, M le Directeur, Monsieur le gendarme, M l'adjoint au maire sont là pour protéger les honnêtes gens..

Jean Malaquais dresse un puissant portrait naturaliste de ce ghetto où les hommes  vivent en cercle fermé, grandes amitiés, petites bassesses,  quotidien où l'on pêche obstinément les moments consolateurs pour tenir. Il distribue son attachement respectueux pour ces êtres déboussolés et sa dérision délicieusement vachard contre les petits et moyens chefs.

Ce qui donne sa grande singularité au récit, c'est une prose d'une richesse, d'une fantaisie, d'une créativité époustouflantes. C'est ciselé, pétillant d'intelligence et d'invention, entre humour et poésie. il y a bien certains moments où cette fécondité passe à la démesure, déborde, déstabilise et fait vaciller la lectrice ("Non mais qu'est-ce qu'il raconte, là, faconde ou divagation?). Il n'en demeure pas moins que c'est brillant, brillantissime.

(je la trouve curieuse, cette couverture qui illustre ton commentaire, bix)


mots-clés : #immigration #social
par topocl
le Jeu 19 Avr - 13:50
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Jean Malaquais
Réponses: 25
Vues: 1644

Thomas McGuane

Le Club de chasse

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Club-d10

Le club appartient par succession aux descendants de ses fondateurs, la haute société locale, les nantis de Détroit. Dans ce vaste domaine préservé depuis cent ans à la fin des années 60, les membres s'apprêtent à déterrer le message enfouit lors de sa création. Héritiers de la réussite américaine, piètres aristocrates, ils vont sombrer dans un anéantissement chaotique de leurs valeurs :
« La fin, c’est la fin. Terminé. L’extinction, comme pour les dinosaures, les chapeaux haut de forme, les grands él…
‒ Prouve-le, hé connard ! couina l’épouse d’un ancien secrétaire à la Défense.
‒ … la perruche de Caroline, le milan des Everglades, le pic-vert à bec d’ivoire, le narval. Mes enfants, l’expérience est ratée. »

On retrouve ce "vertige de la liste" dont parle Umberto Eco (et qui m’intéresse beaucoup) :
« Il y aurait un bingo avec un présentateur professionnel et des jetons de bingo personnalisés (aux initiales des employés) ; un goût qualifié d’extraordinairement judicieux présida au choix des prix : silencieux "Hollywood" pour voitures, bavettes garde-boue en caoutchouc blanc avec cataphotes intégrés, dindes, chapeaux mous, matériels de barbecue, flamants roses en béton pour jardins, plateaux-télé, chiens en plastique à installer sur la lunette arrière de votre voiture et qui clignent de l’œil gauche ou droit en synchronisme avec votre clignotant, ensembles d’arc-et-flèches mohawk, coiffes de grands chefs pontiacs, sets de table paillards, portes de douche en verre dépoli avec cerfs bondissants gravés à la sableuse, et d’innombrables autres accessoires liés à l’automobile, à la télévision, aux distractions enfantines et aux allusions érotiques. »

« Je me suis lancé dans diverses imitations. J’ai porté des chapeaux rigolos — j’en avais un décoré de fenêtres, de nids d’oiseaux, de cartes routières et de visite, de menus, de ressorts de montre, de soucis d’eau, de nids de guêpe sphériques en papier, de squelettes articulés, d’os de chat, de petits chevaux en caoutchouc, de photos de puits de mine et de gratte-ciel. »

Métaphores incongrues, à la limite du surréalisme :
« Il regarda autour de lui la chambre qui semblait aussi neuve qu’une source récemment curée. »

Dans ce premier roman (peut-être pas la meilleure porte pour entrer dans l'oeuvre de McGuane) qui aborde plusieurs thèmes, reste centrale la démesure de Vernon Stanton, avec son ascendant sur James Quinn, son ami d’enfance, et Janey, sa compagne ; des blagues potaches irresponsables au glissement vers l’excès et la folie, il est à la fois l’agent et la mise en abyme du naufrage du club lui-même.

Difficile de cerner ce qui me séduit dans les livres de McGuane ; subliminal ? plutôt dû à la place qu’il laisse aux lecteurs pour structurer, instrumentaliser, interpréter ce qu’il couche sur le papier ? Je les apprécie sans pouvoir vraiment me l’expliquer… Un certain détachement, peut-être. Et maintenant qu’une certaine littérature (déconstructive) déploie des symboles qui ne désignent rien, pourquoi pas une parabole sans morale ? C’est au moins une histoire captivante, pleine d’épisodes, à la fois d’un décousu charmant et d’une certaine unité de composition. C’est une jubilation de la narration dans un remous de rivière qui disperse et canalise tour à tour. Aussi un piège à critiques, où peu semblent être tombés…
A ce propos, beaucoup de choses m’ont échappé, sans que ce soit dû à la traduction : allusions, sous-entendus, ellipses, références proprement américaines.

Pour les éventuels amateurs/ connaisseurs, McGuane rend admirablement l’expérience du pécheur de truite à la mouche ; pour les autres, il donne une idée de cette sorte de communion avec une rivière (ici la Père Marquette, Nord-Michigan), de sa fascination ‒ et de ses risques :
« Il se rappela que les longues heures passées à fixer le ruban soyeux et changeant de la rivière le laissaient souvent hébété pendant vingt-quatre heures. Il se demanda si cela expliquait les noyades que l’on déplorait à chaque saison, ces pêcheurs que l’on retrouvait coincés sous des ponts ou parmi un amas de branchages et qu’il fallait ramener vers la berge avec une gaffe ; ou ceux qui disparaissaient tout simplement sur un plan d’eau étale, puis tourbillonnaient pendant un jour ou deux avant de couler. Pareilles considérations le tenaillaient lorsqu’il pêchait de nuit. Il suffisait parfois d’une simple perte d’équilibre, de l’aboiement de chiens sauvages poursuivant un chevreuil ou du sifflet du train de Père Marquette ; Quinn sortait alors de la rivière avec une sainte trouille avant de remonter les pentes herbeuses ventre à terre vers sa maison. »

« Pour Olson, chasser et pêcher constituaient des formes d’économie rurale parce qu’ainsi il garantissait personnellement la vie de la campagne. Quand les membres du club sortaient des bois par hordes entières, avec leurs fusils et leurs chiens de luxe, mais les mains vides, et qu’ils découvraient Olson, sa saleté d’épagneul springer couché à ses pieds, en train de retourner au-dessus d’un petit lit de braises un couple de grouses tirées facilement, ou lorsqu’ils le trouvaient avec un plein panier de truites gavées d’insectes et qu’il leur fallait cacher la truite d’élevage longue de quinze centimètres et couleur de boue, qui ressemblait davantage à un cigare bon marché qu’à un poisson, et qu’ils avaient failli bousiller leur canne à pêche à deux cents dollars pour cette prise dérisoire ; quand tout cela arrivait, ils avaient envie de convoquer sur-le-champ la réunion annuelle pour dire à cette fripouille de décamper de la propriété avant qu’ils appellent les flics. Alors ils se rappelaient que c’était lui le gérant et tout se compliquait sans que leur rancœur diminuât pour autant. »

L’humour est omniprésent, souvent en filigrane, comme dans ce finale d’un pique-nique d’entreprise :
« Un cabriolet Chevrolet vert sans conducteur arriva à vitesse modérée, semant la panique parmi les invités qui retiraient les enfants sur la trajectoire probable du véhicule fou. Il arrivait, majestueux et astiqué à la cire de palmier brésilien, avec son capot arrondi, original et flambant neuf, sa jupe bullée, ses vitres teintées en bleu, son chérubin gigotant dans l’intérieur vide couleur azur et le grondement auguste des pots d’échappement jumelés ; vira lentement, évita miraculeusement la mare aux canards et, obstiné, s’arrêta net contre un orme étêté. Tout le monde courait maintenant. Quinn aussi courut, vers la voiture aboutée au tronc, ses roues arrière barattant la terre du champ de foire. Quinn ouvrit la portière côté conducteur pour couper le contact et son gardien d’usine roula à terre, tout bleu et les veines saillantes, plongé dans son coma diabétique, tandis qu’un cri minuscule et lointain jaillissait derrière les mâchoires contractées, la poitrine gonflant les palmiers de Miami imprimés sur sa chemise fantaisie. Quelqu’un se faufila près de Quinn pour tâcher de desserrer les mâchoires d’une main experte, y glissant enfin le goulot d’une bouteille de Pepsi-Cola, dont le verre tinta contre les dents, puis entreprit d’en verser le contenu pendant que son autre main libérait la langue dudit gardien. Pour les autres invités, ce fut la goutte de Coca qui fit déborder le vase et ils se préparèrent au départ. Agenouillé près de son gardien, Quinn vit ses yeux émerger du nœud des veines tandis que le Pepsi lui dégoulinait dans le cou et sur sa chemise fantaisie, il vit son regard brusquement envahi par la lucidité, par la conscience de la débâcle générale, puis par la honte. »


Je propose lieu, et social

mots-clés : #lieu #social
par Tristram
le Sam 14 Avr - 13:51
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Thomas McGuane
Réponses: 25
Vues: 2194

Jean Malaquais

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Javana10

Les javanais

L'île de Java est un bidonville crade. C'est aussi une mine de plomb et d'argent, quelque part en Provence à la fin des années 3O.
Un bagne légal où bossent des déracinés, des migrants en rupture de démocratie.
Allemands fuyant Hitler, russes allergiques au petit père des peuples, espagnols fatigués des phalangistes, italiens écœurés par Mussolini et quelques autres.

Le travail est très dur, l'installation dangereusement précaire, et la paie ridicule. Immédiatement dépensée en vin et en filles.Selon un principe éprouvé : rien ne se perd, tout se transforme !

"C'était une mine délabrée et mal tenue. La taille s'y faisait au petit bonheur, l'abattage à la va-vite. On perçait, creusait, dynamitait à tort et à travers...
Cuvelages et boisages étaient défectueux, l'aération mauvaise.a C'était une mine mal fichue, on y puisait à meme les richesses sans ordre, sans plan, sans économie."


On écluse chez Mme Michel, épicerie, buvette, où l'iaccorte Ginette accueille les buveurs en souriant et en roulant tout ce que peut rouler une jolie fille.
En tout bien tout honneur. Elle les aime vraiment ses mineurs !
Et puis il y a Estève, le mac et ses dames, bien en cour avecc les notables et qui se prépare à en devenir un.
Le directeur est un aristo anglais manchot. Cynique et glacial.
Il vit dans une sorte de chateau. Loin du populo.
Et pour que le spectacle des taudis n'offense pas sa vue, il les a faits transporter hors de sa vue.
Il y a aussi Carboni, le gendarme, ancien militaire garde chiourme.
Il aboie et mord aux ordres du directeur.


"Les étrangers, laissez Carboni trois jours à la tête du gouvernement et on ne vous en dit pas plus, à la frontière les étrangers ou la Légion, au choix.
On voudrait au moins qu'ils aient la reconnaissance du ventre... pensez-vous, ça mange notre pain, couche avec nos françaises, il n'y en a que pour eux."


Il y a surtout un trio d'allemands particulièrement, lucides et chaleureux.
Les Javanais forment une communauté de Babel, qui jargonnent dans une langue bien à eux. Mais il se comprennent.
Ce ne sont pas des petits saints, mais il sont solidaires et leur misère ne les empêchent pas de rire de bon cœur ni de fêter un évènement.
Et quand à la fin, les choses se gâtent et que la mine va être fermée, ils vont vivre brièvement la joie pure d' une révolte sans lendemains.
Ils n'ont connu que l'errance, la misère et l'exploitation.
Alors ici ou ailleurs...

Voilà un livre tel que je l'attendais depuis longtemps.
Jorge Semprun écrivait lors d'une réédition de l'ouvrage :

"Le retout en fanfare des Javanais... Le roman de malaquais reste d'une actualité renversante. Je dirais meme, si l'on me permet cette boutade, qu'il est encore plus actuel aujourd'hui qu'au moment de sa parution."

Et il l'est toujours !
Pas le moindre dogmatisme chez Malaquais. Pas de bla bla ni de chichis.
Sa langue n'a rien d' académique. Elle est extraordinairement vivante, expressive, créatrice et profondément maîtrisée.
Malaquais a appris le français de fraîche date et, chose stupéfiante, il le réinvente.
Heureusement qu'il est resté chez nous. Déjà qu'on avait laissé partir Joseph  Conrad...


mots-clés : #immigration #social
par bix_229
le Jeu 22 Mar - 18:56
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Jean Malaquais
Réponses: 25
Vues: 1644

Olivier Pinalie

Chronique d'un Jardin Solidaire

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 51in-c10

C'est un jardin collectif qui tient plus du jardin d'agrément que du potager, où chacun peut cependant planter ce qui lui chante. Notre projet est autant esthétique que politique, mais il y est plus question d'agitation que d'ordre.


Parce qu'il est un urbain libertaire qui a toujours aimé les jardins, un beau jour de mai 2000, Olivier Pinalie investit un terrain vague de 3000 mètres carrés du 20ème arrondissement de Paris, tout seul et sans autorisation, pour en faire un « jardin solidaire », par ce que « on ne peut pas partager que la misère ».

Il rencontre  beaucoup de scepticisme, éveille  quelques curiosités, rencontre quelques sympathisants.
Peu à peu, des volontaires le rejoignent, et au fil des mois, avec quelques brouettes et beaucoup d'enthousiasme, les gravats s'évacuent, pour laisser place à des plantations joyeusement sa inorganisée. Certains donnent de leur temps, d'autres offrent des arbres ou des bulbes à planter, quelqu'un propose sa canalisation d'eau.

Les enfants du quartier viennent rendre visite, les squatters voisins commencent à s'apprivoiser, et, opiniâtre, d'enthousiasme en événements, la petite équipe arrive  transformer ce lieu inhospitalier en un espace collectif, autonome, ouvert à tous, dont l'esprit de base est la liberté.

Pas si simple face aux voisins réticents,  aux flics insistants et au maire méprisant, mais cahin-caha, drainant peu à peu visiteurs et jardinier amateurs, récupérant quelques subventions, ce lieu va devenir le centre d'un quartier populaire, multiculturel, oublié, jusqu'à ce qu'il soit récupéré par la mairie pour la construction d'un gymnase.

C'est un petit bouquin absolument épatant, présenté sous forme de journal, optimiste malgré chaque final, qui montre comment on peut réussir, créer une niche urbaine dans un monde capitaliste et rejetant,  des plantes, faire rencontre des populations qui ne se connaissent pas, « rendre au désir un territoire qui lui soit propre".


mots-clés : #nature #politique #social
par topocl
le Mar 6 Mar - 17:02
 
Rechercher dans: Autres
Sujet: Olivier Pinalie
Réponses: 5
Vues: 1735

Bernard Ollivier

Marche et invente ta vie, 2015

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Marche10

Ce récit, ce recueil de témoignages est tout bonnement génial ! Il y a beaucoup d'humilité dans cet ouvrage, que ça soit de Bernard Ollivier ou des jeunes qui racontent leurs marches.
L'idée de marcher au long cours pour permettre à ses jeunes de reprendre leurs vies en main est fantastique, c'est assez "simple" et visiblement ça porte ses fruits. Même si, comme précisé plusieurs fois dans l'ouvrage, toutes les marches ne se sont pas faites jusqu'au bout, elles ont toutes apportées au moins un petit quelque chose aux jeunes. Certaines ont réellement permis aux jeunes de repartir sur de bonnes bases.
C'est un livre et une démarche humaine, réaliste, altruiste. Je vous encourage vivement à le découvrir, à le partager, ça redonne foi en l'humanité, ça montre aussi les limites de nos institutions (et leurs failles). Personnellement je n'avais jamais entendu parler de cette association et je ne pensais pas que cela existait (il en existe plusieurs, évidemment). Excellente découverte que ces petits récits de voyage "utiles" (tout voyage étant utile, nous sommes d'accord, mais là... un chouille plus quand même).
Olivia a écrit:« On peut sauver des vies en étant pompier, infirmier, flic. Moi j'ai décidé de sauver ma vie en marchant ».


mots-clés : #nature #social
par Silveradow
le Mer 21 Fév - 12:40
 
Rechercher dans: Nature et voyages
Sujet: Bernard Ollivier
Réponses: 15
Vues: 671

Mario Vargas Llosa

La ville et les chiens

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 La_vil10

La ville, c’est Lima, et les chiens, des cadets (élèves encadrés par l’armée) dans toute l’ignominie qu’on peut supposer en matière d’obscénité, de bizutage, d’indigences diverses. Alberto, « le Poète » (où l’on peut reconnaître une personnification autobiographique de Llosa, au moins jusqu’à un certain point), trouve sa place entre « Jaguar », le dur chef du « Cercle » et « l’Esclave », Arana, le bouc émissaire ; il louvoie entre les deux pôles, grappille un peu de monnaie en produisant de « petits romans » pornographiques. La première partie de ce roman de plus de 500 pages (divisé en deux parties sensiblement égales, avec un épilogue) décrit assez longuement l’univers violent de la jeunesse péruvienne dans la première partie du XXe ; elle réveille des souvenirs de service militaire, pour ceux qui ont expérimenté cette découverte des brimades, de la promiscuité, des confrontations sociales et racistes, ici entre serrano (pas le jambon ou le piment, mais Indien ou métis originaire de la Sierra, la cordillère des Andes) et citadin (généralement blanc), de la côte maritime. Dans la seconde partie, l’Esclave étant mort d’une balle de fusil au cours d’un exercice, l’intrigue se développe. Dans l’ombre portée par la dictature, Llosa expose le problème de la dénonciation, et la grande règle de l’armée (laver son linge sale en famille), dans une dialectique de la loyauté et de la vengeance. Seul, l’intègre lieutenant Gamboa s’attache à éclaircir l’affaire, suite à une accusation du Jaguar par le Poète (devenu proche de l’Esclave avant sa mort, non sans avoir pris sa place auprès de la jeune fille qu’il aimait).  

« ‒ Pardon mon capitaine, dit Gamboa. Aussi longtemps que je ne m’en rends pas compte, les cadets de ma compagnie peuvent faire tout ce qu’ils veulent, je suis d’accord avec vous. Mais maintenant je ne peux plus faire semblant de l’ignorer, je me sentirais complice. » (II, 4)


« Il serait plus facile de ressusciter le cadet Arana que de convaincre l’armée qu’elle a commis une erreur. […]
Vous m’entendez, rentrez au collège et faites en sorte qu’à l’avenir la mort du cadet Arana serve à quelque chose. » (épilogue)


Les chiens (cadets de première année), c’est aussi la chienne Malencouille, adoptée par le Boa (bien qu’il lui ait cassé une patte dans un moment de colère)...
Un ultime et inattendu entrecroisement de destins boucle le livre, nettement plus captivant dans sa seconde partie.

« Je [Jaguar] ne savais pas ce que c’était de vivre écrasé. » (épilogue)


La composition caractéristique du style de Llosa, fait d’allers-retours temporels, d’entrelacements simultanés de différents fils narratifs, de monologues ou conversations de chacun des personnages (autant de narrateurs), paraît moins innovante de nos jours, après avoir lu par exemple Faulkner (qui l'aurait inspiré).
Cette histoire rejoint l’universel, comme on dit, et renvoie par exemple à La punition, de Tahar Ben Jelloun, qui vient de paraître.
Ce premier roman, écrit à 23 ans à Paris, est peut-être finalement celui que je préfère de Llosa (dont je ne suis autrement pas trop "fan").


mots-clés : #discrimination #jeunesse #regimeautoritaire #social #violence
par Tristram
le Sam 17 Fév - 18:24
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Mario Vargas Llosa
Réponses: 36
Vues: 3732

Sylvain Pattieu

Le bonheur pauvre rengaine

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Images87

C'est un fait divers de l'après Grand Guerre, qui fit la une des journaux pendant plusieurs mois, et que  Pattieu, historien avant d'être écrivain, a ressorti des archives.

Il s’agit d'un crime trivial et sordide, survenu à Marseille dans le milieu de la pègre, parmi les souteneurs et les "femmes galantes", tout un petit monde issu du prolétariat et qui souhaite s'offrir mieux, à un moment où le désastre de la guerre laisse des "places à prendre" à un prolétariat miséreux et pas décidé à en rester là.

On se croirait dans une balade de Fréhel. C'est un saisissant portrait d'un lieu et d'une époque, mais surtout d'un milieu qui a alimenté de nombreux films noirs en noir et blanc, relaté ici  en un récit mêlant fiction, photos et archives judiciaires.


mots-clés : #conditionfeminine #criminalite #faitdivers #historique #social
par topocl
le Lun 5 Fév - 9:51
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Sylvain Pattieu
Réponses: 38
Vues: 2591

William Faulkner

Le hameau

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Le_ham10

Premier tome de la trilogie des Snopes (suivi de Le domaine et La ville), c’est un terrible assortiment de personnages (de « characters », selon l’heureux vocable anglais, d’acception plus vaste), les incarnations de passions/ instincts mythiques et monstrueux dans la tragédie humaine, ici dans la misère rurale. Ratliff le colporteur perspicace (et dénominateur commun du livre), Flem le retors flegmatique et sans états d’âme, Ike l'idiot (récurrence faulknérienne), Eula, la « génisse » amorphe telle une sensuelle patate (il y a beaucoup d’animaux intervenant dans cet ouvrage, commensaux mais aussi intervenants ou supports métaphoriques ; par ailleurs, on est plus dans l’éthologie que dans la sociologie, et plus dans la mythologie gréco-romaine que biblique ou shakespearienne)… Et Houston (appelé "il" lors de toute la narration de son histoire personnelle, et on peut hypothétiquement y voir une allégorie partielle de l’existence de Faulkner lui-même, qui quitta le Mississipi pour y revenir, et n’eut pas de fils) : c’est l’opiniâtre victime du destin qu’il a défié. Ou encore Mink, l’assassin au summum du répugnant, avec la même obstination brute. Campés à la limite de la caricature, têtus et lamentables, ils demeurent là, pathétiques et incapables de changer.
Le livre est constitué de quatre parties, Flem, Eula, Le long été et Les paysans, elles-mêmes subdivisées en chapitres, voire en sous-chapitres. Chaque épisode portraiture plus particulièrement le devenir d’un personnage, mais l’ensemble forme un tout.

« …] un petit village perdu, sans nom, sans beauté, abandonné, et cependant qui recelait dans son sein, par hasard et par accident, un germe aveugle émis par la Divinité prodigue et qui ne le savait même pas, qui avait été conçu et s’était développé comme un bref été lumineux, concentrique [… »

« …] rêve et désir de tous les mâles sous le soleil, capables de faire le mal, depuis le jeune garçon qui ne rêve qu’aux ruines qu’il est encore incapable de provoquer, en passant par les malades et les estropiés suant dans leur lit, sans sommeil, impuissants, hélas, à faire le mal, jusqu’aux vieillards, maintenant privés de leurs glandes et avançant courbés, à pas lents [… »

« Il [Ike l’attardé mental] apprend vite maintenant, car il a appris le succès, à prendre ses précautions et à agir en secret, à voler et même à être prévoyant. Et il n’a plus à acquérir que le désir violent, l’avidité, la soif de sang et une conscience morale qui le tienne éveillé la nuit. »

« Il [Houston] n’était pas sauvage, mais seulement non dressé, pas tellement vif que possédé du violent désir, non pas de vivre, pas même de mouvement, mais de cette immobilité sans chaînes qu’on appelle la liberté. »

« Il [Houston] fuyait non pas son passé, mais son avenir. Il lui fallut douze années pour apprendre qu’on ne peut échapper ni à l’un ni à l’autre. »

« …] (Géographie ! cette pauvreté d’invention, cette foi imbécile de l’homme dans la distance qui ne trouve rien de mieux que la géographie pour s’évader ; lui-même [Houston] parmi tous les êtres, pour qui ‒ il croyait qu’il le croyait ‒ la géographie n’avait jamais été quelque chose sur laquelle on pût marcher, mais le moyen dont les êtres libres d’aller et de venir avait besoin pour respirer.) »


J’ai retrouvé avec bonheur cet auteur démiurge, torturé par la fatalité humaine, et son style de même, dense et serré (par moments, les passages à la ligne disparaissent, le texte se comprime en long paragraphe comme sa plume s’emballe, coupant la respiration). Le hameau n’est pas une œuvre mineure, même si elle n’a pas l’unité de souffle de ses chefs-d’œuvre ; sans doute moins ambitieuse dans la forme que certaines autres, elle est aussi plus accessible (bien que le lecteur bute sur quelques obscurités, qui s’éclairent lorsqu’il progresse). On touche au truculent, à l'épique, et c'est souvent dramatique. Et autant prévenir : c’est parfaitement trash, superbement odieux et formidablement écrit !


mots-clés : #social
par Tristram
le Mer 24 Jan - 21:26
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: William Faulkner
Réponses: 101
Vues: 11655

Philip Roth

La tache

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 La_tac10

Bon j'ai fini la tache . Je l'ai lu d'une traite cette nuit .
C'est évidemment impressionnant .
Que l'on soit sensible ou pas à cette approche des choses , sculpturale je dirais, puissante , avec une écriture qui me ferait penser à un bon Bordeaux si j'étais amatrice de vin , on sait tout de suite dès les premières lignes qu'on a affaire à un grand écrivain , un incontournable , un classique en puissance.

Alors oui la tache .
Déjà en bonne ménagère que je suis , ou que je me veux , je m'empresserais presque de chercher fébrilement l'éponge pour effacer. .
Zut ce n'est qu'un titre .
N'empêche que , ça me titille au fond de moi .

L'histoire de Coleman Silk , professeur d'université en retraite qui fut mis à l'index par la société bien pensante de l'amérique des années Clinton , pour un mot , mal interprété et lui prêtant une portée raciste , c'est le prétexte .

A partir de là ,intervient Nathan Zuckerman ( qui est le narrateur ) : ami de Coleman qui lui a demandé d'écrire son histoire , se sentant lui-même incapable de se lancer dans cette entreprise introspective , Nathan remontera le cours de l'histoire de son ami ,cet homme blessé victime d'un climat social délétère , afin de témoigner, rendre justice , et finira par découvrir le mystère qui confère à Coleman une aura particulière , indéfinissable et probablement cause de frustration pour ces proches incapables de déceler la part manquante , le bout de puzzle qui permettrait d'établir le lien en profondeur . Lorsque Nathan effectue ce travail d'enquêteur pour écrire son livre , Coleman est mort , d'une fin aussi brutale que sordide , le jetant en pâture à la faim de ses congénères toujours plus avides de se nourrir de la pourriture tout en cherchant à se purifier car tel est le paradoxe de l'humanité .
Qu'en toile de fond Philip Roth n'oublie pas de rappeler tout au long de son récit l'affaire Clinton/Léwinsky, , on aura bien compris qu'il s'agit pour lui d'ancrer sa petite histoire dans la petite histoire de la grande histoire , qui au final se résume à une affaire de sexe , de pouvoir et de domination .
C'est l'époque ou sévit le politiquement correct , la chasse non plus aux sorcières mais aux vilains qui saliraient l'image de l'amérique avec des idées racistes , de ces idées pas si lointaines pourtant qui étaient admises comme vérité et qui constituent une partie de l'histoire des USA mais qu'il faut oublier , nier,et contre lesquelles il faut s'insurger , et dénoncer , quitte à inventer , parce qu'au final c'est bien dans l'accusation de son semblable qu'on croit se dédouaner et se sentir plus innocent . (A part que , d'innocence il n'y a sur cette terre , la tache , originelle elle est et restera ) .
Mais la grosse farce de l'histoire , c'est que Coleman accusé injustement de propos raciste , est noir . Noir dans ses gènes sans que cela se voit ,parce que , avec la génétique et ses caprices , ça sort comme ci ou comme ça .
Toute sa vie s'est construite sur une imposture . Avoir fait le choix d'appartenir à la race blanche , et devenir celui qu'il veut être , non pas véritablement dans le rejet de sa négritude et de ses racines , mais probablement plus par volonté d'accéder à une plus grande forme de liberté , et se définir comme acteur de sa vie , en échappant au déterminisme pour se créer son identité .
Sans concession, au prix de grandes fractures nécessaires à son projet , Coleman rompra avec sa famille , pour effacer . Gommer . La tache .
A plus de soixante-dix ans , après un parcours universitaire brillant , il sera rattrapé par son destin .
Maîtriser jusqu'au bout chaque page de sa vie , dans la quête de cette pureté originelle qui n'appartient qu'à la fable , en dehors de l'histoire de l'humanité , telle est la gageure sur laquelle s'appuya toute l'histoire paroxystique de cet homme qui voulut s'affranchir , s'élever , au prix de sa propre humanité : parce que le surhomme n'existe pas , parce que l'appartenance est inhérente à toute forme de vie , parce qu'il faut porter la crasse de l'histoire de l'humanité dans le partage , et que la vie ne se joue pas en solo , Coleman perdra .
La tache , en bonne ménagère que je suis , ou que je me veux , j'ai décidé de l'accepter, parce qu'au final elle est en dedans-de moi . Et que je n'y peux rien , c'est mon humanité .


mots-clés : #social
par églantine
le Lun 15 Jan - 15:36
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Philip Roth
Réponses: 111
Vues: 11524

Carlo Levi

Le Christ s'est arrêté à Eboli.

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Eboli10



« Confinati » - c-à-d mis en résidence surveillée – de 1935 à 1936, pour antifascisme, à Gagliano, petit village de Lucanie (Basilicate actuelle), Carlo Levi a rapporté de son séjour forcé dans « cette terre sans consolation ni douceur, où le paysan vit, dans la misère et l’éloignement, sa vie immobile sur un sol aride en face de la mort ».

Pourquoi ce titre ?
« Nous ne sommes pas des chrétiens, disent-ils ; le Christ s’est arrêté à Eboli. » Chrétien veut dire, dans leur langage, homme – et ce proverbe que j’ai entendu répéter si souvent n’est peut-être dans leurs bouches que l’expression désolée d’un complexe d’infériorité : nous ne sommes pas des chrétiens, nous ne sommes pas des hommes, nous ne sommes pas considérés comme des hommes, mais comme des bêtes, moins que les gnomes qui vivent leur libre vie, diabolique ou angélique, parce que nous devons subir le monde des chrétiens, au-delà de l’horizon, et en supporter le poids et la comparaison.


Carlo Levi, dans la lenteur et la langueur du temps qui passe, des journées qui paraissent interminablement calmes et vides, observe et peint, découvre et décrit, comprend et analyse.
Sans jamais tomber dans l’apitoiement misérable, Carlo Levi nous confie son vécu dans une écriture qui coule comme une source claire et fraîche, nous livre ses réflexions d’une profonde humanité, nous bouleverse avec ses mots simples. Les descriptions des paysages y sont certes très belles mais ce qu’il réussit à merveille c’est de nous approcher de ses paysans, de leur monde. Le texte sobre donne une telle dimension à la souffrance et au désespoir que l’on frissonne tant on finit par aimer ces paysans.
Carlo Levi fait la lumière sur la réalité de ce qu’était le sud de l’Italie, un pays oublié vivant toujours comme à l’époque féodale où les propriétaires et les fascistes (la petite bourgeoisie) régnaient sur une population décimée par la malaria.
A la fin du roman, Levi expose une sorte de réquisitoire où sont développées les réelles solutions à apporter pour que cette région et ses paysans et leurs enfants se sentent intégrés dans leur propre pays, « créer une nouvelle forme d’Etat qui soit aussi l’Etat des paysans ».

Grande émotion.

(carnet retrouvé...)


mots-clés : #autobiographie #exil #politique #ruralité #social
par Cliniou
le Lun 15 Jan - 12:08
 
Rechercher dans: Histoire et témoignages
Sujet: Carlo Levi
Réponses: 6
Vues: 2468

Henrietta Rose-Innes

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 L_homm10

L'Homme au lion

Stan revient au Cap au chevet de son ami d'adolescence Mark, grièvement blessé par un lion dont il avait la charge au zoo. Marqué par les souvenirs et les traces de son propre passé qui semble lui échapper, il remplace Mark comme gardien du zoo auprès de la lionne Sekhmet, dernière de son espèce après que le lion ait été abattu.

Ce roman d'Henrietta Rose-Innes m'a beaucoup touché par sa sensibilité, sa délicatesse et son attention aux personnages. La situation complexe et déstabilisante de la ville du Cap, entre l'urbanisation et la nature sauvage, apparait comme le miroir d'un trouble plus vaste et plus ample qui s'enracine dans l'histoire. L'Homme au lion est le récit d'une confrontation nécessaire face à des doutes et des cauchemars, afin d'envisager enfin un apaisement.


mots-clés : #amitié #nature #social
par Avadoro
le Ven 12 Jan - 18:10
 
Rechercher dans: Écrivains d'Afrique et de l'Océan Indien
Sujet: Henrietta Rose-Innes
Réponses: 4
Vues: 956

Ivan Jablonka

Laetitia ou la fin des hommes

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 Images75

Ivan Jablonka parle de Laetitia, cette jeune femme de 18 ans sauvagement assassinée et  démembrée vers Pornic en 2011, affaire qui a fait grand bruit dans la presse. Il applique ses techniques d'historien-sociologue pour une tentative d'épuisement de ce fait divers.

Il s'intéresse à Laetitia , dans un désir de lui rendre une certaine justice, à sa sœur jumelle Jessica, à leur  environnement familial défaillant(famille biologique et famille d'accueil) préparation parfaite, voire répétition générale au long cours du drame. Il s’intéresse à son assassin, issu du même milieu, avec les mêmes codes, les mêmes fatalités. Il s'intéresse aussi aux protagonistes indirects ,  magistrats, avocats, enquêteurs, politiques (Sarkozy qui en profite pour vendre sa politique compassionello-répressive), journalistes qui ont fait que cette affaire a été ce qu'elle était, qu'elle a été en quelque sorte retirée à Laetitia, sa jeunesse et sa dignité, pour en faire une histoire publique,  et non plus intime,  avec ses mensonges et ses dérives.

Jablonka ne s'exclue pas de ces intervenants extérieurs qui ont pu s'approprier des faits, une histoire, pour l'instrumentaliser, lui, l'universitaire parisien   se mêlant de "ce qui ne le regarde pas", auto-parachuté en province, dans ce lumpen-prolétariat enfermé dans la reproduction de schémas pathogènes, de comportements destructeurs, de violence faite et répétée envers les femmes et les enfants.

C'est assez réussi, dans son exhaustivité qui implique quelques redites reflétant  l'obsession du chercheur. Jablonka a un très grand respect de chaque protagoniste, une compassion bienveillante et ouverte, qui trouve bien sa place à côté de la démarche "scientifique". Cette dernière implique une recherche rigoureuse de la vérité, et Jablonka ne laisse passer aucun détail, aussi nauséabond soit -il, ce qui pourra  rebuter certains.

On est dans une histoire aussi sordide que pathétique, révélatrice car les personnalités s'éclairent peu à peu, les comportements s’individualisent et on comprend que l'extraordinaire ne cache que du très ordinaire.


mots-clés : #conditionfeminine #criminalite #justice #social #violence
par topocl
le Mer 10 Jan - 17:11
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Ivan Jablonka
Réponses: 25
Vues: 3056

Laurent Mauvignier

Ce que j'appelle oubli

Tag social sur Des Choses à lire - Page 9 B_1_q_11

Un livre basé sur un fait réel, un homme de 25 ans résidant dans un foyer de jeunes travailleurs, précaire est surpris par des vigiles d'un "supermarché qui positive" en train de voler des bières. il sera amené de force dans une réserve et frappé jusqu'à la mort.

On peut retrouver des articles sur Internet. Le livre s'en inspire librement créant les pensées de personnages et extrapolant leur psychologie.
C'est une lecture douloureuse comme souvent avec Mauvigner. C'est court, mais violent dans l'expression des émotions.
C'est magnifiquement écrit comme toujours.

On en ressort indignés, blessés, tristes. on en ressort aimant la victime, méprisant la justice et haïssant les vigiles.

Un ouvrage à lire quand on est solides.


mots-clés : #faitdivers #justice #social #violence
par Hanta
le Mer 3 Jan - 11:27
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Laurent Mauvignier
Réponses: 17
Vues: 1394

Revenir en haut

Page 9 sur 14 Précédent  1 ... 6 ... 8, 9, 10 ... 14  Suivant

Sauter vers: