Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Ven 29 Mar - 6:34

42 résultats trouvés pour théâtre

Jon Fosse

Voilà un auteur qui a été prolifique à la fin des années 90 et début 2000, à lire sa bibliographie. Je le découvre par son théâtre, et avec son écriture si particulière, avec ce sens du rythme, je me dis que ses poèmes doivent valoir le détour, et je suis aussi curieux de lire son oeuvre romanesque.

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 31iehi10

J'ai lu ses deux pièces de théâtre : Visites, et Variations sur la mort.

C'est un peu difficile d'en parler. Jon Fosse instaure un climat pesant, de mystère. Typiquement scandinave ? (j'avais je ne sais pourquoi en tête les paysages vides du film Le sacrifice de Tarkovski).
Les dialogues sont ciselés, tout en hésitations et en redites.
Dans visites, il y a cette fille un peu naïve, un peu simplette, et très peu diserte. Que nous cache-t-elle ?
Elle semble importunée par la présence de L'homme, celui qui fréquente sa mère.
Chez Fosse les personnages n'ont pas de prénoms, c'est La fille, L'homme, La mère, Le frère.
ça donne un climat très particulier, impersonnel et universel.
Je l'ai trouvé vraiment très fort.
Un auteur à découvrir.


mots-clés : {#}théâtre{/#}
par Invité
le Dim 1 Avr - 16:19
 
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Sujet: Jon Fosse
Réponses: 5
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Falk Richter

Voilà un dramaturge contemporain que je découvre avec ses deux pièces publiées chez L'Arche : Je suis Fassbinder, et Sept secondes.

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 69710

Fassbinder l'insurgé. Et Richter son héritier. En agent provocateur, il part de la figure iconoclaste du réalisateur allemand pour interroger la radicalisation de nos sociétés, la montée des violences de toute sorte, l'exclusion et les discriminations, et poser des questions cruellement absentes de nos débats publics. Pointant la peur comme terreau fécond où prospèrent les extrémismes politiques, il met les sociétés européennes face à leurs responsabilités et l'impasse de leurs systèmes. Que faire face à la terreur ? Rester dans un cocon bien chaud qui nous déresponsabilise ? Prétexter l'enrouage de la machine sans se rendre compte que le machiniste est l'agent de sa propre aliénation ? Quelle place reste-t-il pour un sursaut de conscience dans un corps politique et social moralement exsangue ? Je suis Fassbinder est d'une fureur vigoureuse et non violente.

Dans Sept secondes un chasseur-bombardier américain chargé de missiles largue son chargement mortel sur un pays lointain. Son pilote, un père de famille texan, croit en la mission civilisatrice de la guerre et remercie Dieu chaque jour de combattre du « bon côté ». À plusieurs voix, Falk Richter décrit l'équilibre précaire de la terreur dans un système d'ingérence des états occidentaux, le quotidien de la destruction de masse et l'atroce banalité du mal.


Dans Je suis Fassbinder, ça envoie du pâté, dans tous les sens ! Une pièce de théâtre dans la pièce, avec un metteur en scène, personnage qui se prend pour le célèbre cinéaste allemand. Puis des personnages qui mélangent leur texte et leurs idées. ça fuse, tout y passe, sur des sujets d'actualité brûlants. Avec au coeur le destin de l'Europe, d'une certaine Europe. La menace pour certains de l'Islam, des migrants, d'une vision fantasmée. La montée des extrémismes, que ce soit en Allemagne, en France (nombreuses références à la dynastie Le Pen) ou ailleurs Pologne, Hongrie.

On ne sait plus trop quoi penser devant cette profusion d'arguments, dignes d'un café du commerce sous cocaïne.
Je pense voir assez clair dans sa dénonciation, en faisant passer certains arguments pour des discours de beaufs, fachos, n'empêche que c'est parfois un peu trop gros et qu'il me semble faire un peu l'autruche sur certains sujets, tout en se servant de tout ça, enfin c'est juste mon impression.
Reste que c'est plaisant à lire, et certainement à voir en spectacle vivant.

Et y a de l'idée !

Ce désir qu'arrive un gentil dirigeant autoritaire est en train d'infester tout ce continent. Beaucoup sont comme la mère de Fassbinder, à vouloir des dirigeants forts comme Marine Le Pen, Viktor Orban, Jaroslaw Kaczynski, en espérant que cette fois, ça va bien se passer, que ces gentils dirigeants autoritaires vont régler tous les problèmes, débarrasser le pays des réfugiés, des étrangers, des musulmans et vont créer des structures bien claires sans anéantir des masses de gens cette fois, sans guerre, sans que l'Europe se retrouve encore en cendres.

mots-clés : {#}théâtre{/#}
par Invité
le Ven 23 Mar - 16:51
 
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Sujet: Falk Richter
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Friedrich Dürrenmatt

C'est drôle que wikipédia le qualifie en premier lieu d'auteur de romans policiers, tant en regardant sa bibliographie ce n'est pas l'aspect qui semble le plus prégnant dans son oeuvre (oui je n'aime toujours pas le policier ! Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 1390083676 ).

Mais j'aime Dürrenmatt, en tout cas je n'ai abordé que son versant dramaturge pour l'instant avec deux pièces, qui m'ont conquis :
Romulus le Grand et La visite de la vieille dame.

La première, ma lecture date un peu, mais c'était très chouette, avec l'empereur Romulus (le dernier de l'Empire Romain) en vieux sage un peu décalé.

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 La-vis10

Et la seconde, récemment, tout récemment, cette semaine. Une pièce très pessimiste sur la condition humaine, où on se demande si l'auteur va finalement nous apporter un souffle d'espoir, s'il va nous sauver cette situation inextricable.
Faut-il sacrifier un homme pour le bien de la communauté, c'est un peu le thème de la pièce. Mais ça se transforme. On retourne la problématique, et on voit ce que l'on veut voir.
Je n'en dis pas plus, c'est sans doute sa pièce la plus connue, il me semble que Quasimodo l'a lue également ces derniers temps.



mots-clés : {#}théâtre{/#}
par Invité
le Jeu 8 Fév - 12:17
 
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Sujet: Friedrich Dürrenmatt
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Gilbert-Keith Chesterton

Magie

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 Magie12
Théâtre, une centaine de pages "aérées", 1913, titre original: Magic. A Fantastic Comedy.

En version originale ici.
Ou encore sur TonTube/livre audio là:
La croustillante genèse de cet opus est narrée en introduction (de François Rivière, dans l'édition Payot-Rivages Poche de 2015), je ne résiste pas à l'envie de vous en livrer les grandes lignes:
Elles concernent deux gentlemen amis-ennemis, les plus cordiaux débatteurs diamétralement opposés de leur temps et de leur lieu, G-K Chesterton et G-B Shaw.

Ceux-ci vont, en ces temps pré-médias autres que l'écrit, jusqu'à se produire en public pour des joutes-débats qui font salle comble, en plus de s'affronter par journaux et écrits divers interposés !

Or, George-Bernard Shaw brûle de voir Gilbert-Keith Chesterton tâter d'un genre qui devrait lui aller comme un gant: le théâtre, une forme d'expression où son sens comique, de la répartie mais aussi comique burlesque ou de situation, son art du paradoxe et son écriture enlevée devraient faire merveille.

Aussi il le défie publiquement d'écrire une pièce, promettant même de l'aider au besoin. Pas de réponse. Chesterton publie "Un nommé Jeudi" (roman explicite, voir précédents messages sur ce fil).

George-Bernard Shaw s'enhardit jusqu'à le relancer (1er mars 1908): "Alors cette pièce, où en est-elle ?"

Silence. Mais Shaw revient à la charge en octobre 1909, lui écrivant qu'il a le synopsis à lui fournir, lui indiquant la longueur souhaitable (18000 mots), et même quelle somme il convient de réclamer pour l'édition puis auprès d'éventuels producteurs auprès desquels faire jouer la pièce.

Chesterton réagit par...la publication d'un essai sur G-B Shaw !
Mais Shaw ne désarme pas, passe de la persuasion à l'intrusion quand, trois années plus tard, il prend le prétexte d'une visite (fictive ?) auprès d'un tiers à Beaconsfield (où résident les Chesterton), pour adresser à Mme Chesterton une lettre lui demandant de bien vouloir le recevoir, et, je cite (fin de la lettre)
J'aimerais lire ma pièce Androclès et le lion à Gilbert afin de le stimuler car il serait bon qu'il se mette aussi au travail. Il faudrait qu'à cette lecture, vous-même tombiez en admiration et déclariez que vous ne pourrez jamais aimer un homme incapable d'écrire des choses pareilles...Et que si Gilbert n'est pas en mesure de livrer dans les trois semaines une œuvre de cette qualité, telle l'héroïne d'Une maison de poupée, vous quitterez le foyer conjugal pour aller vivre votre vie.  

Cette fois-ci, Chesterton cède, mais garde la liberté de ne pas respecter le délai imparti: 18 mois plus tard la pièce, en trois actes et un prélude, est créée au Little Theatre de London. Et restera à l'affiche pour cent soixante quinze représentations, coup d'essai, coup de maître !
L'action se déroule dans le salon du Duc, que jouxtent diverses pièces et un jardin.
Personnages: Le Duc (plutôt doux-dingue, incapable d'appuyer une cause plutôt qu'une autre, etc...),
trois personnages représentant les autorités, les références morales et comportementales du lieu et du temps:
Le Docteur Grimthorpe (la science et la méthodologie scientifico-scientiste)
Le Révérend Cyril Smith (la morale, mais celle du Siècle -du temps, distordue vis-à-vis des Evangiles),
Morris Carleon (le jeune businessman américain, pétri d'action, de sens des affaires, et de réalisme matérialiste égocentré),
Puis trois personnages, dont deux clefs:
Hastings (le secrétaire du Duc, guindé, professionnel, froidement drôle)
L'étranger (le premier rôle masculin, magicien (?), chamane (?) prestidigitateur (?), illusioniste (?)),
Patricia Carleon (sœur de Morris, seul rôle féminin, celle par qui tout arrive...)

Le poétique Prélude se déroule dans le jardin, dans l'obscurité, c'est un échange, plutôt onirique, un rien mystique, entre Patricia et l'étranger.

L'acte I voit l'entrée en scène de tous les autres personnages, et le comique naît de leurs réparties, tutoyant parfois la métaphysique aux confins de l'absurde, si chère à Chesterton.

Se mettent en place les autorités, telles que les symbolisent le docteur, le révérend et l'homme d'affaires.

Face à ceux-là, Chesterton fait donner, via l'étranger (et Patricia, "passeuse" involontaire -ou impromptue), une bien réelle (elle !) leçon: de féérie, de foi, d'amour.
Sa patte donne libre cours aux méta (-phore, -physique).
A bien y regarder, nous avons là, en trois actes et un prélude, un joli petit morceau de vulgarisation exégétique drôle, en matière d'immanence et de transcendance.





Sorti du chapeau-claque, entre lapin et colombe, d'un message sur Parfum du 25 juillet 2015.

mots-clés : #théâtre
par Aventin
le Mar 16 Jan - 17:44
 
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Sujet: Gilbert-Keith Chesterton
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Nathalie Sarraute

Le mensonge

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 Gd10

Pièce de théâtre savoureuse. Celle-ci se basant sur une critique sarcastique et acerbe des conventions sociales et de la relation parfois conflictuelle que nous pouvons avoir dans l'honnêteté que nous devon ou que nous ne devons pas à autrui.
Par un jeu de rhétorique Nathalie Sarraute permet de mettre en exergue une hypocrisie sociale sur le devoir d'être, le devoir de dire qui finalement entre en contradiction avec des devoirs similaires mais antagonistes.

On y voit également une critique du kantisme. Kant dans Fondements de la métaphysique des moeurs exprime l'idée selon laquelle la vérité est fondatrice du droit et par conséquent elle était un principe inaltérable et in contournable. Schématiquement il conviendra de dire strictement la vérité tout le temps à tout le monde. Ce que Pierre souhaite dans la pièce.
Il en demeurera alors un dilemme sur l'argumentaire à avoir entre s'illusionner des mensonges d'autrui ou déceler chaque mensonge pour expier.

plus que jamais d'actualité.

mots-clés : #théâtre
par Hanta
le Jeu 4 Jan - 9:50
 
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Sujet: Nathalie Sarraute
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Howard Zinn

Howard Zinn fait partie des penseurs libertaires états-uniens, comme Chomsky, pourfendeurs du capitalisme néo-libéral.

Historien, mais j'aborde son oeuvre par le pan du théâtre avec sa pièce Karl Marx, le retour. (Marx in Soho, 1999)

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 Captur13

Un Karl Marx qui ressuscite et qui débarque à la fin du vingtième siècle. Le pitch est bon !
Un monologue en un acte.
Truculent. Beaucoup d'humour, des attaques dans tous les sens (Bakounine en prend pour son grade).
Cette pièce est "un travail d'éducation populaire qui doit plus à la contre-information qu'à la vulgarisation".
Avoir une bonne connaissance de l'Histoire et de la vie de Marx est un pré-requis pour apprécier cette pièce un peu foutraque.
La dernière partie se veut comme une sorte de réhabilitation des idées marxistes, un sauvetage désespéré ?

Quelques tirades :

Avez-vous jamais eu des furoncles  ? Il n'y a pas de maladie plus odieuse. Les furoncles m'ont pourri la vie. Et encouragé certains imbéciles à tout expliquer à cause d'eux. "Marx enrage contre le capitalisme à causes de ses furoncles! " (...) Peut-être que ma colère enflamme mes furoncles ? Mais essayez de travailler en restant assis avec des furoncles au cul !


Sa femme, dans un passage très drôle se moque de l'ennui que provoque la lecture du Kapital :
- Sais-tu pourquoi les censeurs ont autorisé sa publication ? Parce qu'ils n'y ont rien compris et qu'ils étaient certains que personne n'y comprendrait rien.


En plus, elle a accepté le fait que je ne puisse jamais avoir tout simplement un travail comme les autres. J'ai bien essayé une fois. J'ai adressé une lettre de candidature aux chemins de fer pour un emploi de bureau. Ils m'ont répondu comme suit : "Dr. Marx,
nous sommes honorés par votre demande d'emploi dans nos services. Nous n'avons jamais eu de docteur en philosophie parmi nos employés de bureau. Mais, ce poste nécessitant une écriture lisible, nous sommes au regret de devoir décliner votre offre. "


mots-clés : {#}politique{/#} {#}théâtre{/#}
par Invité
le Lun 27 Nov - 16:08
 
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Sujet: Howard Zinn
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August Strindberg

J'ai commencé ma lecture du tome 1 du théâtre complet publié chez l'Arche.
Avec pour première pièce Le Libre-penseur : (écrite en 1869, donc pièce de jeunesse)

Et ce fut une lecture très stimulante.
J'ai songé à Martin Eden, de Jack London, avec ce personnage central idéaliste, exalté, qui veut changer le monde et bouleverser l'ordre établi, une société sclérosée par l'ordre moral. On peut penser aussi à Nietzsche quelque part. Même si Strindberg leur était antérieur avec cette production.
La prose est dynamique et percutante. En revanche, je me dis qu'à jouer au théâtre ça doit être dur pour les acteurs, vu la longueur impressionnante de certaines tirades !
En bref, un style puissant, et des répliques qui font mouche.

Le thème éternel de l'opposition du fils au père.
- Karl : Ce n'est pas vrai, père. Je ne renie pas Dieu.
- Larsson : Mais tu n'as pas de religion ?
- Karl : Comment le savez-vous ?
- Larsson : Mon Dieu! Tu ne fréquentes jamais la maison du Seigneur et tu ne lis jamais la parole de Dieu. Si quelqu'un fait ainsi, il n'a pas de religion.
- Karl : Le Dieu que je vénère n'habite pas dans des maisons de pierres édifiées par les mains des hommes.
- Larsson : Mais comment s'appelle-t-elle, ta religion ? Tu appartiens tout de même bien à une secte quelconque ?
- Karl : La religion que j'embrasse est celle de l'amour et de la vérité.
- Larsson : Je n'ai jamais entendu parler de cette religion. Et ton intention est de devenir pasteur ?

...


Deux visions antagonistes ...  Very Happy A noter que le jeune Karl est une sorte de transcendantaliste.

Mots-clés : {#}théâtre{/#}
par Invité
le Jeu 19 Oct - 9:30
 
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Sujet: August Strindberg
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Federico Garcia Lorca

Le grand poète et dramaturge de la première moitié du XXème.
Parti trop tôt, assassiné lors de la guerre d'Espagne.
Il nous a laissé de belles choses.
Son Romancero Gitano, ode aux gitans, aux vagabonds.

Et un théâtre que je commence à découvrir.

La maison de Bernarda Alba (1936):

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 Produc11
Une des dernières pièces avant de mourir.
Un témoignage d'une époque, la photographie d'un monde qui va peu à peu disparaître.
Et tant mieux, au vu du paysage que nous dresse l'auteur :
poids de la religion, paralysie face au regard des autres (vous me direz que ça n'a pas disparu ! )
Mais enfin, ça semble tout de même loin cette pièce :
Une matriarche qui tient ses filles d'une main de fer, qui ne veut les offrir à personne.
Les rapports sont âpres, la tension omniprésente.


mots-clés : {#}théâtre{/#}
par Invité
le Mar 22 Aoû - 13:45
 
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Sujet: Federico Garcia Lorca
Réponses: 33
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Alexandra Badea

Il est plutôt rare que je promeuve des écrivains contemporains, d'ailleurs j'ai tendance à considérer - par la force des choses - qu'un bon auteur est un auteur mort ! Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 1390083676
Le problème avec ceux qui ont encore l'outrecuidance de vivre, c'est qu'ils font partie prenante du grand bouillonnement vibrionnant du paysage littéraire. Pour un lecteur exigeant, il est difficile de s'y retrouver parmi toutes les parutions, sachant que tout semble merveilleux au vu de l'extérieur, et qu'une fois que j'ouvre ledit bouquin j'ai tout de go envie de le refermer : alors ... que faire ? Continuer à lire, à parcourir, se fier à son instinct. Et de temps en temps, il m'arrive de tomber (heureusement) sur un auteur qui me plaît.
Alexandra, réjouissez-vous, vous voilà parmi le cercle restreint des survivants ! (il n'y a pas que les éditeurs qui se montrent intransigeants).

Mais revenons-en à nos moutons. Ce que j'aime chez cette autrice, c'est qu'elle prend à bras-le-corps les thèmes actuels qui font mal : désenchantement, virtualité, déshumanisation du monde du travail ... Un peu à l'instar d'un Houellebecq, mais avec une écriture bien plus incisive (l'utilisation du "tu" fait son effet). C'est aussi le propre du dialogue théâtral. Je n'ai pas encore lu son roman, mais je vous recommande chaudement de découvrir ses pièces de théâtre, notamment Pulvérisés.

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 Pulver10

Quatre métiers, quatre villes : Shanghai, Dakar, Lyon, Bucarest. La vie en entreprise aux quatre coins du monde. Une ouvrière chinoise raconte ce qu'elle subit chaque jour à l'usine : l'humiliation quotidienne. Au même moment, un superviseur de plateau sénégalais dénonce la cruauté dont peut faire preuve son chef d'entreprise pour « faire du chiffre ». Ailleurs, un responsable assurance-qualité voit se détériorer sa relation familiale sous la pression du travail. Et à Bucarest, une ingénieur d'études et développement témoigne de sa difficulté à s'intégrer, à réussir, à gravir les échelons. Le quotidien de ces individus est rude, tranchant, parfois cruel et honteux.


Dites-m'en des nouvelles, et surtout si vous en êtes ressortis indemnes ! Elle a de quoi nous questionner, et mettre le doigt là où ça piquotte !

mots-clés : {#}contemporain{/#} {#}social{/#} {#}théâtre{/#} {#}viequotidienne{/#}
par Invité
le Lun 21 Aoû - 15:29
 
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Sujet: Alexandra Badea
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Gustave Flaubert

Et en attendant, un peu de récup :

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 97822511


Le candidat


Pièce de théâtre en 4 actes. Les deux premiers comportent 14 scènes chacun, le troisième 7, et le dernier 12. Une composition étrange, tout comme la fin, qui ne semble ne pas en être une.

Ce vaudeville n'aura été joué que 4 fois, le public n'applaudissant pas, rideau ! Ils auraient voulu une fin tranchée, un cinquième acte en forme de dénouement classique. Mais Flaubert était bien plus subtil.

Villiers de l'Isle-Adam l'explique bien dans son analyse présente en annexe.

Citation :
Lorsque sur la dernière scène du drame, la toile est tombée, comme la nuit sur les coassements d'un marécage, le public du Vaudeville est demeuré, pendant un bon moment, comme interdit, et pouvant à peine en croire ses oreilles. J'ai un faible pour ce public, lequel est tout particulier. J'ai eu affaire à lui, naguère, et c'est toujours avec intérêt que je l'observe, à l'occasion.
«Eh bien mais ? Et le dénouement ?... cela n'est pas fini ?...» demandait-il machinalement par une vieille habitude.
Il voulait son maire et son notaire.
Hélas ! c'était impossible. On ne pouvait lui servir son plat favori, attendu que, cette fois, la comédie ne finit pas, n'ayant jamais commencé. Le Candidat dure toujours, avec son auréole de satellites ; il est, voilà tout; il continue au sortir de la salle, en renchérissant peut-être. C'est le serpent qui se mord la queue ! Demander la fin de cette comédie, autant demander la suppression de la Chambre. On aurait dû arrêter comme radicaux et subversifs les gens qui ont osé réclamer une chose pareille.


Pour en revenir à la pièce en elle-même, elle est vraiment bien rythmée, très fine dans cette peinture du monde politique, qui se prête merveilleusement bien à la satire et au vaudeville.

Dans une élection provinciale, on découvre les dessous de l'ambition des personnages... Eh oui, le pouvoir corrompt, le politique est une vaste farce, où tout est permis pour l'ascension. Le retors Murel fait froid dans le dos, et Rousselin (le candidat principal à l'élection) est d'une bêtise affligeante. Il est prêt à tout pour séduire ses électeurs, même à marier sa fille au plus offrant (celui qui lui accordera le meilleur accessit vers le pouvoir). C'est dommage que cette pièce soit inconnue, mais à en croire Villiers de l'Isle-Adam, Flaubert en était satisfait?

Citation :
Le seul moyen spirituel d'exécuter la «pièce» eût été de l'applaudir. Mais si le public eût été capable de ceci, Gustave Flaubert ne l'eût pas écrite.

Cette pièce trouve évidemment un écho qui semble intemporel, tant le monde politique paraît voué à rester éternellement dans cette fange ridicule.

A noter que l'humour est bien présent, tout comme le cynisme implacable, le long monologue de la scène première de l'acte III est vraiment terrible.

Quelques extraits :

Flaubert a écrit:

Murel : Saperlotte, il faudrait cependant vous résoudre ! Soyez d'un côté ou de l'autre ! Mais décidez-vous ! finissons-en !  

Rousselin : Pourquoi toujours ce besoin d'être emporte-pièce, exagéré ! Est-ce qu'il n'y a pas dans tous les partis quelque chose de bon à prendre ?

Murel : Sans doute, leurs voix !



Flaubert a écrit:
Rousselin : Il aura le temps ! on a encore cinq minutes ! Dans cinq minutes le scrutin ferme, et alors ?...
Je ne rêve donc pas ! C'est bien vrai ! je pourrais le devenir ! Oh ! circuler dans les bureaux, se dire membre d'une commission, être choisi quelquefois comme rapporteur, ne parler toujours que budget, amendements, sous-amendements, et participer à un tas de choses... d'une conséquence infinie ! Et chaque matin, je verrai mon nom imprimé dans tous les journaux, même dans ceux dont je ne connais pas la langue !
Le jeu ! la chasse ! les femmes ! est-ce qu'on aime quelque chose comme ça ? Mais pour l'obtenir, je donnerais ma fortune, mon sang, tout ! Oui ! j'ai bien donné ma fille ! ma pauvre fille ! (Il pleure)


mots-clés : {#}théâtre{/#} {#}xixesiecle{/#}
par Invité
le Dim 13 Aoû - 19:05
 
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Sujet: Gustave Flaubert
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Luigi Pirandello

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 Six10


Six personnages en quête d'auteur (1921) :

Sans doute une des pièces les plus renommées de l'auteur. Suite à la LC Théâtre, j'inaugure les commentaires pour cette pièce.

Une famille de personnages à moitié créés, laissés en plan par leur auteur, fait irruption dans un théâtre en réclamant à cor et à cri d’exister.


J'ai eu l'impression que cette pièce annonçait le théâtre de l'absurde, et qu'elle était souvent à destination des acteurs, plus que des spectateurs. Mais c'est une sensation.
Il y a de belles envolées lyriques, des réflexions intéressantes, qui mériteraient relecture (dans un moment où je serai plus réceptif que ces temps-ci).
Pour résumer la pensée : l'humain est insaisissable, et présente mille facettes.

J'ai bien aimé le concept, même si ça m'a paru un peu répétitif. Y a quand même des moments drôles et bien sentis.


mots-clés : {#}théâtre{/#}
par Invité
le Mer 24 Mai - 20:48
 
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Sujet: Luigi Pirandello
Réponses: 5
Vues: 1576

Jean-Luc Lagarce

Jean-Luc Lagarce
(1957-1995)

Tag théâtre sur Des Choses à lire - Page 2 Jean-l10

Jean-Luc Lagarce (1957-1995) est actuellement l'un des auteurs contemporains les plus joués en France. Metteur en scène de textes classiques aussi bien que de ses propres pièces, c’est en tant que tel qu’il accède à la reconnaissance de son vivant. Depuis sa disparition, son œuvre littéraire (vingt-cinq pièces de théâtre, trois récits, un livret d’opéra…) connaît un succès public et critique grandissant ; elle est traduite en vingt-cinq langues.

Jean-Luc Lagarce, né le 14 février 1957, a passé toute sa jeunesse dans une petite ville de Franche-Comté. A l'âge de 13 ans, il écrit sa toute première pièce de théâtre pour ses camarades de classe. A 18 ans, il s'inscrit à la faculté de philosophie et au conservatoire d'art dramatique de Bensançon. Avec quelques élèves, il fonde une compagnie amateur, La Roulotte, qui rend hommage à Jean Vilar. Son mémoire universitaire a pour thème "Théâtre et pouvoir en Occident".

Quelques années plus tard, Jean-Luc Lagarce abandonne ses études pour se consacrer entièrement au théâtre. Sa compagnie devient professionnelle, il y endosse les doubles rôles de metteur en scène et d'acteur. Il monte des pièces classiques, contemporaines, ainsi que ses propres oeuvres.
Ses premières pièces, notamment, sont marquées par le théâtre de l'absurde, osant des clins d'oeil à Ionesco ou à Jean Genet. Plusieurs d'entre elles brossent un portrait satirique des lieux de pouvoir. Son humour se retrouve dans toute son oeuvre, y compris dans ses dernières pièces, plus sombres et d'inspiration autobiographique.

Jean-Luc Lagarce termine sa dernière pièce, Le pays lointain, quinze jours à peine avant de disparaître à l'âge de 38 ans, victime du sida.

source : Lagarce.net


Oeuvre :

Théâtre
Erreur de construction, 1977
Carthage, encore, 1978
La Place de l'autre , 1979
Voyage de Madame Knipper vers la Prusse Orientale, 1980
Ici ou ailleurs, 1981
Les Serviteurs, 1981
Noce, 1982
Vagues souvenirs de l'année de la peste, 1982
Hollywood, 1983
Histoire d'amour (repérages), 1983
Retour à la citadelle, 1984
Les Orphelins, 1984
De Saxe, roman, 1985
La Photographie, 1986
Derniers remords avant l'oubli, 1987
Music-hall, 1988 : Page 1
Les Prétendants, 1989
Juste la fin du monde, 1990
Histoire d'amour (derniers chapitres), 1990
Les règles du savoir-vivre dans la société moderne, 1993
Nous, les héros, 1993
Nous, les héros (version sans le père),1993
J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne, 1994
Le Pays lointain, 1995 : Page 1

Essai
Théâtre et Pouvoir en Occident

Roman et récits
Le Voyage à la Haye, 1994, roman
Le Bain, 1993, récit
L'Apprentissage, 1993, récit
Du luxe et de l'impuissance, 1994, recueil de onze articles et éditoriaux
Journal, Les Solitaires Intempestifs - 1977 - 1990 tome 1 et 1990 - 1995 tome 2

Cinéma et Opéra
Quichotte, 1989, livret d'opéra
Retour à l'automne, scénario coécrit avec Gérard Bouysse

màj le 16/11/2017




Si je n'ai pas fait de bêtises, il n'y a pas encore de sujet dédié à Jean-Luc Lagarce.  Rolling Eyes
J'ai eu, très récemment, la chance de me replonger dans son univers lors d'une présentation théâtrale organisée dans un conservatoire.
Il s'agissait d'extraits tirés de la pièce Le Pays Lointain.

Même mises bout à bout, et parfois répétées plusieurs fois par différents acteurs, les scènes m'ont rappelé à quel point j'appréciais le style, l'écriture de Jean-Luc Lagarce. Il y a une véritable plume, chez ce dramaturge, une tentative de saisir le mot juste, de parvenir à dire l'indicible.

Ses écrits tournent généralement autour des thèmes de la famille et de l'homosexualité, souvent articulés avec la maladie et la mort.
Je n'ai pas eu l'occasion de voir l'adaptation faite par Xavier Dolan (honte à moi ..?).
Néanmoins, je pense que c'est peut-être le bon moment pour remettre au goût du jour un auteur singulier.

Je vous laisse avec cet extrait, certes un peu long, mais qui m'a le plus interpellé durant cette présentation, par la déchirure qui se dévoile, un coeur en pleine effusion. Que c'est beau !  Very Happy

SUZANNE. – Lorsque tu es parti
– je ne me souviens pas très bien de toi‚ c’était il y a beaucoup d’années –
lorsque tu es parti‚
et je ne savais pas que tu partais pour tant de temps‚ j’aurais fait attention‚ je ne me doutais pas‚ je ne prenais pas garde‚ et je me suis retrouvée sans rien‚
lorsque tu es parti‚
je n’imaginais pas‚ je t’ai oublié assez vite.

J’étais petite‚ jeune‚ ce qu’on dit‚ j’étais petite.

Ce n’est pas bien que tu nous aies quittés‚
parti depuis si longtemps‚
ce n’est pas bien et ce n’est pas bien pour moi et ce n’est pas bien pour elle‚ pour notre mère non plus‚ ce n’est pas bien
– elle ne te le dira pas –
et ce n’est pas bien encore‚ d’une certaine manière‚ pour eux‚ Antoine et Catherine.
Mais aussi
– et je ne crois pas me tromper –
mais aussi ce ne doit pas‚ ça n’a pas dû‚ ce ne doit pas être bien pour toi non plus‚
pour toi aussi. Je pense ça.
Tu as dû‚ parfois‚ même si tu ne l’avoues pas‚ jamais‚ même si tu ne devais jamais l’avouer – et il s’agit bien d’aveu – tu as dû parfois‚ toi aussi – ce que je dis – toi aussi‚ tu as dû parfois avoir besoin de nous‚ souvent‚ je crois‚ et regretter de ne pouvoir nous le dire.
Ou‚ plus habilement
– je pense que tu es un homme habile‚ un homme qu’on pourrait qualifier d’habile‚ un homme plein d’une certaine habileté –
ou plus habilement encore‚ tu as dû parfois regretter de ne pouvoir nous faire sentir ce besoin de nous‚ sans devoir vraiment l’avouer‚ il s’agissait bien d’aveu‚ et nous obliger‚ de nous-mêmes‚ à nous inquiéter de toi‚ sans avoir jamais rien à réclamer.
Tu as dû regretter.

Parfois‚ tu nous envoyais des lettres‚ parfois tu nous envoies des lettres‚ ce ne sont pas des lettres‚ qu’est-ce que c’est ? De petits mots‚ juste de petits mots‚ une ou deux phrases‚ rien‚ comment est-ce qu’on dit ? Elliptiques.
Parfois‚ tu nous envoyais des lettres elliptiques.
Je pensais‚ lorsque tu es parti‚ ce que j’ai pensé lorsque tu es parti‚ lorsque j’étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie – là que ça commence – car tu nous as faussé compagnie‚ pas autre chose – moi‚ je ne t’avais rien fait ! – je pensais que ton métier était d’écrire‚ serait d’écrire‚ j’avais ça dans la tête‚ tu étais bon élève‚ l’idée que j’ai des bons élèves‚ l’idée que les parents ont des bons élèves‚ c’est à peu près ça‚ au bout du compte‚ c’est quelqu’un qui écrira‚ qui peut écrire‚
et que de toutes les manières
– nous éprouvons les uns et les autres‚ ici‚ tu le sais‚ tu ne peux pas ne pas le savoir‚ nous éprouvons une certaine forme d’admiration‚ c’est le terme exact‚ une certaine forme d’admiration pour toi‚ à cause de ça –
et‚ que de toutes les manières‚
si tu en avais la nécessité‚ si tu en éprouvais la nécessité‚ si tu en avais‚ soudain‚ l’obligation ou le désir‚ tu saurais écrire‚ te servir de ça pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer plus encore.
C’est ce que je pensais de toi et j’imaginais‚ je n’ai guère changé d’opinion‚ je n’ai jamais su pourquoi‚ j’imaginais que‚ pour cette raison‚ tu ne risquais rien‚ de fait‚ dans l’existence. Je ne m’inquiétais pas de toi‚ l’idée que nous avons ici‚ dans cette ville‚ cette sorte de ville‚ et les parents partageaient ce même sentiment‚ et tous les autres gens‚ ceux-là qui se promènent sur la route dans la forêt‚ l’idée que quelqu’un qui fut bon élève‚ ce que je disais‚ et qui saurait écrire‚ ne risque rien‚ qu’il n’y a pas à s’inquiéter de lui.

Mais jamais‚
nous concernant‚
jamais tu ne te servis de cette possibilité‚ de ce don‚ pouvoir nous écrire – on dit comme ça‚ c’est une sorte de don‚ tu ris – jamais‚ nous concernant‚ tu ne te servis de cette qualité – c’est le mot‚ drôle de mot – jamais tu ne te sers de cette qualité que tu possèdes‚ écrire bien‚ avec nous‚ pour nous.
À notre égard.

Tu ne nous en donnes pas la preuve‚ tu ne nous en juges pas dignes.
C’est pour les autres.

Ces petits mots
– les petites lettres elliptiques –
ces petits mots‚ ils sont toujours écrits au dos de cartes postales – nous en avons aujourd’hui une collection enviable – comme si tu voulais‚ de cette manière‚ toujours paraître être en vacances‚ je ne sais pas‚ je croyais cela‚ j’ai longtemps cru que tu étais toujours en vacances‚
ou encore‚ comme si‚ par avance‚
tu voulais réduire la place que tu nous consacrerais et laisser aussi‚ c’est bien le pire‚ et laisser aussi‚ ce que je te reproche le plus durement‚ laisser à tous les regards‚ le facteur‚ les messages sans importance que tu nous adressais.

« Je vais bien et j’espère qu’il en va de même pour vous »

Pour un jour comme celui d’aujourd’hui‚
même pour annoncer une nouvelle de cette importance‚
et tu ne peux pas ignorer que ce fut une nouvelle importante pour nous‚ je le dis‚ tu l’entends‚ une nouvelle importante pour nous‚ nous tous‚ les autres ne te le diront pas mais ils le pensent aussi‚
même pour un jour comme celui d’aujourd’hui‚ tu as juste écrit‚ là encore‚ quelques rapides indications d’heure et de date au dos d’une carte postale achetée très certainement dans un bureau de tabac et représentant‚ que je me souvienne‚ une ville nouvelle de la grande périphérie‚ vue d’avion‚ avec‚ on peut s’en rendre compte aisément‚ au premier plan‚ le parc des expositions internationales. Tu signes‚ là comme à chaque fois‚ que tu nous embrasses mais c’est un mensonge‚ des choses qu’on écrit mais dont on n’a que faire‚ tu ne nous embrasses pas.


mots-clés : #théâtre
par ekivhoc
le Ven 24 Mar - 19:38
 
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Sujet: Jean-Luc Lagarce
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Stefan Zweig

Jérémie
Théâtre - Drame en neuf tableaux

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Malgré les exhortations pacifistes de Jérémie, le peuple juif veut s'allier aux Égyptiens pour secouer le joug babylonien. Partir en guerre ? Ne pas partir ? Le roi s'interroge, le peuple versatile ne sait plus à quels saints se vouer. Dans la défaite, Jérémie, jadis bafoué et considéré comme traître, redonne leur dignité aux survivants sur le chemin de l'exil.
J'ai eu beaucoup de mal à reconstituer un minimum d'intrigue tant ce texte est pontifiant, enflé, exalté, redondant, bourratif.
Je veux plutôt retourner à la sobriété épurée de la prose de Zweig.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #théâtre
par topocl
le Mer 15 Fév - 11:33
 
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Oscar Wilde

Salomé
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Reprise d’un thème fort dans l’air de l’époque (voir Le fil de Shanidar), la Salomé de Wilde, c’est la femme (fatale) qu’il ne faut pas regarder.

Dans une atmosphère d’inceste (double, puisque Hérodiade, l’épouse du roi Hérode, fut la femme du frère de ce dernier, et que Salomé est la fille d’Hérodiade), saturée de funestes présages (symboles) en lancinantes reprises alimentant le suspens dramatique (très bien mené, alors qu’on connaît l’issue inéluctable, la décollation du prophète Iokanaan), aussi obsédante de l’indécision apeurée du roi et pleine d'un humour irrévérencieux, un parfum sacrilège imprègne toute cette pièce tragique, lointainement inspirée d’un épisode biblique.

Et pourtant, le prophète aurait vécu s’il avait regardé la vierge folle de désir, dangereuse séductrice à la volupté morbide, au lieu de la maudire…

« Votre beauté m'a troublé. Votre beauté m'a terriblement troublé, et je vous ai trop regardée. Mais je ne le ferai plus. Il ne faut regarder ni les choses ni les personnes. Il ne faut regarder que dans les miroirs. Car les miroirs ne nous montrent que des masques... »

« Ah ! Ah ! pourquoi ne m'as-tu pas regardée, Iokanaan ? Si tu m'avais regardée, tu m'aurais aimée. Je sais bien que tu m'aurais aimée, et le mystère de l'amour est plus grand que le mystère de la mort. Il ne faut regarder que l'amour. »



mots-clés : #théâtre
par Tristram
le Jeu 26 Jan - 17:41
 
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Karel Capek

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La maladie blanche

Ce commentaire suit une relecture et cette pièce est toujours aussi instructive.
Critique du totalitarisme, critique des sociétés où l'ignorance et la superficialité dominent, Capek par un style léger appuie là où cela fait mal.
Le style est toujours ironique, ridiculement emphatique par moment, on est dans la comédie dramatique si l'on peut dire, les personnages sont blasés pour parler d'horreurs et très égocentriques en général, une façon d'insister sur cette superficialité destructrice d'idée.
Le héros le seul à avoir une idée, est le seul au tempérament linéaire, le seule conscient des enjeux, le seul inquiet.
Une jolie leçon qui serait très adaptée à un cours au collège.


mots-clés : #regimeautoritaire #théâtre
par Hanta
le Ven 16 Déc - 20:16
 
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Jean Anouilh

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L'école des pères  (pièce brillante)

C'est une petite pièce sans prétention, qui a comme seule ambition d'être charmante et tordante. Une parodie ludique comme son titre l'indique. Pari parfaitement réussi.

Jean Anouilh remet au goût du jour les grands classiques : le père veuf libidineux, les jeunes amants contrariés qui se jurent un amour éternel, la servante maline et mignonne qui n'a pas sa langue dans sa poche, les  quiproquos, quitte à introduire des déguisements pour corser l'affaire…. Il se paie même le luxe de se moquer discrètement de lui-même au passage.

La langue est vive, enjouée, les réparties fusent, les situations sont piquantes et emberlificotées à souhait. On rit. Et même le happy end est au rendez-vous.
On passe un moment tout à fait délicieux.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #théâtre
par topocl
le Ven 16 Déc - 9:23
 
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Anton Tchekhov

La cérisaie

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Originale: Вишневый Сад (Russe, 1903, première au théâtre: 17.1.1904)

CONTENU :
Au début : le retour de Lyoubov Ranyevskaia avec fille et différents accompagnateurs sur sa proprieté. Après la mort de son fils de cinq ans, elle avait fui vers la France, il y avait cinq ans. Là, elle fût utilisé ar son amant qui lui soustira pas mal d'argent. Elle continue pourtant de vivre dans le grand style, dépassant en fait ses moyens. Maintenant de retour, et en devant payer des dettes, elle est devant la vente de la cérisaie. Mais des décisions se développent autrement, et d'un coup il semble que c'est le fils d'un ancien serf qui va reprendre le bout, mais en y voyant tout simplement une spéculation pécuniaire et un capital. Chez lui, point de notions d'une relation plus ou moins nostalgique vers un lieu, un endroit d'enfance et de nature. Il va acheter dans une auction le terrain et y construire une colonie de datchas…

REMARQUES :
Un classique du théâtre qu'on arrive qu'insuffisamment à vraiment honorer dans quelques remarques :
La cérisaie comme lieu et comme pièce est un symbole des changements de la societé russe au tournant du siècle (du XIXème au Xxème). Elle signifie a fin d'un époque : la fin du temps de servage date déjà d'il y a quarante années, mais ici c'est l'arrivée des conséquences, et aussi la fin d'un style de vie pour les protagonistes principaux de la pièce. La proprietaire n'arrive pas à se rendre compte où elle se trouve, quel est son nouveau status et ce que celui lui permet ou pas/plus. Alors : comment vivre des changements, comment y faire face ? L'action se déroule sur une période entre Mai et Octobre de la même année. Toutes les personnes de la pièce, une douzaine, figurent, incarnent différentes possibilités de l'acceptation, du refus, de la ostalgie, de l'instrumentalisation, de l'indifférence etc. face aux changements mentionnés.

La reprise de la domaine par un ancien serf pourrait – sans vouloir prêter à Chekhov des dons de premonition – être une anticipation des bouleversements à venir: des anciens opprimés reprennent le „pouvoir“. Mais, au moins ici chez Chekhov, d'autres valeurs en pâtissent: une relation tout à fait personnelle envers la terre, le sol (si important dans la mythologie, la compréhension, la mentalité russe). Et aussi la terre comme lieu et symbole de l'enfance et du passé.

La perte sera ressentie ou repoussée pendant longtemps; juste vers la fin il y a une forme d'acceptation, de réconciliation avec l'inévitable?!

Après avoir goûté tellement ses nouvelles, j'ai voulu m'approcher à ses pièces de théâtre. Après Shakespeare il s'agit quand même du dramaturge le plus joué au monde! Bien sûr, on devrait goûté une telle pièce au théâtre même, mais j'en ai à peine la possibilité. Et la version, le support écrit sont bienvenus et précieux.

Formidable! A découvrir et à redécouvrir!


mots-clés : #théâtre
par tom léo
le Mer 14 Déc - 7:46
 
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Sujet: Anton Tchekhov
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Georges Bernanos

Quelques mots sur les Dialogues des Carmélites...

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Mais que dissimule la sérénité olympienne de saint Sébastien ? Le regard absent, tout entier remis à Dieu,
il nous offre le spectacle de qui a triomphé de la mort... Au martyr saisi dans l'instant suprême du sacrifice,
nul tremblement : à l'inhumanité de ses bourreaux, il oppose un courage surhumain. Voilà de quoi déconcerter
Bernanos : parvenu au crépuscule de la vie, il se remémore la soudaine détresse du Sauveur citant sur sa croix le
psaume du désespoir, et décide de gratter la lisse surface du marbre pour dépasser la face hiératique
de ces athlètes du Christ que nous donnent à voir les martyrologues chrétiens.

Il s'empare d'un sujet traditionnel de l'apologétique : les derniers moments des Carmélites de Compiègne,
exécutées en 1794 par le Tribunal Révolutionnaire pour "fanatisme et sédition". Dans l'espace claustral du
couvent, mal préservé du brouhaha iconoclaste de la Révolution, le lecteur assiste les sœurs dans leurs
(pré)occupations les plus triviales, dans leurs doutes et leurs renoncements. Un personnage, forgé de toutes
pièces, constitue la clé de voûte de l'édifice : une jeune postulante qui se nomme ironiquement Blanche de la
Force ; son calvaire est sa terreur ("la crainte refoulée au plus profond de l'être, le gel au plus profond de l'arbre"),
et sa lâche faiblesse, sa malédiction.

Il ne fait pas de doute qu'elle a embrassé la vie monastique pour échapper aux tourments du monde et aux
vicissitudes de son temps, par "attrait d'une certaine manière de vivre qui [lui] paraît - bien à tort - devoir
rendre l'héroïsme plus facile"
. Nulle condamnation cependant, entendu que cette tare rend sa trajectoire
d'autant plus sublime ; la Prieure ne s'y trompe pas du reste :
LA PRIEURE : De grandes épreuves vous attendent, ma fille...
BLANCHE : Qu'importe, si Dieu me donne la force.
LA PRIEURE : Ce qu'il veut éprouver en vous, n'est pas votre force, mais votre faiblesse...

De manière significative, Blanche choisit pour nom de religieuse "Blanche de l'Agonie du Christ", plaçant
consciemment ou non sa propre vie dans le sillage du parcours christique. Agonie, telle est bien la vérité
profondément humaine du martyr : c'est une lutte (du grec agônia) de tous les instants, la dernière lutte.
Dans les hésitations de Blanche, dans les atermoiements de la communauté face à la marche irrésistible
qui les conduit à l'échafaud, se lit la terrible exigence de la foi. Le mystère restera pourtant entier qui soutient la
la conversion de Blanche au supplice. La pièce s'achève sur les notes émouvantes du Veni creator spiritus,
cantique de l'intercession divine, de la grâce rayonnante qui ouvre à l'homme grevé de faiblesses la voie
de la sainteté : "Son visage semble dépouillé de toute crainte." Les noeuds de notre condition prend ses
replis et ses tours dans un abîme, disait Pascal...


mots-clés : #théâtre
par Fancioulle
le Sam 10 Déc - 12:18
 
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Sujet: Georges Bernanos
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Jean Anouilh

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Médée
(Nouvelles pièces noires)

Et ton cas est réglé pour toujours, Médée ! C'est un beau nom pourtant, il n'aura été qu’à toi seule dans ce monde. Orgueilleuse ! Emporte celle-là dans le petit coin sombre où tu caches tes joies : il n'y aura pas d'autre Médée, jamais, sur cette terre. Les mères n'appelleront jamais plus leurs filles de ce nom. Tu seras seule, jusqu'au bout des temps, comme en cette minute.



Antigone et Médée, ce sont comme deux sœurs, chacune son visage, sa personnalité, mais une espèce de pacte commun qui les lie par derrière. Antigone c’est la pure, Médée la sauvage. Toutes deux éprises d’ absolu, promises à un destin tragique.

Médée et Jason, c'est encore la lutte entre la folie et la raison. Un amour fou des années partagé, traînant le poids des ignominies commises en son nom, et un beau jour, les destins qui se séparent : Médée qui ne veut pas renoncer, et Jason qui choisi le chemin de Créon, le chemin des concessions, construire non plus détruire, vivre et non plus dévorer. La passion perdue est le prix à payer. Pas beaucoup de remords, on en aurait sans doute aimé un peu plus…

Et puis il y a toujours la nourrice et le garde, qui s'en foutent, qui ne demandent qu’un peu de pain le matin, et un air frais à respirer…


(commentaire rapatrié)

mots-clés : #amour #contemythe #exil #politique #théâtre #trahison
par topocl
le Dim 4 Déc - 9:24
 
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Jean Anouilh

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Le voyageur sans bagages

Après la guerre de 14, Gaston, amnésique de tous son passé, est  resté  à végéter 18 ans  dans un asile. Et puis, une duchesse qui sait ce qui est bien décide que les choses doivent se remettre dans l'ordre, qu'il faut retrouver sa famille, lui restituer son passé. Mais ce que Gaston découvre n'est pas forcément à son goût, ni cette famille qu'on lui propose, ce jeune homme qu’il a été, lui dit-on, et qui n'est pas sympathique… Alors, lui qui n'a été qu'un pauvre type malmené par la vie et  dont les autres ont disposé,  décide que l'amnésie n'était pas une fatalité, mais une chance unique : la possibilité d'un choix.

Ils devraient être terrifiants, cette duchesse, cette famille, qui pensent qu'il faut faire les choses comme elles le doivent et non pas comme on les espère ou qu'on les aime. Mais l’œil mutin d’Anouilh nous les présente avec son humour tendre, et nous les voyons dérisoires. C'est plutôt léger et souvent drôle pour une « pièce noire ». Gaston, qui a la naïveté d'un homme sans mémoire, un homme sans attaches, sidéré par leurs obstinations, par leur petit vision toute formatée se bat pour des lendemains meilleurs et leur donne une belle leçon de vie.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #identite #théâtre
par topocl
le Dim 4 Déc - 9:22
 
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Sujet: Jean Anouilh
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Vues: 1181

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