Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

La date/heure actuelle est Ven 29 Mar - 3:20

89 résultats trouvés pour viequotidienne

Andrea Camilleri

Le jeu de la mouche

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Camill10

Dans ce recueil d' histoires minuscules, de souvenirs, de faits cocasses, émouvants ou ridicules, Camilleri nous dresse un tableau inédit
de sa Sicile.
Il nous explique comment ce peuple, brutalisé, réduit au silence, a appris à parler en se taisant. Echanger par brefs regards, des signaux d' amitié, de complicité, d' avertissement. Bref tout un langage muet, mais combien explicite pour ceux qui en ont l' usage.

Les mots, les expressions populaires dépassent les particularismes locaux pour atteindre une manière de vérité passant à travers des phénomènes linguistiques restreints. Propres à tel ou tel lieu mais cristallisant des notions précises.
A travers eux, on distingue la peur, l' angoisse, la moquerie, la tendresse.

C' est à la fois un livre érudit mais toujours concret, précis, plein de saveur et d' humour. Un contrepoint différent mais parfaitement complémentaire des enquêtes du commissaire Montalbano.
Quel bonheur que Camilleri se soit décidé à écrire même si tardivement !


Mots-clés : #lieu #viequotidienne
par bix_229
le Jeu 9 Mai - 15:39
 
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Sujet: Andrea Camilleri
Réponses: 25
Vues: 2497

Zsigmond Móricz

Un déjeuner


Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Bbbb10

Livre que j'ai beaucoup apprécié. Recueil de diverses nouvelles de scènes de la vie hongroise regroupant souvent la vie paysanne mais également des notables.
La nouvelle la plus importante est éponyme et constitue la moitié de l'ouvrage. C'est aussi la meilleure qualitativement. Selon l'ordre du menu nous suivons les différents dialogues des protagonistes de façon savoureuse avec beaucoup d'humour et de causticité.
Chaque nouvelle pourrait être une pièce de théâtre tant la précision des dialogues et le rythme permettent un réalisme prégnant.
Chaque nouvelle possède une chute surprenante et morale (sans être moralisatrice) et la jubilation cède la place au léger malaise et à la réflexion.
Excellemment écrit, j'ai trouvé les pages sans jamais me lasser en regrettant que ce soit trop court.
Un très très bon livre.

*****


Mots-clés : #nouvelle #viequotidienne
par Hanta
le Mar 7 Mai - 11:49
 
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Sujet: Zsigmond Móricz
Réponses: 6
Vues: 793

Joseph Ponthus

Du coup, me relisant pleine du sentiment d'être mesquine et facile juge, je me rends compte que c'est une littérature aussi très intéressante pour plonger dans la question de la légitimité. C'est, que j'aime ou pas le type qui raconte, une poignante illustration de ce que j'ai pu  vivre dans ma génération et dans ma vie : une variation très personnelle sur le sentiment de déclassement, de désir de s'intégrer, de cul entre deux chaises, du rôle de l'amour des mots et du dire dans la vie,  face au manque d'idéal intime, ou face à une identité fantôche, dumoins dérisoire, à extraire de la glaise à tout prix.
Touchant.

(A tous les coups quand j'aime pas ya des complexes dans l'air je vous dis;;Wink


Mots-clés : #autobiographie #documentaire #identite #mondedutravail #social #viequotidienne
par Nadine
le Dim 24 Mar - 16:37
 
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Sujet: Joseph Ponthus
Réponses: 26
Vues: 2552

Henri Thomas

La Nuit de Londres

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Nuit_d10

Encore un écrivain passé aux oubliettes ! Toutes les références à Henri Thomas que j’ai trouvées sur le net insistent sur les qualités d’écriture d'Henri Thomas, mais aussi sur le fait qu’il soit resté inconnu du grand public. Pourquoi ? Probablement en raison d’une profonde modestie ; peut-être également par un style d’écriture qui peut dérouter de prime abord.
En effet, il m’a fallu un certain temps pour entrer réellement dans « La Nuit de Londres ». Et ne vous demandez surtout pas où veut en venir l’auteur ? à rien justement, si on prend pour critères le roman traditionnel ; mais à beaucoup de choses si on cherche un peu plus.
De quoi s’agit-il ? d’un modeste employé, désargenté, employé à Londres dans une agence et qui passe ses nuits à parcourir la ville. Oh, il ne fait pas de rencontres exceptionnelles, mais chacune est une vraie aventure, la pièce de monnaie avec laquelle il joue dans sa main, la feuille morte plantée sur le poteau d’une grille ! Il se pose aussi beaucoup de questions, se voit à l’intérieur de la foule, puis à l’extérieur, en observateur soi-disant impartial. Il se demande ce qu’est cette foule, anonyme et pourtant constituée d’individus, ce qui l’anime, la fait vivre, ce qu’est le vide quand elle a disparue ? Pourquoi certaines images, aussi insignifiantes soient-elles, se fixent et d’autres non ? Qui sont ces visages croisés, ces enseignes lumineuses, à peine entrevues, mais qui sont inhérents à la déambulation nocturne ? Quel rapport entretenons-nous avec toutes ces choses ?
Vous voyez, combien de sujets passionnants Henri Thomas peut aborder, mais de manière discrète, à la marge, sans insister. En marchant quoi ! libre à nous d’en faire ce que nous voulons.
Il y a un peu de l’esprit du Nouveau roman dans « La Nuit de Londres » ; description minutieuse des choses, rapport entre l’individu et le monde extérieur ; mais sans le carcan d’une construction rigoureuse. Il s’agit plutôt d’une divagation poétique.
C’est un livre à recommander à tous les grands arpenteurs de pavés nocturnes, de Rétif de la Bretonne à Léon-Paul Fargue, et beaucoup d’autres.
Un beau coup de cœur en ce qui me concerne.


« Tout ce qu’un pauvre, élevé dans notre civilisation, désire voir, peut surgir à ses yeux, amené du fond de la nuit par le mouvement perpétuel qui fait qu’un visage est presque aussitôt remplacé par un autre, alors que dans la vie quotidienne, les mêmes visages vous entourent, et que leur disparition s’appelle la mort. Le dernier des hommes, plongeant dans la foule, entre dans un monde où la disparition n’est pas une cause d’inquiétude, où elle n’est plus la mort, ni même l’absence ; elle est ressentie comme un battement de cil dans la vision ; elle est chaque fois comme l’enlèvement d’un obstacle, à peine aurait-il surgi : ce visage, ce regard une seconde rencontré, ces façades où toutes les ombres basculent au passage. »


« Je suis depuis quelque temps déjà la ligne qui se trace devant moi à mesure que j’avance ; bien quelle me soit invisible, je ne peux l’imaginer que blanche, - d’un blanc presque gris, comme tracée à la craie depuis assez longtemps pour qu’elle soit devenue par la pluie et la poussière presque indistincte sur le trottoir ; je ne sais jamais quand je fais les premiers pas sur cette ligne, qui n’existe plus derrière moi ; subitement, elle est là, sa fin m’échappe comme son commencement.»


« … la pluie tombe si fort que je l’entends crépiter sur le toit du taxi ; et par instants je sens des gouttes sur mon visage ; la vitre de mon côté n’est pas complètement fermée : il y a une mince bande de nuit noire avec des lueurs comme une toile cirée qui semble bouger tout près de mes yeux ; toutes les nuits seront de plus en plus comme cela, maintenant, et c’est par une nuit pareille que je suis arrivé à Londres il y a … trois, quatre ans. Je dirais dix ans, ce serait pareil : il y aurait le même espoir, celui du premier soir et de maintenant. Libre et à bout de force, et heureux, - et attendre de comprendre pourquoi je suis heureux, attendre que le taxi trouve ma rue, et puis dormir, et me réveiller à un certain moment de la fin de l’automne, non pas demain ni les jours qui viennent, mais après des années, et pas dans cette ville ; il y aura encore beaucoup de nuits encore à traverser ; j’ai eu tout le temps et tout l’espace, et je n’ai gardé que cette petite bande de ciel noir si proche qui glisse au haut de la vitre ; c’est le sommeil de la foule peut-être. »


« Pour pouvoir porter longtemps la fatigue, il faut marcher d’un pas égal ; la fatigue est alors comme un fardeau qui s’équilibre peu à peu, jusqu’à ne plus être senti comme fatigue, mais comme un état nouveau, un état de corps et d’âme qui peut durer, durer, durer… autant que nous-même. »


« Les traces de pas sont partout nombreuses, mais plus ou moins confondues ; il y a des piétinements par endroits, comme si l’on s’était battu ; mais partout c’est comme une écriture – la foule de cette nuit a écrit tout cela, chaque passant a prononcé quelque chose là. »


« Je ne sais pas bien regarder, je ne suis pas à ce qui est rare et beau ; quatre ans de Londres sans en sortir, et je n’ai vu que des murs qui sont comme des buvards ayant tellement servi qu’ils sont noirs de toutes sortes d’encres. »


« C’était facile, il y avait abondance de repères de tous côtés, la rose des vents était toute marquée autour de moi dans la brume, en un grand cercle qui était Londres, jusqu’à l’horizon, comme si les nuages, un peu soulevés au-dessus de Saint-Paul, retombaient là-bas pareils à une tente de cirque bien fermée. Tout était dans ce cirque, et j’allais y redescendre bientôt ; j’avais froid, j’étais fatigué, et la pluie recommençait. Alors j’ai repensé à la feuille accrochée à sa grille : dans cette espèce de gouffre, il y avait donc cela – une feuille morte, immobile, noyée, oubliée de tout, et je savais le chemin qui me mènerait exactement à elle. Je n’étais pas seulement orienté vers le pourtour du cercle et par-delà, je savais ma route aussi vers le centre, vers quelque chose qui était là – ou qui n’y était plus peut-être, mais le chemin passait là, descendait plus loin vers le centre – et ce ne serait jamais le centre, mais toujours mon chemin, image après image, ma vérité de fonctionnaire et de chien mouillé. »


(petit aparté : le livre trouvé à Emmaüs porte de petites annotations au crayon, comme "Les Eaux étroites" de Gracq et "L'Arrêt de mort" de Blanchot. J'ai donc commencé la lecture de ce dernier. Soyons fous !  Very Happy )


Mots-clés : #autobiographie #autofiction #lieu #solitude #viequotidienne
par ArenSor
le Sam 23 Mar - 19:18
 
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Sujet: Henri Thomas
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Garth Risk Hallberg

Vies et mœurs des familles d'Amérique du Nord

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 511cz210

Au départ deux bonnes idées
- Faire un roman de l'Amérique ordinaire, celle de la classe moyenne, des voisins et des barbecues, à travers l'histoire de deux familles mitoyennes et des événement banaux qui rythment leurs vies: divorce, enterrement, amours adolescentes, fiston qui se drogue, fille pom-pom girl, première voiture où oh surprise a lieu la première pipe, accident etc...
- Pour cette idée ordinaire, choisir un mode de présentation atypique fait de textes de moins d'une page, couronnés de titres classés par ordre alphabétique, en dépit de la chronologie. Le lecteur est invité à voyager soit dans l'ordre de présentation, soit en fonctionnant par des hyperliens énumérés à la fin de chacun des textes (soit de façon totalement aléatoire précise l'auteur)
Et voila donc 100 livres possibles, aux épisodes identiques, mais que le lecteur découvre dans un ordre dont il est le décideur.

A l’arrivée, un livre visuellement très réussi, les pages ressemblent à des pages de vieux livres ou cahiers, et chaque texte est illustré d’une photo. c’est très soigné, jusqu'à la première page, fac similé d'une vieille carte de bibliothèque glissée dans sa pochette collée, les vieux me comprendront. C'est juste dommage que les textes ne soient pas toujours à la hauteur, mais n’était-ce pas aussi prévisible ? Car au final, la banalité n'est jamais que banale. Et le roman une forme plus avancée de littérature que la liste.

On se retrouve donc avec un très bel objet un peu creux.


Mots-clés : #contemporain #famille #viequotidienne
par topocl
le Mar 12 Mar - 20:06
 
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Sujet: Garth Risk Hallberg
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Raymond Carver

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 97827511

Les vitamines du bonheur

Un recueil de petites nouvelles, de petites tranches de vie à l'américaine. Des histoires de couple que tu lis, un verre à la main. Ou en pensant au déjeuner, accompagné d'un verre de lait. Ou aux gens que t'as pas envie de voir. Tu passes à la suivante qui ne change pas trop, un peu le paysage. Tu peux de resservir un verre si tu veux chérie.

C'est morne. C'est un peu beau quand on y promène un regard désabusé et pas trop empathique mais c'est un peu plat. Littérature américaine débarrassée de ses excès qui ne révèle pas grand chose.

Je ne sais pas trop ce qui m'a le plus manqué pour ne pas avoir l'impression de lire de petits portraits de genre un brin forcés. Tout n'est pas forcément à jeter mais j'y suis globalement indifférent.

(Et c'est dégueu l'idée du grand verre de lait avec le steack et les patates ou je ne sais pas quoi ? Encore plus en étant déjà bourré ?)


Mots-clés : #contemporain #nouvelle #viequotidienne
par animal
le Ven 8 Mar - 9:45
 
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Heinrich Böll

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Cvt_re10

Rentrez chez vous Bogner !

Bogner ère dans la ville. Leçons, petit boulot à l’évêché et chercher à emprunter de l'argent, et un endroit pour dormir. Un verre de temps à autres.

Käte, sa femme, s'occupe des enfants. Deux sont décédés pendant la guerre, deux sont vivants, peut-être en attend-t-elle un autre. Elle rumine et attend son mari.

Pas d'argent. Promiscuité, société qui se reconstruit sur des ruines. Les chapitres alternent le temps d'une grande journée la vie de l'un et de l'autre qui se retrouveront dans un hôtel miteux.

Énormément de choses et d'observations passent au fil des pages. Un regard triste et mélancolique qui n'est pas qu'introspectif mais se situe aussi en retrait de son environnement.

Beaucoup de choses vont mal et sont irréparables, beaucoup de choses sont fausses ou évoluent dans l'indifférence et pourtant c'est apaisant. Les tourments et la tendresse sourde, enfermée de ces personnages abîmés ça fait un peu de lumière dans tout ce qui va de travers.

Famille, alcool, apparences, blessures,... ce n'est pas très joyeux mais c'est un beau livre.

Quelques pages plus envolées qui ne sont pas forcément mais préférées mais un bien beau livre et le réconfort de retrouver le ton de l'auteur.


Mots-clés : #addiction #deuxiemeguerre #famille #viequotidienne
par animal
le Jeu 7 Mar - 13:32
 
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Delphine Roux

[Kokoro]

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Cvt_ko10

Seki, la grande sœur et Koichi , le petit frère et leur enfance heureuse et protégée. Le drame du décès de leurs parents les pousse chacun sur un chemin différent. Seki se barde de dureté et d’efficacité. Koicho vit dans l’incertain, l’impalpable, se bourre de gourmandises. Et la grand-mère part au royaume des sans-mémoire et sans langage.

C’est tout court, tout doux, tout moelleux, on a envie de s’y lover. La bienveillance de Koichi, son arme contre le malheur, nous ouvre les yeux sur un quotidien ainsi subtilement anesthésié, et nous accompagne dans le souvenir d’une enfance-refuge. Littérature économe, dont la pudeur extrême et la délicatesse amènent à l’émotion.

mots-clés : #enfance #fratrie #mort #viequotidienne
par topocl
le Jeu 28 Fév - 14:24
 
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Sujet: Delphine Roux
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Joseph Ponthus

A la ligne

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 41-lgl10


"Dédicace
Ce livre
Qui est à Krystel et lui doit tout
Est fraternellement dédié
Aux prolétaires de tous les pays
Aux illettrés et aux sans dents
Avec lesquels j’ai tant
Appris ri souffert et travaillé
A Charles Trenet
Sans les chansons duquel je n’aurais pas tenu
A M.D.G
Et
A ma Mère"

Tout d’abord l’écriture, de la prose sous forme de poésie, pas de ponctuation tout « A la ligne » ; et j’ai trouvé que cela était une scansion  anarchique et originale.

C’est une incursion dans le milieu ouvrier, celui des usines, du travail à la chaine, le très dur travail physique auquel s’ajoutent les odeurs à s’habituer dans ce cas (usine de produits marins et abattoir) Le narrateur travaille en qualité d’intérimaire donc un travail aléatoire. Bien qu’il ait fait des études (hypôkhagne) il ne trouve pas de travail dans son métier et comme il faut gagner  « ses sous » pour vivre, il accepte toutes les missions  confiées par l’agence d’intérim.

Ces feuillets d’usine qu’il écrit le soir en rentrant chez lui c’est du temps de repos en moins alors qu’il sait que le lendemain matin il va en pâtir, mais c’est essentiel pour lui l’écriture.

A l’usine il y a les autres ouvriers ceux qui sont là depuis des années, qui seront encore là demain, ils souffrent comme lui, à tous les niveaux de la chaine, l’abattoir est un lieu fermé, pas une seule fenêtre pour égarer le regard alors pour tenir quand c’est trop dur il chante, des chansons de Charles Trenet, quand c’est possible ou dans sa tête, il invite les mots d’auteurs quand les faits s’y prêtent.
Il y a le secours à la pause du café et de la cigarette !

La pause :
« Trente minutes
C’est tout dire
La pointeuse est évidemment avant ou après le vestiaire
Suivant que l’on quitte ou prenne son poste
C’est-à-dire
Au moins quatre minutes de perdues
En se changeant au plus vite
Le temps d’aller à la salle commune chercher un café
Les couloirs les escaliers qui ne semblent jamais en finir
Le temps perdu
Cher Marcel je l’ai trouvé celui que tu recherchais
Viens à l’usine je te montrerai vite fait
Le temps perdu
Tu n’auras plus besoin d’en tartiner autant »


Parfois l’angoisse quand une longue mission est annulée pour problème mécanique ce qui veut dire pas d’argent !

« Le week-end n’a plus le même goût
Pas celui du repos avant la bataille
Pas de tonnes de bulots à travailler lundi pour deux mois
Assurés
Pas sûr de bosser la semaine prochaine »


A l’école il recevait son bulletin, à l’usine il a  un carnet où toute ton activité est portée et qui n’avoue pas sa fonction véritable, presser un peu plus le petit citron ouvrier.
« Si j’avais su
Vingt ans plus tôt
Sur les bancs de l’élite
Prétendue
Que le père Godot m’aiderait à en rire de tout ça
Vingt ans plus tard
De l’intérim
Des poissons panés
Du bulletin non-dit »


L’écriture lui étant essentielle il écrit ces « feuilles d’usine, il écrit à sa femme quand il part au travail et qu’elle rentrera plus tard, à sa mère (deux émouvantes lettres) il écrit sur son chien, il écrit…………

« Un texte
C’est deux heures
Deux heures volées au repos au repas à la douche et à la balade
Du chien
J’ai écrit et volé deux heures à mon quotidien et à mon
Ménage
Des heures à l’usine
Des textes et des heures
Comme autant de baisers volés
Comme autant de bonheur
Et tous ces textes que je n’ai pas écrits »


A sa femme :
[…]
Il y a qu’il faut le mettre ce point final
A la ligne
Il y a ce cadeau d’anniversaire que je finis de t’écrire
Il y a qu’il n’y aura jamais
Même si je trouve un vrai travail
Si tant est que l’usine en soit un faux
Ce dont je doute
Il y a qu’il n’y aura jamais
De
Point final
A la ligne »


Une pause dans le travail d’usine, il retrouve pour quelques semaines un  emploi  comme,  « personne ressource » auprès d’un centre de vacances pour handicapés,  plus adapté à son métier.

Période de fêtes, la cadence s’affole !

« On a gagné une guerre contre le bulot et nous-mêmes un
Vendredi 23 décembre 2016
Les deux jours de Noël seront les plus précieux du monde
Et les plus rapides
A peine le temps du repas de famille dominical
Qu’il faut rentrer après le café
Demain l’embauche est si tôt »
« A la prochaine
L’usine
A la prochaine
Les sous
Les sous à aller gagner racler pelleter avec les bras le dos les reins les dents serrées les yeux cernés et éclatés les mains désormais caleuses et  rêches la tête la tête qui doit tenir la volonté bordel
A la prochaine »


Je demande au chef combien de temps durera la mission
Il me répond
« Tant que tu seras  gentil »
Malgré les doigts coupés
Les jambes de bois
Le pied que j’ai failli perdre
L’abattoir vend du rêve
Et Kopa joue au ballon en rentrant de la mine
Et j’essaie d’écrire comme Kopa jouait au ballon
Allez Raymond
Je bois un coup à la santé de tes doigts coupés
De la main de Cendrars
De la tête d’Apollinaire
De mon pied sauvé par une coque de métal
Au bar des amputés des travailleurs des mineurs et des
Bouchers »


« Pas une sieste pas une nuit sans ces mauvais rêves de carcasses
De bêtes mortes
Qui me tombent sur la gueule
Qui m’agressent
Atrocement
Qui prennent le visage de mes proches ou de mes peurs les
Plus profondes »


A son chien Pok Pok :

« Si tu savais en rentrant chaque jour
Comme ça me coûte d’aller te promener
Mais en rentrant à chaque fois
La joie et même plus que la joie de te savoir derrière la porte
Vivant
A frétiller de la queue et du popotin
A faire cette fête des retrouvailles »


autres :

« Une soirée et une nuit belles
Comme la liberté volée
Ca n’a pas de prix »

« J’ai vu les horaires les planques et les moyens de sortir les trucs
Deux langoustes donc
Juste faites en rentrant hier avec un riz basmati tiède et de la mayo maison
C’est pas mal la langouste
Je ne vole rien
C’est rien que de la réappropriation ouvrière
Tout le monde le fait »


« A l’usine on chante
Putain qu’on chante
[….]
Et ça aide à tenir le coup
Penser à autre chose
Aux paroles oubliées
Et à se mettre en joie
Quand je ne sais que chanter
J’en reviens aux fondamentaux
L’internationale «

« Je sais que la première occurrence du mot crevette est chez Rabelais
Cela me plaît et se raccord aux relents gastriques de l’usine »
« Ca suffit à mon bonheur de la matinée
Me dire que j’avais dépoté des chimères »


Ce qui m’a intéressé c’est bien le rapport de l’homme et du travail, le poids de la souffrance physique dans ces lieux se compte en tonnes. Ces hommes sont surexploités ; des ouvriers se mettent en grève, il les rejoindrait bien s’il n’était pas intérimaire et ne risquait de perdre le boulot, comme il rejoindrait bien les copains de la ZAD Notre-Dame des Landes.  

Je n’aurais jamais pensé pouvoir lire un récit sur les abattoirs mais là (nonobstant le fait que je ne mange plus de viande depuis plus de 20 ans mais pas d’hypocrisie j’ai été carnivore avant) et que les détails ne sont pas ragoûtants,  j’ai lu ces « feuillets d’usine » comme un hommage aux ouvriers d’ usine.

C’ est vraiment un plaisir de découvrir le premier livre de cet auteur, un témoignage vibrant sur le travail en usine, à la chaine, et la particularité du travail intérimaire, statut précaire et donc angoissant  par le manque d’ assurance sur le lendemain.

Le rapport entre les hommes est aussi  intéressant , leur soutien malgré le peu de partage étant donné la vitesse à laquelle défile le travail à assumer, suffit d’une clope , d’un coup d’épaule, d’un regard.

C’était une lecture émouvante , utile  et que je vous engage à faire.


Mots-clés : #autobiographie #documentaire #identite #mondedutravail #social #viequotidienne #identité[/color]
par Bédoulène
le Dim 24 Fév - 0:51
 
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Sujet: Joseph Ponthus
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Pedro Juan Gutierrez

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 26651710

J'ai découvert avec plaisir cet auteur, en lisant son premier roman Trilogie sale de La Havane.
ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un truc aussi cru et incisif. Il n'y va pas avec le dos de la cuiller, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je lui vois une certaine parenté avec Bukowski, même si chacun a son style.
C'est l'envers du décor, la lutte au jour le jour pour la survie. Et une plongée dans la crasse, la bestialité.
Bon, il en fait des caisses, notamment sur le sexe, et y a des anecdotes qui paraissent assez invraisemblables, mais pourquoi pas. Je pense qu'il mêle fiction et réalité, comme beaucoup.
C'est prenant en tout cas, comme écriture, même si je ne le conseillerais pas au tout-venant !


mots-clés : {#}sexualité{/#} {#}social{/#} {#}viequotidienne{/#}
par Invité
le Jeu 24 Jan - 18:32
 
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Sujet: Pedro Juan Gutierrez
Réponses: 4
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Françoise héritier

Au gré des jours

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 55205510

Dernier ouvrage écrit par l'auteure, dernier ouvrage plutôt personnel, loin des études anthropologiques, articulé en deux volets distincts, une premiere partie nommée "Entrez", une dernière nommée "Façonnages".
Elle dit : a écrit:Le présent livre est conçu en deux parties. Dans la première, intitulée "De bric et de broc", je continue à recenser, à la manière su "Sel de la vie", les petits faits, les sensations et affects qui sont les supports et matériaux identifiables de notre existence. Dans la seconde, intitulée "Façonnages", j'essaie de présenter, sous forme imagée, par associations libres d'idées, sur un mode qui n'est ni celui de la biographie ni celui de la confession comment ces matériaux ont servi de support à l'élaboration de ma propre vie.


Son premier volet se feuillette, se décore ou s'oublie, je l'ai lu en diagonale, parfois frappée, touchée, parfois distraite, c'est ainsi je crois qu'il faut le prendre, ce sont des miscellanées mais à l'échelle d'une idée par phrase, dont la syntaxe même suggère la liste, l'accumulation. Recensement. On a envie de le garder, le livre, d'y revenir, pour éviter de brader les scènes encloses, parfois ébauchées en 8 mots, parfois développées sur un paragraphe.
On y croisera beaucoup de beauté sensible et d'observation à l'égard du vivant, mais aussi, alors qu'on s'habitue à une linéarité des vues, on y croisera la métaphysique, l'étonnante jeunesse intellectuelle de Héritier, et la singularité de son expérience, traduite vers l'universel .
Le second volet, plus classiquement identifiable, nous donne des éléments et souvenirs biographiques toujours pertinents, souvent propres à la féminité, où à son expérience d'anthropologue, toujours solides, on sent la femme de tête qui est épanouie et reconnue, c'est un bol d'air , donc, humaniste et intelligent, qui se lit comme un loisir sérieux. Et en réalité on a le sentiment de lire une femme extrêmement agréable et gentille. J'étais ravie de la rencontre, impressionnée par la jouvence de sa prose malgré son âge, et atterrée de lire au détour d'une page, qu'elle date, que le livre avait dans son écriture précédé sa mort de quelques mois seulement. On n'y sent pas un gramme de nostalgie morbide. Et de se rendre compte qu'elle a écrit un testament hommage à toutes ses émotions. C'est émouvant. Parce qu'elle a aimé la vie apparemment.


Mots-clés : #autobiographie #viequotidienne
par Nadine
le Ven 21 Déc - 21:09
 
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Sujet: Françoise héritier
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Sawako ARIYOSHI

Les années du Crépuscule:

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 411px411

Quatrième de couverture:
Veuf, Shizego est recueilli par son fils et sa belle-fille, Akiko. Celle-ci travaille, élève son enfant et s'occupe activement de son foyer. C'est un dur supplément à ses tâches quotidiennes que représente pour elle ce vieillard en train de sombrer dans la sénilité. Pourtant, malgré les problèmes innombrables, une sorte de lien tendre, un émouvant rapport de mère à l'enfant, va s'établir entre ces deux êtres...


Il est clair que S. Ariyoshi, sensible à la condition féminine au Japon, tourne l'éclairage sur tous les questionnements d'Akiko face à son beau-père.
On est dans les années 60-70, la situation de la femme dans la société est loin d'être reluisante (et ça n'a pas beaucoup évolué au Japon depuis d'ailleurs): une fois mariée, il est normal qu'elle ne travaille pas. Pour celles qui décident de travailler et d'être "indépendantes", certains conflits peuvent naître au sein de la famille mais surtout elles devront assumer toutes les tâches ménagères en plus , l'homme n'y participant pas du tout.
L'autre problème soulevé est l'absence totale de services d'aide aux personnes âgées alors que celles-ci vivent de plus en plus longtemps.
Shigezo (le beau-père) perd la tête, ne reconnaît plus personne sauf son petit-fils et Akiko, fait des fugues.Akiko cherche des solutions autour d'elle pour ne pas laisser son beau-père seul mais s'apercevant qu'il n'y a rien pour l'aider, elle doit se résigner à travailler à mi-temps. Son mari se déresponsabilise complètement du problème, voyant son père devenir sénile, il attrape peur de vieillir et se voile la face en évitant d'aider son épouse.
Alors qu'on suit l'inévitable descente de Shigezo vers la mort, on assiste à la montée inexorable du courage de cette femme qui relèvera tous les défits avec beaucoup d'amour, de patience et accompagnera jusqu'au bout le vieil homme.


mots-clés : #conditionfeminine #famille #pathologie #vieillesse #viequotidienne #mort
par Cliniou
le Ven 23 Nov - 11:43
 
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Sujet: Sawako ARIYOSHI
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Léon Bonneff

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Bonnef11

Aubervilliers

Ah les petits éditeurs aux petits livres qui présentent bien... Alors on se laisse tenter, avec un titre comme ça et un œil rapide jeté à l'intérieur. La ou les préfaces (dont celle de Henri Poulaille) en disent plus long sur l'auteur et son frère. De la campagne vers Paris et ce choix d'écrire passant de la poésie à l'engagement. Ce destin, double avec ces deux vies volées par la guerre, est déjà par lui-même ce qu'on peut appeler une tranche d'histoire. Le travail et le témoignage que représente un livre comme Aubervilliers nous fait aller plus loin.

Plus brut que Zola, plus cru qu'Upton Sinclair, en laissant peut-être les faits imposer les conclusions plutôt que de les livrer précuites, Léon Bonneff nous emmène à travers Aubervilliers au début du siècle précédent. Dans sa fresque il ne semble oublier ni mépriser personne. Des vies dures, laborieuses que l'on découvre au fil des pages mais aussi des familles, des amitiés et le temps qui, simplement, passe.

La débrouillardise, la solidarité, la chaleur humaine, celle trouver par le jeune Breton auprès de la famille du Roussi, tout ça n'a pas l'air enjolivé, pas surestimé non plus. Autant de galère que de pittoresque probablement mais beaucoup de fragilité, et de force par là-même, par ces diffuses qualités humaines.

Le livre est beaucoup moins elliptique, il est même choquant. Les conditions de vie, la précarité, les conditions de travail de cette banlieue de laquelle se nourrit la grande ville. On ne sait plus vraiment où donner de la tête et l’enchaînement des scénettes documentaires est grisant mais l'objet est clair. Le progrès social, moral, est appelé avec la plus grande sincérité. Ce qui est troublant d'ailleurs c'est que l'on sent la portée historique du geste documentaire.

A la fois écœurante (industrie de la viande mais pas seulement, loin de là !) et vertigineuse expérience qui peut laisser plié en deux comme par quelques coups de poings à l'estomac, c'est quelque chose. A tel point que je suis surpris que ça puisse être si oublié. En tout cas je n'en avais jamais entendu parler...


mots-clés : #documentaire #historique #mondedutravail #social #viequotidienne
par animal
le Dim 30 Sep - 14:37
 
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Sujet: Léon Bonneff
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Frédéric Berthet

Daimler s'en va

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Image_13


J’ai hésité à ouvrir un fil pour un auteur qui n’a que très peu publié, mais comme j’avais voulu le faire pour Jean de La Ville de Mirmont,  pourquoi pas pour Frédéric Berthet.
De plus, « Daimler s’en va » me semble entretenir certaines parentés avec «Les Dimanches de Jean Dézert » : brièveté du texte, univers du quotidien, humour et intense sensibilité. Le texte de Berthet est cependant plus marqué par l’absurde et les procédés d’écriture de la seconde moitié du XXe siècle.
S’il y a bien un livre auquel s’appliquerait la formule de C. Marker « L’humour est la politesse du désespoir », c’est bien celui-ci. Raphaël Daimler (dit Ralph), probable autoportrait de l’auteur, se révèle comme un funambule, n’ayant pas appris le métier, et virevoltant avec grâce au bord d’un précipice. Il sait qu’il va tomber, mais l’important est de le faire avec une suprême élégance !  

Il est vrai que Raph, sorte de détective sans enquêtes, joue de malchance. Sa belle vient de le quitter pour les îles. Il va faire une vague tentative pour la rejoindre :

Daimler fait passer dans Le Figaro la petite annonce suivante : « Jeune homme sérieux, titulaire d’une licence de droit, bon en équitation, cherche place de précepteur ou secrétaire particulier aux Barbades anglaises » Il ne reçoit AUCUNE réponse.


Rapidement son attention se porte vers d’autres filles qu’il a l’occasion de rencontrer, mais sans grand succès.

Daimler a repéré, dans l’immeuble d’en face, une fille, qui passe et repasse devant une fenêtre (tout habillée). Daimler, quant à lui, est penché à sa propre fenêtre et tient à la main une poêle dans laquelle il vient de faire sauter quelques petites pommes de terre, taillées en cube. Il en lance quelques-unes, pour essayer d’attirer l’attention de la fille. Il rêve d’avoir son téléphone, de l’appeler et de lui dire, sur un ton excédé : « Ecoutez, ça fait un quart d’heure que je vous lance des petites pommes de terre sautées, et… »


Parfois, il observe sa chambre à partir des toits :

Il s’installe confortablement dans l’obscurité, le dos contre la cheminée, les pieds sur une antenne de télévision, et fume une cigarette. Il jette un coup d’œil en direction du fauteuil vide où il était assis une demi-heure avant, et constate avec satisfaction que, vue du dehors, la pièce a l’air paisible, presque studieuse ; elle ressemble à la cabine du capitaine, dans les vaisseaux fantômes.


Daimler souhaiterait beaucoup connaître la gloire littéraire et il s’y prépare :

En fait Daimler prépare déjà le discours qu’il prononcera à Stockholm, lorsqu’on lui donnera le prix Nobel et qu’il sera extrêmement âgé. Il se méfie de ce qu’il sera devenu à cet âge, et prend ses précautions avant.


Il trouve décevant ses tentatives pour renouer avec la poésie :

Quand il avait une quinzaine d’années, Daimler écrivait des poèmes, en octosyllabes, où il était question d’envols de corbeaux au-dessus des terres labourées, d’odeurs citronnées, de parfums capiteux et de femmes alanguies. Il se dit qu’il devrait s’y remettre. Ce qui donne :
Over
Rio Bravo appelle Tango II
Crapaud IV appelle Tango, bon sang
Coyote hurlant appelle Tango malade
Over

A part le fait qu’il soit passé au vers libre, son état d’esprit a changé. L’inspiration ne se commande pas.


Daimler a beaucoup d’états d’âme

Daimler va acheter des croissants. Daimler regarde le journal télévisé. Daimler va au restaurant. Daimler mène une vie normale.
- C’est hallucinant, pense-t-il.


Quand Daimler voit des pigeons dans la rue, il a envie de leur courir après. On lui demanderait pourquoi, et il expliquerait :
- C’est qu’ils manquent d’exercice.


Daimler fait parfois des rêves étranges :

Un autre rêve de Daimler : il est poursuivi par un œuf sur le plat géant, à peu près deux mètres de diamètre, et comme monté sur coussin d’air. Daimler dévale des collines, court à travers bois. De temps en temps, haletant, il se retourne : l’œuf sur le plat continue de le suivre.


Un jour, il aperçoit derrière la fenêtre un pantin le représentant, la tête en bas :

Daimler en a assez. De toute façon, il savait que ça se terminerait comme ça un jour. Ou autrement, mais il devait avoir vu trop de films de vampires
- Eh bien, entre, dit Daimler.
Et, par pure politesse, il va lui-même ouvrir la fenêtre.


Un petit livre drôle, charmant, touchant et qui en offrira beaucoup plus si affinités. Very Happy


Mots-clés : #absurde #humour #viequotidienne
par ArenSor
le Lun 24 Sep - 18:53
 
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Sujet: Frédéric Berthet
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Jonathan Coe

La Femme de hasard

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 La_fem10


The Accidental Woman, titre que personnellement j’aurais peut-être traduit par « La femme fortuite », est le premier roman de Coe, et l’histoire de Maria.
« Maria, qui était fondamentalement d’une nature confiante, avait toujours cru en Dieu, mais en revanche elle n’avait pas la moindre preuve qu’il croie en elle. »

On profite déjà amplement dans cet ouvrage de l’humour qui rendit son auteur célèbre : les collègues (masculins) de Maria dans un magazine à lectorat féminin (p. 122), les misères de la colocation (ici, une offre lesbienne lui occasionnera une réplique bartlebyenne) :
« ‒ On va explorer nos corps, y a rien à voir à la télé.
‒ Non merci, j’aime mieux pas. »

J’ai particulièrement goûté les immixtions de l’auteur dans le cours de son ouvrage, procédé sternien que j’ai toujours savouré (merci papa, pour cette complicité de l’écrivain avec son lecteur, voire son personnage) :
« Mais je crois comprendre leur point de vue, moi-même, rien que de l’écrire, ça me déprime.
[…] Honnêtement, je commence à en avoir marre de Maria, et de son histoire, tout comme Maria commence à en avoir marre de Maria, et de son histoire. […] Avançons donc, car il ne me reste plus à relater qu’un seul épisode de la vie de Maria, et ensuite ce sera fini, et on pourra prendre congé.
Et voilà, on commence à bavarder avec le lecteur, et sans s’en rendre compte on perd complètement le fil du récit. »

« Ça ne vous dérange pas que je raconte ça au passé ? Je trouve l’autre temps vraiment épuisant. »

Mais, hormis cette approche réjouissante, c'est un peu La fête de l'insignifiance, pour reprendre le mot de Kundera. L’histoire de cette jeune femme calme et assez indifférente, sans vrai désir ou projet, et partant sans vraie (réussite dans la) vie, m’a étonnamment touché, finalement.
La trouvaille romanesco-métaphysique de la toute fin est excellente, mais je crois devoir pudiquement la celer ?
Dernière phrase :



Mots-clés : #identite #social #viequotidienne
par Tristram
le Mar 18 Sep - 13:24
 
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Sujet: Jonathan Coe
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Sayaka MURATA

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Konbin10

Konbini

Les gens perdent tout scrupule devant la singularité, convaincus qu'ils sont en droit d'exiger des explications. Personnellement, je trouve ça pénible, et d'une arrogance exaspérante. Au point qu'il m'arrive, comme quand j'étais petite, de vouloir arrêter mon interlocuteur à coups de pelle sur la tête.
 Mais si je le disais à ma sœur, elle se mettrait à pleurer. Alors je garde ça pour moi.


Keiko Furukura est un être à part. Enfant, ses réactions spontanées ont souvent généré le courroux ou l'embarras des adultes. Keiko n'a jamais vraiment compris pourquoi ses proches se faisaient tant de souci pour elle, mais elle a appris à se fondre dans la masse, imitant la façon de se vêtir et les intonations des uns et des autres afin de passer inaperçue. Elle a finalement trouvé une forme d'équilibre en travaillant à temps partiel dans un konbini, l'un de ces petits supermarchés nippons ouverts 24h/24. Dix-huit ans désormais que toute sa vie tourne autour du konbini, et qu'elle enfile chaque matin son uniforme avant de répéter avec dévotion les formules de bienvenue. Le masque de la serveuse modèle a peu à peu phagocyté son être tout entier : même en rêve, elle est une employée parfaite, souriante et efficace...

Mais le célibat de Keiko, qui a désormais 36 ans, et son absence d'ambition professionnelle (comment, avec ses diplômes, peut-elle se satisfaire d'un job d'étudiant ?) interrogent. Les questions se font de plus en plus intrusives... C'est là que surgit la tentation de faire ce que l'on attend d'elle, afin de faire taire les rumeurs et d'être enfin tranquille. Mais cette tentation revêt un visage étrange, très étrange même. Quel sera le choix de Keiko ?

Konbini est un roman original, empreint d'une étrangeté toute nipponne. Dès le début, le quotidien du petit supermarché, décrit avec force détails, revêt une forme de poésie qui éloigne le spectre d'une énumération fastidieuse. Par petites touches délicates, l'auteur parvient réellement à nous faire entendre le « chant du konbini » si cher à Keiko.
Le récit bascule lorsque Keiko entrevoit une possible solution à ses problèmes. Le chant du konbini se fait alors moins prégnant, pour laisser la place à une drôle de réalité "twistée" qui, sans tomber dans le fantastique, fait peu à peu intervenir des éléments absurdes ou le tragi-comiques. Mais le propos ne s'en fait que plus incisif, comme l'a déjà souligné Tom Léo.

Ce roman est une réflexion douce amère sur la différence. Keiko, qui ne fait de mal à personne, dérange parce qu'elle n'entre pas dans l'un des moules dévolus par une société qui se dit moderne mais qui, de fait, perpétue encore et toujours les mêmes modèles archaïques en cantonnant les individus à des rôles bien définis dont il est mal vu de s'émanciper. Avec son air de ne pas y toucher, l'auteur met le doigt sur l'intolérance au quotidien d'une société normative et envahissante, et l'on s'attache à Keiko, cette jeune femme si lucide sur sa solitude et sur le gouffre impossible à combler entre elle et "les autres"...

Merci Tom Léo pour cette belle découverte, j'ai beaucoup, beaucoup aimé cette lecture !


mots-clés : #mondedutravail #social #viequotidienne
par Armor
le Sam 8 Sep - 20:30
 
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Juan Marsé

Des lézards dans le ravin

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 51nw6410

L’histoire se déroule pendant la période franquiste. Le narrateur est l’ enfant que porte « la rouquine » mère de 3 enfants, l’ainé Juan mort dans un bombardement en 1940, David le cadet qui vit actuellement avec elle ; depuis la disparition du père, Victor Bartra. Lequel s’est enfuit précipitamment alors que les policiers venaient l’arrêter, comme c’est le sort, sous ce régime dictatorial, de tous les gens de gauche, les anarchistes… ou soupçonnés de porter ces idéaux.

David est affligé par d’importants acouphènes qu’il contrôle comme il le peut. Mais cet adolescent a aussi une imagination débordante que par contre il ne contrôle pas. Aussi dialogue-t-il avec les vivants et les morts : son père, son frère ainé, le fœtus, le chien Etincelle et même un personnage de pilote sur une affiche.

Ce livre est donc très vivant, par les intéressants et nombreux dialogues.

L’inspecteur de la brigade politico-sociale qui se renseigne, discrètement ou pas, interroge le voisinage et la rouquine sur son mari Victor Bartra déplait à David, aussi ne voit-il pas d’un bon œil tous les petits cadeaux, si difficile à se procurer dans ce temps, que celui-ci fait à sa mère qui les accepte.

C’est souvent un face à face entre l’inspecteur et l’adolescent dont l’insolence n’a de pareille que son imagination.

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Un très bon livre et une belle écriture, pour moi. La période est bien sur intéressante par ce qu’elle représente ; et la difficulté de vivre à Barcelone et plus précisément dans ce quartier est bien rendue.

Extraits :

« Pendant qu’elle s’efforce de frotter le pelage du chien avec une serviette, il y a dans le regard dont elle enveloppe mon frère cette tendresse dont le destin n’a pas voulu qu’elle arrive jusqu’à moi, mais dans mon rêve je perçois pourtant le petit papillon de lumière qui volette dans sa voix :
- Tu ne pourrais pas réfléchir un peu, mon chéri, avant de faire les choses ?
Je suis de cet avis, mon frère.
Toi, je ne te parle pas, avorton, marmonne David en se tournant vers le mur, tête basse. »


« - Mais non, dit la rouquine. Ton père s’est laissé glisser le long de la pente sur les fesses. La malchance a voulu qu’il chope un bout de verre pointu, probablement un éclat de bouteille, et qu’il lui fende la fesse comme si c’était une pastèque, Voilà ce qui s’est passé, ni plus, ni moins.
- Et bien sur avec sa bouteille intacte et à l’abri, il n’aurait plus manqué que ça. Voilà comment ton cher père a quitté la maison. Un bien triste spectacle, mon fils. »


Impertinence de David vis-à-vis de l’Inspecteur de la brigade politico-sociale, Galvan.
« -Nous ne parlons pas de ça. La rouquine n’aime pas ça.
- Comment oses-tu l’appeler comme ça, ta propre mère ?
- Ca lui est égal. – David ébauche un sourire et arque la hanche. – C’est comme un compliment. Mon petit papa l’appel toujours comme ça. »


« Pour tuer l’attente, la rouquine allume une cigarette et ouvre un vieux livre très chéri à couverture dure, un roman que je garde, couvert avec du papier bleu. Elle a toujours aimé lire et elle profite de toutes les occasions de le faire, combien de fois David l’ a-t-il vue debout, son livre ouvert dans une main et une cuillère dans l’autre remuant le pot-au-feu et marmottant du bout des lèvres, attentive à sa lecture et à son fricot comme s’ils faisaient tous deux partie d’un rite, et elle aime aussi mettre des images de couleurs très vives entre les pages pour savoir où elle en est arrivée, et recouvrir ses livres comme on le lui a appris à l’école quand elle était petite. »


« Juan s’assied à califourchon sur la chaise bras pendant par-dessus le dossier, en face du lit de David. Il a la tête bandée et son pantalon déchiré laisse voir sa jambe coupée net sous le genou, mais il n’y a aucune trace de sans sous l’os éclaté. Son écharpe marron e ses vêtements chauds gardent toute la poussière rougeâtre de l’immeuble qui s’est entièrement effondré sur lui un certain jour de mars à midi et il ne fait pas l’âge qu’il avait alors, mais celui qu’il aurait aujourd’hui, vingt ans à peu près.
Tu serais mon frère ainé, se lamente David. Quel dommage.
Ca n’a pas été possible, petit, n’y pense plus.


Le BB a venir : « Je jurerais que cet-après-midi, si elle l’avait pu, en sortant pour aller chez le docteur, elle m’aurait volontiers laissé à la maison. Mais comment le savoir ? A ce moment-là, je me balançais au bord de la vie et à un pas de la mort, dos tourné au monde et sûrement la tête en bas. »

« Elle sait que je l’aime, malgré tout, ajoute papa tout en lavant son mouchoir dans le souvenir d’autres eaux, dans le flot sombre et violent d’autres temps, d’autres amours. La déchirure de son pantalon laisse entrevoir le mauvais aspect de sa blessure.
Tu saignes beaucoup papa, dit David. Ca va s’infecter.
Bêtises. Le sang versé pour la patrie ne s’infecte jamais, il est immunisé contre tous les microbes, parce qu’il est déjà pourri et bien pourri. »


« David et Etincelle, unis par la laisse sous le soleil implacable, se frayant un chemin au milieu d’un essaim d’abeilles, remontent lentement le lit du torrent en avançant sur tuf et décombres, pierres boueuses et langues de sables semblables à des épées, voix de l’eau, présages et intuitions. »

« L’inspecteur le fait taire en le visant de son doigt tendu, sans le moindre signe d’impatience ni dans le geste ni dans la voix :
- L’autre jour, je t’ai prévenu, garçon. Tu te rappelles ce que je t’ai dit ?
- -Oui Bwana. Vous m’avez dit que j’étais sur une mauvaise pente, sussurre David. Mais vous partiez, non ? Ou est-ce que vous avez un mandat de perquisition ?
Sans lever la tête ou à peine il observe le policier qui allume une cigarette avec son briquet Dupont, cling ! «


«- Cette fiche et ce dossier sont une insulte à l’intelligence de mon mari, dit-elle sereinement. A son intégrité morale et à ses idéaux. C’est une farce.
- Bon, à en juger par certains points de sa déclaration, dit l’inspecteur, il faudrait voir qui se moque de qui. Mais laissons cela, Madame Bartra. Je comprends que vous défendiez vos idées…
- Ne vous trompez pas sur mon compte, inspecteur. Je défends mon mari et je respecte son idéal, mais je ne suis pas son porte-voix idéologique, ni le sien, ni celui de personne ; je suis la femme qui élève ses enfants, la couturière, la cuisinière, la souillon. Ca vous semble peu ? »


« -Vous voyez, dit-elle, comme si elle devinait ses pensées. En ce moment même mon mari pourrait être ici avec moi, et pourtant il n’ est pas là, et je ne sais même pas où il se trouve. Mais vous savez quoi ? La nuit, en rêve, quand je tâte son bras pour m’appuyer dessus, je le trouve toujours. »




mots-clés : #famille #fantastique #pathologie #regimeautoritaire #viequotidienne
par Bédoulène
le Dim 26 Aoû - 16:24
 
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Sayaka MURATA

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Konbin10

Konbini

Originale : Japonais, Konbini Ningen (コンビニ人間 ), 2016

CONTENU :
Depuis l'enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. A trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n'a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s'inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille. Est-ce qu’elle va « réussir » à éviter le jugement permanent de la société ? Pour combien de temps…

REMARQUES :
Cela pourrait être perçu comme une «histoire grotesque » : est-il possible de si bien aimer un tout petit métier, justement mal perçu par tellement de monde ? Mais Notre Keiko trouve sécurité, un cadre rassurant dans son travail très rhytmé et formaté. Non, pas juste un oubli de problèmes, mais presque un bonheur, un sens : faire partie d’un ensemble (le roupe du travail) et remplir une fonction à merveille. Elle pense et vit comme employée de « Konbini », ces superettes japonais (et asiatiques), ouvertes 24h sur 24h. Elle a trouvé sa place. Mais les autres ? Ils pensent comment c’est bien possible de trouver dans un tel emploi « minable » une chose satisfaisante. Mais aussi plus : ils ne comprennent pas comment, à 36 ans, elle n’a pas encore de mari ni même une relation sexuelle. Décidemment, Keiko ne rentre pas dans le moule, ni du rôle dans la société, ni des schematas tout prêts des uns et des autres. Mais pourquoi d’autres devraient-ils décider en quoi consisterait une place convénable ?

Keiko n’est pas une révoltée, car au même moment elle fait beaucoup d’efforts à s’adapter dans les plus petits détails aux gestes imposées par le travail, elle veut « rentrer en quelque sorte dans le moule. On parle beaucoup des imitations des autres en paroles et gestes.

Ainsi ce roman en décalage devient aussi une interrogation sur la soi-disante normalité et identité, les rôles qu’on attribue aux uns et aux autres et à soi-même. En échapper ? La tentation de Keiko… Va-t-elle entrer dans une combine pour faire semblant ou entrrer dans le moule ?

On pourrait trouver le roman grotesque, bizarre, drôle, interrogateur, mais il devient encore plus incisif en sachant que l’auteur Sayaka Murata y a mis beaucoup de ses propres expériences. Elle, qui après avoir reçu pour ce roman le prix Akutagawa, est rentrée dans sa superette, où elle travaille depuis 18 ans…

J’ai vraiment aimé ! C’est assez originale » !


mots-clés : #social #viequotidienne
par tom léo
le Dim 19 Aoû - 17:03
 
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William Boyle

Tout est brisé

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 W_boyl10

Tout semble brisé dans la vie d'Erica qui ne peut compter sur l'aide de personne pour s'occuper de son père, tout juste sorti de l'hôpital. Son fils Jimmy, qui arrive à l'improviste après plusieurs années de silence, ne lui offre aucun soulagement car lui-même se sent mal à l'aise face à sa famille dans ce quartier de Brooklyn trop hanté par ses souvenirs. Il prend au contraire une nouvelle fois la fuite pour se réfugier chez des amis, à 80 km de l'Etat de New York, où il se sent plus perdu que jamais. Alors qu'une tempête se prépare, Jimmy appelle sa mère, et Erica n'hésite pas à prendre la route en affrontant les éléments déchaînés pour venir au secours de ce fils devenu sa seule raison de vivre. Et tous deux se retrouvent dans une atmosphère de fin du monde. William Boyle revient ici au décor et aux personnages de Gravesend qu'il évoque avec une mélancolie déchirante, celle-là même que lui inspire Bob Dylan lorsqu'il chante Everything is broken.

Quatrième de couverture.

Pour moi, les bibliothèques sont des lieux où s'incarne souvent la magie d'une rencontre  : je cherchais un livre qui me permette de rester dans le même esprit que ma lecture de Patti Smith et j'ai découvert cet auteur.
Le livre n'est pas optimiste mais on se prend d'affection pour tous ces personnages qui incarnent l'Amérique profonde, celle ou le travail ne garantit rien et où l'absence de travail vous fait perdre tous les repères et parfois aussi votre dignité.
On y croise toute une galerie de caractères dont certains vous resteront en mémoire longtemps, la musique est omniprésente  : Nick Cave - que vous avez cité dans le fil Juke-box - ou Jeff Buckley.

Pour les amateurs d'intrigue, passez votre chemin, il ne se passe rien d'extraordinaire, ici, c'est juste la vie quotidienne de ces hommes et femmes broyés par une société qui n'est guère clémente.

J'ai aimé énormément les accompagner et je suis impatiente de lire les autres écrits de William Boyle.


mots-clés : {#}musique{/#} {#}social{/#} {#}viequotidienne{/#}
par Invité
le Dim 5 Aoû - 15:12
 
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Sujet: William Boyle
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Ludmila Oulitskaïa

Les pauvres parents

Tag viequotidienne sur Des Choses à lire - Page 3 Proxy_26

Malgré ma réserve habituelle face aux nouvelles, j'ai bien aimé ce recueil où coexistent neuf destins de  femmes, dans les appartements communautaires de la fin de l'Union soviétique. Cette unité de lieu donne comme une communauté générale au récit, où l'on retrouve occasionnellement un personnage commun. Chaque histoire s'attache au portrait, tout en tendresse teintée d'humour, d'une femme, frustrée dans son quotidien par cette perte d'intimité, cette promiscuité, cette mesquinerie induites par le régime, mais qui a droit aussi à ses fragilités, et à son originalité.
Églantine, toi qui a été saturée par la profusion de Le Chapiteau vert, pourquoi cela ne te plairait-il pas ?


mots-clés : #intimiste #lieu #nouvelle #solitude #viequotidienne
par topocl
le Ven 6 Juil - 15:18
 
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Sujet: Ludmila Oulitskaïa
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