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Georges Perec

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Message par Bédoulène Dim 4 Déc - 9:00

Georges Perec (1936 – 1982)

Georges Perec Perec10

Georges Perec est un écrivain et verbicruciste français né le 7 mars 1936 à Paris 19e et mort le 3 mars 1982 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Membre de l'Oulipo à partir de 1967, Perec fonde ses œuvres sur l'utilisation de contraintes formelles, littéraires ou mathématiques, qui marquent son style.

Georges Perec se fait connaître dès son premier roman, Les Choses. Une histoire des années soixante (Prix Renaudot 1965) qui restitue l'air du temps à l'aube de la société de consommation. Suivent, entre autres, Un homme qui dort, portrait d'une solitude urbaine, puis La Disparition, où il reprend son obsession de l'absence douloureuse. Ce premier roman oulipien de Perec est aussi un roman lipogrammatique (il ne comporte aucun « e »). Paraît ensuite, en 1975, W ou le Souvenir d'enfance, qui alterne fiction olympique fascisante et écriture autobiographique fragmentaire. En 2012 paraît le roman Le Condottière dont il avait égaré le manuscrit en 1966 pendant un déménagement et qui ne fut retrouvé qu'en 1992, dix ans après sa mort.La Vie mode d'emploi (prix Médicis 1978), dans lequel Georges Perec explore de façon méthodique et contrainte la vie des différents habitants d'un immeuble, lui apporte la consécration.

Bibliographie :

Cliquer ici pour accéder à la bibliographie :

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Bédoulène Dim 4 Déc - 9:02

Georges Perec 51ku7c10

"la vie mode d'emploi" un très bon et long moment de lecture !

Une écriture étonnante, originale que j'aurais regretté de n'avoir connue. Quant à l'histoire, tout simplement la vie des habitants de l'immeuble, habitants qui se sont succédés au fil du temps, depuis la naissance de l'immeuble.

En prologue : le concept du puzzle

Le Peintre Valène décide de créer un grand tableau représentant l'immeuble et tous ceux qui y vivent et un objet, un animal, quelque chose qui leur importe. Foisonnement de vies, de morts qui laissent une empreinte à l'immeuble, à ses habitants. Que de secrets, de joies et de drames, bref la vie dans l'immeuble, immeuble dont le modernisme annonce la disparition prochaine.

L'auteur a construit l'histoire, comme on le fait avec un puzzle, pièce par pièce, en avançant une, puis lui substituant une autre, faisant une pause sur une autre et c'est au fur et à mesure de cette mise en place que le lecteur connait l'origine des nombreux évènements, faits dont il ne connaissait que l'aboutissement.  Les descriptions sont minutieuses, précises, étonnantes (je n'aurais pas cru qu'un immeuble puisse susciter tant d'intérêt chez moi). Les mots me manquent pour expliquer cette écriture. Je lirai un autre livre où j'espère trouver autant de plaisir.

P.S. Je pense qu'il me faudrait faire une relecture car celle-ci date.


mots-clés : #contemporain

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Message par Tristram Dim 29 Oct - 12:50

Oui, il y a quelque chose de fascinant dans ce concept du puzzle, grille de lecture d'une cohérence du monde... comme la révélation de significations subliminales sous la banalité. Me fait penser à Robbe-Grillet _ même époque, peut-être même recherche quelque part, en tout cas même impression de sens sous-jacent.  
Je cherche son livre Penser/ classer (des textes sur ce thème apparemment : ordonner comme un ordinateur, énumération profuse comme déjà chez Rabelais), et en attendant j'ai lu avec intérêt cet article d'Assouline.
Ma fréquentation de Perec remonte assez loin pour que je n'aie pratiquement pas de citations sous la main ! A relire...

« …] à la recherche de moi-même. Entreprise égoïste s'il en fût, mais tout écrivain se doit beaucoup à lui-même. »
Georges Perec, correspondance avec Jacques Lederer (14 juillet 1958)

« Tu traînes, tu traînes, tu traînes. Tu marches. Tous les instants se valent, tous les espaces se ressemblent. Tu n’es jamais pressé, jamais perdu. Tu ne regardes pas l’heure aux horloges. Tu n’as pas sommeil. Tu n’as pas faim. Tu ne bâilles jamais. Tu n’éclates jamais de rire.
Tu ne flânes même plus, puisque seuls peuvent flâner ceux qui volent le temps de le faire, les précieuses minutes qu’ils s’ingénient à gratter sur leurs horaires. »
« L’indifférence n’a ni commencement ni fin : c’est un état immuable, un poids, une inertie que rien ne saurait ébranler. Des messages du monde extérieur parviennent encore sans doute à tes centres nerveux, mais nulle réponse globale, qui mettrait en jeu l’ensemble de l’organisme, ne semble pouvoir s’élaborer. »
Georges Perec, « Un homme qui dort »

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Dim 29 Oct - 14:25

intéressant ; l'auteur a "classé" La vie mode d'emploi en section "romanesque"

Il est plus logique de "penser/classer" que le contraire, sauf si on décide de se moquer de soi-même en se laissant chercher un livre.......................un certain temps Georges Perec 1156247026

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Message par Tristram Dim 29 Oct - 14:55

Oui, j'aime bien ses classements de bibliothèque-"monde de représentation" plus que "mémoire ordonnée" (ça fait aussi penser à Manguel, Borges, à son cabinet d'amateur, cabinets de curiosités, chambres des merveilles, etc.)
Je me demande si penser, ce n'est pas un peu/beaucoup classer, comme nous essayons de ranger sur le forum... informatique. Et comme je n'aime pas les étiquettes réductrices, les petites cases hermétiques, tout ça me tourneboule un peu...

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Message par Tristram Sam 2 Déc - 22:51

« Penser/Classer »

Georges Perec Penser10
Ça y est, je l'ai trouvé... et lu !
Les quatre « champs » de son œuvre, écriture (et énumérations), rangements de bibliothèque, réflexions sur la lecture, sur le souvenir, son analyse psychanalytique, 81 variations de recettes culinaires, de très pertinentes vues toujours d’actualité sur la mode (le diktat de cette manière de paraître), ces treize textes qui gravitent plus ou moins autour de notre façon d’ordonner notre pensée n’ont pas déçu mes attentes. Ils permettent d’approcher mieux l’auteur et ses recherches, et d’aborder des questions (pas toutes sociologiques ou littéraires) qu’en bon lecteur on se pose… Et en plus, c’est plein d’humour.
« Le monde comme puzzle » ‒ ou mosaïque ?

« Comme les bibliothécaires borgésiens de Babel qui cherchent le livre qui leur donnera la clé de tous les autres, nous oscillons entre l’illusion de l’achevé et le vertige de l’insaisissable. Au nom de l’achevé, nous voulons croire qu’un ordre unique existe qui nous permettrait d’accéder d’emblée au savoir ; au nom de l’insaisissable, nous voulons penser que l’ordre et le désordre sont les deux mêmes mots désignant le hasard.
Il se peut aussi que les deux soient des leurres, des trompe-l’œil destinés à dissimuler l’usure des livres et des systèmes.
Entre les deux en tout cas il n’est pas mauvais que nos bibliothèques servent aussi de temps à autre de pense-bête, de repose-chat et de fourre-tout »
« Notes brèves sur l’art et la manière de ranger ses livres »

« …] la mode est entièrement du côté de la violence : violence de la conformité, de l’adhérence aux modèles, violence du consensus social et des mépris qu’il dissimule. »
« La mode accentue l'instable, l'insaisissable, l'oubli : dérision du vécu ramené à des signes dérisoires, aux artifices de la patine et du skaï, à la grossièreté de ses faux-semblants. Dérision d’un vrai lui-même dérisoire, réduit à son squelette frauduleusement authentifié : le petit air vieillot pimpant neuf, la pseudo-imitation du simili-faux strass. Connivence factice, absence de dialogue : on partage la misère d’un code sans substance : le dernier cri.
Le contraire de la mode, ce n’est évidemment pas le démodé ; ce ne peut être que le présent : ce qui est là, ce qui est ancré, permanent, résistant, habité : l’objet et son souvenir, l’être et son histoire. »
« Douze regards obliques »

mots-clés : #essai

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Message par animal Sam 2 Déc - 23:04

Pas mal ces mots sur la mode.

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Message par Tristram Sam 2 Déc - 23:19

Franchement, tout l'article serait à citer (mais pas trouvé en ligne). J'ai lu plusieurs bouquins sur ce sujet, en connexion évidente avec la publicité, qui me sidère aussi.
Pour dire, j'ai déjà flingué des fringues neuves en en ôtant la "griffe"... Impossible pour moi de porter une "marque", un "signe" distinctif...

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Message par Bédoulène Dim 3 Déc - 7:20

merci Tristram pour ton commentaire clair !

pour les fringues flinguées sur que si tu veux ôté le crocodile brodé, par exemple, ça craint ! Smile

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Message par Tristram Dim 20 Jan - 1:11

https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/voisinage-24-georges-perec-voisins-mode-demploi#xtor=EPR-2-[LaLettre15012019]
Une diffusion d'une heure sur La Vie mode d'emploi. Romans, livre (de 700 pages) qui a plu à Bédoulène et beaucoup d'autres lecteurs (dont moi en tout cas).
Perec, écrivain du lieu, de l'espace.
Le personnage de Bartlebooth, mixte de Bartleby (Melville) et Barnabooth (Larbaud) :
Chapitre XXVI a écrit:Imaginons un homme dont la fortune n'aurait d'égale que l'indifférence à ce que la fortune permet généralement, et dont le désir serait, beaucoup plus orgueilleusement, de saisir, de décrire, d'épuiser, non la totalité du monde ‒ projet que son seul énoncé suffit à ruiner ‒ mais un fragment constitué de celui-ci : face à l'inextricable incohérence du monde, il s'agira alors d'accomplir jusqu'au bout un programme, restreint sans doute, mais entier, intact, irréductible.
Bartlebooth, en d'autres termes, décida un jour que sa vie tout entière serait organisée autour d'un projet unique dont la nécessité arbitraire n'aurait d'autre fin qu'elle-même.
Cette idée lui vint alors qu'il avait vingt ans. Ce fut d'abord une idée vague, une question qui se posait ‒ que faire ? ‒ une réponse qui s'esquissait : rien. L'argent, le pouvoir, l'art, les femmes, n'intéressaient pas Bartlebooth. Ni la science, ni même le jeu. Tout au plus les cravates et les chevaux ou, si l'on préfère, imprécise mais palpitante sous ces illustrations futiles (encore que des milliers de personnes ordonnent efficacement leur vie autour de leurs cravates et un nombre bien plus grand encore autour de leurs chevaux du dimanche), une certaine idée de la perfection.
Elle se développa dans les mois, dans les années qui suivirent, s'articulant autour de trois principes directeurs :
Le premier fut d'ordre moral : il ne s'agirait pas d'un exploit, d'un record, ni d'un pic à gravir, ni d'un fond à atteindre. Ce que ferait Bartlebooth ne serait ni spectaculaire ni héroïque ; ce serait simplement, discrètement, un projet, difficile certes, mais non irréalisable, maîtrisé d'un bout à l'autre et qui, en retour, gouvernerait dans tous ses détails la vie de celui qui s'y consacrerait.
Le second fut d'ordre logique : excluant tout recours au hasard, l'entreprise ferait fonctionner le temps et l'espace comme des coordonnées abstraites où viendraient s'inscrire avec une récurrence inéluctable des événements identiques se produisant inexorablement dans leur lieu, à leur date.
Le troisième, enfin, fut d'ordre esthétique : inutile, sa gratuité étant l'unique garantie de sa rigueur, le projet se détruirait lui-même au fur et à mesure qu'il s'accomplirait ; sa perfection serait circulaire : une succession d'événements qui, en s'enchaînant, s'annuleraient : parti de rien, Bartlebooth reviendrait au rien, au travers des transformations précises d'objets finis.
Ainsi s'organisa concrètement un programme que l'on peut énoncer succinctement ainsi :
Pendant dix ans, de 1925 à 1935, Bartlebooth s'initierait à l'art de l'aquarelle.
Pendant vingt ans, de 1935 à 1955, il parcourrait le monde, peignant, à raison d'une aquarelle tous les quinze jours, cinq cents marines de même format (65 X 50, ou raisin) représentant des ports de mer. Chaque fois qu'une de ces marines serait achevée, elle serait envoyée à un artiste spécialisé (Gaspard Winckler) qui la collerait sur une mince plaque de bois et la découperait en un puzzle de sept cent cinquante pièces.
Pendant vingt ans, de 1955 à 1975, Bartlebooth, revenu en France, reconstituerait, dans l'ordre, les puzzles ainsi préparés, à raison, de nouveau, d'un puzzle tous les quinze jours. A mesure que les puzzles seraient réassemblés, les marines seraient « retexturées » de manière à ce qu'on puisse les décoller de leur support, transportées à l'endroit même où - vingt ans auparavant - elles avaient été peintes, et plongées dans une solution détersive d'où ne ressortirait qu'une feuille de papier Whatman, intacte et vierge.
Aucune trace, ainsi, ne resterait de cette opération qui aurait, pendant cinquante ans, entièrement mobilisé son auteur.
A noter que ce type de performance a eu de l'avenir !
Perec, écrivain du manque.
Un homme qui dort, ou la dépression.
Je m'avise que La Vie mode d'emploi, ce "romans" potentiel oulipien (publié en 1978 suite à une dizaine d'années de maturation) renvoie (selon moi) à Marelle de Cortázar (1963), et qu'il est peut-être dans les racines de L'Invention du monde d'Olivier Rolin (1993).
Et n'oublions pas que c'est Perec qui a écrit Les Choses !

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Message par Bédoulène Dim 20 Jan - 8:10

merci Tristram ! (encore des lectures à faire avec Cortazar et Rolin)

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Message par Tristram Dim 20 Jan - 12:00

(Je recommanderais surtout le Cortázar.)

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Message par Tristram Lun 22 Juil - 1:11

Les choses, c'est-y pas pour nous, ça ?!
https://www.franceculture.fr/litterature/feuilletez-les-choses-avec-les-oreilles?xtor=EPR-3
Sous-titré Une histoire des années 60 :
"c'était pour ces saumons, pour ces tapis, pour ces cristaux que, vingt-cinq ans plus tôt, un employé et une coiffeuse les avaient mis au monde."
Cherchez l'erreur, le progrès, tout ça... et on pense aux descriptions du nouveau roman (Robbe-Grillet !)
Toute une balade sociologique... et historique... et, toujours, la quête du (faux) bonheur :
"Ils étaient ce petit point scintillant sur la longue route noire. Ils étaient un petit îlot de pauvreté sur la grande mer d’abondance. Ils regardaient autour d’eux les grands champs jaunes avec les petites taches rouges des coquelicots. Ils se sentaient écrasés."

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Message par Bédoulène Lun 22 Juil - 7:55

? mettre au monde qui ? quoi ? pour avoir des saumons, des tapis ? Georges Perec 2042282828

en survolant j'ai bien compris qu'il s'agissait de la consommation, surconsommation

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Message par Invité Mar 26 Nov - 20:55

Les choses : une histoire des années soixante

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Les choses , c'est l'histoire - un peu autobiographique - de l'écrivain, un jeune couple, les années 60, une certaine définition du bonheur...

Ce bonheur que ne semble devoir s'acquérir qu'avec de l'argent, beaucoup d'argent afin d'être "large" et de ne pas craindre d'en manquer.
Ce n'est pas une critique de la société de consommation telle qu'elle commence à apparaître dans ces années, plutôt le constat d'une attitude, d'un état de fait d'une génération, l'argent devient disponible pour davantage que la survie, il peut permettre d'acquérir ces choses destinées à apporter le bonheur, du moins dans l'imaginaire des gens.
Concilier profession, rêves à réaliser, mode de vie désiré, rien n'est facile, finalement.
Et puis, un changement de vie, le désir de s'affranchir des ces désirs qu'on n'assouvit pas et qui restent seulement des rêves : le départ pour Sfax, et une vie toute en simplicité, toute en retenue, une vie qui ralentit , sans frénésie. Et si le bonheur résidait dans cette simplicité, justement, dans cette absence de course ?

Pourtant ce jeune couple choisira de rentrer en France...

Juste une question après avoir refermé ce récit : "être" ensemble, n'était-ce pas suffisant pour parler de bonheur ? Faut-il toujours vivre dans l'agitation, même seulement celle de l'imagination ?



ils rêvaient de vivre à la campagne, à l'abri de toute tentation. Leur vie serait frugale et limpide. Ils auraient une maison de pierres blanches, à l'entrée du village, de chauds pantalons de velours côtelé, des gros souliers, un anorak, une canne à bout ferré, un chapeau, et ils feraient chaque jour de longues promenades dans les forêts. Puis ils rentreraient, ils se prépareraient du thé et des toasts, comme les Anglais, ils mettraient de grosses bûches dans la cheminée; ils poseraient sur le plateau de l'électrophone un quatuor qu'ils ne se lasseraient jamais d'entendre, ils liraient les grands romans qu'ils n'avaient jamais eu le temps de lire, ils recevraient leurs amis.


Dernière édition par kashmir le Mer 27 Nov - 22:19, édité 1 fois

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Message par Bédoulène Mar 26 Nov - 21:12

merci kashmir (je n'ai lu que la vie mode d'emploi)

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Message par Tristram Ven 6 Mar - 1:21

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/les-50-choses-ne-pas-oublier-de-faire-avant-de-mourir-selon
24' ; touchant ; instructif, sur Perec comme sur l'époque ; et en plus on (tou.te.s) partage sûrement plusieurs de ses projets-rêves !

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Message par Tristram Ven 8 Oct - 20:09

Le Condottière

Georges Perec Le_con13

Gaspard Winckler, le narrateur, vient d’égorger Anatole Madera, et on découvre son histoire peu à peu, au gré de ses pensées. C’est un contrefacteur expérimenté, qui cependant échoue à restituer Le Condottière, tableau d’Antonello de Messine, et on suit ses interrogations existentialistes de faussaire piégé dans le faux, qui ne parvient à débrouiller ses motivations que progressivement (idem pour le lecteur, d’où l’impression d’enquête) ; il y a aussi une pérégrination mondiale pour étudier son sujet (Dampierre, Split, Genève, Gstaad, Altenberg, etc.), Jérôme qui l’initia (et derrière lui Rufus, Otto, Nicolas et enfin Madera, le commanditaire), sa liaison avec Mila, puis avec Geneviève, ses confidences au mystérieux Streten, autant de vagues pistes tandis qu’il tente d’analyser sa démarche : égaler la triomphale maîtrise d’Antonello (et de son modèle), créer un chef-d’œuvre, devenir lui-même.
« Jusqu’alors, j’avais toujours travaillé comme n’importe quel faussaire, comme Van Meegeren, Icilio ou Jérôme. Je prenais trois ou quatre tableaux de n’importe qui, je choisissais un peu partout des éléments, je remuais bien, et je construisais un puzzle. Mais pour Antonello, ça ne marchait pas. […]
…] je n’avais aucun point de départ pour un puzzle ; j’avais un portrait, un seul, et les autres, à côté de lui, n’étaient guère que comme des esquisses, des préparations. Ça annonçait le Condottière et c’est tout. Je ne pouvais pas faire un puzzle… […]
J’ai eu cette idée… faire moi-même, en partant du Condottière, un autre Condottière, différent, au même niveau. »

« …] ça ne veut rien dire, vivre, quand on est faussaire. Ça veut dire vivre avec les morts, ça veut dire être mort, ça veut dire connaître les morts, ça veut dire être n’importe qui, Vermeer, Chardin. »
Des traits personnels de Perec transparaissent dans son personnage, ou au moins ses préoccupations littéraires : outre le puzzle, la compulsion d’accumuler les artistes du passé, de les répéter en les plagiant, des pastiches comme autant de masques.
L’histoire de cette novella bâtie comme un polar, un des premiers romans de Perec, un temps perdue et publiée trente ans après sa mort, est fort intéressante de la façon dont la rapporte en préface Claude Burgelin, expert perécien (même si elle reste en-deçà de celle de l'Histoire de ma vie de Casanova).

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par bix_229 Ven 8 Oct - 21:07

Ne pas oublier "Je me souviens", meme si les souvenirs de Perec ne recoupent pas ceux des lecteurs
d'autres époques que la sienne. C'est joliment écrit.
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Message par Tristram Ven 12 Nov - 11:57

Espèces d'espaces

Georges Perec Espzoc10

Réflexions sur les espaces, surtout l’habitat, tout particulièrement urbain, de celles qui mèneront à La vie, mode d’emploi.
Non sans poésie, énumérations, inventaires, et mémoire :
« L’espace ressuscité de la chambre suffit à ranimer, à ramener, à raviver les souvenirs les plus fugaces, les plus anodins comme les plus essentiels. »

« Longtemps je me suis couché par écrit
Parcel Mroust »

« Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. »
Perec propose une méthode d’observation de l’environnement quotidien pour enfin le voir (pratiquement la même que je mets en application en forêt).
Et fait quelques remarques fort justes :
« J’ai mis le tableau sur le mur pour oublier qu’il y avait un mur, mais en oubliant le mur, j’oublie aussi le tableau. Il y a des tableaux parce qu’il y a des murs. Il faut pouvoir oublier qu’il y a des murs et l’on n’a rien trouvé de mieux pour ça que les tableaux. Les tableaux effacent les murs. Mais les murs tuent les tableaux. »

\Mots-clés : #essai

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