Romain Rolland
Page 1 sur 1 • Partagez
Romain Rolland
Biographie :
Bibliographie :Issu d’une famille de notaires, Romain Rolland compte dans son ascendance des paysans et des bourgeois aisés. Il fréquente le collège de Clamecy de 1873 à 1880, date à laquelle sa famille s'installe à Paris1. Il suit alors les cours du lycée Saint-Louis puis du lycée Louis-le-Grand. En 1886, il est reçu à l’École normale supérieure, où il se lie avec André Suarès et Paul Claudel. Il est agrégé d'histoire en 1889.
Il passe ensuite deux ans à Rome, de 1889 à 1891, comme membre de l’École française de Rome, où sa rencontre avec Malwida von Meysenbug – qui avait été l’amie de Nietzsche et de Wagner – ainsi que la découverte des chefs-d’œuvre de l’art italien, sont décisives pour la construction de sa pensée. À son retour en France en 1892, il s’installe à Paris, épouse Clotilde Bréal et rassemble de la documentation pour ses thèses de doctorat. Les années suivantes, il enseigne l’histoire aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand. En 1895, il obtient son doctorat de lettres en soutenant une thèse sur « Les origines du théâtre lyrique moderne. Histoire de l’opéra en Europe avant Lulli et Scarlatti »2. Il est chargé de cours d’histoire de l’art à l’École normale supérieure. En 1900, il organise à Paris le premier congrès d’histoire de la musique3.
En 1901, il divorce et s’installe seul au 162, boulevard du Montparnasse à Paris (sur l'immeuble à cette adresse est aujourd'hui apposée une plaque commémorative). À partir de 1904, il enseigne l’histoire de la musique à la Sorbonne et dirige brièvement en 1911 la section musicale de l'Institut français de Florence4. Son roman-fleuve Jean-Christophe, publié de 1904 à 1912, lui apporte la notoriété. En 1912, il démissionne de la Sorbonne pour se consacrer uniquement à son œuvre littéraire.
GuerreEn avril 1922, Romain Rolland s’installe en Suisse, à Villeneuve, au bord du Léman. Quoique de santé fragile, il continue à travailler à son œuvre littéraire, voyage en Europe, et entretient un très vaste réseau de correspondance avec des intellectuels du monde entier. Depuis 1906, et jusqu’à sa mort, il est en relations épistolaires et amicales avec Alphonse de Châteaubriant, malgré d'importantes divergences politiques. Il entretient également une correspondance avec Louis Aragon, Hermann Hesse, Richard Strauss, André Suarès, Stefan Zweig, Alain (Émile-Auguste Chartier), René Arcos, Paul Claudel et Jean Guéhenno jusqu’à sa mort, en 1944.
- Spoiler:
Romain Rolland est en Suisse lors de la déclaration de la Première Guerre mondiale. Un bref instant il se déclare en faveur de la guerre contre l'Allemagne5, mais il comprend très vite qu’elle est un « suicide » de l’Europe. Bouleversé à l’idée du déclin de l’Europe et n’étant pas mobilisable du fait de son âge (48 ans), il décide de ne pas quitter la Suisse. Outre son engagement au sein de la Croix-Rouge, domiciliée à Genève, il y demeure aussi afin de pouvoir librement diffuser ses œuvres. La plus célèbre est son appel pacifiste de 1914, Au-dessus de la mêlée, paru dans le Journal de Genève. Romain Rolland y condamne la violence. Restant « au-dessus de la mêlée », Rolland veut agir aussi bien vis-à-vis de la France que de l’Allemagne. En raison de ses idées, il est considéré par certains (fervents nationalistes ou non) comme un traître à son pays. Outre-Rhin en revanche, il passe presque inaperçu.
Cependant, la publication de ses articles, à Paris, a eu un large écho pendant la seconde moitié de la guerre : ils sont traduits en plusieurs langues — sauf en allemand. En novembre 1916, l'Académie suédoise décide de décerner à Romain Rolland le Prix Nobel de littérature de 1915, « comme un hommage à l’idéalisme de sa production littéraire et à la sympathie et l’amour de la vérité avec laquelle il a décrit les différents types d’êtres humains. »
Pour avoir critiqué les deux camps à propos de leur désir de poursuivre la guerre, de leur volonté d’obtenir une victoire destructrice, Rolland devient une figure non seulement du mouvement pacifiste international, mais aussi du mouvement de la Troisième internationale, aux côtés entre autres d'Henri Guilbeaux. En mai 1917, il adresse aux Russes un salut et une mise en garde :
« Que votre Révolution soit celle d’un grand peuple, sain, fraternel, humain, évitant les excès où nous sommes tombés ! »
En 1919, il rédige un manifeste et invite tous les travailleurs de l'esprit à le signer. Ce texte, la Déclaration de l'indépendance de l'Esprit, cherche à tirer les leçons de la guerre, en définissant une voie libre au-delà des nations et des classes.
À compter de 1923, et jusqu’en 1936, il entretient une discussion avec Sigmund Freud sur le concept de sentiment océanique que Romain Rolland puise dans la tradition indienne qu’il étudie alors avec ferveur7. La même année, il préside à la fondation de la revue Europe, avec des membres du groupe de l'Abbaye, notamment René ArcosN 1.
Madeleine Rolland, sa sœur qui parle anglais (elle est agrégée d'anglais en 1901 et traductrice), lui permet de rentrer en contact avec Gandhi et Rabindranath Tagore8. En 1924, son livre sur Gandhi contribue beaucoup à faire connaître ce dernier (qu’il rencontrera à Villeneuve en 1931), et son engagement pour la non-violence. Par l’entremise du poète hondurien Froylán Turcios, il entretient des relations avec Augusto Sandino, qui dirigeait alors une guérilla contre l'occupation du Nicaragua par les États-Unis9.
PolitiqueEn mai 1938, Rolland quitte la Suisse pour aller s’établir à Vézelay en Bourgogne. En 1939 il préside le Comité mondial contre la guerre et le fascisme avec Paul Langevin. Sa maison de Vézelay se situe en zone occupée en 1940. Pendant l’Occupation, Romain Rolland garde le silence et poursuit son travail. Il reçoit en février-mars 1940 Jean-Richard et Marguerite Bloch, en septembre 1941 le jeune juif résistant Elie Walach, Paul Éluard et sa femme, Nusch, en février-mars 1942 ou encore Charles Vildrac et René Arcos. Il tient son Journal, publié en 2012, et termine en 1940 ses Mémoires. Il met également une touche finale à ses recherches musicales sur Beethoven. Enfin, il écrit Péguy, paru en 1945, dans lequel ses souvenirs personnels éclairent la réflexion d’une vie sur la religion et le socialisme.
- Spoiler:
Cependant, Romain Rolland finit par se détourner de la non-violence, qui n’apporte pas de remède à la montée des fascismes en Europe (fascisme en Italie, nazisme en Allemagne, franquisme en Espagne…). À partir du milieu des années 1920, il s’engage en faveur de la défense de l’URSS, et d’autant plus lorsqu’Hitler arrive au pouvoir en Allemagne (30 janvier 1933). Cet engagement va de pair avec un « investissement soviétique dans la personne de Romain Rolland, intellectuel renommé, compagnon de route assumé qui salue puis cautionne la politique menée par l’URSS », investissement « utile à sa diplomatie culturelle ». « Son rayonnement est aussi un canal privilégié, pour diffuser la littérature soviétique à l’étranger »
En 1934, Romain Rolland épouse Maria Cuvilier (ru) (citoyenne russe née le 21 mai 1895 à Saint-Petersbourg, de mère suisse, devenue Koudacheva après son mariage en 1916 avec le comte Koudachev, mort en 1919). L’origine de l’implication de Maria Koudacheva, la volonté ou non des autorités soviétiques de placer une femme d’influence auprès de lui, sont sujets de polémiques dès la fin des années 1920, sous la plume de Panaït Istrati, qui la traite de « moucharde », de Georges Duhamel ou d’Henri Guilbeaux, poète pacifiste devenu très anticommuniste. Il accomplit avec elle un voyage à Moscou en 1935, à l’invitation de Gorki. Au cours de ce périple, il rencontre Staline. Il est l’un des fondateurs du mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel, dans lequel le Parti communiste et par delà l'Internationale communiste jouent un rôle de premier plan face à la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne. Jusqu’à la fin des années 1930, Romain Rolland « sera toujours davantage contacté pour signer des appels dans lesquels la défense de l’URSS se lie à la dénonciation du fascisme ou à des campagnes internationalistes »
Il est aussi un compagnon de route des débuts du Front populaire : une grande fête est organisée à la Mutualité pour fêter ses soixante-dix ans, le 31 janvier 1936. Michel Winock fait de cet événement « l'acte de naissance du Front populaire » ; ensuite, sa pièce de théâtre Le 14 juillet est rejouée au théâtre de l'Alhambra à Paris, dans ce contexte, en juillet 1936. Sa participation aux articles de presse et comités antifascistes est remarquablement active dans la période : Il participe activement à la revue Commune
Romain Rolland s’est engagé en faveur de l’URSS sans être totalement dupe de la manière dont il est utilisé par le régime soviétique. Il montre peu à peu de la lassitude devant ces constantes sollicitations. Selon l'historienne Sophie Cœuré, « il est clair que la tension entre la posture publique de fidélité à l’URSS et les doutes privés exprimés dans certaines correspondances ou dans le journal, s’enracine au moins pour partie dans sa situation personnelle »10. La famille de Maria Koudacheva est restée en URSS et l’écrivain « est pris à sa manière dans l’intrication forcée entre vie publique et vie privée, qui caractérise l’époque stalinienne »10. Les procès de Moscou (août 1936 - mars 1938), puis le pacte germano-soviétique en août 1939, le convainquent de s’éloigner de l’action politique. Sa déception envers le régime soviétique, manifeste notamment dans ses correspondances, n’ira cependant pas « publiquement plus loin que sa démission de la présidence des Amis de l’URSS en 1939, après le pacte germano-soviétique »
Romain Rolland meurt à Vézelay le 30 décembre 1944. Madeleine Rolland, sa sœur et sa femme passent leurs dernières années ensemble.
Amour d'enfants (1888).
Les Baglioni (1891). Rédaction. Pièce restée inédite du vivant de l'auteur.
Empédocle (1891). Rédaction. Pièce restée inédite du vivant de l'auteur.
Orsino (1891). Rédaction. Pièce restée inédite du vivant de l'auteur.
Le Dernier Procès de Louis Berquin (1892).
Les Origines du théâtre lyrique moderne (1895). Thèse érudite et un travail approfondi récompensé par un prix de l'Académie française.
Histoire de l'opéra avant Lully et Scarlatti (1895). Thèse de son doctorat ès lettres2, prix Kastner-Boursault de l'Académie française en 1896.
Cur ars picturae apud Italos XVI saeculi deciderit (1895). Thèse latine sur le déclin de la peinture italienne au cours du xvie siècle.
Saint-Louis (1897).
Aërt (1897). Drame historique et philosophique.
Les Loups (1898). Drame historique et philosophique.
Le Triomphe de la raison (1899). Drame historique et philosophique.
Danton (1899). Drame historique et philosophique.
Le Poison idéaliste (1900).
Les Fêtes de Beethoven à Mayence (1901).
Le Quatorze Juillet (1902). Drame historique et philosophique.
Jean-François Millet (1902).
Vie de Beethoven (1903).
Le temps viendra (1903).
Le Théâtre du peuple (1903).
La Montespan (1904). Drame historique et philosophique.
Jean-Christophe (1904-12). Cycle de dix volumes répartis en trois séries, Jean-Christophe, Jean-Christophe à Paris17 et La Fin du voyage, publiés dans les Cahiers de la Quinzaine
L'Aube (1904). Premier volume de la série Jean-Christophe
Le Matin (1904). Deuxième volume de la série Jean-Christophe
L'Adolescent (1905). Troisième volume de la série Jean-Christophe
Vie de Michel-Ange (1905). lire en ligne [archive] sur Gallica
La Révolte (1906-1907). Quatrième volume de la série Jean-Christophe
Musiciens d'aujourd'hui (1908). Compilation d'articles et études sur la musique.
Musiciens d'autrefois (1908). Compilation d'articles et études sur la musique.
La Foire sur la place (1908). Premier volume de la série Jean-Christophe à Paris
Antoinette (1908). Deuxième volume de la série Jean-Christophe à Paris
Dans la maison (1908). Troisième volume de la série Jean-Christophe à Paris
Haendel (1910).
Les Amies (1910). Premier volume de la série La Fin du voyage
Vie de Tolstoï (1911).
Le Buisson ardent (1910). Deuxième volume de la série La Fin du voyage
La Nouvelle Journée (1912). Troisième volume de la série La Fin du voyage
L'Humble Vie héroïque (1912).
Au-dessus de la mêlée (1915). Manifeste pacifiste. lire en ligne [archive] sur Gallica
Salut à la révolution russe (1917).
Pour l'internationale de l'Esprit (1918).
Empédocle ou L'Âge de la haine (1918).
Colas Breugnon (1919). Récit bourguignon. Inspira plus tard un opéra de Dmitri Kabalevski (1937, révisé 1967–1968).
Pour l'internationale de l'Esprit (1919)
Liluli (1919). Illustrée avec les bois originaux de Frans Masereel
Déclaration de l'indépendance de l'Esprit, manifeste (1919)
Les Précurseurs (1919).
Clerambault (1920).
Pierre et Luce (1920). lire en ligne [archive] sur Gallica
Pages choisies (1921).
La Révolte des machines (1921), copie de l'édition de 194718.
Annette et Sylvie (1922). Tome I de L'Âme enchantée.
Les Vaincus (1922).
L'Été (1923). Tome II de L'Âme enchantée.19.
Mahatma Gandhi (1924). lire en ligne [archive] sur Gallica
Le Jeu de l'amour et de la mort (1924).
Pâques fleuries (1926).
Mère et fils (1924). Tome III de L'Âme enchantée.
Les Léonides (1928).
De l'Héroïque à l'Appassionata (1928).
Essai sur la mystique de l'action (1929).
L'Inde vivante (1929).
Vie de Ramakrishna (1929).
Vie de Vivekananda (1930).
L'Évangile universel (1930).
Goethe et Beethoven (1930).
L'Annonciatrice (1933). Tome IV de L'Âme enchantée.
Quinze ans de combats (1935).
Compagnons de route (1936).
Beethoven, Les grandes époques créatrices : Le Chant de la Résurrection (1937).
Valmy (1938). Traduit en allemand par Hilde Wertheim (Autriche), avec des illustrations d'après des dessins de Jean Trubert20.
Les Pages immortelles de J.-J. Rousseau (1938).
Robespierre (1939). Drame historique et philosophique.
Le Voyage intérieur (1942).
La Cathédrale interrompue (1943-45). 3 volumes : 1. La Neuvième Symphonie (1943) ; 2. Les Derniers Quatuors (1943) ; 3. Finita Comœdia (1945, posthume)
Péguy (1945).
Lettres inédites de Romain Rolland, présentées par Adrienne Lautère, in L'Âge nouveau, Idées, Lettres, Arts no 35, mars 1949.
Inde : journal 1915-1943, Tagore, Gandhi, Nehru et les problèmes indiens, Paris, Éditions Vineta, 1951, 457 p.
Correspondance Richard Strauss et Romain Rolland, Paris, Albin Michel, 1951.
Journal des années de guerre, 1914-1919, Paris, Éditions Albin Michel, 1952, 1908 p.21.
Mémoires et fragments du Journal, Paris, Albin Michel, 1956, 333 p.
Correspondance (1894-1901) entre Romain Rolland et Lugné-Poe, Paris, L'Arche, 1957, édition présentée avec une introduction et des notes par Jacques Robichez, ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
Chère Sofia : choix de lettres de Romain Rolland à Sofia Bertolini Guerrieri-Gonzaga, Paris, Albin Michel, 1960.
Gandhi et Romain Rolland, Correspondance extraits du Journal et textes divers, Paris, Albin Michel, 1969, 489-[5] p.
Hermann Hesse et Romain Rolland, D'une rive à l'autre : correspondance, Paris, Albin Michel, 1972.
L'indépendance de l'esprit Correspondance avec Jean Guéhenno, 1919 à 1944, Paris, Albin Michel, 1975, 435 p.
Correspondance Sigmund Freud et Romain Rolland, 1923-1936 par Henri Vermorel et Madeleine Vermorel, Paris, PUF, 1993.
Correspondance (1916-1944) entre Romain Rolland et Charles Baudouin, une si fidèle amitié, Blum A. (édit.), Lyon, Césura, 2000.
Une amitié perdue et retrouvée : correspondance de Paul Claudel et Romain Rolland, édition établie, annotée et présentée par Gérald Antoine et Bernard Duchatelet, Paris, Gallimard, 2005, coll. « Les Cahiers de la NRF » (ISBN 2-07-077557-7).
Journal de Vézelay 1938-1944, Jean Lacoste (ed.), Paris, Éditions Bartillat, 201222.
Romain Rolland-Stefan Zweig. Correspondance 1910-1919, Paris, Albin Michel, 2014, édition établie, présentée et annotée par Jean-Yves Brancy. Traduction des lettres allemandes par Siegrun Barat.
Liluli, suivi de La Révolte des Machines (rééd.), illustrés avec les bois originaux de Frans Masereel, Montreuil, Le Temps des cerises, 2015, 253 p.
Romain Rolland-Stefan Zweig. Correspondance 1920-1927, Paris, Albin Michel, 2015, édition établie, présentée et annotée par Jean-Yves Brancy. Traduction des lettres allemandes par Siegrun Barat.
Correspondance entre Romain Rolland et Aragon (1932-1944), établie, annotée et présentée par Dominique Massonnaud, Annales SALAET, no 17, Paris, Éditions Aden, 2015.
Romain Rolland-Stefan Zweig. Correspondance 1928-1940, Paris, Albin Michel, 2016. Prix Sévigné de la correspondance 2017, édition établie, présentée et annotée par Jean-Yves Brancy. Traduction des lettres allemandes par Siegrun Barat.
Une amitié européenne. Romain Rolland et Malwida von Meysenbug. Correspondance 1890-1903. Édition établie, présentée et annotée par Wolfgang Kalinowsky, 3 volumes, 2016, 1972 p.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Romain Rolland
Colin Breugnon
Romain Rolland est connu pour son roman-fleuve, Jean-Christophe et pour Au-dessus de la mêlée texte engagé en faveur du pacifisme et qui lui valu de vives oppositions au début de la guerre de quatorze… Mais avec Colas Breugnon, Romain Rolland semble s’éloigner de son époque tant par le ton que par l’esprit (pour l’esprit pas tant que cela en fait) et ce récit, aux allures gauloises ou rabelaisiennes, fait ― à priori ― l’effet d’une plaisanterie un peu éculée. L’intérêt du roman tient aux prouesse de cette écriture un peu particulière ― une prose rimée, ou faite de vers blancs ― qui révèle un Colas Breugnon plus attachant et plus profond au fur et à mesure. Lyrique à sa manière, lorsqu’il parle du grillon ivre ou des maisons qui baillent, mais aussi de ce bonheur conscient, et même grave, du fait d’être en vie. À plusieurs occasions Colas exprime des revendications anarchisantes, ou doit prouver son intégrité, lorsque des calamités humaines ou non-humaines, menacent l’existence des clamecycois. Il y a, au final, une forme d’engagement dans Colas Breugnon, porté par ces petites phrases qui s’accumulent comme des vaguelettes, pour varier ses effets, renchérir. Le rythme est assez Célinien : trois détails, une remarque bien placée (éventuellement un commentaire entre parenthèses), dix manières de parler d’une même chose, d’en rajouter, pour le plaisir de la langue. À cette ironie franche, Colas mêle plusieurs nuances de verdeurs ainsi qu’une certaine amertume, mais c’est toujours cette gaieté communicative, salvatrice, qui reprend le dessus en dernier ressort.
Romain Rolland est connu pour son roman-fleuve, Jean-Christophe et pour Au-dessus de la mêlée texte engagé en faveur du pacifisme et qui lui valu de vives oppositions au début de la guerre de quatorze… Mais avec Colas Breugnon, Romain Rolland semble s’éloigner de son époque tant par le ton que par l’esprit (pour l’esprit pas tant que cela en fait) et ce récit, aux allures gauloises ou rabelaisiennes, fait ― à priori ― l’effet d’une plaisanterie un peu éculée. L’intérêt du roman tient aux prouesse de cette écriture un peu particulière ― une prose rimée, ou faite de vers blancs ― qui révèle un Colas Breugnon plus attachant et plus profond au fur et à mesure. Lyrique à sa manière, lorsqu’il parle du grillon ivre ou des maisons qui baillent, mais aussi de ce bonheur conscient, et même grave, du fait d’être en vie. À plusieurs occasions Colas exprime des revendications anarchisantes, ou doit prouver son intégrité, lorsque des calamités humaines ou non-humaines, menacent l’existence des clamecycois. Il y a, au final, une forme d’engagement dans Colas Breugnon, porté par ces petites phrases qui s’accumulent comme des vaguelettes, pour varier ses effets, renchérir. Le rythme est assez Célinien : trois détails, une remarque bien placée (éventuellement un commentaire entre parenthèses), dix manières de parler d’une même chose, d’en rajouter, pour le plaisir de la langue. À cette ironie franche, Colas mêle plusieurs nuances de verdeurs ainsi qu’une certaine amertume, mais c’est toujours cette gaieté communicative, salvatrice, qui reprend le dessus en dernier ressort.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Romain Rolland
merci Dreep
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Romain Rolland
Voilà encore un auteur qui manquait sur le forum (mais, à vrai dire, je ne l'ai guère lu...)
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|