Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Le deal à ne pas rater :
Aliexpress : codes promo valables sur tout le site
Voir le deal

Raymond Queneau

Page 2 sur 3 Précédent  1, 2, 3  Suivant

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Ven 18 Jan - 20:31

Les Enfants du limon
Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Les_en10


@Arturo : la notice de la Pléiade (de même que les notes laissées par Queneau) confirme que le titre renvoie à Le Christ aux oliviers de Nerval, et à la Genèse, 11, 7 : « L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre » (en latin, « de limo terrae »)…

Où l’on retrouve Bébé Toutout, le nain malveillant de Le Chiendent, en la personne de son émule, le petit démon Purpulan, partenaire obligé de Chambernac, compilateur des « fous littéraires » (une étude que l’auteur recycle !)
« Il concevait maintenant son grand ouvrage non plus comme un chapelet de notices présentées dans un désordre alphabéto-cahotique, mais comme une œuvre ordonnée dont il savait même le titre. Il écrirait une encyclopédie des sciences inexactes. Le sous-titre serait : Aux confins des ténèbres. »

« Purpulan courba gentiment la tête, puis se penchant dans la direction de l’oreille chambernacienne la plus proche de lui souffla dedans ces mots : "Monsieur Chambernac, je suis sur le point de découvrir la quadrature du cercle." Le proviseur ouvrit la goule comme un poisson sur un étal au marché, joignant à sa surprise tout humaine la mutité de cet animal. »
L’autre fil du roman, c’est la famille Limon. J’ai bien un peu confondu Astolphe, fils de Jules-Jules Limon, et son ami Arnolphe, mais ce n’est pas trop gênant, l’intrigue ou "action" me semblant généralement secondaire voire superflue, ce qui n’est peut-être pas totalement faux avec Queneau. Il me suffit de "sentir" un sens général, ou au moins une volonté de faire sens, dans la trame du récit pour m’en contenter ‒ et c’est bien pratique avec ce livre étonnant, occasion de délicieux dialogues populaires comme d’une érudition loufoque ; mathématiques, considérations sur le mot coton, cosmogonies farfelues du XIXe et symbolisme solaire avoisinent religion (le mal comme une volonté du Dieu de la Bible), psychanalyse œdipienne des rapports d’identification au père, et politique (« la N.S.C, la nation sans classes »)…
« Pour Pandroche la politique consistait à peu près uniquement dans une connaissance approfondie et presque toujours prétendue de la vie privée de ses adversaires. C’était un spécialiste de la diffamation. Il savait que X… avait, comme tous les étudiants, volé des livres chez des libraires du Quartier latin. Il savait que Y… avait été surpris par un garde-champêtre en train de baiser une fille dans un bois. Il savait que Z… avait un frère qui se faisait flageller dans un bordel de la rue des Martyrs. La substance de ses articles s’épaississait de la répétition obstinée de ces histoires. De son passage chez les anarchos il subodorait partout la police et son flair était si puissant qu’ayant les narines pleines du fumet d’innombrables hambourgeois [ou "en-bourgeois" : policiers en civil], il n’en dépistait pas moins le juif. »
Queneau fait partie des écrivains de la profusion imaginative, les baroques continuateurs de Rabelais et Cervantès, et ici on pense surtout à Bouvard et Pécuchet : trouvailles en tous genres, notamment de mise en page, listes, permutations de registres, etc.
Limon père est mort en tombant d’un avion, ce qui rappelle Le vol d’Icare (qui viendra trente ans plus tard) ; il y a décidément une cohérence cachée dans l’œuvre de Queneau, et elle le reste essentiellement pour moi…
Quelques extraits en vrac, puisque, de toute façon, il ne s’agit pas de littérature de l’ordre…
« Le seul contact véritable entre l’homme et la nature, c’est la science, la science qui transforme et qui détruit, la science qui rend habitable un désert ou des marécages, la science qui fait courir du fer sur du fer à travers les accidents géographiques les plus divers et qui fait voler de l’aluminium à travers les incidents météorologiques les plus variés, la science qui fait de l’essence de rose avec du charbon et du sucre avec des copeaux de bois. Voilà le seul contact véritable de l’homme avec la nature : un lac desséché, un désert irrigué, une mer domptée, une montagne coupée, voilà le contact authentique de l’homme avec la nature, celui de l’action, de la destruction et de la transformation. »

« …] des filles dont le grand-père est quelque chose comme le roi de la télégraphie sans fil, on ne comprend pas d’ailleurs comment on peut être le roi de quelque chose qui n’existe pas puisqu’il n’y a pas de fil, des filles comme ça vous voudriez qu’elles ne soient pas fières ? »

« Le sel, que le soleil attire à lui en même temps que l’eau salée qu’il pompe, doit fortement coopérer à l’opération éclipsiale. Je crois que l’éclipsé est le nœud cordial et sympathique, ou la copulation générale pour toute la nature, et qu’au moment où le soleil et la lune se rencontrent, ils sont en réflexion en face l’un de l’autre ; et l’effet de la réverbération a la vertu de faire fondre le sel qui s’épanche sur le soleil ; c’est ce qui peut l’obscurcir. Je ne crois pas pouvoir attribuer cette obscurité au motif chimérique qu’un petit objet puisse à nos yeux en cacher un plus gros. »

« On commença par parler de choses sans importance ; livres, films, pièces de théâtre. On causait. Des noms, des titres amenés au hasard faisaient trois petits tours puis s’en allaient. On causait. On distribuait de la gloire, de la notoriété, du génie à machin et à chose comme du grain fictif à des fantômes de poules. On causait. »

« Paulin Gagne, l’"avocat des fous", inventa en 1868, la philanthropophagie, "le seul fait nouveau sous le soleil", "l’amour de l’homme pour l’homme livré en aliment" ; dans le "sacrifice volontaire des hommes et des femmes se livrant fraternellement et religieusement en nourriture aux victimes de la faim qui dévore le monde", Gagne découvre la solution définitive du "problème social" : "l’archiphilanthropophagie, qui renversera la barbarie et tous les crimes, peut seule dire le saint jamais à la famine universelle qui, si personne ne se sacrifie, nous dévorera tous sur le grand vaisseau de la terre privé de vivres". »

« Daniel se prenait parfois à rire en pensant à l’idée faiblichonne que les gens pouvaient se faire de la Toute-Puissance de Dieu. Ils la limitaient selon leur bon plaisir, selon leurs faiblesses, selon leurs désirs ; ils l’accommodaient à leur sauce, comme si l’on pouvait couillonner Dieu. Des individus qui avaient le vertige du haut d’une échelle en discouraient sans émoi de cette Toute-Puissance. Ils en bavardaient sans terreur. Ils avaient fabriqué un bonguieu à la guimauve qu’on pouvait lécher sans se râper la langue. Ils en avaient fait un bounoume intermédiaire entre le président Lebrun et le Père Noël, un petit vieux gentil qui voulait pas au-delà de ce qu’on lui concédait et qu’était prêt à tous les accommodements. »



mots-clés : #contemythe #creationartistique


Dernière édition par Bédoulène le Ven 18 Jan - 20:35, édité 1 fois (Raison : miniature #)

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Aventin Sam 19 Jan - 7:23

Merci Tristram, peut-être devrais-je retourner à Queneau...je note !
Aventin
Aventin

Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Invité Dim 20 Jan - 11:38

Merci pour la référence, et le commentaire. Smile

Invité
Invité


  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Lun 1 Avr - 0:31

Un rude hiver

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 318uti10


Le Havre, vers 1916, Bernard Lehameau, trente-trois ans, lieutenant, blessé au combat. Sa mère, sa femme et sa belle-sœur périrent dans l’incendie d’un cinéma dix ans plus tôt. Il s’éprend de Miss Helena Weeds, dactylographe à la Base britannique.
« Il pensait à la France démocratique, maçonne et enjuivée, à la France où l’on embusquait les ouvriers lesquels avaient ensuite le culot de se payer des poulets le dimanche, à la France qui se redressait peut-être, empalée sur un casque à pointe. »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Lun 15 Avr - 0:22

Pierrot mon ami

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Pierro10

Entre deux périodes de chômage, Pierrot est embauché à l’Uni-Park, un parc d’attractions parisien enclavé d’une parcelle avec la chapelle où repose un prince poldève (Queneau fait écho à un canular du début du XXe sur ce pays imaginaire). Pierrot est tombé amoureux d’Yvonne, qui tient un petit stand, et se trouve être la fille des propriétaires gestionnaires de la foire. D’abord (et brièvement) au Palais de la Rigolade « pour aider les poules à passer le va-t-et-vient » (placeur de chalandes en jupe sur une bouche d’air qui souffle verticalement tandis que matent les « philosophes »), Pierrot devient assistant de sidi Mouilleminche (le frère du défunt Jojo, première amour de la patronne), alias le fakir Crouïa-Bey ; il ne le restera qu’une soirée, s’étant évanoui alors que l’artiste se transperçait les joues d’épingles à chapeau… Puis il fait la connaissance de Mounnezergues, le propriétaire de l’enclave, et celle de Psermis, le fameux montreur d’animaux savants du cirque Mamar…
Les personnages sont savoureux, et en tout premier lieu Pierrot, qui ne pense pas trop et ne court pas après le boulot, qui sait aussi apprécier placidement l’existence sans se faire d’illusions.
C’est aussi l’occasion d’affectueuses descriptions de la zone banlieusarde des fortifications dans l’entre-deux-guerres.
Une ambiance désuète, bonhomme, marque cette histoire dont l’intrigue maintient un temps les personnages dans un petit remous :
« Une sorte de courant l’avait déporté loin de ces rencontres hasardeuses où la vie ne voulait pas l’attacher. C’était un des épisodes de sa vie les plus ronds, les plus complets, les plus autonomes, et quand il y pensait avec toute l’attention voulue (ce qui lui arrivait d’ailleurs rarement), il voyait bien comment tous les éléments qui le constituaient auraient pu se lier en une aventure qui se serait développée sur le plan du mystère pour se résoudre ensuite comme un problème d’algèbre où il y a autant d’équations que d’inconnues, et comment il n’en avait pas été ainsi, il voyait le roman que cela aurait pu faire, un roman policier avec un crime, un coupable et un détective, et les engrènements voulus entre les différentes aspérités de la démonstration, et il voyait le roman que cela avait fait, un roman si dépouillé d’artifice qu’il n’était point possible de savoir s’il y avait une énigme à résoudre ou s’il n’y en avait pas, un roman où tout aurait pu s’enchaîner suivant des plans de police, et, en fait, parfaitement dégarni de tous les plaisirs que provoque le spectacle, une activité de cet ordre. »
Cet extrait de l’épilogue éclaire et obombre à la fois le dénouement, plus astucieux qu’attendu.
Ce roman recèle tant d’échantillons de vocabulaire châtié ou trivial qu’il sert de vivier à citations illustratives dans Le Grand Robert : 248 extraits ! (en comptant quelques néologismes, comme « vibrionique » ou « sinistromanu » pour qualifier une belle-mère de la main gauche). Le langage est souvent académique (d’élégants passés simples et imparfaits du subjonctif, surtout appréciables conjugués avec des termes d’argot), parfois fantaisiste, le plus souvent humoristique, toujours délicieusement quenien.
Exemples de prose :
« Les principales fonctions physiologiques du corps humain furent invoquées par les uns comme par les autres, ainsi que différents organes situés entre le genou et la ceinture. »

« ‒ Pas la peine d’essayer de me mettre en boîte avec vos allusions que je ne comprends pas, dit Léonie. Je ne suis pas idiote, allez. »

« …] alors il ressentit les parfums troublants dont elle s’était imbibée, son cœur chavira de nouveau à la mnémonique olfaction de cet appât sexuel et, pendant quelques instants, il s’abîma dans la reviviscence d’odeurs qui donnaient tant de luxueux attrait à la sueur féminine. »

« Le bonisseur vint voir s'il pouvait y aller. On pouvait commencer. Il fit donc fonctionner le piqueupe qui se mit à débagouler Travadja la moukère et le Boléro de Ravel, et, lorsque des luxurieux supposant quelque danse du ventre se furent arrêtés devant l'établissement, il dégoisa son boniment. »

« Quand tu auras un passé, Vovonne, tu t’apercevras quelle drôle de chose que c’est. D’abord y en a des coins entiers d’éboulés : plus rien. Ailleurs, c’est les mauvaises herbes qui ont poussé au hasard, et l’on y reconnaît plus rien non plus. Et puis il y a des endroits qu’on trouve si beaux qu’on les repeint tous les ans, des fois d’une couleur, des fois d’une autre, et ça finit par ne plus ressembler du tout à ce que c’était. Sans compter ce qu’on a cru très simple et sans mystère quand ça s’est passé, et qu’on découvre pas si clair que ça des années après, comme des fois tu passes tous les jours devant un truc que tu ne remarques pas et puis tout d’un coup tu t’en aperçois. »

« Fermez cette fenêtre simplement, et revenez demain ou après-demain voir si je suis mort. J’aime autant être seul pour procéder à cette transformation. Adieu, mon jeune ami, et merci. »

« Son vêtissement et sa toilette ne s’accompagnèrent que de vagues rêveries accompagnées du chantonnement spasmodique de refrains connus. »
J’ai tout particulièrement pris plaisir à la lecture de ce roman : Queneau sait s’y faire bien agréable compagnie...


Mots-clés : #humour #xxesiecle


Dernière édition par Tristram le Mer 11 Sep - 22:55, édité 1 fois

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par animal Lun 15 Avr - 6:40

XIXème ?

_________________
Keep on keeping on...
animal
animal
Admin

Messages : 13166
Date d'inscription : 27/11/2016
Localisation : Tours

https://deschosesalire.forumactif.com
  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Lun 15 Avr - 12:47

Ben oui, y a pas XXe !

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Lun 15 Avr - 14:04

Curiosa, Pierrot mon ami est paru la même années (1942) que Légende poldève, nouvelle de Marcel Aymé, et ce n'est sans doute pas un hasard...

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par bix_229 Lun 15 Avr - 15:12

Ballade en proverbes du vieux temps

Il faut de tout pour faire un monde
Il faut des vieillards tremblotants
Il faut des milliards de secondes
Il faut chaque chose en son temps
En mars il y a le printemps
Il est un mois où l’on moissonne
Il est un jour au bout de l’an
L’hiver arrive après l’automne

La pierre qui roule est sans mousse
Béliers tondus gèlent au vent
Entre les pavés l’herbe pousse
Que voilà de désagréments
Chaque arbre vêt son linceul blanc
Le soleil se traîne tout jone
C’est la neige après le beau temps
L’hiver arrive après l’automne

Quand on est vieux on est plus jeune
On finit par perdre ses dents
Après avoir mangé on jeûne
Personne n’est jamais content
On regrette ses jouets d’enfant
On râle après le téléphone
On pleure comme un caïman
L’hiver arrive après l’automne

Envoi

Prince ! tout ça c’est le chiendent
C’est encor pis si tu raisonnes
La mort t’as toujours au tournant
L’hiver arrive après l’automne

C'est Marie qui l'avait choisi, mais je l'apprécie aussi. Alors... Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 2441072346
bix_229
bix_229

Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par anagramme Lun 15 Avr - 18:03

Tu as bien fait de la reprendre, je ne la connaissais pas.
anagramme
anagramme

Messages : 1367
Date d'inscription : 12/12/2016

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Mer 11 Sep - 22:54

On est toujours trop bon avec les femmes ; Un roman irlandais de Sally Mara

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 On_est10

Une insurrection de sauvages Républicains irlandais occupe un bureau de poste à Dublin en 1916. Une des demoiselles des Postes, Gertie Girdle, enfermée dans les lavatories, en appelle dans sa détresse à « Dieu gracieux » et au Roi ; découverte, elle exacerbe les instincts libidineux des rebelles et sera finalement secourue par la canonnière commandée par son fiancé, le commodore Cartwright.
C’est tragi-comique, parodique avec beaucoup d’absurde, nourri de calembours dont certains excellents, et aussi épicé de paillardise.
« Ces bougres d’insurgés commencèrent à se rendre compte que la correction ça représentait un certain kant-à-soi, en tout cas une certaine maîtrise des réflexes primitifs. »

« L’esprit irlandais, on le sait, n’obéit pas aux règles du raisonnement cartésien, non plus qu’à celles de la méthode expérimentale. Ni français, ni anglais, mais assez voisin du breton, il procède par "intuition". Caffrey ne pouvant ouvrir la lourde, eut donc l’ankou(1) que quelqu’un se trouvait là, enfermé ! Cette anschauung(2) lui boucla immédiatement les tripes. Essuyant la sueur qui lui dégoulinait encore de la tronche, il oublia ses troubles égocentriques et, découvrant son devoir d’un seul coup d’un seul(3), il résolut de rendre compte à Mac Cormack de la découverte qu’il venait de faire.
1 Celticisme pour "intuition". (N.d.T.)
2 Germanisme pour ankou. (N.d.T.)
3 Gallicisme pour anschauung. (N.d.T.) »

Mots-clés : #humour

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Ven 28 Fév - 8:53

Saint Glinglin, précédé de Gueule de pierre et Temps mêlés

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Saint_10

I Les poissons : Pierre, adolescent boursier venu de la Ville Natale dans la Ville Étrangère pour en apprendre la langue, préfère s’interroger sur la vie au travers des poissons et autres formes « d’aiguesistence » (ou « eggzistence » pour ce jeune homme en devenir).
II Le Printanier : Revenu dans la Ville pour cette fête où se pressent « Urbinataliens », « Ruraux » et « Touristes », festivités marquées par un potlatch de vaisselle (qui m’a ramentu les camelots des marchés d’autrefois, bateleurs fracassant la céramique pour attirer le chaland et déclencher ses pulsions d’achat), référence ethnologique mêlée à d’autres allusions érudites, littéraires (à Bouvard et Pécuchet notamment), philosophiques, religieuses (spécialement les ancien et nouveau testaments), et même freudiennes (souhait de la mort du père, qui est le maire, l’autorité locale ; « le grand Nabonide, le puissant »), concepts qui sous-tendent le récit. Un effluve érotique parcourt tout le livre :
« Mais dans le fond de la vallée, la ville impudique serrait le sec oued entre ses cuisses. »
Il y a aussi une teinture de science-fiction avec le chasse-nuages qui maintient le beau temps (et on pense à Boris Vian, son ami dont Queneau était le mentor).
III Le caillou : Puis Jean, frère de Pierre, narre leur poursuite du père dans les Collines Arides, grandiloquente parodie de drame mythique qui s’achève par la chute de la figure paternelle, tombée dans la Fontaine Pétrifiante pour devenir la Gueule de pierre
« Redescends donc montrer aux faibles cette gueule calcaire.
Je quitte ce Grand Homme, ce Grand Minéral informe, ce négalithe véritable. »
IV Les ruraux : Paul (troisième frère, le cadet) décline une ode hilarante contre la campagne, puis à la gloire de la cité avec ses cinématographes « en langue étrangère » (il y est tombé amoureux d’une étoile, Alice Phaye) et ses boutiques de mode féminine (il est ému par les gaines) :
« Autour de moi s’étend la cambrousse dans toute son horreur, le long drap d’ennui et de chlorophylle dans lequel s’enroulent jour et nuit les Ruraux. Comment m’y suis-je encore laissé prendre... ces tapis pouilleux des herbages, ces paillassons des graminées comestibles, les touffes ignoblement poilues des boqueteaux, l’érection grenue des grands arbres... Ah, le silence des champs... les cris informes des bêtes parasites, vaches agrippées au sainfoin comme des morpions dans les poils pubiens, troupeaux d’animaux larvaires au point qu’on dirait des racines sorties de terre et broutant... le son mol et malfaisant du balancement des branches, ce bruissement passif et bêlant, cette inclination constante dans le sens du vent que c’en est à vomir... la parole hurlée des travailleurs, le patois des Ruraux... Je déteste cette marge de verdure qui se répand autour de notre Ville, l’albumine flasque dont le jaune doit se nourrir. C’est chez nous, derrière les pierres de nos constructions ou sur celles de nos rues, que l’on peut percevoir la vie ; et c’est de là qu’elle rayonne vers l’obscurité des campagnes. »
V Les touristes : Alice Phaye et l’ethnologue Dussouchel visitent la Ville à la veille du Printanier annuel, avec la statue de l’ancien maire pétrifié, et Pierre son remplaçant, qui jette le chasse-nuages dans le fourre-tout, ce qui provoque la pluie qui liquéfie son père. Queneau joue des ambiguïtés de temps "qu’il fait" et temps "qui passe" (ce dernier cyclique ou historique), et aussi des rapports entre passé, présent et futur (les Temps mêlés).
VI Les étrangers : Hélène, lunatique fille séquestrée par le père, donne sa vision d'insectes et de la société dans une sorte de monologue intérieur joycien, voire faulknérien, rendu en brèves phrases :
« Pour entrer chez les Étrangers, il faut s’enduire d’identité. Une substance gluante. Poisseuse. Indélébile. On prouve l’efficacité de ce barbouillage au moyen de papiers. Ils les appellent les papiers d’identité. Il y a des Étrangers qui croient que le Monde est fait de cette substance et ils l’ont élevée à la hauteur d’un principe. […]
Les papiers de propriété s’appellent biais de banque. Ils peuvent se transformer en toute autre chose. Immédiatement. On donne un biais de banque et voilà une pomme. On donne un biais de banque et voilà un verre d’eau. On donne un biais de banque et voilà un morceau de pain. […]
Il y a des Étrangers qui croient que la propriété est une substance dont le monde est fait et ils l’ont élevée à la hauteur d’un principe. »
VII Saint Glinglin : Ayant jeté le chasse-nuages, Pierre perd sa place de maire au profit de Paul ; il pleut sans cesse sur la Ville, ce qui alimente les conversations :
« "Quel temps, soupira Paracole. On dirait encore que c’est de l’eau.
‒ Ça en a tout l’air", dit Catogan. »

« ‒ Mais est-ce vrai, dit Rosquilly.
‒ Quoi, dit Machut.
‒ Propos de chaircuitier, dit Marqueux.
‒ Il faudrait en sortir, dit Zostril.
‒ Ou plutôt y entrer, dit Saimpier.
‒ Dans quoi, dit Machut.
‒ Dans le vif du sujet, dit Marqueux.
‒ Pas d’obscénités, dit Rosquilly.
‒ Pas de quoi ? dit Marqueux.
‒ Nous perdons notre temps, dit Zostril. »

« ‒ Paraît qu’il pleut, dit Jean.
‒ M’en parlez pas. Rien que de l’eau, du matin jusqu’au soir et ainsi de suite ekcètéra.
‒ C’est mouillant.
‒ Tout juste, dit mame Sahul, c’est l’expression qu’il fallait usager. Ah, meussieu Jean, vous n’avez pas changé : vous avez toujours le mot pour dire.
‒ Je vous remercie, dit Jean.
‒ Pas de quoi. Ça part de ma confidence sans egzagération. »
Pierre sculpte la statue du père en marbre (avec les poils), tandis qu’Alice, qui a épousé Paul, offre une prestation de nage pour le nouveau printanier…

La lettre x est systématiquement remplacée par une approximation phonétique ‒ sauf pour le dernier mot du livre, « fixe » ! La connotation christique de cette lettre me paraît patente.
Le fond de cet exercice d’anthropologie imaginaire, c’est finalement la forme : celle que Queneau donne à la langue, en jouant avec sa mythique matière de mots.

Mots-clés : #contemythe #ecriture

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Bédoulène Ven 28 Fév - 9:53

c'est tentant, mais un peu ardu pour moi je crains ! merci Tristram !

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
Bédoulène

Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Quasimodo Ven 28 Fév - 11:56

Ça existe vraiment, Saint Glinglin ? Je croyais que c'était une invention de mes parents Shocked

Bien, de toute façon je suis séduit. Merci Tristram !
Quasimodo
Quasimodo

Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Mar 20 Oct - 0:44

Les Derniers Jours

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Les_de11

C’est le Paris du début des années vingt (celui de Landru, d'Einstein et du boxeur Georges Carpentier, qui connaît une « défaite par queneau-coutte »), plus précisément autour du café Soufflet (quartier latin, vraisemblablement le Soufflot, dans la rue du même nom).
Peu à peu, trois hommes âgés s’y réunissent régulièrement pour le pernod, servi par Alfred le serveur perspicace et philosophe qui, féru d’astrologie et de statistiques, devine volontiers l’avenir. Le narrateur omniscient/ auteur consacre quelques chapitres spécialement réservés aux commentaires de ce dernier sur le retour saisonnier des choses.
« Tout ça, ce sont des histoires de planètes. Les planètes tournent en rond comme les gens. Moi, je reste fixe au milieu des soucoupes et des bouteilles d’apéro et les gens tournent autour de moi ; en rond, avec les saisons et les mois. Moi, je ne bouge pas, eux, ils tournent et se répètent. Ils sont plus ou moins contents de ça. Moi, je les regarde, mais ça ne me regarde pas. »
Les trois habitués sont le mystérieux M. Brabbant (ou Martin-Martin ou Blaisolle), M. Tolut, professeur d’histoire et géographie à la retraite qui regrette de n’avoir jamais voyagé, et son beau-frère, M. Brennuire, homme d'affaires.
Queneau nous fait d’autre part entrer dans le milieu étudiant, avec ses conventionnelles routines de dégoût ennuyé des études et goût blasé de l’épate : Tuquedenne, Rohel, insolent et séducteur, Wullmar, d’un milieu aisé, et Hublin, qui est attiré par le spiritisme et l’au-delà.
Vincent Tuquedenne, Havrais en « philo(sophie) » à la Sorbonne et timide avec les dames, qui « faisait profession de foi de pessimisme » et se réfugiait volontiers dans la lecture (personnage qui ne paraît pas dénué de résonnances autobiographiques), dans son désarroi se pose des questions métaphysiques.
« Certes, aucune de ces choses n’avait en elle-même sa raison d’être et toutes, plongées dans le devenir, étaient destinées à périr. Qu’était-ce que leur réalité. Ne dépendait-elle d’autre chose que d’elles-mêmes ? Où donc était leur réalité ? Qu’est-ce qui faisait leur réalité ? Était-ce l’Être, était-ce l’Un ? Si l’Être constituait la réalité des choses, pourquoi donc ces choses n’étaient-elles pas, car ce n’est pas être que d’être voué au ne-plus-être ? Si c’était l’Un, pourquoi donc étaient-elles plusieurs ? Pourquoi donc y avait-il des choses, pourquoi donc devaient-elles périr ?
[…]
Comment les sauver ? Oui, comment sauver les choses ? Comment arracher les choses au néant, comment les délivrer de l’Être ? Comment donner au particulier sa raison d’être en lui-même ? Comment donner à l’instant, et le devenir et l’éternité ? »
Les destinées des personnages s’intriquent, solitudes empêtrées dans le quotidien et qui prennent conscience de l’inéluctabilité de leur mort s’approchant sans répit, puis le roman d’abord plaisant sombre dans la dépression macabre (il a été écrit dans l’ombre portée de la Seconde Guerre mondiale qui approche, et publié en 1936).
Les étudiants vont se séparer pour accomplir leur service militaire, et en attendant attendent.
« C’étaient des jours sans buts, des journées sans espoir. »
Tolut, dans sa mauvaise conscience professionnelle d’avoir enseigné ce qu’il ne connaissait pas en réalité, fréquente les enterrements et les cimetières avant de se suicider.
« ‒ Oui, c’est l’âge, l’âge qui grandit. C’est comme un animal, l’âge, monsieur. C’est un animal qui grandit, qui grandit, qui grandit encore et qui finit par vous dévorer tout vivant. »
Brabbant, petit escroc qui devient honnête par ambition pour finir enfin riche, meurt de peur, de même que Brennuire, nous apprend Alfred :
« On occupe les places vides pour la prochaine hécatombe et le tour recommence. Et les saisons reviennent qui se tiennent par la main et moi je reste à les regarder en tournant la manivelle. »
De l'excellent Queneau !

Mots-clés : #jeunesse #mort #philosophique #viequotidienne #xxesiecle

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Bédoulène Mar 20 Oct - 7:47

merci Tristram ! (encore un que je n' ai pas lu)

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
Bédoulène

Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 7 Fév - 0:37

Suite au poème de Bix d'Holderlin sur le fil de poésie - page 30, j'ai fait le lien avec Queneau :

«Insecte importun»

Insecte importun libellule errante

Toutes les directions de l'espace s'allument

Chapelle du soir où voguent les navires désarmés

Où flottent les nacelles des ballons perdus

Dans l'air sec des sciences

Tous les livres étages vers la gloire

Navigations entre ces yeux morts ces yeux éteints

La joie s'est enfuie vers l'horizon qui dort

Les faubourgs sont trop loin pour la clarté des jours

Les fenêtres désertent l'espace lamentable

La faim roule dans l'obscurité

L'herbe manque aux moutons marques de la pâture

La nature hélas hélas ce n'est pas fini

Et toujours recommence

Ce petit air ancien qu'à huit ans j'enfermais dans un

[carnet brun
Il y avait un poème sur le chat

Un autre sur
Château-Gaillard
Et des tables de sinus hypothétiques
C'est la lumière qui a manqué
Et non pas la poussière

Les marches impaires ne me pardonneront jamais ma

[vitesse

Les minutes de ce jour

Sont plus longues que les années de mon enfance

L'escalier frémit

Actes timorés pensées tremblantes

Laisser au papier sa marge

A l'instant sa douleur

Cycles tournant des éphémères

Peinture faite de tronçons

Du haut en bas on désespère

De bas en haut c'est la chanson

Planisphère aux pôles troués

Des océans qui écument

Des cités désaffectées

Et des volcans qui s'enfument

Mais sur l'astrakan où scintille la neige

Des mains froides se sont posées

C'est pour toujours ou pour jamais

C'est pour maintenant

Source : https://www.poemes.co/insecte-importun.html

Je trouvais que ce poème me parlait de par la manière qu'il allie les thématiques. Il me semblait intéressant de vous le partager.

Jack-Hubert Bukowski
Jack-Hubert Bukowski

Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Bédoulène Dim 7 Fév - 7:52

merci Jack !

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
Bédoulène

Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Tristram Jeu 1 Juil - 18:06

Exercices de style

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Exerci10

Sur un bref script assez quelconque, Raymond Queneau propose 99 variations ou possibles explorés.
Éblouissante démonstration que le fond, si jamais il importe, dépend toujours de la forme (et souvent de la contrainte).
Ce qu’on attendait ludique et/ou expérimental (le livre constitue un support scolaire réputé) se révèle riche de perles et perspectives.
L’intelligence et l’humour se disputent la primauté, mais c’est paradoxalement l’inventivité qui l’emporte (à comparer par exemple Passé simple et Imparfait). Le résultat esthétique est frappant, comme celui des homéotéleutes (en fait des héméoptotes, ces entêtantes consonances entre assonance, allitération et paréchèse cadençant précipitamment la phrase).
Le vocabulaire, pas seulement rhétorique, constitue en soi un régal, avec bien évidemment nombre de néologismes, dont certains pourraient être remis au goût du jour, telles les « voyajrices », pendantes des voyageurs si j’osais ainsi les définir.
Du meilleur de Queneau et de l’OULIPO, qui a beaucoup inspiré : attention, peut se révéler contagieux.

\Mots-clés : #ecriture

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
Tristram

Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Bédoulène Ven 2 Juil - 10:47

jamais lu l'auteur qui me paraît inabordable, sinon de l'Oulipo je n'ai lu que Perec (la vie mode d'emploi).

(je vais de ces mots cités prendre connaissance, malgré ma mémoire incertaine)

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
Bédoulène

Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Creationartistique - Raymond Queneau - Page 2 Empty Re: Raymond Queneau

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Page 2 sur 3 Précédent  1, 2, 3  Suivant

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

 Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum