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Message par topocl Sam 7 Jan - 10:01

Olivia Rosenthal
Née en 1965


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Olivia Rosenthal, née en 1965 à Paris, est maîtresse de conférences en littérature à l'Université de Paris VIII, écrivaine, romancière et dramaturge et performeuse française.

Élève au lycée Jules-Ferry (1975-1982), elle est admise, après deux ans de classe préparatoire au lycée Henri-IV, à l'École normale supérieure (1984). Elle obtient une agrégation de lettres modernes (1987), puis un doctorat (1992, avec une thèse sur la poésie amoureuse du XVIe siècle). Élue en 1993 maîtresse de conférences en littérature à l'Université de Rennes, elle enseigne depuis 1999 à l'Université de Paris VIII. Elle y crée en 2013, avec Lionel Ruffel et Vincent Message, l'un des premiers masters de création littéraire de l'enseignement supérieur français.

Olivia Rosenthal commence à publier à 33 ans, d'abord des essais tirés de ses travaux universitaires (en 1998, aux Éditions Champion), puis à partir de 1999 des romans (aux éditions Verticales), et des pièces de théâtre à partir de 2004.


À partir de 2005, elle réalise, en collaboration avec des cinéastes (Olivier Ducastel, Laurent Larivière), des écrivains (Denis Lachaud, Michaël Batalla, Patrick Chatelier), des chorégraphes (Julia Cima) ou des metteurs en scène (Robert Cantarella, Chloé Moglia), des performances pour divers lieux et festivals

En 2008, elle achève une pièce sonore intitulée Viande froide pour le Cent Quatre, lieu culturel où elle est accueillie en résidence en 2006-2007. Elle est auteur invitée au Grand R (scène nationale de La Roche-sur-Yon), durant la saison 2008-2009, en résidence à Bobigny (dans le cadre du programme « écrivains en Seine-Saint-Denis ») en 2009-2010 et en résidence à l'Espace 1789 de Saint-Ouen pour l'écriture pour son livre Ils ne sont pour rien dans mes larmes.

Depuis 2008, elle s'est engagée aussi dans un projet sur « L'architecture en paroles » qui fait vivre un bâtiment ou un lieu, non par son architecture, mais par les paroles de ceux qui y habitent, y travaillent, ou le traversent. Le premier volet a été réalisé lors d’une résidence au 104, sous la forme d’une pièce sonore et d’un texte, Viande froide (Nouvelles éditions Lignes/ éditions CENTQUATRE, 2008). Le deuxième volet de ce projet, diffusé sous la forme d’une pièce sonore dans l’exposition organisée par le musée Carnavalet sur L'Impossible photographie: les prisons parisiennes 1851-2010, est publié sous le titre "Maison d’arrêt Paris-La Santé, 42, rue de la Santé 75014 Paris" dans le catalogue de cette exposition. Pour le troisième volet, Olivia Rosenthal a travaillé avec Philippe Bretelle (graphiste) sur la ville de Bobigny. Elle a conçu avec lui des affiches collées sur certains bâtiments de la ville et ils ont réalisé ensemble (avec l'aide du musicien Pierre Avia) une performance musicale intitulée C'est très loin d'ici. Toujours avec Philippe Bretelle, elle a composé une œuvre visuelle pour l'inauguration du tramway de Brest (commande de Brest métropole océane).

Depuis 2009, Olivia Rosenthal s'est également tournée vers le cinéma.
wikipedia

Oeuvre littéraire

Romans
   Dans le temps, 1999
   Mes petites communautés, 1999
   Puisque nous sommes vivants, 2000
   L'Homme de mes rêves ou les mille travaux de Barnabé le sage devenu Barnabé le bègue à la suite d'une terrible mésaventure qui le priva quelques heures durant de la parole, 2002
   Les Sept Voies de la désobéissance,  2004.
   Les Fantaisies spéculatives de J. H. le sémite, 2005
   On n’est pas là pour disparaître, 2007 : Page 1
   Viande froide : Reportages, 2008
   Maison d'arrêt Paris-La Santé, 42, rue de la Santé 75014 Paris dans L'impossible photographie: les prisons parisiennes 1851-2010, Paris-Musées, 2010.
   Que font les rennes après Noël ?, 2010 : Page 1
   Ils ne sont pour rien dans mes larmes,2012
   Mécanismes de survie en milieu hostile, 2014 : Page 1
   Toutes les femmes sont des Aliens, 2016

Théâtre
   Les félins m'aiment bien,,2004
   Forêt vierge : Théâtre(s), Presses universitaires de Rennes, no 24, 2006
   Les Lois de l'hospitalité, Inventaire/Invention, 2008
   Des cochons et des hommes, mise en espace et lecture par Denis Lavant au Grand R, scène nationale de La Roche-sur-Yon, septembre 2008
   Safety First livret d'un opéra créé avec Eryck Abecassis (compositeur) pour le festival Reims scènes d'Europe, novembre 2013.

Essais
   Donner à voir : écriture de l’image dans l’art de poésie au XVIe siècle, 1998
   (dir.), À haute voix. Diction et prononciation aux XVIe et XVIIe siècles, 1998

Pièces sonores
   Viande froide, Texte et voix : Olivia Rosenthal, son Hélène Ducret. Commande du lieu culturel le 104 à Paris, 2008
   Maison d'arrêt Paris-La Santé, 42, rue de la Santé 75014 Paris. Texte : Olivia Rosenthal, son Hélène Ducret. Pour l'exposition l'Impossible photographie - prisons parisiennes 1851-2010, musée Carnavalet 2010
   La ronde, récit-balade. Texte et voix : Olivia Rosenthal, musique : Pierre Aviat. Commande du Grand Paris Express, gare de Fort d'Issy Vanves Clamart, 2016

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Message par topocl Sam 7 Jan - 10:04

On n'est pas là pour disparaître

Olivia Rosenthal 41f9-y10

Je dis tout de suite que la maladie d'Alzheimer est mon pain quotidien, que je fréquente depuis 15 ans des patients et leurs familles, et que, évidemment, cela me donne un regard particulier dans cette lecture.

Olivia Rosenthal a peur de la maladie d'Alzheimer, elle a peur de l’avoir un jour ou que  l’être qu'elle aime le plus au monde en soit atteint. Sans doute, cela paraît au fil des pages, son père en est-il atteint. Par l’écriture, tout en ayant conscience de la vanité de la démarche, elle veut exorciser ce démon
Elle en profite pour jeter sur le papier, des rapports sur la maladie, les questionnements existentiels que celle-ci soulève, et essaie de transcrire dans de petits textes entrecroisés, le vécu de quelques patients, d'une ou deux épouses, de quelques filles, dont elle-même.

Elle donne une parfaite image de cette perte de sens, cette perte de l'autre, cette perte de soi, qui touche, bien que de façon différente, le patient et son entourage cette dissolution de la pensée devant le retour perpétuel de problèmes insolubles. Cette perte de la réalité commune qui rend l'individu inaccessible. Cette  remise en question totale que représente la maladie pour chacun. Cette perplexité anxieuse, devant l'évidence qui déferle, qu'il est impossible de contourner, que connaissent, chacun à leur manière, les patients et leurs familles. Elle montre comment chacun vit  ces questionnements au quotidien, de minute en minute, dans des vases atrocement clos, où rien ne peut plus être partagé.

J'ai pour ma part été impressionnée par ces enchevêtrement de mots, ces petits bouts de phrase, ces idées fixes, ces allers-retours intimes qui hurlent leur douleur.
Sans doute pour mettre une certaine distance, Olivia Rosenthal intercale des faits médicaux, objectifs, froids, ou l'émotion se veut absente, et on comprend à quel point la médecine, qui se croit toute puissante, est en fait impuissante.

Un choc littéraire (oui, littéraire car ce texte représente un travail énorme qui est pleinement abouti et réussi) pour moi, pour ce recueil extrêmement dur, sans concession dont le sujet fait qu’il ne doit certainement pas être mis entre toutes les mains.

L’expérience du non–sens est absolument muette, c’est une expérience sans mots. Personne ne peut en rendre compte, aucuns de ceux en tout cas qui sont les seuls pourtant à être en mesure de le faire, je veux dire les personnes douées de parole. Les malades ne peuvent pas parler de leur maladie parce qu’ils n’ont pas les mots, et les bien-portants parce qu’ils les ont.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #pathologie

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Message par topocl Sam 7 Jan - 10:06

mécanismes de  survie en milieu hostile

Olivia Rosenthal Image237

C'est un livre très étrange et décalé, comme le laissent présumer la couverture, et le "m" minuscule du titre. Tout au long du livre on se situe donc en milieu hostile, depuis les paysages apocalyptiques initiaux jusqu'au final de souffrance et de culpabilité obsédantes.

Olivia  Rosenthal prend soin de ne pas donner le code, de perdre son lecteur, de le déstabiliser, et il faut donc s'attendre à une errance interrogative face à ce texte, où les clés sont finalement données, mais toujours à retardement, comme si elle ne pouvaient pas être dites. La narratrice, qui n'a pas de nom, de même qu'aucun des rares autres personnages, évolue dans des lieux mortifères quoique quotidiens, hantés, où plane une menace, elle  se débat face à l'adversité dans une solitude terrifiante.
Je ne vous dis pas pourquoi, puisque Olivia  Rosenthal choisit de d'abord nous égarer et ne le révèle que peu à peu , tardivement et allusivement, mais elle traîne une malédiction coupable et déchirée. La mort, la solitude et la peur sont ses seules vraies compagnes, omniprésentes, menaçantes.

Les cinq chapitres  paraissent initialement disparates, leur unité apparaît peu à peu au fil des révélations,  pour faire de ce livre un hurlement-confession,  un aveu désespéré et tragique, qui fait suite à des années de secret et de silence.

Au sein du texte,  Olivia  Rosenthal insère des paragraphes en italique, qui tous, parlent, de façon très clinique, quasi scientifique de mort, d'expérience de mort imminente, de réanimation...Je n'en ai guère vu l’intérêt, le texte était assez fort en lui-même, je dirais même que cela crée ainsi une dispersion, comme une distraction  qui nuit à la cohérence globale. Peut-être l'auteur les a t'elle considérés comme des pauses, salutaires quoique menaçantes, qui lui permettent de se reprendre, de ne pas se laisser envahir par l'émotion, et ainsi, de continuer.

J'ai mis très longtemps à sentir le texte, à voir où il me menait. Je ne peux pas dire que j'ai aimé, j'ai été trop dérangée pour cela, mais c'est une expérience, un cri à écouter, puisque qu'Olivia  Rosenthal a – enfin - demandé à être entendue.

(commentaire récupéré)

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Message par Exini Sam 22 Avr - 10:25

Olivia Rosenthal 41snhp10

On n'est pas là pour disparaître.

Un immense coup de coeur.

Récit choral sur la maladie d'Alzheimer. L'auteur traite son sujet à l'aide les différents personnages du livre. Monsieur T., atteint de ladite maladie, permet de comprendre comment les proches, l'entourage vivent les changements imperceptibles d'abord, mineurs, puis de plus en plus importants, la découverte de la maladie, les sentiments et idées qui peuvent leur venir en tête, au fil des jours... On voit aussi comment d'autres personnes, le corps médical ou bien le simple passant réagiront face aux malades d'Alzheimer.
Lorsque monsieur T. parle à la première personne, Olivia Rosenthal tente d'entrer dans son esprit, dans ses propres sentiments, appréhensions, qui changent à mesure que les neurones disparaissent, que le temps fait son oeuvre.
Quand l'auteur entre en scène, c'est la difficulté d'écrire sur ce type de sujet qui prend le relais, nous tiraille, nous remue, au même titre que si nous étions nous-même les écrivains.
Enfin, Aloïs Alzheimer lui-même convie à voir d'abord comment il a découvert les symptômes de la maladie mais, au-delà, nous permet de réfléchir sur ce que ce nom entraîne en nous.

On rentre dans le bouquin d'abord prudemment. Rien dans les phrases ne nous entraîne. En fait, c'est plus avec le temps, au fur et à mesure de la lecture que le livre prend sens : par exemple les répétitions de mots, les différents "tests" proposés par l'auteur ou lorsque l'entrée impromptue de la pensée d'autres personnes (Monsieur T. lui-même, généralement) dans des chapitres qui à-priori ne les concernent pas, ou de loin, comme sorte de dialogue assez troublant - ou plutôt un répons - , que l'on est happé et emporté par la puissance du texte, qui conte au final la peur de l'absence et de l'oubli, antichambres de la mort.

Alors l'étude quasi-clinique d'Alzheimer est peu à peu rejoint, puis submergé par l'émotion, alors que rien, dans l'écriture, ne change. Et on en ressort ébranlé et touché.


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Message par Bédoulène Sam 22 Avr - 10:49

merci topocl, merci Exini.

"Olivia Rosenthal nous permet d'entrer dans son esprit, dans ses propres sentiments, appréhensions, qui changent à mesure que les neurones disparaissent, que le temps fait son oeuvre."

Phrase qui me parait très juste car au début de la maladie il me semble que les malades se rendent compte, une perception diffuse, il y a encore un accommodement avant que survienne, l'indifférence puis la "noyade".

Je pense aussi que ceux qui ont "rencontré" cette maladie avec un proche sont inquiets pour leur propre personne et/ou un autre proche puisque, pour le moment en tout cas, aucun remède efficace.
Difficile d'admettre qu'un jour on peut ne plus se souvenir de notre conjoint, nos enfants et petits-enfants.

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Message par Exini Sam 22 Avr - 11:13

Bédoulène a écrit:"Olivia Rosenthal nous permet d'entrer dans son esprit, dans ses propres sentiments, appréhensions, qui changent à mesure que les neurones disparaissent, que le temps fait son oeuvre."

Phrase qui me parait très juste car au début de la maladie il me semble que les malades se rendent compte, une perception diffuse, il y a encore un accommodement avant que survienne, l'indifférence puis la "noyade".

Tout juste ! Et ça apparaît dans une partie du bouquin, mais il y a aussi l'après, l'oubli total, ce qu'elle nomme parfois le "lâcher prise".
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Message par topocl Sam 22 Avr - 21:02

Merci exini Very Happy , faudrait que je le relise! L'émotion y était parfaitement juste.

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Message par shanidar Mar 25 Avr - 14:10

Olivia Rosenthal 41iafx10

que font les rennes après noël ?

Un livre qui bouscule.
D'abord par sa forme : de très courts paragraphes, les uns destinés à parler de la vie d'une femme (la narratrice ?) de sa naissance à la quarantaine, de son évolution, de son désir d'animal, du refus de ses parents, de sa relation à la cellule familiale et aux autres plus généralement; les autres (paragraphes) sont la relation sous forme d'enquêtes que mène la narratrice auprès de ceux qui travaillent avec des animaux (qu'ils les parquent, les montrent, les tuent ou les élèvent).

Il était à craindre de lire un exercice de style un peu sec. Il n'en est rien, car malgré la distance instaurée par l'auteure, le livre éveille de très forts sentiments chez le lecteur et l'oblige souvent à réviser la plupart de ses jugements. Sans compter que certains passages sont drôles, inattendus et souvent perturbants.

Rosenthal fait fi des idées reçues, d'un geste serin, elle reformule les questions les plus brûlantes posées par la cause animale. Elle ne prend pas parti, elle montre et démonte les croyances, les superstitions liées à l'animal (car au fond personne ne sait vraiment ce que font les rennes après noël...).

Qui est le plus barbare : le parent qui refuse d'offrir un animal à son enfant ? le dresseur qui transforme l'animal sauvage dévoreur de proie vivante en animal parqué mangeur de charogne ? l'éleveur de bovins qui conduit ses bêtes à l'abattoir et qui demande à son boucher de lui garder les meilleurs morceaux car il connait la provenance de sa viande ?

Qu'est-ce que l'instinct ? Et a fortiori l'instinct maternel quand on apprend qu'une femelle orang-outang si elle n'a pas appris auprès d'une autre femelle à allaiter laissera mourir son bébé ?

Rosenthal explore à travers différents chapitres les évènements de la vie des uns et des autres (bêtes et hommes) : l'affirmation de soi, la vie en communauté, l'indépendance, le transport, la mort, le conditionnement... Tout est passé au crible et chaque épisode tend un miroir d'un règne à l'autre. Ce que vivent les bêtes, la société nous le fait vivre également et l'apprentissage de l'émancipation n'est pas la chose la plus facile à vivre.

En 2009, pour la manifestation Estuaire à Nantes, Stéphane Thidet a mis des loups dans les douves du château, en plein cœur de la ville. Le sauvage entrait en relation avec le policé. Les fantasmes de l'enfance, la peur du loup, les craintes et les légendes autour de cet animal trouvaient soudain une incarnation bien réelle, intrigante et presque surnaturelle. Des loups sont entrés dans la ville...

Olivia Rosenthal Loups10

Dans son livre, Rosenthal raconte une partie de ce projet (son texte initial a donné naissance au livre). Cet événement a créé une très forte polémique à Nantes. Rosenthal ne cherche pas à dire ce qu'elle pense de cette manifestation, elle raconte et c'est au lecteur de se faire son idée. Je trouve sa manière de faire très juste et en totale harmonie avec son projet, celui de ne pas dénoncer, monter aux créneaux et hurler avec les loups mais au contraire faire parler ceux qui vivent avec et des bêtes. Une autre façon d'exposer des idées fortes.

Un livre instructif, étonnant, dérangeant, un livre qui remet en question nos a priori, notre suprématie, notre intelligence, nos relations humaines et animales.
Intelligent, fin et décalé. Miam.

J'ai beaucoup beaucoup aimé ! merci à Maryvonne de m'avoir mis la puce à l'oreille... ça gratte et ça tient éveillé !
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Message par Exini Mer 26 Avr - 19:39

shanidar a écrit:Rosenthal ne cherche pas à dire ce qu'elle pense de cette manifestation, elle raconte et c'est au lecteur de se faire son idée. Je trouve sa manière de faire très juste et en totale harmonie avec son projet, celui de ne pas dénoncer, monter aux créneaux et hurler avec les loups mais au contraire faire parler ceux qui vivent avec et des bêtes. Une autre façon d'exposer des idées fortes.

On retrouve ça aussi dans "On n'est pas là pour disparaître", raconter sans rien dévoiler de sa propre idée. Du moins, pas directement, mais l'écriture et les émotions qu'elle véhiculent laissent deviner son point de vue, sans qu'on en soit vraiment certain.
Je note "Que font les rennes après Noël", du coup !


Dernière édition par Exini le Jeu 27 Avr - 22:29, édité 1 fois
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Message par Bédoulène Mer 26 Avr - 20:49

je lirai ce livre Shanidar, dès que je peux le trouver. merci pour ton commentaire qui me parle toujours.

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Message par shanidar Jeu 27 Avr - 18:53

C'est un livre que je relierais avec grand plaisir !
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Message par Bédoulène Jeu 27 Avr - 19:04

à plus tard alors ! Smile

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Message par maryvonne Sam 29 Avr - 22:28

shanidar a écrit:C'est un livre que je relierais avec grand plaisir !

Moi aussi, mais il est perdu je pense. C'est une lecture qui interpelle pas mal. Depuis sa sortie, la condition animale a été réabordée à plusieurs reprises, avec un intérêt grandissant des citoyens pour cette question. Le panel de situations qu'elle propose a l'intérêt de montrer la complexité du sujet.


Je vous suis pour "On n'est pas là pour disparaître.", qui m'avait bien remuée.

(En vrai j'ai pleuré en lisant les deux).
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Message par Bédoulène Dim 30 Avr - 8:28

cheers Maryvonne !

je souligne ma notation !

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Message par Exini Mar 2 Mai - 22:05

maryvonne a écrit:
shanidar a écrit:C'est un livre que je relierais avec grand plaisir !

Moi aussi, mais il est perdu je pense. C'est une lecture qui interpelle pas mal. Depuis sa sortie, la condition animale a été réabordée à plusieurs reprises, avec un intérêt grandissant des citoyens pour cette question. Le panel de situations qu'elle propose a l'intérêt de montrer la complexité du sujet.


Je vous suis pour "On n'est pas là pour disparaître.", qui m'avait bien remuée.

(En vrai j'ai pleuré en lisant les deux).

Toi aussi, ça t'a remué "On n'est pas là pour disparaître" ? En fait, ce doit être le cas de pas mal de lecteurs, le texte est vraiment fort, marquant.

Prévenez-moi lors de cette LC, je me joindrai peut-être à vous !
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Message par Exini Mar 2 Mai - 22:08

topocl a écrit:Merci exini Very Happy , faudrait que je le relise! L'émotion y était parfaitement juste.

Oui, c'est ça. Et, en plus de l'écriture, je pense que la structure y est pour beaucoup.
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Message par Gnocchi Mer 3 Mai - 0:44

J'ai abandonné ses rennes à moitié il y a longtemps. Je devrai les reprendre quand même. Rolling Eyes
ça a l'air bien. De plus le thème est assez proche de mon intérêt.
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