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Moritz Thomsen

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Message par Bédoulène Dim 4 Déc - 14:21

Moritz Thomsen (1915-1991)

autofiction - Moritz Thomsen Moritz11


Moritz Thomsen né en 1915 et mort en 1991 aux Etats Unis.
Martin Moritz Thomsen Titus (1915-1991), connu sous le nom Moritz Thomsen, était un écrivain américain, agriculteur et Peace Corps volontaire. Il a travaillé et écrit dans la petite ville de Rio Verde, en Équateur. Ses livres ont été loués par des écrivains comme Paul Theroux , Thomas Cahill et Larry McMurtry .
Thomsen est né en 1915 dans une famille américaine riche à Seattle. Son homonyme était après son grand-père un puissant homme d'affaires de Washington. Charlie, son père était président de Centennial Mills (Krusteaz marque) et un multi-millionnaire au tournant du 20e siècle. [1] [2] Comme détaillé dans ses mémoires, sa relation avec son père était extrêmement tendue, avec Thomsen décrivant l'homme comme «tyrannique».

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Thomsen a servi de B-17 Flying Fortress bombardier dans la Huitième Armée de l' Air . À l'âge de 44 ans, il travaillait comme fermier en Californie quand il a décidé de se joindre au Peace Corps. En 1964, à 48 ans, Thomsen est venu en Équateur comme l'un des premiers volontaires du Peace Corps. À son arrivée et après de nombreuses errances, il a été affecté à titre d'expert agricole à la petite ville de pêcheurs de Green River, au nord de la province d'Esmeraldas. Thomsen a vécu pendant quatre ans dans ce village, et un total de 35 ans en Equateur. Après avoir été bénévole pendant quatre ans, il est resté en Équateur. Il est mort en 1991 du choléra .
source : wikipedia

Bibliographie en français

1978 La Ferme sur le Rio Esmeraldas
1990 Le Plaisir le plus triste
1996 Mes deux guerres


Dernière édition par Bédoulène le Sam 10 Déc - 0:43, édité 2 fois

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Message par Bédoulène Dim 4 Déc - 14:29

autofiction - Moritz Thomsen 51v29p10

"la ferme sur le Rio Esmeralda"

je crois que le passage qui suit peut résumer ce récit autobiographique

"Avec le temps, je commençai cependant de comprendre ce que Ramon avait probablement toujours su : qu'étant un Nord-Américain blanc de classe moyenne je représentais un corps étranger, un organe tel un coeur ou un rein qui une fois greffé est rejeté par le corps, ce corps en souffrance de la terre équatorienne.

Je pense que l'auteur partait dans cette aventure avec un handicap, celui de croire qu'il pouvait et/ou que des personnes pouvaient vivre dans une "pauvreté décente".
La pauvreté est à mon sens toujours "indécente".

Quelle lucidité quand il découvre alors que l'oléoduc de Texaco explose. Explosion dans son esprit pour ce qui le concerne ; nouveau départ pour son aventure en solitaire, sa 2ème installation dans une ferme. Nouvel échec !

Un livre qui me marquera durablement.

"message rapatrié"

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Message par bix_229 Dim 11 Déc - 15:48

Moritz Thomsen né en 1915 et mort en 1991 aux Etats Unis.

Thomsen n'est pas un inconnu aux Etats Unis, mais on a tardé à le découvrir en France. En tout cas à l'éditer.
Comme Norman Lewis ou Wallace Stegner qui eux, reconnurent Thomsen comme un des leurs.
C'est à Philippe Garnier, grand connaisseur de la littérature américaine qu'on doit ce plaisir.
La vie de Thomsen ne ressembla jamais à un lit de roses, ni même à quelque chose de tout à fait décent.
Sa vie ne fut qu'une errance malheureuse sans qu'il parvienne à se fixer nulle part. En tous cas pour longtemps.
Il ne quitta son père que pour s'engager comme pilote pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Il écrit à ce propos :

"Ce livre -Mes Deux guerres- traite de mon engagement face à deux catastrophes, la Seconde Guerre mondiale et mon père.
Il s'agit là des deux grandes guerres de ma vie, perdues sans doute comme toutes les guerres."

Il voyage, rencontre des gens, vit des péripéties plus ou moins tragiques,mais dont il préfère en rire.
S'il n'adhéra pas à une idéologie, il affiche une compassion profonde pour la détresse humaine. Et notamment celle qu'il rencontre en Amérique Latine, tellement dépossédée de ses richesses.
C'est peut etre pour cela qu'il s'engage dans le Peace Corps et part en mission en Equateur.
Et qu'il devient fermier dans ce même pays, où il va vivre une expérience désenchantée et souvent amère.
Cette expérience, il en parlera dans ses deux grands livres : La ferme sur le Rio Esmeraldas et Le Plaisir le plus triste.
Toute sa vie, il fera preuve de lucidité, de courage, mais à la fin du voyage, il y a de la lassitude, de la tristesse, une sorte de désespoir sourd et contenu.
Ce type là a reçu trop de coups et pendant trop longtemps et il est très abimé.
Lire son oeuvre c'est comme écouter une histoire monotone et foutue,
une sorte de blues rauque, comme enroué sur l'art et la manière de rater sa vie, Et c'est déchirant.

Message récupéré
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Message par bix_229 Mar 13 Déc - 15:57

autofiction - Moritz Thomsen 51dt7l10

Mes deux guerres

Comme l'a déjà dit Pia, Moritz Thomsen commence son récit par cette phrase :

Ce livre  traite de mon engagement face à deux catastrophes, la Seconde Guerre mondiale et mon père.
Et presque tout est dit, la concision, la colère,  l'intelligence alliée d'humour.


Il dit plus loin :

Plus que de consolation l'homme est en quête de sens.
Et cette quête de sens se  fait au  fil d'un récit passionnant de bout en bout, qui laisse une large place aux aléas de la mémoire, avec ce que cela implique de trous, de flous et de pièges
.

Mais ces absences mêmes participent à l'analyse rétrospective que Thomsen fait de ces deux traumatismes  qui ont fait son éducation, avec comme clés de voûte leur ambiguïté perpétuelle.
Ce père égocentrique et rejetant, mais porteur d'un héritage qui ne se refuse pas, cet homme qui confond amour et haine. Et la guerre dans ce qu'elle a tout à la fois de trivial et de noble, de honteux et de glorieux, cette extraordinaire aventure mortifère. Une guerre aérienne qui se veut propre, loin de l'ennemi et de la boue des tranchées.
Deux  catastrophes à deux têtes qui ont construit tout autant que détruit Moritz Thomsen,  ce jeune homme plein d'idéaux qui, s'il s'est laissé miner, grâce à la colère, n'en est pas ressorti pourtant anéanti.

Message récupéré. Citation.


mots-clés : #famille #guerre


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Message par animal Mar 13 Déc - 16:02

Message récupéré de Topocl à propos de Mes deux guerres.
si on récupère les messages des autres ça va être compliqué à suivre j'en ai peur !

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Message par bix_229 Mar 13 Déc - 16:27

animal a écrit:
Message récupéré de Topocl à propos de Mes deux guerres.
si on récupère les messages des autres ça va être compliqué à suivre j'en ai peur !
Je n' avais rien écrit sur cet auteur que j' vais introduit mais que j' avais lu des années auparavant.
J' aime beaucoup Thomsen et j' estime qu' il mérite un message sur l' un de ses livres...
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Message par shanidar Mar 13 Déc - 16:34

Le commentaire de Bédou semble une accroche déjà suffisante... Ce qui ne t'empêche pas bix de nous offrir quelques mots généraux sur l'auteur comme tu sais si bien le faire.
On va essayer de se contenter de nos propres messages et de se concentrer sur les prochains à écrire. autofiction - Moritz Thomsen 485443054
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Message par bix_229 Mar 13 Déc - 17:55

autofiction - Moritz Thomsen Thomse10

OK !


Quand on regarde le visage de Thomsen, toute son histoire apparait dans son visage : Un paysage détruit... La vie lui est passé dessus et sans anesthésie...

Je crois qu' il est nécessaire de lire Mes deux guerres d' abord- pour mieux comprendre et apprécier les deux romans -eux aussi très personnels- de Thomsen.
C' est une autobiographie.
Et l' homme apparait, hypersensible, très tot marqué dans son enfance à cause d' un père brutal, puis par la guerre, et qui ne pourra jamais se départir de sa culpabilité, de son honneteté ni de son idéalisme fondamental.
... Ni de son talent. Heureusement pour nous !

J' ai beaucoup de sympathie et de tendresse pour lui.
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Message par shanidar Mer 14 Déc - 10:00

Voilà qui fait rudement envie. Merci, bix !
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Message par Marie Jeu 15 Déc - 2:47

Un peu de soutien pour la lecture de Moritz Thomsen, même si ça va être un peu court Smile

autofiction - Moritz Thomsen 51dt7l10

J'ai aussi beaucoup aimé Mes deux guerres,ah, le père..le père qui quand le fils Moritz part faire la guerre, lui montre, très fier de lui, ce que sera sa tombe...

Un petit extrait, un de ceux qui me parlent:

C'était ainsi dire la première fois de ma vie que je rencontrais des familles harmonieuses, et les voir fonctionner était comme d'assister à une chorégraphie complexe interprétée à la perfection par les Ballets russes- chacun à sa place, chacun exécutant avec grâce les évolutions requises...Voila que je rencontrais des groupes étendus de gens qui s'aimaient les uns les autres. Ce fut pour moi la plus confondante des découvertes..
Cette amère définition de la famille- groupe d'individus apparentés dominé par son membre le plus névrosé- m'avait toujours semblé parfaite. Et voilà qu'en l'espace de quelque jours ma haine de l'hypocrisie familiale se dissipa complètement: je découvris, en prenant douloureusement conscience de ma carence affective, que la cellule familiale était la base de la grandeur américaine et que, à l'instar de la théorie de l'évolution, elle conférait une profonde cohérence à certains aspects fondamentaux du monde. Et la plus stupéfiante révélation entre toutes: la cohésion du monde trouve ses racines dans la morale."






autofiction - Moritz Thomsen 51ax1110

Lu ensuite Le plaisir le plus triste traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Gérard Henri. Un récit de..de quoi au juste? De voyage, de bilan de vie,d'autoanalyse, de vagabondages, de rencontres, de réflexion? Un peu de tout cela, et c'est ce qui fait la force du livre.
Fils de milliardaire, né à Seattle, 1915 , vous dites qu'il est mort aux Etats-Unis? D'après ce que j'ai lu, il est mort du choléra en Equateur, où il était retourné. Peu importe? Oui et non. Il y a une certaine ironie dans ce destin quand même, d'un homme en permanence en questionnement sur lui-même et ce qui l'entoure, en révolte mais conscient que quoi qu'il fasse, et même de toutes ses forces et très honnêtement, il ne sera jamais à sa place nulle part. Parce qu'il ne l'a pas été enfant.

Encore un petit extrait:
Ma colère, alors que je conduisais, avait son origine dans la prise de conscience brutale que je n'avais jamais été libre de choisir ma façon de vivre et que, par dépit, afin de me venger de mon père, j'avais foulé aux pieds mes qualités propres pour me contenter d'être un pantin grotesque dans un spectacle de guignol, hurlant oui quand le père disait non et non quand il criait oui. Si je vivais maintenant dans une jungle paludéenne, au milieu des Noirs, soumis aux conditions les plus primitives, la raison n'en était pas une grande passion pour la forêt tropicale humide, les recherches ethnologiques ou la population noire; c'était par opposition à mon père, une façon de le défier , lui qui disait volontiers quand il voulait me mettre en rage: " Si cet enfant de salaud de Lincoln n'avait pas tout fichu en l'air et libéré les esclaves, je pèserais dix millions de dollars aujourd'hui".


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Message par topocl Ven 24 Mai - 17:23

La ferme sur le rio Esmeraldas

autofiction - Moritz Thomsen Cvt_la15

Notre première analyse nous conduisait  à voir une simple confrontation avec les forces de la nature. En ayant recours à notre intelligence, nous étions persuadés d'en sortir vainqueurs. Nous aurions comme alliées la science et la technologie ; nous nous plongerions dans les manuels ; notre ferme jouerait le rôle d'un phare pour tous les fermiers de ce secteur d’Esméraldas qui, en voyant notre savoir-faire, comprendraient  que sur cette terre féconde c'était entêtement que de demeurer pauvre. Un des gringos installés dans la région depuis longtemps me dit : « Si tu veux partir de l'Équateur avec une petite fortune, arrive d'abord avec une grosse… », et moi de rire. Car cette boutade ne me concernait pas. Je ne projetais pas de quitter ce pays et la richesse inévitable qui nous reviendrait ne serait qu'une des retombées de la lutte contre la jungle dans laquelle nous nous engagions corps et âme
.

Moritz Thomsen, l’ancien pilote qui a bombardé l’Allemagne la peur au ventre, l’un des seuls militaires à avoir été décoré pour avoir loupé sa cible, dit-il, revient, la cinquantaine venue en Equateur qu’il avait appris à aimer pendant les 4 ans où il y  a séjourné avec le Peace Corps. L’aventure, la nature sauvage, une humanité à partager.

Il s’associe à Ramon, son ami d’alors, plein d’espoir et de bonnes considérations, pour acheter une terre inculte et inamicale où il implante une ferme. Il veut travailler avec les populations locales, main dans la main, prouver que le travail aura raison de la nature, et de la pauvreté. Vaste programme un rien naïf au regard des difficultés qu’il va rencontrer, l’hostilité de la nature, l’incurie des travailleurs, la misère et son cortège de mensonges,  vols, la violence, et les catastrophes naturelles.

Ce qui est très plaisant c’est que, bien qu’il raconte au fil des pages l’échec de son projet, la perte de ses illusions, la déception face à ses attentes de colon blanc rationaliste, hésitant entre proximité et distance, lui, l’homme ouvert mais hermétique aux valeurs et conceptions  culturelles trop différentes, il garde cependant toujours une certaine foi en l’homme, il ne condamne vraiment aucune dépravation qui l’entoure, il subit mais excuse. Et s’il cherche à s’en protéger, s’il finit même par fuir, il se  défend d’y apporter une condamnation, repart sur son chemin de croix d’altruisme, de partage et d’assistance.

C’est merveilleusement écrit, sans une seconde d’ennui,  avec une sensibilité,  et une humanité hors du commun. Il partage des portraits hauts en couleurs mais qui ne cèdent jamais au pittoresque outrancier, où transparaît toujours l’empathie derrière l’incompréhension. Une belle leçon que la vie est autre chez les autres, que les hommes ont du mal à se comprendre, que l’égalité ce n’est pas pour demain.

Mots-clés : #autofiction #aventure #lieu #nature

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Message par Tristram Ven 24 Mai - 18:14

Décidément, il va falloir que je le mettre en LAL...

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Message par bix_229 Ven 24 Mai - 18:34

Merci pour lui, Topocl !
La vie de Thomsen fut un incroyable ratage (et meme si toutes les vies sont ratées), mais sa merveilleuse sensibilité est un héritage posthume qui mérite
mieux qu'un regard distrait ou condescendant.
Thomsen, un ami qu'on aurait aimé avoir ! autofiction - Moritz Thomsen 1304972969
Eglantine, Kashmir et les autres, vous l'avez lu ?
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Message par Bédoulène Ven 24 Mai - 20:07

merci topocl ! tu fais remonter de bons souvenirs de lecture (tu vois là je pense aux nids des petits oiseaux)

vas y Tristram !

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Message par topocl Sam 25 Mai - 8:39

Bix, les faits ont été un ratage, mais pas sa façon d'aborder les problèmes, de continuer à sa façon malgré tout.
Et oui, je le vois bien pour toi tristram et je 'n’excluais pas en pensée animal.

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Message par Invité Sam 25 Mai - 17:43

bix_229 a écrit:
Thomsen, un ami qu'on aurait aimé avoir !  autofiction - Moritz Thomsen 1304972969  
Eglantine, Kashmir et les autres, vous l'avez lu ?

Je ne connais pas cet écrivain mais Topocl pique ma curiosité !

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Message par Tristram Mar 26 Nov - 13:15

Mes deux guerres

autofiction - Moritz Thomsen Mes_de10


Récit autobiographique, l’histoire de cette famille plus extraordinaire qu’une création romanesque, mais aussi typiquement nord-américaine dans la démesure de la fortune et du désastre, du sordide et de la folie, gravitant sans fin autour de la figure du père haïssant et haïssable ‒ le tout épicé d’un humour subtil, mais fort teinté de dérision. Avec le bizarre contrepoint de l'expérience tout aussi traumatisante de la Seconde Guerre mondiale comme bombardier.
Thomsen est un puissant narrateur, comme de cette séance déterminante dans une taverne munichoise en pleine poussée fasciste, ou celle du choc de Pearl Harbor ‒ et bien sûr les bombardements vus d’un B-17. Le point de vue dont il témoigne m’est souvent paru différent de ce que j’aurais cru, mais toujours plein d’enseignements (telle cette significative diffamation officielle : « Lack of Moral Fibre », défaut de combativité).
« Et il est tout aussi étrange que, lorsqu’on se met à creuser le passé, on n’y trouve pas, bien souvent, ce à quoi on s’attendait ; dans nos souvenirs les plus vivaces, on est rarement dans les bras de quelqu’un, mais presque toujours seul et peut-être à ne rien faire de plus important qu’être posté à la fenêtre tandis que la lune monte au-dessus des arbres, ou contempler, dans une sorte d’extase, les eaux limpides d’un lac de montagne. »

« La monotonie s’est parée d’une qualité enchantée, comme si nous vivions des journées qui ne seront pas décomptées de notre espérance de vie, dividendes sans valeur, mais dont, avec un peu d’imagination, il est possible de retirer quelques moments de relative joie. »

« Le temps de quelques instants, je fus ébranlé par l’idée de ces artistes, alors clandestins [dans l’Europe occupée par les nazis], dont nous avons besoin pour interpréter la nature transcendante du réel, et de ces penseurs sans illusions qui, en l’absence de Dieu, ne peuvent que nous indiquer comment marcher avec grâce et courage vers notre propre extinction. […]
Qui d’autre, là en bas, portait le fardeau du monde, maintenait la cohésion du monde, recréait un monde à partir des menus éléments de son expérience et de sa vision personnelles ? »

« On entend dans sa jeunesse les accords d’ouverture d’un concerto tout de puissance et de romantisme et, pour le restant de sa vie, l’on est prisonnier de cette émotion qui revient avec chaque répétition de l’œuvre. »

« Pourquoi, quand la vie est à ce point odieuse, sommes-nous si terrifiés à l’idée d’en être soulagés ? »

Mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre #relationenfantparent #temoignage

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Message par bix_229 Mar 26 Nov - 14:45

Merci Tristram !
Familles, je vous hais, je vous fuis, mais je ne peux vous oublier !
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Message par Bédoulène Ven 24 Jan - 0:15

autofiction - Moritz Thomsen 41h83310

Mes deux guerres


Je suis d'accord avec vos commentaires, Bix et   Tristram, et Marie à qui quelques mots ont suffit.
Pour ma part juste quelques mots.

La guerre  avec son père me semble ne jamais être terminée puisque dans cette fin tragi-comique qu'évoque l'auteur,  des années après,  son père a encore une fois le dernier mot.

« Il ne put supporter le choc de découvrir ce que je confessais publiquement – que mon meilleur ami était pauvre et noir ; il ne vit d’autre expédient que de me liquider. Il m’embarqua à bord d’un petit canot en compagnie d’un homme de couleur, il nous poussa au large, il fit souffler une bourrasque et nous précipita dans les profondeurs.
Ainsi, d’une certaine façon, finissait-il par triompher de moi. Il mourut trois semaines plus tard avec l’idée de m’avoir survécu. »


« Il s’avéra que ce qu’il attendait de moi n’était pas un traité de paix, mais un pardon, pardon que je ne pus pas lui accorder et trouvai même une sorte de jubilation à lui refuser. Cela n’était pas de mon ressort, mais de celui de ce Dieu auquel il était porté à croire lorsque cela se gâtait. En juin 1969, cela se gâtait rudement pour lui : il se préparait à mourir. »

Quant aux relations avec sa mère, qui n'a jamais été maternelle, mais qu'il voyait comme une amie :

« Il est toujours là, ce petit fossé entre nous, ce sale petit désenchantement d’avoir vu ma mère, le visage transfiguré par la ferveur patriotique, me laisser si fièrement partir au feu. »

« J’aimerais avoir ton sang de guerrier ; les sorties s’en trouveraient facilitées. Mais ce que nous faisons n’est pas joli, joli. Le seul combat que mène chacun d’entre-nous est celui qui l’oppose au bon sens, bon sens qui lui serine : » Sors-toi de cette galère tant que c’est possible. »


Quant à la deuxième guerre, celle de 1940, c'est un témoignage intéressant :  sur l'impact que ces 4 années ont eu sur les soldats physiquement, moralement, spirituellement ;  sur l' incurie économique, sur l'idée patriotique que certains se forgent.

L'auteur lui ne se fait pas d'illusion sur son avenir au retour de la vie civile, après l' accueil que lui réserve son père. Moritz a eu le tort de revenir vivant de la guerre, adieu pour le père, la commémoration qu'il avait anticipé et pensait concrétiser.

De belles métaphores, de belles descriptions, un récit ponctué d'humour malgré une colère contre la communauté des hommes dont il fait partie. On devine la solitude qui va l'accompagner et dont il ressent le besoin.

extraits

« Je commençais à être terrifié à l’idée de voler et, en même j’étais malheureux de me trouver exclu d’une folie où les autres pouvaient être détruits. Cette culpabilité allait croître jusqu’à devenir à la fin un désir secret et pernicieux de mourir. Comme je me haïssais quand, à l’époque de ma démobilisation, je me retrouvai toujours vivant ! «

« De tous les vices et toutes les fautes que je me reconnaissais volontiers, le pire était ma soumission poltronne et intéressée à la tyrannie de mon père dans l’espoir d’hériter un jour de sa fortune. Ma vie s’en trouva assurément dans une certaine mesure empoisonnée et limitée ; cela alimenta un dégoût de moi-même que je tentais de rationnaliser en me disant qu’en lui témoignant un semblant de respect, en me conformant en fait à l’injonction biblique, j’étais en train de gagner une rétribution qui, dût-elle se chiffrer en millions, jamais ne me dédommagerait d’une vie d’humiliation. »

« Je me mis à sentir l’odeur de la cordite, je me mis à écouter le bruit des moteurs et je sentis mes bourses, pareilles à deux vieilles dames surprises sous une soudaine averse, se ratatiner pour se réfugier entre les boucles de mes intestins en plein relâchement. »

« Je commençais à être terrifié à l’idée de voler et, en même j’étais malheureux de me trouver exclu d’une folie où les autres pouvaient être détruits. Cette culpabilité allait croître jusqu’à devenir à la fin un désir secret et pernicieux de mourir. Comme je me haïssais quand, à l’époque de ma démobilisation, je me retrouvai toujours vivant ! «

« Rentrer à la maison. Quelles connotations ces mots avaient toujours eues pour moi ! Mais aujourd’hui ils m’évoquaient quelque chose de sûr et douillet, un réconfort qui me nouait la gorge. » (rentrer à la base en Angleterre après une mission)

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Tristram Ven 24 Jan - 0:25

C'est bien que tu aies recentré sur la figure assez incroyable du père, Bédoulène !

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