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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Message par Bédoulène Mar 24 Avr - 9:59

un poème de Victor Serge

MEXIQUE : IDYLLE


À l'ombre des nopals cruels l'œil de la mule luisait doucement
Pareil au silence de l'amant
La selle était cloutée d'argent. L'homme ressemblait à l'aigle noir
Et pourtant il avait un sourire chantant
Il était beau comme les anges sans peur et peut-être sans joie
Sans autre joie que le battement du sang dans les veines tendues
Il dit Fiancée je t'attends.

Ô douce vie ô doux effroi pastèque mûre fraîche lèvres mordues
Vibration calme de la terre
Les nuits inquiètes se sont perdues sous mille étoiles inconnues
Quand l'enfant brune s'est dévêtue.

Les pierres brisent les reins les mains les mains du ciel meurtrissent les seins
La nuit pleine de présages changeants grésillait comme d'un embrasement
Ô fraîcheur minérale Mouvements que l'on devine des serpents
La sève même des lianes unit les membres Cette chaleur convulsante vient des entrailles de la terre.

Ô violence délectable Nul meurtre n'est meilleur Seigneur !
Ô soumission déchirement
La mort n'est pas meilleure Seigneur !

Lune magique Lune mère éclaire-les de ton plein chant !

Ils gravirent la cime de vieilles laves chair à chair sur la même selle
Le pas de la mule balançait le monde les étoiles leur sang leur silence
Sombrement apaisé
Le harnachement orné d'argent tintait liquide murmure stellaire
Il y avait des odeurs de résine dans l'air
L'escorte des hauts cactus-chandeliers noirs et lactés
Les cernait d'immobilité

La même foudre les foudroya à l'endroit où l'on voit une croix
(Ou bien ce fut le plomb des gens de la paroisse de San-Juan -
à cause du partage des eaux d'un ruisseau)

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
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Message par Aventin Mar 24 Avr - 12:24

Ah, Victor Serge...

Merci Bédoulène, poème très musical, peut-être un rien surchargé ou sur-décoré, (défaut d'éloquence, pardonné d'avance à bien des plumes de pointe, donc à lui aussi, M. Victor Hugo, M. Paul Verlaine, M. Patrice de La Tour du Pin, M. Alphonse de Lamartine & moult consorts qu'il serait oiseux de citer en prétendant à l'exhaustivité, si là d'où vous êtes vous nous lisez ?).

Mais la sensualité, qui n'est pas ici suavité, rachète le tout avec décence.
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Message par bix_229 Mer 25 Avr - 19:32

J’écoute Istanbul les yeux fermés ;
Les oiseaux passent
Des hauteurs, de nuées en nuées, de cris en cris ;
Les filets sont retirés dans les bordigues
Les pieds d’une femme touchent l’eau
J’écoute Istanbul, les yeux fermés.

J’écoute Istanbul, mes yeux sont fermés ;
Le bazar est empli de fraîcheur
Mahmut Pacha est animé
Les cours sont remplies de pigeons
La voix du marteau vient des docks ;
Les odeurs de sueur au vent du beau primptemps
J’écoute Istanbul, mes yeux sont fermés.

J’écoute Istanbul, mes yeux sont fermés ;
L’ivresse d’anciens mondes en tête,
Une maison de rivage avec de sombres hangars à bateaux
Les vents du sud ouest sont tombés dans un bruissement intérieur
J’écoute Istanbul les yeux fermés.

J’écoute Istanbul, mes yeux sont fermés;
Une jeune fille aguicheuse d’une beauté provocante passe sur le pavé.
Les blasphèmes, les chants, les chansons, les jets de mots.
Une chose tombe de ses mains à terre ;
Cela doit etre une rose;
J’écoute Istanbul, mes yeux sont fermés.

J’écoute Istanbul, mes yeux sont fermés;
Un oiseau s’évertue à tes pieds.
J’ignore si ton frond est chaud
J’ignore si tes lèvres sont humides
Une lune blanche nait au milieu des pignons ;
Je comprends les battements de ton cœur ;
J’écoute Istanbul.

ORHAN VELI
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Message par bix_229 Mer 25 Avr - 19:35

VELI ORHAN (1914-1950)

"Poète turc contemporain. Mort à trente-six ans d'une congestion cérébrale, il laisse cinq petits livres de poèmes, réunis aujourd'hui en un volume, ainsi que des essais critiques sur l'art et des traductions de poètes français. Dès la parution de ses premiers vers dans une revue (1936), il annonce son dessein qui est de lutter contre le classicisme, sa mesure et sa rime triviales et surannées, contre les lieux communs et contre la routine du style lyrique. Ces valeurs, Orhan Veli les combat et les détruit, mais en contrepartie il crée une nouvelle langue poétique. Son premier recueil, Étrange (Garip, 1941), contient des textes de ses amis du Renouveau, O. Rifat et M. C. Anday. Cette œuvre provoqua un déferlement de haine dans les milieux conservateurs, car tous les poèmes étaient en vers libres et l'auteur s'exprimait en un langage parlé courant et accessible à tous. En 1945, il publie un deuxième livre, œuvre introspective traitant de l'amour, de la solitude, mais toujours sur un ton plein d'ironie et de naturel. Les deux recueils suivants témoignent d'un style épuré. Contre (Karšī, 1949), sa dernière œuvre, montre un auteur occupé de questions sociales et soucieux de rejoindre les soucis quotidiens du peuple."

Encyclopaedia Universalis

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Message par Bédoulène Mer 25 Avr - 23:02

merci Bix ! démarche intéressante !

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Message par Tristram Ven 27 Avr - 21:55

Je propose une petite thérapie récurrente (posologie : idéalement une fois par semaine ; peu de risque de surdosage), un peu comme le haïku quotidien d'Ana, c'est bon pour l'âme :

La mémoire et la mer

La marée je l'ai dans le coeur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite soeur
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années-lumière et j'en laisse
Je suis le fantôme Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baisers
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts du sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Ô l'ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais géométrisant
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans les draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus

Et toi fille verte mon spleen

Les coquillages figurants
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieu des granits ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue
Dans cette mer jamais étale
D'où nous remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du flafla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sur mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue aux musiques mortes
C'est fini la mer c'est fini
Sur la plage le sable bêle
Comme des moutons d'infini
Quand la mer bergère m'appelle

Léo Ferré


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Message par Cliniou Mar 29 Mai - 12:18

Je cherche un poème (ou un beau texte pas trop long) pour une femme de caractère qui dérangeait un certain "monde" et a été virée comme une mal propre. Il faudrait un message d'espoir et de morale aussi face aux médisants.
Peut-être avez-vous une idée ?
Dans ma bibliothèque, je n'ai rien qui pourrait correspondre. J'ai trouvé ceci sur le net:

S'il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu'une entre vous vraiment comprit sa tâche austère ;
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s'arrêtait à quelque dévoûment ;
Si c'était la bonté sous les cieux descendue,
Vers les infortunés la main toujours tendue ;
Si l'époux et l'enfant à ce cœur ont puisé ;
Si l'espoir de plusieurs sur elle est déposé ;
Femmes, enviez-la ! Tandis que dans la foule
Votre vie inutile en vains plaisirs s'écoule
Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la ! Qu'il souffre ou combatte, c'est Elle
Que l'homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son espoir, son rayon sous les cieux,
Qu'il pressentait de l'âme et qu'il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu'un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d'olivier a rapporté l'amour.

Louise ACKERMANN(1813-1890)

Mais bon....
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Message par Bédoulène Mar 29 Mai - 14:54

Tristram doit bien avoir une citation dans son sac ! Smile

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Message par Bédoulène Mar 29 Mai - 14:58

Quand la raison gêne, c'est du moins une preuve qu'on en a.
Citation de Mary Sarah Newton ; Essais divers, lettres et pensées (1852)

La médisance naît souvent de la méchanceté, mais plus souvent encore du vide de l'esprit.
Citation de Cécile Fée ; Les maximes et pensées (1832)


Dernière édition par Bédoulène le Mar 29 Mai - 15:06, édité 1 fois

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Message par Tristram Mar 29 Mai - 14:58

Je ne me souviens pas d'avoir lu ce problème traité en littérature, bien qu'il soit de plus en plus courant ; dans La Fontaine peut-être ?

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Message par bix_229 Mar 29 Mai - 18:18

Après l’écrasement sanglant de la Commune de Paris, Louise Michel est jugée par un tribunal militaire devant lequel elle assume son combat révolutionnaire et demande la mort aux côtes des 20000 massacrés.

Nous reviendrons, foule sans nombre, Spectres vengeurs sortant de l’ombre, Pâles, sous les rouges bannières (Louise Michel le 8 septembre 1871)

16 décembre 1871, Louise Michel devant ses juges militaires "Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi"

Victor Hugo, qui la connaît bien, prend sa défense.

(Louise Michel Fille de la colère suite)

Viro Major

Ayant vu le massacre immense, le combat

Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat,

La pitié formidable était dans tes paroles.

Tu faisais ce que font les grandes âmes folles

Et, lasse de lutter, de rêver de souffrir,

Tu disais : " j’ai tué ! " car tu voulais mourir.

Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine.

Judith la sombre juive, Aria la romaine

Eussent battu des mains pendant que tu parlais.

Tu disais aux greniers : " J’ai brûlé les palais !"

Tu glorifiait ceux qu’on écrase et qu’on foule.

Tu criais : " J’ai tué ! Qu’on me tue ! - Et la foule

Ecoutait cette femme altière s’accuser.

Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ;

Ton oeil fixe pesait sur les juges livides ;

Et tu songeais pareille aux graves Euménides.

La pâle mort était debout derrière toi.

Toute la vaste salle était pleine d’effroi.

Car le peuple saignant hait la guerre civile.

Dehors on entendait la rumeur de la ville.

Cette femme écoutait la vie aux bruits confus

D’en haut, dans l’attitude austère du refus.

Elle n’avait pas l’air de comprendre autre chose

Qu’un pilori dressé pour une apothéose ;

Et, trouvant l’affront noble et le supplice beau

Sinistre, elle hatait le pas vers le tombeau

Les juges murmuraient : " Qu’elle meure ! C’est juste

Elle est infâme - A moins qu’elle ne soit Auguste "

Disait leur conscience. Et les jugent, pensifs

Devant oui, devant non, comme entre deux récifs

Hésitaient, regardant la sévère coupable.

Et ceux qui, comme moi, te savent incapable

De tout ce qui n’est pas héroisme et vertu,

Qui savent que si l’on te disait : " D’ou viens tu ? "

Tu répondrais : " Je viens de la nuit où l’on souffre ;

Oui, je sors du devoir dont vous faites un gouffre !

Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux,

Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs donnés à tous,

Ton oubli de toi-même à secourir les autres,

Ta parole semblable aux flammes des apôtres ;

Ceux qui savent le toit sans feu, sans air, sans pain

Le lit de sangle avec la table de sapin

Ta bonté, ta fierté de femme populaire.

L’âpre attendrissement qui dors sous ta colère

Ton long regard de haine à tous les inhumains

Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ;

Ceux-la, femme, devant ta majesté farouche

Méditaient, et malgré l’amer pli de ta bouche

Malgré le maudisseur qui, s’acharnant sur toi

Te jetai tout les cris indignés de la loi

Malgré ta voix fatale et haute qui t’accuse

Voyaient resplendir l’ange à travers la méduse.

Tu fus haute, et semblas étrange en ces débats ;

Car, chétifs comme tous les vivants d’ici-bas,

Rien ne les trouble plus que deux âmes mêlées

Que le divin chaos des choses étoilées

Aperçu tout au fond d’un grand coeur inclément

Et qu’un rayonnement vu dans un flamboiement.

Victor Hugo

Décembre 1871
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Message par ArenSor Mar 29 Mai - 20:01

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée …
Ô bien-aimée.
L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure …
Rêvons, c’est l’heure.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise …
C’est l’heure exquise

Paul Verlaine

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Message par Tristram Mar 29 Mai - 20:22

Ah, Verlaine, ses assonances et allitérations ! Chanté, c'est autre chose, pas forcément nécessaire... Sur ma LARL depuis un moment, ce poète...

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Message par ArenSor Mar 29 Mai - 20:34

Tristram a écrit:Ah, Verlaine, ses assonances et allitérations ! Chanté, c'est autre chose, pas forcément nécessaire... Sur ma LARL depuis un moment, ce poète...
Mais composé par R Hahn, un proche, très proche de Proust !
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Message par animal Mar 29 Mai - 21:34

Je me souviens que tu avais des réserves mais pour le caractère, et l'esprit je pense à Béatrix Beck ?

Infime

Une mouche bouche l'horizon de ma prison
Ils m'ont condamné pour une peccadille
Pourtant mon avocaillon me déclara minus
Je lui donnais mes picaillons
Payer de sa vie une vétille !

On prend ma pochette on échancre ma chemisette
Ils me donnent une miette une goutelette
La hachette cherra
Dans un instant l'homuncule sera décapité
Ma petite tête va rouler dans le corbillon
Tant de cinéma pour un seul assassinat !

Le bousier propose Je peux t'inhumer
Près du scarabée sacré


La mauvaise bonne

La mauvaise bonne Yvonne déraisonne quand on la sonne
On m'assomme suis pas une bête de somme
Je lisais la somme de saint Thomas
Servez les tomates
Les tomes à la hâte ai feuilletés
Donnez la tome et le feuilleté
Quand j'aurai fini mon sonnet
Votre soufflé ?
L'esprit me souffle églogues et pantoums
Chauffez nos pantoufles apportez le café
Vos injonctions sont des méfaits
Emmenez les enfants il est grand temps
Il n'est plus temps ils sont à Satan
Yvonne Desfourneaux je vous l'ordonne
Chantez pour endormir Mademoiselle Truitonne et Monsieur Gontran


Mais la bonne abominable abandonne les bébés qu'elle abhorre
Pour invoquer le dieu qu'elle adore

_________________
Keep on keeping on...
animal
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Message par Cliniou Mar 29 Mai - 22:22

Eh bien, voilà de beaux horizons différents.
Merci beaucoup ☺️ Vos choix sont de beaux mots.
C’est très intéressant.... pour les textes et pour vos personnalités aussi.
Je n’ai pas le temps maintenant mais je repasse demain avec sans doute un complément sur le côté «espoir » pour l’après.
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Message par anagramme Mar 29 Mai - 23:14

ArenSor a écrit:La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée …
Ô bien-aimée.
L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure …
Rêvons, c’est l’heure.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise …
C’est l’heure exquise

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Message par Bédoulène Mer 30 Mai - 0:17

merci à tous pour vos choix de poèmes ! Poésie - Page 10 3123379589

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Message par bix_229 Mer 30 Mai - 17:10

Je reve parfois d' un feu sacré,
d' un appel que la peur
n' aurait pas transformé
en bouche cousue, en silence
aussi lourd qu' une massue,


je reve - mais  est-il bon
de rever sans preter attention
aux sursauts du monde ?
aux brulures du coeur
des hommes humiliés ?


Richard Rognet : Frolements infinis du monde. - Gallimard
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Message par Cliniou Mer 30 Mai - 18:49

Voilà le texte de Paul Eluard :

La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin,
une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler,
faim à satisfaire,
un cœur généreux,
une main tendue,
une main ouverte,
des yeux attentifs,
une vie : la vie à se partager.

Paul Éluard. (1895-1952).
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