Poésie
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Re: Poésie
le choix du Guardian d'hier (faut le faire exprès pour l'écrire celui là) ou le baragouin de panda mité ?
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Keep on keeping on...
Re: Poésie
Le William Letford ! Pour le TurboPanda, je cherche toujours un MOOC...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Poésie
Sur le précédent forum, j' ai ouvert une quinzaine de fils de poètes.Arturo a écrit:Ce n'est pas toujours évident de parler de poésie, en tout cas j'ai souvent du mal.
Mais j'éprouve beaucoup de plaisir à lire tes commentaires fouillés Aventin.
Apparemment ça n' a géné personne tels qu' ils étaient présentés.
En tout cas, pas ceux qui les ont lus.
Vous pouvez encore vous y reporter pour juger.
Je ne vais pas recommencer.
C' est plutot cela que je trouve vain.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Quoi qu'on dise, quoi qu'on en fasse, il y aura toujours des chasses gardées. Pour ma part, je crois que le poème est un espace où on se recueille en silence. Il nous faut savoir gré de le commenter en émergeant périodiquement de ce silence. Je pense que toutes les manières de parler du poème sont bonnes sauf dans l'expectative où on tente de l'engouffrer dans l'espace disparate de la prose. Il y a un espace pour de la prose en poésie, et nous pouvons par ailleurs dire qu'il y a de la poésie dans la prose, mais je pense essentiellement qu'il s'agit sauf exceptions de vaines tentatives d'intéresser le commun des mortels à la poésie. Je crois qu'il y a un domaine circonscrit à la poésie et qu'il a tendance à se renouveler constamment et oui, l'éclatement des codes de la fiction, des novellas et du mélange des genres - essai-roman, essai-nouvelles, journal-essai, poésie-essai, poésie-théâtre, poésie narrative - tout ça tend à m'indiquer que comme dans le cas du roman, la poésie s'est renouvelée à partir du moment où elle a traversé la crise du vers.
Il y a un équilibre délicat à observer pour voir ce qui émane de la logique propre à la poésie et une succession de vers disposés dans un roman n'en fait pas toujours de la poésie pour autant. Le verset est très prisé en poésie, du moins dans ses formes plus traditionnelles et dans l'espace de la poésie en prose. Plus ça va, plus les vers libres ont tendance à rendre la poésie de plus en plus brève. Les haïkus, les tercets et les quatrains sont des formes plus courantes même si le poème adopte une forme plus libre que par le passé.
Il y a un équilibre délicat à observer pour voir ce qui émane de la logique propre à la poésie et une succession de vers disposés dans un roman n'en fait pas toujours de la poésie pour autant. Le verset est très prisé en poésie, du moins dans ses formes plus traditionnelles et dans l'espace de la poésie en prose. Plus ça va, plus les vers libres ont tendance à rendre la poésie de plus en plus brève. Les haïkus, les tercets et les quatrains sont des formes plus courantes même si le poème adopte une forme plus libre que par le passé.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
Aventin,
Par rapport à un poète que tu as commenté de manière furtive dans un horizon de cinq décennies à venir, je dirais que j'ai passé deux ou trois fois devant lui sans que je franchisse le pas. J'en avais fait de même avec Philippe Delaveau et j'avais remarqué qu'il faisait référence à un monde, un sens religieux... de nos jours, cet univers ne nous est pas si familier... et il y en a même qui y sont allergiques, plus particulièrement en ce qui concerne le peuple québécois. Depuis la Révolution tranquille, il y a un temps de dormance nécessaire pour que les citoyens se sentent de plus en plus à l'aise de revenir sur les legs du passé. Dans le cas de la religion, il s'agit de quelque chose d'encore délicat dans le rapport entre les citoyens. Suivant ces circonstances données, nous pouvons mieux comprendre en quoi il est possible que ces poètes qui font appel au fait religieux soient un peu moins courus de nos jours...
Par rapport à un poète que tu as commenté de manière furtive dans un horizon de cinq décennies à venir, je dirais que j'ai passé deux ou trois fois devant lui sans que je franchisse le pas. J'en avais fait de même avec Philippe Delaveau et j'avais remarqué qu'il faisait référence à un monde, un sens religieux... de nos jours, cet univers ne nous est pas si familier... et il y en a même qui y sont allergiques, plus particulièrement en ce qui concerne le peuple québécois. Depuis la Révolution tranquille, il y a un temps de dormance nécessaire pour que les citoyens se sentent de plus en plus à l'aise de revenir sur les legs du passé. Dans le cas de la religion, il s'agit de quelque chose d'encore délicat dans le rapport entre les citoyens. Suivant ces circonstances données, nous pouvons mieux comprendre en quoi il est possible que ces poètes qui font appel au fait religieux soient un peu moins courus de nos jours...
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
merci Animal pour :
"Une façon de dire qu'on peut lire de la poésie comme autre chose et par là qu'elle est aussi accessible et discutable. De dire pourquoi se priver d'en lire et pourquoi lui faire projeter une ombre sur le reste."
merci à Jack pour dire et expliquer sans heurter
à chacun son choix
"Une façon de dire qu'on peut lire de la poésie comme autre chose et par là qu'elle est aussi accessible et discutable. De dire pourquoi se priver d'en lire et pourquoi lui faire projeter une ombre sur le reste."
merci à Jack pour dire et expliquer sans heurter
à chacun son choix
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Merci Bédoulène pour ces paroles apaisantes:
Oui, j'ai ressenti une grande violence agressive, à quoi ça rime (si j'ose m'exprimer ainsi, d'un autre côté je n'allais pas la laisser passer celle-là ) ?
De ce que j'en comprends cher Jack-Hubert, aujourd'hui nous n'aurions pas les éléments pour décoder un tel sujet, parce qu'obsolète, et, dès lors, c'est charrier que penser qu'"on" sera à même de le recevoir dans cinquante ans, c'est bien ça ?
Alors je n'en sais rien, mais: à titre d'exemple illustratif je n'ai pas tous les éléments pour apprécier un Baïf, un Rutebeuf, un Villon (sans même mentionner les poètes de l'antiquité), mais je peux (et c'est d'ailleurs le cas) recevoir fortement ce qui nous est parvenu de leurs œuvres:
Pari pris comme parti pris disais-je, que lira-t-on en poésie quand les artistes de la chanson -au sens large- à la mode d'aujourd'hui et de chez nous ne seront ni fredonnés ni écoutés (et je table, peut-être à tort mais discutons-en, que Baudelaire ou Valéry seront encore lus) ?
Jean Giono (dans "Virgile") observe que les mœurs changent du tout au tout en un demi-siècle -bonne raison pour vivre avec, mais sans trop focaliser sur, en maintenant un juste recul, notre temps-.
La poésie, à mon humble avis, autorise le fait de tabler outre l'instant présent, d'envoyer des signes qui, à la manière de la lumière (de l'éclairage) venant des planètes du cosmos, ne seront perceptibles que longtemps après que l'étoile qui l'a émise sera éteinte.
Oui, j'ai ressenti une grande violence agressive, à quoi ça rime (si j'ose m'exprimer ainsi, d'un autre côté je n'allais pas la laisser passer celle-là ) ?
Jack-Hubert Bukowski a écrit:
Par rapport à un poète que tu as commenté de manière furtive dans un horizon de cinq décennies à venir, je dirais que j'ai passé deux ou trois fois devant lui sans que je franchisse le pas. J'en avais fait de même avec Philippe Delaveau et j'avais remarqué qu'il faisait référence à un monde, un sens religieux... de nos jours, cet univers ne nous est pas si familier... et il y en a même qui y sont allergiques, plus particulièrement en ce qui concerne le peuple québécois. Depuis la Révolution tranquille, il y a un temps de dormance nécessaire pour que les citoyens se sentent de plus en plus à l'aise de revenir sur les legs du passé. Dans le cas de la religion, il s'agit de quelque chose d'encore délicat dans le rapport entre les citoyens. Suivant ces circonstances données, nous pouvons mieux comprendre en quoi il est possible que ces poètes qui font appel au fait religieux soient un peu moins courus de nos jours...
De ce que j'en comprends cher Jack-Hubert, aujourd'hui nous n'aurions pas les éléments pour décoder un tel sujet, parce qu'obsolète, et, dès lors, c'est charrier que penser qu'"on" sera à même de le recevoir dans cinquante ans, c'est bien ça ?
Alors je n'en sais rien, mais: à titre d'exemple illustratif je n'ai pas tous les éléments pour apprécier un Baïf, un Rutebeuf, un Villon (sans même mentionner les poètes de l'antiquité), mais je peux (et c'est d'ailleurs le cas) recevoir fortement ce qui nous est parvenu de leurs œuvres:
Pari pris comme parti pris disais-je, que lira-t-on en poésie quand les artistes de la chanson -au sens large- à la mode d'aujourd'hui et de chez nous ne seront ni fredonnés ni écoutés (et je table, peut-être à tort mais discutons-en, que Baudelaire ou Valéry seront encore lus) ?
Jean Giono (dans "Virgile") observe que les mœurs changent du tout au tout en un demi-siècle -bonne raison pour vivre avec, mais sans trop focaliser sur, en maintenant un juste recul, notre temps-.
La poésie, à mon humble avis, autorise le fait de tabler outre l'instant présent, d'envoyer des signes qui, à la manière de la lumière (de l'éclairage) venant des planètes du cosmos, ne seront perceptibles que longtemps après que l'étoile qui l'a émise sera éteinte.
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Poésie
Oui .Aventin a écrit:
La poésie, à mon humble avis, autorise le fait de tabler outre l'instant présent, d'envoyer des signes qui, à la manière de la lumière (de l'éclairage) venant des planètes du cosmos, ne seront perceptibles que longtemps après que l'étoile qui l'a émise sera éteinte.
Et c'est très bien dit .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Poésie
Nous sommes faits un peu de la même trempe Bix , donc je dirais pareil dans mon approche personnelle .bix_229 a écrit:Il n' y a rien à commenter en poésie.
Mais il en existe des "trempes" . Et je comprends aussi qu'on puisse penser l'inverse .
Un grimpeur du reste ne peut se suffire à l'instinct et à l'intuition (même si il en faut aussi beaucoup ) , il faut du calcul , de la stratégie , de la technique. Hu hu .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Poésie
Aventin,
Je me permettrai de revenir sur certains éléments de tes commentaires :
Je rappellerai ce que j'ai dit avant :
J'imagine que lorsqu'il y a un temps de dormance en jeu, et dans le cas de la Révolution tranquille, c'est un événement qui s'est produit en 1960, dans les années 1960 et nous parlons généralement de la période allant du gouvernement Lesage - 1960 - au premier référendum du gouvernement Lévesque sur la question de souveraineté du Québec - en 1980. S'il pourrait y avoir un élément de comparaison avec l'histoire française, j'ose imaginer que le processus vers la laïcisation de l'État français et de ses institutions s'est passé beaucoup antérieurement... je dirais que l'épisode de l'épuration des écrivains français a donné place à un contexte politique délicat et même explosif. Il y a dès lors une polarisation entre deux camps aux opinions tranchées.
Dans le cas qui nous concerne, c'est-à-dire l'évolution de la poésie, le classicisme et les luttes entre les paroisses et les chapelles des avant-gardes successives a occasionné une position de repli en disant que le poème était mieux avant. La métrique en poésie demeure quand même un élément avec lequel nous composons, même si les contraintes ont changé d'une époque à l'autre, au fil des générations successives. Pour ce qui est des poètes et des paramètres avec lesquels nous évaluerons les poètes qui traverseront des périodes de 50, 100 ans et les siècles à venir, j'essayais d'établir le point selon lequel il est difficile d'évaluer avec des paramètres qui sont les nôtres. Nous baignons dans l'esprit d'une société. Étant issu des années 1980 et de parents baby-boomers tardifs, j'estime que le Québec dans lequel j'ai grandi avait dépassé le paradigme de la Révolution tranquille et était dans une période de repli conservateur. La génération de mes parents évoluait dans les années 1960, 1970 et leurs parents dans les années 1920, 1930.
Suivant ce principe, j'ai tendance à considérer le principe selon lequel dans une période de repli, il est possible que nous soyons tentés par un retour aux valeurs du passé. Pour nous, au Québec, ça s'est produit un peu en même temps que les temps politiques. Il y avait un courant de la poésie du pays qui était incarné par le valeureux Gaston Miron. Il y a eu une avant-garde, ou une autre école de pensée poétique qui en est venue à dépasser les principes préconisés par la poésie du pays qui s'inscrit dans le registre du terroir, pour se retrouver un peu plus dans l'intimisme, la contre-culture et les différentes influences punk et néo-punk. Il y a eu une période de dormance que je situerais entre 1985 et 2010. Le courant du terroir demeure quand même un élément constitutif de l'identité québécoise.
Si à un moment de notre histoire, nous avons moins parlé de la terre, il est possible que nous ayons moins parlé de la religion. Les écrivains de la Révolution tranquille à l'instar de Gaston Miron et Jacques Ferron ont tenté de repousser celui qui avait pourtant incarné la modernité poétique québécoise, Hector de Saint-Denys Garneau pour lui substituer le poète Alain Grandbois. Saint-Denys Garneau est très habité par la religion. De nos jours, nous pourrions le voir comme une curiosité, mais en ce qui me concerne, je ne pense pas qu'il y ait de jugement de valeur à avoir, juste comprendre que les époques varient entre elles, et que les critères d'appréciation d'une poésie peuvent en venir à changer. L'appréciation des classiques demeure tout de même une notion mouvante. Néanmoins, si on cherche à avoir l'air classique aujourd'hui en fonction des normes d'hier, nous pouvons nous fourvoyer en anticipant mal les tendances à venir tout comme nous pouvons mieux les prévoir. Tel était le sens de mon intervention, Aventin.
Je me permettrai de revenir sur certains éléments de tes commentaires :
De ce que j'en comprends cher Jack-Hubert, aujourd'hui nous n'aurions pas les éléments pour décoder un tel sujet, parce qu'obsolète, et, dès lors, c'est charrier que penser qu'"on" sera à même de le recevoir dans cinquante ans, c'est bien ça ?
Je rappellerai ce que j'ai dit avant :
Depuis la Révolution tranquille, il y a un temps de dormance nécessaire pour que les citoyens se sentent de plus en plus à l'aise de revenir sur les legs du passé. Dans le cas de la religion, il s'agit de quelque chose d'encore délicat dans le rapport entre les citoyens.
J'imagine que lorsqu'il y a un temps de dormance en jeu, et dans le cas de la Révolution tranquille, c'est un événement qui s'est produit en 1960, dans les années 1960 et nous parlons généralement de la période allant du gouvernement Lesage - 1960 - au premier référendum du gouvernement Lévesque sur la question de souveraineté du Québec - en 1980. S'il pourrait y avoir un élément de comparaison avec l'histoire française, j'ose imaginer que le processus vers la laïcisation de l'État français et de ses institutions s'est passé beaucoup antérieurement... je dirais que l'épisode de l'épuration des écrivains français a donné place à un contexte politique délicat et même explosif. Il y a dès lors une polarisation entre deux camps aux opinions tranchées.
Dans le cas qui nous concerne, c'est-à-dire l'évolution de la poésie, le classicisme et les luttes entre les paroisses et les chapelles des avant-gardes successives a occasionné une position de repli en disant que le poème était mieux avant. La métrique en poésie demeure quand même un élément avec lequel nous composons, même si les contraintes ont changé d'une époque à l'autre, au fil des générations successives. Pour ce qui est des poètes et des paramètres avec lesquels nous évaluerons les poètes qui traverseront des périodes de 50, 100 ans et les siècles à venir, j'essayais d'établir le point selon lequel il est difficile d'évaluer avec des paramètres qui sont les nôtres. Nous baignons dans l'esprit d'une société. Étant issu des années 1980 et de parents baby-boomers tardifs, j'estime que le Québec dans lequel j'ai grandi avait dépassé le paradigme de la Révolution tranquille et était dans une période de repli conservateur. La génération de mes parents évoluait dans les années 1960, 1970 et leurs parents dans les années 1920, 1930.
Suivant ce principe, j'ai tendance à considérer le principe selon lequel dans une période de repli, il est possible que nous soyons tentés par un retour aux valeurs du passé. Pour nous, au Québec, ça s'est produit un peu en même temps que les temps politiques. Il y avait un courant de la poésie du pays qui était incarné par le valeureux Gaston Miron. Il y a eu une avant-garde, ou une autre école de pensée poétique qui en est venue à dépasser les principes préconisés par la poésie du pays qui s'inscrit dans le registre du terroir, pour se retrouver un peu plus dans l'intimisme, la contre-culture et les différentes influences punk et néo-punk. Il y a eu une période de dormance que je situerais entre 1985 et 2010. Le courant du terroir demeure quand même un élément constitutif de l'identité québécoise.
Si à un moment de notre histoire, nous avons moins parlé de la terre, il est possible que nous ayons moins parlé de la religion. Les écrivains de la Révolution tranquille à l'instar de Gaston Miron et Jacques Ferron ont tenté de repousser celui qui avait pourtant incarné la modernité poétique québécoise, Hector de Saint-Denys Garneau pour lui substituer le poète Alain Grandbois. Saint-Denys Garneau est très habité par la religion. De nos jours, nous pourrions le voir comme une curiosité, mais en ce qui me concerne, je ne pense pas qu'il y ait de jugement de valeur à avoir, juste comprendre que les époques varient entre elles, et que les critères d'appréciation d'une poésie peuvent en venir à changer. L'appréciation des classiques demeure tout de même une notion mouvante. Néanmoins, si on cherche à avoir l'air classique aujourd'hui en fonction des normes d'hier, nous pouvons nous fourvoyer en anticipant mal les tendances à venir tout comme nous pouvons mieux les prévoir. Tel était le sens de mon intervention, Aventin.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
je vais traduire à ma façon ce que je comprends de tes explications Jack : un style poétique est mieux compris et/ou apprécier après un certain temps que tu nommes "dormance" (comme si un goût nouveau nous dérangeait mais qu' après coup il nous en reste assez le souvenir pour l'apprécier et y revenir ?)
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Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
@Jack-Hubert je ne comprends pas tout et pourtant tu fais, manifestement, des efforts de redite(s) et de clarté: point trop ne titillerais-je, que ton propos reste non compris [pour moi] est,peut-être, en mettant les choses dans le pire extrême mais je ne le crois pas, agaçant pour toi, sinon indifférent (je le crois, huh ?) mais c'est ainsi e la nave va.
Histoire que tu ne sombres pas trop vite dans le code-barre et la manie de cataloguer, authentique, sérieuse, j'ajoute grave plaie de notre époque contemporaine, ci-dessous des vers du même auteur dans une autre veine, plus compatible avec ta version de l'adéquation à l'époque si je te comprends bien (?), je crains cependant que la verve soit amoindrie, que la perforation verbale soit faible, bref, si vous avez un smiley :neutral: je prends, pour tout te dire je trouve ça moins enthousiasmant:
Histoire que tu ne sombres pas trop vite dans le code-barre et la manie de cataloguer, authentique, sérieuse, j'ajoute grave plaie de notre époque contemporaine, ci-dessous des vers du même auteur dans une autre veine, plus compatible avec ta version de l'adéquation à l'époque si je te comprends bien (?), je crains cependant que la verve soit amoindrie, que la perforation verbale soit faible, bref, si vous avez un smiley :neutral: je prends, pour tout te dire je trouve ça moins enthousiasmant:
(paru en 2013)Jean-Pierre Lemaire a écrit:
Les baux
Sur le pont d'envol de la vague ancienne
soulève au-dessus d'un pays d'oliviers
tu cherches des yeux, marin en quarantaine
refoulé par le temps au milieu des terres
les étangs de Camargue et la mer au loin
comme un souvenir, brillante, improbable
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Poésie
Bédoulène a écrit:je vais traduire à ma façon ce que je comprends de tes explications Jack : un style poétique est mieux compris et/ou apprécier après un certain temps que tu nommes "dormance" (comme si un goût nouveau nous dérangeait mais qu' après coup il nous en reste assez le souvenir pour l'apprécier et y revenir ?)
Parfois... mais en termes de temps de dormance, j'évoquais plutôt le fait qu'un classique a parfois besoin de maturer comme le bon vin qu'on garde dans une cave et qu'on reprend quelques années plus tard, avec des yeux nouveaux. Car le bruit de l'actualité y est pour beaucoup et qu'il faut savoir tant bien que mal s'en dégager et embrasser des horizons nouveaux.
Aventin : Ni l'un ni l'autre... disons plutôt souci de clarifier une pensée. Si on regarde les vers de Lemaire que tu nous montres, il y a quelque chose de contenu, qui est plus sobre dans l'effet... pour citer un autre poète que j'ai goûté récemment... Armen Lubin se retrouve mieux dans ce qui rend son poème indifférencié. Il ne faut pas faire l'erreur de faire abstraction de ce qu'on ressent comme quelque chose de souterrain, quelque chose qui anime l'énergie du poème «l'air de rien».
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
En lisant Dans l'atelier du poète de René Char, je suis tombé sur un texte de ce dernier à propos de Victor Hugo. Ça suit un peu l'esprit de l'échange qui a été suscité dans les chemins de lectures au quotidien de Dreep, comme quoi il avait été question de Victor Hugo.
Je vous passe le texte, qui a été recopié dans Le Courrier de l'UNESCO :
Je vous passe le texte, qui a été recopié dans Le Courrier de l'UNESCO :
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
Cesare Pavese, La mort viendra et elle aura tes yeux (Verrà la morte e avrà i tuoi occhi), 1950
"La mort viendra et elle aura tes yeux -
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu’au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre, muets."
Cesare Pavese, Poésies variées : Travailler fatigue. La Mort viendra et elle aura tes yeux, Poésie/Gallimard, 1979.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
un poète Haïtien :RENE DEPESTRE
L'HEURE DE CUBA
Il est huit heures du matin
à mon bracelet-montre des
Corbières.
A
La
Havane il fait minuit passé :
avant d'aller au lit
des chevaux vaincus du siècle
Fidel
Castro fume-t-il
le dernier cigare de la journée ?
jette-t-il les mots amers de son discours en désordre parmi les pièces défranchies de son uniforme de macho en chef des chimères de son temps ?
commandant en chef ! quelle heure est-il dans le désert de la révolution ?
dans ses yeux privés de raison et de rosée est-il bien trop tard pour un réveil jamais vu ?
quelle heure est-il à
Cuba dans la poésie ?
(ou dans l'histoire de la philosophie ?)
sur les collines audoises
mes jours en état d'émerveillement
accueillent à bras ouverts
un nouveau lever de soleil
sur les mots de la tribu !
dans le sens où l'Histoire
brûle son voilier cubain
la rage de vivre donne
à mes pas des bottes de sept lieues
dans le chemin où don
Quichotte a disparu.
René Depestre
L'HEURE DE CUBA
Il est huit heures du matin
à mon bracelet-montre des
Corbières.
A
La
Havane il fait minuit passé :
avant d'aller au lit
des chevaux vaincus du siècle
Fidel
Castro fume-t-il
le dernier cigare de la journée ?
jette-t-il les mots amers de son discours en désordre parmi les pièces défranchies de son uniforme de macho en chef des chimères de son temps ?
commandant en chef ! quelle heure est-il dans le désert de la révolution ?
dans ses yeux privés de raison et de rosée est-il bien trop tard pour un réveil jamais vu ?
quelle heure est-il à
Cuba dans la poésie ?
(ou dans l'histoire de la philosophie ?)
sur les collines audoises
mes jours en état d'émerveillement
accueillent à bras ouverts
un nouveau lever de soleil
sur les mots de la tribu !
dans le sens où l'Histoire
brûle son voilier cubain
la rage de vivre donne
à mes pas des bottes de sept lieues
dans le chemin où don
Quichotte a disparu.
René Depestre
Chamaco- Messages : 4287
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Poésie
Toujours Depestre :
Ode à Paul Gauguin
Un décembre éclairé de tendresse et de rêve la magie d'une femme-jardin de
Paris conduit doucement mon temps des îles jusqu'à la splendeur des jardins créoles à la
Gauguin.
L'homme aux mains d'innocence ajoute l'été de la vahiné à mon ivresse de vivre il m'ouvre l'espace insulaire féminin il remet à ma portée la
géométrie tout en courbes joyeuses de la vie.
Prise au piège de la solitude
une jeune femme tahitienne
le dos tourné à la mer
écarquille l'œil magique de son sexe
qui incarne tout l'éclat du bien sur la
Terre :
à même la source vive de son vagin
je bois les hormones fraîches du voyageur !
2
Deux autres jeunes filles sur le sable en reines de l'or qui navigue avec leurs corps m'initient au temps du merveilleux féminin : de bonnes fièvres montent en spirale dans mes veines
!
Gauguin, frère voyant,
dans ta maison sise au-devant des tempêtes
fais-moi passer de la nuit sans lune
à la fête solaire qui donne
à manger au forgeron fou de son enclume !
3
Une fois de plus la femme
se fait jour lumineux
sur la toile du peintre :
la beauté-pirogue descend
en chantant nos rapides d'homme.
Sa force lyrique en action
sous le paréo de feu
le métier féminin à métisser
les lieux et les choses du rêve
nous remet les sens et le sexe en fleur
au jeu charnel qui émerveille au bord
du violet de ses lèvres et du rouge
impérial de sa pomme !
après la longue marche dans le désert ouvrons les horizons éblouis des femmes qui - debout, couchées, accroupies, inclinées donnent à boire aux lignes à
l'abandon au soir de nos mains !
René Depestre
Ode à Paul Gauguin
Un décembre éclairé de tendresse et de rêve la magie d'une femme-jardin de
Paris conduit doucement mon temps des îles jusqu'à la splendeur des jardins créoles à la
Gauguin.
L'homme aux mains d'innocence ajoute l'été de la vahiné à mon ivresse de vivre il m'ouvre l'espace insulaire féminin il remet à ma portée la
géométrie tout en courbes joyeuses de la vie.
Prise au piège de la solitude
une jeune femme tahitienne
le dos tourné à la mer
écarquille l'œil magique de son sexe
qui incarne tout l'éclat du bien sur la
Terre :
à même la source vive de son vagin
je bois les hormones fraîches du voyageur !
2
Deux autres jeunes filles sur le sable en reines de l'or qui navigue avec leurs corps m'initient au temps du merveilleux féminin : de bonnes fièvres montent en spirale dans mes veines
!
Gauguin, frère voyant,
dans ta maison sise au-devant des tempêtes
fais-moi passer de la nuit sans lune
à la fête solaire qui donne
à manger au forgeron fou de son enclume !
3
Une fois de plus la femme
se fait jour lumineux
sur la toile du peintre :
la beauté-pirogue descend
en chantant nos rapides d'homme.
Sa force lyrique en action
sous le paréo de feu
le métier féminin à métisser
les lieux et les choses du rêve
nous remet les sens et le sexe en fleur
au jeu charnel qui émerveille au bord
du violet de ses lèvres et du rouge
impérial de sa pomme !
après la longue marche dans le désert ouvrons les horizons éblouis des femmes qui - debout, couchées, accroupies, inclinées donnent à boire aux lignes à
l'abandon au soir de nos mains !
René Depestre
Chamaco- Messages : 4287
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Poésie
Depestre est aussi un beau prosateur, assez sensuel !
« Le régime pénitentiaire consiste à mettre en bouteilles l'imaginaire des individus changés en morts-vivants. »
René Depestre, « Hadriana dans tous mes rêves »
« C’était une fête de tâter la truite à sa rivière blonde de dix-sept ans et demi. »
René Depestre, « Blues pour une tasse de thé vert », 2, in « Éros dans un train chinois »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Poésie
Je suis curieux de connaître "Hadriana dans tous mes rêves" le livre qui l'a fait connaître, pour la sensualité je dirai : normal il est caraïbe
Chamaco- Messages : 4287
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Poésie
Il y a aussi les récits d'Alléluia pour une femme-jardin. Il m'évoque les auteurs créoles antillais, en plus érotique et lyrico-poétique !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15596
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
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