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Message par Marie Lun 5 Déc - 1:30

Alice Munro
Née en 1931


Alice Munro Photo11

Alice Munro est née à Wingham, petite ville du comté de Huron, sur la rive sud-est du lac Huron dans l'Ontario. Son père dirigeait un élevage, sa mère était institutrice. Elle publie sa première nouvelle en 1950, alors qu'elle est étudiante à l'University of Western Ontario et gagne sa vie en travaillant comme serveuse ou bibliothécaire. Elle quitte l'université en 1951 pour épouser James Munro et s'installer avec lui à Vancouver, en Colombie-Britannique. Le couple tient une librairie à Victoria à partir de 1963 et a quatre filles (dont la deuxième meurt à sa naissance).

C'est en 1968 qu'elle publie son premier recueil de nouvelles, La Danse des ombres heureuses, qui obtient le prix du Gouverneur général, la plus haute distinction littéraire canadienne. Suit Lives of Girls and Women (son unique roman) en 1971. Divorcée en 1972, Alice Munro repart pour l'Ontario où elle épouse en 1976 le géographe Gerald Fremlin, mort en avril 2013, et vit depuis à Clinton, non loin de sa ville natale.

Elle se fait connaître d'un large public grâce à la publication de ses nouvelles dans des magazines comme The New Yorker et The Atlantic Monthly. Sa nouvelle L'Ours traversa la montagne, qui évoque la maladie d'Alzheimer, a été adaptée au cinéma en 2007 par Sarah Polley sous le titre Loin d'elle (Away from Her), avec Julie Christie qui fut nommée à l'Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle. En 2016, le cinéaste espagnol Pedro Almodóvar s'inspire de la trame de trois de ses nouvelles, présentes dans le recueil Fugitives (Hasard, Bientôt et Silence) dans le film Julieta, prénom hispanisé de la protagoniste des trois récits.

Faisant, depuis longtemps, figure de favorite pour le prix Nobel de littérature, elle devient, en 2013, le premier écrivain canadien et la treizième femme de lettres à recevoir cette récompense. Elle est par ailleurs le premier auteur essentiellement nouvelliste à être distingué par ce prix.
Merci Wikipedia!

Bibliographie : (oeuvres traduites en français)

1968 : La danse des ombres heureuses
1982 : Les Lunes de Jupiter
1986 : Miles City, Montana
1990 : Amie de ma jeunesse
1994 : Secrets de polichinelle
1998 : L'Amour d'une honnête femme
2001 : Un peu, beaucoup, pas du tout
2004 : Fugitives
2006 : Du côté de Castle Rock
2009 : Trop de bonheur
2012 : Rien que la vie


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Message par Marie Lun 5 Déc - 1:47

Alice Munro 97827510

Fugitives
traduit de l'anglais (Canada) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso

Subterfuges, où l'on parle d'une robe verte.
" J'en mourrai, avait dit Robin un soir, voilà des années. Si ma robe n'est pas prête,j'en mourrai."

Il est beaucoup question de vêtements, dans ces nouvelles qui portent toutes un titre très bref, Hasard, Bientôt, Passion, Pouvoirs, etc .

Parce qu'il y a beaucoup de souvenirs, et que finalement, on se souvient que ce jour là, le jour où le destin a basculé, ou plutôt aurait pu, on portait une veste à carreaux ocre et brun. Une jupe évasée bleu foncé et un chemisier blanc.
C'est très calme, presque nonchalant, et..

tout pouvait rester joyeux , mais d'une joie pleine de couteaux

Calme et tranchant.

Tous les personnages centraux fuient . Ou essaient. Quelquefois il est beaucoup trop tard. Quelquefois le hasard fait très mal les choses. Quelquefois, l'histoire les rattrape. Ainsi Juliet, que l'on retrouve dans 3 textes, qui part , quitte tout à cause d'une lettre reçue, fait une rencontre dans un train. C'est elle qui sera quittée des années plus tard par sa fille qu'elle ne reverra jamais:

Elle continue d'espérer un mot de Pénélope, mais sans aucun acharnement. Elle espère comme les gens espèrent sans se faire d'illusions des aubaines imméritées, des rémissions spontanées, des choses comme ça.


Un art de décrire le gâchis.

Même si j'aime beaucoup l'histoire de la robe verte, je crois que ma préférée est intitulée Passion
La passion soudaine de Grace pour une famille d'abord. Puis pour un de ses membres, Neil. Et là, c'est l'homme qui va lâcher prise, parce que , comme son père qui s'est suicidé, c'est très brièvement signalé ( comme tous les faits importants, dans ces nouvelles..), il ne peut faire autrement.

"Parle-moi de ce qui t'intéresse, alors.Qu'est-ce qui t'intéresse?"
Elle dit," Vous"
"Ah bon. Qu'est-ce qui t'intéresse chez moi?"Il lui lâcha la main.
"Ce que vous faites en ce moment, dit Grace avec détermination.Pourquoi."
" Tu veux dire boire? Pourquoi je bois?" Il déboucha de nouveau la flasque. "Pourquoi tu ne me le demandes pas?"
"Parce que je sais ce que vous diriez"
"Ah oui,quoi? Qu'est-ce que je dirais?"
"Vous diriez, qu'y a-t-il d'autre à faire? Ou quelque chose dans ce genre là."
" C'est vrai, dit-il. C'est à peu près ce que je dirais. Et puis, après,tu essaierais de me dire pourquoi j'ai tort."
"Non, dit Grace. Non, je n'essaierais pas.
Quand elle eut dit cela, elle se sentit glacée. Elle avait cru parler sérieusement mais elle voyait à présent qu'elle avait essayé de l'impressionner par ses réponses, essayé de se montrer aussi blasée que lui, et qu'en chemin, elle venait de se heurter à cette vérité fondamentale. Cette absence d'espoir- authentique, raisonnable, et définitive.


Bouleversante, celle-là.



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Message par Armor Lun 5 Déc - 2:56

Mais c'est vrai qu'il est sur ma PAL, celui-là. Pourquoi donc ne l'ai-je encore pas lu ?

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Message par tom léo Lun 5 Déc - 7:26

Je partage l'admiration devant les nouvelles (lues) d'Alice Munro. C'était un bonheur de les découvrir! J'en ai fait des observation sur un recueil:

Alice Munro 97827513

Trop de bonheur

Original : Too much happiness (Anglais/Canada, 2009 comme collection de dix stories, mais d'abord parus aussi partiellement dans diveres magazines littéraires)

Lu par moi en anglais. Très intéressant de lire Munro dans sa langue, si impressionante ! Il y a - comme quelqu'un l'exprimait - chez elle une "circoncision, la justesse du mot, la capacité de caractériser" … Je me joinds à ses remarques. Et j'ajoute quand même quelque notes sur le contenu :

Dimensions: Doree se trouve en voyage d'autobus vers son mari emprisonné, Lloyd. Quelque chose de vraiment choquant est arrivé, quelque chose d'impossible (?) va-t-il demander et raconter à sa femme. Quels perspectifs ?

Fiction : Joyce et Jon se sont enfui tôt de leur environnement d'origine, malgré toutes les possibilités ouvertes par leur intelligence. Ils vivent retirés, comme menuisier, comme professeur de musique. Edie, femme ayant eu des problèmes avec l'alcool et dont la fille de neuf ans suit les cours de Joyce, va travailler avec Jon et finalement ils s'en vont ensemble. Après des décennies, y-aura-t-il un rappel de tout cela chez Joyce ?

Wenlock Edge : La narratrice partagea pendant son temps comme étudiante sa chambre avec Nina qui est entretenu d'une façon bizarre par un homme riche d'âge avancée et avec des habitudes étranges. Malgré la surveillance de celui-ci, Ernie aura une affaire... Qu'est-ce qui en résultera ?

Deep Holes : Une famille part avec leur deux fils et le bébé Savannah en pique-nique. L'entreprenant Kent tombera dans un trou malgré les appels à la vigilances. Il sera sauvé par son père, le « héro ». On le suit dans son chemin de distanciaton envers la famille, son refus de contact. Est-ce qu'il y aura une sorte de réconciliation ?

Free Radicals : Nita est veuve depuis peu et elle-même menacé par le cancer. Comment va-t-elle réagir quand un intrus se revèle être un meurtrier et réfugiés ?

Face : Le narrateur a une marque de naissance défigurante au visage, doit vivre partiellement avec des formes d'exclusion. Nancy, fille de la probable maitresse de son père, lui est longtemps une bonne amie. Jusqu'à un incident qui va les séparer...

Some Women : Une femme âgée se souvient comment elle a soigné comme jeune fille un voisin lors des absences de son épouse. Sa mère à lui et la masseuse de celle-ci veulent s'occuper du « pauvre » homme. Est-ce que c'est ce qu'il veut vraiment ?

Child's Play : Lors d'un camp d'été Charlene et Marlene, dix ans, sont provisoirement des amies de vacances, se confiant leur histoires comme par exemple ce degoût profon de la narratrice Marlene pour Verna qui habitait dans une partie de leur maison en ville. Et puis, d'un coup, cette même Verna apparaît au camp...

Wood : Ray gagne la vie pour sa femme Léa et lui-même facilement avec des réparations de meubles etc. Mais il est de plus en plus attiré par la forêt et commence de faire du bois, et de le vendre. Après un contrat oral sur une utilisation d'une partie de forêt, il entend par « des cercles bien informés » que la même partie était aussi déjà promise à une compagnie. Il se hâte de commencer le travail...

Too much happiness : Cette nouvelle est « autre », jouant comme seule nouvelle en Europe et du point de vue de la période jouant au XIX siècle. Cette histoire raconte alors sur la condition des femmes dans cette Europe où elle ne pouvait qu'à Stockholm enseigné comme première femme de Mathématiques. J'avais de problèmes d'accepter cet autre cadre : Munro est alors plus liée par des faits des personnes ayant existées. J'ai honte de l'avouer, mais c'est l'histoire justement dont j'étais le moins impressionnée...

J'ai du réflèchir (ah, je suis insensible?), mais c'est vrai : il y a des histoires d'une certaine gravité ! L'oubli, l'excentricité voyeuriste, des séparations de famille, des maladies, des menaces obscures, des intrusions dans la vie personnelle, la mort donnée... - mais oui, les sujets sont graves ! ( A mon avis le dernier sort du lot par le lieu, le sujet, et dans « Wood » il y a à mon avis un humour un peu noir, mais réel). Mais comment arrive-t-elle (Munro) à me convaincre qu'elle a beaucoup compris de l'homme ? Que derrière des histoires « impossibles » je me sens visé, interpellé ? Cela est le cas.

Les nouvelles jouent toutes sauf l'exception en Ontario/Canada et ont un melange bizarre entre l'inhabituel et l'habituel, l'extravagant et le quotidien. J'ai lu quelque part que Munro fut accusée par certains de son environnement de puiser ses histoires dans les vrais faits du lieu. Souvent la pointe de l'histoire n'est pas là où on la devine ou on l'attend longtemps ; des fois il y a un détour de dernier minute, pardon : page.

Des forts caractères de femmes sont presque toujours au centre.

On aimera garder Munro encore un peu, malgré le fait qu'elle a annoncé que « Dear life » serait son dernier recueil. Ce serait dommâge ! Pour nous. En ce qui me concerne j'ai beaucoup apprécié ce livre !



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Message par Mordicus Lun 5 Déc - 8:23


(Alice Munro. Je l'adore. Mais mes lectures d'elle sont trop lointaines pour que mon avis ait une quelconque teneur en vitamine C)

Je repasserai.
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Message par Barcarole Lun 5 Déc - 8:42

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Fugitives

Je n’ai pas, hélas, été conquise par ce recueil de nouvelles, Fugitives d’Alice Munro, malgré une impression agréable au départ que cette vieille dame charmante était assise près de moi pour me conter ces petits bouts d’histoires de vie. Ces nouvelles sont des petites « études », sortes de réminiscences de souvenirs de sa vie, de ses rencontres, mais je n’ai pas trouvé que les portraits ou les situations qu’elle me décrit – que l’on qualifie de « psychologiques » – étaient des plus réussis. Je n’ai pas aimé non plus son écriture, son style, l’emploi fréquent des verbes être et avoir. Voici donc mon avis, un peu différent c’est certain, de ceux qui apprécient la plume d’Alice Munro !
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Message par églantine Lun 5 Déc - 9:12

Alice Munro 97827510

Fugitives

Un recueil de huit nouvelles , très équilibré dans la qualité de celles-ci et qui ne pourrait décevoir son lecteur ! Comme à chaque lecture de nouvelles , quelques jours après avoir refermé l'ouvrage , il me serait impossible de me remémorer la trame de chacune, celles-ci s'enchevêtrant les unes aux autres dans ma mémoire : mais peu importe, l'essentiel reste... L'art d'Alice Munro , c'est celui de saisir un instant et de bâtir une tranche de vie , immanquablement des femmes... ordinaires, sans attrait particulier, ni singularité marquante...

Que nous raconte-t-elle finalement au-delà de ses histoires?  Que la fuite n'est peut-être pas celle que l'on croit, que la vérité n'est peut-être pas celle à laquelle on s'attend, que les relations humaines sont autant mensonges que sincérité et qu'il est facile d'osciller de l'un à l'autre ou de se fourvoyer dans la confusion des sentiments, qu'un regard, une pensée, un manque, qu'une envie... peuvent, à un moment improbable être le déclencheur d'un acte qui donnera sens ou non sens à la vie, qu'il est aussi facile de se perdre que de se rencontrer, que la destinée laisse sa place au libre-arbitre mais qu'il est rare que l'issue soit celle qu'on souhaite...

La prose d'Alice Munro dans son épure et sa simplicité apparente recèle des richesses de complexités : il faut chercher à travers les mots , les silences , les non-dits, l'ambiguïté et le paradoxe pour rencontrer le joyau! Point de descriptions psychologiques, ni d'analyses : d'ailleurs cela ressemblerait presque à une faute de goût dans le monde d'Alice Munro, si délicat, léger, évanescent presque et pourtant touchant à vif dans les failles et blessures souterraines de chacun! De cette écriture elliptique, naîtront des images puissantes chez le lecteur... se volatilisant dans l'air, avec la grâce d'un papillon : telle est le talent inimitable de cette artiste de la plume!
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Message par églantine Lun 5 Déc - 9:21

Barcarole a écrit:

Ces nouvelles sont des petites « études », sortes de réminiscences de souvenirs de sa vie, de ses rencontres, mais je n’ai pas trouvé que les portraits ou les situations qu’elle me décrit – que l’on qualifie de « psychologiques » – étaient des plus réussis. Je n’ai pas aimé non plus son écriture, son style, l’emploi fréquent des verbes être et avoir.



Je comprends Barcarole . C'est une écriture qui peut effectivement repousser (ma mère est allergique à ce minimalisme aigu). Mais il me semble, par expérience, que ça peut s'apprivoiser. J'ai appris à aimer le genre de la nouvelle et la porte d'accès est différente de celle du roman, enfin je crois.
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Message par Barcarole Lun 5 Déc - 10:10

Je comprends aussi ton point de vue, églantine, puisque nous avons tous des goûts divers, ce qui fait notre richesse. J'apprécie par ailleurs les recueils de nouvelles mais j'avoue qu'après l'avoir lue, cette auteure n'est pas pour moi.
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Message par Quasimodo Lun 5 Déc - 13:48

J'avais plutôt bien aimé une nouvelle d'Alice Munro. Je ne sais plus le titre (la première de Secrets de polichinelle ?). J'ai eu l'impression que c'était à creuser, à lire plus à fond, que je l'aurais aimée au milieu d'un tout, d'un recueil entier. Mais que ma lecture isolée risquait d'être un peu trop "légère". Enfin, qu'elle ne se suffisait peut-être pas à elle-même (enfin, je ne parle que pour moi hein !). Mais je m'embrouille : je ne critique pas tant la nouvelle que ma manière de lire. J'aurais dû lire tout le recueil, m'imprégner de ses histoires, de son atmosphère sobre et un peu nostalgique... enfin, que j'imagine pareille, puisque je me base que sur la nouvelle que j'ai lue. À reprendre donc.
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Message par Marie Mar 6 Déc - 2:46

C'était un peu trop «minimaliste» pour moi aussi quand j'ai commencé à la lire, et puis j'ai réalisé que chaque mot avait son importance dans ses textes, elle doit beaucoup gommer! Et même de temps en temps un éclair dans une phrase qu'il ne faut pas laisser passer... Oui... c'est un regard, un état des lieux qui nous contraint souvent à imaginer plus du fonctionnement de ses personnages. C'est dans le recueil  intitulé Les lunes de Jupiter qu'elle décrit un peu plus son cheminement en écriture.

Alice Munro 513t9k10

Les lunes de Jupiter
traduit de l'anglais ( Canada) par Colette Tonge

D'emblée, Alice Munro , dans la deuxième partie de la première nouvelle, annonce la couleur sur son projet d'écriture. Une tombe, d'un «ermite» inconnu. Recueilli pour ses derniers moments par un fermier et ses filles, qui sont les tantes de la narratrice. Qui était cet homme et que s'est-il passé? On n'en saura rien.

Plus jeune, j'aurais imaginé une histoire . J'aurais affirmé que Mr Black était amoureux d'une de mes tantes..

Plus tard.. j'aurais établi une relation plausible et horrible entre son silence et la façon dont il est mort.

Mais..: Je ne crois plus aujourd'hui que les secrets des gens soient définis et communicables, ni que leurs sentiments soient pleinement épanouis et facilement reconnaissables. Je ne le crois pas. Tout ce que je puis dire, c'est que les soeurs de mon père frottaient le plancher à la lessive, qu'elles moyettaient l'avoine et trayaient les vaches à la main.

Voilà.. Elle ne peut plus raconter que ce qu'elle voit, ou a vu. A nous, ou non, d'imaginer le reste. Alice Munro ne fait que montrer. Et surtout pas démontrer, même si les personnages de ces nouvelles, le plus souvent des femmes, mais pas toujours, "démontrent" elles-même. A travers son regard. Dans ce qu'elle leur fait dire. En particulier, et c'est un thème récurrent ici,  les situations dans lesquelles ces femmes s'engouffrent continuellement, en répétant encore et encore, notamment les choix de conjoints ou compagnons qui ne pourront jamais leur apporter ce qu'elles souhaitent, faisant ainsi leur propre malheur. Alice Munro capte un moment d'existence de ses personnages, en laisse deviner d'autres dans leur futur, conséquences logiques pour le lecteur, ne conclut jamais, ne juge jamais. C'est juste un regard, mais très acéré.

La part autobiographique existe certainement, mais n'a pas grande importance, à mon avis. Par exemple dans la dernière nouvelle qui donne son titre au recueil, peu importent finalement les circonstances de la mort d'un père. C'est plus un éclair de compréhension dans le cerveau d'une femme, d'une fille et d'une mère. Ce qui a manqué dans ses relations avec lui, et il est trop tard. Ce qu'elle a manqué dans ses relations avec ses filles, et il est bien tard aussi. Cette femme en tirera-t-elle des conclusions? Peut-être. Nous, oui, mais pour nous, c'est... décrypté avec brio.

Ces nouvelles sont très denses, dans tout ce qui n'est pas dit d'une part, qui pousse l'imaginaire, et aussi car au milieu de la banalité du récit lui-même, il ne faut pas rater «la» phrase , ou même le mot qui ouvre sur autre chose.

«Brian était simplement quelque chose qu'il fallait supporter, comme le froid glacial du hangar où on vidait les dindes et l'odeur de sang et de boyaux».

Rien à en dire de plus, de ce Brian? Si, plus tard, bien après. Il n'y a aucune sentimentalité, aucune étude psychologique, tout juste ressent-on une empathie certaine pour ses personnages, en tout cas la lucidité d'un regard, c'est-à-dire le sien.


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Message par Marie Mar 6 Déc - 2:50

Je voulais citer ce que disaient Eglantine et Tom Léo , hum, ça n'a pas marché, il va falloir que je m'entraîne, désolée!
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