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Message par animal Jeu 4 Jan - 21:13


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Message par églantine Jeu 4 Jan - 21:21

Ah emballé c'est pesé pour retrouver un peu de peps . bounce
Merci panda .
Précieux tout ça .
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Message par églantine Jeu 4 Jan - 22:39

ArenSor a écrit:L'Enfant chat

Béatrix Beck - Page 2 L_enfa10

C’est effectivement un livre léger par son sujet mais aussi son style primesautier, aérien, poétique, plein d’humour et d’humanisme.

C'est vrai mais derrière se cache sans se cacher d'ailleurs , plutôt s'ajoute en filigrane une lecture un peu moins baguenaudante
  On était tellement habitués aux ersatz qu' à la Libération les étiquettes spécifièrent laine de mouton, miel d'abeilles, sprats de mer. La joie avait goût de pléonasme.      

     Avoir résisté à l'envie de mourir donne le droit d' aimer la vie. J'ai passé l'âge d'être triste, où l'on croit ne pas faire partie de l'univers. L'expérience change les soupirs en respirations.






Je me suis rendu compte que Beck était une grande styliste, amoureuse des mots, de la construction des phrases, des images… Il y a presque parfois un côté surréaliste ou Oulipo, ainsi lorsque la narratrice est contrainte de ne lire que le début et la fin des lignes d’une page parce que la queue du chat masque le reste ou lorsque la chatte n’arrivant pas à prononcer certaines consonnes, cela entraîne des séries de quiproquos.
Et un monde bien à elle , c'est comme si on ouvrait une porte pour s'en allait dans un pays imaginaire , qui fait du bien mais avec des piqûres de rappel de ce qu'est la vraie vie en bas . Une sorte de parenthèse qu'elle nous accorde , pour se recharger par la fibre enfantine mais sans oublier que ce n'est qu'une trêve .

Ce n’est pas facile de parler de Béatrix Beck et je suis un peu déçu de mon commentaire.

Mais tu en parles bien !  cheers
Vous avez tout de même compris que je recommande fortement ce livre à tous les amoureux de la nature et des qualités d’écriture. Je comprends mieux maintenant les éloges d’Animal. Béatrix Beck est sans doute un bel auteur du XXe siècle, passé quelque peu inaperçu de son vivant.
J'ai une copine bibliothécaire qui a eu un échange épistolaire quelques temps avec cette grande dame de la littérature . Un trésor pour elle ces souvenirs .
Et puis vous savez, j’ai lu des passages de ce livre à Minette qui a adoré. C’est pour dire  Very Happy .
rien d'étonnant .  Cool )
Pour la route : ( S , c'est donc l'enfant-chat )
  Il pleut. La pluie ,  intense , prolongée, régulière, donne une impression de générosité. Sur les trois pommiers, chaque pomme a sa goutte de pluie en pendeloque. Ces arbres ne portent fruit qu' une année sur deux. Suis ébaubie par leur calendrier secret et leur connaissance infuse du système binaire. S rentre et dit : " si angora qu' on soit, on finit quand même mouillé. "  C'est bien la première fois qu' elle prononce une phrase si élaborée, exception faite de " l'en-soi vers le pour-soi"de  sa petite enfance que je ne saurais considérer autrement que comme une anomalie au second degré, une bizarre possession par les voix de l'existentialisme.      

J'ai beaucoup ri , et l'enfant-chat a vécu pour de vrai dans l'éphémère d'une lecture . Je passe la main .
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Message par animal Jeu 4 Jan - 22:50

toujours un plaisir de lire ce genre d'expérience. cat

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Message par animal Jeu 26 Juil - 21:34

Un extrait de L'Enfant chat ?
Elle ne répond rien. On dirait qu'elle s'est maquillée avec une folle fantaisie : mouche au coin de la bouche, qui lui donne l'air de faire une drôle de petite moue ; trait noir sur le bord de sa rousse oreille gauche ; eyeliner autour de ses yeux, qui sont maintenant couleur de reine-claude, on est mis en face du fait accompli. Mèches rousses, mèches noires, patte blanche, patte rousse. Touches de roux sur les taches noires. Arrière-train en forme de cœur. Bouquets plumeux dans les oreilles. Retroussis désinvoltes sur la nuque, elle porte un renard argenté, bleu, croisé. Symétrie des formes et dimensions, asymétrie des couleurs. Arlequine à demi masquée d'un loup; change chaque jour en mi-carême.

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Message par anagramme Ven 27 Juil - 13:44

Très beau !
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Message par animal Jeu 23 Juil - 9:56

Béatrix Beck - Page 2 Couvbb10

Devancer la nuit suivi de Correspondancesavec Roger Nimier

Commençons par Devancer la nuit, face épistolaire d'une histoire d'amour, ou à peu près épistolaire et à peu près la liaison amoureuse. Initiales respectives A. La manière nous faisant comprendre qui est qui, lui dandy ennuyé à l'humour noir voire morbide, elle américaine, obstinément vivante avec un soupçon de brusquerie. Références perceptibles, références qui échappent dans cet échange de bons mots qui a parfois des airs d'amour vache. Ce qui domine dans cette passion contrariée c'est d'ailleurs l'attention à l'autre, autrement, dans le jeu de la formule, de l'altérité et du contrepoint. Et puis s'il y a les lettres ou billets, il y a aussi des dialogues entre Alexis et Anaïs et entre Anaïs et Madame Blanche sa dévouée domestique aux pieds sur terre au dicton agile. Autre contrepoint qui rend plus fragile et éthérée la sphère des deux amants. Surtout dans cet échange, finalement, le jeu n'est pas que séduction, il est aussi expédition de secours en quelque sorte.

Étonnant avec des moments détonants.


La Correspondance avec Roger Nimier ensuite. Quelques lettres et billets d'une relation différente mais bien réelle, elle aussi faite d'attention, d'humour et de bons mots et on retrouve dans la chronologie quelque chose de Devancer la nuit. L'inverse en fait certes mais l'occasion de découvrir un peu des deux auteurs. On comprend entre autres choses dans cette amitié importante le soutien de celui du milieu à la lauréate du Goncourt qui peine à vivre de sa plume. C'est à la fois pour les adeptes de BB et un bel éclairage sur le texte littéraire à la forme très libre.

Il serait dommage d'oublier la postface qui parle de littérature par les auteurs et leurs tendances et de cette amitié qui pourrait surprendre entre bords politiques divergents mais là aussi littérature. Avec des noms "passés" mais une approche intéressante. Surtout un portrait de Roger Nimier par Béatrix Beck et "Pourquoi j'ai voulu devenir française", article paru dans Elle quand après dix huit ans à se la voir refuser, par l'entremise de Roger Nimier, enfin...

En résumé ? Béatrix Beck ça a l'air léger, c'est rigolo, entre fausses maladresse et farouche liberté. C'est un geste aussi dans cette liberté qui donne une place à l'autre, à ses personnages et à ses lecteurs sans doute. Dans sa manière éclatée elle est parfois difficile à suivre mais ça doit aussi être ça la liberté.

Mots-clés : #amitié #amour #correspondances #ecriture

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Message par Bédoulène Jeu 23 Juil - 11:17

merci Animal !

je n'ai lu que deux de ces livres, que j'ai appréciés mais je ne la connais pas assez.


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Message par Invité Jeu 23 Juil - 21:14

animal a écrit:

En résumé ? Béatrix Beck ça a l'air léger, c'est rigolo, entre fausses maladresse et farouche liberté. C'est un geste aussi dans cette liberté qui donne une place à l'autre, à ses personnages et à ses lecteurs sans doute. Dans sa manière éclatée elle est parfois difficile à suivre mais ça doit aussi être ça la liberté.

Beau billet qui dit bien... Béatrix Beck - Page 2 1252659054

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Message par Nadine Lun 12 Oct - 21:49

https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/toujours-plus-loin-avec-beatrix-beck-1914-2008


Eglantine l'a citée plus haut, déjà, mais je la remets car elle est magnifique, cette phrase :



"  Avoir résisté à l'envie de mourir    donne    droit   d' aimer la vie.
J'ai passé l'âge d'être triste,
où l'on croit ne pas faire partie de l'univers.


L'expérience    change les soupirs      en respirations.
"


Je débarque, je ne connaissais pas dutout, j ai juste acheté en ressourcerie "l'enfant chat", pensant à un truc mignardise. Genre "vacances antithétiques à Huysmans, pour mieux revenir à Huysmans". ça a été en effet très récréatif et facile à lire, mais aussi très déconcertant. Mais QUI est CETTE FEMME ?  

Enfin voilà, j'y reviendrai. Je commenterai. Plus tard.
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Message par animal Mar 13 Oct - 6:06

Il serait temps ! Béatrix Beck - Page 2 3866672782

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Message par Nadine Mar 15 Déc - 21:20

Je lis un second recueil d'elle, après "l'enfant chat " qui m'avait séduite.
Plus loin mais où
C'est très particulier, pas sûre que j'aime autant, mais se confirme la grande livberté d'écriture et la singularité. A suivre.
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Message par animal Mar 15 Déc - 21:42

Héhé, je ferai un coup de récup quand tu en seras venu au bout. ça déménage quand même pas mal dans mon souvenir.

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Message par Bédoulène Mer 16 Déc - 0:16

moi j'ai apprécié "Plus loin mais où"

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Message par Nadine Mer 16 Déc - 10:10

Oui alors en effet j'étais un peu en désarroi, au seuil de la deuxième partie.
Un peu paumée quoi.

Lu, l'ensemble, il me semble que je préfère même à L'"enfant chat" , finalement,

enfin c'est bien différent, très désopilant . je préfèrerais ne pas commenter. C'est complètement neuf, hyper singulier.

Je sais pas ce que ça me fais. ça me bouscule. le phrasé, le genre.
Du coup Animal, ton retour sera grandement apprécié. Toutes vos réactions plus haut m'ont donné des mots pour restituer mon expérience , tant mieux. Je conseille mais j ai pas envie de commenter car je ne comprends pas ce qu'elle produit en moi.
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Message par animal Mer 16 Déc - 20:54

En avant la récup alors, qui me rappelle qu'effectivement ce pas un contenu très habituel :

Béatrix Beck - Page 2 Pluslo10

Plus loin, mais où

Un ouvrage relativement tardif, 1997, qui nous fait connaitre Marceline, une vieille représentante de la marginalité rurale, absolument sauvage et asociale qui se nourrit de plantes diverses et d'animaux tout aussi divers... ses mots et ses pensées sont autant de maximes et de conjurations ! aussi infernale que réjouissante sorcière qui ressemble bien un peu à l'auteur et qui s'échange régulièrement quelques jets de pierres avec les gamins du village... Arrive un jeune étudiant qui trouve là son sujet de thèse. beau gosse, rouquin, juif, il cherche à amadouer sa proie qu'il appelle grand-mère. Grand-mère qui ne manque pas de l'asticoter et de l'envoyer paître jusqu'à son dernier souffle.

Arrivés là on aurait un très réjouissant portrait teinté de la rage langagière caractéristique et des sujets habituels de famille, religion, marginalité, sociétés et apparences... l'accent est quand même mis, très pieds dans le plat, sur l'antisémitisme et il faut reconnaître que sa sauvagerie rurale dépossédée et ses piques ont l'air bien acérés pour une fin des années 90 où on se complaisait (on continue ?) à se croire revenu de tout et hardcore et libre de parole... ça réveille !

Mais la Lanturlu meurt. Notre gars, attaché malgré tout, s'occupe des funérailles comme il peut, assisté des gamins qui se chamaillent, les adultes absents, il ne reste plus que cette étrange vérité de conte naturel...

Et, plus étonnant, on continue à suivre notre type qui s'en retourne à ses études et à son oncle et à sa tante, puis viennent sa vie d'adulte et de père... c'est une des surprises de voir BB se glisser dans la peau d'un homme assez naturellement, surtout universitaire peut-être. Il est à la fois différent et autre double de l'auteur... et continuité, et reviennent étrangetés, différences de classes et vengeances. Et enfance au sens large et pas uniquement sous son meilleur jour (la notion de sale gosse à du sens chez BB). On pense forcément aussi à L'épouvante, l'émerveillement. Pour le mélange des thèmes et des genres. Ca serait un peu une version conte sauvage pour adultes, une rare évocation affirmée de la différence et de son manque, après tout, de différence, une affirmation aussi, presque tendre mais pas trop, d'un droit à la cassure, tant que ça se tient.

J'ai été assez surpris finalement, tout en recevant le choc attendu et l'humour infernal, tellement tout est à la fois simple et pas si simple dans ce petit monde cruel mais enchanté.

Le bon début :

On dit que je fais peur aux gens, tant mieux comme ça ils viennent pas. J'ai pus de dents, c'est pas gênant, pas besoin de dentier pour manger ma soupe, je vais pas faire des rentes au Mathieu Grattenoix, voleur et compagnie. Dans le temps c'était l'arracheur, aujourd'hui on s'écoute, on se chouchoute.
Je me fais des bonnes petites crèmes, sans œufs, sans lait, sans rien. Des compotes à la maraude, vaut mieux manger le fruit du voisin que le sien. J'ai mon bol marqué Henri et mon gobelet de première communion, argent doré, imitation saint ciboire.
Le matin je mange ma soupe du soir. A midi j'hache, je suis mange-viande mais pas celle au Francis Dousse, ya assez de bêtes par les champs, chats, hérissons, campagnols, vite fait hop dans le sac. Je suis chat pour les mulots et cabot pour les chats.
Litron, roupillon. Mon caoua, jus de chaussettes, chicorée blé cornu. Qui va à la guerre comme à la guerre peut bien marcher aussi quand ya pus de guerre.
Un petit verre de gnôle à la lune tombante pour chasser le ver.

Ma meilleure jambe, c'est ma trique à vaches. Vaches point, trique oui, je l'ai trouvée dans le chemin.
Les araignées me font leur tapisserie. Ils disent comme ça qu'une araignée a sauvé le petit Jésus et sa mère, coursés par les soldats. Ils venaient de s'enfourner dans une grotte. Cette bête a goupillé sa toile à l'entrée, vite fait. Soi-disant. Ça ne se peut pas, je connais mes araignées mais si que ça serait vrai, tant pis. Toutes ces guerres de religion, on a assez avec les sans-religion.

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Message par Nadine Mer 16 Déc - 21:59

Voilà. tout est dit. Première partie très dérangeante, réfication maximale de la bonne femme, à un point répulsive...Et la suite qui a l'air de tisser un sens un tout, très perturbant. A lire.
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Message par Bédoulène Mer 16 Déc - 23:54

Juste quelques mots sur ce livre

Plus loin mais où

Animal vous a commenté  l'histoire si bien que je n'y reviens pas.

Ce petit livre se lit d'une traite. Cette Marcelline je ne serais pas étonnée si elle existait, les galopins qui lui faisaient des noises j'en ai rencontré.
Quant à Yann c'est un homme qui a eu la chance que son professeur note un jour sur son travail "Il faut aller plus loin. Beaucoup plus loin." C'est ce qu'il a fait, il s'est marié a eu plusieurs enfants, il devient un père lui dont les parents Juifs ont perdu la vie dans un camp en Allemagne.
C'est bien que l'auteur n'ait pas tergiversé avec l'antisémitisme en faisant parler Marcelline notamment et en l'abordant cruement.
La leçon pour l'aventure avec Marine,  Yann l'a reçoit 20 ans plus tard, peut-être à ce moment là s'est-il rappelé l'insulte de son oncle "Salaud. Espèce de salaud. Tu es un vrai salaud."
La fin du livre est brutale, comme l'est la mort de Lizzi, sa femme, mais lui assumera son rôle de père :

" Je vais inscrire Marion à un poney-club c'est bon pour les traumatisés."

et d'enseignant car "Ce n'est pas une raison parce que ma vie est incendiée pour que mes cours en souffrent."


J'ai été agréablement surprise par l'écriture si vivante, vibrante, qui se boit tellement c'est fluide, clair, le lecteur est entraîné.

Une belle rencontre

j'ai lu aussi Un (e)

récup

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Message par Pinky Jeu 13 Jan - 14:59

Béatrix Beck - Page 2 97822410
J’ai découvert Béatrix Beck par l’Enfant-Chat, je n’avais pas fait le rapprochement avec le film Léon Morin prêtre, vu il y a bien longtemps. J’ai ensuite trouvé le recueil de contes L’île dans une bassine d’eau et j’ai poursuivi avec les nouvelles car j’avais été séduite par son intérêt pour l’enfance et le merveilleux. Ce que j’ai retrouvé dans les nouvelles mais avec d’autres dimensions et en arrière-plan, une mélancolie associée à une certaine férocité face à la méchanceté humaine.

Guidée par le songe regroupe tous les recueils de nouvelles parues avant 1998.
Recensement (1991)
Vulgaires vies (1992)
Moi ou autres (1994)
Prénoms (1996)

Certaines nouvelles sont assez longues comme Le Triplex, 28 pages ou Bazar Demême, 46 pages. D’autres sont très courtes comme Suppression, 8 pages ou même ne font qu’une page ou deux.
Les thématiques sont diverses : critique sociale, enfant témoin impuissant de la médiocrité des adultes, abandonnés et laissés pour compte qui retrouvent un peu de chaleur humaine auprès d’autres égarés ou d’enfants qu’on leur retire. Pour déjouer toute cette mélancolie, BB use du merveilleux. Les animaux, les gargouilles, les nains de jardin parlent, vivent. Ce qui me frappe aussi c’est l’omniprésence de la mort. C’est parfois une mort douce, une délivrance. C’est particulièrement sensible dans le recueil de contes : L’enfant qui  cherchait la petite bête.

B Beck jouait aussi avec le langage :
« Inventions verbales, expressions qu'elle tordait et détordait en tous sens, perles du parler populaire qu'elle collectionnait avec soin, jeux de sonorités ou de syntaxes, lapsus, bouts rimés, néologismes tous azimuts... : a-t-on assez dit les virtuosités langagières de celle qui se définissait comme une "écrivassière" ("J'aime ce terme, disait-elle. Il me fait penser au Bestiaire d'Apollinaire. Ecrivassier, écrevisse... Moi non plus je ne marche pas droit"). »
Florence Noiville, Le Monde, 2 décembre 2008, Nécrologie de B. Beck.


Pour ne pas envoyer un pavé, je vais traiter les différents recueils séparément

Recensement

Le triplex

Un immeuble, sans doute plutôt un hôtel particulier dans lequel vivent quatre générations : l’arrière grand-mère : Moll Cuff qu a perdu la tête, Deborah sa fille et son mari Abel Durand de Beautray, Valentia fille de Deborah qui vit avec son fils Taddeo.
La nouvelle met en scène les relations familiales de ces générations, vivant chacune à un étage de l’immeuble,  le triplex.  Pour donner le ton, voici les réflexions de Deborah quand son mari lui annonce  la mort de sa mère :

[/i]
«  - Prenez les dispositions que vous voulez mais ne m’en parlez pas. Vous savez bien que je ne supporte pas that one speaks of death. C’est tellement triste.
La sexagénaire mordit dans une pâtisserie, essaya de boire une gorgée de thé, s’étouffa, s’évanouit presque. Abel s’empressa d’aller chercher les sels dans le cabinet de toilette. Avant de les respirer, Mme de Beautray demanda :
- Occupez-vous de lancer les invitations.
- Un enterrement n’est pas un raout, ma chère amie. Nous ferons passer un avis dans le Figaro. »


Il y a aussi les domestiques qui discutent des qualités respectives des Anglais et des Irlandais, la famille se disant anglaise ou irlandaise :

« -  Mais elle [la Grande Bretagne] est  sainte comme l’Irlande ?
- Sainte ! Mon petit minet, c’est un repaire d’assassins.
- Vous êtes sûre ?
- Sûre. Le seul saint qu’ils aient eu, ils l’ont assassiné en pleine cathédrale en pleine nuit de Noël. Assassiné ce ne serait rien encore mais sacrilège ça ne pardonne pas. »
Abel de Beautray s’intéresse de près aux domestiques. Il courtise Louisette qu’il finit par violer.
« Je lui ferai cadeau d’une montre-bracelet en or, ce sera plus que bien payé…
Malgré lui, le mot « viol » revenait à la charge. Il le traitait de stupidement romantique et vétilleux. Elle était peut-être pas consentante, soit.  Pas consentante, mais quelle femme l’est ? »
Louisette avec son bracelet montre au bras sera licenciée au désespoir de Taddeo dont elle s’occupait. Pour le consoler sa mère lui dit :
« Louisette est une créature exquise c’est vrai mais tu ne dois pas oublier que c’est une femme de chambre et qui accepte de l’être, qui trouve cette servitude naturelle. C’est grave, tu sais  très grave. Pour nous, pour les vraies personnes, plutôt mourir que servir ».


Taddeo, l'enfant, est le seul personnage de la famille qui reste « innocent ». Louisette lui laisse une boîte ne contenant qu’un petit message, souvenir qu’il serre sur son cœur.


« Taddeo, acceptez en souvenir
Ce modeste présent où vous
Pourrez mettre ce que vous
Voulez si c’est tout petit.
C’est la mer qui l’a apporté sur
Notre grève.
Louisette ou Charise, comme
Vous voulez »


Louisette est son nom de domestique, Charise son nom de baptême.

La présentation de la famille est féroce. On pense au Voyageur sans bagages d’Anouilh.

Bazar Demême


Le premier chapitre consacré à la description du bazar est une sorte de litanie laïque qui avance au fil du temps


« Pour le mardi gras, masques de vedettes, de bêtes, de politiciens. Démon, vieillard, chinois, Marianne. Les clients croient se cacher derrière leurs masques et c’est leurs masques qui les dénoncent. Le fils Pantargues en cochon, la petite Blouin en Bécassine, les deux Lémery en Guignol et Gnafron, le grand Ludovic en pirate, est-ce que ce n’est pas eux-mêmes en tout crachés ?
A Pâques, œufs impérissables, de saison en saison, espérant éclore, donner le jour à des poussins immarcescibles. Nous, on est plutôt des œufs qui n’éclosent jamais, enfin rarement. Plus est en nous ? Moins, vous voulez dire.
…………..
Quatorze juillet, bamboula patriotique, entre Pentecôte et Assomption, sans-culotte flanqué par le Saint-Esprit et la Sainte Vierge. On guirlande, on lampionne, on pète du feu d’artifice, on pétarade, on parade. »


Lucile Demême, la mère tient le bazar et a pour objectif de plaire à tous


« En tous cas, mes enfants sont polis autant avec les pauvres qu’avec les riches, je les ai habitués. Les uns et les autres font marcher le commerce, ceux qui mangent de la vache enragée se cassent même plus de vaisselle que ceux qui ont du foin dans leurs bottes »
Les enfants : Arthur est intelligent et Ludivine, très belle fille « ne comprend pas ce qu’on lui veut à l’école Les questions pour elle, c’est du chinois, alors comment trouver les réponses ? Deux ans de retard.

»

Arthur fait des études brillantes Il est reçu dans la famille bourgeoise des Gaubert, se lie d’amitié avec le fils. Finalement, tous les deux se noient, accidentellement ? dans la rivière près du bazar.
Lucile ne supporte pas. Elle quitte le bazar et est recueillie par Mauviette, la folle.


« Sur le bord du chemin, Mauviette se pencha pour cueillir un millepertuis, en l’appelant chasse-démons et baume du commandeur, le glissa dans la boutonnière de son paletot râpé. Le fils Loyaut la croisa et murmura « Vieille toquée ». A son étonnement, elle l’entendit et approuva :
- Tu as raison mon garçon, je suis vieille et je suis folle. La folie sauve la vieillesse.
Il bafouilla
- Je voulais pas….
Qu’elle était déjà loin, ramassant un caillou remarquable régulièrement strié comme un zèbre. »


Mauviette, meurt ou elle s’endort définitivement :


«  Fini, c’est fini. Dans l’esprit de l’égarée, un voile se déchira. Son hôtesse ne pourrait plus accueillir sa folie. Il faut rentrer dans le rang, supporter le désespoir. »


Une attention portée au langage des uns et des autres. Langage familier des pauvres, grossier des parvenus, poétique des fous, cruel avec inconscience des bourgeois.
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Béatrix Beck - Page 2 Empty Re: Béatrix Beck

Message par Pinky Jeu 13 Jan - 15:06

Guidée par le songe : deuxième recueil de nouvelles

Vulgaires vies


Vulgaires vies


Une sorte d’exploit linguistique : une nouvelle pratiquement entièrement rédigée en dictons ou expressions pour raconter des « vies vulgaires ». Des vies qui pourraient être noires ; disons banales et quand même pas terribles :

« Mieux vaut manger le pain des autres que le sien. Elle avale des couleuvres, la sauce fait passer le poisson.
Quand on lave aux Rogations, un corps sort de la maison. Met un bœuf sur sa langue.
Araignée du soir, espoir. Veine de pendu. La roue tourne, après la pluie le beau temps. Sortie du tunnel. Elle reprend du poil de la bête. Qui toujours espère. Dieu le sert. »
La grand-mère meurt. Il semble qu’on l’ait un peu aidée.
« Larmes de crocodile. S’est endormie dans la paix du Seigneur. Honni soit qui mal y pense. Ils la conduisent à sa dernière demeure. Ne se sont pas moqués d’elle, ont bien fait les choses.
- Ça lui fait une belle jambe
- C’est l’intention qui compte
- L’enfer est pavé de bonnes intentions
- N’en jetez plus la cour est pleine.

Un esprit égaré


Dialogue entre un fou et son psychiatre

-
Eurekâ, quand j’étais sous la douche
- Si soudainement ?
- J’ai eu le coup de foudre.
- Pour qui ?
- Pour moi.
- Il arrive que des gens pensent être Dieu.
- Ce sont de faux dieux. Je suis le seul vrai.
- Qu’est-ce qui distingue un faux dieux d’un vrai ?
- Du vrai. Jamais un autre dieu réussit-il à arracher une nation du milieu d’une autre nation, comme je l’ai fait en Egypte ?
- Donc, vous vous appelez Dieu ?
- C’est un pseudonyme.
Eh bien, docteur Prouvaire, où en êtes-vous avec Dieu ? Avez-vous progressé ?
- Oui monsieur, je suis arrivé à la conclusion qu’il n’est pas plus malade que vous et moi.
- Vous le considérez comme un simulateur ?
- Non, pas du tout. Il est vraiment Dieu.

Table tournante


Une famille wallonne réunie autour d’une table pour la faire tourner en profite pour révéler peu à peu des secrets bien gardés et pour exprimer son hostilité face aux Flamands germanophiles.

«-  Et les Flamands ?
- Je m’en fous éperdument
- Bérengère !
- Ils n’ont qu’à se rattacher à la Hollande, ils parlent la même langue.
- Ils y ont pensé mais comme ils n’ont pas la même religion, le projet a foiré. »

Suppression

René Louit part voir sa mère en voiture et pour la première fois, ne prend pas un aller et retour par le train. Il ne peut pas revenir car à la gare, on lui dit que son village n’existe pas. Une nouvelle très courte avec des allures de cauchemar.

-
S’il vous plait, Bourg-le-Bourg ne figure plus sur le parcours à destination de Chogne-sur-mer ?
- Bourg-le-Bourg ? répéta le préposé en haussant les sourcils. Vous devez vous tromper, il n’y a jamais eu de Bourg-le-Bourg.
- Mais si voyons, Mauvisse, Feuillard-les-Escouffes, Bratière, Chogne-sur-mer. Quatre stations. Voyez sur l’autre ligne.
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