Hisham Matar
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Hisham Matar
Hisham Matar est un auteur libyen/américain.
Il est né à New-York, libyen par ses parents, et vit à Londres, naturalisé anglais. Il écrit en anglais. Le fil peut-être déplacé par les modos sans problème.
Hisham Matar est né à New York où son père, Jaballa Matar, travaille pour la délégation libyenne aux Nations unies. En 1973, sa famille retourne à Tripoli, en Libye. En 1979 , son père doit fuir le pays et la répression avec sa famille. Ils s'installent au Caire, puis, à partir de 1986 Matar entame des études d'architecture à Londres, d'où il apprend l'arrestation de son père en 1990.
Il vit aujourd'hui à Londres.
Bibliographie en français :
Au pays des hommes 2011
Une disparition 2006, traduit en 2012 (repris en folio sous le titre anatomie d'une disparition)
La terre qui les sépare 2017
Wikipedia
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Hisham Matar
La terre qui les sépare
(The return. Fathers, sons and the land in between)
Hisham Matar est un petit frère de Télémaque
Il est né en Libye, où son père, un intellectuel doux et charismatique était un des principaux opposants à Kadhafi. En 1979, Hisham avait 9 ans, sa famille a dû émigrer au Caire. Et quand il fait ses études à Londres, son père est enlevé par les services secrets égyptiens et rendu à la Lybie, jeté dans une geôle infernale. Aucune information ne transparait plus.
C'est en 2011 après la révolution libyenne (mais, il ne la sait pas avant une terrible guerre civile qui fera presque regretter Kadhafi), qu'il peut enfin revenir au pays natal, terre dont il n'a jamais oublié la lumière.
Hisham Matar évoque ce père tant aimé, disparu depuis vingt et un ans, dont il ne sait rien à part quelques lettres éparses dans les premières années.
Est-il anéanti ou vivace, vivant ou mort? Mort sans doute, mais alors où est son corps, et quel fut son parcours? Il raconte les années passées en exil à se battre pour obtenir des nouvelles ou une libération de son père et des nombreux membres de sa familles incarcérés en même temps que lui. C'est l'occasion d'une belle réflexion sur l'exil, la douleur de l'absence, l'amour filial, la ténacité, mais aussi sur la répression et l'histoire de la Lybie, faite avec les tripes de ceux qui y ont combattu pour la liberté.
Dans ce très beau livre, à l’écriture mélancolique, magnifiquement traduit par Agnès Desarthe, on est porté par le désespoir à la fois doux et virulent de Hisham Matar, sa colère, son énergie et sa fidélité. On l'accompagne dévasté dans ce retour douloureux, où traine toujours, derrière les retrouvailles émouvantes, ce remords du père parti, de la vie volée, de la vérité inaccessible.
Tom Leo, j'ai beaucoup pensé à L'oubli où nous serons de Héctor Abad pendant cette magnifique lecture.
Jabala Matar
2011 Hisham Matar retrouve l'oncle Mahmoud
mots-clés : #autobiographie
(The return. Fathers, sons and the land in between)
Hisham Matar est un petit frère de Télémaque
je souhaiterais être le fils de quelque homme heureux
qui dût vieillir sur ses domaines -
au lieu de cela, ça mort demeure à jamais inconnue…
Il est né en Libye, où son père, un intellectuel doux et charismatique était un des principaux opposants à Kadhafi. En 1979, Hisham avait 9 ans, sa famille a dû émigrer au Caire. Et quand il fait ses études à Londres, son père est enlevé par les services secrets égyptiens et rendu à la Lybie, jeté dans une geôle infernale. Aucune information ne transparait plus.
L'une des choses sur lesquelles l'humanité semble s'accorder est ce à quoi une prison doit ressembler et comment elle doit fonctionner.
Comme si lui et moi nous tenions chacun sur la rive opposée d'une même rivière et que l'eau grossissait entre nous, jusqu'à devenir un océan.
C'est en 2011 après la révolution libyenne (mais, il ne la sait pas avant une terrible guerre civile qui fera presque regretter Kadhafi), qu'il peut enfin revenir au pays natal, terre dont il n'a jamais oublié la lumière.
Ma condamnation silencieuse de ces frères d'exil qui ne désiraient rien tant que de s'assimiler - autrement dit, ma passion de fou furieux pour le déracinement - constituait mon serment misérable de fidélité au pays que j'avais quitté, ou, j'y pense, peut-être pas tant à la Libye qu'au petit garçon que j'étais au moment du départ.
Dans la voiture, alors que nous nous éloignions d'Ajdabiya pour gagner Benghazi et la côte, je me rendis compte que, durant toutes ces années, j'avais gardé en moi cet enfant que j'étais autrefois, son langage particulier et les détails de sa personnalité, l'impatience de css jeunes dents assoiffées de mordre dans la chair fraîche d'une pastèque, sa première pensée au réveil étant : Comment est la mer aujourd'hui ? Est-elle lisse ou agitée, avec des crêtes d'écume blanche au sommet des vagues ?
Hisham Matar évoque ce père tant aimé, disparu depuis vingt et un ans, dont il ne sait rien à part quelques lettres éparses dans les premières années.
Les pères savent forcément, ayant eux-mêmes été des fils, que la présence fantomatique de leurs mains restera des années durant et jusqu'à la fin des temps, et que, quels que soient les fardeaux que l'on accumulera sur cette épaule et le nombre de baisers que l'amour viendra y déposer, sans doute attiré par le désir secret d'effacer le sceau d'un autre, cette épaule restera pour toujours loyale, en souvenir de la main de cet homme qui a eu la bonté d'ouvrir les portes du monde.
Est-il anéanti ou vivace, vivant ou mort? Mort sans doute, mais alors où est son corps, et quel fut son parcours? Il raconte les années passées en exil à se battre pour obtenir des nouvelles ou une libération de son père et des nombreux membres de sa familles incarcérés en même temps que lui. C'est l'occasion d'une belle réflexion sur l'exil, la douleur de l'absence, l'amour filial, la ténacité, mais aussi sur la répression et l'histoire de la Lybie, faite avec les tripes de ceux qui y ont combattu pour la liberté.
Dans ce très beau livre, à l’écriture mélancolique, magnifiquement traduit par Agnès Desarthe, on est porté par le désespoir à la fois doux et virulent de Hisham Matar, sa colère, son énergie et sa fidélité. On l'accompagne dévasté dans ce retour douloureux, où traine toujours, derrière les retrouvailles émouvantes, ce remords du père parti, de la vie volée, de la vérité inaccessible.
Cela, je crois, fait parti de l'intention, du processus. On fait disparaître un homme pour le réduire au silence, mais aussi pour racornir l'esprit de ceux qui restent, pour pervertir leur âme et limiter leur imagination. Lorsque Kadhafi enleva mon père, il m'enferma dans un espace pas beaucoup plus grand que la cellule dans laquelle il l'avait jeté. J'allais et je venais dans cet espace, mû par la colère d'un côté, puis par la haine de l'autre, jusqu'à ce que je sente mes entrailles se rassembler et se durcir. Et parce que j'étais jeune, et que la colère et la haine sont des émotions de jeune homme, je me fis croire à moi-même que la transformation était pour le mieux, que c'était une forme de progrès, un signe de vigueur et de force.
Tom Leo, j'ai beaucoup pensé à L'oubli où nous serons de Héctor Abad pendant cette magnifique lecture.
Jabala Matar
2011 Hisham Matar retrouve l'oncle Mahmoud
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Hisham Matar
La disparition du père était déjà au coeur du premier livre de l'auteur, Au pays des hommes, roman inspiré de son histoire personnelle. Un ouvrage lu il y a un peu plus d'un an et qui m'a marquée, je regrette d'ailleurs que mon commentaire de l'époque soit resté à l'état d'ébauche…
L'absence semble omniprésente dans l'oeuvre de l'auteur ; elle est aussi au coeur de son roman "Anatomie d'une disparition" que attend sagement sur ma PAL.
L'absence semble omniprésente dans l'oeuvre de l'auteur ; elle est aussi au coeur de son roman "Anatomie d'une disparition" que attend sagement sur ma PAL.
Armor- Messages : 4589
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Re: Hisham Matar
Oui, je vais aller voir du côté de ses romans!
Que serait la littérature sans l'exil?
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topocl- Messages : 8395
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Re: Hisham Matar
Quel genre de passeur? Où? Quand?
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topocl- Messages : 8395
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Re: Hisham Matar
Je ne comprends pas, topocl ?
Nadine- Messages : 4832
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Re: Hisham Matar
Et bien le livre que tu cites s'appelle Une vie de passeur, donc je demande des précisions.
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topocl- Messages : 8395
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Re: Hisham Matar
C'est la notion mise en avant au cours de leur entretien, Todorov ecrivait mais etait aussi chercheur, sur le langage. je crois me souvenir qu'il emploie ce terme pour désigner la posture qu'il sentait en lui, à travers son experience d'exil. Quelque chose comme ça quoi. c'est la femme qui mène l'entretien qui a dû choisir le titre.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Hisham Matar
C'est passeur au sens de passeur d'idées, donc? et non celui qui fait passer les frontières aux réfugiés?
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topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Hisham Matar
Au pays des hommes
Souleyman raconte l'été de ses 9 ans, un été libyen brûlant où la dictature de Kadaffi torture, assassine, paralyse, s'infiltre tant et si bien que les enfants la pressentent alors même que tout leur est caché. Ils ne savent à quel saint se vouer, la mère mariée à 14 ans pour cause de dévergondage, le père dissident, perpétuel absent privilégiant ses idées sur sa famille, la Guide Suprême enseigné à l'école : au milieu cet enfant est décontenancé, dévasté, tiraillé, ballotté de secret en tromperie...
Histoire d'une enfance des plus douloureuses, Au pays des hommes montre comment celle-ci, entre fidélité et trahison, est volée, pervertie, manipulée, chassée.
mots-clés : #famille #initiatique #regimeautoritaire
En un temps de sang et de larmes, dans une Libye pleine d'hommes couverts d'hématomes et maculés d'urine, taraudée par le manque et désireuse de se libérer, j'étais cet enfant ridicule en quête de sollicitude, et même si je n'y songeais pas en ces termes à l'époque, l'auto-apitoiement avait viré à la détestation de soi.
Souleyman raconte l'été de ses 9 ans, un été libyen brûlant où la dictature de Kadaffi torture, assassine, paralyse, s'infiltre tant et si bien que les enfants la pressentent alors même que tout leur est caché. Ils ne savent à quel saint se vouer, la mère mariée à 14 ans pour cause de dévergondage, le père dissident, perpétuel absent privilégiant ses idées sur sa famille, la Guide Suprême enseigné à l'école : au milieu cet enfant est décontenancé, dévasté, tiraillé, ballotté de secret en tromperie...
Histoire d'une enfance des plus douloureuses, Au pays des hommes montre comment celle-ci, entre fidélité et trahison, est volée, pervertie, manipulée, chassée.
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topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
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Re: Hisham Matar
Es-tu toujours moins convaincue que par le précédent, ou bien as-tu finalement été conquise ? J'avais été marquée par ce pays des hommes...
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Hisham Matar
j'ai de beaucoup préféré le récit autobiographique.
Les personnages y ont une épaisseur et surtout une humanité bien plus approfondie. Là on est à travers les yeux de ce petit garçon de 9 ans, qu'on traite comme un animal de compagnie, qui ne comprend rien à rien, et de ce fait agit de façon inconsidérée. Ca m'a gênée, ce garçon qui trahit tout le monde en sachant et sans savoir en même temps, totalement perverti par le mensonge (celui de la dictature et celui de ses parents mêlés)
Et puis il y a un approfondissement de la filiation, de l’attachement à la terre dans La terre qui les sépare, une douceur qu'on ne trouve pas dans l'autre (j'ai trouvé que même l'amour entre les êtres était faussé, alors que dans La terre qui les sépare, ils ont su résister par leur cohésion et leur intimité).
En somme j'ai préféré le récit autobiographique car les personnages y sont magnifiés (quoique complexes) comme dans un roman, alors que dans Au pays des hommes ils nous sont montrés veules et faibles comme dans la vie.
Les personnages y ont une épaisseur et surtout une humanité bien plus approfondie. Là on est à travers les yeux de ce petit garçon de 9 ans, qu'on traite comme un animal de compagnie, qui ne comprend rien à rien, et de ce fait agit de façon inconsidérée. Ca m'a gênée, ce garçon qui trahit tout le monde en sachant et sans savoir en même temps, totalement perverti par le mensonge (celui de la dictature et celui de ses parents mêlés)
Et puis il y a un approfondissement de la filiation, de l’attachement à la terre dans La terre qui les sépare, une douceur qu'on ne trouve pas dans l'autre (j'ai trouvé que même l'amour entre les êtres était faussé, alors que dans La terre qui les sépare, ils ont su résister par leur cohésion et leur intimité).
En somme j'ai préféré le récit autobiographique car les personnages y sont magnifiés (quoique complexes) comme dans un roman, alors que dans Au pays des hommes ils nous sont montrés veules et faibles comme dans la vie.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Hisham Matar
La terre qui les sépare
J'ai été touché par la sensibilité qui se dégage de ce parcours autobiographique, qui mêle en permanence une dimension intime et politique mais ne perd jamais une ligne directrice. Hisham Matar se heurte sans cesse au poids de l'absence, de l'exil, de la perte, avec l'impossibilité de ressentir et percevoir la tragédie qui déchire la Libye de l'intérieur.
La terre qui les sépare brise l'élan d'une quête familiale tout en révélant la puissance fragile des mots, dans leur capacité à incarner et faire vivre un souvenir, une trace. Et au-delà de l'éclat destructeur de la violence qui a peu à peu embrasé la Libye, Hisham Matar cherche à représenter la promesse d'un lien et d'une transmission.
Avadoro- Messages : 1385
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 38
Re: Hisham Matar
merci Avadoro, avec vos deux avis je vais envisager la lecture
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
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