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Virgile

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Message par Pinky Mar 24 Mai - 16:33

Virgile

Virgile Virgil10
Virgile écrivant l’Énéide entre Clio et Melpomène18, mosaïque du musée national du Bardo, Tunis.

Virgile, en  latin Publius Vergilius Maro (né vers le 15 octobre 70 av. J.C. à Andes dans l’actuel Lombardie et mort le 21 septembre 19 av. J.-C. à Brindisi dans le sud, est un poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l’empereur Auguste.
Son œuvre, notamment ses trois grands ouvrages qui représentent chacun un modèle dans leur style (L’Enéide en style noble, les Bucoliques en style bas ou humble, et les Géorgiques en style moyen), est considérée comme représentant la quintessence de la langue et de la littérature latine. Elle a servi de référence et même d'idéal esthétique à des générations de lettrés européens, en particulier chez les défenseurs du classicisme.
La tradition biographique de Virgile pose problème car elle repose sur les Vies de Virgile qui datent du IVe siècle (commentaires de Maurus Servius Honoratus et Donatus), qui s'inspirent d'une biographie perdue de Varius son éditeur, reprise au Ier siècle dans la biographie de Suétone (perdue aussi) et des commentaires de Valérius Probus.
Ces Vies sont interprétées différemment selon les critiques actuels. Elles reposent en grande partie sur des extrapolations biographiques des poèmes de Virgile.

Jeunesse et formation
Les historiens actuels considèrent plutôt qu'il est issu d'une famille bourgeoise, sa mère Polla Magio étant la fille d'un riche marchand et son père Vergilius Maro, étant un petit propriétaire terrien de Mantoue vivant de  l'apiculture, de l’agriculture et de l’élevage et qui veille scrupuleusement à ses études.
Horace qui devient son ami le plus intime, au point que ce dernier l'appellera animae dimidium meae, « la moitié de mon âme ».
De même, il se lie très tôt d'amitié avec Quintilius qui fut le futur grand critique et Cornelius Gallus, le fondateur de la poésie élégiaque romaine. Il fait des études approfondies dans les domaines les plus divers,  lettres, philosophie, droit, médecine, mathématique, en particulier, d’abord à Crémone, puis à Milan, ensuite à Rome et enfin à Naples, ville de culture grecque où il suit les cours de professeurs de rhétorique et de philosophie grecque, notamment de maîtres prestigieux comme  Siron et Philodème, l’un et l’autre de sensibilité épicurienne.

La carrière littéraire

Lorsqu'il commence l'écriture des Géorgiques, en -37 il a trente-trois ans. Il est célèbre depuis le succès des Bucoliques, parues l'année précédente. Il est même assez influent pour pouvoir présenter son ami Horace à  Mécène. La lutte entre Octave et Marc Antoine connait alors une accalmie et il est temps de remettre l'agriculture en honneur dans un monde épuisé et ravagé par des années de guerres civiles. Virgile achève l'écriture de ce grand poème didactique au moment où la paix s'installe enfin, en  -30.
Selon les témoignages anciens, il a fait, à  Atella en Campanie, au printemps ou à l'été 29, une lecture publique (recitatio) des quatre livres durant quatre soirées consécutives, en présence d'Octave venu y soigner des maux de gorge. La même année, il commence à travailler à son épopée, l’Énéide.


Mort et inachèvement de l'Énéide

Selon la tradition, après trois années passées à se documenter en  Asie Mineure et en Grèce pour achever l’Énéide, il est victime d'une insolation près de Mégare, interrompt son voyage de documentation et meurt peu après son retour à Brindes en -19. Bien que Virgile ait demandé à ses amis et exécuteurs testamentaires, Lucius Varius Rufus et Plotius Tucca de brûler après sa mort son poème épique inachevé, donc imparfait, Auguste s'y oppose et fait publier l'œuvre par L. Varius Rufus. Après son incinération, ses cendres sont, conformément à son désir, transportées à Pouzzoles en Campanie. C'est à l'ouest de Naples, à l'entrée de la grotte de Pouzzoles, appelée Crypta Neapolitana qu'est située une grande ruine, que la tradition honore comme le tombeau présumé de Virgile

sur lequel une épitaphe rappelle sa vie résumée en un distique qu'il aurait composé à ses derniers moments :
Mantua me genuit, Calabri rapuere, tenet nunc Parthenope. Cecini pascua, rura, duces.
« Mantoue m'a donné la vie, la Calabre me l'a ôtée, Naples maintenant me garde. J'ai chanté les pâturages, les campagnes, les héros.


Les Bucoliques
Les Géorgiques
L’Enéide
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Message par Pinky Mar 24 Mai - 16:44

L'Enéide



Virgile M0225110

Présenter l'Enéide  n'est pas évident. Disons que Virgile reprend l'Iliade et l'Odyssée en inversant les deux livres. Les chants ou livres I à VI racontent le départ d'Enée de Troie avec son père Anchise et son fils Ascagne et des Troiens qui ont réussi à quitter la ville conquise par les Grecs.  Enée aborde en Lybie et rencontre Didon à qui il raconte la chute de Troie et ses errements en Méditerranée avec un point de vue anti Grecs alors que j'avais en mémoire le point de vue d'Homère. Les Grecs étaient les vainqueurs et l'issue évidente, l'arrivée d'Ulysse à Itaque.

Du livre I au Livre VI : l'Odyssée d'Enée


Didon et Enée

Le livre IV m'a émue. La douleur de Didon face la froideur d'Enée tout à son projet de fondation de ville sont rendus de manière intensément dramatique. En particulier, les préparatifs funèbres et funéraires du bûcher.
De Virgile à l'opéra de Purcell
L'interprétation qu'en a fait Nahum Tate, librettiste du Didon et Enée de Purcell (date) est intéressante. En effet, la partition la plus ancienne connue  et sans doute pas la première était destinée à un pensionnat de jeunes filles huppées de Londres. Selon Richard Luckett
"L'Enéide de Virgile adopte un point de vue impérial et masculin. Le devoir d'Enée, la raison pour laquelle il a survécu grâce aux dieux, à la chute de Troie est de reconstruire la cité. Sa liaison avec Didon le détourne de ce qui devrait être son objectif, la fondation de Rome [...] L'opéra relate la même légende mais selon un point de vue personnel et féminin, qui va au-delà de la simple subjectivité. Tate présente l'objectif romain d'Enée comme une illusion et l'ordre d'embarquer pour l'Italie comme un subterfuge imaginée par la Magicienne pour parvenir à ses fins, qui sont de détruire Didon et son royaume. L'opéra ne dit pas comment Didon meurt. Succombe-t-elle à la douleur ? Ou se suicide-t-elle ? Cette ambivalence souligne le fait qu'il s'agit bien de la tragédie de Didon : ce qui importe ce sont les sentiments, et non pas l'obéissance mécanique d'Enée aux ordres des dieux (qui sont illusoires de toutes façons..)"

Deux lectures de la légende, l'une politique et historique dans laquelle Virgile chante la fondation de Rome et le gouvernement contemporain d'Auguste et l'autre se focalisant sur Didon, ses sentiments dans une partition destinée à des jeunes filles, au moins pour le livret connu.

Le monde des Ombres
Le chant VI qui relate la descente d'Enée aux Enfers pour retrouver son père Anchise mort pendant le voyage est aussi celui du Rameau d'or qui lui donne accès au monde des morts. Cette fois, on pense bien sûr à Dante. C'est le premier chant que j'avais lu en relation avec Une Ombre de Bosco.

On y retrouve ses ombres suppliantes
"Toute une foule répandue se précipitait vers la rive : des mères, des époux, des héros magnanimes qui ont accompli leur vie, leurs enfants, des vierges, des jeunes gens furent placés sur le bucher funèbre devant les yeux de leurs parents. Les premiers froids de l'automne ne font pas glisser et tomber en plus grand nombre les feuilles des bois ; les oiseaux qui viennent du large ne s'attroupent pas plus nombreux à l'intérieur des terres quand la saison glaciale les met en fuite à travers l'océan et les envoie à tire-d'aile aux pays du soleil. Tous debout suppliaient qu'on les fit passer les premiers et tendaient leurs mains dans leur grand désir de l'autre rive. Mais le dur nocher prend ceux-ci puis ceux-là et repousse loin du rivage ceux qu'il écarte."

Didon
"
Et parmi ces âmes, la Phénicienne Didon, sa blessure encore fraîche, errait dans les grands bois. Dès que le héros troyen fut près d'elle et la reconnut dans l'obscurité, ombre pâle, comme aux premiers jours du mois on voit ou on croit voir se lever la lune à travers les nues, il se prit à pleurer et lui dit d'une voix douce d'amour :  " Malheureuse Didon, on ne m'avait donc pas trompé ; tu n'étais plus et le fer à la main, tu avais été jusqu'au bout de ton désespoir. Hélas, ai-je donc été la cause de ta mort ? J'en jure par les astres, par les dieux d'En Haut, par tout ce qu'il y a de plus sacré dans ces profondeurs de la terre, reine, c'est malgré moi que je me suis éloigné de tes rivages. [...] Arrête ; ne te dérobe pas à mes yeux. Est-ce bien moi que tu fuis ? C'est la dernière fois que les destins me permettent de te parler". Ainsi Enée essayait d'adoucir cette âme de colère aux farouches regards et de lui tirer des larmes. Mais elle, détournant la tête, attachait ses yeux sur le sol ; et ces paroles m'émeuvent pas plus son visage que si elle était un rocher ou un marbre de Paros. Enfin, d'un geste brusque, elle s'enfuit hostile sous la forêt ombreuse où son premier mari Sychée répond à son amour et partage sa tendresse. Et cependant Enée, frappé par une si grande infortune, la suit longuement de ses yeux en pleurs et la voit qui s'éloigne, plein de pitié.
"

Du livre VII au livre XII : Une Iliade au Latium


Enée aborde à l'embouchure du Tibre et pense que son périple est terminé quand il est accueilli par le roi Latinus qui lui promet sa fille mais c'est sans compter sur la colère de Junon qui fera tout pour faire échouer ou au moins retarder cette issue.  Elle dresse Latinus et ses alliés contre les Troyens et s'ensuivent des combats sans fin.
Le sang coule abondamment entre les combattants mais aussi à l'occasion des nombreux sacrifices qui accompagnent une guerre sans pitié.
Mais images et comparaisons font partie intégrante d'un récit qui pourrait devenir répétitif. Les "prodiges" sont souvent très poétiques. J'ai beaucoup aimé au Livre IX la transformation de la flotte d'Enée en nymphes pour en éviter la destruction par le feu.

Alors une lumière nouvelle vint frapper les yeux pour la première fois, et l'on vit du côté de l'Aurore un nuage immense traverser les cieux, et les choeurs de l'Ida se firent entendre ; une voix formidable retentit dans l'air et sonna aux oreilles des Troyens et des Rutules ; "Ne vous précipitez pas Troyens, à la défense de mes navires ; n'armez point vos bras ; Turnus incendieraient plutôt les mers que ces pins sacrés. Et vous, rompez vos liens et allez, déesses de la mer ; votre Mère vous l'ordonne".Toutes les poupes rompent leurs amarres et, comme des dauphins, elles plongent, les éperons en avant, et gagnent les eaux profondes. Et miraculeusement elles reparaissent jeunes filles portées par les flots."


Les obsèques du jeune Pallas renvoie à celles d'Euphorbe dans l'Iliade (chant XVII) et comme d'autres ponctuent la violence des combats :

"Cette plainte exhalée, il ordonne la levée de ce corps si pitoyable et charge mille guerriers choisis dans toute son armée de l'escorter vers un suprême honneur et de mêler leurs larmes à celles du père, petite consolation pour un si grand deuil, mais due à la douleur paternelle.On s'empresse aussitôt de tresser des claies d'un brancard flexible avec des branches d'arbousier et de chêne ; et on dresse un lit funèbre ombragé de verdure. On y dépose sur une haute couche d'herbes le jeune homme ; telle, cueillie par une main virginale, la fleur de la tendre violette ou de la languissante hyacinthe ; elle n'a encore perdu ni son éclat ni sa beauté, mais la terre maternelle ne la nourrit plus et n'entretient plus sa vigueur. Alors Enée fit apporter deux vêtements de pourpre, tout raides d'or."

Alors pour répondre à la question de Quasimodo, est-ce que j'ai préféré l'Iliade à l'Odyssée ? Je ne sais pas trop quoi répondre car j'ai parfois eu du mal avec cette succession sans fin de combats, de haines ravivées par Junon ou adoucies par Vénus mais le lyrisme de l'ensemble emporte tout. On peut dire une lecture "exigeante" mais que je ne regrette absolument pas.
Avec un peu de courage, il faudrait repartir vers Homère.
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Message par Tristram Mar 24 Mai - 17:01

C'est là que je mesure ce que je manque à n'avoir pas lu Virgile...

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Message par Pinky Mar 24 Mai - 17:13

Il n'est pas trop tard pour commencer. Je n'avais pas de souvenirs très agréables de Virgile en latin et c'est Bosco qui m'a envoyé vers Virgile et ses Ombres.
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Message par Tristram Mar 24 Mai - 17:26

Oui... Comme tu dis, il faudrait (re)partir d'Homère, que j'ai lu, sans doute partiellement, dans je ne sais trop quelles traductions... Mais c'est vrai qu'avec Virgile, évoqué par Rabelais ("tel estoit le rameau d'or sacré à la déesse sousterraine, tant celebré par Virgile"), par Montaigne, Scarron, Joubert, Broch et tant d'autres, j'ai manqué une marche...

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