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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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E. L. Doctorow

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Message par Dreep Lun 16 Nov - 17:27

E. L. Doctorow
(1931 - 2015)

E. L. Doctorow Image-11

Issu d'une famille juive d’origine russe, dont il est un membre de la troisième génération, E. L. Doctorow naît et grandit dans le quartier new-yorkais du Bronx. Il est le fils de Rose (Levine) et David Richard Doctorow qui choisissent son prénom, Edgar, en hommage à Edgar Allan Poe.
Grand lecteur, il se passionne tôt pour la littérature. Il étudie à la Bronx High School of Science, puis au Kenyon College et à l’université Columbia. Il est ensuite employé aux studios de la Columbia Pictures, puis à la New American Library et est aussi le rédacteur en chef de Dial Press (en) de 1964 à 1969.

Il est l’auteur de plusieurs romans à succès qui mêlent histoire et critique sociale, dont Ragtime (1975), adapté au cinéma sous ce titre par Miloš Forman en 1981, et Billy Bathgate (1989), adapté lui aussi au cinéma sous ce titre par Robert Benton en 1991.

Il a comme ambition à travers ses romans d'embrasser la totalité du passé de sa ville et de son pays afin de remonter aux racines de l'histoire contemporaine.

Ouvrages traduits en français :

Romans
- Le livre de Daniel (The Book of Daniel, 1971), Robert Laffont, 1980
- Ragtime (Ragtime, 1975), Robert Laffont, 1976
- Le plongeon de Lumme (Loon Lake, 1980), Robert Laffont, 1982
- L'Exposition universelle (World's Fair, 1985), Robert Laffont, 1988. (National Book Award 1986)
- Billy Bathgate (Billy Bathgate, 1989), Julliard, 1990
- La Machine d'eau de Manhattan (The Waterworks, 1994), Flammarion 1996
- Cité de Dieu (City of God, 2000), Éditions de L'Olivier, 2003
- La Marche (The March, 2005), éditions de L'Olivier, 2007
- Homer & Langley (Homer & Langley, 2009), Actes Sud, 2012
- Dans la tête d’Andrew (Andrew's Brain: A Novel, 2014), Actes Sud, 2016

Recueil de nouvelles
- La vie de poète  (Lives of the Poets : Six Stories and a Novella, 1984), Robert Laffont, 1986
Dreep
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Message par Dreep Lun 16 Nov - 17:28

Homer & Langley

E. L. Doctorow 97823310

Au cœur cet étrange fait divers, c’est toute une affaire de perception qui intéresse E. L. Doctorow. Celle de Homer et de son frère Langley, nés à la fin du dix-neuvième siècle, ayant vécu dans une autarcie progressive (électricité, gaz et eau coupés) et dans un entassement compulsif de déchets jusqu’en 1941 ― jusqu’aux années 70 dans le roman de Doctorow. Perception de ce qu’ils sont en train de vivre ainsi que celle du monde extérieur et de son évolution politique. Le monde en vase clos des frères Collyer s’émiette peu à peu sous la force du premier, dont Homer, narrateur aveugle, n’a d’échos qu’à travers ce qu’en dit son frère, et c’est peu dire que Langley voit le monde extérieur à travers des ornières. Au passage leur confinement repose sur l’idée de Langley qu’ils peuvent ignorer la société, que n’ont-ils vécu jusqu’aux temps de notre chère covid-19 !

On peut présumer que c’était à mon intention qu’il créait une œuvre aussi tactile que possible, mais en réalité, c’était parce que la dimensionnalité lui plaisait. Enfreindre des règles lui plaisait. Pourquoi, après tout, un tableau devrait-il être plat ? Il plantait une toile devant moi et me la faisait toucher. Quel est le sujet ? demandais-je, et il répondait : Il n’y a pas de sujet, ce tableau ne représente rien. Il est lui-même et ça suffit.

Doctorow se montre juste et parfois tout à fait pertinent dans sa manière de décrire la psychologie de Langley et son emprise sur son frère. Mais Langley reste relativement en retrait quand l’extérieur fait irruption dans leur déréliction de façon assez comique et impromptue (à travers l’arrivée d’un gangster et ses acolytes dans le domaine, ou celle de hippies). Lorsque leur solitude est rompue, leur quotidien bascule dans l’irréalité, faute de crédibilité des événements. Le mélange est détonnant. On dirait presque qu’à force de grignoter le domaine Collyer, le monde extérieur a perdu toute nécessité d’être justifié ou expliqué.


Mots-clés : #fratrie #xixesiecle
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Message par bix_229 Lun 16 Nov - 17:54

La Marche, un excellent roman sur la guerre de Sécession et tous ses aspects les plus répugnants.
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Message par topocl Lun 16 Nov - 20:59

Je partage mon commentaire de 2012

Homer et Langley

Le 4e de couverture nous en informe, Doctorow construit son livre à partir « d'une histoire vraie - celle des frères Collyer, collectionneurs compulsifs retrouvés morts en 1947, ensevelis sous des piles de journaux et de livres. »
Voici quelques images qui expriment mieux l'ampleur du délire/naufrage des 2 frères.

E. L. Doctorow 114E. L. Doctorow 213E. L. Doctorow 312



On comprend que cette situation hallucinante ait attiré un écrivain, et ce roman est non seulement un portrait des 2 frères, mais aussi, de l'Amérique du XXe siècle, éperdue de consommation et d'accumulation, et qui a perdu le lien. Le narrateur est Homer, pianiste, qui perd peu à peu la vue à l'âge de 20 ans. Le frère aîné, Langley, revient de la Grande guerre gazé et amer, alors que les parents sont morts de la grippe espagnole, leur léguant une immense maison sur la 5e avenue, en face de Central Park où, enfants :

Nous pouvions, mon frère et moi, sortir en courant par la grande porte, dévaler les marches du seuil et traverser jusqu'au parc comme s'il était à nous, comme si la maison et le parc, pareillement éclairés par le soleil, n'étaient qu'une seule et même chose.

Bien loin de ce paradis enfantin, les deux frères s’enferment dans leur désarroi, dans une espèce de gémellité salvatrice, voient passer quelques femmes qui ne s’attardent guère. Ils construisent peu à peu leur royaume peuplé d'objets de récupération multiples et insensés, dans une accumulation à la fois protectrice et mortifère.

Quand Langley ramène à la maison quelque chose qui a éveillé son intérêt - un piano, un grille-pain, un cheval chinois en bronze, une collection d'encyclopédies -, ce n'est qu'un commencement. Quelle qu’elle soit, la chose sera acquise en plusieurs exemplaires parce que, jusqu'au moment où il cesse de s’y intéresser et passe à une autre, il est à la recherche de son expression ultime. (...) Ainsi que vous pourriez vous y attendre de la part d'un archiviste des journaux quotidiens, Langley possède une vision universelle et comme personnellement je n'en ai pas je l'ai toujours suivi en ce qu'il faisait. Je savais qu'un jour tout cela deviendrait aussi logique, solide et raisonnable à mes yeux que ce l'était aux siens.

Le monde extérieur leur envoie de nombreux signaux et l'on croise au passage une bonne immigrée , une suffragette, des gangsters italiens, , des musiciens et prostituées dans un club de Jazz au temps de la prohibition, des domestiques japonais traqués par le FBI pendant la guerre de 40, des hippies squatters protestant contre la guerre du Viet-Nam, toute l’Amérique à la fois fascinée et dérangée par ces deux énergumènes.

Dans ce récit aux allures faussement pondérées, "d'une cocasserie si douce et si intime », Doctorow s’adresse en nous au paria, à l’exclu, qui trouve sa cohérence dans sa singularité, s’en repaît, s’en protège, face à un monde implacable, qui le juge et le met à l’ index. Un portrait fort séduisant de personnages absurdes et désespérés, repliés dans leur capharnaüm, se protégeant d'un monde incompréhensible.

J'admets avoir eu quelquefois le sentiment, en secret, généralement juste avant de m'endormir, que si l’ on s'en tenait aux valeurs bourgeoises conventionnelles on pouvait interpréter les frères Collyer comme la fin d'une lignée. Alors la colère me prenait contre moi-même. Après tout, nous vivions des vies originales, personnelles, sans nous laisser intimider par les convenances - ne pourrions-nous pas être un point suprême de la lignée, la floraison de l'arbre familial?

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