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Russell Banks

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Message par Tristram Lun 20 Nov - 10:52

Tout à fait, Bédoulène, c'est intéressant. J'ai vu ton extrait, mais j'en avais recopié un plus vaste : les condamnés d'une société sont-ils des marqueurs de son futur (ou étaient-ils ignorés avant, laissés à la sphère familiale) ? En tout cas cette omniprésente industrie porno est sûrement un signe...

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Message par Bédoulène Lun 20 Nov - 18:39

oui un signe qui doit nous interpeller

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Message par Nadine Sam 7 Juil - 9:00

pathologie - Russell Banks - Page 2 L-ange10

L'ange sur le toit

Recueil de nouvelles que j ai trouvé assez prenant, mais sombre, très sombre. Et subtil.
L'une des choses les plus difficiles à dire à quelqu'un est celle-ci : J 'espère que vous m'aimerez sans raison particulière.

Beaucoup de ces textes posent la question du temps,et du rapport au souvenir, celui de la famille d'enfance, ou des premiers mariages; fréquemment ses personnages sont amenés, par une émotion, à se sentir étrangers à l'instant même, et renvoyés, malgré eux, au sentiment, à la certitude qu'ils n'ont rien à faire là, dans ce troisième mariage, qu'ils souhaitent juste être là, dans ce foyer quitté il y a dix ans, alors même qu'ils n'aiment plus la femme d'alors. Un truc bizarre, comme si ces personnages subissaient une vérité trop tard venue, comprise hors contexte, qui toujours aboutirait à un constat éludé : ils passent à autre chose. Il décrit bien comment, un jour, l'on peut avoir une conscience grave et bouleversante de vérité, et décider de la ranger aux oubliettes, volontairement.

Par ailleurs, mais c'est plus personnel et particulier à décrire, je balance entre le sentiment d'avoir à faire à une personnalité d'écrivain très riche, subtile, et celui d'être face au roi de l'imposture, au menteur habile, à l'entourloupe affect/intellect. Dans tous les cas, il est remarquable. Et laisse le sentiment troublant d'une intelligence qui ferait ses petits arrangements de grands fonds.


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Message par topocl Sam 7 Juil - 9:59

Nadine a écrit:

Par ailleurs, mais c'est plus personnel et particulier à décrire, je balance entre le sentiment d'avoir à faire à une personnalité d'écrivain très riche, subtile, et celui d'être face au roi de l'imposture, au menteur habile, à l'entourloupe affect/intellect. Dans tous les cas, il est remarquable. Et laisse le sentiment troublant d'une intelligence qui ferait ses petits arrangements de grands fonds.

J'ai eu l'occasion d'assister à une séance d'échanges avec Russell Banks. Il m' a paru très humain, sincère, reconnaissant ses faiblesses et ses tords. Il m'a même surprise, je le voyais plus radical et imbu de lui-même. Une fois de plus les écrivains sont des hommes/femmes comme les autres.

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Message par Bédoulène Sam 7 Juil - 12:49

merci Nadine !

je retournerai à Russel Banks

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Message par bix_229 Sam 7 Juil - 15:41

Moi non plus je ne crois pas du tout que Banks soit un menteur ou un imposteur.
Au contraire.
C' est un auteur profondément engagé sans que ce soit didactique ou
dogmatique.
Tous ses livres ne sont pas également réussis surtout parmi les premiers.
Mais c' est le seul reproche que je pourrais lui faire.
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Message par Barcarole Mer 9 Jan - 19:01

pathologie - Russell Banks - Page 2 La-res10

La Réserve


« La Réserve », c’est un lieu de villégiature, perdu dans les Adirondaks, un lieu majestueux, au nord-est de l'État de New York. Les habitants des maisons, des chalets luxueux, perdues au fond de cette végétation luxuriante et montagneuse sont des riches, parmi les plus riches, des New-Yorkais entre autres. Ce lieu est tellement préservé qu’il est gardé, balisé, entouré d’une garde armée. Comme une sorte de cité idéale.

Parmi ces riches, la famille Cole dont la maison est au bord du lac, vient y passer des mois, le père est un médecin de renom. La fille, Vanessa Cole, fille adoptive, se plaît dans ce lieu de refuge. Séduisante et séductrice, elle sait y faire pour attirer les hommes dans ses rets. Mais en même temps elle est considérée comme une foldingue, et surtout par sa mère qui rêve de la faire interner et envisage sérieusement de le faire, c’est une réalité.

Le peintre Jordan Groves, ami du père, vient de temps à autre, avec son petit avion, rendre visite à la famille. Il est vite repéré par les gardes, et on n’aime pas les intrus qui sont vite renvoyés d'où ils viennent. Il se laisse séduire par la belle et élégante Vanessa et se rendra de plus en plus souvent à la Réserve après la mort du père, le Dr Cole.

Jordan Groves, qui vit hors de la Réserve, suffisamment loin pour y venir en avion, un biplan qui peut se poser (en douce) sur le lac, est marié avec une belle femme, discrète, une sorte de femme idéale et à laquelle il tient, a deux fils et sa vie rangée va être pas mal chahutée. Rien à faire, il a besoin de retourner à la Réserve car quelque chose se passe entre ces deux-là !
Et puis la jalousie qu’il ressent lorsqu’il a la surprise de voir que Vanessa se rend chez le jardinier et homme à tout faire de la Réserve, un homme canon physiquement, est une émulation. Il veut Vanessa Cole.

La mère de Vanessa, Evelyn Cole, de son côté, femme riche et éprise d'argent, confisque celui qui doit revenir à Vanessa à la mort du père, malgré un testament. Elle aimerait mettre sa fille sous tutelle, et pire encore, la faire interner en Suisse, d'ailleurs les contacts sont déjà pris.

Mais la terrible Vanessa Cole est-elle réellement folle ? Et aura-t-elle le choix ? En tout cas elle n'a pas l'intention de se laisser faire par sa mère, et elle va le lui montrer. On entre dans un univers un peu pervers et perverti, où se côtoient la beauté et la noirceur, le meilleur et le pire de la laideur.

Chaque chapitre de ce livre commence par des « flashs » de ce qui adviendra plus tard, on voit évoluer tous ces personnages dans l'avenir, et la guerre d’Espagne gronde et bombarde. La vie change. Même pour les riches.

C’est mon premier Russel Banks, j’y ai pris du plaisir, et parfois mon avis était mitigé, mais avis aux amateurs de Russel Banks ! C'est pour vous !


mots-clés : #amour #famille #guerredespagne #lieu #pathologie


Dernière édition par animal le Mer 9 Jan - 20:27, édité 5 fois (Raison : Réduction image + pose des hashtags)
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Message par Tristram Mer 9 Jan - 20:12

Pas mal d'observations fines sur les rapports amoureux, si je me souviens ?

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Message par Barcarole Mer 9 Jan - 20:30

J'ai surtout trouvé (pour ma part) une bonne observation qui peut démontrer jusqu'où est capable d'aller un être, d'être complice par exemple des pires horreurs sans penser à mal…, car dans le feu de l'action tout est normal, il faut même continuer, comme si on (il ou elle) était porté dans un flot. Impossible de revenir en arrière, on ne pense pas dans ce cas-là.
Les rapports amoureux y participent, mais aussi la jalousie, pas l'amour, mais l'amour-propre ! C'est très masculin !
Et l'héroïne de ce roman n'y est pas pour rien, c'est aussi un jeu pour elle, qu'elle en ait conscience ou non !
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Message par Bédoulène Mer 9 Jan - 20:38

merci Barcarole, j'ai aimé les livres lu de l'auteur donc un de ces jours..........

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Message par Tristram Sam 29 Aoû - 13:31

Continents à la dérive

pathologie - Russell Banks - Page 2 Contin10

Bob Dubois, trente ans, prend conscience qu’il est sans avenir :
« On croit être en vie, mais c’est tout. »

« Leur regard passe comme s’il s’agissait de quelque chose d’invisible, au travers de l’amas informe de McDonald’s et de Burger King, de Kentucky Fried Chicken et de Pizza Hut, long tunnel rectiligne de franchises qu’interrompent par instants des boutiques de prêteurs et des parkings asphaltés où luisent des armadas de Corvette, de Thunderbird, de Camaro et de TransAm et plus loin, derrière les concessionnaires automobiles, entourés de chaînes, des cimetières de voitures, immenses et sens dessus dessous, lugubres, sans couleur, indestructibles. »
Pour changer de vie, il descend avec femme et enfants du New Hampshire en Floride ; mais, dans le Sud, il y a des Noirs, et qui parlent un anglais différent du sien.
Le narrateur omniscient, dans la perspective qu’une vision géopolitique excentrée peut donner (Somalie, Pakistan, Caraïbes), explicite le titre :
« En même temps, le métabolisme de la géologie évolue trop lentement pour qu’il nous soit possible de le percevoir, de sorte que, de la naissance à la mort, il nous semble, prisonniers que nous sommes du battement de nos cœurs humains pris un à un, que tout ce qui se passe sur cette planète est ce qui nous arrive à nous, individuellement, personnellement, secrètement. »

« Systèmes et ensembles, sous-systèmes et sous-ensembles, arrangements et agrégats d’eau, de terre, d’air et de feu – les nommer, les renommer, apprendre l’interdépendance complexe des forces qui les meuvent et les convertissent les uns en les autres, semblable processus nous fournit une vision de la planète comme cellule organique, création sphérique et sans raison dont l’unique dessein est de naître aussi rapidement qu’elle se meurt et dont le principe général, informant ce dessein, comme s’il s’agissait d’un impératif moral, est de se maintenir en mouvement. Révolutions autour d’un certain nombre de points, girations sur des axes, tourbillons et tournoiements, boucles et cercles, ellipses, spirales, courbes longues qui s’élèvent de par l’univers et disparaissent enfin à l’horizon le plus lointain de notre imagination humaine pour réapparaître ici, derrière nous, dans la vie quotidienne de notre corps, dans notre nourriture, notre merde et notre pisse, nos nouveau-nés, ceux qui s’effondrent dans la mort – se mouvoir, toujours, continuer de se reproduire, de pisser et de chier, continuer de manger la planète sur laquelle nous vivons, continuer de s’agiter, seul, par familles, par tribus, par nations, et même par espèces entières : voilà notre seul argument contre l’entropie. Et il ne s’agit pas seulement d’un argument, mais d’une vision. C’est un déni en forme d’assertion, une réfutation en forme d’anecdote, ce qui signifie qu’il s’agit de contes, et non de comptes ; non de représentation, mais de présentation. »
Dans le même temps que la famille Dubois déménage, Vanise Dorsinville, son bébé Charles et son neveu Claude migrent d’Haïti à Miami en passant par Caicos et Nassau, viols et abus divers, sans se départir de la croyance aux loas (esprits vaudou) :
« C’est vrai, voilà maintenant longtemps que nous n’avons pas nourri les loas, alors, aujourd’hui, l’ouragan arrive pour nous rappeler que c’est nous qui vivons pour les morts et non les morts qui vivent pour nous. »

« L’intimité, la connaissance secrète de soi-même sont aux pauvres et aux ignorants, c’est-à-dire à la plupart des gens de ce monde, ce que la notoriété publique est souvent aux personnes riches et éduquées. C’est le meilleur moyen qu’ils possèdent d’empêcher que leur existence ne sombre dans l’absurdité. »
Les croyances et pratiques vaudou (notamment papa Legba, dieu des croisements, et Brav Ghede, esprit de la régénérescence et de la mort) sont présentées par Banks en connaisseur des Grandes Antilles.
La convergence des deux destinées souligne leur contraste, gens du Sud et du Nord, et leur point commun, fuite et rêve (américain) de nouveau départ dans la vie, mais surtout fait partie du scénario lui-même : leur (non-)rencontre requiert la relation préalable de leurs cheminements respectifs.
Les Haïtiens quittent un pays misérable pour souvent trouver la mort. Bob a quitté une situation pour une autre, puis une autre, descendant de plus en plus bas.
« Il a eu de la chance, c’est tout, et c’est la différence essentielle qui existe jusqu’à maintenant entre ma vie et la sienne, conclut Bob. Intelligence, labeur acharné et courage n’ont rien à voir là-dedans. Et la chance ne peut durer toujours, à moins qu’on ne meure jeune. »

« Et ce n’est pas une affaire de chance, Bob sait cela aussi ; la vie n’est pas qu’un simple ensemble de forces aussi irrationnelles que cela ; et bien qu’il ne soit pas un génie, ce n’est pas non plus affaire d’imbécillité pure et simple, il y a trop d’imbéciles qui réussissent dans la vie pour que cela soit. Non, c’est une affaire de rêves. Et tout particulièrement, le rêve d’une vie nouvelle, le rêve de tout recommencer. Plus un homme est prêt à échanger la vie qu’il connaît, celle qu’il a devant lui et qui lui est échue de naissance, modelée par les accidents et les circonstances particulières de sa jeunesse, plus il est disposé à échanger une partie de tout cela contre les rêves d’une vie nouvelle, et moins il a de pouvoir. »
Une phrase qui m’a laissé dubitatif, que ce soit dû à l’auteur ou au traducteur (Marc Chénetier) :
« C’était avant qu’il n’apprît que ce qui clochait chez les riches, ce n’était pas tant qu’ils possédassent ce qu’il désirait, mais qu’ils fussent inconscients, souvent consciemment, du pouvoir qu’ils exerçaient sur la vie des autres. »
Outre l’impression de lire avec plus de trente ans d’avance le compte-rendu de ce qui se passe actuellement en Méditerranée, ce livre engagé (et pessimiste) reste un roman ; je l’ai personnellement trouvé prolixe, surtout dans la narration des états d’âme existentiels et des excursions sexuelles hors mariage de Bob…

Mots-clés : #immigration

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Message par topocl Sam 29 Aoû - 16:35

"Prolixe" n'est pas particulièrement laudatif si je ne m'abuse?

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Message par Tristram Sam 29 Aoû - 17:05

Pas trop élogieux, non ; il me semble que le Grand Robert mérite d'être cité à ce sujet :
Qui est trop long, qui a tendance à délayer, dans ses écrits ou ses discours ; Bavard, diffus, verbeux. Exemple : Il est éloquent mais prolixe : il parle trop.  
"Cicéron critiquait un orateur prolixe qui, ayant à dire que son client s'était embarqué, s'exprimait ainsi : «  Il se lève, — il s'habille, — il ouvre sa porte, — il met le pied hors du seuil, — il suit à droite la voie Flaminia,— pour gagner la place des Thermes  », etc., etc."
Nerval, les Nuits d'octobre, i.
"Je ne déteste pas ces gens prolixes, capables à eux seuls de mener une conversation et qui vous épargnent la peine d'y prendre part."
Geneviève Dormann, la Fanfaronne, p. 122.
¨ (Av. 1778). Par ext. Abondant, copieux. Discours, style prolixe.
¨ N. m. Le diffus et le prolixe.
"Le diffus pèche par des écarts, et le prolixe par des longueurs. Le diffus n'est pas précis ; le prolixe n'est pas court. Le diffus tourne sans cesse autour de la même idée, et ne l'exprime jamais que d'une manière vague (…) Un écrit de quelques pages sera néanmoins diffus, mais non pas prolixe, si, quoique bref, il contient des choses étrangères à ce dont il s'agit."
Lafaye, Dict. des synonymes, Diffus
"L'autre (…) fait des romans qui ont une fin, en bannit le prolixe et l'incroyable, pour y substituer le vraisemblable et le naturel."
La Bruyère, Discours de réception à l'Académie, 15 juin 1693
Je suis beaucoup plus indulgent pour ce qui est du "diffus"...

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Message par Tristram Sam 26 Nov - 12:23

Trailerpark

pathologie - Russell Banks - Page 2 97827415

La dame aux cochons d’Inde
Parc à caravanes (louées à l’année ; pourquoi le titre n’est pas traduit ?) de Catamount (le puma, cat o’ mountain), nord du New Hampshire : on rencontre Flora Pease (locataire du numéro 11), la dernière arrivée, « un peu givrée », soldat de première classe pensionné et éleveuse clandestine de cochons d’Inde. Mais aussi Marcelle Chagnon, la gérante (numéro 1) :
« Comme elle les avait élevés toute seule et qu’elle avait dû en même temps repousser les attaques de l’homme qui les lui avait mis dans le ventre, Marcelle considérait la vie comme un travail, et son travail avait consisté à nourrir, loger et vêtir ses trois enfants et à leur apprendre à devenir des êtres bienveillants et forts malgré leur père qui s’était avéré cruel et faible. »
Doreen Tiede (numéro 4), qui y vit avec sa fille de cinq ans, Maureen :
« Doreen laissa percer un sourire derrière le voile de fatigue qui lui couvrait le visage. C’était un voile qu’elle avait revêtu plusieurs années auparavant et qu’elle ne quitterait sans doute pas avant de perdre la vie ou la mémoire, selon ce qu’elle perdrait d’abord. »
L’infirmière Carol Constant et son jeune frère Terry, les deux Noirs du numéro 10, le capitaine Dewey Knox, retraité, au numéro 6, la jeune Noni Hubner et sa mère Nancy, veuve assez aisée, au numéro 7.
« Elle conduisait presque dangereusement mais ne semblait pas s’en rendre compte. C’était comme si sa relation à l’acte physique de conduire un véhicule à moteur était identique à sa relation à la pauvreté – abstraite, toute théorique et sentimentale – ce qui la rendait aussi dangereuse en tant que citoyenne qu’en tant que conductrice. C’était ce genre de personnes qui croient que les pauvres mènent une vie plus saine que les riches et que ce qui manque aux pauvres – mais que les riches possèdent –, c’est l’instruction. Il lui était pratiquement impossible de comprendre que ce qui manque aux pauvres – et que les riches possèdent –, c’est l’argent. »
Léon LaRoche au numéro 2, caissier de la caisse d’épargne, Bruce Severance, l’étudiant du numéro 3.
« Un gosse comme Bruce Severance, on savait qu’il fumait de la marijuana, mais c’était sans danger parce qu’il le faisait pour des raisons idéologiques, pour les mêmes raisons qui le poussaient à suivre son régime végétarien pur et dur, à pratiquer le taï chi et à chercher un peu de repos par la méditation transcendantale. »
Enfin Merle Ring, ancien menuisier et pêcheur du lac Skitter, notamment sous la glace. Et les cochons d’Inde se reproduisent vite…

Le besoin de s’unir, entre autres
Doreen Tiede épousa Buck Tiede, foreur de puits artésiens pour « le père et le grand-père de Doreen – son cousin et son oncle – », de la branche Tiede qui a réussi. Mais jamais ils ne s’accordèrent sexuellement.
« La plupart des gens sont uniquement capables de recevoir de l’amour ou d’en donner : il est rare qu’ils puissent faire les deux et il n’y a pas de mal à ça tant qu’on s’attache à une personne complémentaire, c’est-à-dire tant que, si on est celui qui est seulement capable de donner de l’amour, on s’attache à quelqu’un qui ne sait que le recevoir. Les deux sont alors en mesure de se rendre mutuellement heureux. Mais si, inversement, on est comme Doreen Tiede et qu’on ne peut que recevoir de l’amour, si on n’a aucune perception du fait que l’autre peut avoir besoin de vous plus qu’on n’a besoin de lui, alors il vaut mieux ne pas se lier avec quelqu’un tel que Buck Tiede [… »
Un Noir et une Blanche dans une barque vert foncé
Promenade en barque sur le lac en août (Terry et Noni).

Ga’çon, lui pa’ti’
Embrouille de Bruce qui voulait dealer du chanvre pour de la marijuana…

Ce que Noni Hubner n’a pas dit à la police au sujet de Jésus
Noni, qui fume de la marijuana et se juge sans valeur, a vu Jésus ; elle fréquente l’Église du ministère de Jésus-Christ au New Hampshire.
« Néanmoins, Noni se sentait à l’aise avec ces gens, surtout parce qu’ils avaient un jour ou l’autre eux aussi connu le malheur. Aujourd’hui ils en étaient sortis, et quand ils parlaient de leur période de détresse elle savait qu’ils s’étaient sentis exactement comme elle aujourd’hui, bêtes, sans imagination, sans rien à offrir au monde et persuadés que leur amour ne valait pas la peine d’être donné. C’était Jésus, affirmaient-ils, qui avait changé leur vie, car Il avait estimé que leur amour avait une valeur infinie et que leur intelligence et leur capacité d’imagination étaient apocalyptiquement supérieures à celles des autres habitants de la ville. »
Écoutant Jésus, elle entreprend de déterrer le corps de son père pour prouver à sa mère, qui reste dans le déni de son décès, qu’il est mort depuis quatre ans.

Réconfort
Comment Léon LaRoche confie son homosexualité au capitaine Knox.

Au pays de Dieu
Comment Carol s’installa au New Hampshire, le racisme, au chevet d’un moribond puis comme assistante d’un médecin qui ne trouvait pas de personnel.

Principes
Claudel Bing était sur le chemin de la réussite, lorsque sa femme Ginnie oublia d’éteindre la cuisinière, et leur mobil-home fut entièrement détruit (il fait partie du microcosme du terrain à caravanes, ne serait-ce que parce qu’il rembourse toujours ce dernier). Depuis, divorcé, il boit, obsédé par la chance, et son absence.
« Votre philosophie vous indique comment est le monde, elle vous en donne pour ainsi dire une vision à long terme. Et vos principes vous disent comment vivre dans ce monde. »
Le fardeau
Tom a élevé seul son fils Buddy avec amour, mais celui-ci se révéla si ingrat, beau parleur et menteur, qu’il ne veut plus le recevoir lorsqu’il revient à Catamount.

Politique
Nancy est un peu perdue entre sa situation de femme prisonnière du foyer et ses aspirations personnelles.

La bonne façon
Les quatorze ans de Dewey Knox avec son père.

L’enfant hurle et se retourne vers vous
La mort de l’aîné de Marcelle.

Le pêcheur
Merle Ring donne son avis sur tout, mais il est toujours si bizarre qu’il laisse perplexe son interlocuteur. Quand il eut gagné à la loterie, il remit à neuf sa cabane de pêche sur la glace, et « prêta » le reste aux voisins qui lui demandaient de l’argent. La description de la cabane de pêche est captivante, où il passe l’hiver « à vivre de poisson, de whisky et de solitude ». Ce qu’on peut comprendre de cette étrange passion :
« Ça rend le reste de l’année plus intéressant »

« On peut désirer ce qu’on fait en réalité ; mais au bout du compte on n’accomplit que ce qu’on a eu l’intention de faire. »

« Moi je connais que la mort et les impôts. Ça, c’est réel. J’ai l’intention de payer mes impôts, et j’ai l’intention de mourir. »

« Qu’il l’ait souhaité ou pas, Merle avait évité le juste milieu et du coup il s’était placé seul au centre de sa vie, ne la partageant avec personne. En fait, on aurait pu dire la même chose de tous les habitants du terrain à caravanes. Il est généralement vrai que les gens qui vivent dans ces parcs sont tout seuls au centre de leur vie. »
Pendant qu’il hiberne seul, la petite communauté s’émeut : il pourrait devenir le gagnant au tirage du Grand Prix des précédents sortants – ce qui advient effectivement ; il se contente de mettre l’argent dans une boîte sans plus s’en préoccuper, tout à sa pêche. Ses voisins ne l’entendent pas ainsi…

Cette tendresse pour ses personnages, cette prose maîtrisée, cet humour subtil ramentoivent John Irving (sans parler de leur attachement commun au New Hampshire). Mais j’ai trouvé un peu trop patente la tournure édifiante de ces 13 textes autour d’un même milieu (voire "panel") avec ses fléaux coutumiers et ses préoccupations actuelles (femmes battues ou abandonnées, homosexualité, racisme, sectes, drogue, alcool, violence et bêtise) ; peut-être aussi une certaine faiblesse générale, en regard de ce que le pitch promettait en tranches de vie ? Le dernier récit est excellent (et prend tout son sens au terme de la lecture des précédents).

\Mots-clés : #social

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Message par Bédoulène Sam 26 Nov - 17:42

merci Tristram, tu fais remonter les souvenirs.

C'est par ce livre que j'ai connu Russel Banks

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Message par Nadine Dim 8 Jan - 18:51

Et bien voilà qu'il nous a quittés.
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Message par Bédoulène Lun 9 Jan - 12:13

le 7

j'ai apprécié les livres lus et j'en ai encore bien sur à lire

pathologie - Russell Banks - Page 2 1252659054 pathologie - Russell Banks - Page 2 1252659054

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Message par topocl Lun 9 Jan - 16:19

Crying or Very sad

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Message par topocl Mar 24 Jan - 13:53

Oh, Canada


J’étais ravie qu’à la bibliothèque il y ait une table spéciale Russell Banks et qu’y figure Oh ! Canada. Ravie de lire le dernier opus du maître, un peu triste que ce soit le dernier qui me  reste à lire de lui – hormis les nouvelles, vous me connaissez ; pas comme philipp Roth dont il me reste encore quelques livres à découvrir.

J’étais ravie aussi de ma lecture des100 premières pages.
Un vieux documentariste canadien, vaincu par le cancer, en fauteuil roulant, sondé, perfusé, rencontre un réalisateur (ancien élève) et son équipe qui vont filmer un film testament. Il veut le faire parler sur ses engagements, ses combats politiques (Viet-Nam, écologie, corruption) qui en ont fait un homme respecté. Mais lui veut parler de son intime, et surtout révéler ses mensonges, abandons et trahisons qui  font qu’il n’est pas celui qu’on croit. Et à l’heure de la mort, ça compte : dernière confession laïque avant le grand départ.
Début très séduisant, on sent Russell Banks, sans doute déjà cancéreux lui-même, palpiter derrière son héros. Les psychologies sont épatantes, ça coule tout seul, il y a en prime quelques paragraphes d’une subtilité qui frise au sublime. La confusion progressive du personnage imprègne le récit où se perdent peu à eu la clarté, l’objectivité, la chronologie, les certitudes.

Et puis, au fil de pages, ma déception.
Une fois cet éblouissant début dépassé, ça traîne en longueur, c’est redondant, sans surprises, assez banal, les révélations n’en sont pas, il tire sur les vieilles ficelles d’itinéraires à rallonge,
Ça a fait flop.
Un peu triste, je suis.

PS pour les modos : il faudrait rajouter sa date de décès dans la biographie Smile !

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Message par Tristram Mar 24 Jan - 15:05

Tu peux le faire, Topocl : c'est ton post. Et puis je n'ai pas trop le cœur à ces basses œuvres...

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