Chris Offutt
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Chris Offutt
Né en 1958 à Lexington/Kentucky (Etats-Unis), a grandi dans l’Est de cet état dans une petite commune de 200 personnes, plus ou moins dispersées dans les forêts, reliés par des chemin de boue, même pas cartographiés. Fils de l'écrivain Andrew J. Offutt, il a suivi les cours de l'Université d'État de Morehead. Diplômé, il entreprend un voyage à travers les États-Unis et exerce différents métiers pour vivre. C’est un écrivain américain, connu pour ses « short stories » et quelques romans, mais aussi trois livres de mémoire et des articles de non-fiction. Il s’en fiche, comme il dit, comment on veut classifier ses écritures, soit policier, thriller, roman… Il a également écrit des scénarios pour la télé (True Blood et Weeds) en en disant que ce travail pour Hollywood était plutôt un prison d’or en vue de payer les études de ses deux fils. Ainsi il y avait eu une interruption dans la production "littéraire". Dans une lecture il disait qu'il avait en fait écrit trois romans, mais qu'il n'en était pas heureux, donc il les avait "jeté".
Il a vécu à plusieurs reprises dans sa patrie, mais a maintenant élu domicile dans le Mississippi.
Il a reçu plusieurs prix littéraires.
OEUVRE :
Romans :
- The Good Brother (1997)/ Le Bon Frère (2000)
- Country Dark (2018)/Nuits Appalaches (2019)
Romans autobiographiques:
- The Same River Twice (1993)/Le Fleuve et l'Enfan (1998)
- No Heroes: A Memoir of Coming Home (2002)/ Les hommes ne sont pas des héros (2004)
Recueils de nouvelles:
- Kentucky Straight (1992)/Kentucky Straight (1998)
- Out of the Woods (1999)/Sortis du bois (2002)
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Chris Offutt
Originale : Country Dark (Anglais/E.-U., 2018)
Quatre chapitres titrés entre 1954 et 1971. Tucker rentre de la guerre de Corée, juste âgé de dix-dept ans. En train, à pieds et en stop il rentre au pays, le Kentucky des Appalaches, assez isolé, oublié par tous, comme cette guerre qu’il vien de quitter. En chemin il libère Rhonda, quinze ans, assez énergiquemment des griffes de son oncle qui voulait l’abuser. Coup de foudre ! Et ils se marient rapidemment. Dix ans après ils ont cinq enfants, dont quatre avec des signes de retardements… Ils habitent dans des conditions simples dans un « settlement » et se sont construit une vie pauvre, certes, mais aussi quelque part heureux. Tucker travaille chez un traffiquant d’alcool. Et les institutions s’intéressent aux conditions des enfants dans de « telles » conditions. Simples ? Ou déjà inacceptables ? Des nouveaux problèmes apparaissent et Tucker se voit dans l’obligation d’agir...
REMARQUES :
L’auteur lui-même est de ce milieu des Appalaches, de villages réculés, à la limite de l’abandon : sans vrai reseau de routes, sans accès simple à des hopitaux, sans eaux courants. Des endroits oubliés où des gens travaillent dur, proche de la nature dont ils font en quelque sorte partie. Celle-ci est parfois cruel, mais offre aussi à Tucker un cadre dans lequel il se meut avec une certaine aisance. Cet homme est capable d’une forme de romantisme, d’un savoir faire naturel, d’une intelligence pratique. Et aussi : comme ancien combattant il avait appris à tuer, à exprimer une violence, à maitriser un savoir faire guerrier qui peut s’apparenter à la maxime de Sunzi : « Penser lentement, agir rapidemment. » (L’art de la guerre).
Edité chez Gallmeister, ce livre est classé sous la série des « natural writing ». Mais l’auteur disait (lors d’une lecture) que cela lui est bien égale comment on veut prendre ses livres. Certains parlent même de « policier, de thriller, de roman tout simplement ». N’importe : le livre dépasse les limites, à mon avis, est pourrait parler à différents types de lecteurs. Il y a aussi cette grande tendresse vécué envers ses enfants handicappés et surtout la complicité avec Rhonda. Et cela coexistent – comme en nous tous – avec une violence possible, surtout quand il s’agit de défendre les siens.
« Il ne réflèchissait pas en termes d’innocence et de culpabilité, de bien et du mal, de justice ou de mérite. Il ne regrette rien et n’en voulait à personne. »
Peut-être on trouve des motifs « américains » de l’innocent persécuté par le destin qui doit se défendre car il ne trouve pas de justice ? Il y a là un « déjà vu » par d’autres films et livres américains.
« J’entends et j’observe », dit Tucker. Combien c’est vrai ! Et on le souhaite aussi pour tous. Bonne découverte d’un auteur jusqu’ici inconnu pour moi !
Mots-clés : #guerre #nature #polar #violence
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Chris Offutt
Je l'avais remarqué ainsi que le recueil de nouvelles Kentucky straight. Merci de ton commentaire, - Tom Léo, qui me donne encore plus envie de découvrir cet écrivain.
Invité- Invité
Re: Chris Offutt
Kentucky Straight. - Gallimard/La Noire
A lire les nouvelles de ce recueil, on a l' impression que la communauté des Appalaches dont il est question, n' existe nulle part.
De fait, les habitants sont si pauvres, si isolés qu' ils pourraient aussi bien vivre sur la lune et non dans ce trou du cul du monde.
Mais les écrivains sont là pour les inventer au besoin.
Mais Offutt n' en a meme pas besoin. Il est né là-bas, parmi eux. Meme s' il est allé vivre ailleurs, il se souvient.
Depuis, la pauvreté est devenue dénuement, abandon. La sauvagerie naturelle a repris ses droits.
Dans ce milieu hostile, il faut lutter sans cesse pour simplement survivre. Et la lutte qu' ils mènent les rend aussi rudes que lui.
Il faut donc etre forts, malins, tenaces, inventifs pour tenir le coup. Violents au besoin. Ils sont tout cela.
Le meilleur cottoie le pire chez eux. Si quelqu' un s' occuppe d' eux par compassion, ils sont désarçonnés, méfiants, flairent le piège.
Meme les enfants sont sur la défensive.
Leur vie ne leur permet pas d 'etre faibles et surtout de le montrer.
Et si l' un d' eux manifeste le désir de s' instruire, il passe pour impie et arrogant. Il doit vraiment s' accrocher pour persister.
Mais parfois les parents pensent, espèrent, qu' il connaitre un sort meilleur que le leur.Comme nos lointains parents paysans, pauvres parmi les pauvres, ils ont recours à la magie, aux sorts. Meme Dieu n' oserait se
manifester chez eux. Eux qui n' existent pas.
Comme dans Le Christ s' est arreté à Eboli écrit par Carlo Levi.
Mais Offutt ne renie rien. Ni son passé ni les siens.
Il leur confère une dignité qu' ils ne se savaient pas ou qu' ils cachaient profond.
Ce sont des histoires de survie et de latence. Sans espérance, mais ancrées dans une réalité presque surréelle à force d' hyperréalité.
Récup.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Chris Offutt
Kentucky Straight
Excellent recueil de neuf brèves nouvelles, merci Tom Léo et Bix !
Au début, une carte présente la petite région du Kentucky où se situent les histoires du livre, en signalant d’entrée l’unité de lieu (on pense au comté faulknérien de Yoknapatawpha).
Chris Offutt y parle des habitants, des rednecks vivant fièrement dans le dénuement, des enfants, des hommes, des femmes, et des vieillards, comme le fantastique grand-père Boatman ; il parle aussi de la nature, celle des rudes Appalaches (et là également un certain surnaturel est diffusément perceptible).
La sciure
Un gamin d’un milieu défavorisé, plein de défiance, s’est donné pour défi de passer le certificat en candidat libre.
Élévation
Un bulldozer est appelé pour désembourber le transport d’un mobile-home sur une colline lors de fortes pluies.
Ceux qui restent
Un jeune garçon rencontre dans la forêt son grand-père supposé décédé qui, familier de la nature et un peu mystique, lui transmet la spécificité des Boatman.
Mauvaise herbe
William cultive clandestinement du chanvre dans une ancienne zone minière, pour faire vivre sa famille ; il surprend un étranger qui a découvert sa plantation : va-t-il le tuer, comme ses ascendants l’auraient fait ?
Sous le signe de la foudre, récit dans le récit de la conversion religieuse d’un brutal ivrogne, l’histoire d’un bébé décapité par un ours sur le dos de sa mère, et la chasse qui s’ensuivit, drame fantasmagorique où interviennent aussi des pumas.
Des hommes jouent de l’argent aux cartes dans un fumoir en pleine tempête de neige, et comme ils sont d'une nature brutale...
Blue Lick River
Un gamin et son petit frère dystomique, ayant perdu leur mère, vivent chez leur granny à la campagne, avec leur père aimant mais malchanceux et aux réactions exagérées : une tranche de vie abrupte, et encore de justes portraits vivement brossés.
Tante Granny Lith
Pour garder son mari, une femme de caractère se bat contre une première rivale, puis une autre, la dernière accoucheuse traditionnelle, apparemment magicienne.
Le billard
Entre la porcherie qui en vient à l’écœurer et le billard où il excelle, Everett décide de partir vers l’ouest.
La violence est partout, le style dense, sec, âpre lui aussi. Une belle écriture, assez dépouillée mais capable de lyrisme, tout à fait congrue au genre de la nouvelle !
Nota bene :
- Contrairement à ce qui a pu être indiqué par un éditeur pas en manque de putasserie, ce livre n’a rien d’un "policier".
- Le titre fait référence à une spécialité locale, même si parfois illicite : le bourbon…
\Mots-clés : #nouvelle
Excellent recueil de neuf brèves nouvelles, merci Tom Léo et Bix !
Au début, une carte présente la petite région du Kentucky où se situent les histoires du livre, en signalant d’entrée l’unité de lieu (on pense au comté faulknérien de Yoknapatawpha).
Chris Offutt y parle des habitants, des rednecks vivant fièrement dans le dénuement, des enfants, des hommes, des femmes, et des vieillards, comme le fantastique grand-père Boatman ; il parle aussi de la nature, celle des rudes Appalaches (et là également un certain surnaturel est diffusément perceptible).
La sciure
Un gamin d’un milieu défavorisé, plein de défiance, s’est donné pour défi de passer le certificat en candidat libre.
Élévation
Un bulldozer est appelé pour désembourber le transport d’un mobile-home sur une colline lors de fortes pluies.
Ceux qui restent
Un jeune garçon rencontre dans la forêt son grand-père supposé décédé qui, familier de la nature et un peu mystique, lui transmet la spécificité des Boatman.
Mauvaise herbe
William cultive clandestinement du chanvre dans une ancienne zone minière, pour faire vivre sa famille ; il surprend un étranger qui a découvert sa plantation : va-t-il le tuer, comme ses ascendants l’auraient fait ?
Dernier quartier« − Tu amènes tes chiens à un arbre, là où tu veux qu’ils arrêtent de te suivre, expliquait le vieil homme. Tu fais sentir le fusil à chacun. Puis tu en tues un. Les autres sont plus vraiment bons à chasser après ça, mais au moins ils risquent pas de conduire les flics à un alambic. J’ai fait ça des tas de fois. »
« Il commença à suivre le ruisseau entre les racines qui serpentaient en bas de la berge. William se rappela que son père et son grand-père longeaient ce ruisseau pour rentrer de la mine, et il fut soudain heureux de ne pas avoir de fils. La responsabilité de la terre s’arrêterait avec lui. La vie des hommes s’écoulait par à-coups de travail et de boisson, avec une mort rapide, tandis que les femmes s’étiolaient dans un mouvement lent et continu, telle la berge d’une rivière sur un méandre sinueux. Il encouragerait ses filles à partir, mais il était plus probable qu’elles resteraient et qu’elles lui donneraient des petits-enfants. Un jour, William serait vieux et raconterait à un petit garçon qu’il avait aidé un type de la mine qui ne le méritait pas. Il se demandait ce que l’État trouverait à interdire à l’époque de ses petits-enfants. »
Sous le signe de la foudre, récit dans le récit de la conversion religieuse d’un brutal ivrogne, l’histoire d’un bébé décapité par un ours sur le dos de sa mère, et la chasse qui s’ensuivit, drame fantasmagorique où interviennent aussi des pumas.
Le fumoir« Aujourd’hui il ne me reste plus grand-chose à faire qu’attendre l’hiver, puis le printemps. Aujourd’hui, il ne me reste plus grand-chose à faire qu’attendre l’hiver, puis le printemps. Le temps s’amasse comme les broussailles. On brûle à l’automne et tout ce qu’on en retient, c’est la lueur des braises. Je vois des tas de cendres partout où je pose mes yeux. »
« On ne peut pas en vouloir aux collines pour ce qu’il s’y passe. Il y en a qui accusent Dieu, mais je crois pas qu’il se fasse trop de mouron pour ce qui se passe dans le coin. »
Des hommes jouent de l’argent aux cartes dans un fumoir en pleine tempête de neige, et comme ils sont d'une nature brutale...
Blue Lick River
Un gamin et son petit frère dystomique, ayant perdu leur mère, vivent chez leur granny à la campagne, avec leur père aimant mais malchanceux et aux réactions exagérées : une tranche de vie abrupte, et encore de justes portraits vivement brossés.
Tante Granny Lith
Pour garder son mari, une femme de caractère se bat contre une première rivale, puis une autre, la dernière accoucheuse traditionnelle, apparemment magicienne.
Le billard
Entre la porcherie qui en vient à l’écœurer et le billard où il excelle, Everett décide de partir vers l’ouest.
La violence est partout, le style dense, sec, âpre lui aussi. Une belle écriture, assez dépouillée mais capable de lyrisme, tout à fait congrue au genre de la nouvelle !
Nota bene :
- Contrairement à ce qui a pu être indiqué par un éditeur pas en manque de putasserie, ce livre n’a rien d’un "policier".
- Le titre fait référence à une spécialité locale, même si parfois illicite : le bourbon…
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: Chris Offutt
merci Tristram, bien le nota bene !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21081
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Re: Chris Offutt
Nuits Appalaches
J'ai été très touché par l'écriture de Chris Offutt, qui révèle en permanence une marque d'affection, d'espoir, dans un environnement marqué par sa rudesse et le poids d'une violence qui peut survenir à chaque instant.
Car si les traces de la guerre de Corée appartiennent au passé, la jeunesse de Tucker semble s'être évanouie trop vite et la rencontre de Rhonda lui permet de retrouver une confiance, une joie de vivre. Et si leur volonté de fonder une famille se heurte à de nombreuses épreuves, il reste toujours la promesse d'un avenir plus apaisé.
Nuits Appalaches émeut par sa brièveté qui laisse la place à l'essentiel, à des regards, à des gestes. Et la fragilité de l'être humain, entre noirceur et rédemption, apparait dans toute sa complexité.
Avadoro- Messages : 1393
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Re: Chris Offutt
Le Bon Frère
Virgil Caudill vit à Blizzard dans le Kentucky ; il aime sa mère, rêve de récupérer la cabane de son père décédé, se plaît à son travail d’éboueur où il a la perspective de devenir chef d’équipe, se propose d’épouser Abigail, et apprécie les bois alentour. Mais son frère aîné, Boyd, qui avait beaucoup d’ascendant sur lui, a été tué par un certain Billy Rodale. Tout le monde le sait, personne ne le dénonce à la police ; on pousse Virgil pour qu’il agisse comme de coutume : qu'il le tue, et entretienne ainsi la vendetta habituelle.
\Mots-clés : #violence
Virgil Caudill vit à Blizzard dans le Kentucky ; il aime sa mère, rêve de récupérer la cabane de son père décédé, se plaît à son travail d’éboueur où il a la perspective de devenir chef d’équipe, se propose d’épouser Abigail, et apprécie les bois alentour. Mais son frère aîné, Boyd, qui avait beaucoup d’ascendant sur lui, a été tué par un certain Billy Rodale. Tout le monde le sait, personne ne le dénonce à la police ; on pousse Virgil pour qu’il agisse comme de coutume : qu'il le tue, et entretienne ainsi la vendetta habituelle.
Sacrifiant à la tradition, Virgil abat Rodale après avoir préparé son changement d’identité et sa fuite vers l’ouest et une autre vie. Devenu Joe Tiller, il s’installe à Missoula dans le Montana, y enterre Virgil symboliquement, accède peu à peu à une « vraie liberté ».« Boyd était entré le premier. Il faisait toujours tout le premier – le premier à descendre une pente enneigée sur un capot de voiture, le premier à se faire jeter au sol par un poney pas encore débourré, le premier à rouler en mini-moto sur une rampe fabrication maison. Désormais, il était le premier à avoir trouvé la mort. »
Dans le Montana, d’après la littérature du cru, la principale activité (à part la pêche à la mouche !) semble être de couper du bois.« Il n’avait plus ni avenir ni passé. Seul demeurait l’inéluctable désormais. »
La question des armes à feu s’installe progressivement dans le livre, notamment à propos du Montana où elles sont vigoureusement prônées ; attribué à George Washington :« Il se souvenait de son père disant que le bois vous réchauffait deux fois : la première lorsqu’on le fendait et la deuxième lorsqu’on le brûlait. Maintenant, Joe fendait ses bûches jusqu’à en émousser le fer de sa hache et il avait assez de petit bois pour des années. Il réorganisait l’agencement de sa pile et faisait de la place pour le petit bois, qu’il disposait selon sa taille, puis il changeait d’avis et réarrangeait tout. »
D’ailleurs Joe, revenant d’enterrer son passé un manche de pelle sur l’épaule, prend une balle dans la jambe parce qu’on l’a pris pour un agent fédéral armé d’un fusil… La communauté locale est férue de liberté et d’armes à feu, chauvine et raciste, solidaire et organisée en milice contre le gouvernement fédéral (on pourrait faire de curieux rapprochements entre ce roman originairement publié en 1997 et l’actualité). Entre ces patriotes extrémistes et un parent de Rodale parvenu à le retrouver pour le tuer, Joe-Virgil expérimente une bonne partie de la gamme états-unienne de la violence chronique.« Les armes à feu se placent par ordre d’importance à la suite immédiate de la Constitution proprement dite. Elles sont les dents de la liberté du peuple américain et la clé de voûte de l’indépendance. »
« Thomas Jefferson nous a prévenus il y a deux siècles : “La raison la plus forte qui pousse le peuple à garder et à porter des armes est de se protéger contre la tyrannie du gouvernement.” »
« Ils ont la loi pour eux, mais nous, on a la Déclaration des droits. »
« Dans le salon, hommes et femmes présents au pique-nique restaient debout, le fusil automatique à la main, aussi banal qu’un outil de jardinier. Plusieurs portaient des pistolets dans un étui de hanche. Quelques-uns arboraient treillis et rangers, d’autres des casquettes des Bills. Ils rappelèrent à Joe la prière du mercredi soir, n’étaient-ce les armes. »
« Il y a ici quelques extrémistes, Joe. Ils ne reconnaissent pas le gouvernement fédéral. Sous aucune forme. Ils croient en la suprématie de la loi locale. Ils ont élu leur propre shérif et posé des affiches de récompense pour les flics, avocats et juges de l’État, morts ou vifs. Ils ont fait leur procès par contumace. Ils ont même imprimé leur propre monnaie. »
\Mots-clés : #violence
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Chris Offutt
merci Tristram je garde l'idée de lire l'auteur
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21081
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Localisation : En Provence
Re: Chris Offutt
Nuits Appalaches
Tucker, même pas dix-huit ans, revient de la guerre de Corée à son Kentucky natal. Il sauve Rhonda, quinze ans, de son oncle qui l’agressait, et très vite ils décident de se marier. À l’écart dans la montagne, ils constituent un foyer heureux, avec cinq enfants, dont certains handicapés, que les services sociaux de l’État veulent leur enlever. Tucker, qui est devenu trafiquant d'alcool, tue le « docteur » qui a pris la décision.
C’est donc l’histoire d’un jeune vétéran typique d’une culture violente (il ne sort jamais sans son Ka-Bar et son calibre 38), dont l’éducation se résume à ce que dispensent un milieu fondamentaliste et l’armée. En d’autres mots, c’est une société masculine où les hommes semblent incapables de communiquer entr’eux, surtout sans armes (d’ailleurs Beanpole, le patron de Tucker, a peur des femmes).
Il y a une grosse incohérence dans le fait que Tucker, lors d’une entrevue avec Beanpole au cours de laquelle il déploie toute sa science de guerrier au cas où ce dernier voudrait l’abattre, accepte séance tenante d’aller en prison pour les dégager tous deux de risques judiciaires.
Des scènes d’action saignantes, quelques observations intéressantes sur la faune sauvage, aussi la douloureuse question du soin des enfants déficients, mais surtout l’exposé plus ou moins complaisant d’un modèle héroïco-viril brutal qui semble n’être guère remis en question dans la littérature états-unienne.
Tucker, même pas dix-huit ans, revient de la guerre de Corée à son Kentucky natal. Il sauve Rhonda, quinze ans, de son oncle qui l’agressait, et très vite ils décident de se marier. À l’écart dans la montagne, ils constituent un foyer heureux, avec cinq enfants, dont certains handicapés, que les services sociaux de l’État veulent leur enlever. Tucker, qui est devenu trafiquant d'alcool, tue le « docteur » qui a pris la décision.
C’est donc l’histoire d’un jeune vétéran typique d’une culture violente (il ne sort jamais sans son Ka-Bar et son calibre 38), dont l’éducation se résume à ce que dispensent un milieu fondamentaliste et l’armée. En d’autres mots, c’est une société masculine où les hommes semblent incapables de communiquer entr’eux, surtout sans armes (d’ailleurs Beanpole, le patron de Tucker, a peur des femmes).
Il y a une grosse incohérence dans le fait que Tucker, lors d’une entrevue avec Beanpole au cours de laquelle il déploie toute sa science de guerrier au cas où ce dernier voudrait l’abattre, accepte séance tenante d’aller en prison pour les dégager tous deux de risques judiciaires.
Des scènes d’action saignantes, quelques observations intéressantes sur la faune sauvage, aussi la douloureuse question du soin des enfants déficients, mais surtout l’exposé plus ou moins complaisant d’un modèle héroïco-viril brutal qui semble n’être guère remis en question dans la littérature états-unienne.
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Tristram- Messages : 15597
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Re: Chris Offutt
merci Tristram ! ta dernière phrase m'interpelle
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Bédoulène- Messages : 21081
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Chris Offutt
Oui, ça me fatigue à la longue, toujours le cow-boy et/ou outlaw qu'est un homme viril avec son pétard...
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Chris Offutt
Lis Craig Johnson : j'aime bien son shérif Longmire !
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
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Age : 64
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Re: Chris Offutt
J'ai déjà lu Little Bird (avec plaisir), j'y retournerai !
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Tristram- Messages : 15597
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Localisation : Guyane
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