La littérature c'est koi ?
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Re: La littérature c'est koi ?
Tristram a écrit:Décidément intéressant, vos réponses ; ouvertures d'autres points de vue, courser l'indicible, approcher la vie autrement ; endosser d'autres existences, le temps d'une lecture ?
Pour ma part ça ne va jamais jusqu'à "endosser d'autres existences, le temps d'une lecture".
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: La littérature c'est koi ?
Manque d'identification, de consentement à la suspension de l'incrédulité du lecteur ?
Pour ma part, quand c'est suffisamment bien écrit et que l'action se passe sur un bateau le plancher tangue sous mes pieds, si c'est à cheval je me relève comme un marin juste débarqué, il m'est arrivé de pleurer comme la demoiselle en détresse et souvent de vouloir anéantir tous les méchants.
Pour ma part, quand c'est suffisamment bien écrit et que l'action se passe sur un bateau le plancher tangue sous mes pieds, si c'est à cheval je me relève comme un marin juste débarqué, il m'est arrivé de pleurer comme la demoiselle en détresse et souvent de vouloir anéantir tous les méchants.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
Jolie précisions, partagée.Quasimodo a écrit:Il y a une part d'orgueil, je le crains, que je m'efforce de corriger, mais qui me vaut parfois - par hasard - de belles découvertes.
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Keep on keeping on...
Re: La littérature c'est koi ?
Pour moi aussi, l'identification prend une part importante. Moins lorsque le narrateur se raconte lui-même (pourtant il n'est pas plus singulier ni moins universel que le héros dont on conte les aventures ?)
Ce qui me permet l'identification aux personnages, narrateur compris, dans La recherche, c'est la mise au jour d'une substance psychologique commune, à partir de scènes plus ou moins analogues à celles que l'on connaît.
Mais pour Les trois mousquetaires, c'est bien mystérieux. Comment, de pacifique, peut-on devenir si belliqueux ? de méfiant à l'égard des orateurs, si amateur de bons mots et de discours héroïques ? et comment peut-on se prendre de loyauté pour des rois, et prendre du plaisir à ce cocardier tapageur ?
Ce qui est certain, c'est que je me fais avoir !
Ce qui me permet l'identification aux personnages, narrateur compris, dans La recherche, c'est la mise au jour d'une substance psychologique commune, à partir de scènes plus ou moins analogues à celles que l'on connaît.
Mais pour Les trois mousquetaires, c'est bien mystérieux. Comment, de pacifique, peut-on devenir si belliqueux ? de méfiant à l'égard des orateurs, si amateur de bons mots et de discours héroïques ? et comment peut-on se prendre de loyauté pour des rois, et prendre du plaisir à ce cocardier tapageur ?
Ce qui est certain, c'est que je me fais avoir !
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: La littérature c'est koi ?
Ça permet aussi de se connaître, et de "contrôler" sa crédulité : de donner le "bénéfice du doute" à tous, être spontanément ouvert à tout, à émettre des réserves mentales, avoir l'esprit critique...
Oui, même dans un personnage fort éloigné de soi, on peut trouver des points communs, des bouts d'universalité, l'explicitation d'un tour de pensée qu"on partage...
Bien sûr on n'analyse pas en permanence, mais on accepte le jeu dès que c'est possible !
Oui, même dans un personnage fort éloigné de soi, on peut trouver des points communs, des bouts d'universalité, l'explicitation d'un tour de pensée qu"on partage...
Bien sûr on n'analyse pas en permanence, mais on accepte le jeu dès que c'est possible !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
Il m'arrive de penser que la lecture est pour moi une activité en quelque sorte équivalente à une méditation, où même la posture physique compte. Je suis dans une situation d'écoute, encore plus que lorsque quelqu'un me parle. Je pense en même temps, mais la voix de mes pensées n'emploient plus mes mots mais ceux de l'auteur. D'où l'effet de relâchement, de rupture et donc d'apaisement après avoir fait de mon temps une lecture ininterrompue, et oui, coupée du monde extérieur.
Ma pensée en propre m'appartient toujours et a toujours sa place pendant que je lis si vous voulez, mais elle se trouve derrière, humblement, en attendant de redevenir première et de s'être renforcée par l'autre. Là c'est un peu comme vous dites, la détection du ce qui me semble vrai (et non pas forcément véridique) dans un livre à partir de mon sens critique et de mon expérience de la réalité.
L'écriture, c'est bien entendu l'inverse. C'est vraiment des affres pour moi, je n'ose plus écrire de fiction : c'est comme une fournaise de doutes qui peuvent mener à un dégoût de moi-même.
Ma pensée en propre m'appartient toujours et a toujours sa place pendant que je lis si vous voulez, mais elle se trouve derrière, humblement, en attendant de redevenir première et de s'être renforcée par l'autre. Là c'est un peu comme vous dites, la détection du ce qui me semble vrai (et non pas forcément véridique) dans un livre à partir de mon sens critique et de mon expérience de la réalité.
L'écriture, c'est bien entendu l'inverse. C'est vraiment des affres pour moi, je n'ose plus écrire de fiction : c'est comme une fournaise de doutes qui peuvent mener à un dégoût de moi-même.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: La littérature c'est koi ?
Je pense qu' on est le complément nécessaire et suffisanr de l' auteur.
Et vice versa.
L' auteur est le moteur mais qu' on peut dépasser sans le trahir par l' imaginaire.
Et vice versa.
L' auteur est le moteur mais qu' on peut dépasser sans le trahir par l' imaginaire.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: La littérature c'est koi ?
Dreep a écrit:L'écriture, c'est bien entendu l'inverse.
« Écrire désire. Lire jouit. »
Pascal Quignard, « Le sexe et l’effroi », XII
On ne saura jamais vraiment le nombre d'écrivains se passant de lecteurs, voire n'en voulant pas.Bix a écrit:Je pense qu' on est le complément nécessaire et suffisanr de l' auteur.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
Retour à une définition "classique" :
La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature ; cette vie qui, en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l'artiste. Mais ils ne la voient pas, parce qu'ils ne cherchent pas à l'éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d'innombrables clichés qui restent inutiles parce que l'intelligence ne les a pas “développés”. Notre vie, et aussi la vie des autres ; car le style pour l'écrivain, aussi bien que la couleur pour le peintre, est une question non de technique mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu'il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s'il n'y avait pas l'art, resterait le secret éternel de chacun. Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir danso la lune. Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et, autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini et, bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient encore leur rayon spécial.
Proust, À la recherche du temps perdu III, Le Temps Retrouvé
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
Encore une belle raison de lire, trouvée dans un endroit inattendu...
Par contre, l'auteur ne propose pas de romans écrits par des chiens, ce qui est un peu dommage.« Il n’est pas facile d’avoir la même expérience du monde qu’une autre personne, même si celle-ci nous ressemble beaucoup. Cela l’est encore moins si la personne en question est originaire d’un pays différent et parle une langue étrangère. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous lisons des romans : ils nous font découvrir les expériences intimes d’autrui sans que nous ayons à nous impliquer personnellement. »
Jeffrey Moussaieff Masson, « Un chien ne ment jamais en amour », 16, « Penser comme un chien »
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
10 ans déjà !« Aujourd’hui, au lendemain de la décolonisation, la littérature est un des moyens pour les hommes et les femmes de notre temps d’exprimer leur identité, de revendiquer leur droit à la parole et d’être entendus dans leur diversité. Sans leur voix, sans leur appel, nous vivrions dans un monde silencieux. »
Discours de J. M. G. Le Clézio lors de la remise du prix Nobel de littérature en 2008
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: La littérature c'est koi ?
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
hohoho... c'est n'imp de n'imp...
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Keep on keeping on...
Re: La littérature c'est koi ?
Un peu de tenue, messieurs, s'il vous plait
"Depuis des siècles les livres sont le legs des générations disparues - le don que nous font les morts pour nous aider à vivre. Dans notre culture, vivre sans les livres est donc une privation, un tourment qu'on ne peut comparer à rien"
Danièle Sallenave : Le Don des morts
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: La littérature c'est koi ?
J'ai un peu fouillé : l'illustre inconnue, Danièle Sallenave, est membre de l’Académie française. C'est quand même curieux comme cette fonction mène à l'incognito absolu. Lu avec intérêt ce qu'en dit Wikipédia, qui connaît même les inconnus primés.
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
Tristram a écrit:J'ai un peu fouillé : l'illustre inconnue, Danièle Sallenave, est membre de l’Académie française. C'est quand même curieux comme cette fonction mène à l'incognito absolu. Lu avec intérêt ce qu'en dit Wikipédia, qui connaît même les inconnus primés.
Achat fortuit Emmaüs, comme souvent ! Le titre :Le Don des morts : Sur la littérature" m'a interpellé
- Spoiler:
- A vrai dire, j'avais confondu Danièle Sallenave et Lydie Salvayre
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: La littérature c'est koi ?
Littérature et fiction sont deux choses entièrement différentes. La littérature est un luxe ; la fiction est une nécessité.
Gilbert Keith Chesterton, Une défense des romans à sensation
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Tristram- Messages : 15597
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: La littérature c'est koi ?
Danièle Sallenave : Le Don des mortsLa littérature trouve donc son sol là où se conjuguent jusqu’à l’angoisse l’amour de la vie et la certitude de devoir mourir, le goût et la célébration des choses créées, la douleur de les voir disparaître, le sentiment de la fuite du temps, et le désir de s’établir en un lieu où la finitude soit rachetable. La littérature est donc toujours au seuil du temps, et le désir de s’établir en un lieu où la finitude soit rachetable. La littérature est donc toujours au seuil d’un sentiment paralysant et infécond, la mélancolie. Tout ce qui naît de l’exigence littéraire, avant de se transformer en joie, est marqué d’une liaison sombre, non dite, mystérieuse, innommée avec le sentiment de l’irréparable et de la perte. Il y a quelque passage secret, et peut-être même quelque identité de nature entre la littérature et la mélancolie ; nul n’écrirait ni ne lirait s’il ne s’était jamais senti ébranlé jusqu’au fond de soi par la déchirante douleur de survivre.
Comme Bix, je pense que la littérature est indissociable d'une forme de "mélancolie" ...
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: La littérature c'est koi ?
« …] savoir que le fruit de ce labeur heureux, quelles que fussent ses faiblesses, serait la plus terrifiante, la plus importante de toutes les entreprises dues à l'imagination de l'homme – Le Roman. »
William Styron, « Le choix de Sophie »
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Tristram- Messages : 15597
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