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Message par Aventin Jeu 30 Nov - 11:05

Paroles de paysans

"Paroles de paysans" est une compilation de trois romans -par trois auteurs-, s'y ajoutent, un peu cheveux sur la soupe (claire au lard) une page ou deux de Jules Michelet, idem de Charles Péguy, de C-F Ramuz, de Restif de la Bretonne, un conte traditionnel anonyme et trois poèmes de Francis André.

ruralité - Collectif  - Paroles de Paysans Parole11

Livre paru chez Omnibus, sous la houlette de Michel Ragon, et qui s'inscrit dans un ensemble plus vaste, une collection dédiée à la -sic- "Littérature prolétarienne"
Spoiler:

Je voulais ne poster qu'un seul message, ayant trait à l'ensemble du livre, mais en fait, en rédigeant celui-ci, il apparaît bien plus judicieux de scinder les trois romans en trois messages "one shot" (un three shots, quoi...), et d'évacuer ici le reste du livre, ce qui va être vite fait:

Les élucubrations de Jules Michelet et de Charles Péguy sont de bas niveau, guère à la hauteur du prestige de leurs signatures.

Rien à signaler sur le conte (Histoire du Bonhomme Misère).

En revanche le dernier d'entre les trois poèmes de Francis André (La dernière charrée), à la dixième lecture on est transporté, ça me rappelle exactement le regard que je puis avoir sur la peinture de Jean-François Millet et pas seulement pour le thème paysan: vous passez devant, bon, d'accord, ouais, et puis, à force de scruter vous êtes esbaudi, bouche bée...  

Tout à l'opposé des propos de ces grands messieurs Michelet & Péguy, ceux de C-F Ramuz et de Restif de la Bretonne sont succulents.
Spoiler:

Ce bref extrait de Restif de la Bretonne, comme humer un mets sans y goûter, en se remémorant pourquoi je le trouvais tellement délicieux:
Restif de la Bretonne -  \"Labourage", dans L'école des Pères a écrit:Comme nous étions à la fin de notre repas, une charrue s'approcha de nous, et vint labourer un champ qui tournait sur notre vigne. Nous saluâmes, et les deux hommes nous rendirent fort civilement notre salut. Vou n'ôte pâ de N** ? me dit l'un deux. -Qu'oc ch'lè t'fe, murmura l'autre. Non, mes amis, répondis-je; Mais cette vigne appartient à Touslesjours. - Je n'lou voi qu'trou. La conversation finit là; et ce grossier langage fut prononcé si pesamment... mais vous le connaissez; et vous savez que l'écriture ne saurait en peindre le ton, les inflexions, la lenteur, non plus qu'en exprimer l'informité.  Le reste du jour nous n'eûmes pas un mot d'eux, quoiqu'ils vinssent à chaque raie tourner à six pas de nous.


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Message par Aventin Jeu 30 Nov - 11:05

La Vie d'un Simple
Mémoires d'un métayer

Genre: transcription biographique (?).
375 pages environ (58 chapitres et un avant-propos), auteur: Émile Guillaumin, paru en 1904.

ruralité - Collectif  - Paroles de Paysans Meille11
Meillers dans l'Allier, où Tiennon voit le jour et passe son enfance.


Ce livre obtint un assez imprévu succès de librairie à sa parution, avant de tomber dans l'oubli. Des trois romans du livre, c'est celui que je recommande avec le plus de chaleur.

Émile Guillaumin, lui-même paysan et tout juste trentenaire, recueille les récits d'un voisin dont la vie de métayer traverse le XIXème siècle, le père Tiennon, Étienne Bertin pour l'état civil.

Voici le projet tel qu'il le livre en avant propos:
Je me suis dit: "on connaît si peu les paysans; si je réunissais pour en faire un livre les récits du père Tiennon..."
Un beau jour, je lui ai fait part de mon idée. Il m'a répondu avec un sourire étonné:
"A quoi ça t'avancera-t-il, mon pauvre garçon ?
- Mais à montrer aux messieurs de Moulins, de Paris et d'ailleurs ce qu'est au juste une vie de métayer - ils ne le savent pas, allez ! - puis à leur prouver que les paysans sont moins bêtes qu'ils le croient: car il y a dans votre façon de raconter une dose de cette "philosophie" dont ils font grand cas.
- Fais-le donc si ça t'amuse...Mais tu ne vas pas rapporter les choses comme je les dis; je parle trop mal...Les messieurs de Paris ne comprendraient pas...
- C'est juste; je vais tâcher d'écrire de façon qu'ils comprennent sans effort; mais en respectant votre pensée de telle sorte que le récit soit bien de vous quand même."

Sur la compréhension "sans effort", le fait est que cet ouvrage est remarquablement fluide, d'un agréable style coulé, c'est empli de fraîcheur et se lit ad libitum. Chaque chapitre s'achève sur une observation, un enseignement de ce qu'il y a à tirer de celui-ci.

Les peurs du petit enfant constituent une remarquable accroche pour embarquer le lecteur - pas mal vu le procédé littéraire - les joies, les peines, les caractères, et au centre toujours le travail agricole, omniprésent, âpre, harassant quoique varié (l'on se situe à un lieu et une époque de polyculture).

Toutes les nuances métayer, fermier, journalier, et tous les petits métiers et l'artisanat de bourg ou de village sont autant de clivages, d'incompréhensions. Et ce n'est rien comparé aux gens de la ville, aux propriétaires, aux fermiers dit généraux (régisseurs).

C'est aussi une évocation, assez vague, des différents régimes du XIXème siècle en France, où l'on voit surtout combien tous les soubresauts politiques du siècle arrivent atténués, quasi inaudibles, dans les campagnes.

Entame du chapitre 4 a écrit: Songeant qu'à moins de sept ans m'advenaient ces aventures, comparant mon enfance à celle des petits d'aujourd'hui qu'on dorlote et qu'on choie, et qu'on oblige à aucun travail sérieux avant douze ou treize ans, je ne puis m'empêcher de dire qu'ils ont joliment de la chance. En ai-je fait, moi, des séances de plein air pendant qu'eux font leurs séances d'école ! Du temps où j'étais berger, j'esquivais les très mauvais jours: car on n'envoie pas les brebis dehors quand il peut ou neige. Mais quand j'atteignis neuf ans on me confia les cochons et c'en fut fini de cet avantage. Qu'il pleuve ou vente, que le soleil darde ou que la bise cingle, par la neige ou par le gel, il me fallait aller aux champs. Oh ! ces terribles factions d'hiver, alors que l'on est enduit de boue tout au long des jambes, que l'on a les pieds mouillés et que le froid étreint, quoi qu'on fasse, en une progression méchante ! On ne peut pas s'asseoir; les bouchures dépouillées ne donnent plus d'abri; les doigts gourds et crevassés font mal; un tremblement inconscient vous agite: oh ! qu'on est malheureux !

(NB: sur la notion d'"aucun travail sérieux avant douze ou treize ans", cela s'entend à l'aune de ce qui se vivait dans les campagnes à la fin du XIXème - au reste quand on voit, au long du livre, ce que l'on entend par travail sérieux, qu'on réserverait de nos jours à des adultes accomplis en d'autres termes, un immense respect me prend, c'est juste incroyable.)

La façon dont le paysan est moqué, ou croqué comme pittoresque, les soirées où il sert de "jouet" aux messieurs de la ville qui viennent lui piller son parler et ses réparties, la manière douloureuse de quasi-domesticité du métayer, dont les enfants servent d'amusement à ceux du propriétaire et dont les fruits les plus rares de leurs productions sont "offerts" sur caprice  à la femme du possédant, le peu de cas fait du logement pour les humains (le propriétaire a intérêt à bien loger les bêtes, le métayer et sa famille, ça ne sert à rien) et bien d'autres éléments donneraient peut-être rancœur à ces pages, sous une autre plume, mais l'écueil est évité, magnifiquement, par l'espèce de philosophie-bon sens général qui habite le père Tiennon.

Fin du chapitre 55 a écrit: Mes garçons reprirent un domaine à Bourbon, Puy-Brot en direction de Saint-Plaisir. Le maître, un certain Duverdon, fermier général jeune encore, longues moustaches châtain foncé, barrant un visage ridé, l'air arrogant, narquois, passait pour très fort en affaires. À l'époque de la Saint-Martin, il faisait des expertises de cheptels dans un rayon d'au moins six lieues. Il innovait en matière de bail, une clause portant interdiction de vendre lait ou beurre sous peine d'une amende de cinquante francs - les jeunes veaux devant bénéficier de tout le lait des mères. Le reste à l'avenant. Duverdon, roublard nouveau jeu, enlevait aux métayers les quelques avantages qu'ils avaient conservés jusqu'alors.
"Et vous avez accepté tout ça sans regimber ? dis-je à Charles le jour où il m'annonça que le bail était signé.
_ Que veux-tu, si nous n'avions pas accepté, plusieurs autres étaient prêts à le faire, et, dans la région, il nous eût été difficile de trouver un autre domaine vacant..."


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Message par Aventin Jeu 30 Nov - 11:06

Compagnons de labour
Roman d'un paysan et de ses chevaux.

ruralité - Collectif  - Paroles de Paysans Chevau10
Chevaux de labour. Aquarelle sur papier de Pierre Dubaut.

Après la Vie d'un simple, voici donc le second des trois romans, d'un autre auteur, Jean Robinet. Compagnons de labour fut son premier livre, souvenirs de ses rapports aux chevaux de trait plutôt que roman (245 pages environ, paru en 1946).

Sans doute le contenu de ce livre a pu faire sourire lors de sa parution, puis lors des ré-éditions, le regard du lecteur se portant surtout sur la joliesse d'un passé enfoui, d'un savoir-faire venu des fonds des âges agricoles: le rapport de l'homme au cheval en vue de produire du travail.

Aujourd'hui, il me semble qu'il n'en va pas de même, à moins de ne pas accueillir avec le moindre intérêt les idées de décroissance, de sobriété heureuse, de moindre consumérisme, de moindre endettement, de proximité et de réduction de l'empreinte carbone.

La foi en le progrès débridé, lancé tous azimuts (NB: assez sensible sous la plume de Guillaumin) atteint à son paroxysme dans la seconde moitié du XXème siècle occidental. Mais aujourd'hui, combien adhèrent encore à cette vision ?  

Des propos comme celui-ci (par Jean Robinet à l'occasion d'une ré-édition) faisaient, il y a peu, ricaner, aujourd'hui on en est à recueillir ces savoirs ancestraux sophistiqués, comme l'art de l'agriculture à moyens équins, pour les remettre à doses expérimentales, homéopathiques, au goût du jour.  

Vingt ans après...(En manière d'avant propos) a écrit: Aujourd'hui, le paysan de ma génération est encore, d'une certaine manière, un exilé: exilé en cette ère moderne, mécanique et affolée, d'où l'individu se sent chaque jour davantage coupé de ses racines. Il ne sera bientôt plus possible de reprendre contact avec le sol, comme faisait Antée, puisque de ce sol la technique ne fait plus qu'un moyen. La terre, femelle forcée, rend deux, quatre et même six fois plus qu'autrefois, mais elle n'est plus regardée comme la vieille terre maternelle et douce, qu'on aimait simplement parce qu'elle était la terre. Mais ceci est une autre histoire...

 Aujourd'hui le tracteur est là. Il supplante la bête, en dépit d'une prophétie qu'on trouvera dans ce livre et qui affirmait que le cheval demeurerait toujours le roi des champs. Il va plus vite que le cheval, il ne mange pas s'il ne travaille pas (ce qui ne l'empêche pas de coûter terriblement cher !) on n'a pas à le soigner le dimanche -mais on travaille avec le dimanche, puisqu'il n'a plus besoin de repos- et il est capable d'un effort permanent. Notre froide spéculation écarte donc, rejette ce cheval. L'homme est ingrat, oublieux, sordide. Chaque paysan -et moi-même qui trace ces lignes - devrait se juger odieux d'avoir éprouvé ce sentiment que les chevaux étaient devenus une surcharge pour sa ferme. Il devrait se sentir sordide de s'être séparé d'eux.

[...] ce que l'homme a perdu avec l'avènement du moteur, cette machine à bruit inventée pour plus de bonheur, mais qui, en dépit des services qu'elle rend et surtout de l'argent qu'elle coûte - combien a-t-elle déjà ruiné de cultivateurs ! - n'a réussi qu'à déshumaniser notre existence.
 
Le moteur a éteint des étoiles [...]  

Le cheval de trait est le sujet, le seul, on sait à peine, au fil des pages, le nombre de frères et sœurs du narrateur, jamais leurs prénoms, quasi rien de la ferme et de sa vie hors chevaux.

Même si l'on parvient à s'engluer dans quelques termes techniques et considérations à l'attention de passionnés, le fait est, malgré tout, que ce témoignage (autobiographique) fait mouche.

Tout n'est pas exceptionnel dans la manière d'écriture (c'est un premier livre, si je puis la placer là: un galop d'essai), même si l'on apprécie que ce livre fut conçu en captivité, au stalag, pendant la seconde guerre mondiale: le savoir nous rend la lecture un peu plus cruciale, un peu moins badine.
Toutefois:
C'est vivant et même vif, le rythme syncopé de l'abondante ponctuation sert avec justesse le propos.

Cet hymne d'amour a de beaux accents, quelques anecdotes emplies de tendresse, toutefois, sans goût particulier pour le drame, avec un peu d'objectivité je dois admettre que c'est la partie finale et tragique (le cheval et la guerre) qui emporte mes faveurs pour ce qui est de l'écriture.

Chapitre Les chevaux à la guerre a écrit:  On part. Les chevaux ont un peu mangé, les hommes aussi, mais tous sont las, les bêtes toujours plus maigres, blessées par le harnachement. Je me souviens d'un petit cheval aubère, une bonne petite bête, mais complètement fourbu, il ne pouvait plus se tenir debout. Impossible de l'emmener. Nous l'abandonnons là, pourquoi le tuer ? Il reste quelques civils au pays, peut-être quelqu'un le récupèrera. Après deux heures de route, semées de villages, de bois et de carrefours, quelle n'est pas notre surprise de voir le petit cheval laissé là-bas rejoindre et suivre sa pièce !

Par quel miracle, par quel effort avait-il pu réaliser cela ? Se lever, marcher, nous retrouver ! Un chien flaire les traces de ses maîtres, mais un cheval ! Les hommes, les attelages de sa pièce composaient-ils donc sa famille ? Certains chevaux possèdent un instinct supérieur. Celui-là, le pauvre, un héros dans son espèce, paya bientôt le sentiment qu'il vouait à ses compagnons de malheur, car, quelques centaines de mètres plus loin, il s'affaissa sur le bord de la route. Certainement il y est mort.


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Message par Aventin Jeu 30 Nov - 11:07

Petite chronique de la boue

ruralité - Collectif  - Paroles de Paysans Haget-10
Haget, dans le Gers, où est né et décédé Marius Noguès, et où il cultivait une propriété de 25 hectares.

Nouvelle, 1967, auteur Marius Noguès, 75 pages environ.

Sans doute celui que j'ai le moins apprécié des trois, même en le lisant avec l'accent gascon sud-gersois. Parce que c'est le moins paysan des trois ?
C'est possible (sinon certain), car c'est pourtant celui dont l'écriture est la plus élaborée, et celui qui a le plus de, je ne dirais pas style ("Vie d'un simple" est, à mon humble avis, bien supérieur sur le style) mais verve.

Peut-être aussi qu'il y a maldonne, halte au joyeux méli-mélo: paysan, villageois, rural, agricole sont des termes différents, recouvrant des notions différentes. Ce roman-là est villageois et rural, et entend marquer une opposition vis-à-vis de la vie citadine.
Et le risque de vacuité, monsieur Noguès, qu'en faites vous, je pose mon Miladiou ! ?

Voici comment commence la nouvelle:
Le vieux Basile n'en finit plus de racler sa gorge et de cracher dans les tisons.
Aux fenêtre, le ciel de novembre frotte son gros ventre, obèse de nuages et de nuit.
Quand Gustave rentre, le vieux Basile pousse de la pointe du sabot la bûche qui fait des étincelles et dit sans lever la tête:
- L'étable est faite. T'en reste pas une au fond de la poche, Gustou ? ...
Chaque soir, c'est pareil.
Le vieux Basile se rencogne auprès du feu, attise les grosses bûches, crache sur la flamme, frotte le cal de ses mains maigres et carrées, attend la cigarette de Gustave, en guettant la nuit.
Gustave lui passe la blague et se met à peler les patates. La poêle grésille. Gustave taille les pommes de terre, les jette dans la graisse pétillante, et casse deux œufs.
Le vieux Basile souffle la fumée avec béatitude et avale le plus possible. Il se tait. Gustave se tait. Le feu roucoule.
La nuit pèse de son joli ventre de négresse contre les carreaux. Elle cherche la tiédeur.
Sur le calendrier des P.T.T., l'hiver, officiellement, est marqué: 22 décembre. Ici, c'est novembre qui pousse l'hiver aux épaules, avec la pluie interminable, le givre froid, les corbeaux et le vent aux longues plaintes.
Chaque soir, c'est pareil. Quand la nuit irritée et frileuse colle sa peau d'ébène contre la fenêtre, Gustave tire les volets, l'enferme dehors. Le vieux Basile recommence à cracher sur les tisons, parce qu'il a fini sa cigarette. Ils passent à table sans un mot, selon un rite muet qui dure depuis des années.

Mais surtout depuis un an.


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Message par Tristram Jeu 30 Nov - 11:41

Merci Aventin ! une fois encore tu nous présentes de belles ouvertures !

_________________
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Message par Bédoulène Jeu 30 Nov - 16:35

eh bien Aventin me semble que ce livre aurait bien mérité un fil, non ? ne serait-ce que par tes commentaires !

merci


_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par églantine Jeu 30 Nov - 19:41

Aventin a écrit:
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Ah une piqûre de rappel : dans ma PAL depuis un peu trop longtemps !
Merci !
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Message par Aventin Ven 1 Déc - 15:16

Merci pour vos réactions, Bédoulène et Tristram, pour Églantine:
Surtout n'hésite pas à entreprendre la lecture de La vie d'un simple, Guillaumin a connu un tel succès pour ce livre qu'il était en lice pour le Goncourt 1904 (remporté par Léon Frapié), lui petit paysan de l'Allier sans entregent ni références, avant de disparaître de la circulation littéraire.

Je crois que l'ampleur, le nombre de pages ne doit pas rebuter, ça se lit vraiment tranquille, c'est vif, très coulé, fluide.
Je vais essayer de mon côté (mais c'est ardu) de mettre la main sur d'autres livres d'Émile Guillaumin, même en ayant renoncé à toute notion de PAL ou de LAL (je finissais par trouver ça anxiogène, sans doute je confondais appétit, appétence et possibilités).
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Message par bix_229 Ven 1 Déc - 15:25

Très bien le Guillaumin !
Ij y a quelques livres baptisés "régionalistes" (peut etre parce que les régions
existaient vraiment) qui tiennent encore le coup.
De Seignole à Jakez Hélias et à Pourrat...
Un livre aussi avait eu un grand succès La Soupe aux herbes sauvages.
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