Siegfried Lenz
Page 1 sur 1 • Partagez
Siegfried Lenz
Siegfried Lenz (1926-2014)
Siegfried Lenz, né le 17 mars 1926 à Lyck en Prusse-Orientale (alors en Allemagne, aujourd'hui Ełk en Pologne) et mort le 7 octobre 2014 à Hambourg, est l'un des écrivains allemands les plus connus de la littérature de l'après-guerre et d'aujourd'hui, et un scénariste allemand. Il est l'auteur de quatorze romans et de nombreux recueils de courtes histoires, d'essais et de pièces radiophoniques ou théâtrales. Il a obtenu le Prix Goethe à Francfort-sur-le-Main en 1999.
Lenz est le fils d'un douanier. Après le bac en 1943, il est enrôlé dans la marine allemande.
Selon des documents du fichier central du parti nazi, il aurait adhéré à ce dernier le 12 juillet 1943
Peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, au Danemark, il déserte, mais est fait prisonnier par les Britanniques au Schleswig-Holstein. Il sert comme interprète.
La guerre finie, il étudie la philosophie, l'anglais et l'histoire de la littérature à l'université de Hambourg. Il interrompt rapidement ses études mais est tout de même engagé au quotidien allemand Die Welt, dont il est rédacteur en chef de 1950 à 1951. C'est là qu'il rencontre celle qu'il épousera en 1949, Liselotte (décédée le 5 février 2006).
Dès 1951, Lenz travaille comme écrivain indépendant à Hambourg. Depuis 2003, il est professeur honoraire à l'université Heinrich Heine de Düsseldorf.
Il est mort le 7 octobre 2014 à l'âge de 88 ans à Hambourg, Allemagne.
Oeuvres traduites en français :
Romans :
1963 : La nuit des otages
1968 : La leçon d'allemand : Page 1
1985 : Champ de tir
1999 : Le dernier bateau : Page 1
2003 : Le bureau des objets trouvés
2008 : Une minute de silence : Page 1
Récit :
1960 : Le bateau-phare
Recueils de nouvelles :
1975 : Quand Einstein franchit l'Elbe près de Hambourg
Les vagues du Balaton suivi de Le grand Widenberg (compilation)
màj le 23/01/2018
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Siegfried Lenz
Siggi Jepsen, jeune homme de 20 ans enfermé dans une maison de redressement, rend copie blanche à la rédaction dont le thème est "Les joies du devoir" : sa faute entrainera la punition d'un double enfermement jusqu'à ce que le devoir d'écriture soit exécuté !
Dès lors , dans un acharnement obsessionnel , Siggi réveillera la mémoire émotionnelle pour retranscrire dans un souci de vérité subjective , son histoire ....Celle qui le conduisit dans cette cellule .
C'est à l'absurdité d'un système que ce jeune oisillon se retrouve coupé de ses ailes ....absurdité du devoir d'obéissance aveugle aux ordres , à la notion de mission envers et contre tout raisonnement et sentiment ....absurdité entrainant une chaine de conséquences tragiques pour toute une collectivité .
L'histoire se passe en allemagne sous le régime Nazi :
Jens Jepsen brigadier d'une bourgade à la frontière Danoise se voit mander d'interdire le peintre Max Nansen , ami d'enfance , et voisin de continuer à peindre . Par son obéissance aveugle et imbécile et son incapacité à remettre en question l'ordre établi , mu par une volonté déraisonnable de remplir son devoir , il s'enfoncera dans un entêtement conduisant son fils à la prison .
Siggi , son fils est alors un jeune garçon sensible , intuitif, qui réagit avec autant de violence intérieure que celle exprimée par son père ,
Siggi est le feu son père Jens est la glace ....
alors , en opposition à son père et parce que l'émotionnel de l'artiste peintre à travers son art fait écho à la douce fantasmagorie qui l' habite, le jeune garçon sombrera peu à peu dans une névrose obsessionnelle l'entraînant à voler tous les tableaux du peintre afin de les mettre à l'abri du pouvoir destructeur de son père .
Pour qui s'intéresse à Emil Nolde qui inspira Sigfried Lenz pour écrire ce roman , c'est un ouvrage incontournable : le monde tourmenté du peintre , la beauté violente et ravageuse de son expressionnisme , la sauvagerie indomptable qui exulte dans son talent pictural unique se retrouvent retranscrite sous la plume brillante de Lenz !
Grâce à une opposition aussi tranchée entre deux façons d'aborder le réel que représente l'art face au totalitarisme , Sigfried Lenz appuie lourdement sous le trait , à l'instar d'Emil Nolde dans sa peinture ! Certes on pourrait trouver l'exercice un peu forcé , lourd et manichéen dans cette approche mais n'est-ce pas voulu de la part de l'écrivain pour traduire la puissance dangereuse de l'obéissance aveugle portée à son paroxysme , pour faire triompher l'art , cette force unique et indispensable qui témoigne du sens de l'humanité inaliénable.....
On ne peut empêcher un peintre de s'exprimer , les tableaux existent en amont de leur création , invisibles mais vivants ....L'art ne peut s'enfermer dans quelque système que ce soit , ni forme de pensées !
La leçon d'allemand est un vibrant hommage à la puissance créatrice qui est libre de façon intrinsèque , bien au delà de l'étroitesse de la volonté d'exercice de pouvoir de l'homme stupide et enchainé par ses peurs , son manque d'imagination : il montre aussi que l'homme pour devenir créateur de sa vie , au delà de l'esprit grégaire dangereux et aliénant ! Et par là-même , voici un devoir d'écriture libre et libérateur de toutes les prisons créées par l'homme ignorant et manipulé !
J'ai adoré !
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Siegfried Lenz
Ah! là! là! il faudrait que je le reprenne, La leçon d'allemand. je n'avais pas réussi à le finir...
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Siegfried Lenz
Ah oui Miss Topocl , tu ne devais pas être dans le bon moment si tu l'as abandonné ! Ce n'est pas de toi ça ....topocl a écrit:Ah! là! là! il faudrait que je le reprenne, La leçon d'allemand. je n'avais pas réussi à le finir...
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Siegfried Lenz
Le dernier bateau
Un roman qui m'a laissé la larme à l'oeil durant toute la lecture et qui laisse une sorte de souffrance une fois refermé.
L'on suit l'accueil d'un jeune adolescent Arne, accueilli par des amis de son père disparu dans un naufrage avec le reste de la famille.
La narration est au passé, et le narrateur n'est autre que le fils aîné de la nouvelle famille. Un récit au passé, qui nous laisse penser qu'un drame nouveau s'est produit et que seules l'évolution de l'histoire nous confirmera le doute qui nous saisit.
Bien écrit, déchirant, avec des personnages attachants et d'autres qu'on aime détester, on reste le coeur et l'air suspendus par la crainte que la fin ne soit pas heureuse.
Une oeuvre qui marque indéfiniment.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Siegfried Lenz
Le dernier bateau
Suite à un drame familial qui s’est produit en mer, Arne, douze ans, est le seul survivant. Il est adopté par l’ami de son père qui l’accueille dans sa famille à Hambourg. Il partage sa vie avec les trois enfants de la famille, Hans, Lars et Wiebke la fille. Il se lie d’amitié avec l’aîné, Hans, âgé de dix-sept ans et partage sa chambre, aménagée comme une cabine de bateau.
Arne est un enfant mystérieux, très bon à l'école, mais il est vite rejeté par les camarades de classe. Il collectionne tous les objets qu’il trouve qui font sens pour lui, tous liés au monde maritime. Le père de Hans travaille dans un chantier maritime. Arne se rend souvent sur ces lieux, apprend les nœuds marins grâce à Kalluk, le gardien du chantier avec qui il partage une part de son temps.
Arne vit mal ce rejet de la part de ses camarades de classe et du quartier, et celui de Lars et Wiebke, frère et sœur, et cherche par tous les moyens à se faire accepter de la bande. Tous les moyens seront bons pour se faire accepter… mais alors que, enfin, il va se croire accepté par le groupe, un drame va se produire.
Dans l'action et au décours du livre, on découvre aussi les paysages austères de l’Elbe, et la vie des chantiers maritimes de Hambourg.
Un livre écrit tout en retenue, assez poétique. L’écriture est assez dépouillée.
Lorsque Hans, le narrateur, évoque Arne, il emploie le « tu » de la deuxième personne. C’est un va-et-vient entre le présent narratif où Hans range les affaires et tous les objets d’Arne dans des cartons avec émotion, religiosité comme des reliques, et qui finiront au grenier, et le passé où Hans était encore en vie. Ce présent est émouvant, avec tous ces regrets, ces silences où, en creux, se devine la culpabilité de ces adolescents, le manque, le vide.
Je n’ai pas passé un mauvais moment de lecture mais le style d’écriture de l’auteur, comme un requiem lent, est trop passif et contemplatif à mon goût personnel. Malgré toute l’émotion que veut rendre l’auteur, et contrairement à d’autres lecteurs, j’ai trouvé une certaine froideur dans ce type d’écriture.
Je n’avais jamais lu cet auteur allemand et je suis heureuse qu’Hanta me l’ai fait découvrir à travers ce Dernier bateau.
mots-clés : #initiatique
Barcarole- Messages : 3019
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 68
Localisation : Tours
Re: Siegfried Lenz
Content de ton commentaire malgré ton ressenti mitigé. Je craignais en effet que la lenteur mélencolique du style laisse un arrière goût de pathos sans dynamique que je n'avais personnellement pas ressenti au moment de la lecture mais qui peut aisément se comprendre.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Siegfried Lenz
Hanta a écrit:Je craignais en effet que la lenteur mélencolique du style laisse un arrière goût de pathos sans dynamique que je n'avais personnellement pas ressenti au moment de la lecture mais qui peut aisément se comprendre.
Il me semble, Hanta, que là tu as trouvé une expression très juste pour la manière pas seulement d'écrire, mais aussi de procèder, de... vivre. Lenz, comme autres représentants de la littérature du Nord de l'Allemagne ou de l'Extrême Est du "Deutsches Reich" (Prusse Orientale) est dans cette lenteur mélancolique, retenue, avançant sans précipitations. En Allemand il y a un joli mot pour cela: "bedächtig".
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Siegfried Lenz
Oui tout à fait, on retrouve un peu cette lenteur mélancolique dans un pan entier de la littérature tchèque (avec une certaine causticité en plus)
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Siegfried Lenz
Le Dernier bateau
Une histoire d'amitié autour d'un enfant lumineux et trop tôt disparu.
De cette lumière diffuse qu'émettent après eux certains êtres voués à l'éphèmère, trop marqués par la tragédie et le deuil si tôt dans l'enfance.
Une profonde blessure retournée en culpabilité, en désir de se racheter.
Et qui ne laissent autre chose que quelques souvenirs et surtout le regret poignant de ne pas avoir su ce qu'il aurait fallu dire ou faire pour le retenir un peu plus longtemps.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Siegfried Lenz
Et tu as aimé Bix ?
Tu en penses quoi ?
Tu en penses quoi ?
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Siegfried Lenz
Mon interet est implicite, et je suis d' accord avec ceux qui se sont exprimé à ce sujet.églantine a écrit:Et tu as aimé Bix ?
Tu en penses quoi ?
C' est un livre dont la force tient à la sobriété et à la pudeur de l' auteur.
Les personnages sont des etres humbles mais riches de leur honneteté scrupuleuse.
Ils parlent peu mais savent se montrer altruistes et courageux devant le malheur d' autrui.
La critique a peut etre trop insisté sur le thème de l' "exclusion", du moins dans ce livre.
Si le personnage de Arne, le jeune naufragé de l' histoire, est tenu à l' écart par une partie
des jeunes de son age, c 'est parce qu' il est trop "différent" d' eux.
C' est souvent la cause de leur mise à l' écart par ceux qui sont conformes.
Mais meme ceux là sont conscients du fait qu' on ne sait vraiment ce qu' on a perdu que lorsqu' on
l' a perdu.
Malheureusement.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Siegfried Lenz
Une minute de silence
Deuxième livre que je lis de cet auteur et deuxième fois que j'ai des larmes....
Si le but est d'émouvoir c'est réussi. L'histoire est pourtant complexe, celle d'un deuil mais également d'une histoire d'amour peu avouable. Quand il y a autant d'émotion la morale, j'ai personnellement tendance à m'en ficher prodigieusement et ce fut précisément le cas ici. La seule injustice ressentie est sur le devenir de chacun et non sur ce à quoi ils aspirent.
Magnifique style, toujours mélancolique, on est transporté dans cet univers de petit port du nord de l'Europe.
Lenz fait désormais partie de mon panthéon aux côtés de Hrabal.
*****
mots-clés : #amour #mort #intimiste
Deuxième livre que je lis de cet auteur et deuxième fois que j'ai des larmes....
Si le but est d'émouvoir c'est réussi. L'histoire est pourtant complexe, celle d'un deuil mais également d'une histoire d'amour peu avouable. Quand il y a autant d'émotion la morale, j'ai personnellement tendance à m'en ficher prodigieusement et ce fut précisément le cas ici. La seule injustice ressentie est sur le devenir de chacun et non sur ce à quoi ils aspirent.
Magnifique style, toujours mélancolique, on est transporté dans cet univers de petit port du nord de l'Europe.
Lenz fait désormais partie de mon panthéon aux côtés de Hrabal.
*****
mots-clés : #amour #mort #intimiste
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Siegfried Lenz
Ah, ben, mince, Hanta, ma prochaine lecture devait être : Le dernier bateau. Si c'est trop triste, je vais peut-être attendre un peu...
Invité- Invité
Re: Siegfried Lenz
C'est magnifique mais faut être solide.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Siegfried Lenz
Hanta a écrit:
Lenz fait désormais partie de mon panthéon aux côtés de Hrabal.
A ce point ! Je suis forcée de noter, alors. (Et lire Hrabal, ça serait aussi une idée...)
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Siegfried Lenz
Armor a écrit:Hanta a écrit:
Lenz fait désormais partie de mon panthéon aux côtés de Hrabal.
A ce point ! Je suis forcée de noter, alors. (Et lire Hrabal, ça serait aussi une idée...)
Déjà quand j'ai lu le dernier bateau j'étais pas loin mais je suis désormais convaincu.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Siegfried Lenz
merci Hanta, c'est noté.
Armor oui se serait une bonne idée de lire Hrabal !
Armor oui se serait une bonne idée de lire Hrabal !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens de langue allemande
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|