Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Le deal à ne pas rater :
Aliexpress : codes promo valables sur tout le site
Voir le deal

Pedro Juan Gutierrez

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Pedro Juan Gutierrez   Empty Pedro Juan Gutierrez

Message par Chamaco Lun 5 Déc - 23:36

Pedro Juan Gutierrez
(Né en 1950)


Pedro Juan Gutierrez   Azotea10

Né en 1950 à Matanzas (province du même nom), jeune il exerca de nombreux métiers dont vendeur de journaux, et de glaces, soldat, ouvrier dans la construction, coupeur de canne à sucre, il fut journaliste pendant 26 ans, rendu célèbre en 1998 par son livre : "Trilogía Sucia de La Habana". Il vit à La Havane où il écrit et peint.
source

Ouvrages traduits en français :

Trilogie sale de La Havane
Animal tropical
Le roi de La Havane
L’insatiable homme-araignée
Viande à chien
La mélancolie des lions
Le nid du serpent
Notre GG dans La Havane
Moi et une vieille négresse voluptueuse (poésie)
Lulú le dégagé (poésie)


Dernière édition par Chamaco le Dim 11 Déc - 18:45, édité 2 fois
Chamaco
Chamaco

Messages : 4279
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Pedro Juan Gutierrez   Empty Re: Pedro Juan Gutierrez

Message par Chamaco Lun 5 Déc - 23:45

Pedro Juan Gutierrez   26651710

Pedro Juan Gutierrez   11011110


Pedro Juan Gutierrez   11101010Pedro Juan Gutierrez   21a10110Pedro Juan Gutierrez   Avt_pe10

Si j'ai ramené une chose qui vaille la peine de Cuba, c'est la rencontre d'un auteur Pedro Juan Gutierrez, né à Matanzas (grande ville à l'est de La Havane). Cet homme a exercé de multiples métiers pour survivre, tout en poursuivant des études de journaliste à l'Université de La Havane, il est sculpteur, il est poète. Le livre que j'ai lu de lui à ce jour est "Trilogie sale de La Havane", il est le premier de ses livres à avoir été publié en France.

c'est ce que j'ecrivais il y a quelques années, depuis j'ai appris à vivre avec Gutierrez....
voici un résumé d'un autre de ses ouvrages :

-----Résumé de "Le Nid Du Serpent"

Autobiographique sans l'être, le nouveau roman de Pedro Juan Gutiérrez renvoie à des scènes fondatrices. Comment un adolescent du Cuba des années 60, fils d'un marchand de glaces, devient-il écrivain? Avant les mots et la culture, l'initiation sexuelle (une vieille prostituée, une fascinante voisine nymphomane et perverse) et l'épreuve militaire forcée de la milice... Le tout passé à la moulinette de la déformation onirique, de l'imagination délirante développée a posteriori par le romancier. Pourtant -et c'est ce qui fait la force et la crédibilité de l'entreprise-, cette extravagance mêlant sexe, rhum et salsa s'appuie sur un incontestable socle de réel : un Cuba délabré après moins de dix ans de révolution, une jeunesse coincée entre la fascination pour le yéyé et le volontarisme castriste, sans parler d'une soif de lectures inassouvie. Cette confession d'un enfant du siècle version " réalisme sale " éclaire le parcours fulgurant d'un homme coincé entre deux mondes, celui de la culture et celui de la dépravation, en clair celui des livres et celui des " putes ", celui du savoir et celui de l'annihilation de la pensée par l'alcool et la came. Sans compromis, avec le brutal égoïsme de tout écrivain, mais aussi une grande lucidité quant aux avantages d'avoir eu un papa glacier et petit-bourgeois, l'auteur trace ainsi, l'air de rien, la saga de l'entrée de Cuba dans la modernité.

Pedro Juan Gutierrez   2747_j10Pedro Juan Gutierrez   10131110Pedro Juan Gutierrez   Arton210

Extrait de « Trilogie sale de La Havane » :

---« Une jeep verte passait en trombe sur San Lazaro, avec deux drapeaux rouges et deux haut-parleurs. Ils faisaient de la propagande mais allaient si vite qu’on n’entendait rien, sinon des bouts de phrases tronquées : « …nous écrivons l’histoire… », « …l’entrée de l’université… », « … répond toujours présent… »
Quand elle a disparu comme un bolide, la rue a retrouvé le calme et le silence de midi, sous un soleil implacable, un ciel sans un nuage.
En bas du Malecon, les gamins du quartier s’amusaient dans l’eau sale du littoral, un peu de mer mélangée au pétrole et au cambouis des bâteaux , à la merde et à l’urine des égouts. La ville a beau déverser ici ses eaux usées, les gosses se baignent quand même, et certains adultes aussi. Ils passent des heures au soleil, à boire du rhum et du granité, indifférents à l’odeur pestilentielle.Ils s’amusent. Lorsque les touristes les prennent en photo, ils s’immobilisent, hypnotisés, ou bien ils font quelque clownerie devant l’objectif, en riant. Après chaque cliché, la scène se ranime et les petits courent quémander des pièces.
Je suis resté un moment à les regarder, mais il n’y avait rien pour retenir mon attention. Rien que des femmes maigres, hirsutes, gueulardes, couvertes de marmots. Je me suis attardé, pourtant, parce qu’il peut apparaître quelque chose d’appétissant, des fois. Un homme seul dans la jungle doit rester continuellement en chasse. Jour après jour. Il n’a pas de gros besoin : un peu de rhum, de quoi bouffer, quelques rasades de rhum, deux ou trois cigares et une femme. Le manque de nana me plonge dans la névrose. D’un autre côté, si j’en ai une idiote et vulgaire en permanence avec moi, ça finit par m’irriter et me lasser. Parce qu’elles veulent toutes la même chose. Elles commencent par baiser allégrement, à picoler et à rigoler de tout ce qu’on leur dit. Très tendres et très sympa. Et puis après elles exigent tout ça et en plus qu’on s’échine matin et soir pour trouver à les nourrir, elles et les trois ou quatre gosses laissés par les trois ou quatre maris qui leur sont passés dessus avant de poursuivre leur chemin. »

Ce n'est pas réellement un roman, ni même un recueil de nouvelles, il y a un lien entre la plupart des textes courts qui le composent, et un ordre chronologique, mais chaque texte peut facilement être lu indépendemment des autres. Gutiérrez y décrit la vie à La Havane dans les années 90, et plus exactement sa vie.

Autres extraits...
"(...) les bourgeois ne comprennent rien à rien. C'est pour ça qu'ils ont peur de tout, qu'ils veulent sans cesse savoir ce qui est bien et ce qui est mal, et comment on peut corriger ci, et comment on peut empêcher ça. Tout est anormal, pour eux. Ca doit être terrible, d'appartenir à la classe moyenne et de vouloir tout juger de l'extérieur, de loin, sans risquer son cul. (...)
"(...) En plus de vingt années de travail dans la presse, je n'ai jamais pu écrire une ligne qui ne soit pas une offense à mes lecteurs. Même pas un minimum de respect pour l'intelligence d'autrui, non. J'ai toujours été forcé de faire comme si j'étais lu par des imbéciles auxquels il fallait injecter de force des idées dans le cerveau. Mais j'étais en train d'abandonner tout ça, d'envoyer au diable la prose élégante et mesurée, celle qui évite tout ce qui pourrait ressembler à une atteinte à la morale et aux bonnes manières. Le respect, je n'en pouvais plus. Et faire sans cesse bonne mine : souriant, poli, bien habillé, rasé de près, fleurant l'eau de Cologne, la montre toujours à l'heure... En se répétant que c'est immuable, que c'est pour la vie. Mais non. Ce que j'apprenais, à cette époque, c'est que rien n'est pour la vie. (...)
"(...) La seule chose que je puisse déjà dire, c'est que les rêves sont une vaste fumisterie. Nous, les humains, nous devrions les rejeter, les rêves, poser les pieds au sol et déclarer : « Putain, là d'accord ! Là, je suis bien ancré. Les tempêtes peuvent toujours venir. » C'est la seule manière de parvenir au bout sans trop de naufrages et sans faire eau de toutes parts, ou disons au moins avec seulement un peu d'eau sale dans la sentine. (...)"
"(...) Le pauvre, ou l'esclave - c'est du pareil au même - , ne peut pas se permettre d'avoir des principes moraux trop complexes, ni de se montrer trop exigeant sur le plan de la dignité. Autrement, il mourra de faim. « Si tu me donnes rien qu'un peu, ça me suffit et je t'aime », voilà tout. En général, les femmes assimilent ça dès l'enfance et s'arrangent avec. Mais nous, les hommes, il faut qu'on complique les choses avec la révolte, la rectitude morale, ce genre de grands mots. Et à la fin on comprend aussi, juste un peu plus tard qu'elles. (...)"
"(...) l'époque était différente, il y a quarante ans : chacun avait son emploi et en vivait. J'ai l'impression qu'alors les gens savaient quelle était leur place et s'y tenaient, sans avoir tant d'ambitions, sans trop se compliquer la vie. Aujourd'hui, au contraire, ça part dans tous les sens. Personne n'a l'air de connaître ses limites, ni ses devoirs, ni ce qu'il veut vraiment, ni la direction à prendre, ni l'endroit où il est. Tous, nous errons à la poursuite de l'argent, désespérés, nous sommes prêts à n'importe quoi pour gratter quelques pièces puis nous passons à une autre combine, et encore à une autre. En fin de compte, tout ce à quoi nous sommes arrivés, c'est à une grande confusion d'individus qui se disputent et se battent entre eux. (...)

Et enfin une critique tres réaliste de "Trilogie sale de la Havane"



Les Cubains ?... Ils s’entassent dans des palais en ruine, sans eau, sans électricité... Ils élèvent des cochons dans des arrière-cours fétides, partagent à dix des toilettes bouchées, s’inventent des métiers aussi improbables qu’indispensables pour trouver le dollar qui les fera survivre. Et le pire devient normal parce qu’on s’habitue à tout... A la misère, à la faim, à vivre sans projets, sinon celui du prochain repas, à ce que les journées ne soient qu’un parcours d’obstacles à la recherche du minimum vital. Mais surtout parce qu’il y a une chose que personne ne pourra leur enlever, c’est le sexe !

La Trilogie sale de La Havane, ce sont trois volets, comme des instantanés entre histoires fantastiques, portraits et autobiographie. C’est l’image truculente d’une ville à la dérive où tout est soluble dans le rhum et la fesse, surtout le désespoir. Les femmes sont rondes, chaudes et généreuses, et les hommes ont tous de quoi les satisfaire ! Les Cubains par leur simple anatomie, bien sûr, les gringos par leurs dollars... faute de mieux ! Les femmes cherchent fortune sur le Malecon en combinaisons lycra marché noir, les hommes optimisent leur anatomie à la sortie des hôtels de luxe.

Pedro Juan Gutiérrez nous jette sa ville à la tête, de plein fouet, sans ménagement, dans une langue crue, libre, étourdissante. Sa Havane à lui c’est celle du corps ! La faim, l’insalubrité, les heures perdues à la recherche d’un dollar ou d’un morceau de pain, la promiscuité, la prison, quand on a la malchance de tapiner au mauvais endroit. Et puis il y a le plaisir, la jouissance des corps, une des dernières choses en libre circulation, au paradis castriste. Alors ils baisent, furieusement, compulsivement, parce que ça fait du bien, parce que c’est gratuit ! Et d’ailleurs, Pedro Juan a cessé de se poser des questions. Il prend ce qui arrive comme ça arrive, en essayant de ne pas penser ! Il a ses bonnes adresses, pour le "bizness", pour la nourriture, et pour le cul ! Pour le reste, on essaie de ne pas tomber dans la déprime...

La Trilogie sale de La Havane, c’est un peu comme un juste retour des choses, comme pour équilibrer l’image, certes séduisante mais un brin trop sucrée, de papis-chanteurs ou d’une révolution idéale. C’est une grosse claque de quotidien, balancée à toute volée, arrachée à la vraie Havane, et ça sent encore la merde, le foutre et la sueur.


Catherine Le Ferrand
Chamaco
Chamaco

Messages : 4279
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Pedro Juan Gutierrez   Empty Re: Pedro Juan Gutierrez

Message par Chamaco Ven 16 Nov - 0:25

Le nid du serpent

Pedro Juan Gutierrez   46793910
Mon amie bouquiniste a la foire aux livres de la vieille Havane m'a fait cadeau de ce livre aujourd'hui dans sa version espagnole, une future lecture. Pedro Juan Gutierrez   2126147062
(Mémoires du fils du vendeur de glaces" (un metier des rues à Cuba)...
Chamaco
Chamaco

Messages : 4279
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Pedro Juan Gutierrez   Empty Re: Pedro Juan Gutierrez

Message par Invité Jeu 24 Jan - 18:32

Pedro Juan Gutierrez   26651710

J'ai découvert avec plaisir cet auteur, en lisant son premier roman Trilogie sale de La Havane.
ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un truc aussi cru et incisif. Il n'y va pas avec le dos de la cuiller, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je lui vois une certaine parenté avec Bukowski, même si chacun a son style.
C'est l'envers du décor, la lutte au jour le jour pour la survie. Et une plongée dans la crasse, la bestialité.
Bon, il en fait des caisses, notamment sur le sexe, et y a des anecdotes qui paraissent assez invraisemblables, mais pourquoi pas. Je pense qu'il mêle fiction et réalité, comme beaucoup.
C'est prenant en tout cas, comme écriture, même si je ne le conseillerais pas au tout-venant !


mots-clés : #sexualité #social #viequotidienne


Dernière édition par Armor le Jeu 24 Jan - 21:07, édité 3 fois (Raison : ajout de l'image + pose des hashtags)

Invité
Invité


  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Pedro Juan Gutierrez   Empty Re: Pedro Juan Gutierrez

Message par Chamaco Jeu 24 Jan - 20:15

Content que tu aies ressenti le personnage et apprécié ses écrits Pedro Juan Gutierrez   2126147062 , oui on a l'impression qu'il en fait des caisses, mais en lisant un auteur cubain vivant dans son pays il est besoin de penser au contexte social, de plus le livre relate "la periode spéciale" l'epoque où l'URSS est devenue la Russie et a lâché Cuba, la laissant se debrouiller avec le bloqueo, une industrie devastée, la misère etc.. Cet homme parle de choses "anormales" dans une période "anormale" entre des gens ayant perdu l'idée de "norme", cela fait beaucoup en soi même, en 2006 ils commencaient seulement à s'en remettre, ce qu'a vécu Pedro Juan il ne le vivrai pas de nos jours et c'est tant mieux, Merci à toi d'avoir lu cet auteur...Buena noche amigo
Chamaco
Chamaco

Messages : 4279
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Pedro Juan Gutierrez   Empty Re: Pedro Juan Gutierrez

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

 Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum