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Aloysius Bertrand

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Message par Aventin Sam 10 Mar - 20:58

Louis Jacques Napoléon Bertrand, dit:
Aloysius Bertrand
(1807-1841)

Aloysius Bertrand A_bert11

Louis Jacques Napoléon Bertrand, dit Aloysius Bertrand est un poète, dramaturge et journaliste français, né le 20 avril 1807 à Ceva (Piémont), mort le 29 avril 1841, à dix heures du matin, à l’hôpital Necker de Paris. Considéré comme l’inventeur du poème en prose, il est notamment l’auteur d’une œuvre posthume passée à la postérité, Gaspard de la nuit (1842).

Né à Ceva, dans le Piémont, en Italie, Aloysius Bertrand était le fils d’une Italienne et d’un officier napoléonien. Il vécut un temps entre Dijon et Paris, où il exerça les métiers de correcteur en imprimerie et de journaliste, soucieux de mettre sa plume au service de la révolution et de son idéal romantique. À Paris, il mena une vie de bohème, mais sa santé fragile lui imposa bientôt de fréquents séjours à hôpital. Il s’était auparavant fait apprécier du cénacle hugolien par la lecture qu’il y fit en 1828 de son poème « l’Agonie et la Mort du sire de Maupin », mais il ne put faire jouer son drame Peter Waldech ou la Chute d’un homme (1833). L’ensemble de son œuvre ne fut édité, par un proche, qu’après sa mort.
(Source: Site Un jour, un poème)

Bio détaillée sur un recommandable site dédié

Bibliographie:

Les Conversions, 1833
Perdue et retrouvée : Conte fantastique, 1833
Gaspard de la nuit : Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, 1842
Le Keepsake fantastique. Poésies, chroniques et essais, théâtre inédit, correspondance, 1923
Œuvres poétiques. La Volupté et pièces diverses, 1926
La Citadelle de Mollgast. Chroniques, 1947
 

(Source: wikipedia).


Il est tentant de voir un autoportrait prémonitoire de sa fin de courte vie dans le pauvre diable de la première page de Gaspard de la Nuit:
La toux d'un promeneur dissipa l'essaim de mes rêves. C'était un pauvre diable dont l'extérieur n'annonçait que misères et souffrances. J'avais déjà remarqué dans le même jardin sa redingote râpée qui se boutonnait jusqu'au menton, son feutre déformé que jamais brosse n'avait brossé, ses cheveux longs comme un saule, et peignés comme des broussailles, ses mains décharnées, pareilles à des ossuaires, sa physionomie narquoise, chafouine et maladive qu'effilait une barbe nazaréenne; [...]
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Message par Aventin Sam 10 Mar - 21:00

Gaspard de la Nuit
Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot

Aloysius Bertrand Gaspar10
(Six "livres", et des pièces détachées et appendices ajoutés, une préface, 240 pages environ)


Curriculum vitæ parfait de poète maudit, à mon avis, il est impossible de faire mieux:
Rien, ou si peu, publié de son vivant, maladie, dèche noire, mort jeune, adoubé chez Hugo, chez Nodier, chez Sainte-Beuve, habilité par rien moins que Baudelaire et Mallarmé, puis les surréalistes, jusqu'à son nom de plume qui n'est pas vraiment de lui, mais attribué par la postérité, etc...

Dans les Lettres francophones, il reste à jamais, pour cet ouvrage, considéré comme l'inventeur de la poésie en prose.

L'inventeur ?
Je vous vois venir, comme au reste le recense la préface, Fénelon, Senancour, Chateaubriand dans Attala, d'autres encore s'y étaient risqué, mais sous couvert de pseudo-traductions de chansons ou de poèmes.

Au reste des poètes étaient traduits (Byron, Jean de la Croix, etc...) sans respecter le formalisme du vers français, et l'on s'apercevait bien que les traductions "passaient" en langue française.
Et puis il y avait autrement plus notoire, flagrant et ancien, les traductions des Psaumes (de l'hébreu vers le latin, puis vers le français), entonnés ou chantés dans chaque paroisse, sans que la langue utilisée ne semble souffrir de cet accommodement...

Mais est-ce bien là ce qui distingue ce livre (un intérêt d'histoire littéraire) ?
Je ne crois pas. Le projet est original, l'auteur publie ce qu'il nomme des bambochades, terme droit venu de la peinture de Pieter Jacobsz Van Laer, alias Il Bamboccio, connu pour la puissance évocatrice de ses scènes, comme par exemple celle-ci:

Aloysius Bertrand Il_bam10

Au surplus l'ouvrage est sous-titré "Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot" (NB; Jacques Callot, connu pour ses gravures aux mille détails comme L'Impruneta). D'autres artistes sont évoqués, Van Eyk, Lucas de Eyde, Peeter Neef, Bruegel de Velours, Van Ostade, Gérard Dow, Slavator Rosa, Murillo, Füssli...

Bertrand va même jusqu'à indiquer avec précision, dans des Notes sur l'illustration de Gaspard de la Nuit, ce qu'il conviendrait de faire dans ce domaine.
idem, "Instructions pour le metteur en pages" donne les impératifs de mise en page, commençant par celle-ci: Blanchir comme si le texte était de la poésie.

C'est, à mon humble avis, ceci en particulier, cette espèce d'innovation consistant à ce qu'une prosodie non versifiée fût à ce point enchâssée de blanc, qui lui valut d'abord l'intérêt, puis, à la lecture soutenue du riche contenu, toute l'estime, enfin toute l'admiration de Baudelaire et de Mallarmé.

Tandis qu'au XXème, d'Eluard, Reverdy, Max Jacob, André Breton (dont c'était prétendûment l'auteur préféré, difficile de ne pas y voir une coquetterie ???), etc... célèbrent plutôt le surréalisme inversé, tourné vers le passé.
Sainte-Beuve, avec une absence de recul tout à fait normale et compréhensible, rencontre le jeune homme de vingt et un ans au cénacle de Victor Hugo, se voit remettre le manuscrit de Gaspard, signe une longue préface pour une édition post-mortem, mais, au vu des thèmes (la matière médiévale) et des auteurs du temps, le classe dans une...voie inclassable du romantisme.

En fait tout le monde s'accorde sur un point: l'extrême originalité, la singularité d'Aloysius Bertrand.

Pour ma part, c'est sans doute ce que j'ai lu de plus frais, de plus enthousiasmant, en 2018.

La désarmante simplicité, mais couplée à un raffinement exceptionnel, le fait qu'il puisse manquer des points majeurs pour une lecture linéaire des bambochades, et, à la manière d'un tableau, en entrant dedans, dans un second plan, ou même beaucoup plus tard, même plus devant la toile mais y repensant, on complète par des éléments sous-jacents à l'aide de notre intuition, de notre imagination; tout ceci est hors du commun.
En cela, le lien à Rembrandt du sous-titre est pleinement justifié.


Mots-clés : #poésie #xixesiecle
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Message par ArenSor Lun 12 Mar - 18:16

Il y a de nombreuses années que je tourne autour de "Gaspard de la nuit" Very Happy
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Message par Aventin Mar 13 Mar - 17:50

ArenSor a écrit:Il y a de nombreuses années que je tourne autour de "Gaspard de la nuit" Very Happy

Une petite mise en bouche alors, la première bambochade (ou fantaisie) du premier livre, dans la division sous-titrée École flamande (par exemple et entre autres, le dernier vers est juste succulent):

I


Harlem

Quand d'Amsterdam le coq d'or chantera
La poule de Harlem pondera.

Les Centuries de Nostradamus.


 Harlem, cette admirable bambochade qui résume l'école flamande, Harlem peint par Jean-Breughel, Peeter-Neef, David-Téniers et Paul Rembrandt.

 Et le canal où l'eau bleue tremble, et l'église où le vitrage d'or flamboie, et le stoël où sèche le linge au soleil, et les toits, verts de houblon.

 Et les cigognes qui battent des ailes autour de l'horloge de la ville, tendant le col du haut des airs et recevant dans leur bec les gouttes de pluie.

 Et l'insouciant bourguemestre qui caresse de la main son double menton, et l'amoureux fleuriste qui maigrit, l'œil attaché à une tulipe.

Et la bohémienne qui se pâme sur sa mandoline, et le vieillard qui joue du Rommelpot, et l'enfant qui enfle une vessie.

Et les buveurs qui fument dans l'estaminet borgne, et la servante de l'hôtellerie qui accroche à la fenêtre un faisan mort.
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Message par Aventin Mar 13 Mar - 18:01

Exemple frappant du "cas" Aloysius Bertrand, ce poème (ou plus exactement un simple dizain) en losange (dans "Œuvres complètes"), qui annonce tellement à l'avance (années 1820) les recherches formelles de Mallarmé, d'Apollinaire, le thème est, à tout le moins...villonien, les deux virgules balancent l'ensemble, quelques allitérations esquissent une rime -sauf au début et à la fin- je dépose là une cargaison de superlatifs:

du
pendu
le squelette
le soir, reflette
les feux du couchant
là-bas, au penchant
morne et sévère
du calvaire
des trois
croix
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Message par ArenSor Mar 13 Mar - 20:07

Merci Aventin. Ca donne envie effectivement d'aller y voir de plus près. Dans la bambochade de Harlem, Aloysius Bertrand aurait pu citer également Adriaen van Ostade Very Happy
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