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Ernesto Sábato

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Message par Quasimodo Lun 23 Avr - 16:08

Ah, le dessin a l'air vraiment pas mal (je suis allé regarder un peu). En bon amateur, il me la faut !
C'est un peu dommage de ne pas avoir adapté tout le roman. Rolling Eyes
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Message par Invité Lun 23 Avr - 16:44

J'ai commencé l'adaptation de Lovecraft, par Breccia, et c'est plus que du dessin. Un mélange entre dessin et peinture, un style expressionniste assez incroyable. Pour Rapport sur les aveugles, apparemment Sabato n'était pas content au départ car il voulait que Breccia ne touche pas son texte.

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Message par Bédoulène Jeu 17 Mai - 8:57

Alejandra

vieillesse - Ernesto Sábato - Page 2 97820210


Le livre commence sur l'annonce d'un fait divers : l'assassinat par Alejandra de son père Fernando dans la chambre de la tour de la famille suivi du  suicide de la jeune femme par le feu puisqu'elle provoque un incendie. Le "rapport sur les aveugles" découvert dans les restes de la chambre peut-il expliquer ce drame, celui d'une grande famille de Buenos Aires ?

1ère partie : Martin le jeune homme amoureux d'Alejandra conte sa rencontre avec la jeune femme insaisissable, mystérieuse, laquelle dit avoir besoin de lui mais cèdera néanmoins avec réticence à l'amour physique.

2ème partie : le rapport sur les aveugles établi par le père d'Alejandra, Fernando, visiblement paranoïaque révèle sa peur obsessionnelle des aveugles, depuis l'enfance

3ème partie : la voix de Bruno ami de la famille qui en connait le passé et qui a aimé Georgina la femme de Fernando et à travers elle Alejandra.


Ce que j'ai trouvé intéressant  :  

- la partie du rapport sur les aveugles bien maîtrisé dans les hallucinations, les élucubrations, repoussant,  construit par  Fernando ;

-  la fuite des soldats qui accompagnent Lavalle, qui est en fond de l'histoire de la famille et de l'Histoire de l'Argentine ; cette suite qui scande le récit adroitement.

Je me suis un peu lassée des états d'âme du jeune homme, des sautes d'humeur d' Alejandra.


L'atmosphère du livre est trouble, dérangeante, par moment je ressentais le besoin de  "prendre l'air". La dernière page tournée je ne sais toujours pas pourquoi Alejandra a tué son père, pourquoi elle s'est suicidée par le feu (même si elle "voyait souvent un incendie" dans ses rêves) donc je suis frustrée.  Alejandra garde sa part d'ombres, de ses rapports avec ses parents nous ne savons pas grand chose, mais ils semblent également malaisés et maléfiques.

Il est vrai que le destin des membres de cette branche de la famille a subi les soubresauts de l'Histoire de l'Argentine, plus que toute autre et qu' ils sont tous "plus ou moins" atteint de folie.


c'était une bonne lecture tout de même et le lien avec le précédent Tunnel est visible.


mots-clés : #amour #criminalite #famille #guerre #historique #pathologie

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Message par Tristram Jeu 17 Mai - 9:13

Merci Bédoulène ; comme tu le dis,
L'atmosphère du livre est trouble, dérangeante [...] Alejandra garde sa part d'ombres

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Message par Quasimodo Jeu 17 Mai - 10:41

Quoi qu'on pense comprendre, c'est justement sa "part d'ombre" et d'insaisissable qui lui donne son prix. J'y repense comme à un rêve (à un cauchemar) ou à un poème, avec tout ce qu'il y a d'inexprimé, de souterrain, de désirs déguisés... et de purement visuel, et même visionnaire (pour moi, c'est la parfaite illustration de ce qu'appelle Rimbaud dans les Lettres du voyant)

Et le dernier périple de Fernando Vidal est tout de même grandiose !
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Message par Bédoulène Jeu 17 Mai - 16:40

oui Quasimodo le périple de Fernando est grandiose et terrifiant, et son rapport est cohérent dans..................l'irrationnel (si tu comprends ce que je veux dire)

me reste le dernier de la trilogie

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Message par Tristram Dim 14 Juil - 16:23

Avant la fin

vieillesse - Ernesto Sábato - Page 2 Avant_11


Ce sont les mémoires d’Ernesto Sábato, rédigées à 86 ans.
Dans la première partie, l’auteur suit la chronologie. Jumeau d’un mort-né, traumatisé par un père autoritaire, le monde lui apparaît très tôt comme une noire source de terreur dans le malheur du manque d’amour. Après les misère et rigueur d’une triste enfance de pauvres immigrés dans la pampa, « cette métaphore du néant », il passe du communisme à l’anarchisme sans jamais renoncer à l’humanisme, de la physique dans les laboratoire Curie et MIT au surréalisme, de la pureté absolue des théorèmes mathématiques et du rationnel à l’art (il est aussi peintre).
Ayant abandonné la science et sa position confortable, il retourne à Paris pour travailler à l’UNESCO :
« L’édifice où était situé l’UNESCO avait été le siège de la Gestapo, et dans cette atmosphère raréfiée de paperasseries bureaucratiques je sentis une fois encore se fissurer autour de moi cet univers kafkaïen où je me mouvais. Sombrant dans une grave dépression, face aux eaux de la Seine, je fus submergé par la tentation du suicide.
Un roman profond surgit quand notre existence affronte des situations limites, douloureuses croisées des chemins où nous sentons la présence inéluctable de la mort. Dans un tremblement existentiel, l’œuvre est notre tentative, jamais tout à fait réussie, de reconquérir l’unité ineffable de la vie. Torturé par l’angoisse, je me suis mis avec fébrilité à écrire, sur une machine portative, l’histoire d’un peintre qui cherche désespérément à se faire comprendre [Le Tunnel].
Égaré comme je l’étais dans un monde en décomposition, parmi les ruines d’idéologies en banqueroute, l’écriture a été pour moi le moyen fondamental, le plus absolu et puissant, qui m’a permis d’exprimer le chaos dans lequel je me débattais ; et j’ai pu ainsi libérer non seulement mes idées, mais surtout mes obsessions les plus secrètes et inexplicables.
La véritable patrie de l’homme n’est pas l’univers pur qui fascinait Platon. Sa véritable patrie, à laquelle il revient toujours après ses détours dans l’idéal, c’est cette région intermédiaire et terrestre de l’âme, ce territoire de déchirements où nous vivons, aimons et souffrons. Et dans une époque de crise totale, l’art seul peut exprimer l’angoisse et la désespérance de l’homme, parce que, à la différence de toutes les autres activités de la pensée, c’est la seule qui capte la totalité de son esprit, et tout spécialement dans les grands romans qui réussissent à pénétrer jusqu’au domaine sacré de la poésie. La création est ce début de sens que nous avons conquis de haute lutte contre l’immensité du chaos.
"Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l’enfer." Vérité absolue, cher, admiré et douloureux Artaud ! »
Cet aspect cathartique de l’écriture n’est pas propre à Sábato ; c’est même sans doute l’un des principaux moteurs de la création littéraire.
Pessimisme et doute métaphysiques, proximité avec Camus dans une sorte d’existentialisme humanitaire, conscience de la tragique condition humaine et de l’avenir compromis de la planète, dans une seconde partie Sábato expose sa vision de l’illusion du progrès civilisationnel compromis par la technique et la raison aveugles et orgueilleuses, en fait régression et involution dues à la croissance économique qui exclut l’humanité, l’argent qui a remplacé les valeurs, le pouvoir entre les mains de quelques-uns.
Sábato cite, à cinquante ans d’écart, son premier essai (1951), Hommes et engrenages :
« Ce paradoxe, dont nous subissons actuellement les ultimes et plus tragiques conséquences, a été le résultat de deux forces dynamiques et amorales : l’argent et la raison. Ce avec quoi l’homme s’empare du pouvoir séculier. Mais ‒ et c’est là que le paradoxe prend ses racines ‒ cette conquête se fait sous les espèces de l’abstraction : du lingot d’or au clearing, du levier au logarithme, l’histoire de la maîtrise croissante de l’homme sur l’univers a été aussi l’histoire des abstractions successives. Le capitalisme moderne et la science positive sont les deux faces d’une même réalité dépourvue d’attributs concrets, d’une fantasmagorie abstraite dont fait partie l’homme lui-même, non plus désormais l’homme concret et individuel mais l’homme-masse, cet être étrange à l’aspect encore humain, doté d’yeux et de larmes, de voix et d’émotions, mais devenu en réalité un engrenage d’une gigantesque machine anonyme. C’est là le destin contradictoire de ce demi-dieu de la Renaissance qui avait revendiqué son individualité, qui s’était soulevé avec orgueil contre Dieu, en proclamant sa volonté de dominer et transformer les choses. Il ignorait qu’il finirait lui-même par se transformer en chose. »
C’est chose faite sur ce forum… Mais si ce discours n’est pas nouveau de nos jours, je vois presque de la prophétie dans cette progression de l’artificiel "hors-sol", qui se prolonge si symptomatiquement aujourd’hui dans le virtuel : une sorte de confirmation de l’analyse de Sábato.
« …] malheur des hommes, destinés à la beauté mais condamnés à survivre dans la banalité de cette culture où ce qui autrefois avait un sens a dégénéré en une grossière diversion, en excitants et en pathétiques objets décoratifs. Triste épilogue d’un siècle déchiré entre les délires de la raison et la cruauté de l’acier. »
Là, je ne peux que penser aux "substances" et aux récupérations "ethniques" (et mercantiles) actuelles…
Rappel avec à propos d’un titre de gravure de Goya :
« Les rêves de la raison engendrent des monstres »
Sábato parle aussi de la commission nationale (argentine) sur les disparus de 1976, qu’il présida, et son rapport Nunca Más (Jamais plus) ‒ cette surenchère du « terrorisme d’état » qui n’a pas pu trouver l’apaisement…
Dans la troisième partie, toujours par courts textes regroupés selon une thématique, Sábato évoque ses grandes douleurs, comme la perte d’un fils, la détresse de la jeunesse actuelle, l’ombre du suicide, soit ce « testament spirituel » de sa quête de vérité et de sacré. L’épilogue est une adresse aux jeunes gens, aux enfants déshérités : un message d’espoir, d'ouverture et de solidarité, un appel aux « héros, saints ou martyrs » nécessaires.
Voici ses derniers mots (cervantesques), avant la fin de sa vie, ou du monde :
« Seuls ceux qui se montreront capables d’incarner l’utopie pourront mener le combat décisif, celui dont l’enjeu est de recouvrer toute l’humanité que nous avons perdue. »
L’auteur étant un grand lecteur, les références et citations littéraires sont nombreuses : Dostoïevski, « ce diabolique Rimbaud » et bien d’autres, notamment Cioran, avec qui Sábato se trouve des affinités :
« Comme la nécessité de démythifier un rationalisme qui ne nous a apporté que la misère et les totalitarismes. »
Je dois signaler que ‒ en tout cas dans la traduction française ‒ ce livre est entaché par endroits de poncif, de pathos et d’un certain passéisme, ce qui ne retire rien aux convictions de l’auteur, ni à la valeur de son témoignage.

Voici un passage qui résonne particulièrement en moi (mais pas pour le style), sans doute compte tenu de ce que j'ai pu observer de mon côté :
« Dans la ville de Resistencia, j’ai fait une expérience qui me paraît déterminante. C’était au début de l’année, pendant les grandes inondations du Paraná. J’ai été alors bouleversé de voir une telle pauvreté et à la fois une telle humanité. Comme si elles étaient inséparables, comme si l’essentiel de l’homme se révélait dans l’indigence. »

Mots-clés : #autobiographie #creationartistique #ecriture #essai #temoignage #vieillesse #xixesiecle

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Message par Bédoulène Dim 14 Juil - 20:05

merci Tristram, le dernier extrait se vérifie souvent !

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