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José Manuel Prieto

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Message par shanidar Jeu 23 Fév - 11:27

José Manuel Prieto

(né le 22 mai 1962)

José Manuel Prieto Prieto10

Il est né en 1962 à La Havane, à Cuba. Il est romancier, traducteur et enseignant cubain.

Il a obtenu une licence d'ingénieur à Novossibirsk, capitale de la Sibérie occidentale et a vécu en Russie pendant douze ans.
Il a traduit les œuvres de Brosdky et d'Anna Akhmatova en espagnol. Il a enseigné l'histoire russe à Mexico. Il vit aujourd'hui à New-York.
source éditeur : Christian Bourgois

Bibliographie

2003 Papillons de nuit dans l'empire de Russie, Page 1
2007 Rex, Page 1

màj le 18 avril 2019
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Message par shanidar Jeu 23 Fév - 11:30

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Rex

Je l'ai lu des années durant, rien que ce livre. Encore et encore, sans m'arrêter. Et lorsque j'arrivais à la fin, à la description de la fête, du bal d'inauguration, je revenais au premier mot, quand il s'endort dans la maison de Combray, quand il rêve que le temps s'arrête. Je l'ai ouvert au hasard dans des ports (celui d'Helsinki), dans des pubs anglais, dans des cafés d'Istanbul, chaque fois soufflé par son intelligence, son acuité, cette capacité unique de voir ce qui échappe aux autres auteurs. Toujours chez lui les mots justes, semblant jaillir miraculeusement, sans qu'il ait fallu y réfléchir à deux fois, avec l'aisance et le naturel d'une chanson que l'on fredonne au rythme des syllabes et des phonèmes vidés de leur sens.
(…)
Ça m'inquiète, m'annonça-t-il avec la rouerie et la flagornerie infinies de Norpois (chez l'écrivain), ça m'inquiète et j'ai bien peur que votre méthode d'enseignement, qu'une éducation comme celle que vous revendiquez, fondée sur un livre unique, ne soit pas la plus indiquée.

Voici comment commence cet étonnant roman. L'enseignant dont il est question a été recruté par une famille russe pour donner des leçons à son fils, Petia. Et c'est à Petia, que le livre s'adresse reprenant, mélangeant, amalgamant au Livre premier (celui de Proust*) bien d'autres livres et bien d'autres auteurs, qui finissent par former Rex, ce livre que nous tenons entre nos mains.

Je ne vous cache pas mon immense plaisir à la lecture d'un texte bourré de références (de Borges à Kafka en passant par Shakespeare, Bradbury, H.G. Wells jusqu'à Dostoïevski) mais je suis bien consciente que malgré ce plaisir, le roman en lui-même est à peu près tout sauf lisible. Bordélique à souhait et savamment foutraque.

Tout pour me plaire… mais j'ai tout de même ressenti comme un lâché prise au début de la deuxième partie, au moment au notre narrateur précepteur fait entrer le Roi (Rex) dans le récit que j'ai eu bien du mal à rattraper. Car à cette histoire de précepteur un brin proustien, il faut ajouter une histoire de faux diamants, de mafia russe, de Batyk Bouriate (mais pourquoi donc fallait-il qu'il soit Bouriate ?), de femme fatale, de femmes fatales, de soirée hors gravitation et bien sûr d'une machine à explorer le temps et l'argent !


Il n'en reste pas moins que malgré l'aspect légèrement instable de la solution, je me suis régalée à lire les pages de Prieto, dont la langue, absolument superbe, lisible (rien à voir avec l'écrivain*), drôle, enjouée, magnifique, hypnotique , porte le récit à la fois comme une mer 'vineuse' (Homère) et comme un diamant brut.
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Message par topocl Jeu 23 Fév - 12:57

shanidar a écrit: mais je suis bien consciente que malgré ce plaisir, le roman en lui-même est à peu près tout sauf lisible.


Tout pour me plaire…

Tu le vends très bien José Manuel Prieto 1390083676 !

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Message par shanidar Jeu 23 Fév - 16:34

Ça m'a un peu fait penser à Prochain épisode de Hubert Aquin, avec un côté plus déboutonné, mais on retrouve la drôle d'histoire mafieuse et l'infernale beauté des femmes, le luxe d'une villa, ici sur la Costa del Sol et une impression de flottement narratif, comme si au fond l'histoire n'était pas très importante. Mais c'est beaucoup plus agréable à lire, je trouve, que Aquin, qui a un côté désespéré qui serre les tripes ; rien de tel ici.

Je suis sûre que je ne te fais pas plus envie, là, topocl ! Very Happy
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Message par Bédoulène Jeu 23 Fév - 21:07

je me tate !

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Message par ArenSor Lun 18 Juin - 18:31

Papillons de nuit dans l'empire de russie

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Le narrateur, un certain J, profite de l’effondrement de l’empire soviétique pour faire du trafic avec l’occident en privilégiant le matériel militaire high-tech : guides laser et googles infra-rouge. Il a bien compris qu’il peut bénéficier d’une plus-value non négligeable sur ce type d’objet peu encombrant, en revanche il risque gros. Il rencontre lors d’une vente un richissime suédois qui lui suggère un autre type de trafic, moins dangereux, celui des papillons. J se lance donc à la recherche du mystérieux yaziku dont le dernier spécimen a été donné au tsar Nicolas II en 1914.
Lors d’un voyage à Istanbul avec son employeur suédois, J remarque dans une boîte de nuit une stripteaseuse et prostituée, une certaine V, une jeune russe qui a voulu fuir son village sordide de Sibérie. Celle-ci lui demande de l’aider à fuir et retourner en Russie (cas classique, le propriétaire de la boîte lui a confisqué son passeport et l’a endettée à vie). Par la suite, J recevra sept lettres de V, lettres sublimes. Pour lui répondre il va lire de nombreuses correspondances de l’Antiquité à nos jours.

Encore un détail : si nous sommes en admiration devant les lettres de Flaubert à Louise Collet, ou celles de Kafka à Milena (et aussi à Felice), pourquoi ne pas imaginer qu’elles ont été inspirées par des lettres de bien meilleure qualité, écrites par ces femmes ? Bien souvent on ne lit ou ne publie que les lettres des écrivains, en majorité des hommes, mais derrière celles-ci – tout comme derrière ce brouillon – se cachent des lettres de femmes, de vraies œuvres d’art, sublimes. Sublimes, il ne me vient pas d’autre mot à l’esprit.

Le livre est donc un roman épistolaire d’un genre nouveau. Le narrateur raconte sa vie avant, pendant et après sa fuite avec V. Le tout s’entremêle de réflexions sur l’existence, de notations sur le temps, les paysages, les scènes du quotidien. Surtout, la poésie est omniprésente.
J’ai été plus particulièrement séduit par l’atmosphère slave qui se dégage du livre, Prieto est cubain mais il a vécu longtemps en Russie ; également ce dialogue particulier qui s’instaure entre Orient et Occident. En effet, le récit oscille entre deux sites, un Istanbul plutôt marqué par l’Orient et Livadia en Crimée où les influences occidentales sont plus marquées. Cependant, ce sont aussi des villes où coexistent des deux cultures, les deux esprits.
En littérature, le mot « papillon » renvoie immanquablement à Nobokov. C’est dans un genre un peu différent que Prieto nous entraîne dans les aventures de J chassant le yaziku dans le delta de la Volga. Mais il a gardé le côté « enchanteur » du maître.
Une très belle lecture et un écrivain à découvrir.  Very Happy

Lorsque mes yeux glissèrent sur son nom, à la dernière page, étourdi par ce que je venais de lire et parce que cette lettre était peut-être encore plus belle que la précédente, je perdis un court instant la pleine conscience du lieu où je me trouvais, immergé dans le plus profond silence, tandis que sa phrase d’au revoir résonnait comme une perle de cristal rebondissant sur les parois d’un coquillage, se déplaçant rapidement dans la spirale de ses cavités.

Un voyage doit se profiler à l’avance dans l’esprit du voyageur comme dans un minuscule polygone, comme dans une chambre de Wilson où l’on étudierait sa trajectoire de particule atomique, où l’on envisagerait l’état de satisfaction qui nous attend sur l’autre rive, l’eau en train de bouillir dans la marmite, le soleil en train de se coucher derrière les arbres, les guides bachkirs discutant à voix basse tout près de toi, dans leur boutique de fortune. Voilà pour ce qui est de l’importance physique de la peau exposée au vent et du soleil derrière les paupières. Mais on notera la nécessité d’un cadre mental, métaphysique, d’une expérience supra personnelle qui nous permette de d’admirer, ravis, les traces des bulles dans la masse liquide, de découvrir des univers confinés entre ces minces parois. Une idée inaccessible et d’apparence fragile, les ailes d’un papillon, un rêve.

A l’intérieur de ces troncs survivaient des forces qui refusaient de se consumer, qui protestaient en émettant des craquements, dans un rapide staccato, ralentissant le rythme par moments pour émettre ensuite des appels à l’aide frénétiques. C’étaient les plaintes des âmes emprisonnées dans les arbres, divinités sylvestres martyrisées par le feu, ou peut-être, pensais-je tout à coup, les cris de joie qu’elles poussaient en s’élevant vers le ciel, libres enfin. Avant de se mêler au reste du troupeau des âmes, elles devaient avoir averti mon autre moitié errante, l’importunant l’espace d’une seconde dans un bar de Linz en Autriche.

Pour ma part, je n’avais aucune raison de m’inquiéter, mais comme je la regardais, droit dans les yeux, tout en l’écoutant parler de mode (son rêve était de devenir mannequin, m’avait-elle dit) je pus voir la peur voiler son regard, la solution aqueuse de ses yeux se cristalliser soudain, se précipiter et tomber lentement comme des flocons de neige.

mots-clés : #contemporain #correspondances #polar #voyage
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Message par Bédoulène Lun 18 Juin - 21:12

merci Arensor, rien que le titre m'attirait, ton commentaire me convainc.

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Message par Tristram Lun 18 Juin - 23:18

Oui, c'est très tentant ! (je découvre le fil _ et l'auteur !)

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Message par Tristram Ven 19 Avr - 1:06

Papillons de nuit dans l’empire de Russie

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L’histoire commence dans la zone frontière de la Baltique au Bosphore, soit la zone frontière qu’évoque Paolo Rumiz dans Aux frontières de l’Europe (suivez le guide, c'est ici).
J., le narrateur, est contrebandier de produits de l’ex-URSS pillée après la chute du mur de Berlin, comme les lunettes de vision nocturne, le musc des chevrotins de l’Altaï ou le venin des serpents du désert de Kara-Koum, « juste des objets appartenant à l’État ou à l’armée et qui se retrouvaient soumis à une privatisation chaotique et spontanée. » Stockis, un riche client suédois, lui commande un rarissime papillon russe en voie de disparition (voire déjà disparu), le yazikus. Après avoir subi un curieux baptême, prix pour se faire héberger une nuit chez les prêtres glossolales à Helsinki, et une vaine expédition de chasse au lépidoptère dans la Dépression Caspienne (entre l’embouchure de la Volga et l’Astrakhan), c’est l’histoire du "sauvetage" de V., une aventurière russe rencontrée au Saray, cabaret-bordel d’Istanbul, qui en définitive l’a manipulé et piégé.
« Mais un filet n’est pas formé par les fils visibles ni par les nœuds qui relient ces fils et lui donnent de la consistance, mais par les espaces vides entre ces derniers. »
J. est venu à Livadia, ville en bordure de la mer Noire, où il reçoit sept lettres envoyées par V., et où il rédige un brouillon de réponse. Ce roman "épistolaire", truffé d’extraits de correspondances célèbres, est parfois étrange, que cela soit dû à de petites incohérences, une traduction douteuse par endroits, certaines maladresses dans l’expression, une recette de narration un peu artificielle, même si les allers-retours dans le déroulement du "sauvetage" de V. occasionnent un certain suspens. Le projet de l’auteur me paraît inabouti.
« Finie la quête, les variantes possibles ‒ les parenthèses ‒, les hésitations, le chemin péniblement frayé, toute la méthode à laquelle j’avais eu recours pour écrire ce long brouillon, la seule possible à mon avis : être redondant, aborder la même idée de mille points de vue, la contourner, présenter le croquis à travers lequel l’histoire transparaîtrait, comme à travers une délicate combinaison de baguettes. »
Christian Bourgois a choisi un autre imprimeur que pour Sur les jantes de Thomas McGuane (suivez blabla ), mais avec le même résultat : un volume qui s’effeuille plus vite qu’une strip-teaseuse russe dans un bar stambouliote…



Mots-clés : #aventure

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