Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Le Deal du moment : -50%
-50% sur les sacs à dos pour ordinateur ...
Voir le deal
19.99 €

Elizabeth Hartley Winthrop

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Elizabeth Hartley Winthrop Empty Elizabeth Hartley Winthrop

Message par topocl Mar 23 Fév - 9:29

Elizabeth Hartley Winthrop
Née en 1979


Elizabeth Hartley Winthrop Extern11


Elizabeth Hartley Winthrop est nouvelliste et romancière.

Diplômée de l'Université Harvard en 2001, elle est titulaire d'un MFA en fiction obtenu à l'Université de Californie à Irvine en 2004.

Elle enseigne la littérature et l'écriture créative au Endicott College.

"Le Châtiment de Willie Jones" ("The Mercy Seat", 2018) est son premier roman traduit et publié en France.

Elizabeth H. Winthrop vit avec son mari et sa fille à Gloucester, dans le Massachusetts.

site officiel : https://www.elizabethwinthrop.net/

2018 : The mercy seat (Le Châtiment de Willie Jones, 2019, Flammarion)

Merci à babelio

_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl
topocl

Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Elizabeth Hartley Winthrop Empty Re: Elizabeth Hartley Winthrop

Message par topocl Mer 24 Fév - 11:19

Elizabeth Hartley Winthrop 41hg4310

Le châtiment de Willie Jones.

De la tombée du jour au lever du soleil, la nuit de l'exécution capitale de Willie, un jeune noir accusé d'avoir violé une Blanche, Elizabeth Winthrop suit, de minute en minute, une poignée de personnages, telle une ribambelle se passant le relais, dans cette petite ville de Louisiane en 1943. Tous, de près ou de loin, sont concernés par ce châtiment et ses implications (peine de mort, racisme) que ce soit Willie, ses proches, des membres de la justice ou de la police, le prêtre qui l’assiste, des blancs qui doutent ou d’autres sûrs de leur droit. Tous ont un étroite relation avec la mort qui les a déjà marqués, et la guerre qui se déroule au loin marque les faits de son empreinte .

Très maîtrisé, très attentif à chacun.e, plein de compassion dans cette ambiance électrique du Sud : ce roman progresse sûrement pour laisser entendre toutes les voix. C’est réellement touchant et intéressant.


Mots-clés : #justice #racisme #segregation

_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl
topocl

Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Elizabeth Hartley Winthrop Empty Re: Elizabeth Hartley Winthrop

Message par Bédoulène Mer 24 Fév - 11:30

le sujet m'intéresse et le livre est dans ma pal, merci topocl

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
Bédoulène

Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Elizabeth Hartley Winthrop Empty Re: Elizabeth Hartley Winthrop

Message par Armor Ven 26 Fév - 13:34

Encore un livre à noter ! Ca doit être intéressant, de découvrir cette ambiance du sud, qui porte encore tant de stigmates de la ségrégation.

_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor
Armor

Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Elizabeth Hartley Winthrop Empty Re: Elizabeth Hartley Winthrop

Message par Bédoulène Lun 8 Mar - 20:09

Elizabeth Hartley Winthrop 41hg4310


le chatiment de Willie Jones

Nous sommes dans le sud des Etats-unis, le racisme est prégnant ; tous les habitants de la région ne pensent qu'à l'évènement : l'exécution qui va avoir lieu sous peu d'un jeune noir de 18 ans, condamné pour avoir violé une jeune fille blanche, qui s'est suicidée après "l'acte".

Il est apparent que les personnes qui ne sont pas originaires de la région, tels le Père Hannigan, Ora la femme de Dale qui tient la station service, Polly, le nouveau procureur, n'ont pas de haine envers la communauté noire, contrairement à ceux qui sont nés ici.

Il est clair aussi que la jeune fille blanche Grace et Willie, le condamné s'aimaient. La bande de racistes qui exerce sa domination sur la population noire de la ville, l'exploite et la terrorise a obtenu la condamnation de Willie en obligeant le procureur Polly ; son fils a été retenu par eux et ce message envoyé à Polly était explicite sur le devenir de l' adolescent.

C'est du racisme primaire, tout simplement.

Les extraits suivants sont explicites :

Ora
"Au début Ora avait pensé que les choses changeraient une fois qu’ils auraient repris la station. Elle avait rêvé d’un endroit convivial où les Noirs et les Blancs pourraient se croiser et se rassembler, comme dans l’épicerie de Natchez où elle avait grandi. Mais Dale ne partageait pas cette vision des choses et ne la partage toujours pas, du coup rien n’a finalement changé. Le panneau « Réservé aux Blancs » que l’oncle de Dale avait accroché à la porte est resté au même endroit. Cela n’a fait qu’accroître l’impression d’isolement qu’Ora a toujours éprouvée ici, entourée par toute une communauté et néanmoins séparée d’elle. Et depuis que Tobe n’est plus là, cet isolement est encore plus intolérable"

Franck le père de Willie
"À dire la vérité il était déjà mort aux yeux de Frank avant que le procès n’ait commencé – depuis le moment où en rentrant un soir à la maison il avait aperçu Willie assis, le dos contre la cabane de la mule, caressant les cheveux de la fille dont la tête était posée sur ses genoux."

"L’homme s’avance d’un pas et prend Willie dans ses bras, enveloppant le crâne rasé de son fils dans sa main aux doigts fins et longilignes. Willie plonge son visage dans le creux de l’épaule du vieil homme. Comme ils doivent bien se connaître, songe Gabe : ce crâne est celui que le vieil homme a tenu dans la paume de sa main quand Willie n’était qu’un bébé ; et son épaule est celle où son fils venait se blottir dans son enfance. Gabe pense à l’épaule de son propre père, à la saillie de sa clavicule, au tissu rêche de sa chemise, à l’odeur de cèdre de sa crème à raser. Et il sent sa gorge se serrer. Il ferme les yeux. Il ne veut plus être là. Il ne veut pas voir ça. Il donnerait n’importe quoi, songe-t-il, pour empêcher le triste événement qui se prépare d’avoir lieu."

Le Père Hannigan
"Quand il était enfant, dans l’orphelinat de Pennsylvanie, c’était lui qui sonnait les heures à l’église et la corde l’entraînait dans les hauteurs, il se laissait emporter par cette chevauchée, à la merci de cette puissance carillonnante. C’était cela qu’il aimait à l’église quand il était enfant. La puissance de Dieu s’avérait alors secondaire. Et ici en Louisiane il a découvert des puissances bien plus redoutables : la pauvreté, la bigoterie, la peur. Face à ces puissances-là, il lui arrive de penser que sa mission est vouée à l’échec"

" La haine est trop aveugle ici et il se sent plus étranger dans le Sud que lorsqu’il était missionnaire à Madagascar. À pas silencieux, il traverse l’aile et rejoint la porte ouverte de l’église. Dans son encadrement il aperçoit une voiture garée dans le virage, les branches ployées d’un chêne, l’agence comptable qui occupe un petit bâtiment de l’autre côté de la rue, des gamins qui s’entraînent au base-ball sur le terrain de jeux. Il pense à Willie Jones, qui n’est guère plus âgé qu’eux, et sa gorge se serre."

Nell la femme du procureur (elle fait le dernier repas du condamné)
"« Même s’il est coupable, je ne pense pas qu’il devrait mourir. Mais pour être franche, Mère, je ne suis même pas convaincue qu’il le soit. » Cette déclaration reste quelques instants en suspens dans l’air comme quelque chose de tangible, aussi tangible que la conviction qui est la sienne, au plus profond d’elle-même. Un gamin – voilà ce qu’il est. Elle a compris ça hier en le voyant enfin en chair et en os – un gamin en tous points semblable à Gabe, juste un peu plus âgé. Elle ne voulait pas le rencontrer mais, après des mois de rancœur et de malaise, un brusque élan l’a poussée à le faire. « Et s’il n’est pas coupable, ajoute-t-elle, eh bien… que le Ciel accorde son pardon à votre fils. »

"Elle regarde les filets frire l’un après l’autre, le pain émietté durcir et former une croûte brune autour de la chair qui blanchit, l’huile qui gicle par moments, éclabousse ses mains et parsème sa peau d’infimes taches rouges, pas plus grosses que des têtes d’épingle. Cela lui est égal. Les effluves de graisse chaude lui font monter les larmes aux yeux. Ses cheveux en garderont encore l’odeur demain, alors que le garçon pour lequel elle est en train de cuisiner aura été exécuté."

"« Je croyais que tu valais mieux que les autres. (Nell a prononcé ces mots d’une voix très calme. Elle se recule sur sa chaise, porte la main à ses lèvres.) Je croyais que tu voulais agir différemment. Que c’était pour cette raison que tu briguais ce poste de procureur de district. »

"« Réfléchis un peu, Polly. Le garçon a déclaré qu’il l’aimait. Si elle l’aimait aussi… eh bien, il ne pouvait rien en sortir de bon, ni pour elle ni pour lui. Peut-être n’a-t-elle pas supporté cette situation"


Polly
"Il l’a plutôt lue mille fois qu’une, cette décision du tribunal qu’il a tout fait pour obtenir, condamnant Willie Jones à recevoir « une décharge électrique d’une intensité suffisante pour provoquer le trépas du prévenu, ladite décharge devant se prolonger dans le corps du prévenu jusqu’à ce que mort s’ensuive"
alors que la chaise électrique n'a pas fonctionné normalement :

"— Eh bien, lance le shérif Roselle d’un air sarcastique, je vois que le défenseur des nègres a repris du poil de la bête. » Polly secoue la tête. « C’est une question de droit, shérif. Cela n’a rien à voir avec une quelconque opinion personnelle. Il s’agit de respecter le droit inscrit dans la Constitution qui nous protège contre tout châtiment cruel ou contraire à l’usage. Ainsi que contre une double incrimination."

"Polly regarde sa femme, accablé. « Non, dit-il, je ne le peux pas. Quelqu’un d’autre pourrait s’y risquer, mais pas moi. — Pourquoi donc, grands dieux ? — Nell, je suis le procureur de district officiellement élu de cette paroisse. C’est moi qui ai requis la peine capitale contre Willie. — Eh bien, démissionne ! Tu as le droit de le faire. Et lance-toi dans le combat. Tout peut encore basculer grâce à toi ! » Polly la dévisage avec gravité. « Nell, dit-il, si j’agissais de la sorte, quel sort réserveraient-ils à Gabe, à ton avis ? »


la bande de racistes
"« On te fera pas de mal », disait Montgomery dont les yeux brillaient dans le rétroviseur. « Pas cette fois-ci. On veut juste donner une petite leçon à ton père. »

"« Mêle-toi de tes affaires, espèce de fils de pute ! Sale défenseur de nègres ! (Son étreinte se resserre, il le soulève presque du sol.) Tu vaux pas mieux qu’ton père et quand j’en aurai fini avec toi tu pourras…"

Willie
"Il voit sa vie dans ses plus infimes détails, il absorbe la totalité de ses souvenirs en même temps que ce dernier repas."

"Ce qui a eu lieu, a eu lieu – Willie le reconnaît lui-même. La question est de savoir comment qualifier ce geste. Le père de la jeune fille a déclaré qu’il s’agissait d’un viol mais Willie parlait d’amour à la barre du tribunal. Grace est la seule qui pourrait trancher cette question et elle n’est plus là pour le faire. « Je vois bien ce qu’il t’est arrivé », ajoute-t-il doucement. Willie hoche la tête. « Non, dit-il. Je mérite la mort. Je souhaite mourir. C’est à cause de moi que Grace n’est plus là. "

"Mais cela ne change rien. Secoué de convulsions, le corps du condamné retombe sur le siège qui se met à vaciller, le bâillon se desserre, de la fumée s’élève au-dessus des câbles branchés à l’arrière de la chaise. Et tout à coup Willie émet un drôle de bruit, comme si on l’étranglait et qu’il cherchait désespérément de l’air. Il lance en bégayant à travers ses tourments : « Je ne suis pas mort ! »

Lane un prisonnier noir en provisoire, est le chauffeur du camion qui transporte la chaise électrique
" Lentement, Lane grimpe à bord du camion qui paraît plus vaste maintenant que la chaise n’y est plus. Il marche jusqu’au générateur et s’assied dans l’obscurité en attendant l’ordre du capitaine. Il regarde à l’extérieur par les portes ouvertes du véhicule qui cadrent la foule, les enfants installés dans les arbres et les câbles qui sinuent à travers la poussière comme des serpents venimeux avant d’escalader la façade et de pénétrer par la fenêtre ouverte de la prison."

" « Eh bien mon gars, lance-t-il d’une voix chargée de haine, il va falloir t’expliquer à présent.
— Je ne comprends pas, dit Lane en fronçant les sourcils.
— Tu sais parfaitement ce que je veux dire, espèce d’enfoiré ! Insoumis de mes deux ! » Le capitaine s’est penché vers lui en proférant ces mots, son visage n’est plus qu’à quelques centimètres de celui de Lane et son haleine empeste le whisky
« Non monsieur, dit Lane, je ne le sais pas.
— Espèce d’abruti ! lâche Seward en hochant la tête. Trafiquer le circuit pour sauver la vie d’un putain de nègre…
— Je n’ai touché à rien, je me suis contenté de faire ce que vous m’avez demandé.
— Je ne t’ai jamais demandé de toucher à ces fils.
— Je n’ai pas touché à ces fils. » Seward émet un reniflement incrédule. « Qu’est-ce que tu sous-entends, mon gars ? Que je me serais trompé en les branchant ? Alors que c’est mon boulot depuis des années ?
— Non, répond Lane. Je sous-entends seulement que vous n’aviez plus l’esprit clair après avoir ingurgité tout ce whisky. »"

"Lane se tourne vers le générateur. Il cale la lampe torche sous son menton et entreprend à la lueur de l’étroit faisceau lumineux de trafiquer les fils comme il aurait dû le faire depuis le début et comme on l’accusera de toute façon de l’avoir fait par la suite"

Gabe le fils du procureur
"Pope Crowley, Montgomery, Amos Hicks et Sutcliffe ont quitté le cercle de leurs congénères et rejoint le père de Buddy. Leurs visages paraissent gigantesques et si inquiétants que Gabe en oublie presque sa douleur.
« Qu’est-ce qui va se passer ? demande-t-il d’une toute petite voix en regardant tour à tour M. Cunningham et son fils, puis en fixant Buddy d’un air presque implorant. Après tout ils ont le même âge, il devrait le soutenir.
— Tout dépend de ce que ton père va décider, lance Montgomery. Et si son amour des nègres l’emporte ou non cette fois-ci. »


Une excellente lecture qui m'a touchée, et sachant que la fiction s'appuyait sur une réalité je ne doutais pas, hélas, du sort qui serait réservé à ce jeune homme noir.

Mais l'auteure a bien su avec les paroles et sentiments des différents personnages révéler le racisme qui sévit et que la proche actualité ne fait que conforter.

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
Bédoulène

Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence

  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Elizabeth Hartley Winthrop Empty Re: Elizabeth Hartley Winthrop

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


  • Revenir en haut
  • Aller en bas

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

 Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains des États-Unis d'Amérique

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum