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Kiyoko MURATA

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Message par Armor Jeu 28 Juin - 18:11

Kiyoko Murata
Née en 1945

Kiyoko MURATA Index10

Kiyoko Murata (Murata Kiyoko), née le 12 avril 1945 à Yahata dans la préfecture de Fukuoka, est une écrivaine japonaise.

Elle fréquente le lycée jusqu'en 1964 et travaille par la suite à Hanao, entre autres comme vendeuse de journaux, ouvreuse de cinéma et serveuse dans un café. Elle inaugure sa carrière littéraire en 1975 avec le récit Suichū no koe, avec lequel elle remporte le prix littéraire du festival d'art de Kyūshū.
En 1985, elle fonde une revue littéraire intitulée Happyō.
Après deux sélections, (pour Netsuai et Meiyuu), elle est couronnée en 1987 du prix Akutagawa pour Nabe no naka. Le recueil de nouvelles Shiroi yama reçoit le prix de littérature féminine en 1990. Elle est également lauréate du prix Murasaki Shikibu de littérature en 1997 pour Kanijo, et du prix Noma en 2010 pour Furusato no waga ie.

Œuvres traduites en français

- La voix de l'eau, suivi de Le parc en haut de la montagne (Suichu no koe), Actes sud, 2005
- Le chaudron (Nabe no naka), Actes sud, 2008
- Fille de joie (Yûjokô), Actes sud, 2017

source : Wikipédia

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Message par Armor Jeu 28 Juin - 19:09

Kiyoko MURATA Images10

Fille de joie

2 novembre
Aoi Ichi

Il fait froid ces jours-ci
Mes amies les fourmis sont parties
Alors je m'adresse à la maîtresse
Le soir du dépucelage
La terre s'est dérobée sous mes pieds
Je croyais que ce que ma mère et mes sœurs faisaient
A la lumière de la lune était agréable
La terre s'est dérobée sous mes pieds
Comment je vais faire moi pour travailler demain

1903. Comme tant de fillettes pauvres, Ichi est vendue par ses parents à une maison close, condamnée à vivre dans le « quartier des plaisirs » pour rembourser avec son corps la dette contractée en son nom. Acquise par une maison prestigieuse, Ichi fait son apprentissage auprès d'une oïran, prostituée célèbre entretenue par quelques richissimes protecteurs. Mais le luxe dont s'entoure l'oïran ne peut adoucir la rudesse des leçons auxquelles est soumise la jeune recrue, sommée, par la force s'il le faut, d'acquérir les techniques d'une bonne courtisane...

On envoie Ichi à l'école. Ses patrons attendent d'elle qu'elle puisse écrire des missives raffinées à ses meilleurs clients, le moment venu. L'institutrice, Mlle Tetsuko, essaie surtout d'éveiller l'esprit de ses élèves, tout en leur inculquant des notions de comptabilité afin qu'elles ne se fassent pas gruger par des tenanciers peu scrupuleux.
Pour Ichi, fraîchement débarquée de son île natale, l'école est une révélation, l'écriture un exutoire. A son journal, elle confie ses peines, sa révolte, et son rêve de retrouver un jour son île. Un espoir a priori bien illusoire, car il faut des années pour rembourser sa dette, quand encore on y parvient...
Un édit, publié en 1872, était pourtant censé mettre fin à ce système, quoique l'argument employé soit ahurissant :
L'édit établit que les prostituées qui ont perdu leurs droits humains sont assimilables au bétail. De la même manière que personne n'irait demander à un animal de rembourser une dette, on ne saurait demander à une prostituée de rembourser la sienne. C'est un raisonnement cruel, mais qui nous rendrait service s'il était appliqué. Cela n'a jamais été le cas.

Mais en ce tout début de Xxème siècle, le Japon connaît un frémissement inédit. Les journaux se font l'écho de la toute première grève ouvrière ; les femmes réclament le droit de vote, et l'armée du salut, qui milite activement pour la libération des prostituées, connaît un essort fulgurant.
Kiyoko Murata tente de restituer l'atmosphère qui règne alors dans les quartiers de plaisir, l'éveil d'un début de « conscience politique », et la fin programmée d'un monde. En attendant, pour les jeunes recrues, l'apprentissage est toujours aussi douloureux... La jeune Ichi symbolise le cruel écroulement des illusions de cette jeunesse sacrifiée. L'auteur, malgré la crudité inévitable de certains passages, a su éviter l'écueil de la vulgarité et des détails scabreux pour se concentrer sur les sentiments de la jeune fille. Les mots maladroits qu'elle couche sur le papier parsèment le livre, comme autant de cris du coeur d'une humanité bafouée, mais toujours combative et généreuse.



mots-clés : #conditionfeminine #prostitution


Dernière édition par Armor le Dim 9 Juin - 19:13, édité 2 fois

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Message par Bédoulène Jeu 28 Juin - 22:50

merci Armor !

un sujet difficile à traiter me semble.

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Message par Armor Jeu 28 Juin - 23:11

Bédoulène a écrit:
un sujet difficile à traiter me semble.

En effet, et je trouve que l'auteur s'en sort bien.

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Message par Tristram Ven 29 Juin - 4:18

Bétail... le mot "esclavage" doit être prononcé, non ?

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Message par Bédoulène Ven 29 Juin - 11:00

perte d'identité ?

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Message par Armor Ven 29 Juin - 18:49

C'était un système très particulier. En ce début du XXème siècle, quelques règles avaient été édictées, soit-disant pour améliorer le quotidien des prostituées. Le livre étant très instructif à ce sujet, je vais tacher de vous éclairer un peu.

Les familles vendaient leurs filles aux maisons closes, contractant une dette qu'il faudrait rembourser en se prostituant. Les jeunes recrues commençaient leur apprentissage dès leur arrivée, mais théoriquement, elles ne devaient voir leur premier client qu'à 17 ans. Théoriquement toujours, elles devaient être en mesure de rembourser leur dette au bout de 10 ans, afin de pouvoir quitter cette vie à 27 ans.

Mais pour cela, il fallait ne pas être malade, bien "travailler" mais pas trop pour ne pas se ruiner la santé, ne pas trop dépenser en menus plaisirs et surtout, il ne fallait pas que votre famille vienne en catimini conclure un nouveau prêt sur votre dos...
De plus, les femmes étaient recluses dans le quartier des plaisirs. Tous leurs achats (nourriture, habillement, literie, etc...) passaient par les tenanciers, qui se sucraient au passage. Certains, particulièrement malhonnêtes, falsifiaient les comptes, si bien que les prostituées illettrées, incapable de se défendre, voyaient leur dette croître au lieu de diminuer. Une fois trop âgées pour se prostituer, elles devaient donc encore de l'argent aux tenanciers, et finissaient servantes dans une maison close, ou bien pire, se retrouvaient "en enfer". L'enfer, c'était les bouges de l'autre côté du mur, hors des règles du quartier. Les femmes y étaient  encore plus exploitées, avec un nombre tel de clients et des conditions de vie si précaires qu'elle se tuaient littéralement à la tache.

Voilà... Je peux aussi évoquer les oïran. Très peu nombreuses, elles faisaient la réputation du quartier. C'était des prostituées célèbres, qui ne se vendaient qu'à un nombre choisi de protecteurs richissimes. Grâce à leurs émoluments, elles faisaient vivre jusqu'à 100 personnes dans une même maison close...
Vivant dans le luxe, les oïran jouissaient de plus de liberté, puisqu'elle pouvaient, notamment, choisir de garder leur enfant si elles tombaient enceinte. L'enfant était placé en nourrice et, si c'était une fille, elle rejoignait adolescente la maison close pour prendre la succession de sa mère... Bien triste privilège...
Les oïran avaient aussi la possibilité quitter une maison quand elles le souhaitaient. Mais c'était chose rarissime. Dans tous les cas, le luxe ne cachait pas la réalité de leur quotidien...

L'espoir, pour toutes ces femmes, était d'arriver sans encombre à rembourser leur dette. Ou, pour certaines, de parvenir à épouser un homme qui épongerait la dette. Là encore, rares furent celles qui purent s'en sortir de cette manière.

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