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Ivan Jablonka

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Message par Bédoulène Ven 7 Sep - 15:24

En camping-car

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Bien que les souvenirs des divers voyages racontés d'après le "journal de bord" de l'enfant soient intéressants et instructifs par les nombreux pays visités, ce sont les ressentis de l'enfant par rapport à l'initiation que représente les voyages en camping-car qui m'ont vraiment accrochée.

Ce camping-car symbole  de  liberté. Cette  vie en liberté,  une liberté anarchique, durant les mois de vacances a été formatrice et a permis à l'adulte plus tard de se rendre compte des rapports entretenus avec et par ses parents ; et de sa situation de petits-fils victime par héritage de la Shoah.

Les critiques des autres enfants, à l'égard de l'auteur et de sa famille, qui eux ont des "vacances normales". Le ressenti de l'enfant montre bien combien il apprécie ces vacances que lui offrent ses parents, des vacances pour lesquelles il est et il doit être "heureux" comme son père lui en intime l'ordre.

"Si les moqueries de mes camarades me mettaient mal à l'aise, c'est parce que je sentais qu'elles visaient bien plus que des vacances : notre identité familiale, notre mode de vie, notre style, la personnalité de mes parents, donc l'éducation que je recevais d'eux."

L'enfance du père explique  "l'obligation pour ses enfants d'être heureux", et le choix du camping-car qui représente par la mouvance l'exil.

"Enfants de la guerre, mes parents nous faisaient monter sur la charrette de l'exil, dans la grande caravane de l'histoire."

"Ces bourlinguages lui permettaient, ingénieur à haut salaire, d'être un bon père sans devenir un transfuge de classe qui renie les siens, puisque les vacances "de riche" qu'il pouvait nous offrir restaient conformes à son enfance "de pauvre" dans les foyers communistes. Son bonheur n'était pas une trahison."

"Quels que soient mes succès et mes échecs, je n'ai jamais oublié d'où je viens. Je viens du pays des sans-pays. Je suis avec ceux qui traînent leur passé comme une caravane. Je suis du côté des marcheurs, des rêveurs, des colporteurs, des bringuebalants. Du côté du camping-car."

Ivan adulte se sent investi du devoir de mémoire vis à vis de sa famille et c'est logiquement qu'il devient historien.

"Ma mission était de tenir pour les autres, de faire du bien aux autres, et ce qui a été utilisé en moi à cette fin a été détruit. Comme une mine exploitée par quelqu'un d'autre. Ensuite, je suis devenu un historien, celui qui est là pour les disparus, qui tient pour eux et retient sa peine. Comme les grands héros de l'Antiquité, Ulysse ou Achille, un homme a le droit de pleurer. Un historien ne pleure pas."

Pas évident de deviner ceux qu'on aime, les mots qui sont tus.

"J'ai mis longtemps à comprendre que lorsqu'il me disait "Tu n'étais pas heureux", il voulait dire "Je n'étais pas heureux". Je crois que cela m'aurait fait du bien qu'il me le dise, simplement."


Cette lecture m' a touchée pour ce qui est des ressentis de l'auteur, de son empathie, pour l' histoire de cette famille à la fois bourgeoise par sa situation et  prolétaire par ses choix.

merci à vous topocl et églantine pour m'avoir donné l'envie de cette lecture.

(ps : dans une petite mesure nos vacances en caravane nous ont permis aussi la liberté)

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Message par topocl Ven 7 Sep - 17:38

Caravane, camping car, c'est en même temps une maison et la liberté.

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Message par Bédoulène Ven 7 Sep - 18:49

oui, c'est ma fille qui a les souvenirs donc !

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Message par topocl Jeu 4 Oct - 14:54

Ame soeur

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C'est expliqué dans la post-face, il s'agit d'une œuvre de jeunesse, publiée sous pseudonyme, qui n'a eu aucun succès, et qu'un éditeur a proposé à Ivan Jablonka de ressortir sous son vrai nom, maintenant qu'on peut considérer que celui-ci  fait vendre (la post-face présente les choses de façon un peu moins pragmatique).

Une histoire de frère et sœur à l'entrée de l'âge adulte, qui ne se sont pas trop connus au-delà du fait assez commun qu'enfant le garçon faisait bouffer du gazon à la fille. Chacun de son côté, elle sage et lui rebelle, bien paumés tous les deux entre des parents sérieux et lisses.

La fille "profite" du voyage de son frère au Maroc pour mourir, et, un peu par hasard, son journal intime tombe entre les mains  de ce dernier va donner quelques clés familiales.

Le voyage au Maroc (ou retourne le jeune homme) est l'occasion d'un jeu de miroirs entre une petite banlieue d'Amiens et un bled pas loin de Rabat, qui va bien au côté sociologue de Jablonka. Mais le jeune loser puceau, la prostituée noire à laquelle il ne touche pas (mais fait lire le journal intime), ont un relent de déjà vu que n'arrivent pas à cacher la gouaille assumée et le tendre cynisme du jeune homme.

Bref une œuvre de jeunesse, avec ce que cela a de défauts, mais une certaine fraîcheur aussi; et dont on comprend pourquoi ce n'est pas elle qui a révélé Jablonka, lequel ne gagne pas forcément à ce petit retour en arrière nostalgique (ou commercial?), ayant sans doute fait le bon choix entre l'histoire et le roman.


mots-clés : #fratrie #jeunesse #mort #voyage

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Message par Plume Jeu 3 Aoû - 14:08

Et voici le livre de la rentrée...

Une thèse de 500 pages sur Goldman...

https://www.seuil.com/ouvrage/goldman-ivan-jablonka/9782021526752

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Message par Fantaisie héroïque Lun 25 Déc - 11:10

Je l'ai lu tout récemment, je l'ai trouvé très intéressant pour toute personne qui aime Goldman, évidemment, mais qui l'aime vraiment beaucoup car les références sont très précises Very Happy . Après, je pense que même un non fan ou quelqu'un qui l'apprécie sans plus peut y trouver son compte car le propos de Jablonka dépasse le simple cadre musical, il remet ses chansons dans un contexte précis et c'est assez intéressant (émergence des radios, la gauche au pouvoir, la jeunesse qui revendique ses droits etc). On peut vraiment le lire comme un ouvrage sociologique. Après, on sent parfois un peu trop la "fan attitude" et je pense qu'il aurait pu faire quelques coupes. Mais il ne mérite pas les foudres du principal concerné.
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