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Gérard de Nerval

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Message par Invité Lun 17 Déc - 14:26

Gérard de Nerval
(1808-1855)


Gérard de Nerval 220px-10
(photographie par Nadar)

Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, est un écrivain et un poète français, né le 22 mai 1808 à Paris, ville où il est mort le 26 janvier 1855 (à 46 ans). Figure majeure du romantisme français, il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueil de nouvelles (la plus célèbre étant Sylvie) et de sonnets (Les Chimères) publié en 1854.
wikipédia

Oeuvres :

Poésie :

Napoléon et la France guerrière, élégies nationales (1826)
Napoléon et Talma, élégies nationales nouvelles (1826)
L'Académie ou les membres introuvables (1826), comédie satirique en vers
Le Peuple (1830), ode
Nos adieux à la Chambre des Députés ou « allez-vous-en, vieux mandataires » (1831)
Odelettes (1834), dont Une allée du Luxembourg
Les Chimères (1854) : Pages 1

Contes, nouvelles et récits

La Main de gloire : histoire macaronique ou La Main enchantée (1832)
Raoul Spifame, seigneur des Granges (1839)
Scènes de la vie orientale (1846-1847)
Le Monstre vert (1849)
Le Diable rouge, almanach cabalistique pour 1850
Les Confidences de Nicolas (1850)
Les Nuits du Ramazan (1850)
Les Faux Saulniers, histoire de l’abbé de Bucquoy (1851)
Voyage en Orient (1851)
Contes et facéties (1852)
La Bohème galante (1852) : Pages 1
Lorely, souvenirs d’Allemagne (1852)
Les Illuminés (1852)
Les Nuits d'octobre (1852)
Sylvie (1853) : Pages 1
Petits châteaux de Bohème (1853)
Les Filles du feu : Angélique, Sylvie, Chansons et légendes du Valois, Jemmy, Isis, Émilie, Octavie, Corilla, Les Chimères (1854)
Promenades et souvenirs (1854)
Aurélia ou le Rêve et la Vie (1855)
La Danse des morts (1855)

Romans

Le Prince des sots.
Le Marquis de Fayolle, fut laissé inachevé par son auteur, et fut achevé par Édouard Gorges et publié en 1856.

Théâtre et plus d'informations ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_de_Nerval#%C5%92uvres

màj le 18/12/2018

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Message par Invité Lun 17 Déc - 14:28

J'inaugure le fil Nerval (qui manquait), avec un poème des Chimères. Je vais ensuite essayer de parler d'Aurélia, et des Filles du feu.

Gérard de Nerval 363210



Le Christ aux oliviers

Dieu est mort ! le ciel est vide…
Pleurez ! enfants, vous n’avez plus de père !

I

Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras
Sous les arbres sacrés, comme font les poètes,
Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes,
Et se jugea trahi par des amis ingrats ;

Il se tourna vers ceux qui l’attendaient en bas
Rêvant d’être des rois, des sages, des prophètes…
Mais engourdis, perdus dans le sommeil des bêtes,
Et se prit à crier : « Non, Dieu n’existe pas ! »

Ils dormaient. « Mes amis, savez-vous la nouvelle ?
J’ai touché de mon front à la voûte éternelle ;
Je suis sanglant, brisé, souffrant pour bien des jours !

« Frères, je vous trompais : Abîme ! abîme ! abîme !
Le dieu manque à l’autel où je suis la victime…
Dieu n’est pas ! Dieu n’est plus ! » Mais ils dormaient toujours !…

II

Il reprit : « Tout est mort ! J’ai parcouru les mondes ;
Et j’ai perdu mon vol dans leurs chemins lactés,
Aussi loin que la vie en ses veines fécondes,
Répand des sables d’or et des flots argentés :

« Partout le sol désert côtoyé par les ondes,
Des tourbillons confus d’océans agités…
Un souffle vague émeut les sphères vagabondes,
Mais nul esprit n’existe en ces immensités.

« En cherchant l’œil de Dieu, je n’ai vu qu’un orbite
Vaste, noir et sans fond, d’où la nuit qui l’habite
Rayonne sur le monde et s’épaissit toujours ;

« Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l’ancien chaos dont le néant est l’ombre,
Spirale engloutissant les Mondes et les Jours !

III

« Immobile Destin, muette sentinelle,
Froide Nécessité !… Hasard qui, t’avançant
Parmi les mondes morts sous la neige éternelle,
Refroidis, par degrés, l’univers pâlissant,

« Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle,
De tes soleils éteints, l’un l’autre se froissant…
Es-tu sûr de transmettre une haleine immortelle,
Entre un monde qui meurt et l’autre renaissant ?…

« Ô mon père ! est-ce toi que je sens en moi-même ?
As-tu pouvoir de vivre et de vaincre la mort ?
Aurais-tu succombé sous un dernier effort

« De cet ange des nuits que frappa l’anathème ?…
Car je me sens tout seul à pleurer et souffrir,
Hélas ! et, si je meurs, c’est que tout va mourir ! »

IV

Nul n’entendait gémir l’éternelle victime,
Livrant au monde en vain tout son cœur épanché ;
Mais prêt à défaillir et sans force penché,
Il appela le seul – éveillé dans Solyme :

« Judas ! lui cria-t-il, tu sais ce qu’on m’estime,
Hâte-toi de me vendre, et finis ce marché :
Je suis souffrant, ami ! sur la terre couché…
Viens ! ô toi qui, du moins, as la force du crime ! »

Mais Judas s’en allait, mécontent et pensif,
Se trouvant mal payé, plein d’un remords si vif
Qu’il lisait ses noirceurs sur tous les murs écrites…

Enfin Pilate seul, qui veillait pour César,
Sentant quelque pitié, se tourna par hasard :
« Allez chercher ce fou ! » dit-il aux satellites.

V

C’était bien lui, ce fou, cet insensé sublime…
Cet Icare oublié qui remontait les cieux,
Ce Phaéton perdu sous la foudre des dieux,
Ce bel Atys meurtri que Cybèle ranime !

L’augure interrogeait le flanc de la victime,
La terre s’enivrait de ce sang précieux…
L’univers étourdi penchait sur ses essieux,
Et l’Olympe un instant chancela vers l’abîme.

« Réponds ! criait César à Jupiter Ammon,
Quel est ce nouveau dieu qu’on impose à la terre ?
Et si ce n’est un dieu, c’est au moins un démon… »

Mais l’oracle invoqué pour jamais dut se taire ;
Un seul pouvait au monde expliquer ce mystère :
– Celui qui donna l’âme aux enfants du limon.


mots-clés : #poésie

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Message par bix_229 Lun 17 Déc - 15:29

Belle initiative !
Un écrivain à part. Inspiré et mélancolique à la fois.
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Message par Tristram Lun 17 Déc - 16:50

Oui, merci, ces "soleils éteints" m'étaient sortis de la tête ; et ces "enfants du limon" sont-ils à l'origine du roman de Queneau ?

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Chamaco Lun 17 Déc - 17:24

un de mes auteurs favoris pendant mon adolescence "studieuse" Very Happy

El desdichado

Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la syrène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
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Message par bix_229 Lun 17 Déc - 17:35

A découvrir ou redécouvrir Les Filles du feu, La Pandora et Aurélia, chef d'oeuvre troublant.
Et aussi Petits Chateaux de Bohème, Les Illuminés, où il est question de Cazotte,
Cagliostro et bien d'autres.
Tout cela dans un vol. des Classiques Garnier.
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Message par Aventin Lun 17 Déc - 17:38

Sylvie

Gérard de Nerval Sylvie10Gérard de Nerval Sylvie11



Nouvelle, 1853.

Trois amour en un, ou est-ce le même chimérique illusion d'amour que poursuit de Nerval à travers Sylvie, Adrienne et Aurélie, qui, toutes trois, lui échappent ? La question reste en suspens, l'auteur se contente d'évoquer cette possibilité.

Une écriture d'un soin extrême, non dénuée de simplicité et de joliesse, d'harmonie, qu'il faut saluer. Une forte influence Rousseauiste, pas seulement par les lieux (Ermennonville...), mais aussi par les thèmes entrevus, les pensées qui en découlent, et bien sûr les solitaires pérégrinations rurales et sylvestres, narrées avec une talentueuse retenue, qui s'avère fort évocatrice, efficace. Cela prédomine, s'y ajoutent des effluves de romantisme d'outre-Rhin (Schiller...) - mais ce serait réducteur que de qualifier Nerval dans Sylvie de rousseauisant attardé, mâtiné de bon petit soldat du romantisme finissant.

En son "je" exploratoire, en sa tristesse devant l'antan perdu -jeunesse, simplicité, pureté, possibilités d'alors - comme dans la puissance évocatrice d'un rien, dont il extirpe une introspection qui reste juste affleurante (ou suggérée), nous avons un indice permettant de commencer à comprendre pourquoi Marcel Proust prisait tant de Nerval...




Déblayé d'un message du 24 juin 2014 sur Parfum.
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Message par Aventin Lun 17 Déc - 17:39

La bohème galante
(1855)

Gérard de Nerval Sylvie12



La bohème galante proprement dite fut d'abord publiée en revue (L'Artiste, publication appartenant à Arsène Houssaye) en 1852, entre juillet et décembre. Arsène Houssaye, hommes de lettres et d'entregent, avait pour habitude de faire paraître sous sa propre signature des vers, des proses etc... émanant des divers collaborateurs de la revue, qui étaient tous ses obligés, en général pour dettes.

Et donc il y a du Nerval à dégotter (et pas mal d'autres plumes illustres sans aucun doute) chez Houssaye, courage à qui ira dépiauter les bouquins parus sous son nom, c'est un mastodonte...

Anecdote:
C'est ce même Houssaye qui, faisant paraître un recueil de poésie dont nul ne saura jamais combien de vers furent effectivement de lui, alla jusqu'à le préfacer lui-même et le tendre à Théodore de Banville pour qu'il paraphe de sa signature la préface, s'offrant ainsi à sa (dé)mesure et à sa gloire une préface dudit "poète du bonheur"....Où il y a de la gêne...

Quoi qu'il en soit, c'est avec l'ami de Nerval de très longue date -depuis l'adolescence-, Théophile Gautier, qu'Arsène Houssaye fait publier un ensemble de textes post-mortem intitulé La bohème galante, d'après un projet de compilation sur lequel travaillait Nerval (il en était même aux premières épreuves d'imprimerie); l'ordre des textes de ce patchwork peut varier suivant les éditeurs, ci-dessous celui de l'édition dont je dispose:
Bien jolie édition, Jules-Tallandier 1929, un peu abîmée au dos mais fort plaisante à lire, papier, mise en page comme police de caractères.


La bohème galante: 25 pages environ, 4 titres - on retrouve Sylvain, le "grand frisé" aperçu dans Sylvie, et deux ou trois scènes ré-empruntées à Sylvie, dont celle où il faillit se noyer, enfant, en traversant un gué qui n'existait pas ou plus, on retrouve Senlis, Ermenonville, et toujours ces effluves de rousseauisme.

Mes prisons: 15 pages - plutôt savoureux et inattendu, la façon dont le "bohémien" Nerval se retrouve parfois au poste (on dirait en garde à vue aujourd'hui).

Les nuits d'octobre: 100 pages environ, 26 courts chapitres qui sont autant de tableaux. Ravira les franciliens par les descriptions. Très substantifique. Toujours cette finesse concise, cette élégance de plume; les compositions en prose de Nerval, parce qu'elles ont ce je-ne-sais-quoi de gracile mais de retenu, de maîtrisé, échappent toujours un peu, ce qui est paradoxal tant son propos est limpide. Nerval est un styliste, tout en touches et en équilibres. Sa façon n'a pas pris une ride, et il faudra bien un jour s'interroger, pourquoi cet art de la plume-là, celui de Nerval, est-il intemporel, alors que certains auteurs, publiés il y a à peine un demi-siècle, nous semblent utiliser une manière tombée en désuétude, datée ?  

Un peu plus teinté d'autobiographie:
Promenades et souvenirs: 35 pages environ, 8 chapitres. Textes sobres encore, dans lesquels Nerval se dévoile un tantinet. Il y a une tendresse chez ce grand rêveur, mais qui n'est pas à l'eau de rose, ou encore empreinte de vacuité. Un de ces "rêveur, définitif" que saluait, au siècle suivant, André Breton.

La main ensanglantée: 55 pages environ, 14 chapitres.  A ce point différent des autres textes du recueil que, sans celui-ci, on ne parlerait pas de textes hétéroclites ou de patchwork. C'est une histoire qui se déroule loin dans le temps, en 1609. Vocabulaire choisi, esprit de l'époque restitué, La main ensanglantée est une curiosité, Nerval évolue dans un registre inconnu (enfin, pour moi du moins !) et ça fait mouche, ça fonctionne en tous cas pour ce conte, cruel et fantasmagorique avec un soupçon de farce à gros traits, juste ce qu'il faut pour obtenir un pendant propice à l'équilibre de l'histoire.

(Déglaçé d'un message du 25 juin 2014 sur Parfum)



mots-clés : #autobiographie #poésie
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Message par Invité Lun 17 Déc - 21:12

Merci pour vos contributions au fil !

bix_229 a écrit:Belle initiative !
Un écrivain à part. Inspiré et mélancolique à la fois.
Oui, à part. Précurseur du surréalisme, des écrits teintés de visions, de symbolisme, et de mélancolie comme tu dis.

Tristram a écrit: ces "enfants du limon" sont-ils à l'origine du roman de Queneau ?
Je ne sais pas, à chercher !

bix_229 a écrit:A découvrir ou redécouvrir Les Filles du feu, La Pandora et Aurélia, chef d'oeuvre troublant.
Et aussi Petits Chateaux de Bohème, Les Illuminés, où il est question de Cazotte,
Cagliostro et bien d'autres.
Tout cela dans un vol. des Classiques Garnier.
Il y a de quoi faire dans les volumes de la pléiade.
Une édition en 2 volumes des années 50, puis en 3 volumes un peu plus tard (qu'y a t-il de plus au final ? j'ai l'impression que les éditions les plus anciennes sont souvent les plus dotées, pour les nouvelles on fait beaucoup de volumes pour pas grand-chose de plus il me semble, en tout cas j'ai pu remarquer ça pour d'autres auteurs).

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Message par Tristram Lun 17 Déc - 21:19

Arturo a écrit:@Tristram a écrit:
ces "enfants du limon" sont-ils à l'origine du roman de Queneau ?
Je ne sais pas, à chercher !
Je vais donc lire Les enfants du limon.

_________________
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Message par Invité Mar 18 Déc - 10:05

Deux extraits de Aurélia, où Nerval nous livre ses états d'âme, sa sensibilité, et ses révélations.

Cette pensée me conduisit à celle qu’il y avait une vaste conspiration de tous les êtres animés pour rétablir le monde dans son harmonie première, et que les communications avaient lieu par le magnétisme des astres, qu’une chaîne non interrompue liait autour de la terre les intelligences dévouées à cette communication générale, et les chants, les danses, les regards, aimantés de proche en proche, traduisaient la même aspiration. La lune était pour moi le refuge des âmes fraternelles qui, délivrées de leurs corps mortels, travaillaient plus librement à la régénération de l’univers.

Comment, me disais-je, ai-je pu exister si longtemps hors de la nature et sans m’identifier à elle ? Tout vit, tout agit, tout se correspond ; les rayons magnétiques émanés de moi-même ou des autres traversent sans obstacle la chaîne infinie des choses créées ; c’est un réseau transparent qui couvre le monde, et dont les fils déliés se communiquent de proche en proche aux planètes et aux étoiles. Captif en ce moment sur la terre, je m’entretiens avec le chœur des astres, qui prend part à mes joies et à mes douleurs !

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Message par ArenSor Mar 18 Déc - 12:41

Arturo a écrit: .
Une édition en 2 volumes des années 50, puis en 3 volumes un peu plus tard (qu'y a t-il de plus au final ? j'ai l'impression que les éditions les plus anciennes sont souvent les plus dotées, pour les nouvelles on fait beaucoup de volumes pour pas grand-chose de plus il me semble, en tout cas j'ai pu remarquer ça pour d'autres auteurs).

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Message par bix_229 Mar 18 Déc - 15:50

La phrase la plus célèbre d'Aurelia :

Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'oeuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figuresgravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : - le monde des Esprits s'ouvre pour nous.
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Message par Aventin Mar 18 Déc - 16:22

Pour un troll, je ne crois pas une seconde, suivant en cela ses amis (contemporains) à un suicide en ce qui concerne son trépas.
Trop d'éléments à charge (ou à décharge, c'est selon).
Crime crapuleux, ou plutôt de hasard ("mauvaise rencontre") paraît plus vraisemblable, suivant le peu, le très peu, mais formant mince faisceau, réuni et transmis jusqu'à notre connaissance.

D'avance désolé si cela le formate moins poète maudit selon les standards du Canon en l'espèce, ce n'est pas un propos de lèse-majesté que je tiens...
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Message par Invité Mar 18 Déc - 16:29

Merci Bix, pour l'extrait.

Aventin, j'ai lu ce que tu avais écrit à ce propos sur Parfum. N'étant pas du tout spécialiste de la question, je m'interroge tout de même en lisant la présentation du volume 3 de la Pléiade (1993) :

L'hiver 1855 verra Nerval, sans domicile fixe, errer dans Paris. Le 25 janvier, dans un état misérable et par un froid glacial, il se fait arrêter pour vagabondage. Du même jour date sa dernière lettre à sa tante Labrunie : «Ma bonne et chère tante [...] Quand j'aurai triomphé de tout, tu auras ta place dans mon Olympe. Ne m'attends pas ce soir, car la nuit sera noire et blanche.» Le 26 janvier, au matin, Gérard de Nerval est trouvé pendu, rue de la Vieille-Lanterne.

Troublante cette lettre, non ?

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Message par Tristram Mar 18 Déc - 16:32

Il me semble que Baudelaire voulait ajouter aux droits de l'homme, avec le droit de se contredire, celui de s’en aller, en référence au suicide de Nerval.

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Message par Aventin Mar 18 Déc - 16:56

Qui va jusqu'à se lier les mains et se retourner les poches en se pendant ?
Qui aurait escamoté le minimum, à tout le moins un tabouret, un escabeau, dans "la rue la plus sombre et la plus mal famée de Paris" (sic) ?
Non, ça ne tient pas debout (si j'ose écrire), tant pis pour la légende développée par quelques existentialistes-nihilistes-exégètes...
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Message par Invité Mer 19 Déc - 18:23

Je suis en train de lire le dernier essai de Pacôme Thiellement (il a aussi écrit un essai sur Nerval : L'homme électrique, que je compte bien lire, Gérard de Nerval 1171367610 ), Sycomore sickamour, et il y a un passage sur le poème qu'a mis Chamaco :

Ce sickamour, même Nerval (qui voudra initialement appeler Les Filles du feu Les Amours perdues en référence à la pièce où apparaît Rosaline) l'éprouvera pour Jenny Colon, au plus fort de sa tourmente. Et, dans El Desdichado, il se compare au héros de Shakespeare :

"Suis-je Amour ou Phoébus ? Lusignan ou Biron ?
"Mon front est rouge encor du baiser de la Reine
"J'ai rêvé dans la grotte où nage la Sirène.

Note : La pièce dont il parle est Peines d'amour perdues.

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Message par Invité Mer 19 Déc - 18:28

En relisant le poème, j'y vois la mention au prince d'Aquitaine, est-ce Guillaume d'Aquitaine ?
Autre passage de Thiellement :
Cavalcanti, Dante ou Pétrarque étaient également raides dingues de femmes qui ne leur accordaient pas même un froncement de sourcil. Même Guillaume d'Aquitaine dit de la femme dont il est amoureux, dans son poème de pur néant : "Je ne l'ai jamais vue et je l'aime."

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Message par bix_229 Mer 19 Déc - 18:39

"Je ne l'ai jamais vue et je l'aime."

Moi aussi ! Wink
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