Marie Susini
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Marie Susini
Marie Susini
(1916-1993)
(1916-1993)
ŒuvresNée à Renno en Corse, elle est élevée chez les religieuses à Vico et au lycée de Beaune, et elle a vécu à Marseille puis à Paris.
Faisant des études de philosophie à Paris - dont un travail sur l'œuvre de Bergson - et de lettres, elle a suivi entre autres cours ceux de l'École du Louvre et du Collège de France.
Elle travaille comme secrétaire particulière du ministre de l'Éducation nationale Abel Bonnard et ensuite comme bibliothécaire et conservatrice au service du catalogue de la Bibliothèque nationale de France jusqu'à sa retraite.
Son œuvre parle de la Corse, de l'enfermement de l’île et de la puissance des sentiments qui se confrontent souvent intérieurement sans pouvoir s'exprimer.
Parmi ses livres, le roman « C'était cela notre amour » est l'un des plus connus. Sa pièce de théâtre « Corvara » devrait en partie son origine à un conseil d'Albert Camus.
Marie Susini joue le rôle de la femme de Matthieu, dans « Mouchette » de Robert Bresson (1967).
Marie Susini a été membre du jury du Prix Femina de 1971 à sa mort et membre du jury France-Canada.
Marie Susini est restée célibataire; elle a été le premier amour de Jean Daniel, écrivain et journaliste français, et fondateur de l'hebdomadaire « Le Nouvel Observateur ». Selon Daniel, Camus aussi aurait été amoureux de Marie Susini.
Marie est décédée le 22 août 1993 à l'hôpital d'Orbetello pendant une visite amicale en Italie et enterrée à Vico où elle a grandi.
• "Plein soleil", roman, 1953
• "La Fiera", roman, 1954
• "Corvara", théâtre, 1955
• "Un pas d'homme, roman", 1957
• "Le Premier Regard, récit", 1960
• "Les yeux fermés, roman", 1964
• "C'était cela notre amour", roman, 1970
• "Je m'appelle Anna Livia", roman, 1979
• "La Renfermée, la Corse", essai, 1981
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Marie Susini
Je m’appelle Anna Livia
La collection « L’Imaginaire » est l’occasion pour Gallimard de recycler sous format poche son abondant fonds de commerce. Ne nous en plaignons pas car cette collection nous donne l’occasion de (re) découvrir des textes rares et de qualité.
Je n’avais jamais entendu parler jusqu’à présent de Marie Susini. Ses romans publiés dans le livre de poche et Points sont pratiquement tous épuisés et ne se trouvent plus que d’occasion. C’est dommage.
« Je m’appelle Anna Livia » est un court texte, sorte d’épure, poétique ayant pour toile de fond la Toscane. L’âpreté solaire du paysage est bien présente ainsi que la violence de certains épisodes marquants. Le sujet n’est pas andin non plus puisqu’il s’agit d’un inceste entre un père et sa fille.
Ce qui m’a frappé c’est la qualité d’écriture de l’auteure : très simple, épurée, sans fioritures, mais d’une intense poésie, teintée de nostalgie.
Un passage un peu long, plutôt que des citations, pourra vous en donner un aperçu :
Mots-clés : #lieu #psychologique
La collection « L’Imaginaire » est l’occasion pour Gallimard de recycler sous format poche son abondant fonds de commerce. Ne nous en plaignons pas car cette collection nous donne l’occasion de (re) découvrir des textes rares et de qualité.
Je n’avais jamais entendu parler jusqu’à présent de Marie Susini. Ses romans publiés dans le livre de poche et Points sont pratiquement tous épuisés et ne se trouvent plus que d’occasion. C’est dommage.
« Je m’appelle Anna Livia » est un court texte, sorte d’épure, poétique ayant pour toile de fond la Toscane. L’âpreté solaire du paysage est bien présente ainsi que la violence de certains épisodes marquants. Le sujet n’est pas andin non plus puisqu’il s’agit d’un inceste entre un père et sa fille.
Ce qui m’a frappé c’est la qualité d’écriture de l’auteure : très simple, épurée, sans fioritures, mais d’une intense poésie, teintée de nostalgie.
Un passage un peu long, plutôt que des citations, pourra vous en donner un aperçu :
Un beau livre qui me donne envie de continuer avec Marie Susini.« Oh ! Francesco nous n’en finissions pas !
Que cherchait-on tous les deux avec cette obstination forcenée, quelle angoisse à dissiper déjà ou alors quelle angoisse à faire naître dans ce qui pourtant au départ n’avait été qu’un jeu, compter les cyprès de Castelvecchio.
Immobiles l’un contre l’autre sous le soleil comme une marée montante, on les comptait. Sans jamais arriver à tomber sur le même nombre. Et plus on mettait d’acharnement, plus on s’appliquait à les compter un à un, plus ils avaient l’air de vouloir se mélanger, les derniers se mettaient à fondre chaque fois, la lumière nous brouillait la vue tant et si bien qu’on ne voyait plus qu’une masse uniforme et mouvante.
- Ils ne vont pas s’envoler, répétait Madalena, qu’est-ce que vous croyez ? Ils sont là pour longtemps, allez, ils sont là pour toujours. Comme la maison, comme le ciel, la terre. Nous on sera tous dessous alors qu’eux, là-haut, ils resteront fidèles au poste, toujours bien droits et toujours bien vivants.
Parfois quelques-uns se rassemblaient, montaient tous ensemble en une grande flamme noire. On se frottait les yeux et on recommençait tout aussitôt. Pendant un moment, ça faisait des petits ronds jaunes, rouges et bleus qui dansaient sur les cyprès.
Après on commençait à rêver. On inventait. Tout ce qu’on découvrait de de là-haut si une seule fois on pouvait y arriver à ce balcon en plein ciel. Oui, on les avait toutes, les audaces : on tendrait une corde entre deux cyprès, et on se balancerait là dans tout ce bleu si bleu, et on enverrait des coups de pied dans la lune aussi facilement que dans un ballon, et toute la nuit on se balancerait…
On se disait bien quand même qu’il faudrait attendre pour qu’ils nous laissent partir, attendre longtemps avant d’être grands. Et puis on finissait par craindre que ça ne reste impossible d’arriver jusque-là. De cela, je sais, on était sûrs, mais pour le moment, ils nous laissaient rêver. »
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