Fernand Khnopff, Le maître de l'énigme
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Fernand Khnopff, Le maître de l'énigme
Artiste rare, le maître du Symbolisme belge n’a pas bénéficié de rétrospective à Paris depuis près de quarante ans.
L’exposition rassemblera une centaine de pièces emblématiques de l’esthétique complexe de Fernand Khnopff, peintre, dessinateur, graveur, sculpteur et metteur en scène de son oeuvre. L’artiste joue avec les thèmes, du portrait aux souvenirs oniriques, du fantasme au nu, et invite à la rêverie et à une réflexion sur l’identité.
Les oeuvres majeures de Khnopff seront mises en regard avec celles d’artistes de son temps, de Gustave Moreau à Klimt et Von Stuck, permettant de le replacer dans le contexte de l’Europe fin-de-siècle.
Ainsi l’exposition tentera de recréer dans sa scénographie le parcours initiatique de sa fausse demeure qui lui servait d’atelier, comme celle du Palais Stoclet où se marièrent à Bruxelles les esthétiques belge et viennoise. Renonçant à la chronologie, elle abordera les grands thèmes qui parcourent son oeuvre, des paysages aux portraits d’enfants, des rêveries inspirés des Primitifs flamands aux souvenirs de Bruges-la-morte, des usages complexes de la photographie jusqu’aux mythologies personnelles, placées sous le signe d’Hypnos.
petitpalais.paris.fr
Le genre d'exposition qui rend curieux et qui sur un weekend a l'air de ramener du monde. Premier bon point la mise en scène de l'expo qui s'inspire de la maison de l'artiste est assez réussie et met dans de bonnes dispositions. On remarque aussi quelques ajouts, sculpture ou photos qui sont postérieures à l'artiste mais qui se fondent bien dans l'ensemble. Étrange mais ça ne fait pas tache et prolonge l'influence. La progression est thématique : paysages, portraits, phase symboliste plus marquée (et la sœur comme modèle récurrent) puis à nouveau paysages mais urbains cette fois.
J'avoue sans remords une grosse préférence pour le début et la fin de l'expo, les passages les plus emblématique avec Hypnos & co étant impressionnants mais pas autant que le reste. Le détail et la finesse sont omniprésents mais la composition peut-être du reste, des paysages, l'intensité des portraits d'adultes, ou d'enfants d'ailleurs, c'est saisissant. Tout de suite beau et ensuite magnétique et ensuite un labyrinthe de précision et de choix de composition qui laisse les yeux tout ronds.
On pourra noter aussi la diversité des techniques (huile, pastels mais aussi sculpture et photo rehaussées). Très belle expo, dépaysante (ce petit parfum de mystère et d'exotisme), homogène sans être lassante... et puis le Petit Palais c'est chouette.
Les cadres sont très soignés et appropriés eux aussi, harmonie.
Aperçu :
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Re: Fernand Khnopff, Le maître de l'énigme
merci Animal ; j'ai un faible pour les reflets dans l'eau.
mais ta prise de vue sur le tableau aux deux femmes accentue la distance !
de très beaux cadres en effet !
mais ta prise de vue sur le tableau aux deux femmes accentue la distance !
de très beaux cadres en effet !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Fernand Khnopff, Le maître de l'énigme
Après les lectures communes, voici les expositions communes !
Beau commentaire Animal sur cette exposition du Petit-Palais à laquelle je donnerai quelques impressions personnelles
Dès l’entrée est présentée une maquette de la superbe villa que s’était fait construire l’artiste à Bruxelles (détruite en 1938). Khnopff fait partie de ces esthètes du symbolisme qui vouent leur vie à la recherche d’un beau idéal, s’isolant, non parfois sans dédain, des vicissitudes du monde extérieur.
La première partie de l’exposition est consacrée aux paysages, œuvres moins connues de Khnopff, mais très intéressantes par leur atmosphère étrange et mélancolique.
Quelques portraits avec déjà cette frontalité
Est présenté ensuite l’un des grands chefs d’œuvre du peinte : le portrait en pied de sa sœur Marguerite, longue silhouette longiligne, sanglée plus qu’habillée de blanc qui lui monte jusqu’au ras-du cou ; précisions du cadrage dans la géométrie de l’arrière-plan - déjà ces bandes verticales de part et d’autre - mystérieux disque d’or en écho au visage, harmonie de teintes grises et blanches.
Il y aurait beaucoup à dire sur ce portrait, ne serait-ce que ce laçage du corsage qui évoque une longue cicatrice traversant le corps de Marguerite
Il y aurait probablement beaucoup à dire aussi sur la fascination de l’artiste pour sa sœur, muse et modèle sans cesse repris
Judicieusement, le musée expose « Rosa triplex » de Rosetti, autre artiste hanté par des types de femmes bien précis.
La référence à Rosetti est explicite dans une autre œuvre majeure de Khnopff, « I lock the door upon myself » inspirée d’un poème de la sœur de Rosetti. Cette figure de femme, frontale au regard dans le vide, entourée d’objets à valeur plus ou moins symbolique, instille un certain malaise chez le spectateur (enfin, moi !).
Et nous revenons à ces figures de femmes, souvent idéalisées, sortes de vierges inaccessibles, mais parfois perverses et dotées de pouvoirs sataniques : balancement entre le bien et le mal, la pureté et la souillure.
Face à la présentation de nus féminins de Khnopff qui hésitent entre hiératisme et statue antique, ceux de Klimt, vibrants de sensualité montrent la différence entre les deux créateurs.
Autre thématique intéressante développée dans l’exposition est celle des relations entre photos et œuvres graphiques ou peintes. Malheureusement « Memories », encore une œuvre majeure, n’a pas pu être présenté au Petit-Palais pour des raisons de conservation (donc photo wikipedia !). Ce pastel de 2 m de long était une réponse de Khnopff à la Grande Jatte de Seurat. Même si les moyens picturaux sont différents. On retrouve le même hiératisme de personnages figés dans l’action.
L’exposition montre les photographies préparatoires au dessin, avec pour modèle… Marguerite.
Terminons sur quelques "masques" de femme énigmatiques et fascinants
Depuis quelques années, le Petit-Palais nous a habitué à des expositions intéressantes et intelligemment présentées. L'idée d'évoquer l'intérieur de la maison de l'artiste, le choix d'oeuvres contemporaines ou plus récentes etc. De plus, la présence dans une salle adjacente de jeunes musiciens jouant des morceaux en rapport avec l'univers de Khnopff ajoute un réel plus.
Beau commentaire Animal sur cette exposition du Petit-Palais à laquelle je donnerai quelques impressions personnelles
Dès l’entrée est présentée une maquette de la superbe villa que s’était fait construire l’artiste à Bruxelles (détruite en 1938). Khnopff fait partie de ces esthètes du symbolisme qui vouent leur vie à la recherche d’un beau idéal, s’isolant, non parfois sans dédain, des vicissitudes du monde extérieur.
La première partie de l’exposition est consacrée aux paysages, œuvres moins connues de Khnopff, mais très intéressantes par leur atmosphère étrange et mélancolique.
Quelques portraits avec déjà cette frontalité
Est présenté ensuite l’un des grands chefs d’œuvre du peinte : le portrait en pied de sa sœur Marguerite, longue silhouette longiligne, sanglée plus qu’habillée de blanc qui lui monte jusqu’au ras-du cou ; précisions du cadrage dans la géométrie de l’arrière-plan - déjà ces bandes verticales de part et d’autre - mystérieux disque d’or en écho au visage, harmonie de teintes grises et blanches.
Il y aurait beaucoup à dire sur ce portrait, ne serait-ce que ce laçage du corsage qui évoque une longue cicatrice traversant le corps de Marguerite
Il y aurait probablement beaucoup à dire aussi sur la fascination de l’artiste pour sa sœur, muse et modèle sans cesse repris
Judicieusement, le musée expose « Rosa triplex » de Rosetti, autre artiste hanté par des types de femmes bien précis.
La référence à Rosetti est explicite dans une autre œuvre majeure de Khnopff, « I lock the door upon myself » inspirée d’un poème de la sœur de Rosetti. Cette figure de femme, frontale au regard dans le vide, entourée d’objets à valeur plus ou moins symbolique, instille un certain malaise chez le spectateur (enfin, moi !).
Et nous revenons à ces figures de femmes, souvent idéalisées, sortes de vierges inaccessibles, mais parfois perverses et dotées de pouvoirs sataniques : balancement entre le bien et le mal, la pureté et la souillure.
Face à la présentation de nus féminins de Khnopff qui hésitent entre hiératisme et statue antique, ceux de Klimt, vibrants de sensualité montrent la différence entre les deux créateurs.
Autre thématique intéressante développée dans l’exposition est celle des relations entre photos et œuvres graphiques ou peintes. Malheureusement « Memories », encore une œuvre majeure, n’a pas pu être présenté au Petit-Palais pour des raisons de conservation (donc photo wikipedia !). Ce pastel de 2 m de long était une réponse de Khnopff à la Grande Jatte de Seurat. Même si les moyens picturaux sont différents. On retrouve le même hiératisme de personnages figés dans l’action.
L’exposition montre les photographies préparatoires au dessin, avec pour modèle… Marguerite.
Terminons sur quelques "masques" de femme énigmatiques et fascinants
Depuis quelques années, le Petit-Palais nous a habitué à des expositions intéressantes et intelligemment présentées. L'idée d'évoquer l'intérieur de la maison de l'artiste, le choix d'oeuvres contemporaines ou plus récentes etc. De plus, la présence dans une salle adjacente de jeunes musiciens jouant des morceaux en rapport avec l'univers de Khnopff ajoute un réel plus.
ArenSor- Messages : 3366
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Fernand Khnopff, Le maître de l'énigme
C'est la première fois que je voyais cette façon de faire je crois.
Merci le Aren pour ces beaux compléments et ce beau commentaire !
Merci le Aren pour ces beaux compléments et ce beau commentaire !
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Re: Fernand Khnopff, Le maître de l'énigme
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Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Fernand Khnopff, Le maître de l'énigme
merci Arensor pour tout ce complément !
en fait une absence de regard pour moi !
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Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
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