LC le Dahlia Noir d'Ellroy

Arrivé à la découverte du corps je commence à mettre mes craintes d'excès et de lourdeur un peu de côté pour me laisser faire à tourner les pages. ça n'y va pas avec le dos de la pelle mécanique mais c'est efficace, et bien cracra !

J'avance (doucement) dans la lecture. J'en suis à la moitié.
A ce stade, ce que j'en dirai c'est que je n'y trouve pas forcément ce que j'en attendais car j'aurais été intéressée par l'analyse criminologique et une vraie recherche autour de cette affaire, et que ce livre pour le moment me fait plutôt penser à un livre qui traite de la police à cette époque, des rapports dans le triangle Blanchart/Bleichert,etc
A réfléchir sur ces noms quasi similaires, avec l'un surnommé feu et l'autre glace, sur ce que cela pourrait évoquer de parties de personnalité, comme un seul personnage en deux.

un peu comme le Loup des steppes inversé ? Chrysta, c'est à cela que tu penses ?

perso je n'ai pas vu cela du tout, mais je connais mieux les personnages puisque j'ai fini la lecture

à ton rythme Chrysta,

Ah oui, Feu et Glace ça sonne bien toc tout de même, inévitable mais à coté de ça je me demande ou la traduction fait peut être perdre en homogénéité.

L'avantage c'est que je n'ai pas beaucoup de souvenirs et que ça fait surtout découverte cette relecture.

Bédoulène a écrit:un peu comme le Loup des steppes  inversé  ? Chrysta, c'est à cela que tu penses ?

Qu'est ce que tu entends par loup des steppes inversé ?

deux personnes pour 1 esprit ? le loup 2 esprits dans 1 seul personnage

@ Animal : Feu et Glace c'est aussi que les boxeur ont souvent des pseudo pour "frapper" l'esprit des spectateurs, non ?

Mouais, même en surnoms de boxeurs ça fait léger je trouve.

Pour alimenter la réflexion : http://www.lessentiel.lu/fr/sports/autres_sports/story/ces-combattants-qui-ont-choisi-d-etranges-surnoms-30480271



Héhé :

- Ouais, dis-je en pensant que les mêmes termes s'appliquaient aussi à moi. C'est un fils de salaud arrogant et c'est de la merde qui lui sert de cervelle.

Merci pour ces impressions qui me rappellent des souvenirs de lecture. Un ouvrage emblématique du style d'Ellroy, tellement marqué par son propre parcours et ses tourments intimes.

On t'a reconnu, « Le Panda enragé » !

Avadoro a écrit:Un ouvrage emblématique du style d'Ellroy, tellement marqué par son propre parcours et ses tourments intimes.

C'est assez ça...

Et chaque roman du Quatuor de Los Angeles révèle sa personnalité : Le Grand Nulle Part dans sa démesure outrancière, L.A. Confidential dans sa tension psychologique souvent retenue, et enfin White Jazz dans son chaos en forme d'improvisation musicale.

je lirai dans le temps ce quator, merci Avadoro

Je viens de passer l'épisode de "l'interrogatoire" qui renvoie notre Bucky en uniforme et je me me dis que ce qui est assez surprenant dans ce bouquin c'est peut-être que l'intrigue de l'enquête du dahlia en fin de compte arrive assez tard et passe au second plan (tout comme l'éclipse de Blanchard ?) avec pour occuper le terrain des épisodes principalement violents. ça fonctionne pourtant mais avec des allures de petit mou narratif ?

Le Dahlia arrive effectivement assez tard, mais je pense que c'est le nœud du récit même avant qu'on en parle vraiment. Je n'ai pas ressenti ça comme un "mou", mais peut-être parce que pour moi l'atmosphère est n fois plus importante que l'intrigue.

@ Animal : " c'est peut-être que l'intrigue de l'enquête du dahlia en fin de compte arrive assez tard et passe au second plan "

je pense que nous voyons ici le changement d'état d'esprit de Bucky vis à vis d' E. Short. Je me souviens qu'il demandait à Rus si sa mort méritait tout ce qui était mis en oeuvre pour trouver l'assassin. Ensuite il a changé d'avis (

Spoiler:

Du coup j'essayais de voir ça avec l'enquête plus accessoire et après la nouvelle escapade mexicaine je me retrouve avec un personnage principal qui me semble un peu désincarné devant la succession de trucs plus pourris les uns que les autres. Une sorte d'effeuillage de la pourriture ce livre Dahlia noir ?

oui la pourriture de la société,à tous les niveaux et du coup cette E. Short me parait pas plus mauvaise, je dirais même meilleure que beaucoup.

Arrivée en page 380, je poursuis doucement mon chemin dans ce roman si éloigné de ce que je pensais y trouver. A ce stade, dans mon ressenti, le Dahlia noir est un titre aguicheur pour qui serait intéressé par l’affaire, mais il traite essentiellement, derrière cette affaire qui reste au second plan, des affres de chaque personnage au travers du filtre du regard de Bleichert. Finalement c’est à partir de lui, de sa psychologie, de son histoire, de ses pensées, et de ce qu’il suppose et projette sur les autres, que l’on appréhende les protagonistes.
Feu et glace (les opposés), un élément faisant fondre l’autre, transformant donc l’autre… Feu c’est Blanchard et Glace est Bleichert. Comment l’un agit sur l’autre ?
Bleichert et Blanchard, deux noms aussi qui sonnent assez proche.
Bédoulène, « deux personnes pour un esprit », je ne sais pas si je le dirais comme cela, ou peut être dans le sens que les deux personnages principaux pourraient porter chacun une émanation de la psyché de l’auteur et de ses questions, tortures.
Peut être aussi Blanchard revêt des traits du père de Ellroy alors que Bleichert le représente.
Cet auteur semble avoir beaucoup écrit sur la corruption, certainement quelque chose qui a fait partie de son histoire.
Ici, Kay/Madeleine/ Betty pourraient incarner quelque chose de sa mère.
En tous les cas, j’aurai tendance à voir dans le Dahlia un roman libératoire, cathartique, où, sous les traits de différents personnages, il revisite son histoire, ses fantasmes, angoisses, interrogations, à l’égard de sa mère et de ce qui lui est arrivé, et place les parts de lui qu’il déni (ou refoule) à différents endroits. Ce roman pourrait se percevoir comme un puzzle de la vie d’Ellroy.

Il faudra que je creuse plus son histoire après avoir terminé le livre.
Mais je lis qu’il découvre l’histoire du Dahlia dans un livre que lui avait offert son père peu avant le décès de sa mère. A mon avis son roman porte quelque chose de la fascination morbide et des fantasmes associés qu’il a pu avoir à cette lecture, et quelque chose d’un sentiment de culpabilité à l’égard de la mort de sa mère. Il est une manière, par identification et attribution de parties de lui, pour certaines reconnues, pour d’autres ignorées, d’exorciser tout ce qui tourne autour du décès de sa mère, de sa relation avec elle, avec son père, et avec lui-même.

merci Chrysta pour ton analyse, sur qu'après avoir lu la postface de l'auteur je comprends mieux ce que tu dis.

Chrysta a écrit:Bleichert. Finalement c’est à partir de lui, de sa psychologie, de son histoire, de ses pensées, et de ce qu’il suppose et projette sur les autres, que l’on appréhende les protagonistes.

T'as tout bon, Chrysta : c'est l'auteur-narrateur !