Edith Sheffer
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Edith Sheffer
Titulaire d'un doctorat d'histoire de l'Université de Californie à Berkeley, Edith Sheffer est Senior Fellow à Institute of European Studies de l'Université de Californie à Berkeley depuis 2017 où elle enseigne l'histoire contemporaine.
2018 : "Asperger’s Children: The Origins of Autism in Nazi Vienna" ; "Les enfants d'Asperger: Le dossier noir des origines de l'autisme" (2019).
source babelio
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Edith Sheffer
Les enfants d’Asperger Le dossier noir des origines de l’autisme
Asperger, connu pour avoir décrit le syndrome du même nom, est aussi réputé pour avoir été particulièrement attentif aux enfants qui en étaient atteints.
Seulement voilà, il était pédopsychiatre sous le troisième Reich, et ce livre décrit des faits qui devraient faire revoir à la baisse ce jugement positif. Asperger après avoir sélectionné ces autistes « de haut niveau », n’avait que mépris pour ceux - et d’une façon générale toutes les personnes considérés comme non récupérables pour servir les dessins du régime, ou asociaux - difficilement « adaptables », sans ce Gemut qui faisait de bons citoyens à la botte du régime. Il n’hésitait pas à adresser les moins bien lotis de sa petite sélection dans les pavillons asilaires dévolus à ce qui était nommé euthanasie mais était en fait des assassinats, aux expériences médicales, à la stérilisation… Des centaines d’enfants ont péri comme ça. Au-delà du « cas » Asperger ce livre est une description de l’effroyable milieu de la pédopsychiatrie viennoise et berlinoise à l’époque des nazis.
Le quatrième de couverture dit qu’aux Etats-Unis, le syndrome autistique a été débaptisé suite à ce livre.
Sujet primordial donc, très dur, dont l’indispensablilité-même m’a aidée à aller jusqu’au bout, alors que l’aspect universitaire, à mon avis n’a pas été suffisamment expurgé pour un public non-historien : le travail éditorial a été un peu léger et laisse un côté un peu fouillis et redondant qui en rajoute à l’aspect perturbant de la lecture.
Mots-clés : #devoirdememoire #discrimination #medecine #xxesiecle
Asperger, connu pour avoir décrit le syndrome du même nom, est aussi réputé pour avoir été particulièrement attentif aux enfants qui en étaient atteints.
Seulement voilà, il était pédopsychiatre sous le troisième Reich, et ce livre décrit des faits qui devraient faire revoir à la baisse ce jugement positif. Asperger après avoir sélectionné ces autistes « de haut niveau », n’avait que mépris pour ceux - et d’une façon générale toutes les personnes considérés comme non récupérables pour servir les dessins du régime, ou asociaux - difficilement « adaptables », sans ce Gemut qui faisait de bons citoyens à la botte du régime. Il n’hésitait pas à adresser les moins bien lotis de sa petite sélection dans les pavillons asilaires dévolus à ce qui était nommé euthanasie mais était en fait des assassinats, aux expériences médicales, à la stérilisation… Des centaines d’enfants ont péri comme ça. Au-delà du « cas » Asperger ce livre est une description de l’effroyable milieu de la pédopsychiatrie viennoise et berlinoise à l’époque des nazis.
Le quatrième de couverture dit qu’aux Etats-Unis, le syndrome autistique a été débaptisé suite à ce livre.
Sujet primordial donc, très dur, dont l’indispensablilité-même m’a aidée à aller jusqu’au bout, alors que l’aspect universitaire, à mon avis n’a pas été suffisamment expurgé pour un public non-historien : le travail éditorial a été un peu léger et laisse un côté un peu fouillis et redondant qui en rajoute à l’aspect perturbant de la lecture.
Mots-clés : #devoirdememoire #discrimination #medecine #xxesiecle
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Edith Sheffer
Merci Topocl pour cette balise sur un sujet dont on entend beaucoup parler sans réelle compétence.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
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Re: Edith Sheffer
une lecture perturbante me semble, merci topocl
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Edith Sheffer
Il me reste dans ma PAL L'hécatombe des fous (la famine dans les hôpitaux psychiatriques français sous l'occupation) de isabelle von Bueltzingsloewen, dont je repousse la lecture au fil du temps.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
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Re: Edith Sheffer
oui repousse, coup sur coup peut-être difficile à avaler.
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Edith Sheffer
topocl a écrit:Asperger, connu pour avoir décrit le syndrome du même nom, est aussi réputé pour avoir été particulièrement attentif aux enfants qui en étaient atteints.
Seulement voilà, il était pédopsychiatre sous le troisième Reich
J'ignorais cela ! C'est dingue !
Ca me semble éprouvant mais très intéressant, malgré l'aspect redondant. Je le note.
J'ai lu plusieurs ouvrages sur les expériences menées par les "médecins" nazis sur des déportés et des prisonniers. C'était souvent d'une cruauté sans nom, et sans grand intérêt médical, en plus... Du pur sadisme !
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
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Re: Edith Sheffer
Les expériences faites à Auschwitz
"Raoul Hilberg distingue deux catégories d'expériences : « Nous devons distinguer entre deux catégories d'expériences. La première comprenait la recherche médicale habituelle et normale, à cela près qu'elle s'effectuait sur des sujets non consentants – les « Versuchspersonen » (sujets d'essai), comme on les appelait. La seconde était plus complexe et d'une plus grande portée, parce qu'il s'agissait de recherches conduites ni avec des méthodes ordinaires ni à des fins ordinaires. Les deux types d'expériences relevaient d'un appareil administratif unique ».
Auschwitz I : enfants rescapés victimes des expériences
Les premières expériences concernent le traitement de maladies telles que le cancer ou le typhus. Le meurtre de milliers de déportés réduits à l'état de « cobayes », fait déjà inacceptable en tant que tel, n'a permis aucun progrès scientifique. Dans cette catégorie, il faut citer à Auschwitz des études de l'évolution du cancer de la matrice (au moins 50 victimes), des expériences sur les phlegmons (au moins 30)n, des expériences sur la malaria, des expériences avec le sérum sanguin, afin d'obtenir un titre d'agglutination plus élevé, mélange de sang des groupes A II et B III, des expériences sur l'atrophie du foie, des expériences sur les brûlures (16 victimes)…
La seconde catégorie d'expériences est le prolongement direct et logique de l'idéologie nazie : il s'agit, entre autres, d'études sur la stérilisation des peuples jugés inférieurs, à l'aide d'injections ou de radiations : expériences de stérilisation sur des femmes par injections intra utérines, expériences de stérilisation sur des hommes et des femmes au moyen de rayons X (150 expériences). Le Docteur Mengele, pour sa part, se spécialise dans la recherche sur les jumeaux, absorbé par le projet délirant de multiplier la « race germanique », ses tentatives se soldent au moins par 111 victimes ; mais il y a aussi des expériences sur la modification dans l'organisme sous l'influence de la faim, des expériences avec de la mescaline pour l’obtention des aveux, des expériences par électrochocs sur des aliénés, ainsi que la fabrication de moulages en plâtre d'organes génitaux féminins prélevés sur les déportées à des fins de comparaisons raciales…
Auschwitz I : enfants rescapés et gravement brûlés, victimes des expériences
De telles expériences dépassent tout entendement et peuvent apparaître comme des signes de folie chez ceux qui les ont pratiquées. Pourtant, leur nature et l'ensemble du projet nazi, en particulier le projet racial, montrent que ces expériences ne sont pas le fruit du hasard : tout comme l'extermination massive, elles sont inscrites au coeur même de l'idéologie nazie.
Les victimes sont choisies en fonction de critères raciaux ou physiques. Juifs, Tziganes ou malades mentaux font partie de cette catégorie de l'humanité que les nazis n'estiment pas dignes de vivre ; ils sont donc en général les premiers sélectionnés pour être « soignés » par les médecins de la mort. De plus, les expériences de stérilisation ont clairement pour but l'élimination progressive de certaines « races ». Les nazis estiment qu'il est préférable de garder sous la main une partie de la population concentrationnaire, préalablement stérilisée, afin de la mettre en esclavage le temps que durerait l'effort de guerre.
Enfin, le traitement de certaines maladies, les recherches sur la fécondité ou celles sur la survie des soldats au combat doivent bénéficier uniquement aux Allemands. On peut rapprocher ces expériences du travail forcé : il s'agit d'une manière d'éliminer une partie de la population, tout en servant directement le projet nazi, d'un point de vue « scientifique » ou économique : cela laisse apparaître le projet nazi dans toute son ampleur : une entreprise industrielle planifiée et non pas un « dérapages malheureux » faisant partie des horreurs traditionnelles de la guerre, comme certains essaient encore de le faire croire aujourd'hui."
www.encyclopedie.bseditions.fr › article › pArticleLib=Expériences+médicales...
"Raoul Hilberg distingue deux catégories d'expériences : « Nous devons distinguer entre deux catégories d'expériences. La première comprenait la recherche médicale habituelle et normale, à cela près qu'elle s'effectuait sur des sujets non consentants – les « Versuchspersonen » (sujets d'essai), comme on les appelait. La seconde était plus complexe et d'une plus grande portée, parce qu'il s'agissait de recherches conduites ni avec des méthodes ordinaires ni à des fins ordinaires. Les deux types d'expériences relevaient d'un appareil administratif unique ».
Auschwitz I : enfants rescapés victimes des expériences
Les premières expériences concernent le traitement de maladies telles que le cancer ou le typhus. Le meurtre de milliers de déportés réduits à l'état de « cobayes », fait déjà inacceptable en tant que tel, n'a permis aucun progrès scientifique. Dans cette catégorie, il faut citer à Auschwitz des études de l'évolution du cancer de la matrice (au moins 50 victimes), des expériences sur les phlegmons (au moins 30)n, des expériences sur la malaria, des expériences avec le sérum sanguin, afin d'obtenir un titre d'agglutination plus élevé, mélange de sang des groupes A II et B III, des expériences sur l'atrophie du foie, des expériences sur les brûlures (16 victimes)…
La seconde catégorie d'expériences est le prolongement direct et logique de l'idéologie nazie : il s'agit, entre autres, d'études sur la stérilisation des peuples jugés inférieurs, à l'aide d'injections ou de radiations : expériences de stérilisation sur des femmes par injections intra utérines, expériences de stérilisation sur des hommes et des femmes au moyen de rayons X (150 expériences). Le Docteur Mengele, pour sa part, se spécialise dans la recherche sur les jumeaux, absorbé par le projet délirant de multiplier la « race germanique », ses tentatives se soldent au moins par 111 victimes ; mais il y a aussi des expériences sur la modification dans l'organisme sous l'influence de la faim, des expériences avec de la mescaline pour l’obtention des aveux, des expériences par électrochocs sur des aliénés, ainsi que la fabrication de moulages en plâtre d'organes génitaux féminins prélevés sur les déportées à des fins de comparaisons raciales…
Auschwitz I : enfants rescapés et gravement brûlés, victimes des expériences
De telles expériences dépassent tout entendement et peuvent apparaître comme des signes de folie chez ceux qui les ont pratiquées. Pourtant, leur nature et l'ensemble du projet nazi, en particulier le projet racial, montrent que ces expériences ne sont pas le fruit du hasard : tout comme l'extermination massive, elles sont inscrites au coeur même de l'idéologie nazie.
Les victimes sont choisies en fonction de critères raciaux ou physiques. Juifs, Tziganes ou malades mentaux font partie de cette catégorie de l'humanité que les nazis n'estiment pas dignes de vivre ; ils sont donc en général les premiers sélectionnés pour être « soignés » par les médecins de la mort. De plus, les expériences de stérilisation ont clairement pour but l'élimination progressive de certaines « races ». Les nazis estiment qu'il est préférable de garder sous la main une partie de la population concentrationnaire, préalablement stérilisée, afin de la mettre en esclavage le temps que durerait l'effort de guerre.
Enfin, le traitement de certaines maladies, les recherches sur la fécondité ou celles sur la survie des soldats au combat doivent bénéficier uniquement aux Allemands. On peut rapprocher ces expériences du travail forcé : il s'agit d'une manière d'éliminer une partie de la population, tout en servant directement le projet nazi, d'un point de vue « scientifique » ou économique : cela laisse apparaître le projet nazi dans toute son ampleur : une entreprise industrielle planifiée et non pas un « dérapages malheureux » faisant partie des horreurs traditionnelles de la guerre, comme certains essaient encore de le faire croire aujourd'hui."
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bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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