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Daniel Leblanc-Poirier

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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 23 Sep - 0:53

Daniel Leblanc-Poirier
(Né en 1984)


Daniel Leblanc-Poirier Daniel11

Il est tellement difficile de tomber sur une notice biographique digne de ce nom pour évoquer Daniel Leblanc-Poirier. Bien sûr, il prend part à cette mouvance post-punk et nous pouvons le ressentir dans sa poésie. Il a publié la moitié de ses recueils de poésie à l’Hexagone (La lune n’aura pas de chandelier, 911 et Fuck You), l’autre moitié à l’Écrou (Gyrophares de danse parfaite, Le naufrage des colibris et Zoo). Il vient de se convertir au roman en publiant trois romans en trois années consécutives (Le cinquième corridor, Le deuil tardif des camélias et Nouveau Système). Il s’est bien rattrapé par après en poésie en publiant trois recueils à la suite en trois ans (911, Fuck You et Zoo). Il jouit d’un statut assez estimable en tant que jeune poète et il a récolté sa part de prix. Il cultive une image de marque. À l’instar d’Emmanuel Deraps, il multiplie les images du poète post-punk qu’il incarne au fil des ans.

Au niveau de sa démarche poétique, nous pouvons lire ce témoignage sur Tout à coup la poésie :

Je crois que la poésie serait quelque chose comme le symptôme d’une maladie. Ce qui constitue le cœur de ce trouble mental est l’idée bizarre, la façon non conventionnelle de voir les évènements et les objets. Si, par exemple, quelqu’un regarde un lampadaire et se dit « ce lampadaire a l’air déprimé » (parce qu’il associe la courbe du lampadaire à la posture d’une personne déprimée), cet individu vient d’avoir une pensée de poésie. C’est cette pensée qui constitue l’essence du poète. Ensuite, pour certaines personnes, vient l’écriture. Comment bien présenter en mots cette idée atypique? Le défi est de taille, car le langage est contraignant. Les idées bizarres dans la tête des poètes sont vastes et nébuleuses. Ce sont souvent des ressentis. Alors, lorsque l’on doit les verbaliser, on ne trouve pas toujours les mots justes. Toutefois, je ne crois pas que l’écriture soit essentielle à la poésie. Plusieurs poètes n’ont jamais écrit. Il y a de ces personnes qui ont la pensée poétique, toujours en train de réfléchir en métaphores. Ce sont des poètes. Avoir des pensées qui déforment la réalité serait, pour moi, le seul critère. Ainsi, je suis d’avis que la poésie et l’écriture sont deux choses séparées.

Source : http://www.toutacouplapoesie.ca/portrait-danielleblancpoirier

Bibliographie

- La lune n'aura pas de chandelier, poésie, 2007
- Gyrophares de danse parfaite, poésie, 2010
- Le naufrage des colibris, poésie, 2013
- Le cinquième corridor, roman, 2015
- Le Deuil tardif des camélias, roman, 2016
- 911, poésie, 2017
- Nouveau Système, roman, 2017
- Fuck you, poésie, 2019
- Zoo, poésie, 2019
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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 23 Sep - 0:58

Zoo (2019) :

Daniel Leblanc-Poirier Daniel11

Dans ce recueil, Daniel Leblanc-Poirier se révèle par sa poésie expéditive et concise. Il fait intervenir d’ex-toxicomanes et alcooliques. Il les nomme par leurs noms et raconte leur histoire au fil des poésies à leur intention. J’ai pris le parti d’extraire uniquement certains extraits fragmentés de ces histoires narrées.

Tout d’abord, Teddy :

il avait le corps en dentelle
d’un centre communautaire
de rire sexe des narcotiques brimés
traînait le plus petit problème de drogue
à l’est de l’ovule
mais rien ne change absolument rien
aux sections superposées des voix
qui parlaient dans son dos
où se promenait sans cesse
la jument mineure des vaginites

p. 13

Si on veut saisir le parcours poétique particulier et signalétique de Daniel Leblanc-Poirier :

Steeve était mon gourou fluorescent
aux relaxations d’eau
mon terrain de tennis dont la balle
était un jappement

en crevaisons de papier
il chantait jean leloup
et chaque clou de la mission
faisait des fautes sur ma machine à écrire

et au surplus je me souviens
qu’il injectait la coke dans un nénuphar
et grimpait aux coins des murs
les talons mous comme des gommes
à effacer
c’était intense et quand il tombait
un néon éclatait
dans l’appendice de la vesprée

p. 27

Après avoir vu deux gars, voici Kim :

KIM

elle sentait bon l’antipsychotique
et la lavande calculée jusqu’à l’os irradiant
chaque pore de sa peau était
dans la salle tremblé
comme un chèque qui rebondit sur l’avion
en chute libre

je lui avais mimé le geste honteux du revolver
pour accrocher les clefs de la gravité
méticuleusement dans ses jambes longlignes

chaque fois qu’un homme la regardait
quelque part d’elle s’émiettait
avec les adresses des maisons ligotées
elle s’écroulait et je l’aurais emmenée
sur le bus frisé du frisson
pour accrocher dans ses cheveux
les années perdues des otages

elle disait Daniel on se sauve-tu
nulle part?

[…]

Kim j’ai oublié mon passeport
dans la prison de ta disparition
promesse de descendre jusqu’à l’overtime
dans la taverne de ta beauté

p. 31, 32 et 36.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 23 Sep - 1:03

Puis, Marie-Michèle :

et puis elle m’avait dit
les problèmes d’eau dans le cartilage des salles
que les chaises sont séantes de requins
et que si elle ne faisait pas attention
ils la mangeraient drette dans la noune

on avait ri

le radium dans ses cheveux
croulait sous les dettes du collège
avec les traces d’injection sur ma rivière
elle disait ne pas avoir peur
de se piquer avec mon climat
on allait ensemble sur les planchers hydrauliques
des meetings dans le vieux
où les rechutes n’ont pas encore de barbe

p. 39

Les filles ne manquent pas (Josée) :

JOSÉE

son visage bombé
on aurait dit
un petit mont de codéine
et j’entendais dans sa voix
les pivoines ensanglantées des ruelles

elle jonglait avec les fumiers du paraître
devant une opale sur laquelle
on aurait vissé une carte de crédit

mais ses yeux représentaient
les pataugeoires uniques du baiser
la fiole briguée des suffragettes éteintes

p. 46

Puis surgit Pascal :

et un jour dans la salle
son odeur devenait diagonale
pendant que quelque chose
dans la paperasse de ses cheveux
revendiquait les lipides

dans son coin son aura
était transportée
par les trains navrés de la rechute
me ramenant alors aux hivers dans sa jambe
je savais qu’il s’était replié
derrière le fil tendu d’une tylenol pour rien
et j’ai appris quelque chose sur la maladie

p. 58

Enfin, Marie :

le lendemain sur le coin de la rue
portant à tes cheveux
la bouche honteuse de la perdition
tu te lovais sur mon siège
un cerf-volant de coyotes
je te promenais avec le dernier verre du viol
prenant ta main comme un cadenas
et ouvrant un peu la cirrhose dans ton espoir
je croyais en toi jusqu’à étendre
de la marmelade sur tes yeux
pour te faire voir dans le jour
la dimension métrique d’aimer

p. 63

Il y a une dimension de la quête de Daniel Leblanc-Poirier qui patauge dans le crade et n’en sort pas moins une poésie lumineuse. On disait d’ailleurs que le recueil de poésie précédent (Fuck you) était une déclaration d’amour (je ne l’ai toujours pas lu).

Je vous laisse sur cette photo :

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Message par Bédoulène Lun 23 Sep - 8:03

ça laisse pas indifférent !

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène
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Message par Jack-Hubert Bukowski Jeu 13 Jan - 10:26

Mélasse :

Daniel Leblanc-Poirier est une de mes destinations obligées en poésie. Il y a parfois des recueils, des oeuvres, que je pourrais trouver disparates. Il n'en reste pas moins qu'on parle d'un gars qui travaille beaucoup.

Tout d'abord, je vais vous inviter à voir cet extrait :

alors je chevauchais
le vélocipède du surréalisme
je fouettais une omelette
en pédalant jusqu'à
lorca

et au bout de cette agonie lumineuse
je me suis réveillé
tu te noyais dans la piscine de la réalité
et faisais des pactes avec la dictature du prolétariat

tu as dit
je vais me révolter
casser les essieux d'une clef à molette
dans le bol
mâcher de l'huile de coude durcie
mais comme les pluies
s'effondrent parfois
jusqu'aux nuages de cithares
permets-moi de m'allonger
dans les souliers de ta musique


// p. 48

On parle d'un gars qui applique une esthétique de la poésie. Là-dessus, nous pouvons voir le florilège de ses métaphores :

nous avions cassé les os crayeux
de la domination
ouvert les cages des câlins
sous un coucher de soleil congestionné

je suis stupéfait d'être encore
dans l'enclave émeraude de ton poignet
arraisonne le bateau timide de mon fou rire
j'ai jamais rejoint la vanille de ton bras
et les brisures de mamelons
c'était une façon de se tenir carré
comme des cannes de pepsi mais toi
tes cheveux mauves me rappelaient
des fleurs grasses d'ecchymoses volées

// p. 27

Je me promène allègrement entre les extraits. Daniel Leblanc-Poirier prend le courant de la poésie post-punk pour glisser sur plusieurs thèmes avec en filigrane l'imagerie derrière le Printemps érable que les étudiants québécois ont connu en 2012 :

nos frottements ont mis le feu
aux barbes des non-voyants
et toi tu restais figée
presque aussi glissante que de la valvoline
et le ciel s'est refermé sur nous
et entre les vallées nous sommes devenus
prisonniers d'un tupperware
les érables signaient des chèques
dans la nuque des policiers

je ne trouvais plus mon chemin
car l'usine à fou rire
dans tes pommettes avait explosé
moi je devenais une dalle
et quelqu'un cognait de ses talons
pour danser

// p. 38

On parle ici d'une image poétique québécoise très courante post-2010 :

où es-tu ce soir
la tension entre nous deux
saigne des passages de viaducs
qui divisent malgré eux
des aurores juteuses

et moi
je suis le béton vibratoire
qui rompt en traçant
dans le ciel
les mouvements soyeux
de ta clavicule en flammes

// p. 54

Il y a un crescendo sous fond d'ambiance du Printemps érable :

ce jour-là les arbres étaient mous
comme des guimauves
et les hommes qui les abattaient
étaient en chute libre
mais c'était rien contre toi
car les falaises jappaient encore
derrière la gueule cassée
de gatineau
et les fils pluviaux qui nous ligotaient
s'immisçaient entre les rideaux
qui n'étaient coupables de rien
je te le jure
sauf si je vois les escaliers de la bruine
dans ta chevelure
je deviens une sauce tellement luxueuse
que
je pointe l'horizon où se lève une étoile
je trouve qu'elle ressemble
à Patrick Roy

// p. 21

Quand même, on perçoit la quête amoureuse :

ta voix était un toast
et quand tu m'écrivais une petite note
je logeais nu
dans l'écureuil évanoui de ta beauté
car la veille la nuit s'était lavée dans ta cour
mais un frigidaire y dormait
avec des roulements de caisse claires
depuis qu'un pas absorbait la lumière dans ton sommeil
je me suis cassé le pied
dans le tournoi perdu de ton enfance
en marchant sur les lueurs perpendiculaires
de ta chambre à l'étage
quand tu dormais avec tes clavicules de vaseline
tournoiement d'inconfort
pour les archanges qui te touchaient

// p. 13
Jack-Hubert Bukowski
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