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Fabrizio Puccinelli

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Message par animal Mer 14 Déc - 22:13

Fabrizio Puccinelli (1936 - 1982)

Fabrizio Puccinelli 30923910

Fils unique d’une famille d’intellectuels et de propriétaires, Fabrizio Puccinelli est né à Lucca en 1936. Malgré son penchant pour la littérature, et sous la pression semble-t-il de son père, il entreprend des études de droit. Il est durant cette période interné en hôpital psychiatrique. Après ses études, il occupe différents postes d’enseignant suppléant. Ce sera la matière de Il supplente, publié en 1972. Entre 1965 et 1972, il publie plusieurs nouvelles dans différents journaux : Il Mondo, La Fiera Letteraria, Nuovi argomenti. Ces textes attirent l’attention d’écrivains comme Pier Paolo Pasolini, Mario Tobino, Manlio Cancogni. Il occupe par la suite un poste à la RAI en tant que scénariste et directeur de production. Il meurt en 1982, d’une crise d’asthme dans les rues de Florence. En 2006 paraît Gabbie, chez Marsilia, accompagné d’un texte, qui est son pendant, de Giovanni Mariotti. Il y fait état de son expérience d’internement. En 2012, Il supplente est réedité chez et al. edizioni et enfin, en 2014, les éditions Aracne publie un recueil de ses nouvelles, Il ritorno.

source : heros-limite.com (<- inestimable éditeur auquel je dois de plus en plus d'excellentes lectures)

que je récupère absolument ce souvenir de lecture !

Bibliographie en français :

Le suppléant : Un hiver à Villalta

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Message par animal Mer 14 Déc - 22:15

Fabrizio Puccinelli _tutab10

Le suppléant

Un texte qui se révèle au moins partiellement biographique. Avec une centaine de pages c'est assez court. Et coupé en deux remplacements ça voisine avec une matière de nouvelles. Quoiqu'on soit plus proche du journal. Ce qui n'empêche pas la chronique de suivre une continuité avec précautions. Avec l'air de très peu, une forme simple toute en retenue, qui joue des effleurements et des retours plutôt que du développement, l'auteur touche une totalité très cohérente de thèmes. A l'exemple de la création littéraire très présente avec une volonté de s'attacher à l'essence du récit, pourtant c'est aussi de littérature qu'il parle. L'enfance des écoliers qui le ramène à la sienne, la lecture, sa société italienne en changement, en recomposition. Et donc les histoires personnelles et l'histoire tout court.

C'est simple, beau, très bien écrit et amené (et c'est passé sans problème derrière Chappaz, pas évident). Une mélancolie touchante sans excès, un certain sens de la solitude et du besoin de contact, de contemplation, d'imaginaire. Sans discours. Remarquable petit livre. Parfaitement remarquable et marquant. Ca réveille bien des choses enfouies dans le fond des pensées.

Sous la forme d’un journal, cette recension autobiographique s’étend sur près de trois années durant lesquelles le narrateur a enseigné en tant que suppléant dans des établissements scolaires des Apennins.

Du village reculé de Villalta dont l’univers traditionnel s’effrite inexorablement, à Bagni di Lucca, une bourgade au pied des collines où là encore la vie semble vouée à l’abandon, le narrateur s’interroge, doute, écrit. Les histoires et les contes lui font pressentir la possibilité d’une libération et, face au doute et à l’effondrement qui guette, la fondation possible d’un îlot de stabilité dans le monde. Autour de ce noyau de réflexion gravitent les enfants, les gens, les choses, la nature qu’on effleure et, entre les traits qui les esquissent s’ajoure, en silence, le fond commun des histoires.

Extrait :

Mal à l'aise, je vague par la ville comme si j'avais peur de rencontrer quelqu'un. Je suis sur mes gardes ; à l'approche d'une silhouette, je me détourne. Quand je rentre à la maison après ma promenade une horde de fantômes me talonne et, aussitôt que j'entre dans ma chambre, un autre moi entre et s'assied, comme un secret qui ne peut s'oublier. Je revois les montagnes et Villalta, l'existence que je mène là-haut et la neige, et il me semble qu'il est aussi difficile de se libérer de l'enfance que de l'oppression.

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Message par bix_229 Dim 18 Aoû - 19:38

Fabrizio Puccinelli _tutab10

Fabrizio Puccinelli : Le Suppléant. Un hiver à Villalta. - Héros Limite/Tuta Blu.

Instituteur intérimaire dans deux villages, l'auteur se souvient et raconte.
Villalta, le premier,  est un village de montagne qui donne l'impression d'être anachronique. Une société fruste, parfois brutale, enfermée dans le silence et la solitude. Où les notables jouent un role effacé et parodique, où l'excentricité remplace le pouvoir de jadis.
Tels le député local Romiti.

Les rites électoraux sont intégrés à des rites plus anciens, avant tout religieux, si ce n'est magiques.
Les sympathies dont le le député local jouit sont empreintes de superstitions et du conflit dramatique entre cette société archaïques et le monde d'aujourd'hui.
Les petites vieilles parlent de lui comme un bon fiston, malheureux parce que séparé de sa femme.


Ou encore les riches ruinés ou ce prêtre vagant.
Dans ce milieu fermé la rancœur et les frustrations font éclater les masques et les apparences.
Sensible à l'enfance, à ses élèves, il observe avec sympathie et note finement. Tel ce collègue peintre qui s'enferme chez lui et peint toujours le même thème, une colline, une maison, un arbre. Ou cette femme dont le visage s'illumine un instant avant de laisser apparaître la désillusion.

En enseignant à Villalta l'année dernière je retrouvai quelque chose que j'avais perdu, qui depuis longtemps avait cessé de m’intéresser et qui pourtant plongeait ses racines au plus profond de  mon enfance...
Je redécouvris le monde des histoires et des contes.


Tout ou presque change avec le deuxième village.
Bagna di Lucca est une ville thermale fantôme qui vit de ses nostalgies.
Coupés de leur milieu rural, les habitants sont devenus des bourgeois désemparés et plutôt froids
Mais les enfants, ah les enfants ! Il se fait une joie de leur lire contes et romans, partageant avec eux sa nostalgie de l'enfance, encore proche. Ou en faisant venir un vieux conteur leur parler du passé.

Et malgré les incertitudes de l'avenir. L'année prochaine, il le sait, il n'aura pas de poste.

Tout passe et rien ne se passe.
Sauf le temps et il envie ce bonheur improvisé et immédiat des ramasseurs de champignons qu'il voit de sa fenêtre.

Tel est ce récit.
Plus la réalité est banale et défaillante et plus l'auteur doit y pallier.
Et il y parvient.
Je ne peux mieux exprimer ce que j'ai ressenti que donner la parole au traducteur.

Le récit que l'on découvre au fil de ces pages est sobre, fait de matières les plus simples, filées et tissées à même les choses, à même les gens simples au point que l'étoffe obtenue, avec un peu de recul, paraît receler plus de jours que de matière.
C'est que cette apparence de vacuité masque une profondeur qui par renversement, donne un relief incisif à tout ce que l'auteur effleure.
Si le mérite générique de toute écriture littéraire est de suggérer au lecteur ce qui n'est qu'absence, le mérite propre à la prose de Puccinelli est de faire du silence, un écho de l'ombre, une source de lumiière.

Marc Lagaz, traducteur.

Merci à lui et à l'éditeur Héros-Limite (et, bien sur à l'Animal qui me l'a fait connaître.)
J'ajouterai enfin que L'Italie est pleine de conteurs discrets mais géniaux de cette veine et je vous conseille encore Maison des autres.


Dernière édition par bix_229 le Sam 24 Aoû - 19:02, édité 1 fois
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Message par bix_229 Dim 18 Aoû - 19:49

Silvio D’Arzo
Maison des autres suivi de Un moment comme ça
Verdier/poche. Récit. Traduit par Philippe Renard et Bernard Simeone. Préface d’Attilio Bertolucci 96 p
(collection d'origine : Terra d’altri)

« Ici, en haut, il y a une certaine heure. Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d’une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue : dans le soir naissant, les femmes soufflent sur leurs réchauds, penchées au-dessus des marches, et le bruit des clarines de bronze arrive clairement jusqu’au village. Les chèvres se montrent aux portes avec des yeux qui semblent les nôtres. »
La douloureuse question qu’une vieille femme, après lapsus et repentirs, pose au prêtre d’un village perdu de l’Apennin, dans Maison des autres, ne peut avoir de réponse : l’univers minéral et désolé où elle affleure, par la magie d’une prose obsédante, se referme sur le drame indicible qui fait le livre.
Tout aussi dense est la rencontre d’un instituteur et d’un « veuf de village », à la fin de la guerre, dans Un moment comme ça, qui débusque le tragique sous l’apparence du sordide, et qu’on peut lire comme un double de Maison des autres dont la figure féminine serait absente.
Mais le vrai mystère de ces deux récits tient à la façon dont leur rythme même transforme en consolation la profondeur du deuil.
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