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Nathalie Sarraute

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Message par églantine Mer 19 Avr - 13:46

Nathalie Sarraute
(1900-1999)


Nathalie Sarraute  Sarrau11

Nathalie Sarraute, née en Russie, le 5 juillet 1900, morte à Paris le 19 octobre 1999, est une femme de lettres française d'origine russe. Elle est l'une des figures du Nouveau Roman à partir de la publication de L’Ère du soupçon en 1956.

1900 Naissance le 18 juillet, près de Moscou, de Nathalie Tcherniak dans une famille d'intellectuels juifs. Son père, Ilyanova Tcherniak, est docteur ès sciences et ingénieur en chimie. Sa mère, Pauline Chatounovski, publiera nouvelles et romans sous le pseudonyme de Vichrovski.
1902 Ses parents divorcent. La jeune Nathalie quitte la Russie et vient à Paris avec sa mère. Elles habitent dans le cinquième arrondissement. Elle va à l'école maternelle de la rue des Feuillantines. Le français est sa première langue. Chaque année, elle passe un mois avec son père, soit en Russie, soit en Suisse.
1906 Nathalie Tcherniak retourne en Russie, à Saint-Pétersbourg , avec sa mère et son nouveau mari Nicolas Boretzki.
1907 Ilyanova Tcherniak, le père de Nathalie , qui connaît des difficultés en Russie, du fait de ses opinions politiques, est contraint d'émigrer à Paris . Il va créer une usine de matières colorantes à Vanves.
1909 En février Nathalie quitte Saint-Pétersbourg pour venir à Paris chez son père, qui entre-temps s'est remarié. Elle restera à Paris chez son père et ne retournera plus en Russie avant 1936. En Août naissance d'Hélène, la demi-sœur de Nathalie.
1912 Etudes primaires à l'école communale de la rue d'Alésia. En octobre, elle rentre au lycée Fénélon et y restera jusqu'en 1918
1917 Naissance de Jacques, son demi-frère.
1918 Elle s'inscrit en Anglais à la Sorbonne.
1920 Elle obtient sa licence d'anglais à la Sorbonne. Elle s'inscrit à Oxford, en histoire de l'art.
1921 Elle part six mois à Berlin, suivre les cours de sociologie de Werner Sombart
1922 Elle s'inscrit en Licence à la faculté de droit à Paris. Elle y rencontre Raymond Sarraute juriste comme elle. Il partage ses goûts littéraires et artistiques et l'encourage à écrire.
1925 Elle épouse Raymond Sarraute. Le couple aura trois filles : Claude, Anne et Dominique. Elle travaille un an et s'inscrit en doctorat de droit
1926 Elle s'inscrit au Barreau de Paris comme stagiaire. Elle sera avocate jusqu'en 1941 et plaidera plusieurs Affaires en correctionnelle  


Bibliographie

Romans
Portrait d'un inconnu, 1948, :
Martereau, 18 mai 1953 : Page 1
Le Planétarium, 13 mai 1959
Les Fruits d'or, 1963, Gallimard. Prix international de littérature. : Page 1
Entre la vie et la mort, 22 avril 1968
Vous les entendez ?, 17 janvier 1972
"disent les imbéciles", 2 septembre 1976,
L'Usage de la parole, 8 février 1980
Enfance, 1983 : Page 1
Tu ne t'aimes pas, 1989
Ici, 1995 : Page 1
Œuvres complètes, 1996, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade)
Ouvrez, 1997,

Théâtre

Le Silence, suivi de Le Mensonge, 1967
Isma ou Ce qui s'appelle rien suivi de
Le silence
Le mensonge, 1970 : Page 2
Théâtre contenant Elle est là (E.O.), Le Mensonge, Isma, C'est beau, 18 octobre 1978
Pour un oui ou pour un non, 25 janvier 1982

Essais
Tropismes, 1939
L'Ère du soupçon, 1956
Tropismes, 1957, Éditions de Minuit (suppression d'un texte de l'édition originale de 1939 et ajout de six nouveaux)
Paul Valéry et l'enfant d'éléphant, suivi de Flaubert le précurseur, 1986

màj le 16/01/2018


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Message par églantine Mer 19 Avr - 14:09

  Les fruits d'or

Nathalie Sarraute  Les_fr10


C'est à petit pas , la tête rentrée , et le doigt hésitant sur chaque touche de clavier que je vais bafouiller trois petits mots invisibles (enfin presque )  et par là même inattaquables (là encore presque ) sur cette oeuvre.

Pourquoi donc tant de retranchements me direz-vous ....moi si exaltée ,dithyrambique , positionnée , affirmative , résolue , prête à clamer haut et fort mes convictions comme parole d'Evangile et vérité absolue , ma vérité , la seule et unique : Lisez c'est le chef-d'oeuvre , l'incontournable , l'essentiel , ou fuyez, pipo , vide et plat , un pur produit dont on rira la saison prochaine .
J'en passe et des meilleurs .

Les fruits d'or alors ?
Une technique narrative habilement choisie , cette fameuse mise en abyme permettant de jouer par exemple sur le registre comique notamment dans le théâtre (Pirandello par exemple ) , permet aux lecteurs de s'appuyer sur un des rares éléments fixes , connus , tangibles pour aborder ce texte .
Et là il s'agit d'un roman Les fruits d'or , qui fait sensation dès sa sortie , dans le milieu des initiés , des spécialistes , cette petite confrérie d'élus , les écrivaillons du moment à la plume facile et le verbe haut , l'air naturellement inspiré , les grands commanditaires du grand verdict qui établit les classifications .
Alors oui , il y a de quoi glousser . Et je ne m'en suis pas privée sur ces 150 pages .Et de là , mon entrée en matière dans ce commentaire , furtive . J'entrevois l'oeil sarcastique de Nathalie Sarraute lisant ma prétention . Profile-bas donc j'avance , c'est plus commode .

Petite facétie de ma part , histoire de ....vous amuser et surtout de trouver ma plume . (pas facile après cette lecture ) .
Certes le thème se prête à l'ironie facile .
Mais avec l'oeil sous-terrain de Nathalie Sarraute , ça devient non seulement jubilatoire , mais aussi et surtout un excellent support pour décortiquer les petits liens unissant les uns aux autres , en deçà de la conscience , dans un flux de conscience/inconscient , ces soubresauts de l'être agissant comme une sorte de tectonique des plaques et qui font apparaitre un paysage sociétal , des vibrations , des "ô temps suspends ton vol" et de voir l'invisible.
C'est par l'abolition de toutes formes de psychologie , d'idées , de présupposés , de constructions mentales que Sarraute , dans une forme novatrice rattrapée très rapidement par ce grand courant littéraire que sera le nouveau roman , parvient à écrire sur ces mouvements , ces fameux Tropismes ( il faut que je le lise ) dont elle s'empare pour en faire la base , l'essence , le matériau de son art .
Et donc qu'en ressort-il pour le lecteur lambda ?
Une expérience . Une sensation de déjà perçu dans une autre forme d'adhésion au réel . Une envie de recommencer surtout .
Comme de bien entendu il serait impossible de lire sans établir même (et surtout ) à son insu des parallèles , et parce que ça rassure , ça confirme , ça solidifie l'ancrage de ses perceptions , j'ai perçu une similitude avec Virginia Woolf . Mais plus encore avec ce que j'ai lu de Proust (Aussi étrange que cela puisse paraitre ,l'écriture minimale jusqu'à la page blanche, déconstruite , effacée rejoint l'écriture Proustienne dans cette capacité de transcendance dans l'apparente trivialité du réel ) .
Alors oui c'est délicieusement corrosif dans cette attaque au vitriol de notre prétention , et je n'ai pas boudé mon plaisir .
Mais , surtout , surtout ( et je ne saurais que trop insister ) j'ai palpité dans ces prémisses de la découverte d'une auteure qui n'a pas fini de me réjouir , de me surprendre , de me propulser dans l'inconnu pour peut-être mieux me rencontrer , étale , surface plane , sans limite , et dans l'unité .
J'avais lu son "autobiographie" ,( "autofiction" ?) , il y a bien 20 ans et déjà ce "je ne sais quoi " m'avait ébranlée ...L'aventure continue donc .



mots-clés :  #nouveauroman


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Message par shanidar Mer 19 Avr - 16:59

Quel plaisir de te lire, églantine ! et de retrouver sous ta plume cette jubilation que j'avais également éprouvée à la lecture des Fruits d'or, oeuvre inclassable, s'ouvrant comme un fruit mûr tout en échappant au regard, cherchant la dissection là où le silence devrait suffire, donnant du lecteur et du critique une vision dont la finesse et le ridicule s'accole au pur plaisir d'avoir entre les mains une oeuvre indépassable, drôle et acerbe !

Tu me donnes envie de le relire... Merci.
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Message par églantine Mer 19 Avr - 17:13

Shanidar , si tu pouvais rapatrier ton com . Nathalie Sarraute  1183390247
Comme dans mes habitudes lorsque je suis sous le choc de la grande rencontre littéraire (ou artistique de manière générale ) , j'ai vécu cette lecture dans une sorte d'ivresse de l'instant . C'est rare . Je dois cette sensation à Duras  , à Woolf , à Bosco et à Kertesz (autrement  ) .
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Message par Tristram Mer 19 Avr - 17:45

Les Fruits d'or met des lecteurs en scène, avec un livre au centre du roman.
Un aspect des Fruits d'or, c'est le besoin, et l'impossibilité de saisir dans une œuvre d'art une valeur absolue. Elle se dérobe constamment. Un seul lecteur arrive, à la fin, à établir avec l'œuvre un contact direct, à préserver la fraîcheur intacte de sa sensation, comme s'efforce de le faire un écrivain.
Propos recueillis par Geneviève Serreau, Quinzaine Littéraire n. 50, 1.5.68
« Tout est dit. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. »
Nathalie Sarraute, « Les fruits d’or »

Nathalie Sarraute est également intéressante dans ses commentaires sur les écrivains et la littérature  (De Dostoïevsky à Kafka en passant par Faulkner).
L' ère du soupçon, c'est l'autre nom du doute salutaire chez le lecteur.
« Mais comment le romancier pourrait-il se délivrer du sujet, des personnages et de l'intrigue ? Il aurait beau essayer d'isoler la parcelle de réalité qu'il s'efforcerait de saisir, il ne pourrait qu'elle ne soit intégrée à quelque personnage, dont l'œil bien accommodé du lecteur reconstituerait aussitôt la silhouette familière aux lignes simples et précises, que ce lecteur affublerait d'un "caractère", où il retrouverait un de ces types dont il est si friand, et qui accaparerait par son aspect bien ressemblant et "vivant" la plus grande part de son attention. Et ce personnage, quelque effort que le romancier puisse faire pour le maintenir immobile, afin de pouvoir concentrer son attention et celle du lecteur sur des frémissements à peine perceptibles où il lui semble que s'est réfugiée aujourd'hui la réalité qu'il voudrait dévoiler, il n'arrivera pas à l'empêcher de bouger juste assez pour que le lecteur trouve dans ses mouvements une intrigue dont il suivra avec curiosité les péripéties et attendra avec impatience le dénouement.
Ainsi, quoi que fasse le romancier, il ne peut détourner l'attention du lecteur de toutes sortes d'objets que n'importe quel roman, qu'il soit bon ou mauvais, peut lui fournir. »
Nathalie Sarraute, « Ce que voient les oiseaux »

Tout cela fait partie des interrogations menées par le nouveau roman.

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par animal Mer 19 Avr - 21:25

Gros pied aussi pour le panda, récup' de l'excellent souvenir !

Le genre de lecture qui donne l'impression de se réinventer des réflexes, ça décrasse, ça fait du bien Nathalie Sarraute  1798711736 !!!

Nathalie Sarraute  Les_fr10

Les Fruits d'or

Je commence par un tout grand merci à shanidar qui m'a mis le livre dans les pattes ! Ensuite je tente de dire pourquoi c'est à la fois inutile et indispensable de parler de cette lecture.

Pour résumer la trame narrative je dirai vie et non mort d'une œuvre vue à travers un moment, qui suit sa naissance . Wahou, tout de suite, ça cale... sauf que ce qu'on lit est à tendance jubilatoire. Des vagues de ressassement et d'échecs autour d'une sensibilité piquée, piquée dans l'intime, dans une vérité. Les personnages sont mouvants qui parlent de ces Fruits d'or, et de son auteur parfois. Pour ou contre, timides, vainqueurs et vaincus la galerie est complète et on se retrouve plusieurs fois d'un côté et de l'autre de la barrière, et on est bien piégé parfois de passer de l'un à l'autre !

Tout ça pour dire que c'est une lecture non dénuée d'humour et qui prend plaisir à souffler sur les châteaux de cartes... tout en suscitant beaucoup d'empathie. C'est que le dilemme du rapport à l'œuvre est multiple. Il y a l'œuvre et il y a la communauté, la conformité nécessaire... et l'affrontement, mise en jeu et mise à l'écart. Le milieu présent et écorné est un milieu intellectuel qui parle d'art et de littérature... avec d'évidentes facultés à la bassesse et la facilité. Et des arguments "massue".

C'est là que petit à petit, l'air de rien, de situations ressemblantes en situations ressemblantes, le petit livre bizarre interroge ses aînés par des évocations succinctes de situations justes, vraies, ou non, sensibles... et les constructions... bref la littérature vue à travers un nouveau roman (hors narration classique et personnages établis, pour faire simplifié) qui parle de lui-même. Mais loin de rester dans une facilité mécanique de raillerie et de nouveauté gratuite, on voit se dessiner toujours plus l'effort entier qui tend le livre. Entre la lecture agréable et l'observation minutieuse de l'œuvre, indissociable de sa réception et de son aura, l'observation du lecteur et de sa liberté aussi, l'autre côté du miroir, entre ces facettes se déroule les méandres attentifs du livre. Pas épargné sous son appellation générique mais aussi auquel hommage est rendu, sinon pourquoi cette lecture serait-elle si agréable et pourquoi resteraient les reflets de la narration, même lointaine ? De là aussi vient le plaisir de la lecture, il y a une substance en plus de la réflexion.

Et le portrait du livre et de la lecture, au sens large, est très intéressant et complémentaire donc de cette expérience de lecture : modernité, enjeux de principes, moraux si on veut. Cet exercice de style est aussi un manifeste. Et qui se regarde lui même et sans beaucoup de fanfreluches. Toute cette intensité, très juste est dédramatisée par le temps de l'observation et l'amour (de la littérature ?) mis dans cette intensité (et le contraste de ce livre avec une image plus traditionnelle).

C'est un peu le même plaisir qu'avec Les eaux étroites de Julien Gracq, le fond et la forme très liés pour le même sens. Et c'est un assemblage diablement précis !

En plus après ça on est prêt pour toutes les discussions les plus tordues de vénération ou détestation d'une œuvre. Yeah !

Ce qui reste pour les idées c'est le rapport à la norme, une norme changeante et donc à la communauté (c'est critique et horrifié mais sans être si définitif) et la relativisation de la forme, ce qui est chouette pour un texte travaillé comme ça de ne pas borner, loin de là, au sens inverse. Et le placer dans le temps donne un point de repère dans le paysage (et la qualité) : publication en 1963.

Extraits plus tard. Ad-mi-ra-ble ce bol d'air frais. Lecture enrichissante à laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir.

(et j'insiste, la lecture est du genre limpide en fin de compte).

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Message par églantine Mer 19 Avr - 21:50

animal a écrit:Gros pied aussi pour le panda, récup' de l'excellent souvenir !

Le genre de lecture qui donne l'impression de se réinventer des réflexes, ça décrasse, ça fait du bien Nathalie Sarraute  1798711736 !!!



Les Fruits d'or
Ad-mi-ra-ble ce bol d'air frais. Lecture enrichissante à laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir.

(et j'insiste, la lecture est du genre limpide en fin de compte).
Super ton rapatriement !
Oui oui il fait le dire : ne pas se laisser intimider par cette étiquette "nouveau roman" qui refroidit ou rend craintif ou suspicieux ou encore d'autres réserves ....Et en plus il est carrément drôle ce bouquin , au-delà de ses qualités littéraires époustouflantes .
On se sent un peu c... aussi dans nos positions qui apparaissent au grand jour à travers ce regard désillusionné : constipées , hâbleuses , chicanières , moutonnières , snobinardes ...

Vanité pathétique .Autant en rire , elle avait bien raison .
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Message par Tristram Mer 19 Avr - 23:40

Compris, églantine et panda, faut que je le relise (j'ai pas vu tout ça dans Les fruits d'or, moi ???)

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Message par Gnocchi Jeu 20 Avr - 0:10

Ah, ça a l'air très intéressant. Je n'ai lu que Enfance.

Merci Eglantine, Tristram, et Animal !
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Message par églantine Sam 29 Avr - 16:56

Cet après-midi j'ai écouté :
Nathalie Sarraute  Le silence

Première partie : la pièce "Le silence " avec une petite introduction.
Puis un de ces écrits très intéressant pour qui chercherait la petite clé pour rentrer dans son oeuvre , romans ou théâtre.
Enfin des extraits de Les fruits d or et d Enfance ( ce dernier lu par Emmanuelle Riva.

Il faut avoir du temps , l émission est longue mais géniale.

Shanidar , toi qui disais avoir envie de connaitre son théâtre ....
Et puis peut-être que ça peut intéresser Nadine aussi ...et d'autres ! Very Happy
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Message par Bédoulène Sam 29 Avr - 18:20

le temps, c'est ce qui me manque le plus !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par églantine Mar 2 Mai - 16:29

Martereau

Nathalie Sarraute  Marter10


Lire Nathalie Sarraute c'est accepter de plonger dans une sorte d'abîme , c'est sortir de soi et de toutes formes d'individuation pour accéder à cet état du "juste avant" qui détermine notre relation au monde , ce moment où tout se joue avant l'acte ou la parole tissés par les fils invisibles qui relient l'ensemble du monde vivant , monde-racine de ces fameux Tropismes .

Martereau
, un de ces premiers "romans" ( qui a dit plutôt anti-roman , Sartre il me semble ...) est une déclinaison de ces tropismes .

Alors parce qu'il faut bien quelque matériau , c'est à travers un jeune garçon maladif en pension chez son oncle et tante ,  doté d'une hypersensibilité que d'aucun qualifieront de pathologique , lui prêtant névroses en tous genres , que Nathalie Sarraute déploie toutes cette structure souterraine , cette "sous-conversation" , qui régit , alimente , les relations humaines ,
Oeuvre intimiste alors et dans la fibre psychologique ?
Non , et peut-être même pourrait-on parler d'anti-psychologie .

C'est un long monologue intérieur , fait de soubresauts , de changements de conscience , de perceptions fugaces , l'une chassant l'autre , ou plusieurs dans la simultanéité que se construit ce "roman" .

C'est une sorte de dépliement de la pensée du jeune narrateur qui s'imbibe de tous les états de préconscience des gens qui l'entourent . Position assurément inconfortable mais riche de toute l'essence des choses et des actes en devenir .

Si Nathalie Sarraute s'attache à planter ses "personnages " ou "anti -personnages" ( ce qui me semble plus juste ) dans  un milieu bourgeois avec tous les codes et les travers présupposés , on devine aisément que c'est parce que celui-ci lui est plus familier( et par là-même plus facile à utiliser ). Mais il est certain qu'il ne faudrait en aucun cas y voir une simple satire sociétale , le décor et milieu n'étant en aucune manière la matière de son oeuvre . Ni même l'histoire qui n'est qu'un prétexte .

Encore une fois j'ai adoré l'expérience de lecture que nous propose cette auteure inclassable ( bien que classée dans le mouvement "nouveau roman " mais qui regroupe des écrivains si différents que je n'adhère pas à cette étiquette facile  ) , je me sens incroyablement libre dans ces eaux à fleur de surface , dans le pressenti .
La fracture littéraire que constitue cette approche ,qui fut novatrice et reste unique encore aujourd'hui , place cette écrivaine parmi les plus grands génies littéraires .


mots-clés :  #nouveauroman


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Message par ArenSor Mar 2 Mai - 19:17

Merci Eglantine, tu me donnes envie de me replonger dans Sarraute. J'en garde de très bon souvenirs, mais déjà anciens. Une relecture s'impose ! Smile
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Message par shanidar Sam 6 Mai - 15:56

Martereau

Nathalie Sarraute  Marter10 (couverture : Alfred Manessier)

Une fois passé le premier éblouissement et que l'on commence à comprendre d'où parle le personnage dont la voix intime nous parvient, survient le deuxième éblouissement, celui qui consiste à découvrir, le regard écarquillé, la manière parfaitement tranquille avec laquelle Nathalie Sarraute parvient à transformer les mots en quelque chose d'éminemment vivant. C'est assez incroyable cette capacité à donner corps, à donner chair, sens et sensations aux mots, à faire qu'ils s'incarnent dans des objets de la vie quotidienne, dans des rêves, des espoirs, des soupçons, dans des dialogues, des passes d'armes, des silences. Impressionnant de découvrir comment le vocabulaire le plus simple, le plus usuel peut tout à coup prendre vie et s'ébrouer comme un chien sortant de l'eau, piquetant nos mollets de gouttelettes figées. Cette transfiguration, cette transmutation proche du travail secret de l'alchimiste transformant la matière vile en or, est sans doute pour moi, le plus déroutant-ébouriffant du texte de Sarraute.

Un texte qui se lit à perdre haleine, comme si le lecteur se retrouvait greffé aux mots-sensations du narrateur et qu'il se laissait conduire mais aussi éblouir par ses réflexions, ses jeux, ses déroutes et ses envies. Comme si nous nous coulions parfaitement dans le moule d'une autre vie, celle d'un jeune homme plus ou moins adopté par un couple riche (le monsieur est son oncle) et vivant dans une espèce de bulle à la fois dangereuse et protectrice. Chaque personnage étant tour à tour proche et lointain, ami et ennemi du narrateur et à ce jeu, dont Sarraute maîtrise parfaitement toutes les ficelles.

Et si ce livre est le récit intime de la vie d'un jeune homme, il est aussi celui du dépeçage du couple, car Sarraute s'amuse (et nous amuse aussi) à dénouer un à un les nœuds qui forment le dessin (et le dessein) d'un tapis quotidien, celui de deux vies de couples mises en parallèle, jusqu'à ce que, atteignant la trame de ces vies, l'une bourgeoise et l'autre ouvrière, le lecteur découvre les mêmes travers, les mêmes antipathies, les mêmes rebuffades et les mêmes trahisons. D'un couple à l'autre, Sarraute titille et touche du doigt les callosités qui font qu'au bout de vingt-cinq ans de vie commune on continue à vivre ensemble cahin-caha, en s'aimant et en se disputant. Et c'est d'une justesse assez vertigineuse.


Je me suis donc encore une fois laissée totalement emporter par la prose précise et chatouilleuse de Nathalie Sarraute dont je recommande la lecture à tous ceux que le monde fascine et qui sont encore capables d'étonnement et d'éblouissement.
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Message par églantine Jeu 11 Mai - 18:47

Extrait de "Disent les imbéciles " parce que nous sommes là au coeur la pensée/non pensée Sarrautienne je trouve  drunken  :


_ Bon .Regardons, ce sera peut-être amusant ...Voyons un peu ce qu'il nous montre ..._Oh non , ne me dites pas cela : pas "il" , qui "il" ? ...C'est un espace sans limite qu'aucun "il" ne peut contenir..._Ah bon , donc "nous montre" ou plutôt "montre"...Pas à"nous" non plus , sans doute ? ..._ Non , il ne faut pas de "nous" ...ce sont des espaces infinis ...sans contours ..._Très drôle ..._Donc ce faux "il" s'approche de ces faux "nous"et montre...quoi? Qu'est-ce que c'est ? ...Mais voyons , c'est facile à reconnaître , ça s'appelle "une idée"...D'où vient-elle ? C'est vous qui l'avez fabriquée ? _Moi ? Mais "moi" ça n'existe pas , je viens de vous le dire , il ne faut pas s'occuper de ça ...Il n'ya pas de moi ici ...pas de vous ...Il ne faut à aucun prix se laisser distraire par ces futilités ...ces mouches que cherchent à attraper les écoliers dissipés ...il faut se concentrer juste là-dessus _Sur l'idée ?_ Oui, puisque vous tenez absolument à le nommer ...Il suffit de le laisser entrer , se déployer ...
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Message par Tristram Dim 30 Juil - 14:33

Ici un atelier de François Bon, axé sur Nathalie Sarraute ; ça parle notamment de la mise en abyme, des "trois points" dans Les fruits d'or.
Aussi une vidéo des mêmes, conférence FORME & CONTENU DU ROMAN : pour les  aficionados du Nouveau Roman !

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Message par églantine Dim 30 Juil - 17:03

Tristram a écrit:
Aussi une vidéo des mêmes, conférence FORME & CONTENU DU ROMAN : pour les  aficionados du Nouveau Roman !
Ohhhh drunken , merci Tristam , je me suis régalée , que d'émotions , de bonnes émotions .
En pensées avec notre amie Shanidar ....
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Message par Tristram Lun 2 Oct - 13:47

Enfance

Nathalie Sarraute  Enfanc10

« Pourquoi vouloir faire revivre cela, sans mots qui puissent parvenir à capter, à retenir ne serait-ce qu’encore quelques instants ce qui m’est arrivé… »

Nathalie Sarraute, octogénaire, évoque ses souvenirs d’enfance dans un soliloque à deux voix, procédé qui permet de traquer les enjolivures stylistiques ou approximations éventuelles, et surtout l’interprétation approfondie et l’analyse psychologique par la conscience critique du narrateur (souvent un « je » féminin, parfois masculin, et même « nous »). La difficulté à formuler ces souvenirs avec des mots justes, précis, est incontestablement au cœur de l’approche de l’écrivain, avec le souci de sauvegarder ses ressentis, et d’écarter tout soupçon d’insincérité/ fiction chez le lecteur (c’est la continuation de la mise au point d’une méthode d’investigation que Nathalie Sarraute aura pratiquée tout au long de son œuvre).
Les souvenirs sélectionnés, plus ou moins fragmentaires, d’abord principalement des images, forment autant de séquences assez indépendantes les unes des autres, reportées successivement, sans autre ordre apparent qu’une vague chronologie, et peut-être celui de leur surgissement dans sa mémoire.
D’entrée transgressive, l’enfant choyée est plus tard affectée par la séparation (pourtant peu conflictuelle) de ses parents. À ce propos, il me semble que ce traumatisme infantile est complaisamment occulté de nos jours ‒ tout en reconnaissant qu’il en survient malheureusement de beaucoup plus graves. La tragédie grecque a déjà normalisé la marâtre (ici plutôt bénigne) ; les enfants de parents du même genre, ou sortis d’une éprouvette, devront être plus novateurs. Sinon, souvenirs d’enfance assez semblables à ceux que tous nous pouvons avoir, avec cette capacité de décrypter les petits signes révélateurs dont souvent les adultes oublient la précocité. Le milieu des émigrés russes, sans discrimination raciale, religieuse ou de sexe, dans la première partie du XXe ; l’école, ou le goût d’apprendre, à sa mesure pour explorer, expliquer le monde ; la première rédaction (« le premier chagrin », un souvenir… inventé !) ; la révélation littéraire (Rocambole, de Ponson du Terrail), dont voici un extrait du compte-rendu, qui illustre bien le style mis au point par l’auteur (exposé de son travail d’écriture, dans le présent de la narration, avec son typique emploi des points de suspension) :

« Voici enfin le moment attendu où je peux étaler le volume sur mon lit, l'ouvrir à l'endroit où j'ai été forcée d'abandonner... je m'y jette, je tombe... impossible de me laisser arrêter, retenir par les mots, par leur sens, leur aspect, par le déroulement des phrases, un courant invisible m'entraîne avec ceux à qui de tout mon être imparfait mais avide de perfection je suis attachée, à eux qui sont la bonté, la beauté, la grâce, la noblesse, la pureté, le courage mêmes... je dois avec eux affronter des désastres, courir d'atroces dangers, lutter au bord de précipices, recevoir dans le dos des coups de poignard, être séquestrée, maltraitée par d'affreuses mégères, menacée d'être perdue à jamais... et chaque fois, quand nous sommes tout au bout de ce que je peux endurer, quand il n'y a plus le moindre espoir, plus la plus légère possibilité, la plus fragile vraisemblance... cela nous arrive... un courage insensé, la noblesse, l'intelligence parviennent juste à temps à nous sauver… »

(Lu sur un exemplaire de médiathèque qui a originellement dû servir à la préparation de cours d’un enseignant, tout bariolé de soulignements de diverses couleurs, et miraculeusement échappé au désherbage…)

#autobiographie, famille, Nouveau Roman

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Message par églantine Dim 26 Nov - 12:24

Ici

Nathalie Sarraute  Sarrau10

Il serait dommage de choisir ce dernier ouvrage de Nathalie Sarraute pour découvrir son oeuvre : il me semble incontournable de s'approprier le langage Sarrautien , si particulier , par une imprégnation progressive ,afin de trouver les clés d'entrée de ce royaume intérieur ....
Le sien , le mien , le vôtre ....de royaume .
Intérieur . Le mot . Celui auquel il faut s'accrocher pour grimper les marches et accéder à cette partie de l'être , pas totalement inconsciente , mais pas non plus accessible dans la réalité immédiate perçue : une sorte de préconscience , celle qui affleure de façon fugitive à certains moments , légère , insaisissable , frustrante souvent .
Ici .
C'est l'histoire de . Nenni .
Et pourtant , c'est bien une sorte d'aventure que nous propose l'écrivaine : donc narration .
Plusieurs "séquences" , chapitres , ni totalement indépendants les uns des autres , ni dans une suite discursive traditionnelle constituent cet ovni littéraire inclassable .
Les trois premières séquences invitent le lecteur à la rencontre d'une sensation connue par tous : les trous de mémoire .
C'est par un effet de mise en scène de la mémoire , que la situation est abordée sous une forme diffractée en totale adéquation avec ce genre d'expérience : le lecteur n'aura aucune difficulté à se repérer , par des signes de reconnaissance , des sensations de vécu : par exemple le soulagement du mot "retrouvé " , surgi brusquement à force de tâtonnement et par des chemins analogiques , des associations d'idées , des tautologies , allitération , et autres outils que la conscience invite pour faire surgir de cette zone limite de la préconscience , Le mot .
Jusque là donc tout se passe bien plutôt bien . Nous ne sommes plus sur le plancher des vaches mais nous ne sommes pas complètement dans un espace inconnu.
Le glissement , un peu abrupt, vers une suite un peu planante risque fort de laisser quelques lecteurs à quai .
A moins que la curiosité l'emporte et c'est assurément promesse d'une extraordinaire expérience littéraire .
Comme le cerveau humain est plutôt surprenant et que le lecteur instinctivement saura trouver sa place et ses ressources insoupçonnées pour traverser cet univers fantastique , le texte se révèlera dans un flottement délicieux : Tout à tour logique , sensibilité , référentiel viendront à votre secours pour vous guider à travers ces situations labyrinthiques , construites ou "déconstruites "dans une veine narrative en apesanteur .
Le lecteur Sarrautien retrouvera en ligne de fond ( si si quand même il y en une ) cette approche "tropistique" qui constitue l'essence de l'écriture de Nathalie Sarraute , ces fameux mouvements qui circulent sous la parole , et créent des sensations souvent d'extrême intensité par leur impossibilité intrinsèque à surgir vers la conscience et par leur fugacité , indépendant de toute volonté , et alimentant une "sous-conversation" . Ces tropismes qui quelquefois nous font déraper par effet de maladresse à notre insu , ces tropismes vivant de leur propre vie dans leur petit monde sous le vernis social et individuel .
Une oeuvre riche , aux portes infinies par interaction puissante avec le lecteur .
Un immense moment de lecture parce que j'adore la sensation de fumer la moquette l'espace d'un instant pour mieux me retrouver par la suite .


mots-clés : #nouveauroman


Dernière édition par églantine le Dim 26 Nov - 21:09, édité 1 fois
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Message par topocl Dim 26 Nov - 12:42

églantine a écrit:
Un immense moment de lecture parce que j'adore la sensation de fumer la moquette l'espace d'un instant pour mieux me retrouver par la suite .

Pas vraiment pour moi, donc qui n'ai que du carrelage ou du parquet Nathalie Sarraute  2441072346 ...

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