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Martin Winckler

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Message par topocl Sam 10 Déc - 16:34

Martin Winckler
Né en 1955

Martin Winckler Arton110

Martin Winckler, de son vrai nom Marc Zaffran, est né en 1955 à Alger. Après son adolescence à Pithiviers (Loiret) et une année à Bloomington (Minnesota), il fait des études de médecine à Tours entre 1973 et 1982. Ses premiers textes paraissent dans Nouvelles Nouvelles et la revue Prescrire au milieu des années 80 et son premier roman, La Vacation (P.O.L) en 1989. Entre La Maladie de Sachs (P.O.L, Livre Inter adapté au cinéma en 1999 par Michel Deville) et En souvenir d'André (P.O.L, 2012), il a publié une quarantaine de romans et d'essais, consacrés au soin et aux arts populaires. En 2001 et 2002, il est le premier écrivain français à prépublier en feuilleton interactif, sur le site de P.O.L, deux grands livres autobiographiques : Légendes et Plumes d'Ange. Il vit à Montréal depuis 2009 et anime le Winckler's Webzine, un site personnel très fréquenté (www.martinwinckler.com) et un blog littéraire, "Chevaliers des touches" (http://wincklersblog.blogspot.ca/)

Oeuvres


Romans et littérature

   La Vacation, 1989 :  Page 1
   La Maladie de Sachs, 1998     Prix du livre Inter 1998 : Page 1
   En soignant, en écrivant, 2000
   Le Mystère Marcoeur, 2001 : Page 1
   Les Trois Médecins, 2004     Prix Jean Bernard de l’Académie nationale de médecine :  Page 1
   Touche pas à mes deux seins, Baleine no 221 (2001)
   Légendes, 2002 :  Page 1
   Plumes d'Ange, 2003 :  Page 1
   Le mensonge est ici, nouvelle, in anthologie Noirs complots, 2003
   Mort in vitro, 2003.
   Camisoles, 2006
   J'ai mal là…, 2006
   Le Numéro 7, 2007
   Histoires en l'air, 2008
   Un pour deux, "La Trilogie Twain, tome 1", 2008
   L'Un ou l'Autre, "La Trilogie Twain, tome 2", 2009
   Deux pour tous, "La Trilogie Twain, tome 3", 2009
   Le Chœur des femmes, 2009
   Les Invisibles, 2011
   En souvenir d’André, 2012
   Abraham et fils, 2016.

Essais

   Contraceptions mode d'emploi, 2001
   C’est grave docteur ? Ce que disent les patients, ce qu'entendent les médecins, 2002.
   Nous sommes tous des patients, entretiens avec Catherine Nabokov, 2005.
   Les Droits du patient, en collaboration avec Salomé Viviana, 2007
   Choisir sa contraception, collection "La Santé en questions", 2007.
   Tout ce que vous vouliez savoir sur les règles... sans jamais avoir osé le demander, collection "La Santé en questions", 2008.
   Les brutes en blanc - La maltraitance médicale en France, 2016 :Page 1

màj le 2/11/2017


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Message par bix_229 Sam 10 Déc - 16:38

Tu l' as féminisé le pauvre Martin, Topocl ! Laughing
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Message par topocl Sam 10 Déc - 16:42

bix_229 a écrit:Tu l' as féminisé le pauvre Martin, Topocl ! Laughing

je n'ai pas compris Martin Winckler 2441072346 !

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Message par animal Sam 10 Déc - 16:42

je viens d'enlever un "e". clown

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Message par topocl Sam 10 Déc - 16:44

Les trois médecins

Martin Winckler Images89

Vous avez aimé Les trois Mousquetaires, ce livre fondateur pour beaucoup de lecteurs ? Ces péripéties rocambolesques qui retombent toujours sur leurs pieds, ces combats qui scellent l'amitié, ce sens de l'honneur qui emporte tout, ces amours romantiques, ces envolées d’émotion, ce grand roman-feuilleton plein d'amour et d'humour, ces passés déchirants peu à peu dévoilés ?

Martin Winckler vous en offre avec brio un remake scrupuleux, transposé dans les années 70, dans le milieu médico-provincial. Et n'hésite pas à y intégrer ses personnages fétiches (la ville fictive de Tourmens, Bruno Sacks le médecin généraliste au grand cœur, son père Abraham vénéré défenseur de l'avortement, Vargas, Lance et les autres) et ses thèmes de prédilection (l'opposition entre une médecine comme abus de pouvoir et une médecine qui recherche l'humanité, l’appropriation par le patient de sa propre santé, l’émancipation des femmes notamment à travers la maîtrise de leur corps : contraception et avortement, un petit côté sociologique, une pointe de pédagogie…). Grâce à cette appropriation du roman de Dumas, Winckler légitime son extrémisme habituel, sa dichotomie gentils/méchants ( quoi de plus normal dans un roman populaire qu'un héros qui est VRAI héros, et des méchants que rien ne saura sauver ?), ses rebondissements invraisemblables et ses coïncidences improbables, qui sont autant de références/hommages à son inspirateur. Il y met un charme fou, un humour enchanteur (Ah ! les combats de cap et d ‘épée métamorphosés en défis au Baby-foot !!!)

Et puis Martin Winckler est un militant : il s'insurge contre une médecine qui est l'expression d'un pouvoir, qui est plus une technique, un acte politique, au profit d'une médecine de compassion, d’écoute, d’honnêteté intellectuelle et de respect . En marge de son histoire, il introduit des personnages multiples qui se racontent, en tant que médecin, soignant, ou patient, et à travers leurs histoires, révèlent ce que la médecine est, ce qu'elle peut être et ce qu'elle devrait être. C'est une des raisons qui me font aimer Winckler , que je ressens comme partenaire de combat. (Par contre, j'ai du mal à me faire une idée sur comment réagit le lecteur non médical, j'ai peur qu'il soit parfois noyé sous cette abondance d’informations ?). Martin Winckler hurle sa colère et ses rancœurs, il a raison, il faut des gens comme lui. Je peux dire en tout cas que si l'accumulation amène Martin Winckler à parfois forcer le trait (ce n'est pas un homme de demi-mesure et il en agace plus d’un pour cela), la plupart des récits qu’il fait, sont tout à fait plausibles (ou à la limite du plausible), et par là même effrayants.

A la fois naïf et profond, joyeux et réfléchi, drôle et émouvant, voilà un récit formidablement construit, qui se lit très vite (Winckler a sa façon de faire raconter les gens, qui donne un style très oral, très fluide, montrant à quel point il sait écouter) avec, pour moi en tout cas, une certaine jubilation. Je l'ai retrouvé avec le même plaisir pour cette 2e lecture.


(commentaire rapatrié)



mots-clés : #medecine #science


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Message par topocl Sam 10 Déc - 16:45

animal a écrit:je viens d'enlever un "e". clown
C'est pour ça que ej en voyais rien Martin Winckler 3945176875 !
(merci à vous deux)

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Message par topocl Sam 10 Déc - 16:46

Légendes

Martin Winckler Images90


De zéro à dix huit ans, égrainant près de 300 courts textes au fil d'un « feuilleton » qui parut d'abord pendant autant de jours sur le site de P.O.L., Winckler se raconte, au gré de ses « légendes ». Sa légende familiale, histoire emblématique d'une famille séfarade chassée par l'indépendance de l'Algérie, passant par la case Israël, s'établissant en France sous l'égide d'une figure paternelle charismatique, avec ses vides, pudeurs ou secrets élucidés ou non, ses traces (récit, journaux, lettres, photos). Ses légendes personnelles, vous savez ces petites histoires qu’on vous raconte encore 20 ans après, qui constituent la vraie Histoire d'une famille, qui en constituent le lien, et ces souvenirs intimes, ces faits minimes et durables, qui sont pour vous cruciaux alors même qu’autour de vous chacun les a oubliés (un fauteuil qui l’a accompagné, une chute d’un mur, sa phobie du téléphone). Ses légendes culturelles : ses histoires fondatrices pour lui (livre, BDs, films, fictions de toutes sortes) qui l’ ont aidé à se construire.

Winckler produit un récit qui est mi-chronologique, mi-aléatoire, fonctionnant alors par références et associations d'idées tout comme notre mémoire, enrichissant la trame du temps de reviviscences, de doutes et de réécritures pour mieux se livrer corps et âme à notre regard

Winckler est un boulimique d’images et de mots. Il nous parle de l’enfance qui malgré des parents plutôt bienveillants souffre de solitude et explique comment, grâce à son imaginaire, et grâce a quelques hommes et femmes auxquels il rend hommage, il a pu franchir ce cap, passer d'une enfance timide à une adolescence dégingandée et maladroite, pour devenir un homme qui aime et qui parle, un homme dont les tuteurs sont la fidélité et le romantisme.
Au-delà de nombreux points communs que je me découvre tout au fil de ce récit avec son auteur, devant cette grande honnêteté chaleureuse, je me souviens, je me sens bien..

   J'ai un autre souvenir du Massif central, un souvenir délicieux dont je ne suis pas sûr qu'il s'agit d'un souvenir ni que ça se passe vraiment dans le Massif central. (Oui, je sais, pour vous, c'est plutôt agaçant de lire que je suis sans arrêt dans l’incertitude, mais c'est comme ça l'enfance, quand on l’évoque avec ceux qui l’ont vécue avec vous, on s’épuise à confronter les versions et on jure mordicus que la nôtre est la bonne et que les autres se fourrent le doigt dans l’œil, mais quand on en parle à des étrangers, on n'est jamais tout à fait sûr que ce qu'on raconte est vrai - et ça, pour moi, c'est vraiment reposant.)


   Je suis multiple et je suis un. Je porte en moi les trois garçons des Disparus de Saint-Agil : je suis celui qui pose les questions et mène l'enquête ; je suis celui qui s'en va, baluchon à l'épaule, prendre le bateau pour l'Amérique ; je suis celui qui écrit seul, la nuit, dans la salle de sciences, et qui, lorsqu'il est enlevé, distrait ses geôliers en leur lisant le roman dont ils feront désormais partie.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #biographie

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Message par topocl Mar 27 Déc - 18:05

Plumes d’Ange

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Où l'on retrouve Martin Winckler qui, à travers un nouveau feuilleton initialement publié sur le Web, poursuit son travail autobiographique, et par là sa quête identitaire. Il choisit de présenter cette fois-ci Ange, que nous avons commencé à connaître dans Légendes, Ange, son père au prénom si rare, qui l’a tant aimé et qu'il a tant aimé. Par lequel il a tant souffert aussi, dans une famille comme beaucoup d’autres, où aimer veut dire ne pas faire souffrir et où il a mis fort longtemps à comprendre que faire ses propres choix n'est pas trahir.

Winckler approfondit donc sa recherche sur son père, il a la chance que dans sa famille on ait beaucoup parlé (même si cela n’empêche pas que certaines choses ont été tues), on a beaucoup gardé (de photos, de lettres, de documents, de textes…), Et au-delà du portrait du père, cet homme extraordinaire, « bon » dit son fils et profondément humain, se dessine la quête du fils pour établir ce portrait , ce qui est l'un des thèmes passionnants du livre.
Au-delà des rapports d’une grande tendresse que Marc (Martin Winckler est un pseudonyme) établit avec son père tout au long de son enfance et de son adolescence, Martin (l’écrivain) recherche ce qui, avant sa propre naissance, et après la mort d’Ange n'a pas manqué de le marquer, de l'enrichir et de l’éprouver en même temps. On s'attache énormément à ces « personnages », le père omniprésent, rayonnant, l'enfant fasciné, inconsciemment hanté par l'idée de ne pas être à la hauteur de son attente.

Il est un peu gênant de lire ce livre dans un « cycle Winckler » comme je le fais parce que de nombreux textes sont repris directement de Légendes, et d'autres parties se retrouvent prêtées au personnage de Bruno dans Les trois médecins. Cela donne quelques longueurs. Sans doute Winckler aurait-il gagné à plus reprendre ses textes, les présenter un peu différemment, apporter un éclairage autre. Cela doit moins gêner en cas de lecture à distance des différents ouvrages.

Il faut aussi accepter, quand on lit Winckler, une certaine naïveté, un côté chevaleresque de sauveur de l'humanité, une façon de présenter des personnages fondamentalement trop bons, comme dans un conte. Je pense que c'est la façon dont il vit, dont il voit le monde, et qui pour cette raison entre dans ses livres.

Ceci étant accepté, on prend un grand plaisir de lecture dans cette histoire familiale, histoire d'un homme qui aime son père, et l’imitant et le rejetant à la fois, apprend à devenir homme à son tour.


Dans les toutes premières pages :

 
 Pour élucider l'empreinte qu'il a sur moi, j'ai longtemps voulu remonter le temps et reconstituer sa vie. J’ai cru souhaitable de rassembler des documents, de retracer des itinéraires, de solliciter ceux de ses proches qui vivent encore et qui, pour beaucoup, brûlent de parler de lui. Jusqu'au jour où j'ai compris que ça ne suffirait pas. Ange ne se cache pas dans les archives, il ne se cache pas dans les paroles des survivants ou dans leurs souvenirs. J'ai beaucoup appris des uns et des autres, mais l'homme dont je cherche à dessiner les contours se tient là, sous mes yeux, dans le miroir. Il est là, dans mes mains et mes gestes. J'entends sa voix quand je parle. Et surtout - je raconterai comment je l'ai découvert - il s'est livré dans ce que j'ai écrit. Allez ! J'ai trop tardé à le défier. Aujourd'hui, je dois faire face : c’est sa trace en moi qu’il me faut affronter.

Dans les toutes dernières pages :


  Mon père était un homme bon, il est mort, et personne ne peut dire, et d'abord pas lui, si je suis un type correct, qui fait honneur à sa mémoire. Voilà, c'est ça, je voudrais que ce livre, qui porte le nom de mon père, lui fasse honneur.
   Je sais ce que vous allez vous dire, c'est ridicule de poser les choses en ces termes, et pourtant c'est comme ça que ça se pose dans ma tête et ça me fait chialer là, à l'instant pendant que je vous écris, je ne sais d’où ça vient, mais ça vient de loin, ça me fait un mal de chien.

(commentaire récupéré)

mots-clés : #autobiographie #famille

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Message par topocl Mar 27 Déc - 18:06

La maladie de Sachs

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Marc Zaffran, pseudonyme Martin Winckler, alias Bruno Sachs, que je vous ai déjà largement présenté, le médecin tourmentais tourmenté, a deux amours : sa compagne MPJ alias Pauline Kasser, et la médecine générale. Et il nous en parle sur 470 pages. Et comme les choses qu’on aime et qui vous aident à vivre, c’est vital d’en parler et en même temps délicat, donc, ici, il adopte la forme « roman » (il avait bien dit dans Plumes d’Ange qu’il ne racontait pas sa rencontre avec la fameuse MPJ, celle qu’il continue de vouvoyer après des années de vie commune et trois enfants à eux, qu’elle était trop romanesque et qu’on n’y croirait pas)

Sa compagne, c’est celle qu’il a longtemps cherchée en croyant qu'une telle femme n’existait pas, celle qui lui a montré qu'on pouvait aimer sans amputer, et à partir de laquelle il a pu apprendre à s'aimer lui-même et commencer à vraiment construire. Celle, joyeuse, drôle, attentionnée, qui l’écoute et le ressource. Celle qui lui fait retrouver une jeunesse, une légèreté que ses angoisses, ses combats, une certaine rigidité lui avaient fait oublier.

La médecine, il nous la décrit avec tout ce que cela a de passionnant et de douloureux, de futile et de profond. Franchement c'est un portrait impressionnant de précision, de tendresse, de réflexion sur notre métier. J'ai passé ma semaine à penser au livre en travaillant et à lire en pensant à mon travail… On y retrouve le caractère rituel et répétitif, les petits mots mille fois répétés, les gestes renouvelés, plus ou moins automatisés (oui Shanidar , c’est très répétitif comme métier) tout ce qui revient cent fois par jour, ce cadre qui nous aide à rester lucide, à conserver notre attention et notre disponibilité, et toutes les 20 minutes ça recommence, quelqu'un arrive, déballe toute sa vie sur le bureau, avec confiance ou défiance, et on est là, on paraît un roc parce que simplement on est médecin, et on traîne avec nous, nos faiblesses, nos erreurs, nos échecs, notre solitude face à la détresse des autres, face à notre impuissance, la compassion qui frise parfois l'exaspération, nos certitudes et nos incertitudes, l'émotion inévitable et la distance qui tâche de nous protéger. Certains collègues qui nous font gerber, mais c’est le patient pour lequel il faut rester présent.
J'arrête car j'ai l'impression que plus parler de moi que de Martin Winckler.

Tout ceci sous forme d'une chronique douce-amère, Bruno Sachs, le héros si peu héros, ne quittant pas la scène, mais ce n'est jamais lui qui parle, cette multitude de personnages qui tour à tour nous racontent une petite tranche de vie partagée avec lui,(ses patients, ses amis, les commères, le pharmacien, la secrétaire), s'adressant à lui, lui disant tu, et ce tu montre à quel point le lien est important. Je trouve ça génial : des dizaines de JE qui racontent ce TU unique, omniprésent , commun à tous, mais toujours seul face à eux. Ce sont des gens simples comme j'en vois tous les jours, qui n'ont pas fait d’ études, qui n'ont pas de culture, qui ne lisent pas, pas des « penseurs », pas des héros de romans formatés pour faire candide, et ils aiment, ils souffrent, ils espèrent, ils réfléchissent, et, oui, ils ont des choses à dire. Et ils les disent exactement comme ça.

Au début on se dit que c'est une chronique, puis peu à peu les personnages se dessinent, les liens se tissent, et au hasard des rencontres, des secrets révélés ou suggérés, cela tourne vraiment au roman, on s'attache au destin des personnages, commun ou tragique, il y a des rebondissements cocasses, émouvants, perturbants. L'humour est toujours en filigrane

Dans ce livre, Martin Winckler /Bruno Sachs s’ apaise. Certes, il garde ses révoltes et ses colères, mais nous le sentons apaisé, il « baigne dans son jus » il est près des gens, leur parle, les écoute surtout, et Pauline Kasser l’attend à la maison pour le ressourcer.

C'est tendre, humain, c'est terriblement quotidien, je le re-relirai sûrement un jour.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #famille #medecine #pathologie

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Message par topocl Mer 28 Déc - 14:46

Le mystère Marcoeur

Martin Winckler Image163

   Tout est vrai, puisque j'invente ; tout est faux, puisque j'écris…

Petite expérimentation littéraire.
Martin Winckler invente un écrivain mythique, Raphaël Marcoeur, un homme qui écrit du matin au soir, sur des cahiers, des carnets, des feuilles, des tickets de métro, dans les marges des livres, sur les tables de bistrot, que sais-je encore. Qui écrit sans discontinuer et sans jamais revenir en arrière, et abandonne ses écrits à peine finis au bon vouloir d'un lecteur ou à l'abandon d’un non-lecteur. Et autour duquel se développe un petit cercle d'admirateurs fascinés.

Ce livre interroge sur l'écriture et l'écrivain, sa rencontre ou sa non-rencontre avec lui-même et le lecteur. Il rend hommage à Georges Perec, par son plaisir des listes, ses descriptions sans autre objet qu’elles-mêmes, son absurdité ordinaire.
Original et intéressant.

   Sa préoccupation était d'écrire. Un point, c'est tout. Son Journal n'est pas un contrepoint à autre chose, il est l'Ecriture. Il est sa vie quotidienne faite Ecriture. Le journal est un objet aussi indispensable, aussi familier, aussi anodin, également, qu'une tasse, un presse-papiers ou une cravate à laquelle on tient tout particulièrement pour des raisons indicibles. J'écris le Journal, parce qu'on peut écrire des romans, mais seulement un Journal. Un roman est un habit de circonstance. Le Journal est le pull élimé que l'on revêt chez soi pour lire, dormir, pleurer. Il a tout vu, s'est frotté à tout. Dans son usure, ces reprises visibles, il en dit mille fois plus que n'importe quel smoking.




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Message par topocl Mer 28 Déc - 14:47

La vacation

Martin Winckler Image161

Bruno Sachs, jeune médecin généraliste de campagne, avatar de Marc Zaffran (qui écrit sous le nom de Martin Winckler) que nous avons déjà rencontré dans plusieurs de ses romans, se rend tous les mardis dans la ville proche au centre de planning familial pour y pratiquer des avortements. Il se caparaçonne derrière une cuirasse factuelle : rituels répétés, gestes enchaînés, phrases stéréotypées qu’il laisse adoucir d'une empathie compassionnelle vis-à-vis des femmes échouées sur sa table d'examen. Il tient ainsi à distance une douleur et une misère humaines qui l’émeuvent. Cette distance et cette émotion, il les traduit le soir, rentré chez lui, sur le papier, jetant dans le désordre notes et réflexions sur le papier. Il n'en est pas moins homme, ressent parfois du dégoût, du découragement, une attirance pour ces femmes qu’il croise quelques minutes afin de réaliser un geste qui marquera toute leur vie. Apparemment parfait et discret, il porte en lui leur culpabilité et leur souffrance, et dans un parallèle révélateur, peine à accepter la venue au monde de son « enfant », ce livre si intime qui se nourrit du malheur des autres.

Cela donne un livre, qui est un reflet de cette tranche de la vie de Bruno Sachs. Très ritualisé, donc parfois ennuyeux, parfois trivial dans ses descriptions médicales, toujours fragile et désenchanté dans un travail qu'il assume par devoir d’aider l'autre.

Tout a déjà été dit si on a lu les autres livres de Martin Winckler. Ce livre est un nouveau cri de désespoir face à une misère humaine, à la solitude du médecin censé la soulager.

(commentaire récupéré)

mots-clés : #medecine #social

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Message par topocl Jeu 29 Déc - 15:52

Les brutes en blanc

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Je ne suis pas suspecte de ne pas être (ou en tout cas avoir été) une fan de Martin Winckler. Mais il me faut vous dire à quel point ce livre m'a exaspérée, alors-même que je partage pleinement son idée que le patient doit être entouré d'une bienveillance attentive. Qu'il faut pourchasser la malveillance, la maltraitance, les petites ironies, les gros sarcasmes, les remarques désobligeantes, racistes, sexistes… et j'en passe… dont il est parfois l'objet.
Qu'il y a de gros crétins dans notre profession (mais je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup plus que dans d'autres secteurs).
Que les laboratoires ont plus facilement l’œil braqué sur le pôle commercial que sur le pôle du soin. Que la formation des médecins est à revoir. Qu'il faut repenser d'urgence l'organisation de la médecine.

Mais, mais, mais…pour défendre cette cause...
Il ne faut pas prendre l'anecdote pour preuve,
Il faut refuser la généralisation,
Il faut se rappeler que la citation hors contexte est sujette à critique
Il faut conserver une humilité, ne pas se prendre pour un asseneur de leçons ou un distributeur de bons points,
il faut arrêter de répéter que les médecins sont sans cervelle, sans libre arbitre, cupides, avides de pouvoir, j'en passe et des meilleures. Ah! oui incompétents, et ne se forment pas au fil de leur carrière. Et bêtes accessoirement.
Il faut envisager ne serait-ce qu'un soupçon de présomption d'innocence avant de juger.
Il faut parler aussi des situations de bientraitance au côté des exemples de maltraitance, les seuls comportement positifs évoqués dans les livres étant ceux de Saint Winckler.
Il faut dire la vérité et non les vérités qui vous arrangent.
Il ne faut pas mentir ce  qui rend impossible de prendre pour argent comptant tout ce qui est asséné à côté dans ces pages. (Un exemple parmi d'autres "En France, il [le statut d'infirmier clinicien]n'existe pas")
Il faut faire preuve d'un peu de nuance. Et de compassion, pas seulement vis à vis des patients, mais aussi vis-à-vis des médecins, et oui.


Le message n'en passera que mieux.

Je ne pense pas défendre une caste en étant terriblement gênée de lire:

Ils [les médecins] oublient, surtout, que leur principal outil diagnostic, c'est leur cerveau. Sans doute parce qu'on ne les a jamais encouragés à s'en servir.

que si beaucoup de médecins français sont opposés à une législation de l'aide à mourir, ce n'est pas pour protéger les patients, mais protéger:
"leur liberté de décider seuls s'ils vont les aider ou non à mourir !"

En France, aujourd'hui encore, les « valeurs, » de nombreux médecins restent furieusement coincées entre une conception vaniteuse de la vertu-inhérente-au-fait-d'être-médecin et des notions de déontologie paternalistes, dogmatiques et pétries de catholicisme. Cette mentalité archaïque reflète l'appartenance effective du corps médical à une aristocratie sociale.

Quarante ans après, les problèmes sont les mêmes, car les institutions n'ont pas changé



Je reconnais les abus, les dérives, les  pratiques intolérables, la nécessité de les combattre. Je reconnais aussi que ces attitudes peuvent être miennes, parfois, même si j'y suis vigilante. Mais s'il y a  dans le fond un message intéressant et des problèmes qu'il est opportun de soulever, il n'en demeure pas moins que ce livre est une provocation manifeste, une amplification perverse,  une autocélébration très malvenues. Il est dommage qu'autant de mauvaise foi biaise un sujet sensible et important, au risque qu'on le néglige ou s'en détourne..

Je suis en colère face à tant de parti-pris, de démagogie et d'outrecuidance. Je suis en colère de devoir dire ça de Martin Winckler.


mots-clés : #medecine

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Message par shanidar Jeu 29 Déc - 16:09

Hé bé.

Juste une précision topocl je croyais que Winkler avait migré au Canada ? Il est donc revenu en France ou il y vit par intermittence pour écrire ainsi sur les médecins français ?

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Message par topocl Jeu 29 Déc - 16:33

Depuis 2009 je crois, il vit au Canada et n'exerce plus la médecine mais un travail de recherche. Je suppose qu'il garde plein de contacts en France, et par son site internet il reçoit plein de témoignages de patients, qu'il ccite abondamment dans son livre. Mais c'est bien évident que les gens qui lui écrivent sont les mécontents. Il cite aussi des expériences personnelles, mais d'assez nombreuses remontent à plusieurs décennies (ce qui n'excuse rien évidemment)

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Message par églantine Jeu 29 Déc - 16:41

Même avec le titre il n'y va pas "avec le dos de la cuillère" .
Intéressant ton point de vue de professionnelle Miss Topocl . Merci . Martin Winckler 1252659054
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Message par shanidar Jeu 29 Déc - 16:57

Oui. Merci pour les précisions qui réduisent un peu l'objectivité attendue. De Winkler je n'ai lu que La Vacation dont la forme (volontairement répétitive) et le sujet (très éloigné de mes préoccupations) m'avaient laissée très extérieure...
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Message par Bédoulène Jeu 29 Déc - 17:08

et lequel de ces extraits tu estimes le plus de mauvaise foi ? (ne réponds pas tous, j'ai dit 1 Smile

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Message par topocl Jeu 29 Déc - 17:42

Mauvaise foi, je ne sais pas, je suppose qu'il y croit.

Celui qui a achevé de me faire sortir de mes gonds , c'est celui qui commence par en France....
Je vous ai épargné une énumération plus longue, d'ailleurs.
Et je redis que s'il avait été nuancé, ce livre aurait été indispensable.

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Message par Marie Ven 30 Déc - 4:13

Ton commentaire par contre est nuancé, topocl! Enfin, je trouve. Ce que tu lui reproches n'est pas l'utilité de la dénonciation de certaines pratiques, mais  le manque de nuances, c'est ça? Pourquoi ne lui fais-tu pas parvenir, il est facile à contacter.
Le titre m'avait d'emblée surprise. Les brutes en blanc! Sous titré de : Pourquoi ..tantde médecins maltraitants! Pourquoi "y a-t-il" aurait suffi, non?
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le fond , mais ce n'est sans doute pas le lieu!
Il a en tout cas beaucoup blessé nombre de ses ex confrères français qui n'avaient pas besoin de cela en ces temps plutôt difficiles..
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Message par Bédoulène Ven 30 Déc - 8:02

je crains que nous soyons tous plus ou moins maltraitants, sans en avoir conscience et à tous propos, mais il est vrai que dans le champ d'action des médecins, le sujet "maltraité" est en état de faiblesse donc ça peut avoir une résonance comme un abus (c'est peut-être ce qu'il a voulu démontrer ?)

je n'ai pas lu le livre et comme tu le soulignes Topocl "Qu'il y a de gros crétins dans notre profession (mais je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup plus que dans d'autres secteurs). "

c'est une évidence.


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