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Fernando Pessoa

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Message par bix_229 Jeu 15 Déc - 19:32

Fernando Pessoa (1888–1935)

Fernando Pessoa  Pessoa10

“Les poètes n’ont pas de biographie. C’est leur œuvre qui est leur biographie. Pessoa, qui douta toujours de la réalité de ce monde, accepterait sans hésiter d’appartenir directement à ses poèmes, en oubliant les incidents et les accidents de son existence terrestre. Rien de surprenant dans sa vie – rien, sauf ses poèmes. (…) Son secret, en outre, est inscrit dans son nom (…). Masque, personnage de fiction, personne : Pessoa. Son histoire pourrait se résumer par le passage entre l’irréalité de sa vie quotidienne et la réalité de ses fictions.” 

Octavio Paz, Un inconnu de lui-même : Fernando Pessoa, in La fleur saxifrage, Gallimard, 1984.
     
 Biographie sommaire des principaux hétéronymes de Fernando Pessoa :

Fernando Pessoa : Lisbonne, 1888-1935.
     Très jeune, orphelin de père. Sa mère se remarie. De 1898 à 1905 à Durban, il vit en Afrique du Sud – son beau-père y est consul du Portugal – où il reçoit une éducation anglaise. En 1907, il quitte l’université (Lettres) et ouvre un atelier de typographie. Ce sera un échec. Le 8 mars 1914, naissance du maître, Alberto Caeiro, qui lui donne Le gardeur de troupeau et lui présente ses disciples, Ricardo Reis et Alvaro de Campos. Création en 1915 de la revue Orpheu qui ne comptera que deux numéros ; autour de lui : Sà-Carneiro, Luiz de Montalvor, Angelo Lima, les peintres Sousa-Cardoso et Almado Negreiros et le poète açorien Armando Cortes-Rodrigues. Sera admiré par la génération suivante (José Régio, Joáo Gaspar Simóes, Adolpho Casais Monteiro). Entre 1918 et 1921, il fait imprimer à compte d’auteur des poèmes écrits en anglais. Devenu une gloire internationale bien après sa mort. La fameuse grande malle rustique, découverte après son décès, a révélé au monde un écrivain qui comptera désormais parmi les plus importants de ce siècle, pour ne pas dire, de tous les temps.

     Alberto Caeiro : Lisbonne 1889-1915.
     Très jeune, orphelin de père et de mère. Il vécut presque toute sa vie dans la villa de Ribatejo avec une vieille tante. N’a pas beaucoup fréquenté les bancs d’école – niveau primaire uniquement. Paganiste convaincu et convainquant : “Mon maître Caeiro n’était pas païen ; il était le paganisme même” (Alvaro de Campos) ; “Il ne croit en rien, il existe. (…) Ce n’est pas un philosophe, c’est un sage” (Octavio Paz).
     Il est l’auteur de :
     – Le Gardien de troupeau (1911-1912)
     – Le Pâtre amoureux, poèmes épars (1913-1915)

     Alvaro de Campos : Tariva, 15 octobre 1890
     D’ascendance juive. Il devient ingénieur naval à Glasgow. Il voyage en Orient et ramène certainement l’inspiration de son Opium à bord. Il est partisan d’un esthétique non aristotélicienne qu’il voit incarnée par trois poètes : Walt Whitman, Alberto Caeiro et,…lui-même. Il utilise un monocle et s’est forgé une solide réputation d’homme irascible et impassible. Aime les falsifications et ses masques sont autant de contradictions. Auteur, entre autres, du très célèbre Bureau de Tabac “qui ouvre l’ère de l’absurde, de l’humour triste, d’un existentialisme penché sur son narcissique miroir où il pressent le plissement des premières rides ” (Armand Guibert) et du sulfureux Ultimatum.
Fernando Pessoa l’appelle “son fils”.

     Ricardo Reis : Porto, 1887. Vivait encore en 1935 au Brésil (depuis 1919), il y est peut-être mort.
     Élevé dans un collège de jésuite. Latiniste par devoir et semi-helléniste par goût. “Reis est un ermite au même titre que Campos était un vagabond” (Octavio Paz). Il est l’auteur des Odes et d’un Débat esthétique entre Ricardo reis et Alvaro de Campos.

Œuvres traduites en français

Notes en souvenir de mon maître Caeiro
Chronique de la vie qui passe (œuvres en prose en dehors du Livre de l'intranquillité)
Ode maritime et autres poèmes
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro avec Poésies d'Alvaro de Campos
Erostratus (Erostrate)
Lisbonne
Le Marin
Bureau de tabac : Page 3
Ode Maritime
Bureau de tabac et autres poèmes
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro
Visage avec masques, poèmes des principaux hétéronymes
Antinoüs
Le Gardeur de troupeaux
L'Ode triomphale & douze poèmes de la fin d'Alvaro de Campos
Cent cinquante-quatre quatrains
Le Livre de l'intranquillité
Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes
Alvaros de Campos, choix de poèmes
Quatrains complets
Ultimatum
Opium à bord.
Sur les hétéronymes
Quaresma
Le Banquier anarchiste
Contes, fables et autres fictions
Le Pèlerin
Proses vol.1 : 1912-1922, vol. 1
Proses vol.2 : 1923-1935, vol. 2
Histoires d'un raisonneur
Ode maritime
Dans la collection « Pléiade » : Œuvres poétiques





Pessoa par pessoa(s)


     “La vérité est la seule excuse de l’abondance. Nul homme ne devrait laisser 20 livres à moins de pouvoir écrire comme 20 hommes différents (…), s’il peut écrire comme 20 hommes différents de quelque manière que cela puisse être, et ses vingt livres sont justifiés.”
     Erostratus

     “Et pourtant – je le pense avec tristesse – j’ai mis en Caeiro tout mon pouvoir de dépersonnalisation dramatique, j’ai mis en Ricardo Reis toute ma discipline intellectuelle revêtue de la musique qui lui est propre, j’ai mis en Alvaro de Campos toute l’émotion que je n’accorde ni à la vie, ni à moi-même. (...)
     Enfant, j’avais déjà tendance à créer autour de moi un monde fictif, à m’entourer d’amis et de connaissances qui n’avaient jamais existé – (je ne sais pas bien entendu s’ils n’ont pas existé ou si c’est moi qui n’existe pas. 
     Un jour…– ce fut le 8 mars 1914 – je m’approchai d’une commode haute, et prenant un papier, je commençai d’écrire, debout, comme je le fais chaque fois que je le peux. Et j’écrivis une bonne trentaine de poèmes d’affilée, dans une sorte d’extase dont je ne saurais définir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie, et je n’en connaîtrai jamais de semblable. Je débutai par un titre Le gardeur de troupeau et ce qui suivit fut l’apparition en moi de quelqu’un que j’ai d’emblée appelé Alberto Caeiro. Pardonnez-moi cette absurdité : en moi était apparu mon maître. "
     Extraits de la lettre à Adolpho Casais Montero, le 13 janvier 1935. (La traduction intégrale, par Rémy Hourcade, de la lettre se trouve dans Sur les hétéronymes, éditions Unes, 1985.)

     “Je suis un gardeur de troupeaux.
     Le troupeau c’est mes pensées
     et mes pensées sont toutes des sensations.
     Je pense par les yeux et par les oreilles
     par les mains et par les pieds
     par le nez et par la bouche.”
     (…)
     Alberto Caeiro, Le Gardeur de troupeau
     Èditions Unes, 1986, traduit du Portugais par Rémy Hourcade et Jean-Louis Giovannoni.

     “ La réalité n’a pas besoin de moi.”
     (idem)

     “J’impose à mon esprit altier l’exigence assidue
     De la hauteur, et au hasard je laisse,
     Et à ses lois, le vers :
     Car, lorsqu’est souveraine et haute la pensée,
     Soumise la phrase la cherche,
     Et le rythme esclave la sert.”
     Ricardo Reis, Odes, in Poèmes Païens, Christian Bourgois, 1989.

     “Je pressens le crâne que je serai
     (…)
     Lors c’est moins l’instant que je pleure,
     que ce moi futur que je vois,
     Vassal absent et nul
     Du destin universel. "
     (idem)

     "Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
     Si je pense, si je ressens, j’ignore
     Qui est celui qui pense, qui ressent.
     Je suis seulement le lieu
     Où l’on pense, où l’on ressent.
     (…)
     À celui que je me connais : J’écris. "
     (idem)

     “ ‘J’ai horreur du mensonge parce que c’est une inexactitude.’ Tout Ricardo Reis – passé, présent et futur – est dans cette phrase.”
     Alvaro de Campos, Notes à la mémoire de mon maître Caiero, in Sur les hétéronymes, éditions Unes, 1986, traduction de Rémy Hourcade.

     “Fernando Pessoa éprouve les choses mais il ne bouge pas, pas même à l’intérieur.”
     (idem)



Fernando Pessoa  Pessoa10


Les édition José Corti


Mots-clés : #poésie

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Message par bix_229 Jeu 15 Déc - 19:43

Help !  Quelqu' un peut-il me supprimer ce foutu cadre ?
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Message par ArenSor Jeu 15 Déc - 20:17

Je me rends compte seulement maintenant que l'avatar de Jack-Hubert est un portrait de Pessoa Embarassed
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Message par animal Jeu 15 Déc - 21:17

bix_229 a écrit:Help !  Quelqu' un peut-il me supprimer ce foutu cadre ?
c'est bricolé ! mais depuis tout ce temps je ne comprends toujours pas comment tu fais tes copier-coller "avec tout qui vient" ! Fernando Pessoa  3866672782

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Message par bix_229 Jeu 15 Déc - 21:42

animal a écrit:
bix_229 a écrit:Help !  Quelqu' un peut-il me supprimer ce foutu cadre ?
c'est bricolé ! mais depuis tout ce temps je ne comprends toujours pas comment tu fais tes copier-coller "avec tout qui vient" ! Fernando Pessoa  3866672782
Comme je peux !
Ma souris semble avoir des problèmes. J' ai du mal à surligner et la flèche fait des embardées..
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Message par animal Jeu 15 Déc - 22:00

ça n'explique pas la copie de toute la mise en forme du html vers le phpBB. Cool

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Message par Jack-Hubert Bukowski Sam 17 Déc - 6:46

ArenSor a écrit:Je me rends compte seulement maintenant que l'avatar de Jack-Hubert est un portrait de Pessoa Embarassed

Le portrait «obamisé» de Pessoa, oui...

Quant à la génèse de mon pseudo, il est pessoen dans son essence...

Jack pour Jack Kerouac et Jack London.

Hubert pour Hubert Aquin, auteur québécois dont la brillance s'est confirmée et se confirme encore à l'occasion, circonstanciellement... parmi tous les hubert qui se sont illustrés en littérature...

Buk se passe de présentations. Voilà pour le pseudo. J'y ajoute en surlignage l'ombre tutélaire de Dany Laferrière.

Buk et Laferrière ont depuis lors été éclipsés par Pessoa et Geneviève Desrosiers.

Revenons maintenant à Pessoa. Fin de l'anecdote.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Jeu 12 Jan - 18:44

Je reproduis à l'identique le poème que je viens de citer de Pessoa sur un autre fil. Il m'apparaît important pour expliquer les ramifications multiples de ses personnalités :

«Nombreux sont ceux qui vivent en nous»

Nombreux sont ceux qui vivent en nous;
Si je pense, si je ressens, j'ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l'on pense, où l'on ressent.

J'ai davantage d'âmes qu'une seule.
Il est plus de moi que moi même.
J'existe cependant
À tous indifférent.
Je les fais taire : Je parle.

Les influx entrecroisés
De ce que je ressens ou ne ressens pas
Polémiquent en celui que je suis.
Je les ignore. Ils ne dictent rien
À celui que je me connais : J'écris.

Source : Fernando Pessoa, Je ne suis personne. Une anthologie, 1994, Paris : Christian Bourgois, p. 181.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Jeu 12 Jan - 18:47

La version abregée que tu as publié dans la notice vaut le détour, Bix, mais il fallait que je récite le poème au complet. Il explique d'autant mieux les liens explicités entre la poésie québécoise et l'intertexte pessoen.
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Message par Tristram Jeu 12 Jan - 21:56

Quelques précisions de plus concernant l'hétéronymie et l'écriture (tirées du Livre de l'intranquillité, sauf mention contraire) :

« Au bout de ce jour il reste ce qui restait d'hier, ce qui restera de demain : l'angoisse insatiable d'être toujours le même et toujours un autre. »

« J'ai mal à la tête et à l'univers (entier). »

« Il n'est personne, me semble-t-il, qui admette véritablement l'existence réelle de quelqu'un d'autre. »

« Chacun de nous appareille vers lui-même, et fait escale chez les autres. »

« La littérature tout entière est un effort pour rendre la vie réelle. »

« L'œuvre pseudonyme est celle de l'auteur "en propre personne" moins la signature de son nom ; l'œuvre hétéronyme est celle de l'auteur "hors de sa personne" ; elle est celle d'une personnalité totalement fabriquée par lui, comme le seraient les répliques d'un personnage issu d'une pièce de théâtre quelconque, écrite de sa main. »

« Je change peu à peu de personnalité, je m'enrichis (c'est là qu'il peut y avoir évolution) dans mon aptitude à créer des personnalités nouvelles, de nouvelles façons de feindre, de comprendre le monde, ou plutôt de feindre qu'il peut être compris. »
Lettre à Adolfo Casais Monteiro (1935), in « Fragments d'un voyage immobile »

« Vivre, c'est appartenir à un autre. Mourir, c'est appartenir à un autre. Vivre et mourir sont la même chose. Mais vivre c'est appartenir à un autre du dehors et mourir c'est appartenir à un autre du dedans. Les deux choses se ressemblent sauf que la vie est le côté extérieur de la mort. »
Alvaro de Campos, « Ambiant »

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Jack-Hubert Bukowski Ven 13 Jan - 8:33

Je persiste à nouveau avec Fernando Pessoa :

"Épisode"

Qu'importe ce que nous rêvons,
Ce que nous rêvons est vrai.
Qu'importe l'apparence,
Dieu la crée chose vue
Et dès lors elle est
Réelle comme tout ce que voici.

Qu'importe ce que nous désirons,
Nous la tenons quelque part ailleurs,
Maintenant, maintenant pour toujours, et nous sommes
Riches ici de ce qui est là-bas.
Lorsqu'au tréfonds de nous nous sentons notre je
C'est une aperception, en personne, de Dieu.

Parfois je pense que l'espoir
A le pouvoir de rendre cela vrai,
Mais je m'arrête, je tâtonne :
Vie, frayeur, affliction,
Voilà tout ce qui reste.
Pour quoi donc ces douleurs,

Cette intranquillité qui fait frémir
D'une possible joie
Toute la douleur qui submerge
Notre espoir jusqu'à la nausée?
Pour quoi cela, pour quoi
Si tout est incertain?

Oh! une brise me soit octroyée
Sur une terre aux beaux herbages,
Puisse cette brise charmer
Et moi n'y rien comprendre.
Car toute angoisse n'est
Que vague désir de félicité.

Merci à Hubert Aquin...
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Message par bix_229 Ven 13 Jan - 15:31

Qu'importe ce que nous rêvons,
Ce que nous rêvons est vrai.

Les poètes se rejoignent !
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Message par Tristram Ven 13 Jan - 16:13

Vaste débat, et très passionant, et fort d'actualité, que celui sur la réalité _ ou les réalités, notamment chez l'artiste. Comme ce que je lis est plus pertinent que ce que je pense, voici (seulement) deux extraits à méditer :

De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu'il n'existe qu'une seule réalité. En fait, ce qui existe, ce sont différentes versions de celle-ci, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes l’effet de la communication et non le reflet de vérités objectives et éternelles. »  
Paul Watzlawick, « La réalité de la réalité ‒ Confusion, désinformation, communication »

« Je cite à un moment cette phrase de Kant sur Platon quand il dit que Platon est pareil à une colombe qui maudit la résistance de l’air qui l’empêche d’aller plus vite et qui oublie que c’est cette résistance de l’air qui lui permet de voler. Libre est le romancier, il crée un monde à sa guise, mais il le fait sur le bord du monde qui existe. Sa liberté est très réduite. C’est celle de la colombe. »
Jacques Laurent (Cecil Saint-Laurent), entretien avec Bernard Pivot, novembre 1977, Lire n°27

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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 6 Mar - 8:24

Je rapatrie une citation puisqu'il m'avait semblé l'avoir déjà citée. Elle provient du recueil Le Gardeur de troupeaux :

6 juillet 1935

Je ne pense à rien,
et cette chose centrale, qui n'est rien,
m'est agréable comme l'air de la nuit,
frais en contraste avec le jour caniculaire.

Je ne pense à rien, et que c'est bon!

Ne penser à rien,
c'est avoir une âme à soi et intégrale.
Ne penser à rien,
c'est vivre intimement
le flux et le reflux de la vie...
Je ne pense à rien.
C'est comme si je m'étais appuyé
dans une fausse posture.
Un mal aux reins, ou d'un côté des reins,
mon âme a la bouche amère :
c'est que, tout bien compté,
je ne pense à rien,
mais vraiment à rien,
à rien...

(citation rapatriée)
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Message par bix_229 Lun 6 Mar - 15:50

Il pense qu' il ne pense à rien... Fernando Pessoa  3933839410
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Message par Tristram Sam 8 Juil - 15:06

Pour en revenir à la pensée de Personne, voici cet extrait (à l'occasion d'un feuillettement de son petit guide de Lisbonne, dont j'ai l'envie d'aller m'y promener) :

Je suis les faubourgs d'une ville qui n'existe pas, le commentaire prolixe d'un livre que nul n'a jamais écrit. Je ne suis personne, personne. Je suis le personnage d'un roman qui reste à écrire, et je flotte, aérien, dispersé sans avoir été, parmi les rêves d'un être qui n'a pas su m'achever. Je pense, je pense sans cesse ; mais ma pensée ne contient pas de raisonnements, mon émotion ne contient pas d'émotion.

(Et si Pessoa et tous ses hétéronymes n'étaient que de confuses ébauches ou esquisses de quelqu'écrivain velléitaire [l'Autre] ? De la responsabilité des auteurs d'achever leurs personnages [dans tous les sens du terme ?]...)

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Message par Tristram Sam 8 Juil - 15:20

Ricardo Reis est le seul hétéronyme de Pessoa qu’il ne fit pas mourir lui-même : José Saramago s'en chargea (O Ano da morte de Ricardo Reis).

« Quel ennui, maintenant qu'il a commencé, il va falloir finir, c'est une sorte de fatalité, Et les gens n'imaginent même pas que celui qui termine une chose n'est jamais le même que celui qui l'a commencée, même s'ils portent tous le même nom, lui seul ne change pas, rien que lui. »

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Message par Invité Sam 8 Juil - 21:32

Tristram a écrit: De la responsabilité des auteurs d'achever leurs personnages [dans tous les sens du terme ?]...)

Fernando Pessoa  3866672782

Je n'ai pas réponse à tes interrogations, mais merci pour tes extraits. Pessoa me manque, il faut que je le relise. Il m'est vital ce garçon.

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Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 26 Nov - 10:19

Je reviens à Pessoa. Il se consomme très modérément. J'ai commencé par Lisbonne. J'avais noté la même chose que Tristram, puis je suis allé à cet extrait que j'avais lu dans une autre traduction de Fernando Pessoa. Anthologie essentielle...

À la veille de ne jamais partir

du moins n’est-il besoin de faire sa valise

ou de jeter des plans sur le papier,

avec tout le cortège involontaire des oublis

pour le départ encore disponible du lendemain.

Le seul travail, c’est de ne rien faire

à la veille de ne jamais partir.

Quel grand repos de n’avoir même pas de quoi avoir à se reposer !

Grande tranquillité, pour qui ne sait même pas hausser les épaules

devant tout cela, d’avoir pensé le tout

et d’avoir de propos délibéré atteint le rien.

Grande joie de n’avoir pas besoin d’être joyeux,

ainsi qu’une occasion retournée à l’envers.

Que de fois il m’advient de vivre

de la vie végétative de la pensée !

Tous les jours, sine linea,

repos, oui, repos…

Grande tranquillité…

Quelle paix, après tant de voyages, physiques et psychiques !

Quel plaisir de regarder les bagages comme si l’on fixait le néant !

Sommeille, âme, sommeille !

Profite, sommeille !

Sommeille !

Il est court, le temps qui te reste ! Sommeille !

C’est la veille de ne jamais partir !



Traduit du portuguais par Armand Guibert

In, Fernando Pessoa : "Poésies d’Alvaro de Campos"

Editions Gallimard (Poésies du monde entier), 1968

Source : http://www.barapoemes.net/archives/2014/06/20/30112283.html
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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 27 Nov - 12:45

Dans Poèmes païens :

Dans le cycle éternel qui altère les choses
Un nouvel hiver après un nouvel automne
      Sur une terre différente
      De la même façon revient.
Moi, pourtant, il ne me trouve pas différent,
Il ne me quitte pas différent, enfermé
      Dans la maligne réclusion
      De mon indécise nature.
Proie de la blême fatalité de ne pas
M'altérer, lors je me renouvelle infidèle
      À mes desseins muets
      Périssables et infinis.

Poèmes païens, Édition Points Poésie, p. 211.
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