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Svetlana Aleksievitch

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Message par topocl Ven 16 Déc - 8:29

Svetlana Aleksievitch
Née en 1948


Svetlana Aleksievitch Images34

Svetlana Aleksandrovna Aleksievitch, née le 31 mai 1948 à Stanislav, est une personnalité littéraire et journaliste russophone soviétique puis biélorusse, dissidente soutenue par le PEN club et la fondation Soros.
Le 8 octobre 2015, le prix Nobel de littérature lui est attribué pour « son œuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque »

Svetlana Aleksievitch naît dans une famille d’enseignants de l'ouest de l'Ukraine, où s'est déroulée une partie de la guerre germano-soviétique. Son père est biélorusse et sa mère ukrainienne. Après la démobilisation de celui-ci en 1950, la famille retourne s'installer en Biélorussie à Mazyr. Sa famille a été fort éprouvée. La mère de son père meurt du typhus alors qu'elle est résistante. Sur trois de ses enfants, deux disparaissent pendant la guerre. Le père de Svetlana revient toutefois vivant du front. Le père de sa mère est tué au front. Elle passe toutefois son enfance, avant la démobilisation de son père, dans un village ukrainien de l'oblast de Vinnytsia. Par la suite, durant de nombreuses périodes de vacances, elle retourne en Ukraine, chez sa grand-mère.

En 1965, Svetlana Aleksievitch termine l'école moyenne à Kapatkevitchy raïon de Petrykaw en Biélorussie. Inscrite aux komsomols (« jeunesses communistes »), elle entreprend ensuite des études de journalisme à Minsk qu'elle termine en 1972.
Elle travaille d'abord comme éducatrice et comme professeure d'histoire et d'allemand dans une école du raïon de Mazyr, puis comme journaliste pour la revue biélorusse Pravda du Pripiat à Narowlia en Biélorussie, également dans le voblast de Homiel (Gomel en langue russe). Ce voblast est situé dans la région géographique de Polésie, le long de la frontière biélorusse avec l'Ukraine et à proximité de Tchernobyl. Il a été profondément contaminé par la catastrophe nucléaire.

En 1972, elle commence à travailler dans une revue locale à Biaroza dans le voblast de Brest. Entre 1973 et 1976, elle est journaliste auprès de la revue Selskaïa puis, de 1976 à 1984, dirige le département études et publications auprès de la revue des écrivains biélorusses Neman (en russe, « Нёман »).
En 1983, elle entre à l'Union des écrivains soviétiques.
Sa carrière de journaliste la conduit à beaucoup écrire sur des conflits et sur les soubresauts de l'actualité comme la guerre d'Afghanistan, la dislocation de l'URSS ou la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

Au début des années 2000, elle vit en Italie, en France, en Allemagne. Depuis 2013 elle vit de nouveau en Biélorussie. Parmi ses maîtres, elle reconnaît l'influence des écrivains biélorusses Ales Adamovitch et Vasil Bykov.
Son premier livre, Je suis partie du village, recueille des monologues d'habitants des villages biélorusses qui sont partis s'installer en ville. Le livre, prêt pour l'édition, est resté en attente avec une pile de livres au comité central du Parti communiste de Biélorussie. En effet, selon les autorités, elle avait critiqué la politique de délivrance des passeports et avait montré son « incompréhension de la politique en matière agricole du parti ».

Très critique à l'égard du « régime » d'Alexandre Loukachenko, Svetlana Aleksievitch s'est toujours systématiquement opposée à la politique du président de la Biélorussie. La maison d'édition qui éditait ses livres cesse de publier après l'arrivée au pouvoir de Loukachenko. Elle critique en même temps les opposants au président qu'elle ne considère pas comme de vrais hommes politiques mais comme des « hommes de culture, des rêveurs, des romantiques ».

Après le début de la crise de Crimée en mars 2014, elle condamne la politique russe envers l'Ukraine dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Lors d'une rencontre à Varsovie, le 13 mai 2015, pour la sortie de son livre Un temps de seconde-main, elle commente ainsi le conflit armé en Ukraine :

   « Il est terrible qu'au lieu de discuter les gens commencent par se tirer dessus. Mais je ne dis pas qu'il ne s'agit que du peuple russe. »

Le 8 octobre 2015, le prix Nobel de littérature lui est attribué pour « son œuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque ».
source : wikipédia

Œuvres traduites en français
(Ordre chronologique de publication en russe.)

   1985 : La guerre n'a pas un visage de femme, Paris 2004,
   1985 : Derniers témoins, Paris, Presses de la Renaissance, 2005
   1990 : Les Cercueils de zinc, 1991,
   1995 : Ensorcelés par la mort,  1995,
   1997 : La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse,  1999,
   2013 : La Fin de l'homme rouge ou le Temps du désenchantement 2013

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Message par topocl Ven 16 Déc - 8:31

La supplication

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Je vais me la jouer pas-courageuse. Je ne vais rien dire sur ce livre si ce n'est qu'il faut attraper son courage à deux mains, qu'il est indispensable si on veut un tant soit peu comprendre Tchernobyl,"complot de l'ignorance et du corporatisme".
Tout en précisant qu'il n'explique rien: n'attendez pas des chiffres , des pourquoi, des comment, il n'y a "que" des gens qui parlent, qui racontent, qui transmettent. Et nous qui lisons, incapables de lâcher ces pages terribles , bouleversantes, terrifiantes.


   Dans les premiers jours, on évacuait les enfants la nuit, pour que le moins de gens possibles puissent les voir. On voulait dissimuler le malheur, mais les gens savaient quand même. Il guettaient les bus qui passaient et offraient aux enfants de petits bidons de lait, des petits pains. Comme à la guerre… À quoi d'autres pourrais-je bien comparer cela ?



 
 On dit: la guerre... La génération de la guerre... On fait des comparaisons... La génération de la guerre? Mais elle était heureuse! Ces gens avaient la victoire. Ils ont vaincu! Cela leur a donné une formidable énergie vitale ou, pour utiliser le vocabulaire d'aujourd'hui, une orientation très forte vers la survie. Ils n'avaient peur de rien. Ils voulaient vivre, étudier, faire des enfants... Et nous? Nous avons peur de tout... peur pour nos enfants... Pour les petits-enfants que nous n'avons pas encore. Ils ne sont pas encore nés et nous avons déjà peur... Les gens sourient moins. Ils ne chantent plus comme avant au moment des fêtes. Non seulement le paysage change, puisque des forêts poussent de nouveau à la place des champs, mais encore le caractère national. La dépression règne sans partage... Chacun éprouve le sentiment d'être condamné. Tchernobyl est une métaphore, un symbole...

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #documentaire


Dernière édition par topocl le Ven 16 Déc - 8:38, édité 1 fois

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Message par topocl Ven 16 Déc - 8:32

La fin de l'homme rouge

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Ce livre est une somme, qui, en 550 pages, dit "tout" (ou en tout cas beaucoup) de l'URSS/la Russie depuis un siècle et de cette ahurissante transition. Rien de très neuf pour qui s'y intéresse, par contre, on est dans l'  approfondissement à travers l'intimité du vécu des petites gens.. Svetlana Alexeïevitch continue avec sa technique habituelle, un micro, un stylo, des oreilles, et tout est scrupuleusement noté. L’intervieweuse, bien présente par les choix des histoires rapportées,  s'efface totalement face aux récits de ses interlocuteurs.

Cette technique est à la fois la force et la faiblesse du livre,   ouvrage journalistique et non pas  littéraire. La force, car Svetlana Alexeïevitch a sélectionné ses histoires pour donner un survol historico-  journalistique le plus  complet posssible. Et qu'elle y met  une empathie du fait de sa proximité avec les personnes qui parlent, dans un  respect absolu de leur discours. La faiblesse, c'est que justement ce respect l'a amenée à refuser d'élaguer, ou concentrer, au risque de noyer le lecteur dans la litanie et les redondances  .
Cette démarche est le choix d'une femme pleine de compassion et proche de ses concitoyens, et si la lecture m'a parfois paru longuette, mon intérêt ne s'est pas démenti.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #documentaire #regimeautoritaire

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Message par Pia Jeu 26 Juil - 15:33

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La Guerre n'a pas un visage de femme

Je ne savais pas qu’autant de femmes avaient participé à la deuxième guerre mondiale. Beaucoup sur le front Russe. Elles avaient la patrie chevillée au corps!  C’était des gamines pleine de rêves d’héroïsme. Elles l’ont été parfois, héroïne. elles ont souffert, se sont dépassées, sont revenues brisées, vieillies avant l’âge, mais elles étaient surtout, des femmes, même au front. Svetlana Alexievitch a réuni les témoignages de ces femmes. C’est étonnant, bouleversant…éducatif?

On trimballait les hommes sur notre dos, des gars deux ou trois fois plus lourds que nous. Et quant ils sont blessés, ils sont encore plus lourds. On porte le blessé et son arme, et en plus sa capote et ses bottes. On se hisse quatre-vingts kilos sur le dos et on les porte. On dépose le blessé, et on repart chercher le suivant, et c’est à nouveau soixante-dix ou quatre-vingts kilos qu’il faut coltiner….Et ainsi cinq à six fois de suite au cours d’une même attaque. Or moi, je ne pesais que quarant-huit kilos, une vraie ballerine. Maintenant on a du mal à y croire…moi-même je n’y crois pas. … (Maria Petrovna Smirnova, brancardière)

On nous a donné des avions “Po-2. Un petit appareil, très peu rapide. Ils ne volait qu’à basse altitude. L’avion était fait d’une structure en bois, entièrement en contre-plaqué, sur laquelle était tendue de la percale. Il suffisait dun coup au but pour qu’il s’enflamme, comme une allumette. Le seul élément metallique un peu solide, c’était le moteur lui-mêmé. Ce n’est que bien plus tard, vers la fin de la guerre, qu’on nous a fourni des parachutes et qu’on a installé une mitrailleuse auprès du navigateur. […] On faisait jusqu’à douze sorties par nuit. […] Et le travail de nos filles armuriers! Elles devaient accrocher, manuellement, quatre bombes sous l’engin, autant dire trimballer chaque fois près de quatre cent kilos. Alexandra Semionovna Popova (lieutenant de la garde, navigateur)

Vous demandez si nous désirions ressembler à des hommes, au front? Au début oui, beaucoup! On se faisait couper les cheveux très courts, on allait jusqu’à modifier sa façon de marcher. Mais ensuite, non, bernique! Par la suite, on avait une telle envie de se maquiller! Au lieu de manger le sucre, on le mettait de côté, pour se raidir la frange. Klara Semionovna Tikhonovitch (sergent-chef, servant d’une pièce de DCA)



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Message par colimasson Jeu 26 Juil - 18:26

Merci Pia. Elles étaient nombreuses ? Elles ont du avoir pas mal d'obstacles sur leur chemin non ? Ou bien finalement, elles étaient mieux acceptées qu'on ne pourrait se l'imaginer ?
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Message par bix_229 Jeu 26 Juil - 18:30

Des obstacles ? Pourquoi ?
On manquait de bras et de chair à canon et les femmes étaient nombreuses.
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Message par tom léo Jeu 26 Juil - 18:54

colimasson a écrit:Merci Pia. Elles étaient nombreuses ? Elles ont du avoir pas mal d'obstacles sur leur chemin non ? Ou bien finalement, elles étaient mieux acceptées qu'on ne pourrait se l'imaginer ?

Probablement beaucoup plus nombreuses que ce qu'on croit communement..., et pas seulement dans l'Armée Rouge! Par hasard curieux j'avais vu "quelque part" une statistique ces derniers jours. Je ne la retrouve pas, mais à la va vite une autre source, voir ici:

https://worldoftanks.eu/fr/news/challenger/women-in-world-war-ii/

Impressionnant... Mais dans le bon sens???
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Message par colimasson Ven 27 Juil - 16:13

bix_229 a écrit:Des obstacles ? Pourquoi ?
On manquait de bras et de chair à canon et les femmes étaient nombreuses.

Vu sous cet angle-là, c'est vrai que les obstacles ne devaient pas être si nombreux que ça... Rolling Eyes

tom léo a écrit:
colimasson a écrit:Merci Pia. Elles étaient nombreuses ? Elles ont du avoir pas mal d'obstacles sur leur chemin non ? Ou bien finalement, elles étaient mieux acceptées qu'on ne pourrait se l'imaginer ?

Probablement beaucoup plus nombreuses que ce qu'on croit communement..., et pas seulement dans l'Armée Rouge! Par hasard curieux j'avais vu "quelque part" une statistique ces derniers jours. Je ne la retrouve pas, mais à la va vite une autre source, voir ici:

https://worldoftanks.eu/fr/news/challenger/women-in-world-war-ii/

Impressionnant... Mais dans le bon sens???

Merci pour cet article bien documenté Tom Léo.
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Message par Pia Jeu 23 Aoû - 16:55

colimasson a écrit:Merci Pia. Elles étaient nombreuses ? Elles ont du avoir pas mal d'obstacles sur leur chemin non ? Ou bien finalement, elles étaient mieux acceptées qu'on ne pourrait se l'imaginer ?

bix_229 a écrit:Des obstacles ? Pourquoi ?
On manquait de bras et de chair à canon et les femmes étaient nombreuses.

tom léo a écrit:
colimasson a écrit:Merci Pia. Elles étaient nombreuses ? Elles ont du avoir pas mal d'obstacles sur leur chemin non ? Ou bien finalement, elles étaient mieux acceptées qu'on ne pourrait se l'imaginer ?

Probablement beaucoup plus nombreuses que ce qu'on croit communement..., et pas seulement dans l'Armée Rouge! Par hasard curieux j'avais vu "quelque part" une statistique ces derniers jours. Je ne la retrouve pas, mais à la va vite une autre source, voir ici:

https://worldoftanks.eu/fr/news/challenger/women-in-world-war-ii/

Impressionnant... Mais dans le bon sens???


Oui il y en avait bien plus qu'on ne se l'imagine. Et pas seulement dans des fonctions de soins aux soldats. Beaucoup sont allées au front, dans des fonctions, comme dit bien l'article que Tom léo a posté, qui se sont ouvertes pour elles. Dans le livre il est dit qu'il y a eu énormément de femmes (quand je dis femme...c'étaient souvent des gamines) Soviétiques qui se sont engagées. Mais il semble que beaucoup de Britanniques se sont engagées aussi. Merci pour l'article Tom léo.

Cela a posé quelques obstacles au début mais vite l'urgence a fait qu'elles ont été acceptées. Quelques obstacles pénibles pour elles comme.... pas de chaussures à leur pointure par exemple....Quand tu es au front et que tu dois marcher des heures avec des bottes de pointure 42 alors que tu fais du 36...ça fatigue.
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Message par Invité Jeu 23 Aoû - 19:46

Pour les Soviétiques oui, y en a eu beaucoup au front. Comme le dit Bix, fallait bien de la chair à canon.
Pour les autres nations, ça fait un peu réécriture de l'Histoire quand même ...

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Message par ArenSor Jeu 28 Mai - 19:45

La Fin de l’Homme rouge

Svetlana Aleksievitch Fin_de10

Je suis pleinement d’accord avec le commentaire de Topocl qui a parfaitement résumé ce livre. Il faut noter cependant que l’aspect littéraire n’est pas absent. Il est pleinement revendiqué par l’autrice :

« Je n’ai pas pensé tout de suite à allumer mon magnétophone afin de saisir le moment que je guette toujours dans toutes les conversations, publiques ou privées, celui où la vie, la vie toute simple, se transforme en littérature. Mais il arrive que je manque de vigilance, or « un morceau de littérature », comme j’appelle ça, peut surgir n’importe où, et parfois dans les endroits les plus inattendus. »

« J’écris, je ramasse brin par brin, miette par miette l’histoire du socialisme « domestique »… « intérieur ». La façon dont il vivait dans l’âme des gens. C’est toujours cela qui m’attire, ce petit espace – l’être humain… Un être humain. En réalité, c’est là que tout se passe. »

J’ai pris conscience à la lecture de ces multiples témoignages du choc violent subit par des millions de gens lors de l’effondrement du système soviétique. Las années Gorbatchev et Elstine ont conduit une majorité de la population de l’URSS au bord de la misère, chambardement à la fois idéologique et économique. Tandis que les retraités, les professeurs et universitaires, sont condamnés à la mendicité, les nouveaux riches organisés en mafias, se pavanent chaines d’or au cou. Bientôt, ils s’achètent appartements et villas à Londres, Miami…
Ajouter à cela le mouvement d’indépendance des républiques où le réveil des nationalismes entraîne pogroms et massacres en tous genres : Arménie, Tadjikistan, Tchétchénie. Certains récits sont vraiment glaçants.

Comment après cela croire encore en la démocratie, au progrès, aux idéologies…

«  Nous avions un grand empire qui allait d’un océan à l’autre, du cercle polaire jusqu’aux tropiques. Ou est-il passé ? Il a été vaincu sans bombe. Sans Hiroshima. Il a été vaincu par Sa Majesté le Saucisson ! C’est la bonne bouffe qui a gagné. Et les Mercedes… L’homme n’a pas besoin d’autre chose, il ne faut rien lui proposer de plus, ce n’est pas la peine. Juste du pain et des jeux ! C’est ça, la plus grande découverte du XXe siècle. La réponse à tous les grands humanistes. Et aux rêveurs du Kremlin. »

« Nous avons bavardé. « La liberté ? venez donc faire un tour dans notre magasin : il y a de la vodka, tout ce que vous voudrez – de la Standart, de la Gorbatchev, de la Poutinka… Des tonnes de saucisson, et du fromage, du poisson. Il y a même des bananes. De quelle autre liberté on a besoin ? Celle-là nous suffit ! »

« Il y avait des montagnes de livres ! Les intellectuels ont vendu leurs bibliothèques. Les gens sont tombés dans la misère, bien sûr, mais ce n’est pas pour cela qu’ils se sont débarrassés de leurs livres, pas uniquement pour l’argent. Les livres les ont déçus. Une déception totale. Aujourd’hui, il est devenu indécent de demander à quelqu’un ce qu’il est en train de lire. Il y a trop de choses qui ont changé dans notre vie, et les livres n’en parlent pas. Les romans russes ne vous apprennent pas comment réussir dans la vie. Comment devenir riche… Oblomov reste couché sur son divan, les personnages de Tchékhov n’arrêtent pas de se plaindre en buvant du thé. »

« L’homme doit tout le temps choisir : la liberté, ou la prospérité et une vie bien organisée, la liberté avec les souffrances, ou le bonheur sans liberté. Et la plupart des hommes prennent la seconde voie. »

« La Fin de l’homme rouge » m’a aidé à comprendre certaines particularités de la politique en Russie à l’heure actuelle.
Dans la répétition des témoignages reviennent en boucle certaines idées.
- Le sentiment d’une humiliation profonde avec la disparition de l’Empire. Toute une nation a été élevée dans le culte de la Grande Guerre. C’est nous qui avons planté le drapeau rouge au sommet du reichstag, c’est nous qui avons envoyé le premier homme dans l’espace…
- Le sentiment d’un gâchis des années 90 qui fait dire à beaucoup que le peuple russe n’est pas fait pour la démocratie, il ne sait pas gérer. Il nous faut un tsar !
Manifestement, la tentative de Gorbatchev de socialisme à visage humain était vouée à l’échec. Entre communisme et capitalisme il fallait choisir. On à l’impression d’être entre la peste et le choléra !  Very Happy
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Message par Invité Jeu 28 Mai - 20:59

Alors, je vais me mettre en quête de ce livre. Merci @ArenSor pour cet avis qui me rend encore plus curieuse de sa lecture. Wink

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Message par Dreep Jeu 25 Fév - 12:18

Les cercueils de zinc

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Ce qui est révélateur, c'est de voir comment ceux qui ont vivement (ou violemment) critiqué Les cercueils de zinc et son auteur, ont justifié d'eux-mêmes la méthode de Svetlana Alexievitch. En quelques mots, elle récolte des voix, elle cite et organisent des témoignages qui se répondent entre eux. Ici, l'esclandre a été retentissante ― elle s'est traduite en un procès dont on nous donne le résumé à la fin du livre ― parce que l'actualité du sujet était brûlante : on parle dans ce livre publié en 1990, de la guerre en Afghanistan (1979 - 1989). Ce qui se joue dans Les cercueils de zinc, ce sont d'incessantes tentatives de refaire l'histoire, de recoller les morceaux, soit pour se rapprocher de la vérité soit pour donner un autre sens à ce conflit, moins traumatisant voire romantique... en accord avec l'idéologie soviétique, circulant toujours dans les veines de ceux qui ont exprimer un désarroi profond, une peine immense face à toutes ces vies sacrifiées pour des foutaises.

Ce sont des fils, des frères, des amis, des époux* qui ont disparus, et qu'on a reproché à Alexievitch d'avoir transformé en monstres. Ce n'était pas des monstres ― la guerre était monstrueuse ― ce sont des gens qui ont été pris dans la fournaise. Pourquoi y ont-ils participé ? Les réponses varient pour chacune de ces histoires et elles peuvent être transformées sous le coup d'une émotion insupportable. L'horreur de ces morts, la peur ou le mensonge dans le contexte soviétique. Moins impliqué, on supporte le coup mais l'émotion nous atteint aussi, elle déborde. Une phrase de La fin de l'homme rouge m'obsède : "Quand il raconte, l’homme crée, il lutte avec le temps comme le sculpteur avec le marbre. Il est un acteur et un créateur. " On ne peut mieux résumer l'œuvre de Svetlana Alexievitch et son art, allant plus loin que le simple "documentaire".

* : Des femmes aussi ont été en Afghanistan, mais il me semble qu'il n'y a aucune disparue dans Les cercueils de zinc.
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Message par Bédoulène Jeu 25 Fév - 23:08

merci Dreep, une lecture que je ferai, si j'ai du temps !

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Message par Dreep Sam 15 Jan - 18:42

La Supplication

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À propos d’un mal invisible, du silence et de l’absence d’odeur, à propos de ruines désormais habitées par les animaux et quelques survivants… à propos d’une ville désertée, du mensonge, de l’ignorance… Les nombreux témoignages dont La Supplication est constitué évoquent évidemment la catastrophe nucléaire ayant éclaté dans un contexte soviétique : celle de Tchernobyl. Les personnes que Svetlana Alexievitch a rencontré pour ce livre cherchent l’explication adéquate à ce qu’ils ont vécu, ils cherchent le sens, mais celui-ci leur échappe, tout comme la vérité. Pour celle-ci, il faudra attendre puisque ce que Svetlana Alexievitch restitue est le brouillard généré par l’infox : la propagande ou l’incompétence. Ici ou là on a quelques pistes permettant de comprendre Tchernobyl, et même de le dépasser. Tchernobyl est le faux centre de cet ouvrage, dont le sujet essentiel serait plutôt le désarroi émotionnel que la catastrophe a laissé dans son sillage et au-delà : une série de déchirements existentiels, amoureux, politiques… Un livre captivant et poignant, mais un livre presque trop ambitieux par rapport à contenu, moins long et complet que La fin de l’homme rouge que j’avais toujours dans un coin de la tête, on ne peut séparer les deux livres, ni d’ailleurs tous les livres de Svetlana Alexievitch, sûrement.
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