Julian Barnes
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Re: Julian Barnes
J'ai beaucoup aimé que ce soit deux godichons de l'amour : lui a juste sauté une ou deux filles à l'arrière d'une bagnole ou quelque chose comme ça, et elle qui n' a eu d'autre amant que son mari avec lequel elle fait chambre à part depuis des années ou décennies. Barnes le dit lui-même que dans ce genre de couple en général il y a la femme mûre qui initie le jeune homme (il dit même que c’est comme ça dans les romans français!), mais là pas du tout, ils vont tous les deux au jugé avec toute leur naïveté, ce n’est pas le coup de foudre torride au premier coup d'oeil, il y a tout un apprivoisement délicat, ce qui fait toute la fraicheur de la relation initiale.
En fait , tout le livre est comme ça, un stéréotype géant qui tord e coup à tous els stéréotypes.
Allleeeeez! Lisez-leeee! Trois jours après je continue à l'adorer!
(Merci de ta lecture, en tout cas, la miss montagnarde !)
En fait , tout le livre est comme ça, un stéréotype géant qui tord e coup à tous els stéréotypes.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
"Préféreriez-vous aimer davantage, et souffrir davantage ; ou aimer moins, et moins souffrir ? C'est, je pense finalement, la seule vraie question."
C'est ainsi que le narrateur de son histoire, "la seule histoire", celle qui compte toute une vie, celle d'un amour, commence son récit. Son histoire à lui, Paul, débute quand, à 16 ans il devient le partenaire d'une femme de l'âge de sa mère, dans un tournoi amateur double mixte de tennis. Ils deviennent amants, transgressant tous les codes de la société ; ils s'enfuient vivre leur amour dans une autre ville, elle abandonnant son mari, ses filles. Il s'aiment, ils s'aimeront des années.
"Mais n'oublie jamais jeune master Paul : chacun a son histoire d'amour ; chacun et chacune. Elle a pu être un fiasco, elle a pu tourner court, elle a même pu ne jamais commencer, elle a pu être entièrement dans la tête, ça ne la rend pas moins réelle. [...] C'est parce qu'ils ont eu, à un moment, leur propre histoire d'amour. Comme tout un chacun c'est la seule histoire."
Il continuera à l'aimer et à rester à ses côtés alors que l'addiction de Susan à l'alcool la détruit, le déchire ; il restera jusqu'aux limites du possible, avant qu'elle ne le détruise aussi, avant qu'il ne perde son instinct de sauvegarde, alors que l'amour, son amour à lui s' est transformé en pitié.
Il la ramènera à sa famille, ira la voir quelque temps, mais l'alcool a rongé sa mémoire, elle ne le reconnaîtra plus ; de longues années plus tard alors qu'il vivra sa vie, tranquillement, sans excès et n'ayant pas trouvé une femme qu'il pourrait aimer aussi passionnément que Susan, il ira la voir une dernière fois dans l'établissement où elle est hospitalisée, il dira adieu à celle qui n'est plus "sa" Susan, toute culpabilité bue.
Autres extraits :
"Le matelas sur le plancher est devenu un lit à deux places, dans lequel on dormait ensemble nuit après nuit, et où certaines de mes notions cinématographiques sur l'amour et le sexe durent être ajustées. Par exemple l'idée d'amants s'endormant bienheureusement dans les bras l'un de l'autre dut se réduire à la réalité d'une amante s'assoupissant sur la moitié du corps de son partenaire, et celui-ci, après avoir longuement souffert de crampes et de circulation sanguine interrompue, se dégageant en douceur en tâchant de ne pas la réveiller."
"Susan continue de s'occuper de votre linge à laver, et, de temps en temps, une de vos meilleures chemises revient tendrement roussie. Repassage en état d'ivresse : c'est une des moindres choses, mais douloureuse pourtant, dont la vie vous ai fait la surprise."
J'ai été sensible à ce sujet car, un couple ami s'est retrouvé confronté à cette addiction qui (comme d'autres) peut détruire l'amour, bouleverser des vies. Dans ce récit c'est d'autant plus poignant que cet homme, Paul, n'a pu vivre sereinement son amour, sa jeunesse. Même si Susan a une "pré-histoire" comme la nomme Paul, c'est avec autant de spontanéité que lui qu'elle avance dans cette histoire d'amour.
La vie avec Susan initiera le jeune homme à la dureté de la vie ; la souffrance rend vite mature. Le temps permet de retrouver un équilibre et on se contente de ce qu'il reste de notre vie, de ce que chaque jour propose.
La psychologie des personnages me parait très juste ainsi que leurs réactions. L' humour ainsi que la colère sont réalistes dans la confrontation des personnages avec l'addiction. Et il ne faut pas oublier que c'est d' Amour qu'il est question, "la seule histoire" de lui, d'elle, de nous, de vous !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
On se laisserait convaincre... (mais, quand même, si on a eu plusieurs amours, mettons la bière, un arbre et un chien, c'est de la poly-schizophrénie ?)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
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Re: Julian Barnes
j'y vois une addiction, une spiritualité et une belle fidélité
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Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
Une fidélité qui n'a pas laissé de choix, et qu'il regarde a posteriori, avec une mélancolie teintée d'humour, ne sachant s'il doit le regretter ou non, car la vie ne semble pas là pour donner des réponses.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
(Topocl, désolé, mais Bédoulène, là, elle ne parle pas du livre, je crois.)
Au moins il n'a pas aimé plusieurs femmes (même successivement), ce qui complexifie l'exercice de la mémoire, et même l'existence tout court.
Au moins il n'a pas aimé plusieurs femmes (même successivement), ce qui complexifie l'exercice de la mémoire, et même l'existence tout court.
Dernière édition par Tristram le Mer 8 Mai - 18:36, édité 1 fois
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Tristram- Messages : 15559
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Re: Julian Barnes
euh ? tu parles de Tristram là ?
parce que ma réponse était pour lui !
parce que ma réponse était pour lui !
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Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
euh ? tu parles de Tristram là ?
parce que ma réponse était pour lui !
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Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
Je parle du livre (si c'est à moi que tu t'adresse Bédoulène, je suis un peu paumée, là).
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topocl- Messages : 8395
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Re: Julian Barnes
On voit ça. Nous, on ne parle pas directement du livre (que je n'ai pas lu), on discute sur le thème,
Pas de blème Topocl, nous aussi on sait ce que c'est de vieillir, on est passé par là, pédaler un peu, tout ça, mais assumes, c'est pas grave, on est entre potes.
(Bédoulène, c'est pas non plus la peine de lui parler en double, elle est pas sourde, non plus ! juste un peu dans les vapes, mais ça va aller mieux rapidement, j'en suis sûr.)
Pas de blème Topocl, nous aussi on sait ce que c'est de vieillir, on est passé par là, pédaler un peu, tout ça, mais assumes, c'est pas grave, on est entre potes.
(Bédoulène, c'est pas non plus la peine de lui parler en double, elle est pas sourde, non plus ! juste un peu dans les vapes, mais ça va aller mieux rapidement, j'en suis sûr.)
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Tristram- Messages : 15559
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Localisation : Guyane
Re: Julian Barnes
tu vas avoir un retour de bâton Tristram je sens (et je ne béguais pas c'est le forum)
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Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: Julian Barnes
C'est ce regard rétrospectif qui apporte la vraie richesse du roman à mon avis !topocl a écrit:Une fidélité qui n'a pas laissé de choix, et qu'il regarde a posteriori, avec une mélancolie teintée d'humour, ne sachant s'il doit le regretter ou non, car la vie ne semble pas là pour donner des réponses.
Et au final je suis toujours à me demander si on peut parler "d'une histoire d'amour" : Tu soulignes très justement son engagement et les conséquences sur un parcours de vie , qui , sous la plume de Barnes semble traversé à une allure vertigineuse . Un tour de manège . Et c'est ce qui me reste de cet ouvrage .
A noter aussi que l'alcoolisme est remarquablement bien décrit avec un grand sens de l'observation du processus .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Julian Barnes
Bédou et tristram, je vous laisse à vos confidences de vieux, je me retire sur la pointe des pieds.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Localisation : Roanne
Re: Julian Barnes
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Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Julian Barnes
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topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Roanne
Re: Julian Barnes
La Seule Histoire
Juste quelques remarques après des commentaires accomplis :
Il s’agit presque d’un essai sur la relation amoureuse, précisant l’importance de la pré-histoire, etc.
J’ai particulièrement apprécié les réflexions de Barnes (soit le narrateur qui rapporte son existence), et notamment ses considérations sur le fonctionnement de la mémoire (on trouve aussi des observations fines sur la libido ado, et plus généralement la société).
Et cette définition de l’amour disparu me paraît sensiblement juste :
Juste quelques remarques après des commentaires accomplis :
Il s’agit presque d’un essai sur la relation amoureuse, précisant l’importance de la pré-histoire, etc.
J’ai particulièrement apprécié les réflexions de Barnes (soit le narrateur qui rapporte son existence), et notamment ses considérations sur le fonctionnement de la mémoire (on trouve aussi des observations fines sur la libido ado, et plus généralement la société).
La lente et terrible dépression alcoolique est fort bien rendue.« On a tendance à ranger toute nouvelle relation humaine dont on prend connaissance dans une catégorie préexistante. On voit ce qui est général ou commun en elle, alors que les participants ne voient – n’éprouvent – que ce qui est individuel et particulier à leurs yeux. Nous disons : Comme c’est prévisible… Ils disent : Quelle surprise ! Une des choses que je pensais au sujet de Susan et moi, à l’époque – et que je pense encore, tant d’années plus tard – est que, souvent, il ne semblait pas y avoir de mots pour notre relation ; du moins, aucun qui pût convenir. Mais peut-être est-ce une illusion qu’ont tous les amants sur eux-mêmes : celle d’échapper aux catégories et aux descriptions. »
« La mémoire trie et tamise selon les exigences de celui ou celle qui se souvient. »
« − Alors, tu vois, on est d’une génération qui a fait son temps. Tous les meilleurs sont partis. Ne nous restaient que les plus ordinaires. C’est toujours comme ça en temps de guerre… »
Et cette définition de l’amour disparu me paraît sensiblement juste :
« C’est le seul choix, au bout d’un moment. Être blessé, ou mort. »
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Julian Barnes
merci tristram, tu as donc apprécié !
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Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Julian Barnes
Tout à fait Bédoulène, quoiqu'un peu long peut-être ; c'est vrai que les histoires d'amour c'est toujours un peu assommant, même quand elles finissent mal.
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Julian Barnes
et c'est connu, les histoires d'amour finissent mal en général...............
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Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Julian Barnes
A signaler, la parution en octobre d'un "Quarto" Barnes qui regroupera :
- Le Perroquet de Flaubert
- England, England
- Arthur & George
- Une fille qui danse
- La Seule histoire
- Le Perroquet de Flaubert
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ArenSor- Messages : 3366
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Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
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