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Message par topocl Mar 27 Déc 2016 - 10:36

Ernest J. Gaines
Né en 1933


Ernest Gaines 76411310

Ernest James Gaines, né le 15 janvier 1933, est un écrivain afro-américain. Son roman publié en 1993, Dites-leur que je suis un homme (A Lesson Before Dying), a remporté le National Book Critics Circle Award et a été nommé au Prix Pulitzer. Gaines est chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. Né dans une plantation de Louisiane, dès neuf ans il gagne 50 cents par jour en ramassant des pommes de terre. À quinze ans, avec sa famille, il rejoint la Californie où il s'attèle plus sérieusement à ses études et commence à lire avec passion, tout en regrettant que « son monde » ne figure pas dans les livres. Il décide donc d'écrire pour le mettre en scène et publie ses premières nouvelles dans un magazine en 1956, suivies de plusieurs romans. Il s'affirme comme un des seuls écrivains américains à peindre un Sud en évolution, où les Noirs de la nouvelle génération s'opposent aux anciens dans une quête de dignité. La mutation est porteuse de conflits et de drames, car les règles du jeu ne sont plus codifiées. Ernest J. Gaines est aujourd'hui considéré aux États-Unis comme un des auteurs majeurs du « roman du Sud ». En 1996 il assure pendant un semestre entier des enseignements de creative writing à l'Université Rennes 2 Haute Bretagne. En 2004, il est nommé pour le Prix Nobel de littérature mais c'est finalement Elfriede Jelinek qui l'obtient.

Bibliographie française

1964 : Catherine Carmier
1967 : D'amour et de poussière : pages 1
1968 : Bloodline - Par la petite porte : pages 1
1971 : Autobiographie de Miss Jane Pittman : pages 1
1971 : Une longue journée de novembre, publié aussi sous le titre Ti-Bonhomme : pages 1
1983 : Colère en Louisiane
1993 : Dites-leur que je suis un homme : pages 1
2002 : Quatre heures du matin
2005 : Mozart est un joueur de blues
2010 : Par la petite porte : pages 1
2013 : Le nom du fils : pages 1

màj le 8/12/2019

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Message par topocl Mar 27 Déc 2016 - 10:37

Autobiographie de Miss Jane Pittman

Ernest Gaines Image217

La vie de Jane Pittman se passe en Louisiane, et s’étale sur plus d’un siècle . Née esclave dans une plantation, elle a dix ans quand l’esclavage est aboli, mais gardera toute sa vie la cicatrice des coups de fouet sur son dos.. Elle nous rapporte ses errances d’enfant, puis sa vie de femme au sein d’une plantation où elle continue à habiter « les quartiers », à servir les Blancs , à la cuisine ou au champs, s’imposant à tous par sa sagesse. Et 100 ans plus tard, quand les lois antiségrégationnistes s’imposent peu à peu, elle est encore là, et, avant beaucoup d’ autres, elle comprend que cette liberté dont elle a cru profiter toutes ces années, n’était qu’une misère et qu’un nouvel espoir est en train de naître.

C’est Jane qui raconte à un jeune professeur qui ne veut pas laisser se perdre son témoignage. Une conteuse hors pair, pleine de détermination et d’ humour, entre croyances, certitudes et espérances, dans son langage imagé, d’une grande vivacité .
Un excellent roman du Sud qui nous fait vivre les infortunes et petits bonheurs de cette femme volontaire et attachante et de la communauté noire qui l’entoure. Ce roman n’est pas aussi percutant que Colère en Louisiane (que je considère comme son chef d’œuvre), on y retrouve cependant avec grand plaisir les thèmes chers à Gaines.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #segregation #esclavage

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Message par topocl Mar 27 Déc 2016 - 10:39

Une longue journée de novembre suivi de Le ciel est gris

Ernest Gaines Index413

Deux nouvelles qui regardent le monde avec les yeux de l’enfance. Des enfants que les adultes, pris dans leurs tourments, traînent par la main, et qui observent. Ils sont profondément aimés, ces enfants, cet amour s’exprime par des leçons à savoir, des dents à soigner, un manteau reboutonné, un fouet accroché au mur. Ce sont deux textes qui ont un rôle essentiellement descriptif, de l'univers intime de  noirs qui vivent encore dans les quartiers, s'assoient au fond du bus , se laissent avec fatalité malmener par les blancs, et n'ont que leur tendresse fragile intimité et leur dignité à leur opposer, douleur et douceur entremêlées.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #nouvelle

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Message par topocl Jeu 5 Jan 2017 - 11:36

Le nom du fils

Ernest Gaines Index213

Le révérend Philipp Martin, la soixantaine empâtée, bon père, bon époux, belle maison, est unanimement respecté par ses paroissiens et par tous les habitants de Saint Adrienne, les Blancs comme les Noirs, pour avoir construit, organisé, donné un poids réel au Mouvement des Droits Civiques local. Mais quand arrive son fils abandonné d'une première union, étrange, inquiétant, son ancienne vie de débauche lui revient en pleine figure, une paternité honteuse le bouleverse, le doute s'installe et tout s'effondre : la famille, la foi, les amis, l'engagement :

J'étais rien qu'une de ces brutes épaisses, capable de tricher, de voler, de tuer, mais pas de tenir debout, d'être responsable, de vous protéger, toi ou ta mère. Ils nous avaient mis ça dans la tête depuis le temps de l'esclavage.

Le roman commence de façon très prenante dans cette petite ville, la nuit, sous la pluie, par un homme inconnu qui débarque ici sans vouloir communiquer, un désir de vengeance chevillé au corps. On se croirait dans un western, mais non, ce n'est pas d'action que l'on va parler, mais bien de culpabilité, de rédemption et de pardon, dans cette vertigineuse  descente aux enfers d'un homme rattrapé par son passé.

Le récit se centre ensuite sur le pasteur, pris dans un marécage de remords et d'incompréhension, et on pense aux pièces de théâtre à thèse de Sartre ou de Camus : un homme bon, charismatique, traqué par sa conscience. Pièces de théâtre car il y a énormément de dialogues, et que le texte suit avec une précision obsédante les gestes, les déplacements, les contacts physiques entre les personnages, comme une espèce de didascalie géante  romancée . Gaines colle à la peau de son héros, tourne en rond, se noie avec lui (et nous avec) dans ses sables mouvants, et il faut accepter de prendre son temps, de revenir en arrière, de voir  les protagonistes se répéter, dans leurs paroles comme dans leurs non-dits. C'est une ambiance très troublante, étouffante par moment, un reflet terrifiant du tumulte qui s'empare de Philipp :

  Je suis en guerre avec moi-même, Adeline . En guerre avec mon âme. Depuis quelques jours je n'arrête pas de me poser des questions, et je ne rencontre que des doutes, sur tout.

On parle donc ici de liberté, de libre arbitre, de filiation et de paternité. Il faut aussi relever la place des femmes, ces personnages apparemment effacés, vouées au service de leurs hommes, maris ou enfants, (on est dans le Sud des années 70), mais qui au final  sont la source de tout, en particulier de l'élan vital et du pardon : elles sont la source et le refuge. Car ce roman si sombre est un roman de foi, un roman qui croit en l'homme et sa capacité à se sauver lui-même.

(commentairé récupéré)


mots-clés : #psychologique #religion

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Message par tom léo Lun 27 Mar 2017 - 22:38

Ernest Gaines 41vvrv10

Dites-leur que je suis un homme


Original: A lesson before dying (1993)

Présentation de l'éditeur a écrit:Dans les années quarante, en Louisiane, Jefferson, un jeune Noir démuni et ignorant, est accusé d’un crime qu’il n’a pas commis : l’assassinat d’un Blanc. Au cours du procès, il est bafoué et traité comme un animal par son propre avocat commis d’office devant la cour et, pour finir, condamné à mort. La marraine du jeune homme décide alors que ce dernier doit, par une mort digne, démentir ces propos méprisants. Elle supplie l’instituteur, Grant Wiggins, de prendre en charge l’éducation de Jefferson. Le face à face entre les deux hommes, que seule unit la couleur de la peau, commence alors…

Ce que Gaines écrit dans son premier chapitre de ce roman, constituerait chez d’autres toute l’histoire: crime, procès d’un innocent, condamnation ! Alors on se demande bien comment il va remplir les autres 280 pages restantes ! Mais en fait, ce n’est que le début de la vraie histoire : L’humiliation vécue dans ce procès de marionnettes n’est que le pic visible d’une histoire d’humiliations d’un peuple depuis presque trois siècles. Et la victime est en Jefferson tout un chacun, d’abord évidemment de son peuple : il est comme le bouc émissaire. Mais comment ce mécanisme de victime va pouvoir se transformer ? Comment le désir de sa marraine va s’accomplir que Jefferson mourra dans la dignité, bien droit sur ses deux pieds, et ne point sur quatre pattes ? Alors Gaines décrira ce processus d’apprentissage de Jefferson, mais aussi chez le jeune professeur, le narrateur de l’histoire, lui-même aussi de couleur noir et refusant d’abord à s’approcher de Jefferson.

Un roman magnifique du Sud profond des Etats-Unis qui est situé dans les années 40, mais qui pourtant – écrit alors au début des années 90 ! – contient un message fort pour la vie ensemble des uns avec des autres et qui, surtout, invite chacun de marcher la tête haute à travers la vie et de laisser derrière soi l’esclavage intérieure !

Splendide, une vraie découverte !
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Message par Bédoulène Lun 27 Mar 2017 - 22:54

Il me tente beaucoup cet auteur, merci pour vos commentaires

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Message par tom léo Mar 11 Avr 2017 - 7:36

Ernest Gaines 51i39q10

D'amour et de poussière


Original: Of Love and Dust (Anglais/E.-U. 1967)

CONTENU:
Présentation de l'éditeur a écrit:Une plantation aride de Louisiane, théâtre de tous les déchirements. C'est là que se nouent les amours du contremaître cajun Bonbon et de Louise, une esclave noire. Et celles, plus coupables encore, du farouche Marcus, tout juste sorti de prison, et de Louise, la femme blanche du contremaître. Sous le regard réprobateur de toute une communauté, tabous et non- dits volent en éclats. Mais comme dans une tragédie antique, leurs destins prendront peu à peu valeur d'exemple.

REMARQUES:
Le roman est divisé en trois grandes parties de 22,17 et 16 chapitres. Vu la longeur du roman, alors des chapitres assez courts.

C'est sur une plantation non loin de Baton Rouge, la capitale de la Louisiane, qu'atterrit un jour de 1948 le jeune Marcus, homme de couleur: il fut libéré sous caution, en attendant son procès, et le Maréchal l'emploie alors comme ouvrier peu couteux sur son exploitation de coton, de maïs etc. Sur l'ordre du Maréchal le cajun Bonbon, le contre-maître, prend Marcus dans son viseur, le prend durement. Bonbon, tout en étant marié avec Louise, vit alors une relation avec la belle Pauline. C'est d'abord pour se venger pour les humiliations que Marcus va essayer de s'approcher de Louise qui s'ennuie tout seule dans la maison.

Le narrateur est James „Jim“ oder Jime Kelley, mécanicien et conducteur de tracteur. C'est lui qui est demandé d'accueillir Marcus dans sa maisonette dans „les quartiers“, et que la marraine du jeune garçon demande de bien vouloir jeter un coup d'oeil bienveillant sur son filleul. Difficile, car celui-là vient comme enfant de ville, si possible avec chaussures cirées et chemise en soie, en recherche d'une fille facile et après avoir tué pour pas grande chose un concurrent.

Raconté par Kelley, celui-ci n'a pas vécu tous les événements relatés: donc il doit récourir à la citation, à ce qu'il a entendu etc. Cette technique rend des fois la narration un peu compliquée ou même construite (artificiellement). Mais cela n'empêche pas en général une narration avec des vrais coup de génies, comme par exemple une récolte des épis de maîs qui est narrée sur pas mal de pages: on essaie de mâter Marcus en augmentant lentement le rythme de la vitesse de récolte. Ou il y a cette beuverie et bagarre mémorable dans une hutte entre la moitié des gens du quartier...

Mais l'essentiel du récit est l'atmosphère d'une époque où l'esclavage avait bel et bien disparu, mais ou un esprit de séparation de classes et de races domine encore tout. Dans le centre d'intérêt on trouvera la juxtaposition d'un coté de la relation plus que charnelle (tolerée), mais même d'amour entre Bonbon et Pauline et, d'autre coté de cette relation naissante d'abord d'un acte de vengeance, mais qui se transforme en histoire d'amour entre la „blanche“ Louise et le „negro“ Marcus. Et là, franchement, c'est l'interdit absolu! On se trouve dans le grand sud, et seulement d'envisager une fin de ce tabou est impossible à s'imaginer. Et pas seulement pour la population blanche, non, aussi pour les gens de couleurs eux-mêmes. Marcus suscite ainsi la peur!

Et pendant presque toute la narration domine cette impression du tranquillement admis d'un coté, et de l'impossible de l'autre. Jusqu'à ce qu'à la fin des questions se lèvent...

Mais quel courage faudrait-il pour vaincre les tabous intérieurs, les anciens peurs? Reste un énorme impression d'un drame, oui, d'une tragédie: les personnes, Blancs et Noirs, sont des prisonniers d'un système et chacun dans sa part un pion dans les manigances d'autres. Et où en est la liberté?

Un roman à des multiples facettes qui va plaire aux amateurs de la bonne littérature du Sud des Etats-Unis, et spécialement à ceux qui ont déjà fait connaissance d'Ernest Gaines. Il évite l'unilatéralité, et voit derrière les choses simples la complexité de l'homme, mais derrière les questions apparemment si insolubles aussi les réponses simples, même s'ils sont pas encore universellement admises...

Splendide!


mots-clés : #esclavage
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Message par tom léo Lun 24 Juil 2017 - 22:24

Après des livres impressionants de lui, on ne peut que continuer d'explorer l'univers d'Ernest J.Gaines. Alors je suis tombé sur

Ernest Gaines Autobi10

L'autobiographie de Miss Jane Pittman


Original : The Autobiography of Miss Jane Pittman (Anglais/E.-U., 1971)

CONTENU :
Le roman (sic!) raconte l'histoire de Jane Pittman qui a au début des années 1960 env 105 ans ! Donc elle avait encore connu comme petit enfant, il y a une centaine d'années, le temps de la guerre civile américaine. De là elle raconte son histoire jusqu'à « maintenant ». Elle traversera des étapes essentiels de l'histoire américain, sera témoin ou/et aussi actrice.

REMARQUES :
Ce récit dans la première personne est une mise d'ensemble de ce que Miss Jane Pittman raconte, lors de soirées et rencontres à un jeune professeur d'histoire en recherche de témoignages vivants de l'histoire des anciens esclaves. C'est lui qui introduit ce roman comme s'il a enregistré et arrangé ce qui avait été dit. Ce procédé donne rapidement l'impression d'une authenticité au roman. Mais celui-ci, selon Ernest Gaines, restera une fiction, même si l'auteur a énormément consulté des récits historiques. Aussi, comme enfant, Gaines a du fréquente sur les plantations de la Louisiane des gens du calibre de Miss Jane Pittman.

Le livre se présente en quatre parties avec toujours beaucoup de chapitres sous-titrés. Donc des unités de lectures assez lisibles et petites., procédant - après l'introduction – dans une chronologie. Peu d'artifice de mots, de style, mais plutôt un langage vivant de « narration ». L'auteur a essayé de reconstitué une forme entre oralité et récit arrangé.

La petite Ticey a déjà une dizaine d'années lors du départ de leur plantation en Louisiane (où elle travaille comme esclave) des troupes des confédérés, et l'arrivée immédiate des Nordistes. Quand la libération des esclaves est proclamée, elle aurait pu resté sur la plantation, mais elle choisit avec d'autres de quitter vers le Nord,en recherche du fameux Lieutenant Brown qui avait eu des paroles si mémorables pour elle. Rapidement leur groupe se trouve attaqué par des Sudistes en colère, et elle prendra soin d'un petit garçon. Celui-ci deviendra comme son fils « adoptif ». Mais elle n'ira pas loin…, et quittera jamais cette Louisiane. Si l'esclavage semble terminé, les conditions de travail, le refus d'école pour eux etc n'améliorent pas leur vie. Ils resteront exploités, d'une façon ou d'une autre. Le livre retrace cette longue histoire et ira jusque dans les années de la lutte des droits civiques du XXème siècle.

Le connaisseur (américain?) reconnaîtra de temps en temps des allusions à des événements historiques, des personnages. Elle, qui avait changé son nom vers « Jane » pour laissé derrière elle l'identité d'esclave, connaîtra plusieurs hommes (maris), mais aussi des pertes successifs. La vie sera dure.

Vu qu'on parle alors d'un époque englobant presque cent ans, on peut être dubitatif, mais vu de près on constatera, étonné, que tout un chacun de nous, par sa vie, par ses relations avec des grands-parents par exemple, fait le pont entre des siècles… Perspectif magique de s'imaginer que des grands-parents (à moi) sont nés au XIXème siècele, et que la génération de nos enfants va éventuellement entrer dans le XXIIème… Ainsi le temps se raccourcit, des événements historiques ont un écho qui perdure.

Peut-être la qualité de ce livre n'atteint pas, selon mon avis, celle des autres lus de lui, mais néanmoins le lecteur qui aime les sujets de Gaines, sera comblé ici aussi !
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Message par tom léo Dim 1 Oct 2017 - 16:16

Ernest Gaines Index213

Le nom du fils


Originale: In my Father’s house (Englisch/USA, 1978)

Editeur Liana Levi a écrit:Au début des années 70, la lutte pour l'égalité des droits est loin d'être terminée pour les Noirs américains. Pour certains, c'est même le combat de chaque instant. Le révérend Phillip Martin, leader du mouvement dans une petite ville de Louisiane, est de ceux-là ; il a bâti autour de ce combat une vie solide et respectable. Jusqu'au jour où un mystérieux jeune homme vient rôder sans but apparent autour de sa maison...

REMARQUES :
1970. Un inconnu arrive dans la petite ville de St Adrienne en Louisiane : il a l’air délaissé, perdu. Il montre pas des grands intérêts, mais parle d’un rendez-vous à venir. Est-ce bien avec le Reverend Phillip Martin ? Homme si respectable, prêcheur et activiste des droits civiques ? Et en plus bel homme ? Au plus tard quand les deux se rencontrent (très rapidemment), il devient clair : il s’agit du fils d’une liaison de longue durée que Martin avait dans sa jeunesse. Mais ils n’étaient jamais mariés, et il a rien fait pour les retenir, lui, sa mère et ses deux frères et sœurs ! L’homme si bien établi doit faire face à son passé. Ou est-ce qu’il va encore une fois repoussé son fils ? Préfèrer sa vie bien rodée ? Oui, la vue se l’auteur se déplace plus vers ces interrogations du prêcheurs, sa quête de redemption véritable. Non, pas juste pour une question de culpabilité, mais d’un refus fait dans le passé envers la responsabilité pour des actes commis.

Et si l’honnêteté va l’éloigner maintenant de sa communauté, de sa credibilité ? Où sont le prix à payer, les conséquences à tirer, pour devenir fidèle à soi-même et aux autres ?

Certains dialogue sont peut-être très longues, voir répétitifs, mais on y trouve un réalisme, et une force dans ce livre.

Voilà un autre Gaines qui m’a énormement plu. Quelle richesse de sujets ! A part ce que j’ai déjà mentionné, on pourrait certainement aussi y voir une analyse en profondeur de la situation des Noirs aux E.-U., mais aussi dans les différents face de revolte ayant existé, de la modération, par le pacificisme jusqu’à la violence. Chez Gaines on trouve certes l’homme comme victime, mais il n’est pas blanc-noir dans ses jugements. On trouve une honnêteté chez Gaines qui est capable de voir aussi les manquements de certains Noirs : l’absence du père en est un. Ne pas prendre la responsabilité en fait partie. Comment donc remplir l’abîme entre « les pères et les fils » ?

Quel bon roman, fort !
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Message par tom léo Dim 8 Déc 2019 - 14:25

Par la petite porte

Ernest Gaines Ernest10


Originale : Bloodline (Anglais/E.-U., 1976)

Liana Levi a écrit:Copper, le fils métis et illégitime du maître blanc, revient dans la plantation où il est né. Appelé à rendre visite à son oncle, il refuse de passer par la petite porte à l'arrière de la maison, comme l'impose pourtant la tradition ségrégationniste de Louisiane. Son refus est le point de départ d'un bras de fer lourd de sens.

REMARQUES :
Sud des Etats-Unis. Années… 40 ? Le narrateur Felix ainsi qu’Amalia (‘Malia) semblent les derniers d’une époque dans l’aujourd’hui de la narration. Ils ont autour de 70 ans, et avaient grandis encore dans des circonstances « claires ». Mais un univers semblent presque tendre vers une fin ? Maître Frank Laurent, affaibli après deux crises cardiaques, aimerait encore imposer sa volonté autour de lui et il y arrive avec les gens du coin, ceux du « quartier », qui vivent de leur jardin sur sa propriété à lui. Mais le retour de son neveu, Copper, fils métis du frère (mort il y a longtemps) de Frank, Walter, avec une Noire, chamboule tout. Il ose s’appeler Christian Laurent et réclame son dû! Frank veut lui imposer le traitement convenu, le faire entrer par la porte de service, la « petite porte ». Mais Copper, devenu apparemment un général – mais de qui ? -, portant uniforme et s’imposant par son physique, resiste.

La narration de ce petit livre d’à peine une centaine de pages se fait dans une langue apparemment « simple », marquée par l’univers de Felix. Et l’univers des livres de Gaines : celui des plantations du Sud, où l’auteur a grandi encore lui-même dans les années 30. Il traite les sujets pas de façon « noir et blanc ». Ainsi le métis Copper a aussi tendance de mépriser des noirs !? Et on touche peut-être au sujet délicat du rapport entre Coloured et Noirs? Frank, lui, a l’air d’être prisonnier d’un système qu’il n’arrive pas à dépasser. Est-ce que quelque part il a déjà conscience que ce monde-là est voué à la perte ? Des gens autour de lui, entre serviteurs, métayers, utilisateurs des terres, se trouvent entre des attitudes de soumission et puis d’une conscience d’une fin de génération, d’époque.

Ce Gaines arrive encore une fois de parler de cet univers de façon remarquable ! Merci aux éditions Liana Levi de nous rendre accessible ses écrits.
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Message par Tristram Dim 8 Déc 2019 - 14:55

Je tâterais bien de ce "Faulkner noir" (??), mais il n'est pas tellement distribué.

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Message par Bédoulène Dim 8 Déc 2019 - 18:35

j' avais déjà noté, j' ai 2 livres dans ma pal, donc prochaine lecture
merci Tom Léo !

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Message par Tristram Sam 24 Juil 2021 - 13:38

Dites-leur que je suis un homme

Ernest Gaines 41vvrv10

Le titre originel, A Lesson Before Dying, me paraît mieux convenir que celui qui a été choisi en français et représente incorrectement l’attitude du jeune condamné tout au long du récit.
« Ils vous condamnent à mort parce que vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment, sans la moindre preuve que vous ayez été mêlé au crime, en dehors du fait d’avoir été sur les lieux quand il s’était produit. Pourtant six mois plus tard ils viennent ouvrir votre cage et vous informent : nous, tous des Blancs, avons décidé qu’il est temps pour vous de mourir, parce que c’est la date et l’heure qui conviennent. »
L’avocat commis d’office à la défense de Jefferson a déclaré que d’envoyer ce dernier à la chaise électrique n’avait pas plus de sens que d’y placer un porc, et cette assimilation du Noir à l’animal choque tout son entourage. Sa nan-nan (marraine), Miss Emma, veut que Grant, le narrateur, lui enseigne dans l’attente de son exécution à marcher à la mort comme un homme. Grant a eu la chance d’aller à l’université, et est devenu instituteur.
« Ils regardent leurs pères, leurs grands-pères, leurs oncles, leurs frères – ce sont tous des hommes brisés. Ils me voient ; et moi, qui ai grandi sur cette plantation, je peux leur apprendre à lire, à écrire et à compter. Je peux leur donner quelque chose que ni un mari, ni un père, ni un grand-père ne leur a jamais donné, alors ils veulent me retenir aussi longtemps que possible. Sans se rendre compte qu’en s’accrochant à moi, ils vont me briser aussi. Que pour que je sois ce qu’ils croient, ce qu’ils veulent, je dois m’enfuir comme les autres l’ont fait dans le passé. »
Il est amer à cause de la condition raciale, et d'autant plus rétif à la perspective d’obéir à Miss Emma, solidement soutenue par tante Lou qui l’a élevé. Le livre repose essentiellement sur sa torture intérieure, ses pulsions de fuite ou de repli sur son amour pour Vivian, son incroyance au paradis (ce qui le déconsidère socialement), puis son engagement progressif pour la dignité, l’identité, l’humanité de Jefferson, et plus largement de leur communauté.
Ce roman puissant repose sur les personnages, notamment les femmes et leur rôle social dans une collectivité où les hommes ont été réduits à l’humiliation.
C’est peut-être LE livre qu’il faudrait lire en première lecture (à l’école par exemple) sur le racisme et la peine de mort, essentiellement aux USA.

\Mots-clés : #mort #racisme

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Message par Bédoulène Sam 24 Juil 2021 - 13:44

merci Tristram, lecture prévue !

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Message par topocl Sam 24 Juil 2021 - 17:05

Tristram a écrit:.
C’est peut-être LE livre qu’il faudrait lire en première lecture (à l’école par exemple) sur le racisme et la peine de mort, essentiellement aux USA.

\Mots-clés : #mort #racisme
Et après tu mettrais quoi sur la liste?

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Message par Tristram Sam 24 Juil 2021 - 17:37

Le tombereau de redites perpétrées depuis ( tu devrais comprendre, Topocl, que je suis incapable d'une telle synthèse au pied levé) !
Mais ce serait une excellente idée je pense de proposer des titres, plus fondamentaux ou pas (et pas classés que par la date d'écriture) !
L'idée, c'est d'éviter une certaine lassitude trop vite issue du ressassement et de la surabondance de traitement de ces sujets.

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Message par Tristram Jeu 26 Oct 2023 - 17:10

Colère en Louisiane

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Beau Boutan, un Cajun (les Cajuns ou Cadiens sont à l’origine les descendants des Acadiens déportés du Canada, des créoles francophones, certains étant devenus des planteurs esclavagistes), vient d’être abattu par Mathu, un vieux Noir, parce qu’il poursuivait chez lui Charlie (dont il est le Parrain) avec un fusil.
Candy Marshall, la propriétaire de la plantation, qui a été élevée par Miss Merle (une Blanche) et Mathu à la mort de ses parents, fait venir tous les vieux nègres et sang-mêlés des environs pour se déclarer coupables avec elle (A Gathering of Old Men, le titre originel). Le shérif Mapes a compris la situation, mais ne sait que faire : ce qu’il craint, comme tous les autres d’ailleurs, c’est que Fix, le père de Beau, ne rallie ses proches pour venir lyncher Mathu. Fix, déjà âgé, dépassé par le progrès social qui donne une place aux personnes de couleur dans une Louisiane conservatrice, rejette toute forme de justice officielle au nom de l’intérêt de sa famille, mais renonce finalement à aller dans les quartiers de la plantation.
« Protéger le nom et la terre. »
Mais les extrémistes du Klan se regroupent pour rendre leur justice par la violence…
Dans ce roman, Gaines fait parler quelques-uns des témoins et participants pour narrer le déroulement des faits. La prise directe sur l’action au présent, en plus du suspense intense, constitue une inspiration évidente pour le cinéma. Au-delà d’un certain hiératisme dramatique (et très beau), ce récit relativement bref expose une palette fort riche de personnages et de situations divers : c’est magistralement composé, du chœur polyphonique aux "héros" tragiques.
Le nœud est bien sûr le racisme, décliné tous azimuts, dans toutes les nuances du blanc au noir (mulâtre, créole, etc.), et la ségrégation conséquente, et la spoliation des descendants d’esclaves, mais aussi la solidarité de vieillards qui courageusement, dignement, relèvent la tête pour la première fois.

\Mots-clés : #discrimination #esclavage #justice #racisme #romanchoral #segregation #vengeance #violence #xxesiecle

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Message par Bédoulène Jeu 26 Oct 2023 - 17:48

merci Tristram, je ne puis que noter !

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Message par topocl Ven 27 Oct 2023 - 9:44

Oui, note, Bédoulène, c'est un super bouquin!

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