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Jules Barbey d'Aurevilly

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Message par Tristram Dim 8 Jan 2023 - 11:40

Jules Barbey d'Aurevilly
(1808 – 1889)

Jules Barbey d'Aurevilly Barbey10


Jules Amédée Barbey d'Aurevilly, dit Jules Barbey d'Aurevilly, est un écrivain français, né le 2 novembre 1808 à Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche) et mort le 23 avril 1889 à Paris des suites d'une hémorragie. Surnommé le « Connétable des lettres » par Léon Bloy, il a contribué à animer la vie littéraire française de la seconde moitié du XIXe siècle. Il a été à la fois romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, journaliste, dandy (attitude de vie qu'il théorise d'ailleurs, avant Baudelaire, à travers son essai Du dandysme et de George Brummell), et polémiste.
Un temps républicain et démocrate, Barbey finit, sous l’influence de Joseph de Maistre, par adhérer à un monarchisme intransigeant, méprisant les évolutions et les valeurs d’un siècle bourgeois. Il revient au catholicisme vers 1846 et se fait le défenseur acharné de l’ultramontanisme et de l’absolutisme. Ses choix idéologiques nourriront une œuvre littéraire, d’une grande originalité, imprégnée de sa foi catholique et marquée par la question du mal et du péché.
À côté de ses textes de polémiste, qui se caractérisent par une critique de la modernité, du positivisme ou des hypocrisies du parti catholique, on retient surtout, même s'ils ont eu une diffusion relativement limitée (à l'exception notable de Une histoire sans nom en 1882 qui fut un véritable succès), ses romans et nouvelles, mélangeant des éléments du romantisme tardif (frénétisme), du fantastique (ou du surnaturalisme), présentant un certain réalisme historique, annonçant le symbolisme et le décadentisme. Son œuvre dépeint les ravages de la passion charnelle (Une vieille maîtresse, 1851), filiale (Un prêtre marié, 1865), politique (Le Chevalier des Touches, 1864) ou mystique (L’Ensorcelée, 1855). En particulier son recueil de nouvelles Les Diaboliques, paru tardivement en 1874, dans lequel l’insolite et la transgression plongent le lecteur dans un univers ambigu, a valu à son auteur d’être accusé d’immoralisme. Même si son œuvre a été saluée par Baudelaire et si plusieurs écrivains ont loué son talent extravagant, notamment à la fin de sa vie, Hugo, Flaubert ou Zola, dont il a vivement critiqué les œuvres, ne l'appréciaient pas. Ses « héritiers » sont Léon Bloy, Joris-Karl Huysmans, Octave Mirbeau ou Paul Bourget et sa vision du catholicisme a exercé une profonde influence sur l’œuvre de Bernanos.

Œuvres
Romans

Une vieille maîtresse, 1851
L'Ensorcelée, 1852
Le Chevalier Des Touches, 1879
Un prêtre marié, 1865
Une histoire sans nom, 1882
Ce qui ne meurt pas, 1884

Nouvelles
Le Cachet d'onyx, composé en 1831
Léa, 1832
L'Amour impossible, 1841
La Bague d'Annibal, 1842
Le Dessous de cartes d'une partie de whist, 1850 (reprise dans les Diaboliques)
Le Plus Bel Amour de Don Juan, 1867 (reprise dans les Diaboliques)
Une page d'histoire, 1882 (Sous le titre Retour de Valognes. Un poème inédit de Lord Byron), 1886
Les Diaboliques, recueil, 1874

Poésies
Ode aux héros des Thermopyles, 1825
Poussières, 1854
Rythmes oubliés, 1884
Amaïdée, 1889

Essais et textes critiques
Du Dandysme et de Georges Brummel, 1845
Les Prophètes du passé, 1851
Les Œuvres et les hommes 1860-1909
Les Quarante Médaillons de l'Académie, 1864
Goethe et Diderot, 1880
Les Ridicules du temps, 1883
Sensations d'art, 1886
Pensées détachées, Fragments sur les femmes, 1889
Polémiques d'hier, 1889
Dernières Polémiques, 1891
L'Europe des écrivains (recueil d'articles rassemblés en 2000)
Le Traité de la Princesse ou la Princesse Maltraitée (texte établi à partir de la correspondance de Barbey d'Aurevilly avec Trébutien), 2012

Mémoires, notes et correspondance
Correspondance générale (1824-1888), 9 volumes de 1980 à 1989
Memoranda, Journal intime 1836-1864
Disjecta membra (cahier de notes) 1925
Omnia (cahier de notes) Grasset 2008

(Wikipédia)

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Dim 8 Jan 2023 - 12:37

Les Diaboliques

Jules Barbey d'Aurevilly Les_di10

Relecture où je mesure (à nouveau) tout ce qu’a de baudelairien ce recueil de six textes ; les deux hommes sont contemporains, et participent surtout du même univers sociétal et littéraire ; s’il y a eu influence, c’est plutôt celle de Baudelaire qui prime (Barbey était un grand admirateur des Fleurs du Mal).

Le Rideau cramoisi
Le vicomte de Brassard, célèbre dandy, conte au narrateur comme, tout jeune sous-lieutenant en pension chez des petits bourgeois, leur fille, l’impassible Mlle Albertine, s’offrit clandestinement à lui, et quelle fut son épouvante lorsqu’elle mourut dans ses bras, irrémédiablement déshonorée car il ne peut lui faire retraverser la chambre de ses parents. Il prend la fuite avec l’aide de son colonel, et ne connaîtra jamais le fin mot de l’histoire. En définitive, nous n’en saurons pas plus sur la belle, l’énigmatique Albertine, ni sur ses proches.

Le Plus Bel Amour de Don Juan
Au travers d’une cascade de narrateurs, nous apprenons quel fut, selon le Don Juan de l’époque reçu dans un boudoir par douze anciennes amours, sa conquête la plus flatteuse : la passion à son endroit de la fille d’une amante, treize ans, qui pourtant le battait froid.
Le Bonheur dans le crime
Le docteur Torty s’entretient avec le narrateur au Jardin des Plantes, où ils croisent un couple fort épris l’un de l’autre, connu de longue date par le médecin.
« Mon cher, c’est là une histoire qu’il faut aller chercher déjà loin, comme une balle perdue sous des chairs revenues ; car l’oubli, c’est comme une chair de choses vivantes qui se reforme par-dessus les événements et qui empêche d’en voir rien, d’en soupçonner rien au bout d’un certain temps, même la place. »
Même si ce n’est pas Barbey qui parle directement, on le découvre moins misogyne que souvent dénoncé.
« Une femme qui fait ce que fait un homme, le ferait-elle beaucoup moins bien, aura toujours sur l’homme, en France, un avantage marqué. »

« Puis, encore, on perdait une jeune fille qu’on avait cru voir vieillir ou se marier, comme les autres jeunes filles de la ville – internées dans cette case d’échiquier d’une ville de province, comme des chevaux dans l’entrepont d’un bâtiment. »
Cette femme, c’est Hauteclaire Stassin, fille d’escrimeur et fameuse escrimeuse elle-même, évidemment belle mais surtout fière et indépendante, quoiqu’elle tombe amoureuse du comte Serlon de Savigny (et réciproquement), au point d’entrer comme servante au service de la femme de ce dernier, qu’ils empoisonnent. Le docteur Torty garde secret l’assassinat, à la demande de la victime :
« Nous n’avons plus notre justice expéditive et muette, et je ne veux pour rien des scandales et des publicités de la vôtre, docteur ; et j’aime mieux les laisser dans les bras l’un de l’autre, heureux et délivrés de moi, et mourir enragée comme je meurs, que de penser, en mourant, que la noblesse de V... aurait l’ignominie de compter un empoisonneur dans ses rangs. »
Il observe ensuite comme le couple, depuis marié, rayonne de bonheur après son crime, sans trace du moindre remords.
« On ne peint pas plus le bonheur, cette infusion d’une vie supérieure dans la vie, qu’on ne saurait peindre la circulation du sang dans les veines. On s’atteste, aux battements des artères, qu’il y circule, et c’est ainsi que je m’atteste le bonheur de ces deux êtres que vous venez de voir, ce bonheur incompréhensible auquel je tâte le pouls depuis si longtemps. »
Le Dessous de cartes d'une partie de whist
Le narrateur écoute un brillant causeur qui raconte le récit que lui a transmis un témoin : dans une aristocratique petite ville de la Manche, Marmor de Karkoël, un imperturbable Écossais de retour des Indes, ne fait que jouer au whist, notamment avec la froide comtesse de Stasseville. Nul ne peut soupçonner une vie cachée à ces indéchiffrables joueurs silencieux.
Le causeur surprit Karkoël à emplir le chaton d’une bague d’un poison indétectable. La comtesse mâchonne des tiges de réséda, sa fille tombe en langueur. Ces personnages disparus, on découvrit la dépouille d’un jeune enfant dans la jardinière aux résédas.

À un dîner d'athées
Lors d'un dîner, « bombances sacrilèges » d’impies, anciens militaires et autres déchus de l’Empire, Mesnilgrand raconte aux commensaux un souvenir de la guerre d’Espagne. « C’est un portrait qui marche », fait dire de lui Barbey, et c’est effectivement bien dépeindre son art de portraitiste !
« Seulement, de la Révolution, il était sorti athée politique, comme il y était entré athée religieux, et ces deux athéismes combinés en avaient fait un négateur carabiné, qui aurait effrayé Voltaire. »

« En conversation, il gravait le mot. Il avait le style lapidaire, – et même lapidant, car il était né caustique, et les pierres qu’il jetait dans le jardin des autres atteignaient toujours quelqu’un. »

« Il en avait tant entendu toute sa vie dans les milieux qu’il avait traversés ! Les milieux, pour l’homme, c’est presque une destinée. […]
Heureusement, les milieux ne sont absolument une fatalité que pour les âmes et les génies vulgaires. Pour les personnalités vraiment fortes, il y a quelque chose, ne fût-ce qu’un atome, qui échappe au milieu et résiste à son action toute-puissante. »

« Il le savait, lui, et il ne le disait pas… Il buvait son bonheur en silence, comme les vrais ivrognes, qui boivent seuls. »
C’est donc l’histoire de Rosalba – personnage de nouveau à l’impénétrabilité de sphinx –, « la Pudica » rose et blanche, « une fille extrêmement jolie quoique belle », rougissante maîtresse du major Ydow qu’elle trompait avec beaucoup d’officiers, dont le narrateur, jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte. L'enfant meurt peu après, et Ydow, qui se croyait père a fait embaumer le petit cœur ; Rosalba lui apprend son infortune, et le couple se jette la relique à la tête.

La Vengeance d'une femme
De Tressignies (de nouveau un byronien dandy), entraîné chez elle par une prostituée, apprend de celle-ci qu’elle est la duchesse de Sierra-Leone, mariée à ce grand d’Espagne, et de même sang bleu. Son mari, dont l’orgueil surpasse tout, fit devant elle tuer son chaste amant par ses valets, et jeter aux chiens son cœur, qu’elle voulait avaler elle-même. Par vengeance, elle traîne son nom dans la boue pour le déshonorer.
« Et nulle autre différence que celle-ci : c’est que l’un (le Roman) met ses mœurs sous le couvert de personnages d’invention, et que l’autre (l’Histoire) donne les noms et les adresses. Seulement, le Roman creuse bien plus avant que l’Histoire. Il a un idéal, et l’Histoire n’en a pas : elle est bridée par la réalité. »

« – car il avait la faculté de se regarder faire et de se juger à mesure qu’il agissait, sans que son jugement, très souvent contraire à son acte, empêchât son acte, ou que son acte nuisît à son jugement : asymptote terrible ! – »

« …] qu’en fin de compte il y a beaucoup moins de variété qu’on ne croit dans les figures humaines, dont les traits sont soumis à une géométrie étroite et inflexible, et peuvent se ramener à quelques types généraux. La beauté est une. Seule, la laideur est multiple, et encore sa multiplicité est bien vite épuisée. »
Les Diaboliques, ce sont des (les) femmes, mais parfois si énigmatiques et irréelles qu’elles représentent plus que leur genre, et généralement vues de l'extérieur.
Barbey d'Aurevilly est conservateur, passéiste, militariste, élitiste, peut-être aussi misogyne que misanthrope, mais quel conteur, quel descripteur, et quel styliste !
Le français ayant évolué, les références mythologiques s’étant perdues (de même, me suis-je laissé dire, que le détestable principe de juger du vice et de la vertu à la mine avec effet symétrique chez les littérateurs), ce style est devenu légèrement archaïque, mais n’y perd pas en superbe ; il peut même paraître fort moderne, comme dans les circonvolutions qu’il utilise souvent pour introduire son récit.
Scandaleux, immoral, Barbey est surtout ambivalent : la chute des nouvelles est abrupte, le « dénoûment » souvent éludé dans un non-dit qui le laisse ouvert au lecteur (« point aveugle » cercasien).

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Message par Bédoulène Lun 9 Jan 2023 - 13:37

c'est tentant !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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