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Roberto Bolaño

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Message par bix_229 Mar 20 Déc - 16:46

Roberto Bolaño
(1953-2003)


Roberto Bolaño Bolano10


L'écrivain chilien Roberto Bolaño est mort le 14 juillet, à 50 ans, d'une maladie hépatique dans un hôpital de Barcelone. Ce grand auteur mélancolique et mortellement drôle attendait un foie qui n'est jamais venu. Quelques jours avant sa mort, il explique à un journal chilien, avec ce ton de prince sans rire désespéréÊqui le caractérise: «Le docteur dit qu'il m'avisera cinq heures avant la transplantation. Dans ce laps de temps, je devrai demander pardon, faire mon testament et mettre mon âme en marche.» C'est peu, mais Bolaño avait commencé le travail, livre à livre, depuis une vingtaine d'années ­ ce qui avait fait de lui l'un des plus saisissants romanciers de ces dernières années (lire Libération du 26 juin, pages Livres).

«Picaresque». Né à Santiago du Chili, il suit ses parents au Mexique à 15 ans puis revient dans son pays natal en 1973, quelques mois avant le coup d'Etat de Pinochet. Arrêté par des militaires sur une route du Sud, il doit son salut à la rencontre inopinée, en prison, d'anciens camarades de collège devenus policiers. Il quitte rapidement le pays et, pendant vingt ans, ne cesse de voyager au Salvador, aux Etats-Unis, en Belgique, en France, au Maghreb, effectuant tous les petits boulots possibles, avant de s'installer en Catalogne. Cet itinéraire nourrit ses livres, mais aussi sa réputation de beatnik, qui l'agace ou le fait rire, aimablement. Il est d'extrême gauche dans sa jeunesse, mais, nous confiait-il le mois dernier, dès cette époque il lui semble que même l'extrême gauche est à droite. Puis, «si toute littérature est politique, la politique elle-même n'est pas très politique: elle est picaresque».

Il déteste Pablo Neruda, Octavio Paz et toutes les figures littéraires hispano-américaines qui entretiennent un mythe machiste de «père des lettres». Ses pôles sont Quevedo, Borges, Marcel Schwob, Stevenson, les romanciers américains les plus nerveux: chacun à sa manière a décrassé le langage et raconté des histoires avec une langue cuite à l'os. Chacun a tordu le cou à «la canaille sentimentale», engeance de plus en plus répandue que Bolaño apprécie peu. Lui-mêmeÊfait comme eux: ses romans et ses nouvelles content des histoires de ratés enchanteurs, de fous littéraires, de bourreaux latinos déments, d'inconnus errant sur la planète avec tendresse et dégoût. Ils parlent aussi de lui, de ses aventures, de ses rencontres, avec un ton nouveau: les situations humaines sont pensées par la grâce d'un récit qui les pousse jusqu'à leurs limites, jusqu'à l'absurde.

Juste avant, «2666». Christian Bourgois avait publié l'an dernier Etoile distante et Nocturne chilien, et cette année les formidables la Littérature nazie en Amérique et Putains meurtrières. Son plus grand roman, les Détectives sauvages, devrait être traduit en 2005. Il a reçu plusieurs distinctions en 1999, dont le prestigieux prix Romulo Gallegos. Peu avant sa mort, Roberto Bolaño avait achevé un énorme roman de plus de 1000 pages, intitulé 2666, dont il ne savait «pas encore quoi faire». Il voulait y faire sentir la littérature, nous disait-il, à travers quatre points de vue: «européen, nord-américain, sud-américain et critique des trois précédents». Il devait tout corriger après son opération, «car c'est un travail de mineur du dix-neuvième siècle».

On n'en connaîtra que le premier jet. 2666 est peut-être la date de l'Apocalypse ou celle à laquelle la grande révolution devait enfin arriver puisque, expliquait-il, «Burroughs a écrit qu'elle aurait lieu dans 600 ans, ce qui est un bon calcul». Espérons que, de là où il est, il la verra et pourra nous la conter comme il savait si bien le faire."
source : Libération

Bibliographie de ses oeuvres traduites en français :

 Romans
1981-82 : Monsieur Pain (La senda de los elefantes)
1984 : L'esprit de la science-fiction : Page 3
1993 : La piste de glace (La pista de hielo)
1996 : Etoile distante (Estrella distante) ; Page 1
1998 : Les détectives sauvages (Los detectives salvajes) ; Page 2
1999 : Amuleto (Amuleto)
2000 : Nocturne du Chili (Nocturno de Chile)
2002 : Anvers (Amberes)
2004 : 2666 (2666) ; Page 2
2010 : Le Troisième Reich (El Tercer Reich) ; Page 3
2012 : Un petit roman Lumpen ; Page 1

Recueils de nouvelles
1984 : Conseils d'un disciple de Morrison à un fanatique de Joyce, suivi de Journal de bar (Consejos de un discípulo de Morrison a un fanático de Joyce) co-écrit avec A.G Porta
1996 : La littérature nazie en Amérique (La literatura nazi en América)
1997 : Appels téléphoniques (LLamadas telefonicas) ; Page 1, 3
2001 : Des putains meurtrières (Putas asesinas)
2003 : Le Gaucho insupportable (El Gaucho insufrible)
2007 : Le secret du mal (El secreto del mal)

Poésie
1993 : Les chiens romantiques (Los perros romanticos)
2000 : Trois (Tres)

Essai
2004 : Entre parenthèses (Entre parentesis)

MAJ de l'index le 05/06/2023


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Message par bix_229 Mar 20 Déc - 17:46

Citation :

"La littérature ressemble beaucoup au combat des samourais, mais un samourai ne combat pas contre pas contre un pair :
il se bat contre un monstre.
En général, il sait en plus qu' il sera battu. Avoir du courage en sachant dès le départ qu' on sera battu et aller au combat
: voilà ce qu' est la littérature."

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Message par bix_229 Mar 20 Déc - 18:07

Roberto Bolaño Appels10

APPELS TELEPHONIQUES. - Bourgois

Un vieil écrivain argentin exilé en Espagne, rongé par la disparition de son fils, survit à force de concours littéraires.
Une ancienne star du porno, agonisante dans une clinique de Nîmes se souvient de son amour pour Jack, atteint du sida. Un adolescent un peu marginal rencontre à Mexico un homme énigmatique, qui pourrait être un tueur, et se lie d'amitié avec lui. Un engagé espagnol, envoyé sur le front russe lors de la Seconde Guerre mondiale, se fait capturer par les partisans et, sous la torture, découvre que l'art sauve. Un écrivain sans talent, que tout semblait destiner à la collaboration, sauve de la déportation des hommes de lettres qui l'ignorent. En quatorze récits, fragments de biographies, d'autobiographie ou d'auto-fiction, Roberto Bolano compose un puzzle drôle et émouvant où nous est rappelé le caractère énigmatique de la condition humaine.
Babelio

J'ai tellement apprécié ce recueil que, à peine terminé, j'en ai rêvé.
Je relisais une des nouvelles et je l' imaginais visuellement aussi.
J'avais le texte en mémoire, presque mot pour mot.
Au réveil, je me suis précipité sur le livre pour retrouver la nouvelle en question. Impossible !
J'ai feuilleté de nouveau...  Toujours rien !
Pendant des jours j' ai continué à chercher. C'était comme si le texte avait disparu...
Et c'était tellement frustrant !
Bolano a-t-il tenté de me contacter à titre posthume ?!


mots-clés : #nouvelle
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Message par tom léo Mar 20 Déc - 22:29

Roberto Bolaño 419dtp10


Etoile distante


Originale : Estrella distante
(Espagnol, 1996)

Traduction française :  Robert Amutio, 2006  

CONTENU :

Quatrième de couverture a écrit:Roberto Bolaño a écrit un étrange roman noir qui mêle art, histoire et horreur. Un jeune homme, séduisant et mystérieusement lointain, se présente dans un atelier d'écriture que suit le narrateur dans une ville provinciale du Chili. Le coup d'État de Pinochet donne l'occasion à cet étrange artiste de mettre en pratique sa conception radicale de l'art de la cruauté, en assassinant quelques femmes de sa connaissance dans des circonstances que le lecteur, comme le narrateur, ne peuvent qu'imaginer.
Étoile distante est aussi une prolifération tourbillonnante d'histoires qui accompagnent ce récit sur la démence et le mal. Histoires folles, invraisemblables, traversées de rumeurs invérifiables, comme autant de visions égarées de ceux que l'histoire du Chili a brisés, d'épisodes cruels et pathétiques où l'espace de quelques pages des monstres terriblement (in)humains s'ébrouent.

Roberto Bolaño exerce son sens de l'humour, son goût de la parodie et sa singulière imagination, dans le foisonnement et les bifurcations vertigineuses de ces récits soufflés par l'histoire ou l'exil, et nous livre une méditation sur le mal dans ce qu'il a de plus fascinant et sobrement médiocre, mais aussi sur son rapport à la littérature.

STRUCTURE :
Dans la version allemande lue par moi, livre en dix chapitres numérotés, mais sans titres. Eventuellement on peut discerner quatre blocs différents. Chaque chapitre avec un leger décalage de contenu, d'accents.

REMARQUES :
Le Chili au printemps 1973 : avec le narrateur et son ami Bibiano nous nous trouvons dans un atmosphère de séances et débats perpetuels dans des cercles avant tout littéraires, où on va parler de poèsie, se lire mutuellement ses propres premiers essais, mais où on va aussi parler d'autres sujets. Les jeunes étudiants entre 17 et 23 ans sont pour la plupart des sympathisants de la révolution, voir de la lutte armée, trotzkistes, communistes ou socialistes.

Dès le début du petit roman nous sommes face à un personnâge mystérieux : Alberto Ruiz-Tagle qui (on le dit rapidemment) va se revèler plus tard sous sa vraie identité de Carlos Wieder. Mais d'abord il semble souvent quelqu'un qui écoute tranquillement, déclame sans spectacle ses propres œuvres et attire les femmes autour de lui. Pour la plus grande détresse du narrateur et son ami qui partagent l'adoration des jumelles Garmendia. Certains par contre devinent en lui un étoile naissant du nouvel art chilien de la poèsie.

Et quelques mois après (le Putsch de Pinochet aura lieu en Septembre 1973) Tagle/Wieder apparaît dans l'identité d'un pilote militaire qui va peindre dans les cieux avec des avions à réaction fumantes des « poèmes » avant-gardistes. Il deviendra et il est la preuve vivante que le nouveau régime en place à une attitude positive envers l'art avant-gardiste! Nous par contre, nous savons ou devinons encore toute autre chose : ce même Wieder participe en tant qu'officier à la torture et des arrestations (même de ses amantes) et contribue aux nombreuses disparitions. Il apparaît sous son jour sadique et meutrier qu'il va même mettre en évidence dans son « art ».

Mais terminons-là, avec ses premiers chapitres, l'aperçu de ce livre.

Parfois Bolano peut, pour des chapitres intermédiaires ou des explications, commencer apparemment ailleurs et rompre une certaine fluidité de contenu. Plus tard il met ces bouts ensemble. Ou expose – comme je l’ai lu – diverses destins comme les possibilités éventuelles de diverses options face au Putsch : l’exile, la revolte, le sadisme... Des fois cela me paraissait « décousu » et pas unifié à première vue.

Le sentiment d’une imprécision, d’une incertitude reste marquant : Est-ce que cela s’est bien passé comme décrit, ou éventuellement autrement ? Qu’est-ce qui est bien sûr sous la dictature ? Ainsi restent des suppositions, des rumeurs, le soupçon d’une formation de légendes autour d’un personnâge, d’une falsification. Ceci peut créer chez des lecteurs – au moins chez moi – une certaine forme de manque d’orientation. Mais qu’est-ce qu’il condamne ? Mais bien sûr : on sait ou devine bien où battait le cœur du narrateur, de l’Alter Ego et ainsi de Bolano, mais au même moment beaucoup de choses ne sont que mentionnées allusivement et restent à l’interprétation du lecteur.

Bien sûr cette liberté est d’un coté souhaitable : l’auteur ne nous impose pas une boîte toute reglée, néanmoins je m’attends – dans certaines œuvres – peut-être à des jugements plus explicites ?

On trouvera de la matière à reflexion à souhait : Comment l’art est instrumentalisé par des systèmes politiques ? Où est-ce qu’un système utilise des hommes « malades » pour les faire vivre leur sadisme pour leurs propres buts ? Est-ce que l’accomplissement d’actes de la coté obscure est même une condition pour se réaliser plus pleinement comme homme, voir comme artiste ? Et bien sûr les questions éternelles : Où commmence la responsabilité de l’individu et où est-ce qu’il n’est qu’un outil ? Faut-il y faire une distinction ? Jusques à quand (et où) je peux demander justice, et chez qui ? Quand est-ce qu’il faut rompre le cercele de la violence ? Etc...

A mon avis l’écriture, la langue restent étrangement distantes et froides. Elles ne m’atteignent pas comme je le voudrais bien, même si j’honore certaines idées fortes derrières les projets littéraires (si on peut parler de « projet ») de l’auteur. Donc en ce qui me concerne je reste bizarrement étanche à l’attraction de Bolano comme – après en avoir lu une vingtaine de livres (?) - en général presque, de la littérature latino-américaine. Mais cela est mon ressenti personnel, voir mon problème.

Infos supplémentaires en espagnol ici: http://es.wikipedia.org/wiki/Estrella__distante

Je suis parti d’une traduction allemande qui se réfère à une première version du roman. Est-ce que cela peut jouer ?


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Message par topocl Mer 21 Déc - 8:10

Un petit roman lumpen


Roberto Bolaño Talach13

Après la mort accidentelle de leurs parents, Bianca et son frère abandonnent peu à peu le lycée, vivotent de petits métiers, visionnent des films pornos, invitent chez eux deux frères, le Libyen et le Bolognais, très propres et polis, qui initient Bianca aux plaisirs charnels, et l'envoient séduire un aveugle richissime.

Tout cela, qui aurait pu donner un Dickens opulent particulièrement pathétique, est servi sous la forme d'un petit roman de moins de 100 pages, froid, distant, étale. L’émotion n'est certainement pas la force de Bolaño, c'est plutôt l'étrangeté, une retenue face à cette déliquescence glauque. Qu'importe finalement ? Les protagonistes nous sont étrangers, et leurs actes me sont restés indifférents jusqu'à la fin. Aux sentiments, Bolaño préfère manifestement la symbolique, à commencer par cette lumière blanche dans laquelle vit Bianca.

Quant au style, j'ai lu dans un commentaire sur le net qu'il était « normal » et j'ai trouvé ce qualificatif excellent. En fait c’est sans doute cela, l'auteur veut donner l'idée que toute cette histoire est normale, (c'est pour ça que l'histoire est racontée par Bianca devenue banalement femme mariée et mère) et c’est cette prise de position qui pourrait, peut-être, donner un sens au livre.


Mais…. Bon….. . Il faut accepter de  parfois rester sur le côté.

(commentaire récupéré)

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Message par Tristram Jeu 11 Mai - 2:25

topocl a écrit:Mais…. Bon….. . Il faut accepter de  parfois rester sur le côté.
Personne ne se lance pour évoquer Les détectives sauvages et 2666 ? Qui m'explicitera ce génie auquel je fus assez imperméable ? Lassitude d'entendre ressassé le Mal avec un Méga M, diluées les allusions confumeuses aux hasard et destin ? Ou pitoyable incapacité à décoller d'une impression de vaine nébulosité ? Il existe pourtant un respectable faisceau d'avis fort positifs pour ces deux romans : quel est le vôtre ?

« Belano, lui ai-je dit, le fond de la question est de savoir si le mal (ou le délit ou le crime ou comme vous voudrez l’appeler) a une cause ou s’il est fortuit. S’il a une cause, nous pouvons lutter contre lui, il est difficile de le battre mais une possibilité existe, plus ou moins comme deux boxeurs de même poids. Si le mal est fortuit, au contraire, nous sommes foutus. Que Dieu, s’il existe, nous ait en sa sainte garde. Et c’est à ça que tout se résume. »
Roberto Bolaño, « Les détectives sauvages », II, 18

« Le hasard, au contraire, est la liberté totale à laquelle nous sommes abouchés du fait de notre propre nature. Le hasard n’obéit pas à des lois, ou s’il y obéit, nous, nous ne les connaissons pas. Le hasard, si vous me permettez la comparaison, est comme Dieu qui, chaque seconde, se manifeste sur notre planète. Un Dieu incompréhensible, avec des gestes incompréhensibles adressés à ses créatures incompréhensibles. Dans cet ouragan, dans cette implosion osseuse, se réalise la communion. La communion du hasard avec ses traces et la communion de ses traces avec nous. »
« ‒ L’exil doit être quelque chose de terrible, dit Norton, compréhensive.
‒ En réalité, dit Amalfitano, je le vois à présent comme un mouvement naturel, quelque chose qui, à sa façon, contribue à abolir le destin, ou ce que communément on considère comme le destin.
‒ Mais l’exil, dit Pelletier, est plein d’obstacles, de sauts et de ruptures qui se répètent plus ou moins et rendent difficile la réalisation de tout ce que l’on se propose d’important.
‒ C’est en cela justement que consiste l’abolition du destin, dit Amalfitano. Excusez-moi encore une fois. »
Roberto Bolaño, « 2666 », « La partie des critiques »

« Le style était curieux, l’écriture était claire et parfois même transparente, mais la manière dont les épisodes se suivaient ne menait nulle part [… »
Roberto Bolaño, « 2666 », « La partie d’Archimboldi »

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Message par Invité Sam 13 Mai - 10:05

Dreep en avait pas mal parlé à l'époque. J'ai fini par me lancer en début d'année dans Les détectives sauvages, et ce fut une vraie belle découverte pour moi. J'ai généralement du mal avec les auteurs latino-américains, mais j'en ai enfin trouvé un qui parle mon langage intérieur.
Bon, il y avait quelques longueurs dans ce pavé, mais j'ai trouvé ça vivifiant. Plein de cynisme, et en même temps de légèreté, de joie fugace dans le désespoir.
J'ai ensuite enchaîné avec Amuleto, qui est peut-être une meilleure porte d'entrée : plus court, et intense.
Je me suis acheté 2666, il me fait face, me lance des regards, mais le monstre fait un peu peur ! Smile

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Message par ArenSor Dim 14 Mai - 19:01

Tristram a écrit: Qui m'explicitera ce génie auquel je fus assez imperméable ? Lassitude d'entendre ressassé le Mal avec un Méga M, diluées les allusions confumeuses aux hasard et destin ? Ou pitoyable incapacité à décoller d'une impression de vaine nébulosité ? Il existe pourtant un respectable faisceau d'avis fort positifs pour ces deux romans : quel est le vôtre ?

Il ne t'aura pas échappé que Patti Smith fait grand cas de Belano dans son dernier livre Smile
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Message par bix_229 Dim 14 Mai - 19:11

Oh et puis ne vous sentez pas tenus de lire un livre qui vous rebute...
Mais un auteur n' a pas écrit qu' un seul livre.
Vous y reviendrez peut etre plus tard.
Ou pas.
Perso, ne pense pas lire tout Bolano... Roberto Bolaño 2441072346
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Message par Tristram Dim 14 Mai - 19:50

ArenSor a écrit:Il ne t'aura pas échappé que Patti Smith fait grand cas de Belano dans son dernier livre Smile

C'est ce qui m'a interpellé ! Bon, elle et un peu fanzine voire fanatique ! mais il n'y a pas qu'elle (le mari défunt de LA bouquiniste de Cayenne, par exemple). Des fois, j'ai l'impression frustrante de passer à côté de quelque chose... J'espère qu'il n'y en a pas trop !

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Message par Dreep Lun 15 Mai - 19:19

Y a beaucoup de choses qui me plaisent, dans Bolaño.

Y a cette simplicité qui surnage dans un marais de complexité et d'étrangeté. Un ésotérisme des références et des images : un jeu qui rend l'oeuvre et ses entrées de sens étonnamment plastique. Cortázar est une des références de Bolaño, je trouves qu'il y a énormément de points commun entre ces deux écrivains, sauf que l'oeuvre à Bolaño est encore plus mystérieuse. Bolaño est un écrivain ou un lecteur, la différence entre les deux est discutable. C'est un aimable arpenteur de la littérature, avec lequel le lecteur peut entretenir un échange, teinté d'effroi à l'égard de la réalité (et donc aussi de la fiction) qui peut être affreuse...

C'est sans doute très confus, ce que je dis.

Les nouvelles valent sérieusement le détour (Des putains meurtrières, Appels téléphoniques, Amuleto).

2666 se lit très bien aussi, tout comme Les Détectives Sauvages, un gros turn-over (page-turner), un peu comme dans un roman d'aventure. Bolaño n'est jamais obscur, pas plus que le contraire, il se situe toujours dans un niveau médian qui est le clair-obscur. On peut dire aussi que Paul Auster fait un travail assez comparable, je trouves.

L'ombre de Brautigan n'est pas loin.

J'abonde dans le sens de bix299.

Pourquoi ne pas bannir le verbe "falloir" des propositions de lectures ?

Il faut lire Bolaño

On peut lire Bolaño.

On peut lire des livres, on peut ne pas en lire.

PS : Evitez Le Secret du Mal ou Anvers (d'ailleurs moi je le trouves très moyen ce dernier texte) si vous n'êtes pas déjà convaincu du talent de l'écrivain.


Dernière édition par Dreep le Lun 15 Mai - 20:39, édité 1 fois
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Message par Tristram Lun 15 Mai - 20:08

Merci Dreep ! Pourtant j'apprécie beaucoup Cortázar (mais son oeuvre est pleine de réflexions intéressantes), Auster (peut-être comparable dans l'atmosphère effectivement) et Brautigan (qui me paraît aux antipodes avec sa proximité empathique)... Il va donc me falloir lire des nouvelles de Bolaño ! Roberto Bolaño 1390083676 Après tout, il se lit sans effort...

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Message par Invité Lun 15 Mai - 20:13

Tu avais essayé Les détectives sauvages ? ça se lit comme du petit lait, juste que le pavé peut rebuter.
Pour ma part, j'ai vu une proximité avec David Foster Wallace, dans l'écriture et la narration.

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Message par Tristram Lun 15 Mai - 20:19

Arturo, j'ai lu Les détectives sauvages et 2666, sans être fort impressionné, ce qui m'inquiète vu sa réputation. Un peu comme ne rien percevoir chez Faulkner, Flaubert ou similaire, on se poserait des questions _ j'ai failli consulter, maintenant qu'on a une équipe psy sur le forum !
David Foster Wallace, connais pas (encore).

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Message par Invité Lun 15 Mai - 20:23

Le psy Arturo te prescrit La Fonction du Balai, pour commencer, ensuite, on verra ce qu'on peut faire ... Roberto Bolaño 1156247026

Non mais autant j'ai beaucoup apprécié Bolano, autant je ne le mettrais tout de même pas en comparaison de Flaubert et Faulkner. T'es trop exigeant comme garçon, en fait ! pirat

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Message par Dreep Lun 15 Mai - 20:28

Je préfères Bolaño à Faulkner et de loin à Flaubert, mais ils n'ont vraiment rien de commun... (J'aime bien les trois...)

Oui, Bolaño peut se rapprocher de Foster Wallace (mais davantage quand ce dernier écrit Infinite Jest que La Fonction du Balai), avec Sterne en parenté lointaine, pour tous deux.

Mais vraiment, ça sert à quoi, cette histoire de réputation ?
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Message par Tristram Lun 15 Mai - 20:39

OK Arturo, j'ai mis La fille aux cheveux étranges dans ma LAL.
Les 2 F, c'étaient des exemples (limites).
Sterne ! quel rapprochement ?! pas l'humour quand même ??

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Message par Dreep Lun 15 Mai - 20:52

Tristram Shandy de Sterne, Infinite Jest (L'Infinie Comédie chez L'Olivier en français) et l'oeuvre de Bolaño (il faudrait rassembler tous ses livres dans un même corpus, mais dans quel ordre ? affraid il a une bibliographie, non-linéaire elle aussi, mais géométrique*, comme les figures d'un des personnages de 2666.) ont quelque chose de l'art dépliement et repliement. Quelque chose de sinueux, qui se joue d'une manière particulière d'une linéarité, qui écrit entre les lignes.

Je te dirai plutôt de commencer par les romans de David Foster Wallace (pas Le Roi Pâle, que je ne connais pas encore) que ses nouvelles. La Fonction du Balai, ou encore cent fois mieux, L'Infinie Comédie.

* : Cette figure peut sembler idiote, vaine ou absurde, elle a du sens dès lors qu'on a lu pas mal de livres de l'auteur : http://www.quarterlyconversation.com/TQC_8/art/triangle.jpg , c'est ni plus ni moins que la représentation d'un cheminement alambiqué. La somme des parties est plus grande que le tout.

Mais expliquer Bolaño revient à s'y noyer avec des simagrées symbolistes assez ridicules, à l'image de ses personnages et surtout d'Amalfitano, complètement fou et paumé. Il est d'abord un auteur qui se vit.


Dernière édition par Dreep le Lun 15 Mai - 21:18, édité 1 fois
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Message par Tristram Lun 15 Mai - 21:18

D"accord pour le côté digressif, qui ne leur est d'ailleurs pas propre.
Dans cette figure géométrique, les angles et les distances correspondent à quoi ? On projette sur une carte ?
N.B., je suis tenté par L'Infinie comédie, mais dans le même rapport prix/ nombre de pages, je vais d'abord m'offrir Les Cinq Livres des faits et dits de Gargantua et Pantagruel, par Alcofribas Nasier (me paraît bien, après moult tâtonnements, pour une relecture de cette autre valeur sûre en matière de non-linéarité).

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Message par Dreep Lun 15 Mai - 21:21

Oui, on se projette sur une carte, qui n'est d'ailleurs qu'un exemple. En fait, l'oeuvre de Bolaño peut se pratiquer de plusieurs façons différentes, mais toutes ne sont pas bonnes. C'est d'ailleurs aussi pour ça que à la question "par quel livre commencer ?" Bolaño est à ma connaissance le plus embarrassant.
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